J’ai déjà eu l’occasion de raconter mes dernières semaines chez Countrywide, grand émetteur de titres subprimes devant l’éternel, période durant laquelle les ordres venant d’en haut se tarirent peu à peu : les réunions mensuelles étaient annulées, puis vint le tour des réunions hebdomadaires, enfin les rencontres avec les supérieurs hiérarchiques. Un silence de plus en plus pesant retombait en cascade des hautes sphères, silence qui ne fut interrompu un beau matin que par la venue d’une équipe des « ressources humaines » annonçant les licenciements.
Je me souviens de la bonne dame, prête à bondir de son siège pour éviter l’uppercut qu’elle craignait que je ne lui décoche à la mâchoire. Quand je lui ai dit avec un grand sourire : « Merci, c’est une délivrance ! », elle a jeté un regard éberlué à mon supérieur immédiat assis tout penaud un peu en retrait.
J’ai rapporté aussi qu’entre collègues, durant cette période, nous nous expliquions ce silence qui avait fini par tout envahir en disant : « Ils n’ont plus la moindre idée de ce qu’il faudrait faire et ils s’activent du coup à la construction de leur radeau ».
Pourquoi est-ce que je rappelle cela aujourd’hui ? Sans raison précise. Oui, honnêtement : sans aucune raison précise !
Thom : « La voie de crête entre les deux gouffres de l’imbécillité d’une part et le délire d’autre part n’est…