En 1990, je publiais dans la Revue du MAUSS, un article en deux parties intitulé : « Déterminants sociaux de la formation des prix de marché, l’exemple de la pêche artisanale » (N° 9, pp. 71-106, N ° 10, pp. 49-64 ; repris dans Le prix, Le Croquant 2010).
J’y montrais que le prix est déterminé par le rapport de force entre le vendeur et l’acheteur, l’offre et la demande en présence n’étant que l’un des éléments constitutifs de ce rapport de force.
J’en acquérais pour une vingtaine d’années la réputation peu flatteuse de « l’homme qui ne comprend rien à l’économie », la preuve en étant qu’« il ne comprend même pas la ‘loi de l’offre et de la demande’ ».
Depuis, l’idée a fait son chemin. Deux chapitres de Repenser l’économie (Eyrolles 2012) de Philippe Herlin : « La théorie de la proportion diagonale » (pp. 171-194) et « Une nouvelle compréhension du couple rendement/risque » (pp. 195-203), sont consacrés à ma théorie de la formation des prix, inspirée de celle d’Aristote.
Lorsque le 21 mai, Tim Cook, le P-DG de Apple, se voit poser par une commission sénatoriale américaine la question suivante : « Quel taux d’imposition vous semblerait-il approprié d’appliquer à une compagnie comme la vôtre ? », il répond : « Un nombre à un seul chiffre ! », ce qu’il est sans doute permis d’interpréter comme la proposition d’un taux inférieur à 10%.
Lorsqu’hier soir, dans le feu de l’action de l’émission télévisée Mots croisés, Henri Guaino s’entend dire par Laurent Mauduit : « Pourquoi est-ce que vous ne dites pas […] : ‘Si Claude Guéant a effacé les impôts de Bernard Tapie, ce n’est pas conforme à ma conception de l’égalité des citoyens devant l’impôt’ ? », il répond : « Toutes les fortunes de France négocient leurs impôts, vous le savez parfaitement », pour ajouter un peu plus tard : « Mais c’est vrai ! »
Deux hypothèses sont alors envisageables :
1° Le taux d’imposition du contribuable est déterminé par le rapport de force entre lui et l’État.
2° Je ne comprends rien à l’économie, la preuve en étant que je ne comprends même pas que tous les citoyens sont égaux devant l’impôt.
@Mango Cette série est née sous l’impulsion d’impératifs simples et quelque peu baroques que n’auraient pas forcément appréciés les adeptes…