La vedette incontestée de mon ouvrage La crise du capitalisme américain (2007 ; 2009) est Refet Gürkaynak, l’auteur en 2005, à l’époque où il faisait partie de l’équipe de recherche d’Alan Greenspan à la Federal Reserve, d’un article intitulé, « Econometric Tests of Asset Price Bubbles : Taking Stock ».
« Taking stock » veut dire « état des lieux ». Le sens de l’article transparaît sans ambiguïté de son résumé, que je traduis avec un plaisir mal dissimulé à votre intention :
Les bulles d’actifs peuvent-elles être détectées ? Le passage en revue présenté ici de tests économétriques de bulles d’actifs montre que, en dépit de certains progrès récents, il est impossible de détecter d’un point de vue économétrique et avec un quelconque degré de certitude les bulles d’actifs. Pour chaque article scientifique affirmant mettre en évidence l’existence de bulles, on en trouve un autre rendant compte des données de manière tout aussi satisfaisante sans révéler la présence d’une bulle. Nous restons dans l’incapacité de distinguer les bulles de fondamentaux évoluant en fonction du temps ou en raison d’un saut de régime, alors que de très nombreux problèmes économétriques de test de l’existence d’une bulle à partir de petits échantillons, demeurent sans solution.
Ma réponse à Refet Gürkaynak dans La crise du capitalisme américain consistait à pronostiquer la crise des subprimes dans le contexte d’une bulle financière au sein de l’immobilier résidentiel américain. Je réfutais systématiquement les arguments qu’il avançait quant à lui (pp. 201-220).
C’est à raison que vous imagineriez qu’à la suite des événements dramatiques dont nous avons tous eu vent, M. Gürkaynak en serait aujourd’hui réduit à dormir sous les ponts, et bénéficierait à ce titre de notre commisération. Pensez-vous ! je reçois à l’instant une invitation à soumettre un article à la Workshop on Empirical Monetary Economics, organisée par l’Observatoire français des conjonctures économiques-Sciences Po, le 10 décembre de cette année, et dont l’orateur vedette sera… eh oui, vous l’avez deviné ! nul autre que M. Refet Gürkaynak.
Désolée, Mr Jorion, de ne pas pouvoir prendre connaissance votre réponse. Vous êtes d’ailleurs le seul avec qui cela m’arrive…