Billet invité
C’est finalement ce matin que le voile qui recouvre le plan B du gouvernement chypriote devrait être levé, les parlementaires ayant demandé ce délai. Les dirigeants européens sont suspendus à son annonce, désormais eux-mêmes soumis à l’ultimatum de la BCE, initialement adressé aux dirigeants chypriotes et russes, dont la mise en œuvre lundi précipiterait la chute des principales banques chypriotes et la sortie de l’euro du pays.
En proposant une restructuration de Laiki, la plus mal en point des deux banques, le gouvernement de Nicosie cherchait à gagner du temps. La scission en deux de la banque – good bank avec les dépôts inférieurs à 100.000 euros et bad bank où resteraient les autres – aurait pour conséquences de protéger les petits dépôts et de faire peser une très lourde menace sur les gros. Donnant aux autorités russes, qui depuis ont lâché les autorités chypriotes, l’occasion ultime d’intervenir en renflouant la bad bank pour protéger leurs intérêts et prendre la main. On n’en est plus là.
Il était de toute façon illusoire de penser que Chypre puisse conserver son rôle de base financière arrière de la finance d’origine russe. La crainte que le pays ne bascule dans l’orbite russe et lui offre des facilités militaires a toutefois contribué à la grande prudence avec laquelle les dirigeants européens ont réagi.
Reste l’autre volet du plan B, qui est particulièrement flou. Il est question de créer un « fonds de solidarité nationale » dont on sait qu’il pourrait être doté des fonds des organismes de retraite publics et parapublics, en contrepartie desquels ceux-ci recevraient des obligations adossées aux futures – et aléatoires – ressources de gaz naturel. Demandée par les dirigeants européens, la décision d’installer un blocage sur une longue période des capitaux placés dans les banques afin d’éviter que le retrait massif des fonds d’origine russe ne vienne irrémédiablement aggraver leur situation n’a pas encore été prise, car elle sonnerait le glas de tout accord avec Moscou.
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@Khanard et Pascal Pour moi, Marianne reste un média de gauche ou de centre gauche, heureusement, il n’est pas encore…