Dans la partie magazine de l’édition du week-end, un long entretien (pages 90 à 93) avec Serge Quoidbach : « Il faut un défaut général de la zone euro » et, une fois encore, de très sympathiques photos de Saskia Vanderstichele.
Comme dans le journal : page 90, page 91, page 92 et page 93.
Pour le penseur Paul Jorion, il n’y a plus d’autres solutions: il faut que la zone euro dans son ensemble décide de ne pas honorer une partie de sa dette.
Ca y est! Paul Jorion est redevenu un petit peu belge. Tous les jeudis, l’anthropologue-économiste-penseur tient une chaire à la Vrije Universiteit Brussel (VUB). Ce qui l’éloigne de sa Bretagne de prédilection. Après être né et avoir étudié à Bruxelles, le revoici donc fréquentant la capitale. C’est donc tout naturellement au café Belga que nous avons rendez-vous.
Sur le fond, rien n’a pourtant changé. Pour l’habitué de son blog, ou le lecteur de ses chroniques dans le journal « Le Monde », celui qui avait prévu la débâcle des crédits subprimes (voir son livre « La crise du capitalisme américain ») reste toujours le pourfendeur des économistes bien pensants et de leur pensée unique.
Petit florilège: L’hebdomadaire britannique « The Economist »? « Un truc ultralibéral qui vend bien sa marchandise ». Les États européens et leurs banques? « Deux paralytiques qui essaient de se faire la courte échelle ». Les paradis fiscaux? « On ne peut pas mettre tout le monde dans les îles Caïmans! » Et ce n’est qu’une simple introduction…
Quels sont vos vœux pour 2013?
Un peu de courage de nos dirigeants politiques. Qu’ils ne soient pas obnubilés par leurs échéances électorales et qu’ils commencent à se préoccuper de la gravité de la situation, c’est mon vœu pour 2013. Monsieur Barroso (président de la Commission européenne, ndlr) avait dit en 2009: il faut que nous prenions des mesures à la hauteur de la gravité de la situation. Personne n’a encore pris ce genre de décision. Pour l’instant, on est plutôt dans l’attentisme: on a transformé la Banque centrale européenne en une « bad bank », une structure de défaisance, et on se dit que ça tiendra bien le temps qu’il faudra.
Toutes les mesures qui ont été prises vont dans le même sens. Il y en a même, comme François Hollande, qui vont jusqu’à dire: on est dans un cycle économique, on finira par en sortir. C’est pratiquement criminel. Ce n’est pas un cycle, c’est une spirale descendante.
Que faudrait-il faire alors?
Il faut un défaut généralisé des 17 pays de la zone euro. Cela ne sert à rien d’attendre que les pays tombent les uns après les autres. La Grèce, le Portugal et l’Irlande sont déjà tombés. Demain, ce sera l’Espagne, après-demain l’Italie. C’est comme une immense cordée. Sur 17 pays, il y en a déjà cinq qui sont dans le vide, et on attend que ça s’arrange. Mais on ne peut pas attendre: croire que les douze qui restent peuvent encore tirer vers eux les cinq qui sont déjà tombés, c’est ce qu’on est en train de faire. La France vient encore de perdre sa notation, chez Moody’s cette fois. Ca va remonter? Non, Moody’s dit: « perspective négative ». La prochaine fois, ce sera encore un cran, deux crans et ainsi de suite. Et on attend. On attend la prochaine élection.
Un défaut généralisé ne provoquerait-il pas des effets boule de neige incontrôlable?
Six mois après le défaut de l’Argentine, les investisseurs prêtaient à nouveau à ce pays parce qu’il avait assaini sa situation. L’économie est repartie, c’est cela qu’il faut faire.
Cela ne suffira évidemment pas. Il faut aussi déplacer l’accent des rémunérations du capital vers le travail. J’ai entendu Luc Coene, gouverneur de la banque centrale belge, à la conférence que j’ai présidée le mois passé. Il disait: le problème, c’est que les salaires élevés sont trop élevés. Ce n’est pas moi qui le dis. On ne peut pas continuer à baisser les salaires des gens qui doivent contribuer au pouvoir d’achat dans une société et continuer à augmenter les dividendes alors que les profits des entreprises diminuent, continuer à donner des salaires extravagants aux dirigeants des entreprises.
C’est comme une immense cordée. Sur 17 pays, il y en a déjà 5 qui sont dans le vide, et on attend que ça s’arrange.
Qu’est-ce qui justifie qu’au début du 20e siècle, le rapport du salaire le plus élevé du patron à celui de l’employé le moins payé était de 40 et qu’aujourd’hui il est de 450 en moyenne. Il n’y a aucune justification. Il y a eu augmentation de la productivité grâce à l’informatique. Et au lieu de distribuer le bénéfice qu’on en a tiré à l’ensemble de la population, on en a fait des dividendes et une multiplication des salaires les plus élevés. On a créé délibérément un déséquilibre supplémentaire. Entre 1929 et 1933, les riches ont perdu beaucoup d’argent. Vous entendez beaucoup de gens aujourd’hui qui ont perdu beaucoup d’argent? Personne! À part ceux qui avaient prêté leur argent à Madoff.
Entre 2008 et 2012, 90% de la richesse qui a été créée est allée au 1% les plus riches. Ce sont des chiffres officiels. Comment voulez-vous réintégrer cet argent, coincé au sommet, dans la production industrielle? La machine est bloquée.
Croyez-vous qu’un défaut de la zone euro puisse être envisagé par le monde politique?
C’est bien sûr un remède de cheval. Ca ne veut pas dire qu’il ne faut pas l’utiliser. On a toujours tendance à dire que le défaut, c’est bon pour les Russes, les Argentins, les Indonésiens. Le dernier bouquin de Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff (deux économistes américains, ndlr) le montre: il y a eu des défauts en Europe, tout au long du dix-neuvième et du vingtième siècle. Au lieu d’attendre que les alpinistes de la cordée tombent un par un, remettons les compteurs à zéro dès maintenant, et faisons-le pour l’ensemble de la zone euro.
Un pays comme l’Allemagne ne l’accepterait jamais…
Tous les gens avec qui j’en parle me disent que ce n’est pas une mauvaise idée. Il faudrait peut-être que j’aille à Francfort. (rires) J’aimerais bien avoir une conférence avec Jens Weidmann (gouverneur de la banque centrale allemande, la Bundesbank, ndlr). Que l’on parle de ces choses-là. Peut-être à huis clos, pour que cela ne soit pas directement dans la presse. Je serais étonné qu’il ne m’écoute pas ou qu’il hausse les épaules.
N’y aurait-il pas une fuite des investisseurs, une dévaluation massive de l’euro, une hyperinflation, bref un scénario qui n’est pas trop dans l’esprit allemand?
Je ne suis pas sûr qu’il y aurait une dévaluation massive. L’Allemagne, la France, la Hollande, la Finlande ne seraient-elles pas assez fortes pour qu’on évite une dévaluation massive? Mais plutôt que baisser les salaires, est-ce que ce serait une mauvaise chose de voir l’euro baisser, si c’était le cas? Ce qu’il faudrait faire en tout cas, conjointement, c’est de faire l’unification fiscale dont on parle depuis cinquante ans, mais qu’on n’a jamais faite et dont on paie maintenant les conséquences. Car ça rend les problèmes beaucoup plus compliqués. Lorsque François Hollande parle de taxer les riches, Bernard Arnault (première fortune de France, ndlr) répond: si c’est comme ça, je vais habiter à Uccle. C’est ridicule de voir qu’une heure vingt de TGV plus loin, les problèmes sont résolus.
On a déjà eu un défaut de dette européenne, puisqu’on a déjà restructuré la dette grecque…
Il faut faire l’équivalent de l’opération Gutt en Belgique. Cela a été une réussite parfaite!
Cela doit se faire d’une seule fois, avec tout le monde. Il faut réaliser l’équivalent de l’opération Gutt en Belgique (en 1944, sous la houlette du ministre des Finances, Camille Gutt, la Belgique a opéré le remplacement du papier-monnaie, en bloquant les avoirs en banque et aux comptes chèques postaux, pour réduire la masse monétaire et financer la dette publique, ndlr). Au sortir de la guerre, Gutt a eu le courage dont je parlais tout à l’heure, et il a eu beaucoup de mérite parce que sa famille a été décimée durant la guerre. Il a décidé de son opération pour sauver le franc belge et la Belgique. Quand Monsieur Barroso déclare qu’il faut prendre des mesures à la hauteur de la gravité de la situation, il faut le faire à la manière de l’opération Gutt en Belgique. Cela a été une réussite parfaite! Ca a été radical.
Pour faire défaut sur la dette européenne, encore faut-il qu’il y en ait une…
On fait ça le même week-end. Le lundi matin, il y a une dette mutualisée pour l’ensemble de la zone, et on fait défaut sur cette dette. Comme il y a des pays encore riches en zone euro, je ne suis pas sûr que les marchés déclencheront une dévaluation massive. Il faut faire les comptes. Ce serait pas mal de se pencher sur les coûts d’une telle démarche.
Lehman Brothers a créé un chaos international. Une restructuration globale de la dette européenne ne va-t-elle pas mettre toutes les banques européennes à terre?
Mais les banques sont déjà à terre. Elles sont soutenues à bout de bras par le LTRO à 1% (prêts de 1.000 milliards d’euros de la BCE pour 3 ans aux banques, ndlr), avec, en échange, des fictions comme la dette grecque, irlandaise,… Bien sûr, on impose des décotes aux déposants. Mais tout le monde sait que le calcul a été mal fait. La question se pose aujourd’hui. La BCE a-t-elle accepté de la dette espagnole avec la décote qu’il fallait? Bien sûr que non, ce sont tous des cadeaux. Les banques européennes sont déjà sous l’eau
Regardez la Belgique et Dexia. Est-ce qu’on peut se permettre de mettre 2,9 milliards aujourd’hui, peut-être 4 milliards demain,… Non. Car il faudra couper dans le reste pour le faire, dans les classes de rattrapage, dans la médecine préventive,… Il y a des choix de société qu’on ne peut pas jeter comme cela à la poubelle. Le seul moyen de s’en sortir, le seul moyen qu’on connaît dans l’histoire, c’est de faire un défaut de paiement, de remettre les compteurs à zéro.
Pour ficeler le budget, il y a eu le mois passé une discussion en Belgique sur l’indexation des salaires. Qu’en pensez-vous?
Il ne faut jamais que la Belgique abandonne son indexation des salaires. Le problème, c’est justement que les salaires sont trop bas.
Il ne faut jamais abandonner l’indexation des salaires. Le problème c’est que les salaires sont trop bas. En les gelant, ça ne va pas améliorer les choses. Quand on s’est rendu compte de la gravité de la situation il y a deux ans, on a commencé à parler d’austérité. C’était la pire des options. C’est une solution qui n’a jamais marché. On dit qu’on va augmenter la compétitivité en diminuant les salaires, donc les gens vont nous acheter davantage de produits parce que nos coûts ont diminué. C’est ridicule: le commerce international est bloqué. Il suffit de regarder le Baltic Dry Index (indice financier qui mesure les prix du transport maritime de matières sèches, ndlr). Les bateaux ne circulent plus. L’idée qu’on va vendre davantage aux autres, c’est un rêve du 19e siècle. Si on veut faire repartir l’industrie, il faut revenir à son propre marché, là où les gens du pays lui-même achètent leurs biens. Je sais qu’il y a eu désindustrialisation, la plupart des produits ne sont plus construits ni en Belgique, ni en Europe. Mais il faut revenir à cela.
On invoque souvent le coût du travail…
Il n’y a pas de coût du travail. C’est une invention de la comptabilité. J’utiliserais les termes qu’on employait au 19e siècle. Le travail, c’est l’avance pour réaliser, pour produire. En comptabilité, on s’est habitué à mettre ça dans la colonne des coûts, comme quelque chose qui pourrait être accessoire. Sans le travail, rien ne peut être fait.
On va supprimer Ford à Genk, et on va recréer une usine ailleurs. Va-t-on pour autant recréer 3.500 emplois? Non. S’il y en a 1.000, ce sera beaucoup. Parce qu’on remplace les gens par des machines, les cerveaux par des logiciels. Ce qui est en train de se passer, ce n’est pas que le travail est trop cher, c’est qu’il est en train de disparaître. On confond deux choses qui n’ont aucun rapport. Les décisions que les êtres humains prenaient sont prises par des ordinateurs. On voit le résultat sur les places boursières.
La question qu’il faut se poser, c’est: puisque le travail disparaît, comment peut-on générer des revenus? On produit des marchandises, mais il n’y a plus personne pour les acheter.
Dans votre dernier livre, vous proposez dix réformes: sur la spéculation, les paradis fiscaux, les stock options,… Laquelle est pour vous la plus importante?
Misère de la pensée économique Paul Jorion 355 pages, 29 euros, Editions Fayard
Elles se tiennent toutes. Si on les fait séparément, on crée d’autres problèmes. Par exemple, je propose qu’on revienne aux lois du 19e siècle qui interdisaient la spéculation, celle au sens bien précis de parier sur l’évolution des prix, au sens de la loi de 1867 en Belgique, et celle de 1885 en France. Si on fait cela du jour au lendemain, il y a des sommes faramineuses qui, ne sachant plus où aller, vont se retrouver dans l’immobilier, dans les terres agricoles, les matières premières…
On aura une inflation intenable. Si on laisse les paradis fiscaux ouverts, l’argent ira se placer là-bas. Donc il faut envisager mes mesures ensemble, peut-être pas toutes, mais on ne peut pas les prendre une par une.
La mesure la plus importante est la redistribution des revenus. Comme je l’ai dit, la structure déséquilibrée qui existe aujourd’hui alimente cette machine à concentrer la richesse. On ne peut pas continuer comme ça. On a pris l’habitude, comme c’est le cas en Belgique, d’imposer moins les revenus du capital que les revenus du travail. C’est complètement fou! C’est exactement le contraire qu’on doit faire. Le travail, avec le chômage qu’on connaît aujourd’hui, il faut l’encourager. Il faut donc défiscaliser autant que possible le travail, et décourager les revenus du capital. J’anime souvent des clubs de banquiers, je n’ai jamais vu personne qui réfutait l’argument de la concentration de la richesse et des problèmes qu’elle génère. C’est une bombe à retardement, à désamorcer au plus vite.
Quel est votre pronostic sur les événements qui peuvent encore nous arriver?
Il y aura encore, comme en 2008, une grande catastrophe à laquelle on n’a pas pensé. Le système s’est à ce point fragilisé qu’on ne sait plus à quel endroit ça va s’écrouler. En septembre 2008, après la faillite de Lehman Brothers, on savait qu’il y avait un problème avec les « crédit default swaps » (produits financiers assurant les risques crédit, ndlr) d’AIG, mais personne n’a pensé aux marchés monétaires, ceux qui se basent sur les dettes émises à moins d’un an. Et ça, on le sait puisqu’on a l’intégralité des discussions entre les autorités américaines sur les conséquences d’une faillite de Lehman. Or, c’est celui-là qui s’est écroulé.
Aujourd’hui, on a les problèmes prévisibles: l’Espagne va devoir d’un jour à l’autre faire appel à la Banque centrale européenne. Mais il y a aussi les catastrophes imprévisibles. Vu la fragilité du système économique, comme la digue d’un barrage qui s’est fragilisé au fil des années, on ne sait exactement où ça va péter. Quand on voit ces prêts à trois ans de la Banque centrale européenne, cela ne fait que laisser aux banques un peu de temps pour respirer. Il faudra un jour les rembourser. Or à quoi sert cet argent? À financer l’économie? Non, c’est pour remplir les conditions de provisions pour entrer dans les normes de Bâle (réglementations qui visent à augmenter le capital des banques, ndlr). On n’est pas du côté des solutions définitives. Ce sont des solutions de court terme, pour gagner du temps. Il nous faudrait une vision plus globale. Un défaut généralisé de la zone euro, comme je le propose, c’est un sauvetage de l’euro, le seul qui soit encore faisable.
73 réponses à “L’ÉCHO Magazine, « Il faut un défaut général de la zone euro », samedi 22 décembre 2012”
« Il faut un défaut général de la zone euro »
Enfin !!
Tout l’argumentaire pour l’annulation, en 4 pages
http://www.npa2009.org/sites/default/files/4PDette.pdf
La guerre des banques n’aura pas lieu
-vidéo 6′ (après la pub de merde !)
François Delapierre
Banque publique d’investissement et loi bancaire
Malgré les promesses de campagne de François Hollande qui affirmait que la finance était son « véritable adversaire », on voit bien que le compte n’y est pas.
http://www.dailymotion.com/video/xw4d0n_la-guerre-des-banques-n-aura-pas-lieu_news
Vous l’arrétez ou le défaut ????????? à l’état ..aux banques…..aux entreprises…aux particuliers………à l’europe………la frontière est ou ????????
@toutouadi
mes remarques commencent par @toutouadi
toutouadi dit :
18 septembre 2012 à 16:10
N’étant pas économiste mes prises de positions sont à relativiser mais il me semble que le système bancaire a potentiellement beaucoup d’atouts.
Plaidoyer pour le crédit bancaire et le système de réserve fractionnaire :
Amplifié par le système de réserve fractionnaire, le système de crédit bancaire par le biais des intérêts extirpe l’argent de l’économie réelle pour alimenter le système financier et le patrimoine des plus nantis.
Non inflationniste dans une économie en croissance, la création de richesse compensant l’accroissement de la masse monétaire, le crédit bancaire devient potentiellement inflationniste en cas de croissance insuffisante.
Notre perception d’une monnaie peu inflationniste depuis plusieurs décennies, bien que la croissance soit en berne, pourrait être due à la conjoncture de deux phénomènes qui telles les deux mâchoires d’un étau enserreraient et broieraient les peuples au seul bénéfice de la propriété privée.
1) Extirpation de la monnaie du circuit de l’économie réelle dans le circuit stérilisant de la finance, par le biais des intérêts du crédit bancaire.
2) Mécanismes déflationnistes initiés par la compétition productiviste et son cortège de privatisations, de dumping social et salarial, par le biais de l’épargne actionnariale et des rapports de forces induits.
Cependant à la décharge de ce système il lui faut reconnaître quelques sérieux atouts tels que sa capacité réelle à répondre aux besoins en investissements ou son aptitude dynamique à adapter la masse monétaire à l’économie.
Mais surtout, ce que peu de gens ont vu, c’est l’efficience de la mutualisation des dépôts permettant ainsi de bâtir et de garantir un crédit au bénéfice d’une tierce partie !!!
Les déposants à l’origine de ce fabuleux processus de mutualisation sont pourtant exclus de la manne des intérêts !!!
Cette capacité mutualiste des dépôts tendrait à démontrer que l’on peut dissocier l’investissement de l’épargne privée et tel que le préconise Frédéric Lordon, la fermeture des bourses devient tout à fait possible dans le cadre d’un système bancaire public et ceci sans handicaper, d’aucune manière, la capacité d’investissement du système.
@toutouadi Comment assurez-vous la stabilité du passif des entreprises si le financement de ses actifs long Terme n’est pas en « grande » partie assuré par des capitaux LT ?
En reprenant l’initiative du financement de l’économie, le système public pourrait alors se confronter aux bulles patrimoniales qui devront alors faire face à des systèmes fiscaux totalement désinhibés.
Bien sûr l’épargne privée, devenant obsolète, devra être compensée afin de répondre aux désirs légitimes des gens à se préserver face aux aléas de la vie, et les couvertures sociales tel que la santé, l’éducation, le chômage, les retraites et les minimums de revenus décents, deviendront impératifs.
Dégagé des contraintes de la rente du financement privé, le coût pour la collectivité d’une telle redistribution, contrairement à ce que prétendent les défenseurs du libéralisme, est soit nul dans le pire des cas, soit plus sûrement à solde positif.
Le secteur entrepreneurial privé peut voir ce brassage de richesse sociale comme de nouvelles opportunités et un investissement par la demande. Le coût d’un système social public bénéficie d’un rendement bien supérieur à celui d’un système privé tout en répondant bien mieux à la réalité des besoins.
Je suis profondément persuadé que l’argent a cette étrange particularité de toujours vouloir remonter et s’agglomérer, telles les bulles d’air dans l’eau, et qu’une bonne mécanique économique doit reposer sur des processus de capture de la richesse au niveau le plus haut afin de la réinjecter au niveau le plus bas. Plus l’irrigation de la base sera efficiente plus l’ensemble du tissu économique sera dynamisé.
@toutouadi L’image est sympathique. La progressivité de l’impôt sur le revenu (jusqu’à 90%, taux qui existait aux US et en France dans les années ???), ainsi qu’un ISF incluant les œuvres d’art et plus progressif vous conviennent-ils ? En mathématiques, on parlerait d’une suite convergente, les points de convergence étant le salaire maximum souhaitable et le patrimoine maximum souhaitable. Vous mettriez la barre à combien ?
« l’investissement social est un investissement économique formidable !!! Et c’est vrai, je n’ai aucune hésitation à le dire, les trente glorieuses n’auraient pas été possibles si nous n’avions pas fait cette législation sociale. Historiquement, la chose est démontrée… » Maurice Kriegel-Valrimont, ancien membre du Conseil National de la Résistance.
Options de redistributions des intérêts du crédit bancaire :
1) Contribution au budget de l’état.
2) Subside à la banque centrale dans le cadre de politique monétaire générale.
3) Rétribution des comptes au prorata des dépôts.
4) Rétribution des comptes identiques pour tous.
@toutouadi A titre personnel je serais plutôt un ardent défenseur de la 4eme proposition,
en effet cette solution serait un efficace soutien à la demande et pourrait devenir l’embryon d’un revenu universel d’existence et dans tous les cas un levier de lissage des patrimoines mais surtout un puissant vecteur de développement transnational dans le cadre d’une zone monétaire. De plus la diversité des mécanismes de redistribution serait une garantie face aux états dont les structures tant fiscales, qu’administratives peuvent être momentanément déficientes.
@toutouadi Effectivement, je trouve votre approche est intéressante. Si ce sont les Etats qui financent l’Economie, comme nous sommes tous égaux en droit, nous aurions droit à la même part. Cette part pourrait être de l’ordre de grandeur du RMI : vous pourriez survivre sans rien faire, je dis bien survivre. Pas de quoi crier à la fainéantise bien que certains n’hésitent pas. Allez comprendre pourquoi.
Cependant, il ne faut pas voir dans ce système un mécanisme auto-régulé de redistribution, une économie moderne devra intégrer la nécessité d’une croissance à taux variable et négative à terme, de ce fait la redistribution par le biais de l’investissement sera insuffisante et devra être compensée par de réelles mécanismes tant sociaux que politiques.
@toutouadi Mais qu’est ce que la croissance ? Une bonne partie de la croissance est liée à l’abandon de tâches familiales au profit d’activités faites par des personnes en dehors de la famille : allez au restaurant, faire faire son repassage à l’extérieur, femmes de ménage, s’occuper des personnes âgées, se faire livrer les courses etc… une part de la croissance nous a libéré du temps, plus de corvées d’eau, fini les longues lessives. Ce temps libéré qui est une bonne finalité, certains le refusent, je trouve ça bizarre. A partir du moment où nous disposons de temps libres, nous sommes disponibles pour partir en vacances (sous-traitance quasi totale de toutes les tâches ménagères), pour nous divertir etc.., surfer sur Internet, communiquer et réfléchir avec les autres etc… Effectivement, la croissance est limitée car notre journée de consommateur n’a que 24 heures. Elle est aussi limité, c’est devenu tellement évident par les ressources de la Terre. C’est pour cette raison là que la limitation du temps de travail est une bonne chose (dans les économies développées et matures), et que si on persiste à vouloir croitre, qu’on prenne en compte la réparation de la Terre.
Croire en un mécanisme miracle qui s’autorégule par la demande serait faire preuve de la même illusion que les libéraux qui, observant la croissance liée à la reconstruction des 30 glorieuses et le relatif équilibrage des rapports de force sociaux entre les classes rentières, entrepreneuriales et salariales, ont cru en l’autorégulation par l’offre et en la pérennité du capitalisme.
Les 30 glorieuses n’ont été qu’une copie des 30 glorieuses américaines. Cette copie se poursuit et petit à petit tous les pays les vives. Depuis, qu’ont inventé les USA ? Rien d’autre en termes de consommation, mais pire encore en termes d’exploitation des hommes : l’immigration assure une main d’œuvre à bas coût qui fait de plus pression sur les salaires des américains les moins bien lotis. C’est le modèle que nous propose aujourd’hui ceux qui prônent le choc de compétitivité : il suffit d’aligner le salaires des ouvriers sur le chinois… je suis sur que ça marche ! Tout ça manque d’imagination.
La contre révolution industrio-consumériste devra faire appel à d’énormes capitaux publics afin de répondre à ces nouveaux enjeux.
Ces capitaux disponibles grâce à la mutualisation de nos patrimoines devront rebâtir toutes les structures sociales malmenées depuis le début des années 80.
Le remodelage du tissu industriel, face aux énormes contraintes environnementales, sociales et de gestion parcimonieuse des ressources, devra faire appel à l’imaginaire, la créativité et le désir d’enrichissement du secteur entrepreneurial. Il sera pour cela soutenu autant par l’offre avec le crédit public que par la demande avec les intérêts du crédit public et la redistribution sociale.
Le contrôle du niveau de leurs richesses et surtout de la non-retransmission de celles-ci se ferait par une fiscalisation adéquate.
@toutouadi C’est étonnant que vous preniez en compte le désir d’enrichissement du secteur entrepreneurial. Savez-vous que la plupart des entrepreneurs ne sont pas riches ? A moins que vous ne mettiez la barre très basse. J’avoue ne pas avoir regardé les chiffres mais on doit pouvoir les trouver.
Taux d’intérêts sectoriels et marchés :
Le marché pourrait être réorienté grâce à des taux d’intérêts discriminants, allant de taux prohibitifs à des taux négatifs, selon l’urgence et la pertinence des secteurs à remodeler tel que le recyclage et la récupération, les énergies renouvelables, l’agriculture intensive et raisonnée etc..
@toutouadi Si l’entreprise paye les vrais coûts, pourquoi instaurer des taux prohibitifs ? Vos idées me font penser à celles des intellectuels qui ont accouché du régime soviétique (son mauvais côté). Je réfléchirais plutôt à un tôt d’intérêt modulé en fonction de l’origine de la valeur ajouté du produit vendu. Un centre d’appel délocalisé en Tunisie justifie un taux d’intérêt élevé (à discuter). Le même Centre d’appel délocalisé au Portugal, les taux d’intérêt devraient être plus faible si on décide de fédérer l’Europe. Que pensez-vous de cette approche ?
Bien sûr une chambre législative dévolue aux règles économiques en collaboration avec diverses associations devront élaborer des cahiers des charges très précis afin de contrôler les processus de production tel que des obligations qualitatives intégrant des normes de longévité, de standardisation et d’interchangeabilité des pièces détachées, des obligations de maintenance et de recyclage, de pertinence dans l’innovation, d’impact CO2, d’impact social, d’impact sur les ressources non renouvelables, d’impact sur la biodiversité, d’impact sur les générations futures etc…
Bien sûr toutes ces contraintes auront une conséquence directe sur le niveau des prix, mais cette politique de production qualitative est à mettre en parallèle avec les politiques de soutien à la demande.
@toutouadi Il vaudrait mieux hiérarchiser toutes ces idées. On reproche souvent aux Patrons de décider de la vis de 4. Je crains que votre bonne volonté bride celles des autres !
Il y a un article ici , je ne sais pas s’il est complet.
Et il est temps de retirer son fric de la banque en même temps, donc ?
Heu…ça urge, même!
Trop tard. Le défaut général aura lieu pendant le réveillon.
Ce que vous proposez, c’est un peu comme un jubilé ?
Rolling Jubilee:
Tout est bon, exceptionnel même.
Jens Weidmann, laissez-vous convaincre , pour le bien de l’Europe !
Le jour où toutes les richesses se seront concentrées dans les paradis fiscaux, que ce passera-t’il?
beh un de ces Paradis prêtera énormément d’argent à un pays pour qu’il aille piller un autre Paradis.
ni vu ni connu!
Excellent !!!
Sauver l’euro. Pourquoi faire ?
L’Europe ?
Quelle Europe ?
Depuis que j’ai entendu dans un débat un membre de l’opposition reprocher au gouvernement d’acheter « à l’étranger » ce qu’il aurait du acheter en France plutôt qu’en Allemagne sans que personne n’ose le reprendre j’ai comme un doute sur la réalité son existence.
@ GL
C’est bien, je crois, ce que dit PJ.
Sans solidarité, pas d’Europe.
@Renard
La solidarité (impôts, trouver du travail ailleurs, conscription, etc) telle qu’on l’a connue en France ou aux Etats-Unis depuis un ou deux siècles, et, avec plus ou moins d’enthousiasme, dans les autres pays européens, ne semble pas exister pour l’Europe actuelle.
Quand la menace militaire de l’URSS jouait un rôle central cette question est restée du domaine de la politique étrangère (l’échec de la CED montre au moins que la question s’est posée.) Pour le reste il est entendu que le marché commun, l’euro, etc, doivent procurer des avantages sans nécessiter de sacrifice (c’est très explicite dans le cas de la Grande-Bretagne mais j’ai comme l’impression que c’est une règle implicite partout ailleurs!)
Bien qu’imparfaite pour ce qui est des résultats, la solidarité entre les différentes régions françaises a permis de rendre plus supportables des disparités économiques considérables. Personne ne semble se soucier de comparer le PIB de la Bretagne à celui de Rhône-Alpes (de même que nous feignons d’ignorer comment les choses se passent avec les départements dits d’Outre-Mer…)
La faiblesse et le manque de démocratie des institutions politiques Européennes sont le résultat inévitable de ce manque de solidarité et non pas sa cause comme on le suggère souvent (c’est bizarre d’avoir à le préciser.)
L’absence depuis 1945 de guerre entre les principaux états qui composent l’Europe montre qu’il y a eu de très profonds changements depuis la première moitié du XXe siècle mais ne suffit pas à démontrer que l’équivalent des Etats-Unis (ou du Canada, du Brésil ou de la Chine) est l’organisation qui devrait découler de cette absence de conflit.
🙂 Les Anglais seraient-ils finalement moins bêtes que les autres européens?
A propos de la solidarité j’ai oublié un point important: pour améliorer « la compétitivité » en Europe (en particulier en Europe du sud) on n’envisage qu’une réduction du « train de vie de l’Etat » (lequel n’est rien d’autre que le niveau de solidarité) mais sans oser nous préciser à quel niveau il conviendrait de limiter cette solidarité (sur quels pays il conviendrait de s’aligner.)
MareLow,
Je crois reconnaitre là le vieux nihiliste, revenu de tout, dégouté de tout, en particulier de la Démocratie – le démocratie réelle, si imparfaite qu’il vaut mieux la bazarder plutôt que lui accorder efforts et bienveillance- et surtout de nos amis les bêtes. L’ Europe,l’ Euro, la démocratie, c’est naturellement tout un.
Pauvres bêtes.
J’ose espérer que Phyton vous agrée.
( Noé a construit une nave pour sauver le règne animal. Puis , il s’est rendu compte que la verdure ne pouvait être oubliée. Il s’est donc remis au travail pour rassembler le règne végétal. Il a nommé Phyton la barge résultant de ses efforts.)
« L’ Europe,l’ Euro, la démocratie, c’est naturellement tout un. »
C’est beau la nature.
Voyez-vous, Daniel, deux commentateurs ont avancé des idées en réponse à ma question et un troisième a embrayé sur une réflexion.
Les trois concernent l’idée d’une communauté européenne.
Mais vous, plus malin que tout le monde, voulant détruire, pour des raisons idéologiques que vous tentez, sans succès, de dissimuler*, toutes mes questions et mes réflexions, vous faites la bête et vous m’accusez d’être anti-démocrate alors que je critique, non l’idée – ou l’idéal – de la démocratie mais sa pauvre représentation dans les urnes et l’isoloir, « cet endroit où l’on est à l’écart des autres hommes » comme le dit si justement le dictionnaire le Grand Robert.
* Une fesse sur un genou du PS et l’autre sur un genou de Staline.
Pour en faire une monnaie commune!
Sauver l’euro. Pour quoi faire ?
Effectivement…
Où est la preuve que l’Euro vaut mieux, aujourd’hui, que des monnaies nationales?
Et mieux pour qui, bien sûr.
Je partage l’avis qu’il n’y a aujourd’hui pas d’intérêt « commun » dans l’espace social.
Pour rappel, l’opinion d’Emmanuel Todd est que l’Euro, dès sa création, est une machine à accroître les divergences de résultat économique entre les nations (c’est lui parle de nations), et même au sein de chaque nation.
L’Euro est plus qu’une somme de défauts
L’Europe n’est pas qu’une somme de défauts
Dans l’immeuble , un locataire qui ne paye pas son loyer n’a pas la mème signification que si tous les locataires ne payent plus leur loyer, l’effet de levier sera différent c’est évident .
Ensuite la coopérative des locataires fauchés réparera l’ascenseur?
C’est la trêve hivernale!
Mais…qui est le proprio alors?
Il s’agit de savoir si l’immeuble « zone euro » est encore habitable, quitte à monter les escaliers à pied.au titre des éfforts à consentir. L’urgence n’est pas de réparer l’ascenseur, mais d’éviter un arrété de péril des locaux.
Sauvez l’Euro! (je me souviens de la vidéo de Bernard Marris sur le capitalisme et la pulsion de mort, mais la monnaie est-elle la représentation d’une mort humaine?, car l’homme a besoin d’usage, de symbole, ou alors cette mort monétaire symbolise une prise de conscience de sa mortalité et sa condition d’homme ?, ce qui est un bon moyen de tuer l’hubris).
C’est mon problème ( 🙂 ), dés que y a truc simple, je vais vers l’emmerdant (c’est la rose…) et même si rationnellement (une monnaie représente une richesse, dans un espace, plus cette espace est vaste et si la richesse est mal répartie, plus cela ce complique, car les redistributions font offices d’aides et les pauvres n’aiment pas être aider, ils veulent « être » et les régions riches veulent s’extraire des assistés) l’Euro est injouable, bah….. j’ai envie, pour ce soir, de le sauver (je ferais jamais un winner 🙂 ).
(je suis né avec la crise, mais c’est bien après le nationalisme, ce n’est pas pour moi, un concept, c’est plutôt un potentiel historique).
Sauver l’Euro… (on passe l’écu et une triple parité: haute, moyenne, basse en fonction des pays), mais y à rien pour aider, pas un billet n’a une figure Européenne pour l’incarné, même pas un bâtiment, rien.
Sauver l’Euro, si et seulement si c’est une monnaie et non un projet politique.
Y à des jours, je ne me comprend pas, j’ai pas de raison à sauver l’Euro, mais j’ai pas envie qu’on m’enlève par son absence, le droit de le critiquer (je dois être un Français 🙂 ).
Oui, c’est de toute manière, c’est ce qui finira par se produire et mieux vaut tôt que tard.
La dynamique qu’un tel défaut pourrait produire est une ultime chance de sauver, non pas le capitalisme, mais la réalité de l’Europe et de donner en exemple au monde les rêves qu’il est encore possible de réaliser.
Marlowe, patriote européen, maintenant ?
Celui qui n’a nul doute, cherche une chimère (à son histoire)…. et s’amuse du troisième truc (après le potentiel d’égalité ou de liberté).
L’inquisition n’avait pas de doute, mieux vaut laisser les opinions..
Et laisser à vigneron ces réactions (il les paye, car elles ne sont pas gratuites…. en or ou en atlante, il cherche la solde).
J’ai un potentiel guerrier, à votre avis, faut-il le chercher à autrui, ou à soi-même?
à Samuel et à tous
« (…) Je garde en mémoire les lugubres paroles prononcées par un ancien de la colonie Amana * pour expliquer l’abandon de leur admirable communisme chrétien : « Aucun d’entre nous n’a été visité par l’esprit pendant plus d’une génération. » A la longue, ce qui se présentait comme un raccourci a exigé encore plus d’efforts soutenus qu’il n’en fallait pour lentement progresser sur les chemins de la civilisation. »
Lewis Mumford, Les Transformations de l’homme (1956)
Un aperçu de cet ouvrage essentiel est disponible avec beaucoup d’autres informations sur :
http://magmaweb.fr (recherche par le nom de l’auteur dans la rubrique mots-clés)
* Colonie Amana, un article disponible sur Wikipédia.
Marlowe, français et internationaliste, rêve d’un monde où les imbéciles ne seront plus dirigés par les aveugles qu’ils ont élus et pense que toute dynamique est bonne à prendre à condition de pouvoir intervenir et de ne pas laisser ces tâches à des spécialistes experts en tromperie.
peut etre pas si aveugle que ca , mais pas forcement pour la bonne cause
http://www.legrandsoir.info/les-socialistes-et-l-american-connection.html
Paul, j’adore lire vos synthèses.
Mais je m’interroge sur vos préconisations. Sauf s’il s’agit effectivement de les appliquer toutes ou presque toutes ensemble.
Ne faut-il pas dire que celle de « déplacer l’accent des rémunérations du capital vers le travail » est d’une nécessité absolue? C’est un point important dans l’état social d’aujourd’hui, et c’est un point central dans vos analyses – comme projet politique, ça me paraît tenir – aujourd’hui – du voeu pieux, comme titrait un de vos billets.
N’y a-t-il pas un problème de hiérarchisation des mesures à prendre?
Pourquoi n’osez-vous pas ce raccourci: Pour sauver l’euro, il faut réduire les profits, supprimer l’autorisation de spéculation, établir les cotations boursières une fois et une seule fois par jour, et augmenter les salaires ?
(On voit alors tout de suite que « sauver l’euro » en soi et comme projet unique est un but un peu ridicule.)
Il me paraît que chaque préconisation devrait faire frémir la bourse. Tant que la bourse s’en fiche, rien de sérieux n’est mis en question.
*
Avec ça, même si on applique toutes vos recommandations, est-ce qu’on obtient autre chose qu’un capitalisme provisoirement sorti de la crise ?
Guy Leboutte
Je dirais plutôt que si on applique toutes ces recommandations, on change de cadre et donc de monde tant nous irions en sens contraire de tout ce qui a été fait depuis des décennies. Pourra-t-on alors encore qualifier le système de capitaliste, c’est à dire le système qui fait de la logique du capital de pivot de nos sociétés ? En toute logique, non.
Pour le reste de votre commentaire, cela ne me semble pas constituer un vrai problème, le fait que Paul insiste tantôt sur une mesure ou sur le « package » ?
En insistant à chaque fois sur le package la « leçon » risque de mal passer, tant beaucoup de ceux qui le lisent ou l’interrogent sont encore prisonniers du cadre d’analyse néo-libéral. C’est encore trop leur demander que d’avoir une vue globale des choses. Paul n’a plus alors d’autre ressource que de pointer une priorité absolue, en l’occurrence l’augmentation des salaires, car se faisant il se met dans la position de réfuter les thèses sur lesquelles s’appuient principalement nos dirigeants pour justifier les politiques d’austérité, de dérégulation du marché du travail. Il s’agit d’abord dans ce cas de souligner les contradictions flagrantes d’une situation. Pour, petit à petit, faire bouger les lignes, vraiment.
Ce qui n’empêche pas de revenir à l’analyse globale lorsque l’interviewer est plus ouvert, plus réceptif, ce qui était manifestement le cas dans la présente interview.
Paul est un joueur de go, il pose ses pièces une à une. L’idéologie est peu à peu neutralisée, cernée.
Quand l’idéologie sera devenue le ventre mou de l’Europe, la politique suivra. 🙂
@Pierre-Yves D.
« Changer de cadre », vous allez un peu vite!
Le capitalisme est un système de classes sociales et un régime de propriété et de prédation. C’est, plus qu’un schéma économique chiffré ou un certain taux de répartition entre la propriété et le travail, une structure sociale.
Est-ce que Roosevelt a changé le cadre ? Vous avez vu qu’on est sorti du capitalisme avec le New Deal ? On a eu le capitalisme avec un « nouveau partage ». Assez long pour deux générations humaines, mais assez provisoire au rythme de l’histoire. Et avec tout en place pour accoucher d’aujourd’hui.
Bonjour Pierre-Yves,
J’ai un peu de mal à comprendre.
Peux-tu être plus explicite ?
Gracias.
Leboutte, remballe tes pleurnichages. T’es à coté d’la plaque, tu confonds capitalisme et domination. La croissance « pibienne » est consubstantielle au système de domination capitaliste. Un capitalisme sans croissance est un oxymoron, Schumpi disait sans afféterie « un capitalisme sans croissance est une contradiction dans les termes ».
@ Marlowe
Les puissances de l’argent continuent d’accomplir leurs méfaits. Elles poursuivent le programme libéral sans rencontrer de grandes résistances.
Mais lorsque le glacis idéologique aura fondu beaucoup qu’il ne l’a déjà fait, l’initiative changera de camp. La politique, la vraie, celle qui s’occupe des enjeux à la hauteur de la situation et de notre idéal de justice, pourra alors jouer pleinement son rôle dans le sens d’une transformation de la société et non plus d’une destruction de celle-ci.
@ Guy Leboutte,
Dans le cadre futur que je souhaite il y aura nécessairement une part plus grande de démocratie directe, ne serait-ce que dans les entreprises, et cet élargissement du cadre démocratique devra d’abord s’inscrire dans les formes juridiques d’une nouvelle structure, notamment par une nouvelle définition de la propriété.
Si comme vous dites il ne pourrait être procédé qu’à un nouveau partage sans remise en cause du capitalisme en tant que tel, on ne fera que repousser les échéances de la destruction de notre environnement et de notre espèce. Les problèmes demeureront entiers. A la différence des années 30, nous n’avons plus d’espaces nouveaux à coloniser, ne reste plus que la destruction pour sauver un système voué in fine à l’auto destruction.
De plus il me semble qu’une fois atteint le point de bascule où l’idéologie sera nettement sur la défensive, ce sera autant de place dégagée pour une réflexion publique et plus approfondie concernant toutes les questions qui nous intéressent ici. Ce n’est qu’une conjecture bien sûr. Mais ça vaut le coup d’essayer, non ? 😉
à Pierre-Yves,
Merci pour ta réponse mais je ne comprends toujours rien.
Par contre je pige parfaitement ce que tu dis à Guy Leboutte et je suis triste car c’est une réponse mélanchoniste, c’est-à-dire néo-stalinienne, quand tu parles de la démocratie directe.
Ainsi donc, nos chemins se séparent et nous sommes ennemis puisque nous ne pouvons pas être complices.
Et, pour essayer une dernière fois de réveiller ton intelligence et ta sensibilité, je te donne un lien vers un merveilleux discours de Lewis Mumford, prononcé à New York le 21 janvier 1963 : Techniques autoritaires et démocratiques, disponible sur :
http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article638
Extrait : « Comment expliquer que notre époque se soit livrée si facilement aux contrôleurs, aux manipulateurs, aux préparateurs d’une technique autoritaire ? La réponse à cette question est à la fois paradoxale et ironique. La technique actuelle se distingue de celle des systèmes du passé, ouvertement brutaux et absurdes, par un détail particulier qui lui est hautement favorable : elle a accepté le principe démocratique de base en vertu duquel chaque membre de la société est censé profiter de ses bienfaits. C’est en s’acquittant progressivement de cette promesse démocratique que notre système a acquis une emprise totale sur la communauté, qui menace d’annihiler tous les autres vestiges démocratiques. »
@ vigneron
Le capitalisme est la forme actuelle de la domination, évidemment. Cependant, elle est spécifique. Attribuer à la croissance la qualité de critère exclusif de définition du capitalisme, paraît clairement réducteur et donner dans l’illusion économiste – ce n’est pas la citation de Schumpeter qui va me contredire, lui qui n’avait pas grand chose d’autre comme lunettes. Régime de propriété, en particulier la propriété privée accordée à certains des moyens d’existence des nombreux prolétaires, droit du capital de s’augmenter de lui-même par l’intérêt, idéologie de déni des causes réelles de la pauvreté et du mérite postulé à la possession matérielle, reconduction héréditaire des positions sociales, prescription du bonheur par la consommation, etc, etc, etc. Je ne vois pas pourquoi tout ça ne pourrait pas se continuer sans la croissance qui est aussi une idéologie. Il n’est pas difficile d’imaginer une religion de rechange, surtout pour des gens qui s’y attellent à temps plein. Par exemple, la contrainte environnementale pourrait nourrir une idéologie d’un bien faussement commun qui imposerait sous d’autres oripeaux la continuation d’une austérité très réelle pour les pauvres – et la disparition de la croissance serait précisément le gros argument selon lequel les temps auraient changé. ( « Ce qui change pour que rien ne change. » ) Ce serait un fascisme écolo-capitaliste, sans doute déjà en germe aujourd’hui. Les capitalistes et la finance seraient toujours au pouvoir, le peuple toujours salarié.
*
PS: voilà pour la discussion. Mais tu tiens à ajouter à tes arguments (souvent à l’emporte-pièce) des facteurs émotionnels obscurs qui n’ont rien à y voir. Ta qualification de « pleurnichage » est fausse et malveillante. Elle signe le plaisir que tu as ici sur le blog de Paul Jorion et que tu serais bien en peine d’exercer dans la vie ailleurs, à visage découvert et sous ton vrai nom.
Où as-tu lu, Leboutte, que je réduisais le capitalisme à ce « critère exclusif de croissance » ? Moi comme Schumpi d’ailleurs ? C’est comme ça qu’on apprend à lire et raisonner à l’éducation nationale ? Pas de capitalisme, sous quelque forme que ce fût, que ce soit ou que ce puisse être, sans croissance. Mieux que ça ajouterais-je, sans forte croissance. C’est ailleurs que tu affirmais l’absence de lien entre capitalisme et croissance mais tous tes pleurnichages, ici comme ailleurs, sont fondés sur cette assertion exotique ainsi que sur son corollaire obligatoire réduisant un système capitaliste à son seul aspect de domination socio-politique.
Mais cela dit j’te rassure, t’as raison, en terme de système de domination, on peut sûrement faire pire encore que toutes les formes prises par nos sociétés capitalistes depuis deux siècles, y-compris du tout nouveau tout beau.
à Guy Leboutte
Bien vu !
re-vigneron:
Tu dis:
(avec oxymoron dans la nouvelle acception des gens qui n’ont pas de lettres – ce qui n’est pas ton cas, et qui en font le synonyme de « contradiction dans les termes » – Ainsi, silence éloquent ne relève pas de la logique mais du bien dire, et n’est pas une contradiction dans les termes, mais bien un oxymore)
Certains ont déjà dit ça du capitalisme et de « la » démocratie, soi-disant consubstantiels, et la Chine a démontré l’inverse. Une pédagogie qu’on ne peut écarter d’un revers de main, il me semble.
Pour revenir à nos moutons, mon idée est tout simplement que le réel est plus inventif que tu ne crois, et que le capitalisme peut exister sans croissance. Mon imagination n’est pas empêchée de se représenter un capitalisme à peu près en tout point semblable à celui que nous connaissons, sauf la croissance du PIB.
@Guy Leboutte 23 décembre 2012 à 18:12
« le capitalisme peut exister sans croissance » dites-vous !
Jean Gadrey vous donnerait sans doute raison : voir http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2009/10/26/la-baisse-tendancielle-du-taux-de-croissance-14-les-constats/
« Quoi que l’on pense du débat opposant les avocats de la croissance et ceux de la décroissance, le fait est là : depuis soixante ans, on assiste à un déclin spectaculaire des taux de croissance économique et des gains de productivité du travail. »
A moins que cette baisse tendancielle ne soit un des symptômes de l’agonie du capitalisme ?!
@Marlowe
Merci! Je reprendrai de la perdrix ! 😉
tu parles pas « du réel » là Leboutte, pas plus d’idées, non plus d’invention du réel, mais de pur délire onirique, nuance.
André, Gadrey ? Insuffisant. Rapidos, voir aussi Jackson et son « Prospérité sans croissance » et ce qu’en disait, par exemple, Harribey…
Marlowe,
Tu proposes à ton nouvel « ennemi » le peloton d’exécution ou les circonstances atténuantes ? 😉
Tu m’as pourtant lu depuis suffisamment longtemps pour savoir que
que la démocratie directe n’est pas pour moi une soi une solution. Je ne crois pas aux vertus de la génération spontanée en politique. La solution est d’abord institutionnelle. Je l’ai dit et redit, maintes fois.
Un nouveau cadre institutionnel en lieu et place de l’actuelle absence de régulation et de la définition de la propriété propice à la concentration du capital, c’est ce que j’appelle élargir le cadre démocratique. Je ne dis pas autre chose que Jorion qui lui propose d’intégrer l’économie et la finance dans le giron de la démocratie. Ceci dit, je ne vois pas pourquoi dans les entreprises, les travailleurs ne pourraient participer au processus de décision, sous des formes qui restent à préciser. Rien de néo-stalinien là-dedans.
à Pierre-Yves,
Je sais très bien ce que pense Jorion, et aussi que, dans l’ensemble, tu penses comme lui, et aussi que ta situation sociale est bien moins confortable que la sienne ou que la mienne.
La question qui est posée, et que j’ai reposée, est : sauver l’euro, pour quoi faire ?
C’est bien parce que, contrairement à ce que prétendent les néo-staliniens qui sont très présents dans le paysage institutionnel, j’aime beaucoup l’idéal démocratique et aussi les discussions un peu vives.
Maintenant l’autogestion, c’est-à-dire l’autoexploitation pour les travailleurs des entreprises, je te laisse aller leur demander ce qu’ils en pensent.
As-tu lu l’article que je t’ai proposé ? Si oui, qu’en penses-tu ? Si non qu’attends-tu pour le lire ?
C’est la question fondamentale.
Je pense que nous sommes acculés, en passe d’être réduits à néant, il faut se donner de l’air, tenter une sortie et livrer bataille.
La dynamique de la guerre de classes est porteuse de tous les espoirs et de tous les désespoirs, c’est uniquement dans le cours d’un mouvement de transformation qu’il est possible de se montrer hardis pour influencer le résultat.
C’est utile de crier dans le désert, des gens entendent puis palabrent pour répéter L’Écho jusqu’à la savane où vivent les savants.
Superbe , permettez moi de réutiliser , merci d’avance …
Lions le roi de la savane.
Voila un article très clair qui montre bien votre façon d’envisager des solutions.
Concrètement, si on décide un défaut de remboursement comment choisit-on parmi tous les créanciers ceux qui ne seront pas payés?
Quel est véritablement l’inconvénient d’une dévaluation?
Pendant les années 70 (les 30 glorieuses) j’ai emprunté à 9% pour construire une maison. L’inflation est monté à 12% me semble-t-il et je pense que, en heures de travail, j’ai payé moins chère ma maison que je ne l’aurai payé comptant.
Que demande le peuple?
Plutôt que de dire à un créancier : « je refuse de vous rembourser le milliard d’euros que je vous dois » pourquoi ne pas lui dire: « je vous ai emprunté 1 milliard d’euro qui représentait à l’époque 1 million de mois de salaire. Je vous rend votre milliard d’euro mais bien sur il ne représente plus que 1/2 million de mois de salaire, mais c’est toujours des euros comme inscrit dans le contrat. »
Bien sur, si ce créancier doit partager cela entre des pensionnés ils sont mal.
Question: Si un pays sort de la zone euro et se refait une monnaie nationale, est-ce que les contrats d’emprunt qu’il a fait en euro sont re – libellés dans sa nouvelle monnaie nationale ou restent libellés en euro? Quid de nos dettes en franc quand nous sommes passés du franc à l’euro?
Pour ce qui est de faire repartir l’industrie, ne pourrait-on pas considérer que nous sommes en guerre économique , donc que celui qui agit contre les intérêts de la patrie est un traître et doit être traité comme tel.
Pour moi la patrie (la nation?) c’est le contour de la solidarité sociale et de la représentativité politique
Merci monsieur Jorion, nous savons désormais ce qu’il faudrait faire pour sauver l’euro ; maintenant, si nous admettons que nos gouvernants sont aussi au courant, la question est de savoir pourquoi ils ne le font pas, et surtout ce qu’ils comptent faire à la place ?
L’ultra-libéralisme peut-il être amendé? Je pense qu’il devrait être encadré:
https://jmmasson.wordpress.com/2012/12/23/hydre-ultraliberale-vs-chercheurs-dalternatives-economiques/
Par ailleurs, i ln-y a pas que la dette des nations: il y a celles des régions, des municipalités, des entreprises, des particuliers forcés à s’endetter par la diminution des salaires ( en France la désindexation du point d’indice de la fonction publique remonte à Barre!) et par la publicité qui incite à dépenser…
Ensuite, à supposer que l’on réussisse à relancer une activité locale, il y a le problème des prédations sur l’environnement: cela coince de partout.
Et pourtant, il doit ien être possible de reconstruire autrement, localement sur d’autres bases.
Frédéric Lordon dans le Monde Diplo de décembre 2011
« La zone euro transpire le désespoir, et commence à puer la mort. Ce n’est peut-être pas l’insurrection qui vient, mais l’équarrissage !
Au fait l’équarrissage de qui ?
Le paradoxe de l’époque veut que ce soit simultanément celui, déjà bien entamé, des populations, mais aussi peut-être celui du néolibéralisme lui-même.
Car ce dernier pourrait bien en être à tirer ses dernières cartouches.
Plus encore que l’inepte ‘dévaluation interne’ (baisse des salaires, encore…), le grand bond en avant fédéral, dernière solution susceptible de tous nous sauver, est juste l’affaire d’une petite demi-décennie, et il n’est pas certain que la finance ait le bon goût d’attendre jusque-là.
Le champ de ruines qui suivra l’enchaînement de défauts souverains et d’écroulements bancaires aura au moins la puissante vertu de la ‘tabula rasa’, et pour tout le monde, libéraux compris.
On a jamais vu système de domination rendre les armes de lui-même
Il faut y mettre de l’énergie, beaucoup d’énergie, que celle-ci vienne de l’onde de choc d’un effondrement systémique ou bien d’un soulèvement interne.
Que la seconde impulsion accompagne la première, et pour toutes ses incertitudes, ce ne serait peut-être pas si mal : si, du néolibéralisme ou des populations, l’un seulement des deux doit y passer, qu’au moins ce soit lui. »
Royal Park Investments : la vie ordinaire d’une bad bank
Les français ont bien connus le CDR , RPI créé en 2008 présente l’intérêt d’être une bad bank en pleine activité pour la crise qui nous intéresse.
Le RPI assigne donc le gratin de la finance au tribunal de new-york pour négligence et représentations incorrectes, fausses et trompeuses dans les différents documents de transaction…
En simplifiant RPI vise la nullité des contrats pour « escroquerie ».
L’enjeu est énorme car si le tribunal donne raison au plaignant, la dette frauduleuse sera annulé purement et simplement et les conséquences seront à la charge des initiateurs.
Tous nos élus et décideurs européens doivent donc y prêter attention afin d’éviter de donner leur accord à des opérations urgentes de recyclage d’opérations frauduleuses et de sauvetages hasardeux aux frais de l’état.
L’exposé de la situation était très clair , décidément P.Jorion est un excellent pédagogue … et dire que le monde universitaire s’est privé de ses talents pendants des années …
Bis repetita placent et ce jusqu’à Noel :
http://www.pauljorion.com/blog/?p=44933#comment-391642
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Paul,
D’accord avec vous sur la finalité, l’analyse de la situation. Par contre, je ne pense pas que les mesures radicales puissent fonctionner car en règle générale, elles créent le chaos.
Si en 10 ans, on rabote le patrimoine des plus riches, si dès maintenant on réoriente la répartition des richesses vers les revenus le plus bas, cela sera déjà pas mal.
Pour résumer ma pensée, vous nous avez aidé à trouver le bon cap, merci. Reste plus qu’à trouver la façon d’y aller au plus vite. C’est ce que je tente de faire, peut-être maladroitement et certainement en commettant des impasses, dans le post qui suit, qui est une reprise.
L’incapacité ou le manque de volonté de réguler le système financier est patent. Plutôt que d’essayer de le réguler qui est une course sans fin, il me paraît préférable de remettre l’argent à la place qu’il a perdu
– Il a été crée au départ pour faciliter les échanges.
– Tout a dérapé le jour où certains se sont mis à prêter l’argent des autres sans que ces autres le sachent, puis de l’argent qui n’existait pas. Finalement, le prêt a inventé la faillite.
Aujourd’hui, il y a quatre problèmes au moins à régler.
– Il y a trop de liquidités par rapport aux besoins des échanges commerciaux.
– Cet argent, bien qu’il existe en excédent n’est pas disponible là où on en a besoin, pour financer, par exemple, l’activité productive.
– Les mécanismes du crédit à l’économie sont instables : quand la machine s’emballe, elle crée des bulles, quand elle perd confiance en elle-même, elle se contracte et crée faillites, crises.
– Le vol que représente la spéculation est légal !
Si on me demandait comment s’en sortir, voici ce que je répondrais. Impossible de revenir d’un coup de baguette magique, en un jour, à une situation satisfaisante. Croire qu’on puisse défaire en un jour le système tentaculaire qui s’est mis petit à petit en place, c’est croire au Père Noël (plus que 2 jours)
Concernant le premier point, voici 3 propositions qui ne plairont pas à tout le monde
1 – Taux d’intérêt négatif de -4% sur tous les dépôts liquides au delà de 100.000 €.
– Pourquoi 100.000 € ? Parce que !
2- Emprunt forcé par la Banque Centrale Mondiale au taux de -3% au delà de 100.000 € sur 10 ans.
– Pourquoi -3% ? Parce que -3% > -4% !
– Pourquoi 10 ans ? Parce que !
3 – Emission d’un emprunt mondial par la Banque Centrale Mondiale ouvert à tout souscripteur pour une montant égal ou inférieur à 100.000 €.
Concernant le deuxième et le troisième point, voici une seule proposition et ses corollaires :
La Banque Centrale redevient le seul organisme créateur de monnaie.
– Les Banques privées, parapubliques accordent des prêts uniquement sur fonds prêtés par les Banques Centrales, suivant un ratio 1 pour 1.
– Les Banques supportent une pénalité progressive sur les fonds en provenance de la Banque Centrale non prêtés
– Les réserves obligatoires n’ont plus de raison d’être puisque les prêts liés aux dépôts des particuliers ou entreprises sont désormais interdits.
Avec de tels mécanismes, il n’y a plus lieu de craindre une augmentation inconsidérée de la masse monétaire, ni une contraction car la création monétaire est strictement réservée à la Banque Centrale. Faut-il compléter ce mécanisme basique ?
Concernant le point quatre
Les achats et ventes à termes spéculatives sont interdits.
– On peut vendre à terme que ce que l’on possède, on n’a pas le droit de le céder avant le terme échu.
– On peut acheter à terme. Faut-il y mettre des conditions ?
Cette mesure tue dans l’œuf le trading à haute fréquence. Faut-il y prendre d’autres décisions ?
Tout ceci demande à être affiné, c’est sur. Quels sont les risques de dérapage ? Il y en a, c’est certains. Il suffit de les trouver.
Il va falloir aussi raboter progressivement les patrimoines trop importants, c’est à dire ceux qu’il est impossible à une personne normale de dépenser dans toute une vie. L’ISF peut s’en charger, oeuvres d’art incluses.
Pour éviter la spéculation immobilière, je ne vois pas trop, un droit de préemption des communes, une taxation à 100% des plus values, une forte progressivité de l’ISF sur le patrimoine brut, une forte progressivité de l’impôt sur les revenus ?
Dès qu’on touche au revenu, au patrimoine, je sens que des poils se hérissent, même chez les hérissons qui ne possèdent pas grand chose. Allez comprendre ce qui se passe dans nos pauvres cerveaux ? C’est grave docteur ?
Intéressant, vous allez me faire réfléchir
Au moins jusqu au réveillon
Merci
Sehr gut, Gutt, aber er ist nicht aus Belgien bekannt. Paul, il faudrait consacrer un billet entier au plan Gutt, qui ne passa pas comme lettre à la poste lors de sa mise en oeuvre, ne fût-ce que pour comparer les objections de 1944 à celles que ne manquera pas de soulever sa réédition en pleine guerre économique globale.
J’aimerais aussi trouver une description un peu détaillé de l’opération Gutt. Apparemment il s’agit d’une réforme monétaire comparable à celle d’Erhard. Dans les deux pays, l’économie de guerre s’est traduite par de l’inflation réprimée et la réforme consiste à arrêter la planche à billets et libérer les prix. La réforme de 48 en Allemagne est bien connue, et elle a donné ce qu’on a appelé le « miracle allemand ». Dans le cas de la Belgique, je n’ai pas encore trouvé de description précise de la réforme monétaire et des mesures qui l’ont accompagnée. Quelqu’un a une source ?
P.S. Si je veux regarder le détail de l’opération, c’est pour éviter l’erreur suivante : « On a donné un médicament à un patient et il a guéri en 1945. Donc prenez en 2012 un médicament qui ressemble plus ou moins à celui de 1945, et vous serez guéri (peut-être…) »
Avant de pouvoir faire défaut l’Europe devra s’équiper d’une douzaine de porte avions classe Nimitz et de leurs groupes de combat, quelques centaines de bases militaires bien réparties sur la planète seraient aussi un plus.
Sinon, comme l’Argentine, nous verrons nos biens pillés par des fonds vautours actant sur la production d’un juge pourri dans un état qui lui n’a pas attendu pour s’équiper des porte avions en question.
Le défaut est l’autre nom de la déflation, une politique naturelle pour sortir d’une crise causée par l’inflation de la monnaie et de la dette. Pourtant, bien peu de gens osent préconiser cette voie aujourd’hui. Voici un exemple d’essai de Guido Hülsmann qui explique en quoi la déflation est inéluctable, et recommande que l’on s’y engage le plus vite possible.
http://www.institutcoppet.org/2011/08/15/guido-hulsmann-deflation-et-liberte-2008/
Étonnamment, certains de ses arguments rejoignent ceux de Jorion :
– à partir d’un certain point les dette ne peuvent pas être payées et ce qui ne peut pas arriver n’arrivera pas…
– la principale raison pour laquelle la déflation est unanimement rejetée par les acteurs de l’establishment c’est parce qu’elle menacerait leur position prééminente dans l’économie (banque, grosses entreprises, gouvernement, fonds de LBO auraient une position beaucoup moins enviable sans ces montagnes de dettes)
– à l’inverse, les producteurs et épargnants qui sont pénalisés par la création monétaire et l’inflation de crédit verraient leur situation améliorée
– la transition ferait aussi, hélas, des victimes innocentes
Une bonne tranche de franche rigolade avant Noël ? Lisez l’Éloge de la Délation de l’impeccablement misien pote à Gus, Guido Hulsmann.
Délation ou déflation ?
Eloge de la Délation, acte manqué ou acte réussi ?
Jaloux Marlow?
à Renou,
Jaloux ?
Non, je suis seulement soucieux de savoir quelle est la part volontaire dans un acte manqué.