Combien de fois suis-je passé devant cette statue, dont je découvre ce soir, poussé soudain par la curiosité, qu’elle s’appelle : « La mort d’Ompdralles » ? Des centaines de fois certainement puisqu’elle se trouve sur le chemin qui conduit de l’appartement de mon enfance au Bois de la Cambre.
Passant devant elle il y a un instant, je me suis dit qu’elle était très belle, et non seulement cela mais aussi que je m’étais certainement déjà dit des centaines de fois qu’elle était très belle.
Il s’agit, vous le voyez, d’un homme dont toute la force est mobilisée pour empêcher que le cadavre d’un autre homme ne s’affaisse sur le sol.
Quand on voit cela tout petit, le sentiment que cela est beau – ou en tout cas, impressionnant – vient sans doute longtemps avant que l’on ne comprenne de quoi il est question véritablement. Ensuite, c’est l’ensemble qui devient beau : la statue, et ce qu’elle représente.
Combien de nos convictions profondes ont-elles été modelées de cette manière ? Par de premières impressions indécomposables.
Il est possible bien entendu de naître dans une famille où quelqu’un dit, chaque fois que l’on passe devant la statue à Léon Cladel : « Quel imbécile ! ». Cela arrive aussi malheureusement.
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La mort d’Ompdralles, « À Léon Cladel », statue de Charles van der Stappen.
49 réponses à “À LÉON CLADEL”
[…] Blog de Paul Jorion » À LÉON CLADEL. […]
Pour moi le sens du beau ne naît pas au contact de n’importe quelle oeuvre d’art. Il me faut l’harmonie et une certaine fonctionnalité (architecture, art culinaire avec matériaux/ingrédients pris localement, …).
L’oeuvre d’art « classique » m’inspire autre chose. Par exemple:
Kant: « L’oeuvre d’art comme objet pourvu d’une finalité sans fin. »
Thom: « Même lorsqu’il y a imitation le vrai référent de l’oeuvre d’art n’est pas l’objet imité, mais la dynamique qui comprime l’objet représenté -le sujet- dans l’oeuvre d’art. »
Le regard d’une inconnue dans la rue..
http://www.ericcorne.com/index.php?/essais/democratie/
Henry Miller :
« Une oeuvre n’est jamais rassurante, nous devons toujours l’improviser, la réinventer, éprouver sa plasticité, ou encore, la traverser. Aucune passivité ne nous est permise. Je ne regarde plus dans les yeux de la femme que je tiens dans mes bras, mais je les traverse à la nage, tête, bras et jambe en entier, et je vois que derrière les orbites de ces yeux s’étend un monde inexploré, monde des choses futures, et de ce monde toute logique est absente (Henry Miller) [2]. La jouissance est à ce prix, elle s’oppose aux marchands de sommeil et aux créateurs d’oublis. No future, no past. »
[2] Henry Miller, Tropique du Capricorne
@liszt . Excellente idée d’être allé chercher ce passage de Henri Miller ,l’auteur aussi de « Big Sur et les oranges de Jerôme Bosch » c’est la saison .
Le beau, c’est ce qui vous remet dans le chemin. C’est ce qui permet de ne pas sombrer dans la répétition, de n’être pas seulement une machine pensante. Le voile se déchire, par surprise, l’intellect est, quelques secondes durant, décontenancé, sans réaction, et l’esprit est saisi par un « sentiment du beau »: quelque chose d’autre est possible.
http://www.youtube.com/watch?v=GjxOqc5hhqA
Je suis hypnotisé par les samplings de cette video ; je pense que c’est le meilleur de Lou Hayter, une synthèse entre l’electro moderne, la pop anglaise (Beatles) pour l’élégance vocale, plus précisément D.Bowie pour les rythmes syncopés (let’s dance). La vidéo en elle-même est remarquable en ce qu’elle offre une récurrence du motif du losange, que l’on retrouve de façon systématique à chaque plan, soit formé par les bras de la chanteuse, dans les bretelles noires, sur la jupe, etc. devrait satisfaire le matheux BR.
http://www.youtube.com/watch?v=QuDVDElLXyQ
« It doesn’t work like that » j’aime bien aussi.
C’est clair, c’est magnifique.
Merci à vous ! Votre propos emporte la décision
Mais
http://www.dailymotion.com/video/x9h447_les-cadavres-ne-portent-pas-de-cost_shortfilms#.UMZCcHcpRcg
Certains vont trouver cela beau!
financial inovation: a risk business:
On September 7, 2012 the Sanford C. Bernstein & Co. Center for Leadership and Ethics at Columbia Business School filmed an interactive debate entitled « Financial Innovation: A Risky Business
http://www.youtube.com/watch?v=l–anUZPoBU&feature=youtube_gdata_player
Gilgamesh et Enkidu ?
http://www.amazon.fr/Ompdrailles-tombeau-lutteurs-ebook/dp/B005R8DZ6G
Pour moi, le premier lutteur n’est pas mort, juste blessé, autrement l’autre n’essayera pas de le soulever…..
La réponse en 400 et quelques pages web…
Merci à JU 00:32 Superbe sur Gallica
Ne pourrait-on penser qu’Il ne s’agit pas à proprement parler de soulever un homme, mort ou blessé, mais plutôt d’interroger le concept même d’ « Homme », en tant que: » Être pour la mort », au sens d’ Heidegger.?
@ Le marin
Si je peux me permettre , l’homme empêche son pote de descendre parce que le socle est trop haut ! 🙂
A chacun son interprétation…:-)
On aimerait que le sauvetage de la Grèce, de l’Espagne et de l’Italie soit porté avec autant d’humanité par l’Europe. Et à vrai dire, le vrai courage n’est-il pas de se solidarisé avec l’homme malade ; J’aurais horreur que l’on soit dans un système monétaire avec l’Allemagne pendant que les autres en sont exclus. J’espère que si la Grèce , l’Italie, l’Espagne , le Portugal, l’irlande sortent de l’euro , la France choisira de les suivre, plutôt que de rejoindre le club des Rastignacs.
C’est pas du Claudel…
Ça commence comme ça : Uzèno Ganitrôp de Castel-Ijaldiggu-Baguelonne ?… Ah ! je pensais alors souvent, très-souvent à lui, pécaïre, à lui dont la calamiteuse histoire, quoique datant de l’avant-dernier règne, vaudrait à mon sens d’être rapportée aujourd’hui dans les gazettes de la République ! Encore mineur, ce marmiteux aussi fort que débonnaire, ce prédestiné qui n’aurait lésé jamais autrui s’il n’eût pas été tant endommagé lui-même, avait épousé la plus vermeille du bourg natal, une certaine Zoé La Flûr, tâcheronne consommée, sémillante autant que vertueuse et réputée pour telle.
Ça finit comme ça : (…) A ce tableau, le peuple irrité qui gravissait la guillotine après avoir culbuté capucins et gendarmes, recula d’horreur, s’enfuit, entraînant tout sur son passage, et je ne m’explique pas encore aujourd’hui comment Anzelayr et moi, nous nous trouvâmes tous les deux hors ville au bord d’un étroit chemin raboteux où passa, laissant après elle de grosses gouttes rouges tombées du cercueil y contenu, la maigre charrette mortuaire, qui portait au cimetière des suppliciés les restes encore palpitants d’Uzèno Ganitrôp de Castel-Ijaldiggu-Baguelonne : « Ah ! par exemple ! articula d’une voix rauque mon ami de la Croix-aux-Boeufs en foulant la terre arrosée de larmes vermeilles ; on peut dire que celui-là, vraiment, avait du sang dans les veines ! »
Léon-Alpinien Cladel, Une exécution capitale, récit d’un paysan.
C’est qui Ombredepaille? Et si c’est l’ombre de l’autre, alors qui est cet autre qui lutte contre son ombre et se suicide en tuant son reflet dans le miroir?
Naturalisme, court.
« L’éthique et l’esthétique ne font qu’un. »
Oula, il allait un peu vite en besogne le Ludwig, pas vrai ?
@vigneron 12:28 je comprends mal ce que vous dites …mais je prends l’article de « Noesis » sur E.Levinas. Un certain temps de lectureS .
» C’est l’ensemble qui devient beau : la statue et ce qu’elle représente » .
Dis moi ta définition du beau , je te dirai qui tu es .. Enfin , ce à quoi tu ressembles pour moi !
En ce qui me concerne , je résonne à des définitions multiples et parfois contradictoires du « beau » :
Ocar Wilde ( souvent cité ) : » la beauté révèle tout car elle n’exprime rien »
Xénophon : » Un panier de fumier est beau s’il est bien approprié à sa fin, comme un bouclier d’or est laid s’il n’est pas approprié à la sienne » .
Rielke : » …le beau n’est rien que le premier degré du terrible … » qui rejoint
Valéry : » la définition du beau est facile : il est ce qui désespère »
Je note cependant que ce beau » est à la même croisée du « réel » et du « vrai » , de l’individu et de l’ensemble de l’espèce , de » liberté -égalité- fraternité » , que ce truc étrange qu’on appelle la conscience .
Et , en continuant à m’étonner du beau ,de sa rareté, et de son partage encore plus rare mais possible , je signe avec Khalil Gibran :
« [Être] c’est suivre la beauté ,même si elle vous conduit au bord d’un précipice, et , bien qu’elle soit ailée alors que vous ne l’êtes pas , bien qu’elle saute au dessus du précipice , la suivre quand même , car où la beauté est absente , il n’y a rien . »
Il y aurait aussi Baudelaire, le post romatisme, et Wagner, voire Mort à Venise…. La beauté fait pleurer en fait, à l’extrême, Baudelaire ne l’a pas toujours compris, parce qu’il était trop philosophe sur ce coup, trop « décadent ». Mais normalement c’est par excès : Paradis perdu, ou paradis retrouvé sous forme du corps de l’autre, nécessairement biologiquement imprimé en nous comme perfection des rapports esthétiques. On n’a pas le temps de divaguer tant la vie est courte, pour avoir d’autres « programmes » dans ce mode. Lacan mettait en exergue les objets partiels par rapport à l’oblativité qui subsume tout sous l’aspect la personne unifiée, sans doute une dialectique s’impose. J’en arrive ici à la sublimation, mais ce que Freud comprenait dynamiquement comme instinct sexuel est d’emblée bien plus complexe, il est en même temps une métaphysique du beau. Hm, l’amour est-il aveugle, ou pas… c’est la question.
Si je voulais cité toutes les sources et références possibles dans un dictionnaire du beau , je ne suis pas sur que ce serait un beau dictionnaire .
..citer …
pas sur d’avoir tout compris, Lisztfr, mais c’est très beau…lol
« [Être] c’est suivre la beauté ,même si elle vous conduit au bord d’un précipice, et , bien qu’elle soit ailée alors que vous ne l’êtes pas , bien qu’elle saute au dessus du précipice , la suivre quand même , car où la beauté est absente , il n’y a rien . » (Khalil Gibran)
////// Incroyable, c’est ce que j’ai en tête, depuis plusieurs jours, au sujet d’un truc que je voudrais dire, en vain, faute de temps, au sujet du rapport du génie des grands artistes et de leur oeuvre et de ce que j’ai remarqué en particulier dans le parcours de Paul Jorion. ///// Plus tard.
…………
La beauté, c’est ce qui fait pli.
« La beauté, c’est ce qui fait pli. »
René Thom inside? 🙂 🙂
@Basic Rabbit :
J’avoue ( sans être soumis à la torture ) que je ne connaissais pas Thom ,mais que ce que vous en « traduisez » ne m’accroche pas et ne m’apporte rien que je n’aie pu lire ailleurs .
Pour mon défense , je dois dire que le « Thomisme » , pour moi, est déjà une » marque déposée » et que St Thomas et St Augustin ( le Socrate chrétien ?) ne sont sans doute pas à ranger trop tôt aux archives poussièreuses des musées de la pensée .
D’une certaine façon le Thomisme , n’est pas complètement absent des sources de l’existentialisme et du Spiritualisme . Il pose aussi de façon plus globale des questions encore très ouvertes : la foi vs la raison , le Credo , , rapport de la théologie et de la mystique , qu’est ce que le « sacré » ? , rapport » Etre » et » Essence » , ce que St Augustin emprunte à Aristote ….
Mais il y est plus question de grâce et d’amour que de » beauté » .
Je ne me souviens qu’on y évoque » l’affect « .
@ juan nessy
Bernard Laget me faisait une remarque analogue avant hier.
Depuis le temps que je fais du prosélytisme pour son oeuvre sur ce blog, j’ai peut-être accroché Alessio Moretti et intéressé Marc Peltier. Peut-être. Très maigre résultat.
Michèle Porte a fait un recueil de citations de Thom de 91 pages que je trouve remarquable (dispo sur le net) et qui donne un bon aperçu des problèmes qui agitent Thom et de la façon très personnelle qu’il a de les aborder. Sa lecture libère la pensée.
J’ai été convaincu jusqu’à une période très récente que Thom et Jorion avaient grosso modo la même vision du monde, étaient dans un nouveau et même paradigme, l’un voyant les choses d’un point de vue mathématique (géométrique), l’autre d’un point de vue psychologique, les points de vue se rejoignant comme indiqué dans Apologie du logos. Depuis la lecture de « Principes des systèmes intelligents » et la position de PJ quant au rapport déterminisme/libre arbitre (voir mon commentaire 16 dans ce billet), je suis plus circonspect (Thom s’est exprimé sur le déterminisme et beaucoup exprimé sur la linguistique). Peut-être n’ai-je pas compris l’un ou l’autre (ou les deux).
Mais encore…
« TOUT A PEUT-ÊTRE COMMENCÉ PAR LA BEAUTÉ »
Écrits sur l’art et pensées détachées – (william Blake & co. édit.)
Les autres tomes sont bien aussi.
Merci pour cet article sur Levinas. Je me cultive!
« Elle consiste en une définition « dynamique » de l’œuvre comme « mouvement du Même vers l’Autre qui ne retourne jamais au Même » »
ça me fait penser au déploiement universel (ie. minimal) d’une singularité et le retour au centre organisateur (théorie des catastrophes de Thom).
L’esthétique comme centre organisateur du triangle éthique? J’ai fait, au pif et « de base » un commentaire dans ce sens dans le billet http://www.pauljorion.com/blog/?p=44270
Il y a trois articles de Thom dans Apologie du logos qui concernent l’art. Ama intéressants à mettre en regard de cet article.
Blog scolaire par gravure sur bois , temps de réaction: 1 semaine.
Souvenir des cours de philo , sujet « le beau et l’utile », emmerdeur un max.
Comme si un assaut d’intelligence avec force citations de barbus ( Socrate et les autres) pouvait circonscrire ce truc sans limite. Même Mahomet en avait parlé, une histoire de roses et de pain…
Ambiance…
Dans mon ennui, j’avais gravé à la pointe de l’ Opinel, sur le bois de la table, en haut a gauche : « la beauté est un devoir », Daniel. Du bel ouvrage, fin et régulier, 40 ans ou plus, y’a prescription.
Mon idée était de ramasser dans une formule un truc impératif comme découverte perso. sans idée de l’imposer à autrui.
La semaine suivante, mon texte signé avait récolté une floppée de réponses au feutre, toutes négatives, certaines injurieuses, toutes signées de prénoms féminins . J’en connaissais la moitié.
Une explication a remis les choses en ordre. ( vous ne pouviez pas vivre à l’aise, dans un bahut à l’ancienne, si l’opinion féminine est contre vous.)
Je la redis : « Vivre sans beauté est impossible. Elle se trouve partout, même au coin de la rue, même si elle est fugitive. La découvrir est un devoir d’honnête femme/homme. »
J’ai mis quelques secondes à comprendre que ces braves filles l’avaient pris directement pour elle.
Un max de mochetés, sûrement, avec quelques mignonnes qui ne peuvent que participer à l’assaut, sous peine de ..? 🙂
Extraits du billet http://www.pauljorion.com/blog/?p=44270
« Nicolas Roberti – Pour aller directement au cœur du propos, existe-t-il un libre-arbitre ?
Paul Jorion – Je ne pense pas. »
« Nicolas Roberti – Tout regard projectif sur le monde ne peut être que déceptif ?
Paul Jorion – Non, parce que la présence de l’affect ouvre la voie à une perspective esthétique : ce spectacle de la vie ne nous est offert qu’une seule fois, notre souci intérieur est qu’il soit le plus beau possible. À défaut d’y trouver du sens, qui manque nécessairement, nous pouvons y trouver de la beauté. »
Je pense que PJ nous relance sur le « beau » avec ce billet. Ce qui précède est quand même du plomb (l’aboutissement de sa pensée?) qui mérite ama d’être discuté.
Bonsoir à tous
La mort d’Ompdrailles, le Tombeau des Lutteurs…
Il y aurait une chanson sur le même thème: » Qui a tué Davy More » ( qui est responsable et pourquoi est il mort?) chantée par Graeme Allwright.
Le lutteur meurt sous les coups de son adversaire qui est en fait son semblable! Le meurtrier se rend compte tout à coup de cette situation, qu’il s’agit aussi de sa propre mort et tente de toutes ses forces d’inverser la flèche du temps. Si le romancier, ou le sculpteur par son art peut inscrire cette histoire dans la matière même de l’oeuvre, alors oui, un enfant de 8 ans peut la « saisir » et s’en trouver durablement impressionné .
Dans ma pratique, ce sont ces oeuvres ou images devant lesquelles on passe sans les voir, à la longue, mais que l’on perçoit parfaitement à la marge qui sont le plus « image de soi », signifiantes pour soi.
Je ne parle même pas de la pertinence actuelle du thème : les riches disent aux pauvres que ce sont leurs semblables, les autres pauvres, qui les font mourir. Qu’eux n’y sont pour rien bien au contraire puisqu’ils licencient pour « sauvegarder l’emploi »!
Ceux qui ont trouvé cette obscène et répugnante formule sont bien les dignes héritiers de Bernays, le neveu de Freud qui avait gagné des millions en remplaçant « propagande » terme un peu pourri par Goebbels, par « Public Relations ».
A tous les pauvres qui sont amenés, par effroyable ruse, à accuser leurs semblables de leur maux, je leur dis » méditerz sur cette statue, ou réécoutez la chanson! »
» Qui a tué Ompdrailles, qui est responsable et pourquoi est il mort? »
» C’est pas moi! dit….. je n’ai fait que ….. , vous ne pouvez pas m’accuser!… »
Merci Paul.
RIP Ravi Shankar .
J’ai longtemps cru qu’il avait composé la musique du salon de musique, JalsÄghar, »The Music Room » (qui devrait être projeté à cette occasion au parlement européen, on peut rêver en son hommage) JalsÄghar ici version intégrale — alors qu’il s’agit de Vilayat Khan
@ Daniel
La beauté est un devoir.
La beauté est un vouloir.
La beauté est un pouvoir.
L’éthique est l’esthétique.
C’est ce qu’a l’air de penser Levinas: http://noesis.revues.org/index12.html#bodyftn43
Peut-être est-ce même ce que pense Paul Jorion…
« La beauté est dans l’oeil qui regarde », ,juste en dessous,cité par BRL.
Donc, elle est l’ exemple-type du sujet qui se dérobe à l’analyse intellectuelle. Peut-être le pourrait-elle, c’est-à-dire être disséquée et analysée mais avec un perte qui rend vain l’exercice.
Une religion de la Beauté, dans le sens de croire à la révélation sans discussion, ce serait plutôt mon truc.
La « proposition » 48 m’est incompréhensible:
« 48 En d’autres termes, il s’agit non pas, pour Levinas, de nier la totalité ou l’ontologie, en jetant par-dessus bord cohérence et rationalité, mais de rappeler à l’ordre une pensée philosophique murée dans son inaptitude à assumer l’« excès transgressant la pensée catégorielle », et, dans son sillage, une pensée mathématique incapable de fonder sur « des relations non collectivisantes » les « linéaments d’une logique de la séparation ».
Désolé, j’y suis réfractaire.
J’ espère que l’auteur, Daniel Charles, s’est bien amusé. Le plaisir intellectuel est gratifiant. Je le lui souhaite.
Votre supposition « Paul et la Beauté » mériterait d’être creusée.
Pourquoi l’avez-vous évoquée ?
@ Daniel
« Votre supposition « Paul et la Beauté » mériterait d’être creusée. Pourquoi l’avez-vous évoquée? »
Parce que PJ en a parlé dans ce billet-là: http://www.pauljorion.com/blog/?p=44270
labellisé « Questions essentiellles » comme le présent billet.
(cf. mon commentaire 46 dans ce billet-là et mon commentaire 16 ci-dessus)
« La « proposition » 48 m’est incompréhensible »
Pour moi il n’y a pas que celle-là! 🙂
« La beauté est dans l’oeil qui regarde. » Bernard Tirtiaux, maître verrier, dans Le Passeur de lumière.
Et puis, non, zut, à tous ceux qui, ici, se cachent derrière une référence savante de peur de proférer une insanité personnelle, alors que Paul lui-même dit tout nûment, en son nom propre, ce qu’il a ressenti, sans craindre de commettre une indiscrétion, d’attenter au Beau en soi ou de trahir les intentions prêtées par la critique à l’artiste, je dis ceci : cette sculpture m’émeut parce qu’elle me rappelle au geste social, qui est le premier langage de l’homme, et que ce premier geste de soutien est aussi la première architecture (est-il un emblème plus parlant, dans le registre religieux de l’amour du prochain, que l’arc-boutant du vaisseau gothique ?). Elle ne me plaît pas parce qu’elle « plaît universellement » (Kant dira-t-on), mais parce qu’elle me parle à moi, en cet instant, qu’elle me ramène par l’art, par l’artifice à l’essentiel de l’humain. C’est signé BRL et cela n’engage que lui.
Bizarre, je crois que je verrais là, enfant, une sorte de monument aux morts, on me dit des lutteurs, alors je pense au wrestler avec Rourke et la zique du boss, puis à catcheur, catcher, attrapeur, attrape-coeur, Salinger, catcher in the rye, le seigle, le Ségala, Cladel.
Montauban, Cladel, Ingres, mais aussi Bourdelle, monument aux morts encore, http://moulindelangladure.typepad.fr/monumentsauxmortspacif/rgion_midi_pyrnes__/
encore un, juste un corps, gisant, mais pas un gisant, un corps juste, juste seul, http://moulindelangladure.typepad.fr/photos/soldats_agonisants/18_lachapelle_montlinard.html
Les monuments aux morts , comme aussi les stèles funéraires ( et en particulier les inscriptions ,sentences ou messages qui y fleurissent ), méritent en effet une attention digne d’un anthropologue . L’exercice a peut être d’ailleurs été tenté .
Je ne suis pas vraiment sensible au beau par l’entremise de la sculpture, sauf peut être à travers la sculpture africaine , les bois flottés ou des « formes » sculptées par le travail de la nature et du temps ..
Dans ce dernier registre, et comme j’avais encore la chance à l’âge de 8 ans d’aller seul à la pêche dans les gorges de la Loire ( en haute loire ) , en un temps où les goujons y frétillaient gaillardement en nombre dans une eau sans phosphates, j’aimais particulièrement retrouver pour m’y installer , un rocher , en beau milieu du fleuve , qui évoquait , à s’y méprendre , un lion couché , relevant la tête et sa crinière, comme adossé au courant . .
Sur la statue proposée ici , outre qu’une photo est toujours appauvrissante , elle me laisse un peu mal à l’aise , car je ne sais pas si j’assiste à la fin d’un crime , au début d’un geste d’humanité et de secours . Les personnages me sont trop extraordinaires et surdimensionnés . Du talent du sculpteur , je ne reçois que celui très fort , qui lui permet de traduire dans la pierre lourde et massive , la brisure et l’avachissemnt des membres du mourant.
Les » gravités » s’invitent par ce signe , que je peux aussi retrouver dans la série des » montres fondantes et coulantes » de Dali .
Ou dans la contemplation d’un Camembert à point !
On parlait en fait plutôt de montres molles , et le titre original était » la persistance de la mémoire » .
Mémoire , mémoire , vous avez dit mémoire ?
Sculpture en bronze, signée et datée en bas à gauche « 1892 / Bruxelles / Ch.Van Der Stappen », avec à droite l’inscription « Mort / d’Ompdrailles Le / Tombeau Des Lutteurs », sur un socle rectangulaire et profilé en granit d’Écosse par l’architecte Victor Horta, avec inscription « En Souvenir / de / Léon Cladel / créateur / d’Ompdrailles »