Billet invité.
Alors que le gouvernement français s’approche de son heure de vérité, l’Italie ne sort pas de la crise politique qui l’y précipite. Devant l’impossibilité pour Pier Luigi Bersani de trouver une majorité susceptible de voter la confiance à un gouvernement minoritaire, le président Giorgio Napolitano reprend l’initiative de manière inédite.
Il va nommer deux personnalités chargées non plus de former une alliance introuvable, mais de dégager un ensemble de mesures derrière lesquelles un rassemblement pourrait s’opérer. Dans l’espoir de repousser à plus tard une nouvelle convocation des électeurs, qui ne pourrait intervenir qu’en juin-juillet prochain, une fois passé le cap de l’élection d’un nouveau président de la République, processus pouvant lui-même traîner en longueur. Aujourd’hui, les sondages donneraient une majorité électorale à Silvio Berlusconi (après avoir enregistré une semaine auparavant une poussée du Mouvement 5 étoiles), ce qui précipiterait l’Italie dans l’inconnu. Il faut donc trouver les moyens de réformer la loi électorale, peut-être en constituant un nouveau gouvernement de « sages » et de techniciens dont ce serait – avec d’autres mesures laissées en suspens par Mario Monti – la principale mission.
Tout cela est très fragile. La situation économique italienne continue à se détériorer progressivement, notamment en raison des restrictions au crédit apportées par les banques, qui affectent le tissu des PME italiennes, et de la remontée du spread entre les taux obligataires allemands et italiens. Sa baisse consécutive à l’annonce du programme de rachat conditionné de la dette par la BCE (OMT) est désormais effacée. L’institut de statistiques Istat maintient ses prévisions de croissance négative de -1% en 2013 (elle aura été de -2,4% en 2012), mais ce résultat est peu vraisemblable.
La BCE va à nouveau se réunir jeudi prochain, mais aucune mesure nouvelle n’est attendue. La baisse de son taux directeur aurait-elle d’ailleurs un sens, alors que les dirigeants de la banque centrale reconnaissent que « le mécanisme de transmission de la politique monétaire est cassé », ce qui signifie pratiquement que les banques ne répercutent pas ses baisses de taux sur leur clientèle, particulièrement en Europe du Sud ? Elle n’est pas non plus prête à acheter des obligations émises par les entreprises, ce qui ne pourrait aider que les plus importantes qui ont déjà accès au marché obligataire dans des conditions satisfaisantes. Rien de nouveau de ce point de vue : le système bancaire européen continue de porter une lourde responsabilité dans la détérioration de la situation économique, conjointement avec les effets de la stratégie de désendettement dont les finances publiques font les frais.
La nouveauté est que cela atteint désormais l’Italie et la France, sans que se dessine une politique alternative. La croissance continue de jouer les grandes absentes et les moyens de la relance sont inexistants, sa conception même ne dépassant pas le stade des généralités. Car, dans le cadre du grand basculement en cours, il n’y a pas de recette qui ne soit dérangeante… Décidément, il faut sortir d’un cadre qui se rétrécit, quel que soit le bord contre lequel on se heurte !
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VIENT DE PARAITRE : « LA CRISE N’EST PAS UNE FATALITE » – 280 pages, 13 €.
@Sándor « J’en suis encore à m’demander, après tant et tant d’années, à quoi ça sert de vivre et tout, à…