Billet invité. Ce texte fait suite à Un monde meilleur n’apparaîtra pas de lui-même. Ma position personnelle à ce sujet se trouve exprimée dans Le duc d’Aiguillon, le vicomte de Noailles, le vicomte de Beauharnais et le duc du Châtelet.
Que faire ? Il n’y a pas que Lénine en 1902 pour avoir posé la question. Nombre d’intellectuels, de philosophes, parfois syndicalistes et parfois père de famille, se sont souvent posé la question depuis les débuts de la « révolution industrielle » (la révolution pour les patrons surtout !) qui s’est vite mise à être ébranlée (rappelez-vous des Luddistes de 1811 !).
Que faire, dans un monde où tout est interconnecté, où tout est mondialisé, où le monde est régi – sauf exceptions – par la mécanique financière et bancaire ? Elle, qui agite les manettes et pousse les boutons des conglomérats transnationaux industriels et place les personnalités politiques, qui n’ont pas de courage politique et agissent pour leur compte propre et ceux de leurs patrons… Ces personnalités n’ont plus rien de Politique et de Moral, mais seulement de l’Ego et de l’Appétit, pour le gain, le prestige éphémère, etc. Mais qu’emporte-t-on dans la tombe ? Que faire donc devant ces hommes et ces femmes, qu’ils soient banquiers, P-DG ou politiques (uniformes dans leurs uniformes-costumes noirs ou gris), devant cette classe sans visage et sans frontières, insaisissable, qui s’enrichit à la démesure tout en appauvrissant à l’extrême les peuples ? Que faire face à cette « élite » oligarque, népotique, ploutocrate, qui n’est ni démocrate ni républicaine ni populaire et au contraire, se forme, se protège, se reproduit pour que sa caste survive ?
Pour survivre, elle a construit, conçu, ordonné un système pyramidal sur lequel elle a toute emprise. Elle a organisé ses industries (agro-alimentaire ; pharmaceutique ; loisirs, spectacle et internet ; drogues dures ; bancaires ; militaro-industriel ; crédits et confort) afin que l’humain des villes, « occidentalisé », soit déconnecté de la vie réelle et se conforme à une vie mécanisée et pensée par elle-même. Un humain détaché de la nature et de ses rythmes et surtout, qui soit complétement dépendant du Système pour ses besoins vitaux – a fortiori quand ce même Système et cette même élite mettent tout en œuvre pour que la Planète (croire l’inverse est naïf) soit détruite dans le but d’accroître ses profits, et que les enfants des peuples actuels aient à résoudre – si cela est possible – le problème de la vie sur terre… Les paris du Meilleur des Mondes et de 1984 (la fiction improbable est devenue réalité) se réalisent actuellement. C’est une horreur. Comment a-t-on pu se contenter de l’observer quand elle a pris naissance ?
Que faire face à cette horreur ?
Le rêve de révolution est resté un rêve. L’Anarchie est restée dans son monde des idées, des pensées, et a accouché d’une souris.
Ces fous élus se menacent mutuellement de guerres, vivant dans des fantasmes nucléaires à l’échelle mondiale et regardant la planète de très-haut, et ne pensent pas au quotidien de leurs administrés. L’État est la section visible des mains invisibles qui tissent le destin des hommes.
S’il est humainement horrible d’imaginer éradiquer physiquement cette élite aujourd’hui (qui se protège derrière ses lois) alors même que cette élite n’a pas cette empathie pour les peuples qu’elle soumet ou détruit (y compris via ses drones désormais), c’est toutefois cette dernière solution qui s’offre aux peuples d’en finir une bonne fois pour toutes avec leurs maîtres. La révolution c’est toujours de remplacer quelqu’un par quelqu’un. Il sera bientôt trop tard. Légalement, technologiquement, biologiquement, l’élite est en passe de faire « la passe de 3 » sur ses administrés – qu’il vole pour perfuser son système bancaire également… Pensez-vous que l’Élite, si son Système basé sur la Finance, le voit choir, va tout laisser s’effondrer sans avoir prévu de Système-rustine ? Êtes-vous maintenant horrifié ?
Nous en sommes donc au point de non-retour.
La démocratie n’existe pas.
Les politiques sont des « pros » du mensonge et des promesses, des pantins pour les banquiers et P-DG et cela s’arrête là et tous ensemble, ils construisent, consolident et pérennisent leur caste au détriment du peuple qui a pourtant l’avantage du nombre – ce qu’il oublie, car il ne se risque pas à tenter le « risquons-tout » pour le tout…
§
Installée dans son confort, la classe moyenne est également trop occupée pour faire la révolution, rêvant d’accéder à la quasi-hermétique classe du dessus. Elle pense à elle et oublie les milliards d’autres humains du dessous… C’est donc à ces milliards de pauvres – qui rêvent aussi du dessus – qu’il faut s’adresser pour qu’une révolution naisse. Seulement, ces milliards d’êtres humains se battent pour survivre eux aussi physiquement. La classe moyenne est pauvre ; majoritairement illettrée et sous-informée – bref, trop écartée de la lutte…
Quel espoir ? Que faire ? Faut-il adopter l’attitude, juste, raisonnable, pleine de bon sens des bouddhistes qui considèrent que le moindre acte positif aura des conséquences sur autrui (y compris par mimétisme) ? Ce sera déjà un bon point, de partir de soi, ce qui pose la question de l’identité dans ce Système qui uniformise. En profiter aussi pour réenchanter le monde humain. Également, il faut impérativement redevenir autonome, indépendant du Système. Encore et surtout, surtout, surtout il nous faut être courageux, et penser, et faire ce qu’il faut pour s’extraire du Système. Ce n’est pas en posant des bombes visant le peuple que celui-ci se révoltera contre l’élite et ce n’est pas en assassinant (comme un « lone wolf ») celle-ci (interchangeable à l’infini de toute façon) que son Système s’effondrera. Un monde meilleur n’apparaîtra pas de lui-même, mais de nous-mêmes. Mais sans courage et sans travail nous n’aurons pas de monde meilleur. Rêver n’ait autorisé que lorsqu’il est possible d’accomplir ses rêves… Or nos rêves ne nourrissent pas nos ventres, ou bien au terme d’une lutte avec le Système – une fois qu’il nous a intégré et que nous y sommes confortables – No Pain, No Gain.
Le Système, auquel nous sommes intégrés et dont nous hyper-dépendants, nous abreuve pourtant de spectacles héroïques – de Braveheart à Rebelle en passant par Armageddon – qui devraient nous inspirer. Mais il nous noie aussi littéralement (et nous nous y enivrons jusqu’à l’écœurement) sous des flots « d’informations » (et non d’analyses de fond ou de reportages) déprimantes, horribles, etc., ne donnant rien à voir du « Côté lumineux » de l’humanité…
Nous sommes donc tels des poissons nageant vers un hameçon furtif, qui échappe à notre faim, alors même que l’eau qui nous nourrit est déjà pleine à ras-bord d’effluents néfastes desquels nous sommes dépendants… Le Système, confortable, saccage la nature (et nos espoirs de Retour à l’autonomie et l’indépendance) tandis qu’il enferme les corps et les esprits petit à petit, fermant les issues de secours doucement sur les esprits qu’il a anesthésié… Si Lénine souhaitait éclairer les classes pauvres et travailleuses via un organe de presse intellectuel de haut niveau, on peut constater, cent ans plus tard, que de tels media ne révolutionnent pas les esprits puis les corps pris dans les rouages du Système. Les media de masse captent bien mieux ceux-ci par le Spectacle. In Girum Imus Nocte Et Consumimur Igni… Nous plongeons dans les ténèbres de l’Abysse sans fond, et nous y voyons notre ombre que projette le soleil, loin au-dessus de nous pourtant, dans notre dos. C’est là la tragédie des peuples de l’Ère Moderne et de sa révolution industrielle qui nous conduit à la Grande Perdition de ces dernières années.
Or il ne faut pas remplacer un Système par un Autre, c’est évident.
Il faut donc l’abattre. Puis vivre sa vie. Et faire le deuil du Système. Car il nous a mené à la mort de masse, brutale ou doucereuse, et au néant de nos vies. Il fut et il est une impasse. Il fonce, éperdu, dans le mur. Nous le voyons, nous le savons, nous le lisons. Et nous sommes liés, pieds et poings. Nous devons accepter ce constat : ce train d’enfer du Système ne nous mène nulle part. Nous fonçons tous dans un tunnel de ténèbres et le chauffeur ramasse la mise en dollars. Nous sommes ses complices. Nous sommes liés par la Peur ; le Confort ; la Lâcheté ; la perte de Sens ; la Routine. L’Ennemi est devenu, d’abord … nous-mêmes. Nos enfants semblent devenir bel et bien (c’est triste de le dire ainsi) l’espoir de la Révolution que nous n’osons faire naître. Pourtant, en 1793, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen dit dans son article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ». Avant d’être redevables à nos Chefs, c’est d’abord à nous-mêmes et à nos enfants que nous sommes redevables d’une vie meilleure et du combat pour que celle-ci le soit : le devienne.
§
Or l’Action (la transcription physique des idées) n’est pas la Réflexion (cristallisation et transmission des idées). La première doit suivre la seconde, nécessairement, sans quoi l’on est un escroc, un hypocrite, un malhonnête à soi-même.
Je ne sais plus me regarder dans une glace. J’accomplis des choses pour moi-même, certes. J’écris des livres qui sont édités et lus, et je peins des toiles qui sont exposées et achetées. J’exerce un métier utile pour les gens privés de tout : ceux que l’on incarcère. Mais comme humain plein de conscience, je mène des réflexions qui m’empêchent de dormir depuis des années : d’abord ontologiquement, spirituellement, puis depuis quelques années, comme père car : comment me jugeront mes enfants ? Comment nos enfants jugeront leurs parents pour leurs inactions, sachant que le politique, l’associatif, l’humanitaire, le politique ne sont jamais que de petits pas qui ne changeront pas la face du monde car soumis aux décisions des Très-Haut ? L’ascenseur social n’existe pas car le monde des élites est un monde fermé, uniformisé. Si donc nous n’avons aucun pouvoir – même par les urnes – sur ceux qui ont le pouvoir, comment osons-nous dire à nos enfants que nous avons agi pour eux alors que tout cela, c’était en quelque sorte, se battre contre des moulins à vent ? Ou même : comment oserons-nous avouer que nous n’avons rien fait pour leur présent comme pour leur avenir ?
Depuis très longtemps, le rêve utopiste de la Démocratie n’a été qu’illusions. Les États-Unis d’Amérique (quel titre prétentieux pour un pays tellement génocidaire !) et la France n’en sont que l’ombre de l’ombre… Les droits s’estompent, se travestissent, se brisent, s’effacent. La Grande Perdition nous mène à Olduvaï. Et Stephen Hawking recommande de quitter la Terre au plus vite ! Alors, j’applaudis quand de trop, trop rares, osent combattre physiquement – et dans une moindre mesure, idéologiquement, selon les régimes politiques où ils combattent – l’État, et ses patrons du Privé, pour leur rappeler leur condition d’humain, que tous sont faits de chair, de sang et respirent et défèquent. Ils se battent pour leurs idées, pour leurs enfants. Et comme le sabotage n’est désormais plus que du terrorisme…
Nous fonçons ainsi dans le mur. Le Système abuse, viole une Nature aux ressources finies et agit comme si la Terre avait des ressources infinies… Car tout ne tourne que pour un Dieu unique : l’argent. L’argent achète Tout. Nos vies, notre survie, notre confort, notre routine, nos espoirs. Quel Hapax existentiel nous faut-il pour entrer en dissidence et agir ? Cet hapax surgira-t-il quand tout, définitivement, nous sera ôté, quand même nos miettes seront elles aussi… mangées par ces salauds ? Et que nos propres enfants nous réclameront à manger ? Nous faudra-t-il attendre que notre estomac, ou les balles, ou la torture, etc ;, réveillent nos consciences et rappellent à notre mémoire qu’il fallait agir avant ?
COP 29 en Azerbaïdjan La COP est terminée. 300 milliards pour les pays pauvres => c’est trop peu Energies fossiles…