Réflexions pour un mouvement néodémocratique (VIII) – Nos situations existentielles avant le tournant politique actuel (2), par Francis Arness

Billet invité.

Une large majorité de la population n’a pas la chance de se situer dans certaines niches sociales protégées. Elle subit ainsi directement les conséquences du système général – à la fois politique, économique, social et médiatique – d’occultation du réel et de pressions sur les conditions d’existence. Il faut se représenter ce système subtil et général d’occultation du réel et de pression sur les conditions d’existence comme une toile d’araignée invisible, que chacun pressent inconsciemment, ce qui l’amène à éviter d’avoir des gestes risquant d’attirer à lui l’araignée qui, pense-t-il, pourrait le dévorer. Ces mécanismes si parfaits de manipulation directe ou indirecte sont tissés dans l’ensemble de la société et autour de chaque individu, s’il ne se défend pas activement – parfois d’ailleurs sans trop s’en rendre compte.

Cette vision d’un pouvoir diffus et d’autant plus puissant n’est malheureusement pas paranoïaque. Au contraire, elle permet de rendre compte de la soumission au pouvoir à laquelle la majorité silencieuse se prête en partie malgré elle, en partie en la désirant (plus ou moins suivant les personnes). Nous trouvons là une ambiguïté et une fragilité, une complexité et un caractère contradictoire de cette majorité silencieuse qu’il nous faut prendre en compte. C’est ce que fait par exemple Frédéric Lordon qui, dans Capitalisme, désir et servitude [1], réfute l’hypothèse massive d’une « servitude volontaire » [2]. Il montre au contraire que le système « capture » les manières de vivres de la majorité de la population. Même si, en effet, la volonté du pire et la corruption – prononçons-le mot – existent chez un certain nombre, l’hypothèse de la servitude volontaire de la majorité est trop massive. En effet, si bien des personnes se prennent au piège, participent au système et le perpétuent, c’est avant tout parce que tout est fait, de manière rusée, pour les y prendre. Anthropologiquement, joue d’ailleurs ici la définition que notre société donne de la propriété privée : en effet, ainsi que le montre Paul Jorion, notre définition culturelle de la propriété privée fonde une logique de capture des personnes par les objets qui les entourent [3].

Cette question est absolument fondamentale. Nous devons être lucides et intraitables envers les logiques de pouvoir, de manipulation, de ruse et de destruction qui se déploient dans l’économie, la société, et chez certains individus. Nous devons prendre en compte la manière dont une grande partie de la population participe du système subtil et général de pression sur les conditions d’existence et d’occultation du réel, en même temps qu’elle est plongée dedans par des mécanismes souvent invisibles, qui la dépassent et qui ont été définis par les classes dirigeantes et des personnes ayant des responsabilités. En même temps, les choses sont plus subtiles, nuancées, complexes, contradictoires, ambigües, d’une opacité toute humaine – comme la plupart d’entre nous. Contrairement à ce qu’avance le psychologisme de bas étage, l’être humain est justement contradictoire et fragile, ambigu et opaque à lui-même, perdu dans la complexité et le caractère tragique du réel – et ce même lorsqu’il décide d’agir authentiquement, dans le sens de quelque chose comme la vérité et la liberté. L’histoire nous rappelle sans cesse ces coordonnées de l’humaine condition.

Le néolibéralisme actuel et le néoautoritarisme à venir le savent d’ailleurs très bien, et en tirent et tireront profit dans les techniques de « captation de l’attention » (Christian Salmon) et de « capture » (Paul Jorion, Frédéric Lordon) de nos manières de vivre – et de nos émotions. Nous devons donc nous aussi en avoir pleinement conscience, dans nos réflexions et dans nos actions. Et c’est sans doute pour cela que nous avons besoin – en politique et en économie aussi – de l’art et de la littérature, puisque l’art et la littérature sont la pensée et la pratique même de cette complexité et de ces contradictions, de cette fragilité et de cette ambiguïté, de cette opacité à soi-même et de cette désorientation inhérente à la complexité du réel – en même temps que, si l’art et la littérature sont le plus authentiquement eux-mêmes, ils érigent un pont vers quelque chose comme la vérité, la liberté, et la Joie, le bonheur de vivre. Sans doute est-ce d’ailleurs le sens littéraire de Frédéric Lordon (rappelons sa très réussie pièce D’un retournement l’autre) – en plus de son insistance sur la joie véritable – qui lui permet de refuser l’idée d’une servitude absolument volontaire.

La nécessaire prise en compte de la complexité du réel amène aussi à laisser de côté toute condamnation massive d’une majorité des « gens », et surtout de ceux qui n’appartiennent pas à notre « milieu » ou à notre « camp ». Une telle condamnation, en effet, ferme la possibilité au devenir collectif qui pourra être celui des gens et des groupes de bonne volonté. Bref, nous devons nous extraire de tout unanimisme, pour penser et pratiquer l’ouverture au devenir qui pourrait être nôtre, ensemble. Cette ouverture collective au devenir adviendra pour peu que les personnes et les groupes de bonne volonté de l’ensemble de notre société assimilent le réel et s’associent. Cette assimilation et cette association relèveront d’un geste nécessairement dépourvu de tout compromis et de toute fermeture. Elles permettront par là même la dynamique ouvrant au tournant néodémocratique et au grand tournant économique et civilisationnel. Elles passeront pour cela par un conflit politique avec ceux qui voudront le néoautoritarisme à venir, comme avec ceux qui lui céderont définitivement ou le laisseront faire.

Au regard de notre présente analyse, nous pouvons diagnostiquer en ces termes la situation existentielle générale, avant le tournant politique actuel :

1. Une partie non négligeable de la population veut univoquement, en effet, la servitude.

2. Une partie importante, prédatrice, des classes dirigeantes et responsables veut la servitude de la population.

3. Une majorité de la population, de bonne volonté, participe, de manière contradictoire avec cette bonne volonté, du système subtil et général de pressions existentielles qu’elle subit dans le sens de l’occultation du réel et d’une existence et d’une vivre-ensemble pris dans la servitude.

4. Une partie bien existante, mais minoritaire, des classes dirigeantes et responsables, de bonne volonté, était, avant le tournant politique actuel, prise dans l’opacité collective qui dominait avant la révélation actuelle du réel de la crise systémique et de la nécessité du grand tournant. Ainsi ces classes dirigeantes et responsables de bonne volonté participaient-elles du système subtil et général de pressions existentielles, en même temps que de l’imposition de ce système à la population – en contradiction avec leur bonne volonté.

À propos de ces classes dirigeantes et responsables, précisons que nous faisons la différence entre d’un côté les classes dirigeantes qui disposent du pouvoir économique, politique ou autre, et de l’autre ceux qui, plus bas dans l’échelle sociale, se sont tout de même vu confier, ou se sont procurés, des responsabilités, des marges de manœuvres réelles, et donc disposent d’une certaine autonomie, même s’ils ne disposent pas du pouvoir de décision plus général des classes dirigeantes. Ce sont par exemple des professions libérales, ou bien des fonctionnaires, des cadres importants, des journalistes ayant une certaine autonomie, ou encore des intellectuels et artistes reconnus, des chercheurs, des personnalités publiques, etc. De plus, pour les artistes et les chercheurs, il est évident que la fécondité de leurs productions vient souvent aussi de leur engagement spécifique, ou de leur optique singulière et de leur « inactualité ». Il ne s’agit donc pas d’embrigader celles-ci dans une « mobilisation » qui les amènerait à ne pas suivre leurs voies propres, mais d’appeler chacun à agir, à sa manière, dans le bon sens.

Puisque nous devons prendre en compte la complexité des choses, il nous faut en venir à la situation existentielle avant le tournant politique actuel des classes dirigeantes et responsables. Sans aucune paranoïa, ni souscription à aucune théorie du complot, il est manifeste, pour qui étudie objectivement les faits, qu’avant le tournant politique actuel, une très grande partie des personnes et des groupes disposant en France du pouvoir politique et économique réel ont mis en place le néolibéralisme. En regard de cela, une autre partie des classes dirigeantes et responsables, opposée au néolibéralisme en principe ou plus radicalement minoritaire et impuissante face à l’évolution générale, soit a fait de larges compromis, soit n’a pas réussi à s’opposer efficacement au système, parce qu’elle n’a pas perçu ce qu’il en était du réel occulté. Il ne suffit pas d’être antinéolibéral pour comprendre la crise systémique, savoir ce que nous devons faire, et le faire.

Parmi les classes responsables, il existe sans doute une majorité qui a été nommée par les classes dirigeantes à ces places de responsabilité parce qu’elles étaient prêtes, par égoïsme, arrivisme, carriérisme, à agir dans le sens du néolibéralisme. Comme l’a dernièrement montré Roland Gori [4], cela a eu la conséquence suivante : même si l’on trouve aussi à un niveau de responsabilité des personnes et des groupes de bonne volonté, une partie sans doute importante des postes de direction ou à responsabilité est occupée par des personnes uniquement soucieuses de leur réussite, voire enclines à l’imposture, ce qui va tout à fait dans le sens d’un système qui s’évade maintenant dans une fuite en avant occultant toujours plus le réel. Cette action des élites dans le sens du néolibéralisme s’est appuyée sur la définition et sur la mise en place toujours plus généralisée de normes standards, et donc d’un langage, d’actes et de procédures d’un système qui apparaît comme une machine à justifier un tel égoïsme, une telle violence des classes dirigeantes et responsables, mais aussi de la partie de la population qui va dans ce sens.

Face à cela, les personnes appartenant aux classes dirigeantes et responsables de bonne volonté, se sont retrouvées dans deux situations différentes. Pour une minorité, elles ont conservé – ou réussi à conserver – une pleine autonomie (comme certains intellectuels) et ont pu résister pleinement et ouvertement. Pour une majorité, face à l’approfondissement de la pression du système néolibéral, elles ont dû agir au mieux, en faisant les compromis nécessaires pour pouvoir par ailleurs essayer de faire des choses concrètes dans le bon sens. Cette majorité des classes dirigeantes et responsables de bonne volonté, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, a elle aussi, en grande partie, cédé au pessimisme existentiel et collectif du moindre pire. Comme la majorité de la population, elle n’a pas vu le réel occulté.

Informés et ayant un esprit critique, ces élites de bonne volonté, ont souvent compris intellectuellement dès 2008 – si ce n’est plus tôt – le risque d’effondrement économique et écologique, mais sans toujours prendre la mesure de la nécessité d’un grand tournant qui en découle. Le fait d’assimiler existentiellement ces réflexions, dans ses habitudes quotidiennes, intellectuelles, dans sa manière de vivre, afin d’inventer les nouvelles réflexions et les nouveaux pratiques nécessaires, demande du temps. C’est surtout le cas lorsque l’on doit faire face à un système qui occulte massivement et efficacement le réel. Les habitudes concrètes sont plus longues à changer que les opinions. Cela vaut particulièrement pour les classes dirigeantes et responsables, dans la mesure où celles-ci sont au cœur du système, et ont donc par nature plus de mal à prendre du recul par rapport à lui.

Que nous soyons du peuple ou des classes dirigeantes et responsables, la logique massive et efficace d’occultation du réel du système fait qu’il est difficile d’assimiler celui-ci dans ses implications intellectuelles et existentielles. Ainsi, pour beaucoup de nos concitoyens de bonne volonté, il est difficile de voir ce qu’il en est.

Avant le tournant politique actuel du découplage progressif entre le système et la majorité de la population et des classes dirigeantes et responsables de bonne volonté, la situation existentielle de la majorité des classes dirigeantes et responsables de bonne volonté était la suivante. Pour pouvoir agir au mieux, malgré tout, elles ont dû, vaille que vaille, participer activement au système, plus activement encore que la majorité de la population. Elles ont dû le faire dans leurs actes, dans leurs pensées, dans leurs paroles. Leur action s’est inscrite dans la réorganisation générale et progressive de la société et de l’économie dans le sens du néolibéralisme qui a eu lieu ces trente dernières années. Ils ont dû faire avec les ambiguïtés de ces réorganisations qui, dans certains domaines, donnent plus d’autonomie aux acteurs tout en les inscrivant le plus souvent en même temps dans le cadre néolibéral général. Cette participation, ces personnes ont dû la réaliser malgré leur opposition de principe, voire parfois pour mener une résistance cachée.

Ainsi la majorité des classes dirigeantes et responsables de bonne volonté a-t-elle été amenée à perpétuer et à approfondir le système subtil et général d’occultation du réel et de pression sur les conditions d’existence. A la différence de la majorité de la population, les classes dirigeantes et responsables de bonne volonté – comme les élites en général – jouissent d’une existence confortable et ne souffrent donc pas de la dureté du système et de la situation économique. C’est là une différence tout à fait importante. Il reste que, même dans ces conditions matérielles favorables, les classes dirigeantes et responsables de bonne volonté se sont ainsi souvent retrouvées elles aussi dans une situation de contradiction existentielle. En contradiction avec leur bonne volonté, elles se sont appliquées et s’appliquent encore à elle-même, sous une forme atténuée mais bien réelle, dans leur rythme d’existence le plus souvent consacré au travail, les pressions sur les conditions d’existence qu’elles aident à perpétuer ou à approfondir dans la population. Ainsi la majorité des classes dirigeantes et responsables de bonne volonté, comme si elle se retrouvait enfermée dans une cage dorée, s’est pliée et se plie encore, elle aussi, souvent sans trop se rendre compte des implications, à la logique court-termiste d’occultation de l’avenir qui est celle de la collectivité et du système. L’implication de ces personnes plus grande dans les rouages et dans les décisions du système rend de plus difficile pour elles le fait de prendre du recul. Ceci explique chez elles – et malgré l’énergie, l’intelligence souvent déployée pour faire au mieux – la présence d’un pessimisme existentiel, d’une acceptation passive et, en fait, d’un sentiment d’impuissance, parce qu’elles ne voient pas d’autre solution que celle du moindre pire.

En somme, cette partie des classes dirigeantes et responsables de bonne volonté a elle aussi été existentiellement prise à un piège de la condition néolibérale – piège d’autant plus retors que leur position dans le système les amène à avoir une certaine difficulté à comprendre et à assimiler le réel. Mais il n’est jamais trop tard pour qu’une personne de bonne volonté prenne conscience de la contradiction existentielle dans laquelle elle se trouve. Il n’est jamais trop tard pour qu’elle modifie son comportement dans le sens de l’assimilation du réel, pour qu’il aille dans le sens d’une pensée et d’une action fécondes. Ce sont là des compromis collectivement et politiquement problématiques, mais existentiellement compréhensibles du fait de la puissance de l’occultation du réel par le système, et de l’énormité et du tragique du réel révélé. C’est d’ailleurs ce qu’exprime, dans D’un retournement l’autre de Frédéric Lordon, l’un des conseillers politiques du Président lorsqu’il réalise son aveuglement : « c’est mon prédécesseur qui, partant, m’instruit ; je ne pouvais le croire – il n’avait pas menti… ». En même temps que cette difficulté à assimiler à des conséquences politiques tragiques, tout ceci est pour ces personnes difficile à assimiler existentiellement. Notre attitude politique gagne donc à prendre en compte ce fait existentiel afin d’amener ces personnes de bonne volonté à agir enfin dans le bon sens.

Ainsi, les classes dirigeantes et responsables de bonne volonté, malgré leur pouvoir relatif ou leur marge de manœuvre, malgré le confort matériel de leur situation, sont tout autant désorientées que la majorité de la population face à la complexité et au tragique du réel contemporain. Elles sont tout aussi prises dans des contradictions, des ambiguïtés, une opacité toutes humaines. Ceci explique la difficulté de ces élites de bonne volonté à prendre la mesure de la vérité de la critique qui vient du peuple ou des intellectuels. Paradoxalement, le fait de ne pas appartenir aux classes dirigeantes et responsables permet en fait de percevoir plus aisément la violence et l’absurdité du système – tout simplement parce que l’on en souffre dans ses conditions d’existence même.

En ce moment, ainsi que l’indique la multiplication des lanceurs d’alerte (parmi lesquels l’on trouve par exemple : Snowden pour la surveillance généralisée des télécommunications par la NSA, Falciani en ce qui concerne la fraude fiscale organisée par HSBC [5], Condamin-Gerbier en ce qui concerne Reyl & Cie [6], mais d’autres sont et seront à citer), bien des personnes ayant des responsabilités comprennent le caractère tragique de la crise et le danger pour la démocratie, et décident de s’élever courageusement contre le système.

De plus, l’« appel des 1% » [7] indique une prise de conscience de la part d’une partie minoritaire (mais bien existante) des dirigeants en ce qui concerne la nécessité d’« une réduction des inégalités », de « redistribution des richesses » et d’« un monde moins inégalitaire et plus durable pour nos enfants ». Cela constitue une avancée importante dans la prise en compte du réel par la réflexion d’une partie des élites. Cette réflexion propose des éléments réels de régulation, évoque « une décroissance permettant de préserver notre environnement » qui « serait indolore grâce à la réduction des inégalités qui en résulterait », et s’oriente ainsi dans le sens d’une sortie du cadre actuel. Il reste que rien n’est (encore ?) malheureusement dit dans cette réflexion sur de nombreuses questions importantes, dont celles de l’affairisme et de la tricherie au sein du système économique et politique, et celle de la nécessité de changements à la fois démocratiques, collectifs et existentiels pour un saut radical permettant une sortie du cadre effective [8].

Plus largement, notre situation implique pour chacun d’entre nous, la nécessité d’un travail de lucidité existentielle sur soi et sur les autres. Ceci sera permis, chez les personnes de bonne volonté, par le fait que le réel deviendra de moins en moins occultable. Cela sera d’autant plus le cas que l’alternative politique entre néoautoritarisme et néodémocratie à venir (et déjà pressentie par les plus lucides) amènera les classes dirigeantes et responsables de bonne volonté à devoir faire les choix que jusqu’à maintenant elles n’ont pas réussi à faire. Ceci peut nous faire espérer que nous nous rendions collectivement enfin compte de nos propres contradictions.

Ajoutons à cela que la lucidité existentielle acquise au sein même de ce type de difficultés permet aussi aux individus que nous sommes d’être plus libres, plus forts et plus conscients de ce qui compte véritablement, existentiellement et collectivement, et plus à même d’assimiler encore mieux le réel. Elle permet de plus un déploiement plus libre chez les personnes de bonne volonté des immenses qualités qui sont les leurs – leur humanité, leur intelligence, leur générosité, leur ouverture, leur inventivité, leur pragmatisme, leur capacité à la révolte féconde – ainsi qu’un accès plus véritable à la Joie d’exister qui nous habite, malgré tout. Borges – qui a vécu une situation historique tragique, lui aussi – écrit qu’« à tous la vie donne tout mais la plupart l’ignorent ». Eh bien certains tournants historiques permettent que le plus grand nombre possible de personnes prenne pleinement conscience de ce que la vie leur a donnés, et de ce qu’elles doivent à la vie – car il en va bien de la perpétuation de la vie sur terre, et de la vie en nous, source de ce qu’il y a de plus beau et de plus fécond dans notre humanité.

 

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(1) Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza, La Fabrique éditions, 2010.

(2) Sur cette question, voir aussi Jean-Luce Morlie.

(3) Le capitalisme à l’agonie, Fayard, 2011.

(4) La Fabrique des imposteurs, Les liens qui libèrent, 2013.

(5) Fabrice Arfi et Valentine Oberti, When Jérôme Cahuzac ignored whistleblower’s account of HSBC complicity in tax evasion.

(6) Voir les différents billets consacrés à cette question dernièrement sur le blog, dont mon billet ; voir aussi Dan Israel et ceci.

(7) Voir Le Monde.

(8) Sur cet appel, voir Paul Jorion et Jean-Luce Morlie. Sur l’optique générale dont il relève, voir Jean-Luce Morlie.

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