Billet invité.
Quand ce ne sont pas des miracles, ce sont des modèles à suivre qui nous sont opposés ! Souvenons-nous, dans la première catégorie figuraient il y a encore peu l’Irlande et l’Espagne, et l’Allemagne tient un rang incontesté dans la seconde. Tout cela relève plus du fantasme collectif que de l’analyse, bien entretenu surtout quand il est question de faire avaler un os. Mais en quoi l’Allemagne est-elle exemplaire ?
Selon Destatis, l’office fédéral des statistiques, la croissance a été sur une pente descendante en 2012, passant de +0,5% au premier trimestre à une contraction au dernier. Si le PIB a finalement augmenté de +0,7% pour l’année entière, ce résultat est en important recul par rapport aux années précédentes : +4,2% en 2010 et +3% en 2011. Les exportations ont certes progressé de +4,1% l’année passée, plus que les importations (+2,3%), mais la demande intérieure n’a augmenté que de +0,8% tandis que les investissements reculaient de -4,4%, signe d’incertitude prononcée. Pour 2013, le gouvernement allemand ne table que sur une progression de +0,4% en 2013, en baisse par rapport au +1% précédemment annoncé. Heureusement, en application d’une formule éprouvée, il prévoit une rassurante hausse de +1,6% en 2014. Il sera toujours temps de la revoir. En politique, la mémoire fait défaut et le temps est un précieux allié.
De ces difficultés annoncées comme passagères, une explication est fournie outre-Rhin : il s’agirait d’un simple trou d’air qui ne devrait pas durer, en raison de l’environnement difficile qui affaiblit l’économie allemande (plus explicitement, s’il est permis de mettre les points sur les « i », de la baisse de régime de son moteur de croissance l’exportation, dans un contexte de récession). La demande des pays émergents ne parvient pas à compenser les mauvais résultats en Europe, son principal marché. Comme si la médaille du modèle allemand avait un revers… Rien ne vaut un bon vieux solide marché intérieur quand le temps vire au mauvais ; le modèle de développement allemand ne souffre-t-il pas de s’être pleinement inscrit dans le cadre d’une mondialisation essoufflée et dont la dynamique est un souvenir ?
Craignant de « nouvelles déceptions », la Banque Mondiale vient d’abaisser sa prévision de croissance mondiale à 2,4%, contre 3% précédemment estimé. Dans son rapport sur les perspectives économiques, elle réussit l’exploit de ne pas les faire dépendre du désendettement chaotique dans lequel se contorsionnent les dirigeants des pays avancés, mais elle n’oublie pas de mentionner que « pour croître rapidement, les pays en développement devront maintenir l’élan de réformes qui a sous-tendu l’accélération de leur croissance au cours des années 1990 et 2000 », la condition pour que la croissance des émergents se poursuive, ajoute-t-elle. Nous serons alors sortis du mauvais rêve actuel que nous vivons, si l’on comprend bien.
Une réponse à “L’actualité de demain : DANS NOS RÊVES LES PLUS FOUS… par François Leclerc”
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