Billet invité.
Les nouvelles normes de liquidité adoptées par le Comité de Bâle seraient « plus réalistes » selon Mervyn King, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, qui a participé à leur élaboration. Cela dépend du point de vue que l’on adopte !
Trois leviers sont actionnés : le calendrier de leur mise en application est repoussé, l’ampleur des difficultés auxquelles les banques pourraient être appelées à faire face est diminuée (un retrait des fonds, par exemple), et la liste des actifs éligibles est élargie. Cette dernière mesure a comme intention de relancer le marché de la titrisation des actifs immobiliers, afin de soulager le bilan des banques, et les inciter à intervenir sur ce marché spéculatif, au détriment de leur activité de crédit. Une allocation de leurs ressources qui ne va pas précisément dans le sens du renforcement de leur solidité et de la relance du crédit, notamment auprès des PME européennes qui sont très dépendantes d’elles.
Cet assouplissement vise également à décontracter un autre marché : celui du collatéral. La création de chambres de compensation pour les produits dérivés standards va renforcer la demande de collatéral de qualité, raison pour laquelle il est judicieux de ne pas l’utiliser dans le coussin de liquidité, où il est immobilisé. Le Comité de Bâle prend en compte ces tensions, pour lesquelles des montages financiers sont aussi à l’étude, en raison de ses conséquences négatives potentielles sur le marché des produits dérivés.
Relancer le marché des produits financiers par qui le malheur est arrivé continue de prendre le pas sur l’instauration d’une régulation financière a minima. En fait de réalisme, les nouvelles normes de liquidité sont une incitation à la spéculation et à la prise de risque qui l’accompagne. C’est une tendance forte sur les marchés financiers, où l’on voit celui des junk bonds (auquel on préfère attribuer son appellation officielle de « High Yield ») à nouveau regardé avec les yeux de Chimène par des hedge funds qui subissent en règle générale une forte baisse de leurs résultats et craignent qu’à force les investisseurs ne les boudent. Ni le marché obligataire – sauf à s’aventurer à jouer les fonds vautour – ni les fonds monétaires américains n’offrent plus les rendements d’avant et la bourse a laissé de mauvais souvenirs, investie depuis par les opérateurs de trading à haute fréquence. Aux États-Unis, les achats de titres immobiliers hypothécaires de septembre dernier de la Fed ont également stimulé la demande pour ceux-ci et incité les investisseurs à la prise de risque.
Le déjeuner est servi.
Une réponse à “L’actualité de demain : COMMENT REVIENT PEU A PEU L’APPÉTIT POUR LE RISQUE, par François Leclerc”
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