Billet invité
59 milliards d’actifs toxiques devraient être à terme détenus par la Sareb, la bad bank espagnole, dont le montant prévu des fonds propres avoisine 5 milliards d’euros, ce qui correspond à un ratio d’environ 8 %, supérieur aux 7 % de Bâle III. Ce qui n’empêche pas de se poser des questions à propos du montage financier de l’opération.
Le cahier des charges prévoyait que l’État devait impérativement être minoritaire au capital, afin que ses engagements au sein de la Sareb ne soient pas comptabilisés dans son déficit. Les partenaires ne se précipitant pas, il a été fait appel par défaut aux grandes banques espagnoles, qui ont répondu présent à l’exception de BBVA : c’était une offre difficile à refuser. Il est également prévu que des compagnies d’assurances et des établissements de crédit espagnols les rejoignent, accompagnés de la société française Axa. À la suite d’une augmentation de capital prévue en 2013, les investisseurs privés détiendront 52 % des fonds propres et l’État 48 %, via son fonds de soutien au banques (Frob). Ceux-ci devraient être constitués à hauteur de 25 % par du capital, et de 75 % par de la dette subordonnée émise par la Sareb.
La structure de son capital n’est pas d’une solidité à toute épreuve, car c’est avec sa propre dette que la bad bank va couvrir 75 % de ses besoins de financement ! Par ailleurs, l’assimilation aux fonds propres de la dette subordonnée – remboursée après les autres, pour faire simple – était admise par Bâle II, mais ne l’est plus que si certaines conditions sont remplies par Bâle III (qui n’est pas encore en vigueur) et l’on ne sait pas si cela sera le cas de la dette émise par la Sareb, faute de précisions…
On peut s’interroger également sur la nature des éventuelles contreparties offertes aux investisseurs privés (en capital ou en dette) dans une société qui est plus destinée à faire des pertes que d’enregistrer des résultats étant donné la nature de ses actifs, même si la décote moyenne subie lors de leur acquisition est de 63 % en moyenne comme annoncé.
Ce montage est à l’image des actifs dont la Sareb déleste les banques espagnoles : on ne sait pas qui devra au final endosser ses éventuelles pertes et l’on peut supposer que l’État espagnol pourrait être bien placé pour le faire d’une manière ou d’une autre.
17 réponses à “L’actualité de la crise : LES MYSTÈRES DE MADRID, par François Leclerc”
Doit-on comprendre que tout va se passer comme si, allant de l’argent à la banque, on se voyait remettre 25% en euros et 75% sous forme d’une reconnaissance de dette de la part de la banque?
Non, la Sareb va émettre des obligations subordonnées qui vont être achetées par ses actionnaires afin de créer ses fonds propres.
Le taux de défaut des prêts espagnols devrait se situer plus près des 10% que des 8 à terme, mais rachetés avec une décote d’un tiers il reste de la marge, les banques espagnoles vont récupérer de la main gauche une partie de ce que la main droite à lâché.
Il doit être indiqué quelque part en petits caractères que l’état espagnol mettra la main à la poche si ça se passe moins bien que prévu, et derrière lui il y a le MES financé ou garanti par les autres états.
[…] Blog de Paul Jorion » L’actualité de la crise : LES MYSTÈRES DE MADRID, par François Leclerc. […]
On n’entend plus parler des défauts qui allaient ruiner l’europe , pourtant la grêce vient d’en faire 2 et ce CDR espagnol n’est rien d’autre qu’un défaut.
Alors tout çà du flanc………….lorsque les préteurs institutionnels sont sortis et sécurisés alors plus de problème.??????? Misère de la parole inique……..
ce que j’en retiens c’est que
avec 1.25 Milliards cash je constitue mon tour de table majoritairement privé
j’en emprunte 3.75 pour constituer 5 Mds de fonds propres
avec ces cinq milliards et le ratio de 8% je peux émettre des titres pour 59 Mds
pour racheter à vil prix 59Mds de dettes décotées
que j’espère revendre un peu plus tard dans de meilleures conditions
si au final je ne récupère pas plus que mon 1,25 Milliards
ce n’est pas de bol
-mais me direz vous qui ira acheter cinquante neuf milliards de titres nouveau pour acheter
cinquante neuf milliards de titres « pourris » ? Et bien puisque l’on vous dit que çà vaut 59, où est le problème.
ou bien on vous donne de meilleures garanties de financement.
sareb : banco malo ou hedge fund
Ah qu’il est facile d’acheter 50 pour 8 mais pour çà des entreprises ont fait faillite , des hommes ont été ruinés , les responsables doivent être jugés.
notez bien que nous sommes tous minoritaires
curieusement personne n’est intéressé pour consolider
en 1995 une banque française était réorganisée à la suite d’évènement de crédit
l’article 2 de la loi créant le CDR est très explicite
vous reprenez les « actifs » douteux et vous financer le tout en empruntant au cédant .
budget limite 145 Milliards de francs ( eh oui des francs)
voilà çà tient en 10 lignes et on n’est pas 27 à en discuter pendant 7 ans ( 2005-20012)
en dehors de tout cadre juridique et réglementaire.
parce que 7 ans c’est effectivement le temps qu’il faut pour solder ce genre de problèmes.
Article 2
L’Etablissement public de financement et de restructuration a pour mission de gérer le soutien financier apporté par l’Etat au Crédit lyonnais dans le cadre du cantonnement de certains de ses actifs au sein de la société chargée d’assurer la réalisation de ceux-ci et dénommée Consortium de réalisation.
A cette fin, il est autorisé à souscrire un emprunt auprès du Crédit lyonnais dans la limite d’un montant de 145 milliards de francs.
Il peut détenir des participations dont, par apport, tout ou partie de celle de l’Etat dans le Crédit lyonnais.
Il veille notamment à ce que soient respectés les intérêts financiers de l’Etat dans le cadre du plan de redressement du Crédit lyonnais.
——————————
@Zébulon,
J’avais souvenir que l’affaire avait coûté au conbribuable français dans les 300 Mega francs, et non 145, me suis-je laissé abuser ?
Par ailleurs le responsable identifié de la gabegie, c’était bien JC Trichet non ?
Le même qui reçu ensuite les clefs de la Banque de France puis de la BCE, exact ?
Le CL, c’était une répétition générale à petite échelle avant le grand show de 2008 pour voir si « ça passait » ?
Je pose ces questions, parceque je voudrais avoir, si possible, confirmation ou infirmation de ce que ma vision de l’affaire est correcte ou déformée.
Le chien se mors la queue
« Oui! grande mer de délires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée,
De mille et mille idoles du soleil,
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l’étincelante queue »
petite question .. pourquoi la banque BBVA n’a pas répondu « présente » ?…
Ben, pas fou!!
Les services publics s’alignent sur le modèle privé, ce sont les chefs d’entreprises des multinationales (comme le récent rapport Gallois du pdg de eads) qui travaillent avec les gouvernements pour permettre davantager les multinationales dans plusieurs domaines (fiscalité, moins de contrôle sur le privé, délocalisation avec « promesse » d’investissements futurs,ect…) et transférer des services vers les marchés financiers privés.
Diminution de l’intrusion pour contrôler ce que font les (grandes) entreprises privées, durcissement des relations des collègues de travail dans les services publics (comme dans le privé), surchage de travail sans contrepartie quelconque, développement de l’emploi précaire dans les services publics,ect…la logique financière du privé s’installe avec ses indicateurs chiffrés, d’objectifs et de résultats.
La dégradation du climat social dans le public passe par une mise en concurrence des fonctionnaires, comme pour les salariés du privé. Demander à produire plus de chiffres (avec espoir d’une faible prime par rapport aux colossaux résultats financiers) même si la nouvelle conception s’éloigne des objectifs du travail de base. Pour augmenter cette pression, des parts importantes de fonctionnaires partant à la retraite ne sont pas remplaçés, de nouveaux résultats à la hausse sont pourtant exigés.
Comme pour le privé, les services publics se doivent de ne plus répondre directement aux tâches professionelles, mais avoir une gestion en cours ou en retard. La hiérarchie donnera plus d’importance à des tâches inutiles, pour à la fois mettre la pression sur les fonctionnaires et de nouveau mettre la pression sur le public contre les fonctionnaires.
Les gouvernements et la hiérarchie de l’administration parlera de priorités et d’objectifs de leurs visions des résultats donc financière, déplorera ses dérives qu’ils ont pourtant provoqué, et poursuivra dans sa logique d’accentuer les règles du privé dans les services publics. Les politiques et les hauts fonctionnaires préparant leurs reconvertions privés si le service public devient un marché privé.
ESPAGNE: CRISE; INEGALITE ET PAUVRETE
En parralele de votre analyse des circonvolutions del ‘banco malo’, et a mediter en relation aux 41
milliards d’ euros- le cout total de recapitalisation de ‘La Banca », la banque espagnole,
les perspectives dessinees dans un rapport ‘ Crise, Inegalite et Pauvrete’ signe INTERMON OXFAM et les autres principales organisations caritatives espagnoles, presente hier en Espagne, sur les consequences a moyen terme des politiques de destruction du tissu social engendrees par le gouvernement Rajooy,
avec a l’ horizon 2022, une estimation de 18 millons de personnes, en situation d’ exclusion sociale en Espagne, d’ ici 10 ans,- a titre de comparaison plus que la population totale actuelle des Pays-Bas:
http://www.intermonoxfam.org/sites/default/files/documentos/files/Informe_IO_Crisis_desigualdad_y_pobreza.pdf
Merkel a déclaré ce jour que le crise de l’euro est loin d’être terminée, que la croissance restera très faible pour encore longtemps et que le chômage grimpera.
Rien de nouveau donc. Il faudrait proposer aux gens des stage de formation: comment vivre et survivre en situation de précarité.