Billet invité.
Ouf ! les dirigeants allemands et français se sont mis d’accord et l’Europe est sauvée. L’Europe des banques, s’entend. Michel Barnier, le commissaire chargé de la régulation financière, en a tiré la leçon. L’application du rapport Liikanen sur la séparation des activités des banques doit selon lui « préserver leur diversité ». L’étude de l’impact des mesures proposées se poursuit et le commissaire présentera ses conclusions dès cet été, sans tarder. « Je ne veux pas pénaliser le travail des banques quand elles travaillent au bénéfice de l’économie et de l’industrie », a-t-il déclaré à Davos devant un auditoire réceptif.
Quelques mauvais esprits n’ont pas manqué de remarquer que l’application des mesures du rapport aurait permis d’éviter le scandale de la Monte Paschi di Siena (MPS), qui enflamme la campagne électorale italienne et dont nul ne sait jusqu’où il va aller. D’autres que la Deutsche Bank, qui se trouve décidément impliquée dans toutes les plus belles affaires (*), dont celle-ci, ne sera pas avec d’autres mécontente du coup d’arrêt que Michel Barnier annonce. Le gouvernement français y avait contribué en adoptant un projet de loi – présenté aujourd’hui devant l’Assemblée nationale – ne tenant pas compte de ses préconisations, soutenu en cela par le gouvernement allemand.
« Nous sommes dans la dernière ligne droite pour obtenir un accord sur les règles de Bâle », a également déclaré Michel Barnier en précisant : « Je pense que nous allons aboutir à un accord dans les jours qui viennent ». Le meilleur en est attendu. Si l’on ajoute à cette succession de bonnes nouvelles le report à une date indéterminée du premier volet de l’union bancaire, qui concerne la surveillance des banques par la BCE, le bonheur sera complet. D’autant que le président de celle-ci était le gouverneur de la Banque d’Italie au moment où les manipulations de bilan de MPS avaient lieu. Cela mérite en effet réflexion.
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(*) L’autorité de régulation financière allemande a ouvert une enquête à propos de soupçons de manipulations du Libor, une autre est en cours à propos de fraudes sur le marché des droits d’émission du CO2, et d’anciens salariés de la banque l’accusent d’avoir sous-évalué ses pertes latentes sur des produits dérivés, la SEC américaine s’étant saisie de l’affaire. Enfin, la justice américaine soupçonne la banque d’avoir transféré illégalement des fonds vers l’Iran et le Soudan, via sa filiale américaine. En Asie, pour faire bonne mesure, Séoul a condamné la Deutsche à une amende record pour avoir donné des informations mensongères sur ses opérations d’arbitrage. Ce n’est pas tout : les héritiers de Léo Kirch ont fait condamner la banque en Allemagne pour avoir causé la faillite de son groupe, et des dizaines de plaintes déposée par des entreprises et de collectivités allemandes à qui des produits dérivés ont été vendus sans les informer des risques encourus sont en attente. Pour mémoire, le PDG de la Deutsche était jusqu’en mai 2012 Josef Ackermann, qui était également à la tête de l’Institute of International Finance, le lobby mondial des mégabanques. N’en tirons aucune conclusion prématurée.
Je le crains aussi, c’est le pendant à l’invasion de Taiwan. Cuba va connaître de nouveau « ses années ’30 » :…