Billet invité.
Dans son billet Les forces politiques sans nom nées de simples conjonctions de fait, rédigé à propos du billet de zébu : Todd ou Stiegler, ou les deux ? Jeanne Favret-Saada constate que « Nous avons appris à nous méfier de la pensée conspirationniste et c’est bien. » Mais pour ajouter aussitôt « nous sommes très peu entraînés à admettre que des conjonctions de fait dans des situations ponctuelles, et une suite de hasards, dans une situation de désintégration générale, puissent faire ‘prendre’ une force politique sans nom ».
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« Une force politique sans nom »
Le vide idéologique, laisse en effet la place (sic) à un « principe de Maupertuis » selon lequel le politique se laisserait aller à la plus grande pente, la ligne de moindre action ! (le cas chypriote semble exemplaire de ce point de vue).
Un peu en avance, nos journaux sont remplis d’autant de révolutions morales que de crocus au printemps. N’est-ce pas pour détourner l’attention de la domination déjà là, que triomphe, aujourd’hui, l’air de la « titanesque » bataille contre les paradis fiscaux. À ce niveau, ce n’est déjà plus l’usuel spectacle d’opérette usé qui se traîne depuis plus d’un demi-siècle, mais bien du bel canto simulé. De l’autre côté, et tout naturellement, Béatrice Bourges (dans Le Monde du 18/04) nous propose un « Printemps français » : une révolte d’avant-garde lequel est tout écrit dans l’esprit de sa péroraison inspirée d’un trope sacré « le vent (de l’esprit) souffle ou il veut » , lequel faisait aussi bien partie de la philosophie pérenne de Maria Sabina.
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Puisque tout le monde, ces derniers temps, y va de sa rengaine, je ne me gênerai pas non plus, et allez hop, « de quoi ce « sans nom » est-il le nom ? » Contre qui se battre ? Contre nos Sénateurs , « shame on you », comme Obama ?
Les révolutions de l’Est nous ont appris que les peuples modernes (peut-être davantage que d’autres) acceptent tout, pour autant que, l’hiver, ils n’aient pas trop froid trop longtemps et, comme le dit Paul, parce que l’espèce humaine est résiliente.
Ainsi, l’Europe est pour longtemps dans les bras des corridors gaziers nord et sud ; nos révolutions morales sont des « danseuses » ; et le froid en fera des « filles » pour l’amusement d’États mafieux : Poutine au nord, tandis que pour le TAP, au sud, les raclures de tiroir, levées par Clearstream (Deutsche Börse AG) paient déjà le gazoduc, il faut bien que l’Europe s’unifie de l’Atlantique à l’Oural, puisque l’État mafieux chinois a déjà un pied dans le Pirée.
Quant à moi, je suis assez désemparé. J’avais bien compris que l’analyse de Debord était effectivement exacte mais que sa vision stratégique ne menait nulle part (Debord en convenait lui-même, me semble-t-il). Baudrillard fut le seul, après Le système des objets, L’économie politique du signe et L’échange symbolique et la mort, à tenter de suivre la génération des simulacres, STOP. Aujourd’hui, il n’est pas permis de poursuivre l’examen de l’écroulement des deux tours, non pas comme complot réel, « outside » ou « inside », mais comme image involontairement réalisée par l’accrétion d’un chapelet de conneries (des grosses, c’est vrai) mais entièrement séparées… (N.B. cette opinion ne reflète pas celle de la rédaction).
Pour toute inquiétude causée par Marine Le Pen, RIA Novosti nous rassure « en prolepse », je cite :
La Cour suprême de Russie a reconnu mardi comme extrémiste le mouvement néonazi international Sang et Honneur (S&H) et a interdit toutes ses activités dans le pays, a annoncé aux journalistes à Moscou la porte-parole du Parquet général russe, Marina Gridneva.
« Comme il a été établi, la haine et l’hostilité raciales, nationales et religieuses sont le ferment et constituent l’idéologie du mouvement (…) », a indiqué Mme Gridneva. Le S&H se définit comme une « organisation mondiale pan-aryenne dédiée à la lutte pour la survie et la prospérité de la race blanche ». Moscou, 29 mai 2012 – RIA Novosti
Nous avons déjà assisté à un retournement : c’est « Poutine » qui, déjà, nous protège des ombres que nous fantasmons derrière Marine Le Pen. Après la Glasnost du président « normal », nous devrions ainsi avoir une dame dans le rôle d’Eltsine, suivie – toujours selon la pente – car le FN comme la droite ne dispose pas de cadres à la hauteur de la situation, d’un petit Poutine formé par Goldman Sachs.
Cette force politique sans non, est parfaitement déjà en place, pour durer, elle n’a besoin que de laisser se montrer des ombres à combattre. Pour attendre leur arrivée en haut de l’affiche, la première partie consiste à laisser tomber, du haut des cintres, quelque décors poussiéreux afin de chauffer le public par des oh et des ah : les Tapie-Lagarde, Takiedine-Sarkozy, les frégates et le « SAC du Corse » (dont j’oublie le nom ) ; Khadafi (un nom là dont je me souviens…), autant de pièces déjà jouées !
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De Debord, je retiens que – pour asseoir son hégémonie – le spectacle devait éradiquer toute perspective historique et que c’est précisément là sa faiblesse. En effet, nous le constatons chaque jour, le capitalisme se survit « à vue », c’est normal, ayant formaté son élite conseillère selon son principe, le capitalisme n’a aucune vision stratégique de son avenir, n’est-il donc pas évident que le capitalisme tire le CQFD du théorème de Debord au soir de chacune de ses journées ?
Pendant ce temps, la TV nous défonce de gros plans Cahuzac, la 18ème République, alors que les ennemis sont les États mafieux : la Russie, la Chine, la Belgique, etc. Bref les meilleurs copains des Etats-Unis ; l’élite qui en profite a tout intérêt à laisser croire que le capitalisme a de l’avenir, elle est déjà revenue au mode féodal : elle tient pyramidalement, les terres, les mines, les usines, les brevets.
Je sais que quand j’écris la « Belgique État mafieux », cela fait sourire – tout ce qui est exagéré est dérisoire et « gna gna gna » – pourtant la Belgique est en état de fascisme blanc ; la collusion politique juridique et policière avec le banditisme y est installée depuis plus de vingt ans, je cite :
La Belgique n’est ni un État-Nation, ni un État démocratique, mais elle n’est pas davantage un État totalitaire ou un État fasciste dans les acceptions hitlérienne ou mussolinienne : on n’y rencontre ni leader charismatique, ni législation raciste. C’est, démontre Marcel Paquet, un fascisme d’un genre inédit, insidieux et difficile à percevoir. S’il qualifie de « blanc » ce régime dont tous les rouages sont contrôlés par la criminalité (afin de le distinguer des pestes brune, rouge ou noire), ce n’est nullement pour le réduire au phénomène de la grande protestation populaire d’octobre 1996 – liée à l’affaire Dutroux -, mais pour situer et analyser celle-ci à partir d’un processus plus général, plus englobant et surtout plus ancien. Cet État artificiellement créé par la volonté des grandes puissances du début du XIXe siècle (Angleterre, Autriche-Hongrie, France, Prusse et Russie) développe aujourd’hui un exercice du pouvoir dont les mécanismes fondamentaux sont la démagogie et la corruption. Ceci risque de s’étendre à l’ensemble du continent. Construire l’Europe en négligeant la dangereuse réalité belge serait une faute politique d’une extrême gravité.
Marcel Paquet, Le fascisme blanc : mésaventures de la Belgique, Éditions de la Différence, 1998, 4ème de couverture.
En résumé, la voie du changement consisterait plutôt à remplacer l’usage du gros plan TV par un long « travelling médiatique panoramique » restituant aux peuples les épisodes manqués de l’histoire de la constitution des États mafieux par les sociétés transnationales, depuis leur mise en route par la Seconde Guerre mondiale.
Il en faudra des heures d’écoute, je le crois pourtant possible, d’autant plus que si nous en avons manqué tant et tant d’épisodes, c’est précisément parce que nous regardions la télé, mais en plus, parce que, peu ou prou, nous travaillons chacun pour quelques-unes de ces compagnies, avec la complicité des syndicats ; raconter l’histoire sera plus chaud que de « débecter » les paradis fiscaux et les excès de la finance ! Il est donc normal que, sans la moindre conscience d’un plan préalable, les médias bruissent de la révolution qui monte… et la fassent, sans même le savoir, passer à côté…
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