SCIENCES PO : RÉPONSE À PAUL JORION, par Dominique Boullier

Billet invité. J’ai modifié la première phrase du billet à la demande de D.B. lui-même.

Lecteur assidu du blog de Paul Jorion, de ses livres, de ses conférences et prof (des universités, c’est-à-dire permanent et non vacataire) à Sciences Po, je me dois donc de réagir aux approximations de certains des commentaires à son Sciences Po et autres symboles d’ancien régime. Oui, Sciences Po fonctionne comme un symbole, et c’est pour ça que tous se jettent sur cet os à ronger du rapport de la cour des comptes. Car je vous invite à aller voir les rapports qu’elle a faits sur les autres grandes écoles, et aussi à observer ce qui se passe réellement dans les universités et vous verrez que les « scandales » de ce type sont légion (ex : décharge horaire de profs) mais personne n’en parle, étonnant, non ? Sauf sur un point qui reste unique, la rémunération de feu son directeur et les bonus. Ce qui a précisément mis le feu aux poudres, il y a un an sur médiapart. Là effectivement, nous avons un symbole de l’intoxication générale des élites de ce pays à cette démesure des rémunérations, à la comparaison à tout prix avec les meilleurs (les plus payés) du monde entier, qui justifie tous ces excès. Pour avoir cotoyé R. Descoings, que j’admirais sincèrement comme un grand visionnaire, j’ai été choqué par cette hubris, et je le lui ai dit, en public d’ailleurs, mais courtoisement, avec amitié, quand d’autres évitaient et évitent encore d’affronter cela en face. Mon diagnostic a été rapidement fait quand j’ai vu la composition de la commission des rémunérations où Pébereau, Schweitzer côtoyaient Ladreit de la Charrière de l’agence Fitch. Tous ces gens vivent dans un autre monde, ont perdu tout sens des réalités en dehors de leur trésor et y ont entrainé Richard Descoings en le persuadant qu’il n’y avait aucun problème à être payé à ce tarif dans un établissement d’enseignement supérieur en grande partie public, puisque l’étalon était désormais les grandes institutions mondiales, voire même les CEO des grandes entreprises, eux-mêmes totalement intoxiqués à la course aux rémunérations délirantes par seul souci de s’étalonner. La folie financière a frappé en effet aussi à la tête de cette école. Et il aurait fallu reconnaitre ces torts immédiatement, supprimer cette commission dont tout le monde ignorait l’existence et renvoyer Pébereau et les autres à leur monde. Si cette dérive fut possible, c’est qu’en effet les procédures ne furent jamais suffisamment claires à Sciences Po et dès mon arrivée j’avais fait des recommandations écrites dans ce sens. Mais allez observer les autres universités ou écoles (et j’ai fait des rapports du même type ailleurs, qui ne servent à rien, c’est vrai) : lorsque les procédures existent, tout le monde prend un malin plaisir à les contourner par des arrangements, qui désagrègent le sens de l’institution. Dans certains cas, on peut le comprendre, car on confond procédure qui possède un sens institutionnel avec la bureaucratie tatillonne, et tous mes collègues universitaires aimeraient avoir la souplesse de fonctionnement que nous permet cette double entité, publique et privée. Mais oui, il faut aussi des contrôles, des gardes-fous et de l’explicitation à tous les étages.

Tout le reste des critiques qui sont avancées n’ont aucun fondement. La sélection sociale fonctionne dans tout l’enseignement supérieur et a précisément été corrigée par le modèle économique original de Sciences Po pour en limiter les effets. Sciences Po bénéficie de droits d’inscription élevés pour ceux qui ont les moyens de les payer et notamment pour les étrangers, ce qui lui permet de générer un système de bourses bien plus important que dans toutes les grandes écoles. La logique de marché n’a pas encore envahi Sciences Po contrairement à la plupart des universités américaines avec la valeur que l’on connait à leurs notes. De plus, Sciences Po offre une formation non centrée sur la gestion, très différente de celles des écoles de commerce et de management qui ont produit la génération de managers qui font les malheurs de nos entreprises actuellement. Mais tout cela ne permet pas d’évacuer notre responsabilité d’enseignants partout où nous sommes, je dis bien partout : comment avons-nous pu contribuer à former des dirigeants actuels aussi bornés, aussi peu visionnaires, aussi avides ? Pour changer cela, nous innovons en matière de recherche et de pédagogie et c’est pour cela que Bruno Latour s’exprime de façon passionnée, car son projet théorique qui nous sortirait des fantasmes modernes débouche sur des méthodes pédagogiques aussi différentes. Et il s’inquiète de voir tous ces potentiels, toutes ces réformes, balayés par cette curée. Si la crise de Sciences Po sert à mettre en lumière cette nécessité d’une profonde refonte de nos méthodes de formation, partout, ce sera déjà un bon résultat qui pourrait déboucher sur une génération qui se défie des promesses fallacieuses des algorithmes financiers et qui veut rompre avec cette économie d’opinion et de prédation. À condition de ne pas se donner bonne conscience en criant avec les loups contre Sciences Po, quand dans le même temps, on fait tout pour y envoyer ses enfants !!

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245 réponses à “SCIENCES PO : RÉPONSE À PAUL JORION, par Dominique Boullier”

  1. Avatar de vigneron
    vigneron

    Merci monsieur Boullier, j’attendais un peu une intervention de votre part, surtout après le papier de Latour. Mieux qu’une intervention vous nous offrez un éclairage, un éclaircissement, une lumière. Les paquebots aspirent et inspirent décidément de drôles de choses lorsqu’ils coulent.

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Oui, au sujet de Bruno Latour, je n’ai pas de recul, et pas de connaissance de critiques dans le monde des Sciences humaines.
      Le fond et la forme sont des plus séduisants (le Cogitamus récent, par exemple).
      Y aurait-il un côté « tout changer pour que rien ne change » ?
      En quoi le type de décalage qu’il introduit ne serait pas une ouverture d’esprit intéressante ?

    2. Avatar de Juan nessy
      Juan nessy

      J’ai aussi plus ( heureusement ) appris en lisant l’intervention de Latour qu’en consultant le site de Sciences Po .

      PS : Vigneron ancien de Sciences Po ?

      1. Avatar de Guy Leboutte

        Vigneron poli en tout cas, inhabituellement poli, et tout d’un coup.

        Pour dire le moins. 😉

      2. Avatar de vigneron
        vigneron

        J’ai de la sympathie pour ce Boullier là, pour ce qu’il dit évidemment, la et ailleurs, ses engagements. La chose est assez rare, certes.

      3. Avatar de Martine Mounier
        Martine Mounier

        @Vigneron

        Ce qu’il dit là ou rien, franchement… Enseigner autrement : non mais quelle blague ! Ce n’est pas d’une énième méthode que l’Université à besoin, c’est de ne pas laisser filer des enseignants sans méthode mais avec un contenu, de l’âme, du courage, un parcours asymétrique, moins de vanité, de curriculum vitae médiatique à rallonge et d’ambition personnelle.

        Sciences Po a gardé Jorion ? Non. Ben voilà, tout est dit.

      4. Avatar de olivier69
        olivier69

        Martine,
        +1

      5. Avatar de M
        M

        … »c’est de ne pas laisser filer des enseignants sans méthode mais avec un contenu, de l’âme, du courage, un parcours asymétrique, moins de vanité, de curriculum vitae médiatique à rallonge et d’ambition personnelle… »

        alors là, bravo, Martine Mounier!

        je me souviens avoir eu entre les mains un bouquin ( un peu compliqué pour moi, mais quand même…) de George Steiner évoquant ce qu’était l’enseignement, la passation ..
        Maîtres et disciples, NRF Essais, Gallimard, 2003
        (titre original : Lessons of the Masters, 2003)

        et petite citation de G.Steiner:
        « J’ai eu de la chance avec mes professeurs. Ils m’ont laissé persuadé que, sous sa forme la plus haute, la relation de maître à élève est une allégorie en acte de l’amour désintéressé. » (Errata. Récit d’une pensée)

        « contenu, âme et courage », voilà ce qui manque actuellement terriblement …mais les enseignants sont le reflet de la société, et vont rarement à contre-courant ( la société est verrouillée)
        nous avons connu des professeurs (assez rares), au collège, au lycée et à la fac, dont le cours était si pleins, et le désir de transmission si fort, qu’ils ouvraient des champs insoupçonnés et infinis … c’était des personnes qui aimaient éveiller l’autre, et qui provoquaient une sorte de jubilation… et non carriéristes ( tout-à-fait libres, au sein même d’un programme ) : reconnaissance éternelle envers ces quelques professeurs … et oui, aussi en cours magistral ( avant 68) : le fond et le contenu était donné, mais ensuite, les questions fusaient collectivement ou individuellement …et il y avait toujours du temps en plus pour les questionneurs … des cineclub organisés le jour de repos, avec conférence avant, et débat ensuite ! …

        mais, encore il y a quelques années, j’ai vu la même passion ( et avec quel art, car les étudiants venaient de tous les champs possibles, et de niveaux différents ) chez des enseignants du C.N.A.M., et la même disponibilité …
        là encore, le C.NA.M., issu de la Révolution Française, lieu d’éducation pour tous ( quel plus bel idéal !) a été pris dans les rêts de TINA …les carriéristes s’y sont immiscés …le pognon règne en maître … les « vrais » enseignants sont en souffrance .

    3. Avatar de David
      David

      Pour avoir suivi les cours de Bruno Latour dans une autre grande école, où son directeur de l’époque faisait figure de précurseur des méthodes d’enseignement de M. Descoings, avant de se retrouver écarté de manière plus diplomatique dirons-nous,

      J’ai retenu deux choses :
      – D’une part que la sociologie qu’enseigne Bruno Latour tendrait plutôt à nous prouver qu’il est illusoire de prétendre réformer de tels paquebots (pour une fois que je suis d’accord avec Vigneron, ça se fête !)
      – D’autre part que les méthodes d’enseignement modernistes qui prétendent imprimer dans le chef des élèves que le monde est plus divers et varié qu’ils ne le croient devraient plutôt viser le corps enseignant et les anciens élèves.

    4. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      Sciences Po n’est pas un paquebot,
      mais une péniche échouée avec l’eau du bain.

  2. Avatar de Marcel Séjour

    Réfutation confuse et inutile, axée fondamentalement autour du « je ne suis pas du même tonneau que les autres et j’ai pris des positions qui le prouvent; donc Sciences Po n’est pas ce que vous dites. » Une argumentation d’assiégé. Vous défendez mieux votre image que celle de Sciences Po. Certains geôliers de la Bastille avaient eux aussi émis des vœux libertaires et de Launay lui même était un bon bougre nous dit on, ce qui n’a pas empêché la forteresse de tomber pour ce qu’elle était, le symbole d’un pouvoir corrompu, élitiste et décadent. Paul Jorion a le mérite de dire et d’illustrer tout ça très clairement. La lucidité et l’audace, bref le caractère survivront à Sciences Po.

    1. Avatar de Aguilulfe
      Aguilulfe

      Paul et son miroir … Vigneron !

      D’accord, pour une fois, tant avec Dr Jekyll qu’avec Mister Hide pour considérer que Science Po (idéalement personnifiée par Descoings) est un symbole et que la vague qui arrive l’emporte(ra), malgré tous les efforts et réformes dont on peut saluer la justesse et/ou bien fondé.

      Il est trop tard maintenant pour corriger le cap, le paquebot continuera sa route jusqu’au naufrage, dans l’illusion d’une conquête encore possible du ruban bleu !

      1. Avatar de M
        M

        mais que dire de l’énarchie ? autre redoutable paquebot …

        le problème n’est peut-être pas telle ou telle école, mais le bain TINesque ambiant, qui a tout contaminé .

  3. Avatar de Bertrand_M
    Bertrand_M

    http://www.sciencespo.fr/content/163/les-unit%C3%A9s-de-recherche
    Parmi ces unités de recherche, il y’en a-t-il une qui ait révolutionné l’exercice du pouvoir en découvrant des « principes », des « méthodologies » qui ne soient pas enseignés ailleurs ?
    La notoriété de science po et le salaire de Mr Descoings est pour le profane parfaitement incompréhensible.

  4. Avatar de Maud
    Maud

    Vous faites référence à l’article de Médiapart et au salaire de R Descoings sauf qu’il n’y avait pas que cela dans les articles concernant l’école mais des dérives généralisées dans les salaires et les primes au-delà de celui de son président et dont seuls certains bénéficiaient.

    Par ailleurs si les droits d’inscription ne sont pas ceux de certaines universités américaines, comme tout est une question de tendance, cela en prenait progressivement le chemin. Les plus prestigieuses et les plus grandes universités américaines, par ailleurs, ne reçoivent rien de l’Etat.

    Pour avoir dans mon entourage des personnes d’un certain âge qui ont fait leurs études à Cornell, elle reconnaissent qu’aujourd’hui leurs enfants vont dans des universités moins prestigieuses, question de moyens tout simplement. Alors oui ces dérives mènent tout droit à conforter une oligarchie qui s’est constituée au cours des 30 dernières années et les statistiques montrent bien que ce sont, toujours et encore plus, les enfants des privilégiés qui peuvent accéder aux grandes écoles en France

    Quant à M Descoings s’il ne voyait pas où l’entraînait son entourage proche, style Pébereau, c’est qu’à l’évidence il manquait d’un minimum de discernement dont devrait être doté tout « grand dirigeant ». Savoir s’entourer, comprendre le sens, le jeu de ceux qui vous conseillent une qualité indispensable pour qui détient un tel poste. Il suffit de voir dans quel état il laisse l’école.
    Désolée d’être sans doute un peu brutale mais vos arguments ne sont pas tout à fait convaincants.

  5. […] Blog de Paul Jorion » SCIENCES PO : RÉPONSE À PAUL JORION, par Dominique Boullier. […]

  6. Avatar de roma

    Que se passe t-il ? Jorion à La NEF ce matin, et maintenant ce billet !
    ( R. Descoings) » grand visionnaire », entraîné par des étalons intoxiqués, l’arbre cachant la forêt
    « Tout le reste des critiques qui sont avancées n’ont aucun fondement » (voyons… puisque les griefs sont répartis dans tous l’enseignement).
    Emile ? Boutmy ? Emile Boutmy ? dans le link du coléreux Bruno Latour ; »Bref, le projet même d’Emile Boutmy (1835-1906), le fondateur de l’école. Ce projet hybride, Richard Descoings était en train de le réaliser, et c’est ce qu’on lui fait payer en accablant sa mémoire et en paralysant sa maison »
    encore un visionnaire, entre visionnaires… (décidément les universitaires semblent écrire de leur vivant même leur nécrologie) qui c’est Boutmy ? l’hégémonie et la reproduction du politique — quel qu’il soit:
    « L’enseignement nouveau s’adresse aux classes qui ont une position faite et le loisir de cultiver leur esprit. Ces classes ont eu jusqu’ici la prépondérance politique, mais elles sont menacées…Contraintes de subir le droit du plus nombreux, les classes qui se nomment elles mêmes les classes élevées ne peuvent conserver leur hégémonie politique qu’en invoquant le droit du plus capable. Il faut que derrière l’enceinte croulante de leurs prérogatives et de la tradition, le flot de la démocratie se heurte à un second rempart fait de mérites éclatants et utiles, de supériorités dont le prestige s’impose, de capacités dont on ne puisse pas se priver sans folie » Cité dans P. Faure, Les sciences d’état entre déterminisme et libéralisme. Emile Boutmy (1835-1906) et la création de l’école libre de science politique, revue de sociologie française, année 1981, volume 22, n° 22-23, p.433.

    1. Avatar de Aguilulfe
      Aguilulfe

      Très bon …. Merci pour cette citation très utile !

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Et alors Leboutte ? T’es pas d’accord pour faire payer leur Sciences-po aux fils de bourges ? T’es d’accord pour qu’les prolos n’y aient pas droit d’entrée mais le devoir de payer les droits d’entrée et donc la reproduction sociale de leurs chefs et de leurs héritiers ?

      1. Avatar de Guy Leboutte

        C’est ça ta synthèse, vigneron ?

        « Je ne suis pas d’accord » avec l’excellence quand elle est synonyme d’exclusion, ni avec la récupération de quelques premiers de classe soigneusement formatés, issus des classes populaires, qui feront office de cache-sexe de la sélection sociale, et deviendront les plus fervents défenseurs de la domination – combine bien connue, quasi universelle. Je ne suis pas d’accord avec le financement public (car malgré des droits d’inscription élevés, science po coûte cher à l’Etat, plus cher par étudiant que les universités), a fortiori si le financement public est structuré sur des prélèvements qui touchent plus durement les plus pauvres. Mais je n’attends rien d’autre de notre période historique, ni des aveugles qui nous gouvernent. Tout cela est profondément cohérent avec ce que j’en sais.
        Le Lotto a été inventé en Angleterre au XIXème par un Rothschild local, pour faire payer par des gens qui ne vont pas au musée, les oeuvres que vont y admirer ceux qui ne jouent pas au Lotto.
        La perfection du capitalisme et la sagesse du législateur, c’est ça.

        Voilà. Je ne suis pas d’accord avec « les fondamentaux » non écrits de la société où je suis né.
        Dans ce sens, je suis un raté de l’école, qui était là pour me mettre « du plomb dans la cervelle ». Et, plus grave, j’ai par la suite moi-même enseigné ou dés-enseigné pendant trente ans. 😉 )

      2. Avatar de Julien Alexandre

        Moi, j’étais boursier échelon 5 quand j’ai fait science po. Ça m’a coûté 15 € je crois le cursus.

      3. Avatar de Guy Leboutte

        Julien, tu as fait science po, ou c’est une plaisanterie qui m’échappe? 😉

        Justement, j’étais en train de me demander qui, parmi les diplômés de cette maison, avait conservé ou conquis une liberté de pensée. Il y en a un prestigieux, c’est Jean Ziégler.
        Julien Alexandre, ça fait deux.
        La chanteuse Camille est-elle libre dans sa tête? D’après vigneron, elle a fait science po.

        Qui d’autre ?

        1. Avatar de Julien Alexandre

          C’est pas une blague Guy. Pour ma défense, j’ai juste fait mon master à Sciences Po, pas le cursus « classique ».

          Dans l’ingénierie du son, il y a un principe très simple appelé « garbage in, garbage out », ce qui signifie que si les enregistrements sont dégueulasses, même le meilleur ingé du monde aura du mal à faire sonner ça comme il se doit. Dans les grandes écoles, c’est pareil 😉

      4. Avatar de vigneron
        vigneron

        Ça coûte cher un étudiant de Sciences-po ? T’es sûr ?

      5. Avatar de octobre
        octobre

        La chanteuse Camille est-elle libre dans sa tête?

        – T’es où là Camille ?
        – Avec Leboutte-en-train !
        (destination inconnue).

      6. Avatar de vigneron
        vigneron

        Pas que Camille, Claudel aussi, Paul bien sûr, pas la frangine Camille. Pis Ferré Léo, Dior Christian, Huppert Elisabeth, Drieu, Généreux Jacques, Gracq Julien, Proust Marcel, Mossadegh, etc, et même le petit Debré Michel.

      7. Avatar de octobre
        octobre

        Pas queue et certainement pas en tête.
        Avec nous.
        D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous …

      8. Avatar de Youbati
        Youbati

        Mon père aussi, même si ça n’intéresse personne. Pour les quelques verres que j’ai réussi à lui tirer du pif, ça lui a pas donné le melon, même s’il est plutôt vieille école. Mais bizarrement, j’arrive à lui parler de Notre Drame des Glandes, de squat, etc.

        Un jour, il s’est excusé pour ce que sa génération (n’) a (pas) fait. Comme quoi même dans un vieux Po, on arrive à faire de la bonne soupe sans trop touiller.

      9. Avatar de FL
        FL

        Faire payer aux parents riches les études des élèves pauvres n’est que de la charité imposée qui justifie tout le reste.
        Vigneron et quelques autres dans ces commentaires, illustrent parfaitement est par conséquent en toute inconscience ce qu’est la violence symbolique.

        La république en France à inventé le principe de la gratuité des études pour tous (payée par tous) et donc de l’égalité des chances pour tous (en principe) y revenir, en l’occurrence y venir pour Science Po, serait d’une telle force symbolique…
        Mais je rêve, la république, la liberté, l’égalité, la fraternité, c’est vieux tous ça, c’est pas moderne c’est pas pas mondialisant et encore moins globalisant…

      10. Avatar de vigneron
        vigneron

        FL, vous le faites exprès ou vous comprenez vraiment tout à l’envers avec le plus grand naturel ?

      11. Avatar de VV!!
        VV!!

        @Guy Leboot

        Qui d’autre ?

        Ekoué de La Rumeur :

        http://www.youtube.com/watch?v=mzbF5G76hNA

        « Ekoué est titulaire d’une maîtrise en Sciences Politiques, d’un DEA en Droit public et a soutenu une thèse sur « l’abstention dans les zones urbaines sensibles »2. Il est également diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris. » Wikipedia

      12. Avatar de Guy Leboutte

        @ FL: évidemment. Charité, charité, Rotary and cy.

        @ Vigneron: ce qui m’intéresse, c’est les esprits plus ou moins libres sortis de SciencesPo. Donc Debré et Drieu, j’oublie. Je ne connais pas plus hypocrite que Debré. Son niveau d’argumentation dans certaines questions éthiques est du troisième sous-sol.

        @ VV!! : ça, ça me plaît !

        …Sans ignorer qu’après avoir écrit La servitude volontaire, le Boétie a passé sa vie au service du roi.

      13. Avatar de Guy Leboutte

        Youbati, vous avez tiré des verres du pif de votre paternel ?
        Bien sûr que c’est difficile, je vous félicite !
        Tirer des vers, déjà …

        😉 Cordialement.

      14. Avatar de roma

        @ Guy Leboutte 30 novembre 2012 à 12:57 Le Discours eut à attendre 11 ans pour être publié… et se prête toujours à être si mal entendu; Montaigne ne tint pas sa promesse d’inclure le Discours dans l’essai De l’amitié, ceci afin de n’avoir pas à se défendre de la censure et des persécutions protestantes. Et // au Discours Montaigne se nourrissant de la bibliothèque de La Boétie dans les Essais note « Ce que je ne puis exprimer, je le montre au doigt: Verum animo satis hœc vestigia parva sagaci / Sunt, per quœ possis cognoscere cœtera tute [« Mais ces breÌ€ves indications suffisent à un esprit pénétrant, à leur lumieÌ€re tu pourras découvrir le reste par toi meÌ‚me. » (Lucr., I, 403) De l’amitié: III, 9, 983.

    2. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      Faire rempart au « flot de la démocratie », selon les versaillais,
      au lendemain du massacre de la Commune.
      Le Sacré Coeur sur les hauteurs du Ciel
      Sciences Po pour les basses oeuvres…

      C’est ainsi que même à Sciences Po, en Mai 68, la jeunesse,
      dont presque toutes les générations expriment, chacune à sa façon,
      la soif de liberté de la Commune,
      a débaptisé l’amphi Emile Boutmy
      pour lui donner le nom de Louise Michel !

      Le premier est enterré avec Thiers
      La seconde durera sacrée dans les coeurs !

    3. Avatar de Enrique
      Enrique

      @ Guy Leboutte

      « Justement, j’étais en train de me demander qui, parmi les diplômés de cette maison, avait conservé ou conquis une liberté de pensée. Il y en a un prestigieux, c’est Jean Ziégler.
      Julien Alexandre, ça fait deux.
      La chanteuse Camille est-elle libre dans sa tête? D’après vigneron, elle a fait science po.
      Qui d’autre ? »

      REPONSE :
      Anne Roumanoff
      François-Xavier Demaison

      …mais il y en a a sûrement d’autres.

      1. Avatar de Bertrand_M
        Bertrand_M

        @Julien Alexandre :
        Garbage in, Garbage out sont des foutaises une fois qu’on a entendu Dominique Blanc Francard aux manettes (les aficionados des Enfants du Rocks pourront comprendre). J’ai vu de mes yeux vus ce Monsieur mixer au studio Plus XXX. Le Garbage in est mixable à partir du moment ou une piste en line in (et au moins une) est synchro avec le tempo. 🙂
        Je tiens DBF pour un véritable génie !

  7. Avatar de Contempteur
    Contempteur

    J’aimerais voir la réponse de l’Université, si ringarde, si peu dotée, si avare en pédagogie et profs de qualité et si peu accueillante aux élèves de tous horizons, surtout défavorisés…

  8. Avatar de Tolosolainen
    Tolosolainen

    Moi aussi je trouve la réponse de M. Boullier intéressante et utile. Encore une fois ne nous laissons jamais enfermer dans les dictats, les vindictes. L’article de Paul était plus général sur les « lieux de pouvoir » ; M. Boullier répond en précisant des points à ne pas oublier et nous en tirons tous des éclairages plus enrichissants. C’est un débat.
    Un point me parait très fondamental : un professeur de Sciences Po lit le blog et les livres de Paul Jorion et a le panache de le faire savoir, sans pseudo. Quand on voit la hargne de certains universitaires envers les pensées novatrices comme celles de Paul il est quand même fort de voir ça! On peut en fait être optimiste sur la diffusion des idées de Paul !

    1. Avatar de Kaiel

      Je suis plutôt du même avis que vous Tolosainen.
      Et puis je tombe sur cet article et je découvre que le grand coupable c’est le net 😉
      La vidéo vaut son pesant d’or!

    2. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      @Tolosolainen

      A-t-il vraiment lu le blog, et qu’en a-t-il pensé ? Ce genre de remarque lui rapporte de la sympathie c’est la seule chose de sûre. Le reste..

      1. Avatar de vigneron
        vigneron

        Pauvre, pauvre, pauvre, pauvre Liszrfr.

      2. Avatar de M
        M

        A-t-il vraiment lu le blog

        en fait, non ( enfin pas forcément ), mais c’est Vigneron ( toujours dans le sein des seins, et dans les cerveaux des zélites) qui l’a prévenu de l’ »attaque » en loucedé !

      3. Avatar de Lisztfr
        Lisztfr

        Pour en terminer avec cette triste affaire, bientôt on préférera Mantes-la-Jolie comme référence que Science Po sur le CV.

        On mesure un enseignement à ses résultats. Les résultats de Science Po ne sont guère brillants c’est le moins qu’on puisse dire, au contraire !

        Ils ont un petit entraînement à la méthodologie sans doute, et on leur dit comme on me l’a dit à Nanterre fac respectable, qu’il faut toujours avoir une réponse prête et qu’il faut être brillant. La belle affaire, ce ne sont pas des chercheurs au fond, puisqu’ils sont aux antipodes du marxisme et sont en plein dans l’idéologie fallacieuse dont la crise actuelle prouve le manque de pertinence ! Le marxisme avait plus de perspicacité concernant l’analyse sociologique de la société.

        Je considère l’enseignement de Science Po au vue de ses résultats sur ses élèves, au vue de ses postulats imprégnés de déni de la réalité comme catastrophique ! C’est effectivement une secte qui a pignon sur rue, c’est tout ! Ils me font pitié ok ? Comme Dauphine.

  9. Avatar de Moi
    Moi

    « eux-mêmes totalement intoxiqués à la course aux rémunérations délirantes par seul souci de s’étalonner »

    Ils ont aussi grand souci d’étalonner leurs salariés entre-eux. Pas vers le haut, certes. 🙂

    Peu importe la justification de ce phénomène, le mérite et autres conneries; il n’a pu se développer que grâce à ceci: « À condition de ne pas se donner bonne conscience en criant avec les loups contre Sciences Po, quand dans le même temps, on fait tout pour y envoyer ses enfants !! ».

    Gaffe au retour de bâton lorsque la classe moyenne aura perdu l’espoir d’y voir ses enfants…

    1. Avatar de Au sud de nulle part
      Au sud de nulle part

      J’comprends pas, riche ou pauvre, qui peut avoir envie d’envoyer ses gosses là dedans ? Là sérieux, ça m’échappe complètement. Qui peut avoir envie de voir ses gosses sortir lobotomisés de leurs études (Camille a l’air très gentille) dans le meilleur des cas ou transformés en chiens de garde de l’ordre établi (Pujadas est un gars super sympa en privé il paraît) dans le pire des cas.

      1. Avatar de Oyantais
        Oyantais

        On fait comme on peut, avec les moyens du bord.

  10. Avatar de kiki
    kiki

    Ce que je trouve marrant, c’est qu’on veut nous faire croire qu’à Sciences Po le but est de former des questionneurs, des gens qui aiment réfléchir etc alors qu’il ne s’agit que d’une couveuse à élites, de reproducteurs conservateurs issus de tous les milieux mais formés à la même doxa. Quel intérêt ? Qu’ont produit les élites ? N’importe quel boucher charcutier avec 35 ans de métier en sait plus que n’importe quel cacique de Sciences Po. Vous reproduisez et vous frimez avec la culture générale. Quel intérêt ? Qu’y-a-t-il ? Reveillez-vous, engeance…

    1. Avatar de Akiragt
      Akiragt

      Je me reveille … Hein? Pour quoi faire? Nannnn je vais dormir. Quelle chasse aux sorcières!
      Bizarre …mais bon comme dirait l’autre – et la tendresse bordel!

      1. Avatar de timiota
        timiota

        Et la tendresse, Braudel

    2. Avatar de rha61
      rha61

      je me souviens d une émission hebdomadaire de Paul Amar en direct de Sciences Po ( rencontre entre les élèves et une personnalité )
      les questions des élèves étaient d’ une fadeur abyssale , rendant l’émission consternante

  11. Avatar de Sylvain
    Sylvain

    Votre billet débute sur un formidable « C’est pas pire qu’ailleurs! » – ça la fout mal pour une école qui se targue de sa place près du sommet de la hiérarchie des institutions de formation au pouvoir.
    L’Elite est aussi plongée dans la vase que les improbables magouillards des universités provinciales (pouah!), mais en plus elle se sucre (avec les pincettes le sucre).

    l’étalon était […] même les CEO des grandes entreprises

    C’est qu’il faut tout de même bien arriver à garder en poste les pantins qui fourniront les prochains contingents de petits soldats du néo-facho-libéralisme! Sinon, eh bé eux aussi ils vont vouloir rejoindre le cac 40!

    les procédures ne furent jamais suffisamment claires à Sciences Po

    O, être une mouche sur le mur de l’amphi le jour du cours sur la (re)régulation. Je note au passage que vous concédez que le sens de cette institution est « désagrégé ». Mais c’est pour mieux vous vautrer immédiatement après:

    « Dans certains cas, on peut le comprendre, car on confond procédure qui possède un sens institutionnel avec la bureaucratie tatillonne »

    Suis-je donc crétin, mais bien sur… on peut comprendre.. que l’institution est vendue au libéralisme déréglementé sans en avoir l’air.

    Mais oui, il faut aussi des contrôles, des gardes-fous et de l’explicitation à tous les étages.

    L’argument transparaît seulement comme une arrière pensée, teinté d’agacement, dans cette conclusion. Venant d’un prof à Science Po je reste sur ma faim

    Tout le reste des critiques qui sont avancées n’ont aucun fondement

    Pas besoin de 6 caisses de critiques pour poser et remporter l’argument. Une seule et infime paille dans le moteur suffit à produire l’explosion en vol.

    La logique de marché n’a pas encore envahi Sciences Po

    Tout à votre tâche de modelage cérébrale de l’infanterie libérale, votre nez ne dépasse plus du guidon: vous ne proposez pas ni ne vendrez jamais une opportunité de formation aux étudiants en mal d’enseignement de qualité, puisque vous sélectionnez exactement qui vous voulez selon des normes intellectuelles déterminées par la classe sociale de vos étudiants. Votre concours d’entrée est une épreuve en bienséance atlantiste, un thème en novlangue (je préfère l’original « doublespeak » qui rend mieux l’attitude schizoïde de déni du réel à adopter par les candidats). La sélection sociale fonctionne exactement comme vous le souhaitez. Qu’on me montre un seul étudiant de Science Po issu d’une famille ouvrière.

    comment avons-nous pu contribuer à former des dirigeants actuels aussi bornés, aussi peu visionnaires, aussi avides

    La réponse autour de votre nombril.

    Hier on m’a rappelé le sage proverbe chinois selon lequel le poisson pourrit toujours par la tete. J’ajouterai que l’eau renversée est difficile à rattraper.

  12. Avatar de edith
    edith

    Je suis tout à fait d’accord sur la conclusion de Paul Jorion, parce qu’elle s’appuie sur un constat.
    Celui de l’échec de la loi des marchés, base de tout enseignement économique et politique ici ou ailleurs.
    Comment refuser de voir que l’enseignement que l’on y prodigue a été une véritable catastrophe une fois mis en pratique.
    Les autres vont suivre.

    Les explications subjectives ne feront jamais le poids face à l’expérience.

    Sciences Po et ses excès, ayant exemplifié à la perfection la logique de marché envahissant tout, jusqu’à l’intimité du foyer devenu lieu de maximisation tous azimuths du « capital humain » : productivité de l’épouse, rentabilité des enfants, puis prenant pleine possession du domaine de la connaissance et évaluant chacun de ses articles à son prix marked-to-market, autrement dit son « prix à la casse », et selon la volatilité capricieuse que lui imposent les spéculateurs de la mode médiatique, Sciences Po, dis-je, était marqué du sceau de l’infamie qui en ferait la première victime destinée à tomber. Paul Jorion

    1. Avatar de roma

      Dominique Boullier en recyclage aux enchère sur Ebay
      + sérieusement
      Extrait du texte du commentaire de Pierre Legendre du film documentaire de Gérald Caillat (82 mn – 1999) Conçu avec Pierre Legendre et Pierre-Olivier Bardet (ARTE Éditions / Editions Mille et Une Nuits)

      Partout sur la planète, se répète l’immuable scenario qui porte le pouvoir. Il faut du théâtre, des rites, des cérémonies d’écriture pour faire exister un État, lui donner forme, en faire une fiction animée.
      Le fonctionnement de l’État en France suppose la foi en l’Administration, une foi de l’espèce catholique. Cette histoire-là a produit un style d’emballage du pouvoir, un mode d’emploi des mots – les mots qui sont, partout sur la planète, l’outil premier du gouvernement efficace. Pays inventeur du mot Bureaucratie, la France a une longue mémoire étatique.
      Ici comme partout, l’État est une apparence. Le mur d’ennui, à l’abri duquel s’exerce le despotisme ancestral des paperasses et du guichet, est la façade d’un monde féodal indéfiniment modernisé.

      Mais voici le Nouvel Age. Il prêche le gouvernement mondialisé, transparent, guéri de la politique. Il voit les États comme des prothèses d’infirmes. Il veut la Grande Machine à gérer, scientifique et conviviale, l’idée ultramoderne du pouvoir automate.
      L’ENA est le mémorial de la France. Les Enarques chapeautent les montages de la vieille Bureaucratie patriote. Ils ont en charge d’adapter aux temps ultramodernes la bâtisse historique.

      L’ENA est-elle l’équivalent d’un ordre de managers, ou dans la tradition française de l’État catholique une sorte de Compagnie de Jésus laïque et ouverte aux femmes, ou encore si vous préférez, un consortium de techniciens d’élite au service de l’Intérêt français majuscule?

      L’ENA est d’abord une pépinière du pouvoir, elle fabrique des produits semi-finis. “L’État jardinier” sélectionne des plants. L’École se charge de les repiquer dans l’Administration active, sur le modèle de l’Église ou de l’Armée. Là, l’Enarque va s’implanter, produire les fruits du pouvoir, qu’on appelle en France le service de l’État.

      Le candidat change de peau. Ayant franchi les obstacles, il se voit et voit le monde autrement.

      Il va travailler à ressembler. Le territoire est une traduction politique, car il est d’abord, comme disait l’art de la Renaissance, le portrait de la Terre, une Image monumentale, où l’homme cherche à saisir ce qu’il y a de plus humain pour l’homme, une ressemblance avec lui-même.
      Voilà pourquoi le territoire est un matériau vivant des Administrations, l’espace où se déploie le rapport de pouvoir, un rapport qui touche à l’identité.

      Le territoire est une humanité mise en forme, qui fait corps avec des lieux, les déchiffre, les habite. Les paysages sont le Miroir des populations,,car la géographie témoigne de la plus ancienne écriture du Monde, à travers laquelle nous cherchons un monde à notre ressemblance et qui nous parle.

      Administrer la France veut dire d’abord conserver le Miroir. Qu’est-ce que la vie et les histoires de vie pour l’Administration ? L’Administration est un
      montage, qui doit se mettre en scène pour fonctionner au jour le jour. C’est la condition pour qu’elle trouve crédit auprès des sauvages que nous sommes aussi, et pour qu’elle encaisse le nouveau, à défaut de maîtriser l’avenir. L’Administration est le grand théâtre des incertitudes, où le futur se joue en abattant d’abord les cartes du passé.

      La France a tout expérimenté depuis sa Révolution, les régimes les plus contradictoires, pour aboutir à la République parlementaire. Mais aussi, la France a inventé une forme de centralisation, l’atout politique toujours en réserve, qui a modernisé une partie de l’Europe et s’est exportée hors du continent.
      À quoi servent aujourd’hui ces souvenirs ?

      L’avenir des Enarques sur la scène internationale est de parler avec la longuemémoire. Un empire fait toujours retour sur le conquérant, il lui renvoie l’image qu’il n’attend pas. L’Afrique d ’aujourd’hui renvoie aux conquérants l’énigme. Bouleversée, rescapée du naufrage colonial, l’Afrique nous tend le Miroir, l’éternel instrument des relations humaines. Que fait l’Administration française de son image dans le Miroir africain ?

      La force d’un lien politique tient au destin des images. Il faut que l’autre nous ressemble. L’ ingérence sous toutes ses formes et les propagandes médiatiques sont l’exacerbation de cette vérité. La France est une certaine manière de vivre le rapport politique : l’État patriote table sur la délégation venue d’en-haut, à la fois pour négocier le consensus sur place et pour
      transmettre les ordres avec la rapidité, disait t-on, du “fluide électrique ”.

      Qu’est devenue cette alchimie ?

      Le Conseil d’État n’est pas seulement leconseiller des gouvernements, il est aussi un Tribunal suprême, capable de faire reculer les gouvernements et les Administrations.

      Mais pourquoi cette Justice spéciale ? Souvenons-nous des suites de la grande querelle qui ensanglanta le continent : oui ou non, y a-t-il un pape pour juger le pape ? En langage politique moderne : y a-t-il une autorité qui puisse juger l’autorité ?

      Les Français exploitent leur passé religieux et monarchique, à condition de le masquer. Et le Conseil d’État est, comme la Curie du pape, l’un des piliers porteurs qui font tenir l’édifice…

      Comprenons-nous la désespérance, l’ampleur de la dévastation, qui touche les générations appelées à vivre sous l’État désemparé, ceux à qui l’on fait croire qu’il n’y a plus de destin ?

      Que se passe-t-il dans le vieux jeu de la province, mûri sous les tutelles et les contrôles, monarchiques ou républicains ? L’État se retire t-il du local ou fait-il semblant ?

      La France a son style ; elle tient magasin de discours militants au choix, mais il y a l’Administration, l’arrière-boutique où s’aménagent les compromis, et ce récent chef d’œuvre : la centralisation qui décentralise.

      Mais, malgré les discours bénisseurs de la décentralisation, le fantasme que la France ne tombe en morceaux est là, sourdement à l ’œuvre : l’idée fédérale reste incompréhensible.

      On croyait que les jésuites explorateurs avaient importé en France d’Ancien Régime l’idée chinoise de fonction publique. Cette Chine imaginaire, avec sa passion des écrits et ses étages hiérarchiques, nous enseigne sur quelle base d’humanité un système cherche le contact : trouver dans l’étranger quelque chose de lui-même.

      Aujourd’hui, l’idéal du monde démantelé prêche l’abolition des vieux scenarios institutionnels, sauf un : le modèle d’organisation à l’américaine. C’est à cela que se reconnaît un empire, à la volonté de tout recouvrir sous la chape de plomb de son discours unificateur et à la capacité de solder les comptes par la force.

      La course des États est une histoire géologique, une accumulation de sédiments. La guerre d’anéantissement, puis l’invasion de l’économie, ont changé la face du monde. Les vieux Etats ont survécu en se livrant à la diplomatie généralisée. Mais les Affaires Etrangères, les Relations Extérieures ne sont plus ce qu’elles étaient, car la négociation est devenue la grande affaire intérieure des Nations d’Occident, le nouvel art de gouverner.

      Serait-ce que chacun est devenu étranger à tous, ou que, dans la société compétitive, chacun est en guerre avec tous?

      Un évènement formidable a eu lieu : la mise en vente des méthodes d’Administration par le marché du Management. Produit du gouvernement industriel à la mode occidentale, ce bouleversement des mœurs politiques est devant nous, massif, ressenti comme un coup porté à l’échafaudage des États.

      L’économisme triomphant renoue sans le savoir avec l’ancienne formule politique du christianisme d’Occident : “l’Église n’a pas de territoire”. Que le Dieu contemporain soit l’ Argent n’a pas changé la revendication impériale de l’Occident. L’intégrisme libéral fait écho au soubassement religieux.

      Dans ce contexte de propagande, l’ENA s’aligne sur la consigne sociale de ne pas rater le coche du progrès, en s’adaptant au plus vite.

      Y a-t-il une science pour administrer, à l’ère du Management ?

      Ne pas penser, ne pas trancher, produire le savoir en gros ou l’importer, d’Amérique si possible, le diffuser par des filières de détaillants, écoles spécialisées, universités : serait-ce aujourd’hui le fin mot pour moderniser nos abords du volcan mondial ?

      L’économie et ses annexes, sociales et militaires, tiennent le haut du pavé. Les techniques de la gouvernance d’entreprise font miroiter la convergence rationnelle des modèles nationaux. Des colloques étudient la gestion à la japonaise, on explore Toyota et le toyotisme.

      Pourquoi, dit-on, ce qui a réussi à la General Motors ne conviendrait-il pas à la République ?

      L’invention européenne de l’Etat a un sens au-delà des techniques économiques. On aura beau user d’arguments de marché, le fin fond d’une Administration relève d’un commerce autre que commercial.

      Le non-évaluable, le non-négociable, émergera comme il pourra, quel qu’en soit le prix en inhumanité.

      (…)

      L’humanité n’est pas une foule d’individus, un amas de réseaux, mais une pluralité de systèmes généalogiquement organisés.

      Les Etats ont valeur de Totem, parce qu’ils ont vocation à porter l’emblème de la Raison au coeur des sociétés. Mais qu’un Etat ait valeur de Totem réveille la peur des mauvaises rencontres, qui contrediraient l’objectivité scientifique, si chère aux Occidentaux.

      Où en est le grand jeu des croyances, la “foi en l’Administration” ?

      Entrer, se mouler, se classer. La liturgie égalitaire ne peut exprimer la passion individuelle de s’approcher du pouvoir et d’y conquérir une place.

      Le geste sûr d’une organisation, c’est la patience, pour balayer les hésitants, transformer l’élan de la jeunesse en bons sentiments, œuvrer par la langue de bois de l’optimisme.

      Ce qui fait qu’une machinerie de hauts fonctionnaires est bien huilée, c’est que chacun, conformément au Pacte, affiche qu’il croit à la Cause, c’est-à-dire jusqu’ici en France à la Cause de l’État majuscule.

      Mais à quoi faut-il croire, quand les sociétés se défont, quand les nouvelles générations sont saignées à blanc par la perte des repères ?

      L’ ineffaçable nostalgie des lieux et des emblèmes, mais aussi l’immobilité du temps qui fait croire à l’immortalité, c’est le signe, toujours en vie, de ce que l’Occident appelle Nation.

      Mais l’État vertical a cessé d’éblouir. Et voici qu’à la place divine brille l’Économie. Que sont devenus les scénarios de l’amour politique, les collages de la passion religieuse, l’allégeance aux images qui ont fait vivre le lien d’État ?

      La capacité d’évoluer à travers la conservation a-t-elle touché à sa limite ?

      Et s’il n’y a plus de Nations, pourquoi y aurait-il des fonctionnaires ?
      Quelle France va succéder à la France ?

      8 ans plus tard réalisation de
      L’empire du management 1/2

      1. Avatar de edith
        edith

        merci Roma,

        je viens de lire ce constat de Pierre Legendre.

        J’édite et prends le temps de bien approfondir ces sujets combien essentiels qu’il soulève.

        A première vue, je pense qu’il est en plein dans le mille quand il soulève les gros travers tant d’un côté que de l’autre, qui nous amènent là où nous sommes, c’est à dire le vide sidéral.

      2. Avatar de jeanneR
        jeanneR

        @ roma : auriez-vous la réf mille et une nuits ou le titre exact ? merci
        Je conseille claude-henri de saint-simon ( le cousin du Duc) avec la parution de l’édition-critique
        aux PUF ,très bel objet !

      3. Avatar de roma

        @ JeanneR : « Miroir d’une nation, L’Ecole Nationale d’Administration » Pierre Legendre, 1999, éd Mille et une nuits, La Petite Collection, 2,60 € !!

      4. Avatar de Dominique Boullier
        Dominique Boullier

        Merci d’avoir cité Pierre Legendre qui est une de mes références depuis « l’amour du censeur » (ce qui fait ^plus de 30 ans!) et qui me sert à enseigner la critique du management (oui, à Sciences Po qui n’est précisément pas une école de management, c’est cela qu’il faudra comprendre si les commentateurs de ce blog veulent bien faire la différence…). Mais tout le modèle qu’il décrit a été porté au paroxysme avec l’avènement de la finance avec la formation de grands prêtres des ratios prêts à sacrifier tout ce qui met en travers de leur route (salariés, sous traitants, innovation, etc..). Sans oublier qu’ils sont devenus intéressés directement via leurs bonus (tiens , encore) et stock options au mouvement de la valeur pour l’actionnaire. On ne parle pas assez de ce changement de camp des managers captés par les actionnaires alors que jusqu’au début des années 80, ils avaient précisément pris trop de pouvoir. Les détacher à nouveau, en interdisant tout stock options et autres bonus, en plafonnant leurs rémunérations les feraient revenir sur la terre des salariés….

      5. Avatar de Contempteur
        Contempteur

        Dominique Boulier peut aussi descendre de son cheval et arrêter de prendre les forumeurs pour ce qu’il ne croit pas être.
        Sces-po, quelque soit l’avis de ce Môssieur ne fait rêver que l’élite ultra-libérale et elle paricipe de la démolition de la valeur cardinale de la République, l’égalité des chances/égalité de moyens et et de traitement des citoyens.

  13. Avatar de dissy
    dissy

    Europe (UE) : La fabrique de pauvres. 11 millions en Allemagne, 9 millions en France. http://bit.ly/SsT0ZA

    11 millions en Allemagne, 9 millions en France : c’est le nombre de personnes, comprenant de nombreux enfants, qui vivent en dessous du seuil de pauvreté dans ces deux pays, pourtant parmi les plus riches d’Europe.

    En Allemagne, des mères de famille jonglent entre des allocations chômage dérisoires et des “minijobs” à 400 euros. En Espagne, les services sociaux sont asphyxiés par la baisse des crédits et des familles endettées se retrouvent à la rue alors même que les banques ne parviennent plus à vendre les logements vacants qu’elles ont saisis.

    Cette misère n’est ni un choix ni une fatalité. Elle est le produit d’un changement de paradigme économique et politique ayant débouché sur un nouveau système.

    Autant de témoignages qui illustrent une pauvreté “héritée” dès l’enfance et le sentiment d’impuissance et de honte de ceux qui en sont victimes. Sociologues et politologues mettent en garde : dans des sociétés européennes “en situation d’urgence”, le démantèlement de l’État providence pourrait bien être une bombe à retardement.

    http://videos.arte.tv/fr/videos/la-fabrique-de-pauvres–7075488.html

  14. Avatar de Ando
    Ando

    Ce qui semblait vraiment définir l’IEP de Paris il y a quelques années ne résidait pas dans la qualité de l’enseignement, assez convenu et « académique », peu créatif, mais bien plutôt dans l’apprentissage d’un certain type de discours, normé, se voulant efficace, politique..

  15. Avatar de gilloox
    gilloox

    Non Tolos, P.Jorion n’est pas visionnaire mais à simplement du bon sens!
    ———————————————————————————

    Pour ce qui concerne M boullier L’analyse me semble pertinente mais c’est eux qui ont formés nos politiciens dont la couardise et l’âpreté aux gains est devenus la norme.

    Le sens de l’état? =0
    Ou sont les anciens commis de l’État qui prenaient à cœur le service de la nation? Mort!

    Ceux qui sortent de l’ENA et qui nous coutent la peau des fesses ne pense qu’à une chose.  »Comment rendre service à l’entreprise qui m’emploiera dans quelques années’ pour un retour gratifiant.

    Je ne le supporte plus!!!

  16. Avatar de justebienlibre
    justebienlibre

    Science pot pot ; c’était pas pour moi, pour x raisons qui me sottent aux yeux à la découverte du logarythme népérien, il fût un temps; une école inaccessible.
    Impossibilité de devenir une sorte de chose ridicule sans en sortir dirons je!
    Donc plaisir de vous en voir vous enorgeuillir …..
    remuais ,re muet,quelques sous et science chance devrais finir en sciences caca.

    1. Avatar de jeanneR
      jeanneR

      @justebienlibre . Voyons , c’est de la nov’langue , une bonne blague, ou de la pensée libérale ???

      1. Avatar de justebienlibre
        justebienlibre

        L’escargot de la vie contient énormément de réponses, et donner avec certitude le moment où la carapace doit s’arrêter pour échanger avec les autres ou ce qui l’entoure devrais, peut être,être le chemin à copirighter.Afin que l’élite se définisse la limite acceptable pour qu’un être vivant ne se pose pas la question de la finalité de la propriété sans se poser la question de sa liberté!
        Pour ma part j’ai plutôt l’impression qu’ils ont pris comme model le serpent.

  17. Avatar de Garde CH
    Garde CH

    Pourquoi tant de haine pour le carabin qui pose le bon diagnostic :  » l’intoxication générale des élites  » . Parce qu’ensuite , il n’ose amputer . Ainsi périt Louis le quatorzième entrainant avec lui ses ors et ses pompes .

  18. Avatar de Au sud de nulle part
    Au sud de nulle part

    Personnellement je trouve que Sciences Po mérite d’exister ne serait ce que pour la valeur de son centre de recherches politiques, le CEVIPOF. J’adoooore Pascal Perrineau, ses analyses si éclairantes et puis il est si beau à « C dans l’air ».

  19. Avatar de Un lecteur
    Un lecteur

    Quand une civilisation bascule dans l’adoration du veau d’or, tout le corps social est déjà gangrené. Les blancs de l’échiquier ont depuis longtemps plus de pions, les cavaliers ont vendu leur monture, les fous ont investi la tour qui s’embrase sous le regard hagard du roi nu et de la reine un peu marquise pour le coup.
    Echec et Matte. Si on jouait à autre chose maintenant !

  20. Avatar de Ulysse
    Ulysse

    Vous citez des noms que j’ai bien connus : Schweitzer (homme de gauche), La Charrière (plutôt pas de gauche) que j’ai côtoyés au CA de Renault (administrateur salarié). Leurs talents sont évidents, tant en stratégie que finance. Ils méritent certainement leurs parcours d’exception. Mais un trait de ces personnages m’a frappé : leur rapport personnel à l’argent. No limit. L’idée que leur valeur personnelle mesurée en termes de revenus puisse être bornée leur était étrangère, sinon insupportable. Dans leur petit monde, ils étaient bien placés pour savoir que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, mais leurs revenus, juste mesure de leurs talents, pourquoi pas ? Le jour du vote de la part variable de Schweitzer, de l’ordre de 1 M€ si je me souviens, j’avais voté pour le maxi, mais avec un commentaire : OK pour la performance, mais certainement pas pour le pactole associé. Il a rigolé, un peu nerveusement. Je dois reconnaître que ces hommes ne font pas exception. Durant toute ma carrière, personne ne m’a jamais dit être trop payé, au contraire. Moi-même … Misère humaine, misère de l’économie.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Ulysse,

      Durant toute ma carrière, personne ne m’a jamais dit être trop payé, au contraire

      Votre carrière peut-être, mais étonnante cette faculté d’oublier les contre-exemples pourtant emblématiques comme le cas de Gallois qui demandait à toucher son « modeste » salaire de patron Sncf (180 000 euros par an) lorsqu’on l’a appelé au chevet d’EADS. Il a bien du se plier aux exigences de la caste, à celles de Renders et aux obligations statutaires de rémunérations hubriesques/ubuesques…
      http://m.20minutes.fr/economie/401864-Economie-Le-president-d-EADS-Louis-Gallois-ne-veut-pas-gagner-son-million.php/

      1. Avatar de Juan nessy
        Juan nessy

        Certes , et j’en connais qui , par conviction, ont préféré resté dans la fonction publique plutôt que de succomber aux sirènes des salaires du privé.

        Ce sont souvent les mêmes qui ont été éjectés ( en fait mis sur la touche jusqu’à l’écoeurement et la retraite), honteux fainéants rétrogrades, par la machine à « simplifier » la fonction publique , en dehors de tout projet politique démocratiquement ( soit , éclairé sur les enjeux , les avantages et inconvénients )valide et réellement partagé .

        Ceci étant , la remarque d’Ulysse reste très majoritairement vraie , qu’elle concerne des gens » de droite » ou  » de gauche » , du privé ou du public .

        Pour la même cause que celle qui fait que notre société et les jeunes parmi elle , pensent que la réussite c’est d’abord et avant tout possèder .

        Le tout inscrit dans notre Constitution en son article qui fait de la propriété une  » valeur » sacrée .

        A Sciences Po , en France et de par le monde , il n’y aura rien d’humainement joyeux et de  » bon temps » , tant qu’on n’aura pas disséqué et redéfini la  » propriété » .

        Ce jour là , en retournant sur le site de Sciences Po , j’y trouverai peut être la définition de  » sciences politiques » et j’y lirai le terme  » Ethique » .

      2. Avatar de vigneron
        vigneron

        Juan,

        Pour la même cause que celle qui fait que notre société et les jeunes parmi elle , pensent que la réussite c’est d’abord et avant tout possèder.

        c’est faux, tout simplement et bien évidemment faux. Et insultant « par-dessus le marché ».

      3. Avatar de Juan nessy
        Juan nessy

        Simplement , évidemment , et sans insulter quiconque , je persiste à prétendre que la  » vraie » cause de nos impasses ,est dans la sacralisation de la propriété .

        Il me semble que le « propriétaire » du lieu est aussi un peu de cet avis .

      4. Avatar de Lisztfr
        Lisztfr

        @Juan nessy

        Exact, il y a une véritable crispation autour de la propriété, ici. Et tout cela en vain ! peu importe à qui appartient ceci et cela. Au Burundi (mon agent spécial se trouve là bas) , ils n’ont que la terre rouge gorgée de pluie et la verdure luxuriante, les collines, les cabanes…

        Pierre Bourdieu (moqué « bourdivin » à FR C) dans sa théorie des champs crée un impensé autour de la notion du don, une pratique altruiste sans gain symbolique, au fond sa théorie est une extension du mantra capitaliste, mais visant les capitalistes en priorité. Il décrit ce qu’il voit;

        Je suis sûr qu’on lit trop Bourdieu à Science Po d’où les déboires en série.

        Peu importe à qui appartient quoi, les parents donnent aux enfants de toute façon ce qu’on donne, un autre en fera bon usage.

      5. Avatar de vigneron
        vigneron

        T’échappe pas Juan, tu causais pas institutions mais bien « réussite d’abord et avant tout » dans la possession pour les jeunes. Tu causais pas bien sûr de tes petits enfants si bien éduqués.

      6. Avatar de Juan nessy
        Juan nessy

        Echapper à quoi ?

        Quand je dis que notre société et nos enfants ( pas encore nos petits enfants , mais ça peut nous pendre au nez ) confondent réussite et possession, je dis bien ce que je veux dire ; ça n’est pas une insulte , c’est un constat .C’est aussi le constat ( pour moi ) qu’il ne faut pas chercher ailleurs la tendance à l’égoïsme , au désintérêt de la chose publique, au morbide enfermement sur soi et à la recherche de « divertissements »

        Et quand je dis que nous avons permis ça , sinon encouragé , je dis bien aussi ce que je veux dire: notre Constitution permet ,sinon incite à , la  » faute » .

        Je crois avoir lu ici , sous la plume de Jorion , des choses qui ressemblent à ça , à propos de la meilleure façon de rendre certains vertueux . Je ne fais qu’élargir certains à tout le monde ( sauf les saints , mais je suis athée ) .

        Ceci étant , des jeunes , des vieux , des très vieux , ne m’ont pas attendu pour penser , dire et faire des choses de l’ordre où je l’affirme .

      7. Avatar de vigneron
        vigneron

        Juan, trouve moi une époque de l’humanité où ton opinion digne du dico de Flaubert n’ait pas été serinée d’abondance et recevant moult hochements de têtes confirmatifs et t’auras droit à un plein paquet de Carambars millésime 1968…

      8. Avatar de Juan nessy
        Juan nessy

        Je ne partagerai donc pas les carambars avec Paul Jorion ; ça vaut sans doute mieux pour nos deux dentitions .

        Mais si je ne persistais pas , je me demande bien à quoi servirait son Blog et pourquoi Vigneron s’y plait , même s’il a vendu aux chinois son Saint Emilion aux OGM !

      9. Avatar de Juan nessy
        Juan nessy

        PS : Gustave Flaubert écrivait pas mal de chose juste ( dont sa définition de la propriété ) . Avant lui et Marx même , j’avais déjà souligné l’analyse de Rousseau et surtout sa mise en cause dans la philosophie du Libéralisme dont il était pourtant lui même le promoteur .

        Quelques siècles pour que les scories s’effacent et que l’essentiel se révèle , ça n’est finalement pas trop .

        Mais si personne ne veut voir ce que le révèlateur met en image de plus en plus nette , évidemment , rien n’a de sens .

      10. Avatar de edith
        edith

        Juan Nessy

        C’est ça ! ….. »la sacralisation de la propriété », si on pousse votre raisonnement jusqu’au bout, dès que l’on appartient à soi-même la propriété existe de fait.

        J’aime pas les clichés.

        L’argent fait pas le bonheur …. mais c’est bien pratique pour faire les commissions.

      11. Avatar de Juan nessy
        Juan nessy

        @Edith :

        Je ne comprends pas votre commentaire .

        Sauf à y trouver une confirmation à la nécessité de ce que j’avance par ailleurs : travailler sur « les » propriétés  » , leurs natures , leurs rôles , leurs limites , leurs inter-relations.

        J’ai l’impression que la « répulsion » à ce travail vous conduit à vous contenter confortablement du cliché .

      12. Avatar de edith
        edith

        Juan Nessy

        Je n’ai aucune répulsion à travailler sur l’idée de développer l’usage au détriment de la propriété.

        J’ai seulement un blocage (et pas des moindre) : je n’ai pas la foi dans la réussite d’une organisation qui atteindrait le but de distribuer, gérer, attribuer sans que des dérives commencent à s’immiscer très rapidement, faisant échouer à brève échéance un tel concept.

        Il suffit de se souvenir de l’esprit d’Auroville lors de ses débuts, de ses règles et de constater ce qu’elle est devenue aujourd’hui.

        Alors, je prends en compte tout cela, et je conclue que sans courir après l’accumulation des propriétés mobilières et immobilières (ce que ne cherche d’ailleurs pas la majorité des gens), il est plus raisonnable pour chacun d’entre nous de viser à avoir son propre toit pour y abriter sa famille que de dépendre de propriétaires avides qui vont vous le louer, quitte à vous jeter dehors à la moindre occasion.

        C’est pourquoi je conclue : l’argent ne fait pas le bonheur, mais c’est bien pratique pour faire les commissions.

      13. Avatar de Juan nessy
        Juan nessy

        @Edith :

        Qui a dit ou écrit que travailler sur « les propriétés » ,c’était vous priver de la propriété de votre toit ?

  21. Avatar de Oyantais
    Oyantais

    Fort bien résumé, avec une mesure digne d’éloge.

    1. Avatar de methode
      methode

      oyantais, des éloges? c’est juste son devoir.

  22. Avatar de Samuel
    Samuel

    Et s’il ne restait non pas mille, ni cent, ni dix, mais un seul juste à Science Po, Dieu Jorion ( 🙂 ), sauveriez vous l’école?
    (peut-être faut-il sauver l’école, si elle accepte d’être une « école », mais je ne suis pas sur que d’être associé à une maternelle lointaine dans un trou paumé, n’exempte ces ouailles de l’orgueil tant redouté….., d’un étalonnement salarial, ou de l’échec intéressé des enfants des autres, on n’a jamais fait le meilleur de l’humanité).
    Les méthodes nouvelles (… les jours d’optimisme, faut bien faire valoir le temps où l’on vit), s’ils sont le phare, qui éclaire les navires écoliers pourquoi pas, s’ils ne font que narguer les bateaux à quai, cela n’a aucun intérêt.
    Et pour choquer 🙂 , je dirai que le meilleur moyen d’être un chirurgien populaire, c’est l’armé (non pas celle d’un Bigeard, quoique je m’excuse, mais j’ai rit suite à une histoire de parachutiste comme époux, mais celle actuelle qui vous accueille avec des top-model à la gare Montparnasse entouré de famas et de militaires pas content 🙂 )

  23. Avatar de Sylvain
    Sylvain

    pensez-vous que le capitalisme soit à l’agonie, ou pas ?

    J’anticipe une réponse débutant par la locution novlangue suivante:
    « La question ne se pose pas en ces termes »

  24. Avatar de methode
    methode

    Mon diagnostic a été rapidement fait quand j’ai vu la composition de la commission des rémunérations où Pébereau, Schweitzer côtoyaient Ladreit de la Charrière de l’agence Fitch. Tous ces gens vivent dans un autre monde, ont perdu tout sens des réalités en dehors de leur trésor et y ont entrainé Richard Descoings en le persuadant qu’il n’y avait aucun problème à être payé à ce tarif dans un établissement d’enseignement supérieur en grande partie public, puisque l’étalon était désormais les grandes institutions mondiales, voire même les CEO des grandes entreprises, eux-mêmes totalement intoxiqués à la course aux rémunérations délirantes par seul souci de s’étalonner. La folie financière a frappé en effet aussi à la tête de cette école.

    après ça je crois qu’il n’y a rien à ajouter, si ce n’est que richard descoing a su faire la moitié du chemin en se laissant persuader. point qui me semble important si jamais des réformes profondes (coûteuse?) devaient être engagées. vous pourrez réformer tant que vous voudrez, jusqu’à en matraquer vos élèves, c’est une question d’hommes, comme la plupart du temps.

    comment avons-nous pu contribuer à former des dirigeants actuels aussi bornés, aussi peu visionnaires, aussi avides ?

    à mon avis en succombant aux charmes corrupteurs des sirènes de la mondialisation néolibérale, triomphante avec la fin de l’urss ; en désacralisant sans relâche les principes républicains les plus essentiels, fascinés que vous êtes par la pragmatique culture anglo-saxonne… et effectivement dans les hôtels new-yorkais, en 2012 particulièrement, l’on s’est beaucoup amusé. une rémission sans condition à présent. il suffit de lire l’article que vous avez mis en lien:

    d’un côté la haute fonction publique qui ne voulait pas qu’on touche à cette petite école qui lui convenait parce qu’on n’y apprenait à peu près rien qui puisse remettre en cause son droit de naissance à représenter le bien public ; de l’autre l’Université qui ne pouvait pas supporter que naisse en France une « university », au sens anglais, à la fois autonome, bien dotée, tout en restant en prise avec les élites politiques et culturelles, au centre de tous les pouvoirs.

    à Sciences Po, les anciens bourgeois se trouvent brassés avec des élèves de banlieue et usent leur culotte dans des amphis remplis à 70 % d’étrangers et doivent passer une année complète dans une grande université étrangère.

    A Sciences Po, il existe six campus en région, où des gamins de 17 à 19 ans pratiquent en trois langues la vie des « collèges » à l’anglaise

    certes tout cela n’est pas négatif, simplement la france est plus que les français d’une époque donnée et nos fusées sont encore à propulsion.

  25. Avatar de Steve
    Steve

    Bonsoir à tous.
    Il y a sur Business Insider, en ce moment , un article sur le système éducatif Finlandais, assez radicalement autre que le nôtre qui mérite d’être réfléchi.

    Pour ma part j’ai pu constater que le modèle éducatif français est totalement politico -idéologico- dépendant et ne vise pas à produire des « citoyens libres et responsables  » mais des « conformes » La république des épiciers ayant pris l’ascendant, le produit de base de l’Educ’ nat’ est un consommateur opinant: Oui Oui – Ouin Ouin au pays du Medef , Le Super Market version hip hop du palais de Dame Tartine!

    Cordialement

    1. Avatar de timiota
      timiota

      http://blogs.mediapart.fr/edition/2012-ils-sengagent/article/130312/enseignement-sinspirer-de-la-finlande
      Oui, j’avais lu (pas dans le lien ci-dessus, je ne sais plus où) qu’au moment de la crise pour eux (post-changements en Russie : 1995-1997? ), ils avaient supprimé leur « inspection académique », carrément, et pas juste pour faire des économies, mais parce que leur système d’harmonisation et de responsabilisation décentralisée devait bien pouvoir marcher « tout seul »…

  26. Avatar de jeanneR
    jeanneR

    Je suis retournée vers le billet du 19/01/2012: » comment le paquebot triomphe de la finance a-t-il bien pu sombrer ?  » excellent ; je l’avais oublié ,un peu .J’avoue avoir un faible pour un « renflouage par basculement « , c’est festif ,récréatif ,et le résultat probablement sans appel.
    -@Liszt : à quelle édition de Lord Jim renvoyez-vous ? j’en ai plusieurs drôlement perchées …merci
    @fugisan :les 2’10 de » e la nave va « sont un délice fou pour l’oreille et l’esprit ( moment musical n°3 sur …à redécouvrir sans modération) fellini en culotte de velours .

    1. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      @jeanneR

      Édition Folio, n°1403….

      En fait dernièrement je relisais plutôt « Le creux de la vague », de Stevenson… parce que ces trois éclopés sur leur cargaison de champagne frelatée pouvaient faire sens, comme la description de la déchéance de Herrick au début, et la beauté de l’atoll, la nuit.. :

      « Le lagon se brisait à leurs pieds en minuscules vaguelettes, et avec un bruit aussi exquis qu’un chuchotement , des étoiles de toute taille se penchaient sur leurs propres images dans ce vaste miroir ; et la lumière plus vive du fanal qui appartenait au Farralone brûlait au second plan. »

      Plus loin :

      « Et il n’y avait rien d’autre de visible, dans les cieux là-haut comme dans le lagon en bas, que les étoiles ou leurs reflets. » Des minutes s’écoulèrent ou bien peut-être des heures pendant lesquelles Herrick resta ainsi accoudé, à contempler le somptueux spectacle des eaux et à s’abreuver de paix.  » Un bain d’étoiles « , se disait-il, au moment où une main finit par se poser sur son épaule. »

      1. Avatar de jeanneR
        jeanneR

        Merci à Liszt , je n’aurai pas à faire de l’escalade !

  27. Avatar de kertugal
    kertugal

    Les préceptions de son défunt président masquent difficilement le méticuleux vernis des banlieues défavorisées lorsque l’on réalise le volume des revenus extournés au sein de l’établissement. Évidemment quand monsieur Boullier partage ses impressions le vaillant calcul s’en révèle d’autant plus exact. D’ailleurs, au-delà du cas d’école, à l’époque et peut-être aujourd’hui encore, le ressenti des équipes en place n’y détectait-il pas le véritable talent ?

  28. Avatar de vigneron
    vigneron

    Beuark. Y’a pas à tortiller. Y’a plus mal famé que Sciences-po. Les fils du BJ.

  29. Avatar de sylla
    sylla

    Rien sur le statut de l’école, entre la Fondation nationale des sciences politiques (la fondation privée qui le parraine) et l’Institut d’études politiques, que pointerait avant tout la cour des comptes dans son rapport?

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