Billet invité.
Empire insulaire imaginé par le philosophe grec Platon (voir les dialogues du Timée et du Critias) au IVe siècle avant que Pilate ne se lave les mains et formé avec le matériau des principaux vices de son temps, à savoir la passion dévorante pour un certain minerai précieux, autrement appelée orichalcophilie, l’expansionnisme militaire et l’impérialisme économique de type colonial, tous rattachables à l’hybris, l’outrance, qui est au savoir-vivre ce que l’outre de piquette est à la flûte de clairette. La parabole platonicienne a fait rêver des penseurs aussi diversement recommandables que Francis Bacon, Pierre Benoît, Alfred Rosenberg ou Edgar Pierre Jacobs. Des sommités universitaires et des gourous interstellaires en orbite ombilicostationnaire se réunissent régulièrement pour éprouver la dernière hypothèse formulée sur la localisation de l’Atlantide. L’Atlantide n’est pas seulement une île fantôme, c’est aussi une île erratique, comme Délos. Elle a jeté l’ancre dans le Hoggar, dans l’archipel des Açores et, pour ne pas faire de jaloux, dans celui des Canaries, elle s’est confondue un temps avec la Crète, puis, pour varier un peu, avec Santorin, elle rôde dans les parages de l’Antarctique, elle se devine même dans le marc de café répandu d’une certaine façon au creux de ma soucoupe griffée « Roswell ». Mais pourquoi s’enquérir de l’Atlantide des siècles passés quand nous avons la nôtre, grande comme six fois la France, formée avec le matériau le plus global qui soit et le plus exemplaire de la standardisation du pire, je veux parler du plastique ? Les courants du Pacifique amassent dans leurs filets des millions de tonnes de micro-déchets non assimilables par les micro-organismes qui, mêlés aux résidus radioactifs flottants de la centrale japonaise de Fukushima, cingleront bientôt par paquets vers nos plages de sable fin (s’il en reste), comme jadis les proues recourbées de la flotte de guerre atlante vers Athènes. Pour un traitement en aval du problème, je suggère d’affecter les chalutiers géants que l’épuisement des stocks de poissons aura rendus inutiles à une campagne de pêche inédite, digne de l’épopée terre-neuvienne. Pour un traitement en amont, je suggère à nos dirigeants politiques de subventionner l’artisanat du sac en tissu, du panier en osier et du chariot à roulettes ; je suggère également à mes concitoyen(ne)s de rendre en caisse dans tous les magasins les emballages plastiques rigides ou souples dont la nécessité ne saute pas aux yeux.
C’est la méthode descendante (top-down) : avec un LLM en arrière-plan de chaque personnage, répliquant dans chaque instance, un humain…