Billet invité.
On est très loin de la corbeille à la papa et des boursicoteurs amateurs! La progression fulgurante des innombrables mini-transactions informatisées à très grande vitesse du High Frequency Trading ( HFT) et le rapide développement des dark pools (les « piscines opaques ») sont en train de totalement bouleverser le fonctionnement des marchés. Et pas dans le sens de la transparence qui lui est cher. Même le monde financier est à deux vitesses.
Voilà toute l’étendue du problème : aux États-Unis, selon le Wall Street Journal, plus de la moitié des transactions seraient désormais opérées dans le cadre du HFT et 14% d’entre elles réalisées en 2012 dans le cadre des dark pools/, contre 3% en 2007, avec une pointe à 37% le mois dernier. Les dark pools avaient à l’origine comme objectif de protéger les grands investisseurs, afin que leurs ordres volumineux ne soient pas détectés par d’autres pendant leur exécution et que cela aboutisse à accroître le prix de leurs acquisitions. Mais, comme en toutes choses financières, la pratique a pu pervertir ces nobles intentions, conduisant leur régulateur, la Financial Industry Regulatory Authority (FINRA), a enquêter.
Pour aller à l’essentiel, la FINRA s’interroge à deux propos. Les dark pools, ces clubs d’investisseurs, ne seraient-ils pas des lieux privilégiés d’information pour certains de leurs membres ? l’opacité de leur fonctionnement favorisant – l’expression n’est pas employée – des délits d’initié, ce crime omniprésent dans les rêves les plus fous des traders. Ne permettraient-ils pas d’opérer des manipulations des prix au sein des marchés boursiers ? Comme l’écrit le Wall Street Journal, que l’on a connu moins frivole, le régulateur a plongé dans la piscine pour tenter d’y voir plus clair !
Si ces deux dysfonctionnements étaient avérés, il se confirmerait qu’il ne fait pas bon s’aventurer sur ces marchés si l’on n’est pas puissant et riche ! Les tuyaux boursiers ne s’échangent plus à table avec les alcools, quand vient l’heure des cigares et des confidences, mais via de froids systèmes informatiques complexes qui calculent des martingales enfin efficientes. Mais si les bourses sont considérées comme « le repaire caché de traders prédateurs », toujours selon le Journal, il y a de quoi s’inquiéter dans un contexte américain où les entreprises vont bien davantage qu’en Europe chercher leurs capitaux sur le marché (une tendance qui s’y répand également).
Et l’on a pas encore tout vu ! C’est cette fois-ci la SEC, plus connue, qui enquête afin de déterminer si les marchés boursiers n’ont pas fourni à des entreprises du HFT des avantages leur permettant de devancer d’autres investisseurs, afin de gonfler leur volume d’activité et éviter que les transactions continuent de se diriger vers les dark pools à leur détriment.
A quoi peut-on encore croire, je vous le demande ?
@ Hervey Et nous, que venons-nous cultiver ici, à l’ombre de notre hôte qui entre dans le vieil âge ?