Du cœur avant toute chose, par Bertrand Rouziès-Leonardi

    Billet invité.

La femme en rouge

Le courage est partout, mais le doute persiste.
J’attends que l’on me dise en quoi cela consiste.
À jouer à l’expert avec des perroquets
Qui parlent aux souffrants la langue des roquets ?
À boucler l’horizon quand un espoir demeure,
Puis à s’en excuser quand vient la dernière heure ?
À faire ce que fit l’impudent Sainte-Beuve,
Cocufier un ami sur qui les lauriers pleuvent
Et, dans de mauvais vers, s’en vanter sous son nez ?
Misérable succès de serpent à sonnets.
Courageux ces agents, golems idiots de l’ordre,
Qui, pour qu’il marche droit, frappent l’homme à le tordre,
Qui, lorsqu’un peuple étouffe et que ses larmes gênent,
Lui font prendre en remède un gaz lacrymogène ?
Braves ces dirigeants, va-t-en-guerre sinistres,
Qui s’aiment en soldats et s’oublient en ministres,
Et perdent des pays sur leurs sanglants damiers ?
Vous dirigez, Messieurs ? Mourez donc les premiers.
Mais que faut-il, enfin, pour avoir du courage ?
– Il faut avoir un cœur, mais un cœur qui voyage.
– Il ne faut que cela ? – Des cœurs de cette sorte
Sont rares, qui battraient comme on toque à la porte.

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