Billet invité
Le gouvernement chypriote vient de se donner quelques jours pour résoudre l’équation financière en suspens en décidant de fermer les banques jusqu’à mardi prochain. Des textes de loi seraient en préparation afin de restreindre les mouvements de capitaux pour la suite.
Moscou n’entend pas se laisser faire et les dirigeants chypriotes sont pris entre des impératifs contradictoires, afin de combler le trou créé par leur décision de ne pas taxer les dépôts en dessous de 20.000 euros sans augmenter la taxation de ceux qui dépassent 100.000 euros. Limiter les pertes que les gros créanciers subiront impose de trouver d’autres financements pour réunir les 5,8 milliards d’euros attendus de cette taxation, mais comment ? Des hypothèses sont agitées, sans que rien de concluant ne soit apparu, alors que les appels se multiplient côté européen pour qu’une solution soit trouvée et que Dmitri Medvedev souhaite une approche « réfléchie », faisant référence à la nécessité de maintenir de bonnes relations entre la Russie et l’Union européenne…
Les dirigeants européens font à nouveau preuve d’intransigeance, se refusant à prêter plus de 10 milliards d’euros, ayant compris grâce à leurs récentes expériences grecques que ce serait à fonds perdu, la BCE publiant un communiqué alambiqué annonçant qu’elle est prête à soutenir les banques chypriotes, sous condition qu’elles soient solvables, c’est-à-dire qu’un plan de sauvetage permettant de les recapitaliser soit préalablement adopté.
Deux gros chats guettent donc la petite souris, ce que José Manuel Barroso va comprendre, qui se rend demain à Moscou avec une délégation de 16 commissaires européens. « Nous avons là [à Chypre] nos raisons et nos intérêts d’État : nos banques y détiennent leurs actifs, ainsi que de nombreux hommes d’affaires russes » a déjà fait savoir Dmitri Medvedev. Moscou se considère un partenaire incontournable des négociations et les dirigeants européens ont placé leurs partenaires russes devant le fait accompli. Comme il l’a déclaré : « toutes les erreurs possibles ont été commises ».
Ce qu’Angela Merkel craignait est arrivé : les dirigeants russes sont entrés dans le jeu et n’en sortiront plus sans compensations. Les bricolages chypriotes n’y suffiront pas. Encore un plan de sauvetage à succès…
@Khanard et Pascal Pour moi, Marianne reste un média de gauche ou de centre gauche, heureusement, il n’est pas encore…