Gérard Depardieu a émigré il y a quelques semaines de la France vers la Belgique et a obtenu aujourd’hui-même la nationalité russe. Brigitte Bardot réclamera elle aussi la nationalité russe s’il devait être mis fin aux jours de deux éléphantes tuberculeuses. Ces faits auraient été interprétés il y a soixante ans comme l’héritage logique d’un monde martyrisé par d’inconcevables chauvinismes nationaux, où les esprits libres et excédés par l’attribution arbitraire d’« identités » dues aux hasards de la naissance : citoyen d’ici en raison de la géographie, citoyen de là en raison du sang, citoyen d’ici encore, en raison de la langue, finissent par lassitude par se déclarer « citoyens du monde », ennemis de frontières nationales sans aucune nécessité objective.
Mais s’agit-il de cela ? La déclaration à la fois touchante et vaseuse de Depardieu pour justifier ses décisions contradictoires ne permet pas de le penser, et fait même en douter. Sait-il vraiment ce qui se passe en Tchétchénie ? S’est-il véritablement interrogé pourquoi son père, « communiste historique », comme il le dit, voyait dans les villages Potemkine du « réalisme soviétique » des lendemains qui chantent ?
De quoi s’agit-il alors ? Plus probablement du fait que nos dirigeants, naviguant à vue depuis le début de la crise, et justifiant leurs décisions erratiques par des arguments tirés d’un chapeau, les citoyens ordinaires – y compris les plus connus d’entre eux – ne peuvent s’empêcher d’en faire autant.
Une réponse à “GÉRARD, BRIGITTE, ET LES AUTRES”
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