LA NEF, « Misère de la pensée économique », N° 242, novembre 2012

Dans la revue La Nef du mois de novembre : « Misère de la pensée économique ».

Paul Jorion, anthropologue et économiste, poursuit une œuvre puissante et novatrice, largement anticonformiste, passionnante, sur la crise du capitalisme. Nous l’avons rencontré après la toute récente publication de Misère de la pensée économique (Fayard). Entretien.
 
1)             Pourriez-vous d’abord succinctement présenter votre parcours professionnel ?

J’ai étudié la sociologie et l’anthropologie sociale à l’Université Libre de Bruxelles. Je me suis ensuite rendu à Paris où j’ai assisté aux cours de Claude Lévi-Strauss au Collège de France. Celui-ci m’a permis de participer une année à son séminaire. J’assistais aussi à l’École Pratique des Hautes Études aux cours de Georges-Théodule Guilbaud, un spécialiste des mathématiques appliquées aux sciences humaines, ainsi qu’aux séminaires de Lacan.

J’ai ensuite fait du « terrain » anthropologique dans une communauté bretonne, sur l’Île de Houat dans le Morbihan. Les données récoltées m’ont permis de rédiger une thèse d’anthropologie économique à l’Université de Cambridge, défendue ensuite à Bruxelles. J’ai enseigné l’anthropologie deux ans à l’Université Libre de Bruxelles et cinq ans à l’Université de Cambridge où je fus très proche des professeurs Edmund Leach et Meyer Fortes.

Je devins ensuite fonctionnaire des Nations-Unies en Afrique Occidentale. Ceci, pour une très courte période car ma façon jugée « révolutionnaire » de mener des projets de développement mit rapidement fin à ma carrière. Un de mes supérieurs résuma la situation de la manière suivante : « Paul, vous auriez dû le savoir : il n’existe pas chez nous de culture associée à des projets qui réussissent ». Je n’en croyais pas mes oreilles. Cela n’empêcha pas que mes propositions soient adoptées peu de temps après mon départ, à la satisfaction de tous. J’eus la grande joie de voir le projet achevé et d’entendre un des principaux dirigeants de la F.A.O., le département des Nations-Unies pour l’agriculture et la pêche, poser devant moi la question : « Mais qui a donc eu ces excellentes idées ? »

Je devais ensuite me passionner pour l’Intelligence Artificielle. Le laboratoire d’IA de British Telecom me fit participer à ses travaux.

En février 1990, un poste de trader « profil recherche » me fut proposé à la Banque de l’Union Européenne à Paris, une filiale du groupe CIC. J’acceptai. Ma carrière dans la finance me conduirait ensuite à Houston, Londres, Amsterdam, Los Angeles et San Francisco. De 1997 à 2007, je travaillerais dans le domaine du crédit hypothécaire  américain. Je fus donc aux premières loges lorsque la crise des subprimes éclata. Alors que celle-ci se dessinait en 2004, j’entrepris de rédiger un ouvrage intitulé La crise du capitalisme américain. Mon manuscrit ne suscita aucun intérêt. Après bien des difficultés, il fut finalement publié en janvier 2007, quelques semaines seulement avant que la crise n’éclate. Ceci lança ma carrière d’économiste critique de la gestion de cette crise aux multiples visages qui nous emporte aujourd’hui.

 
2)             Vous ironisez sur la « science » économique qui a été incapable de voir venir la crise de 2008 : que lui reprochez-vous fondamentalement ?

L’économie politique fut la première forme qu’adopta la réflexion économique, elle prévalut jusqu’au troisième quart du XIXe siècle. Elle recourait aux mathématiques de manière éclectique, selon les nécessités de l’objet à modéliser.

La « révolution marginaliste » qui intervient à partir de 1870 est paradoxale : elle permet d’une part à la réflexion économique de présenter davantage les signes de la scientificité parce qu’elle recourt massivement à la modélisation par le calcul différentiel, mais, d’autre part, elle permet à une discipline qui se définit désormais comme « science économique » de s’éloigner de manière de plus en plus prononcée de la démarche scientifique proprement dite.

Ainsi,

1) on attachera de moins en moins d’importance à la vérification expérimentale des hypothèses proposées ;

2) on pose comme principe directeur l’« individualisme méthodologique », lequel nie que des processus collectifs puissent être « émergents », c’est-à-dire possèdent des propriétés qui n’existent pas au niveau individuel, qui nie aussi à la simulation tout pouvoir de découverte, en contradiction flagrante avec ce que nous enseigne la physique des systèmes complexes caractérisés par des transitions entre des états structurés selon des logiques différentes ;

3) on pose également en principe directeur, le postulat laplacien qu’une connaissance parfaite du présent autorise une connaissance parfaite de l’avenir, là aussi, la mécanique quantique et la découverte de phases « chaotiques » dans les dynamiques discrètes, contredisent l’un des crédos de la « science » économique ;

4) l’homo oeconomicus « rationnel », central à la construction dans son ensemble, n’a pas été abstrait par l’analyse des faits empiriques mais a été posé comme une norme : il ne décrit pas des comportements observés mais suggère un ensemble de comportements que les économistes conseillent d’adopter.

 

3)             Vous écrivez que la « science » économique « a constitué en réalité un système de croyance fermé, bien plus proche d’une religion que d’une science, en raison de son caractère dogmatique » (p. 168-169) ; et ailleurs vous écrivez que cette « science » n’a pas cherché à décrire le monde tel qu’il est mais à le changer (p. 194), ce qui est vrai du libéralisme comme du marxisme : pourriez-vous vous expliquer ?

L’homo oeconomicus « rationnel » n’est pas un modèle du comportement effectif des êtres humains : c’est une construction intellectuelle décrivant le type d’agent humain qui serait le plus parfaitement compatible avec notre système économique, lequel est capitaliste du point de vue de la redistribution de la richesse créée, lequel est marchand du point de vue de la circulation des services et des marchandises, et lequel est libéral dans son biais antiétatique et du fait de sa logique de maximisation du profit.

La « science » économique est donc normative au sens où elle prône une certaine manière de se comporter plutôt qu’elle ne décrit des comportements effectifs. Mais plusieurs économistes influents, dont les travaux furent couronnés par un « prix Nobel d’économie », comme Friedrich von Hayek (1974) ou Milton Friedman (1976), sont encore allés plus loin : ils ont assigné à la « science » économique, un rôle hégémonique. Avec eux, la « science » économique a cessé d’aspirer même à être descriptive : elle est désormais une utopie « libertarienne » ou « anarcho-capitaliste », visant à faire advenir un type de société identique aux modèles que ces « économistes » proposent, modèles qui, sous prétexte que la réalité est foisonnante et donc difficile à styliser, constituent des « types idéaux » qu’il convint d’émuler.

 

4) Vous démontrez comment s’est forgé l’homo œconomicus du capitalisme – « un authentique ennemi de ses contemporains et de la race humaine en général » (p. 193), écrivez-vous –, celui-ci ayant été décrété un système économique parfait, et la représentation de l’homme compatible avec ce système en ayant été déduite : comment a-t-on pu en arriver à ce qu’une telle caricature ait un tel succès ?

La démarche habituelle a effectivement été inversée. Marx avait déclaré le capitalisme imparfait et mortel à partir d’une interprétation de son fonctionnement comme étant celui de classes en interaction et en conflit (dans la même perspective d’ailleurs que tous ses prédécesseurs dans le courant de l’« économie politique » : Richard Cantillon [168 ? – 1734], François Quesnay [1694 – 1774], Adam Smith [1723 – 1790], David Ricardo [1772 – 1823]). La nouvelle « science » économique a au contraire mis au rencart les classes (tout comme d’ailleurs la question de la propriété privée) pour ne plus envisager que des individus dont la variété des situations économiques est déterminée par la division sociale du travail, considérée comme un donné « naturel », pour affirmer que le capitalisme est au contraire parfait et immortel. L’individu, brique élémentaire de ce système, est alors qualifié d’homo oeconomicus, dont la rationalité est définie a posteriori comme l’ensemble des qualités qui le rendent compatible avec le fonctionnement sans heurt du capitalisme : égoïsme, nature calculatrice, cupidité, dédain pour le bien commun, etc. Le portrait complet est celui d’un sociopathe dépourvu de toutes les qualités qui permettent une vie en société harmonieuse.

 

5) Les économistes libéraux assurent qu’il existe une auto-régulation des marchés (cf. la fameuse « main invisible » d’Adam Smith), et que si cela ne fonctionne pas toujours c’est en raison précisément de l’intervention de l’homme, de l’Etat principalement ; vous montrez que la crise de 2008 prouve l’erreur profonde de cette analyse : pourriez-vous nous l’expliquer simplement ?

L’erreur d’Adam Smith vient-elle du fait que l’économie qu’il décrivait en 1776 dans son Enquête quant à la nature et aux causes de la richesse des nations était beaucoup plus simple que celle que nous connaissons aujourd’hui ou bien n’a-t-il naïvement pris en considération que les situations économiques les plus favorables à sa thèse : celles qui prévalent en-dehors des périodes de crise ? Il est difficile de se prononcer. Quoi qu’il en soit, le pic de la crise à l’automne 2008 a mis en évidence non seulement une absence de l’effet de « main invisible » ou, pour reprendre l’expression de Bernard Mandeville [1670 – 1733], prédécesseur de Smith, que « les vices privés font les bénéfices publics », mais aussi le fait qu’en période de crise, la poursuite de l’intérêt égoïste précipite en réalité l’effondrement du système.

L’attitude de la banque Goldman Sachs offre de ceci une illustration édifiante. Non contente de se débarrasser de ses produits financiers les plus dépréciés auprès de ses meilleurs clients – en tirant parti du crédit que ceux-ci accordaient à la firme, elle constitua aussi des produits financiers dont la qualité était délibérément la pire que l’on puisse concevoir (des Collateralized Debt Obligations synthétiques) pour pouvoir organiser des paris sur leur dépréciation, paris auxquels elle participera alors contre ses propres clients.

C’est sans surprise que dans un contexte de crise, la « main invisible » s’évanouit pour laisser place aux comportements destructeurs que l’on vit à l’œuvre, par exemple, lors de l’incendie du Bazar de la Charité à Paris en 1897 où, selon les termes de la presse de l’époque : « Parmi ces hommes (ils étaient environ deux cents), on en cite deux qui furent admirables et jusqu’à dix en tout qui firent leur devoir. Le reste détala, non seulement ne sauvant personne, mais encore se frayant un passage dans la chair féminine, à coups de pieds, à coups de poings, à coups de talons, à coups de canne ».

 

6) Comment les personnes morales (grandes entreprises multinationales) échappent-elles au pouvoir des nations ? Pour y remédier, vous suggérez la promulgation d’une « Constitution pour l’économie » (p. 154) : de quoi s’agit-il ?

Un droit international dont l’initiative est essentiellement privée s’est petit à petit constitué au fil des siècles dans le sillage du droit maritime. Les sociétés transnationales se sont placées sous son égide et ce sont elles qui déterminent désormais de facto le droit auquel elles sont soumises. Parallèlement, si l’on a de plus en plus restreint au cours du XXe siècle la définition du droit de propriété pour les personnes privées, on l’a laissé intact sous sa forme la plus absolue pour ce qui touche aux personnes morales. Et le principe est d’application plus générale : restriction des libertés individuelles, extension des libertés des personnes morales. Voyez ce qui s’est passé en janvier 2010 aux États-Unis : alors que les contributions financières aux campagnes électorales sont plafonnées pour les individus, la Cour suprême a levé toute restriction quant aux sommes que les sociétés peuvent y injecter, au nom de… la liberté d’expression !

D’autre part, la crise a fait apparaître que certaines firmes sont si puissantes que leur chute entraînerait celle du système tout entier. La réaction immédiate dans l’opinion a été qu’il faudrait démanteler de telles firmes. Par l’intermédiaire de leurs lobbys, celles-ci sont parvenues à étouffer dans l’œuf un tel projet. On s’est contenté de qualifier ces firmes de « systémiques » et on les appelle à constituer des réserves supplémentaires en augmentant leurs capitaux propres de 2,5%. Je suis convaincu qu’elles parviendront cependant à empêcher également qu’une telle mesure soit appliquée.

Pensons à un cas très récent, datant de la fin du mois de septembre. En 2011, le G20 avait demandé à l’IOSCO, l’International Organisation of Securities Commission, qui fédère les régulateurs nationaux sur le marché des titres, de proposer une réglementation du marché du pétrole. Une réunion s’est tenue à laquelle ont participé l’Agence Internationale de l’énergie, l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et les compagnies Total et Shell. Une belle unanimité s’est faite parmi tous ceux-ci : ils se sont opposé à toute réglementation. Les compagnies pétrolières présentes ont précisé qu’elles pourraient cesser de transmettre les données relatives aux prix pratiqués.

Dans un tel contexte, proposer une « Constitution pour l’économie », c’est faire d’une pierre deux coups. Le premier, c’est que les entreprises transnationales, dont la puissance dépasse déjà souvent celle des États, vivent pour leur plus grande part en-dehors des droits nationaux, aussi, si l’on veut les réglementer, il faut se situer dans le même espace par une « constitution » elle aussi transnationale. Le second, c’est que même quand elles sont soumises aux droits nationaux, les transnationales parviennent à les contourner en tirant parti des contradictions qui existent en leur sein (« loopholes »), ou en « arbitrant » (en jouant les unes contre les autres) les normes comptables et fiscales. Les firmes réunissent des équipes de juristes qui finasseront la « lettre » de la loi contre son « esprit ».

Il faut pouvoir déjouer les tentatives de contournement en rendant les textes de loi les plus succincts possibles, en se contentant d’exprimer dans les articles des principes extrêmement  simples, d’où toute ambiguïté a été exclue. On évite ainsi que des contradictions n’apparaissent entre eux. Il faut aussi que ces textes soit clairement « programmatiques », de sorte qu’il soit impossible de jouer leur lettre contre leur esprit. Une « constitution » souligne par la brièveté de sa formulation-même, que sa force réside dans le fait que l’esprit de ses principes prévaut contre toute interprétation purement textuelle de ses articles.

 

7) La crise de 2008 n’a finalement entraîné aucune remise en cause réelle des pratiques de la finance ; vous évoquez à cela deux causes, « le rapport de forces global entre la finance et les autorités politiques » et « le silence pesant des économistes » (p. 163) : pourriez-vous nous expliquer cela ?

Le rapport de forces, je viens déjà de l’évoquer. Dans un petit texte autobiographique que l’on m’avait commandé, j’ai rapporté une conversation que j’avais eue en 1996. Je travaillais alors dans une banque et un projet informatique était bloqué du fait qu’un nouveau logiciel générait des erreurs et que j’essayais d’en découvrir la source. Voici ce que j’écrivais :

« Quelques jours plus tard, la banque organisait un cocktail dans un excellent restaurant de la ville. J’étais là, mon verre à la main, quand un vieux monsieur m’aborda : « Vous savez qui je suis ? ». Non, je ne le savais pas. Il me dit son nom qui m’était familier : c’était celui du numéro deux ou trois de cette grande banque dont tout le monde connaît le nom. « Et moi je sais qui vous êtes : vous êtes l’emmerdeur qui bloquez tout. Il y a une chose que vous n’avez pas l’air de comprendre mon petit Monsieur : le régulateur, ce n’est pas lui qui me dira ce que je dois faire. Non, ce n’est pas comme ça que les choses se passent : c’est moi qui lui dirai quels sont les chiffres, il ne mouftera pas et les choses en resteront là. Un point c’est tout ! ». Et il tourna les talons, me plantant là, moi et mon verre. »

Il y a eu un moment de flottement dans le monde financier, une période de doute, durant le dernier trimestre 2008. La communauté s’est tournée vers les économistes pour leur demander ce qu’il convenait de faire. Mais de la même manière que ceux-ci n’avaient pas pu prévoir la crise parce que la « science » économique dont ils se prévalent ne dispose pas de la grille d’interprétation qui leur aurait permis de voir venir la crise, ils étaient alors incapables de dire ce qu’il fallait faire maintenant. J’ai participé à des réunions à cette époque dont il ne sortait rien de positif : les économistes de différentes chapelles se contentaient de se rejeter la responsabilité des événements dramatiques qui se déroulaient pendant ce temps et de leur incapacité collective à avoir vu venir la crise.

Le monde financier s’est alors ressaisi. Un banquier britannique avait faire rire de bon cœur quand il avait affirmé que les banquiers étaient responsables de la crise mais que ce serait cependant à eux que l’on confierait le soin de rebâtir. On rit mais c’est lui qui s’avérerait avoir eu raison. Voilà pourquoi je parle du « silence pesant des économistes ».

 

Partager :

85 réponses à “LA NEF, « Misère de la pensée économique », N° 242, novembre 2012

  1. […] Blog de Paul Jorion » LA NEF, « Misère de la pensée économique », N° 242, novembre 2012. […]

  2. Avatar de Gringo
    Gringo

    Monsieur Jorion,vous dites:
    J’ai ensuite fait du « terrain » anthropologique dans une communauté bretonne, sur l’Île de Houat dans le Morbihan. Les données récoltées m’ont permis de rédiger une thèse d’anthropologie économique à l’Université de Cambridge, défendue ensuite à Bruxelles.

    En chiffres,voilà ce qu’est l’île d’Houat.

    274 Houatais (457 en 1968)
    288 hectares
    Longueur: 3.3 Km
    Largeur: 1.5 Km
    Elle est située à environ 20km de la terre ferme et, hors produits de la peche, importe tout .

    Qulle est des lors la valeur de cette étude de terrain?

    1. Avatar de Julien Alexandre

      La « valeur » se mesurerait à la taille du terrain d’étude ?

      1. Avatar de Piotr
        Piotr

        M .Gringo souffre d’un trouble oppositionnel avec provocation.
        On va le soigner!

    2. Avatar de ERIX le Belge
      ERIX le Belge

      On voit qu’il y en a qui s’énervent qu’on leur sape les bases sur lesquelles ils fondent leurs activités, et probablement toute leur vie. Alors ils attaquent la forme plutôt que le fond… Un peu facile.

      Ils feraient bien de se remettre en question, et de vraiment se demander si ce que dit Paul dans ce livre n’a peut-être pas plus de sens que les aberrations fournies par des prix nobels économiques à la pensée dogmatique et qui détestent leurs semblables humains. Qu’ils se demandent de manière objective où tout cela va nous mener. Est-ce que c’est une réponse adéquate aux défis qui se présentent à l’humanité ?

    3. Avatar de Suzanne
      Suzanne

      A Gringo :
      Pas d’accord avec cette objection. Un travail de terrain, ce n’est pas une étude expérimentale, mais la photographie d’un cas réel qui, avec de solides arguments, va permettre de déduire les structures qui ont donné naissance à ce cas. On pourrait comparer à un géologue qui irait, par exemple, travailler sur l’arc de Castellane. Ce n’est pas l’arc de Castellane en entier, ou les Alpes en entier qu’il va étudier, mais un ensemble de failles (par exemple) précises, à un endroit précis, qui, après avoir été soigneusement repérées, identifiées, mesurées, débasculées etc. etc., va permettre de déterminer, avec un degré de confiance plus ou moins grand, et indiqué par ledit géologue, si le régime tectonique général de l’endroit était comme ceci ou comme cela (ce qui peut être essentiel pour le devenir sismique). C’est une autre méthode, ici les statistiques ne sont pas directement et dès l’abord employées. Elles peuvent l’être après pour d’autres raisons, mais ne le sont absolument pas dans le travail en question.

      1. Avatar de écodouble

        @ Suzanne

        Vous êtes géologue ?
        Si oui, enchanté de vous lire.
        Si non, enchanté aussi.
        En bref : bien dit !

      2. Avatar de Suzanne
        Suzanne

        à écodouble : non, musicologue, mais j’aime bien essayer de mesurer les failles et les projeter. J’ai hésité à protester, ça me paraissait évident, mais après je me suis dit que peut-être des personnes seraient influencées par ce raisonnement.

      3. Avatar de Gringo
        Gringo

        Je vous répond car vous êtes la seule qui soulevez une objection valable.
        Effectivement on peut étudier un cas particulier et en tirer des conclusions générales, à condition que ce qui est vrai en ce point est vrai en tout point.

        Et c’est là le drame, nous sommes dans les « sciences » humaines, donc douteuses par définition. Ce qui veut dire que la « finesse » du résultat final va dépendre de la « finesse » des données initiales. Hubert Reeves, un vrai scientifique nous l’a montré et démontré.

        Mr Jorion, grand mathématicien, expert de la complexité devrait le savoir.

        1. Avatar de Julien Alexandre

          Gringo, grand adepte de la rigueur scientifique, vous feriez mieux de commencer par lire ce dont vous voulez parler, et le comprendre. Ça vous évitera de nouvelles volées de bois vert.

    4. Avatar de Dissonance
      Dissonance

      @Gringo

      Si votre question est pertinente, vous devez être capable d’y répondre vous-même dans le sens qui vous convient en démontrant par exemple, chiffres à l’appui, que le même sujet étudié sur un terrain différent offre des conclusions différentes, faute de quoi votre question se révèlera n’être que purement rhétorique. Par conséquent, au boulot, on vous attend.

    5. Avatar de merou
      merou

      Et quelle est la valeur de théories sur les échanges économiques établit sur le papier avec un agent A et un agent B appliquées sur un marché de milliards de personnes, sans parler de la fin de ressources énergétiques, du rôle du climat, de l’accès à l’eau etc
      bon ma phrase est mal tournée mais je me suis compris.

    6. Avatar de Youbati
      Youbati

      à Gringo

      Ah, y a plus que la macroéconomie de banque centrale qui prévaut comme seule vérité maintenant ?

      Quid des agents économiques et de leurs interactions à petite échelle ? Évanouis dans le grand agrégat cosmo-libéral ?

    7. Avatar de Jean-François Le Bitoux
      Jean-François Le Bitoux

      Gringo, vous préférez peut-être des études sans terrain ? Comme des plans économiques ou des plans administratifs sans référence à la réalité du terrain ? Vous voyez ce à quoi je fais allusion ? ce qui induit une si profonde misère de toute pensée : C’est bien ce que nous payons si cher aujourd’hui ! Il faut avoir les pieds sur terre mais pas dans les sables mouvants néolibéraux ! C’est aussi la démonstration qu’on peut trouver de l’exotisme dans l’environnement proche, pourvu qu’on garde une distance critique. Vous pouvez encore faire des observations vraiment innovantes dans un aquarium domestique; encore faut-il avoir des idées précises sur son fonctionnement et en apprécier les dysfonctionnements. Regarder une flaque d’eau dans la rue où vous vivez, 2 jours après une pluie si elle ne s’est pas évaporée, et un après-midi ensoleillé ; le matin, on n’y voit encore rien et le soir, c’est trop tard. Vous y verrez de petits amas végétaux verts et des bulles de gaz: ce sont des « algues bleues » qui produisent de l’oxygène dans cette eau malgré la pollution ambiante ! Ce sont elles qui ont produit l’oxygène de l’atmosphère terrestre en quelques millions d’années: alors un peu de respect pour elles et pour ces chercheurs qui trouvent l’innovation dans le quotidien, faussement banal. Et chercher, vous trouverez et nous attendons votre contribution.

    8. Avatar de Paul Jorion

      Vous tombez à bras raccourcis sur ce pauvre Gringo qui confond simplement enquête sociologique de type statistique (couvrir l’échantillon le plus vaste possible) et enquête d’observation participante de type anthropologique (plus la communauté est petite, mieux ça vaut d’une certaine manière).

      « A tâter du côté de son cœur, en douceur, en douceur
      En douceur et profondeur »

      L’observation participante de l’anthropologue, c’est de ce côté-là : la douceur et la profondeur.

      1. Avatar de roma

        Conférence de Jeanne Favret-Saada – qui l’ouvre de temps à autre sur le blog

      2. Avatar de sakhaline
        sakhaline

        On peut aussi apprécier la douceur et profondeur de notre ami Arno http://youtu.be/iVS_5R7JwKs

        Excellent article, soit dit en passant…

      3. Avatar de M
        M

        merci roma !

        passionnante conférence de Mme Favret-Saada !

        Je crois même avoir compris certaines choses …obscures …

        Paul Jorion est le « désorcelleur » du bocage financier international …il n’a pas hésité à s’immerger au sein du « sorcier financier US », dans le coeur de la bête …pour cela, il possédait une arme ( qui lui a permis de ne pas être totalement « possédé » par la force obscure ) : des études en anthropologie, avec immersion chez les pêcheurs de l’île de Houat ( sorte de force tranquille ), puis passage dans des lieux de moins en moins recommandables ( mithridatisation ??), lui conférant peu à peu la force positive du désorcelleur, pouvant intervenir (aller et venir) entre « le mal » et « le bien », apportant ainsi, par une meilleure compréhension du système, et une mise à plat de ses entrailles fumantes, un peu de l’énergie nécessaire à ceux que l’enchaînement de catastrophes liées au système financier sans freins (* illimité)avait transformé en victimes sans forces destinées à la mort …

        *2ième tableau vertical

        ouf, quand un neurone se réveille, ça fait un peu peur ! …ce soir, une poche de glace sur la tête … demain, vite, à la Bibliothèque pour quérir quelques livres de Mme Favret-Saada ! quel bonheur !

        signé: neo-comprenante désorcellée ! ( enfin, rien n’est jamais sûr …)

      4. Avatar de Juan nessy
        Juan nessy

        On avait compris .

        Sans prendre les pas de Gringo , il me semble cependant qu’on ne va pas à la pêche avec un certain filet ( l’analyse participante ) , que ce soit en rivière , en lac ou en océan , sans avoir une idée du type de poisson que l’on espère prendre dans les mailles .

        Et quand on lève le filet , on trie le poisson avec le plus de méthodes possibles .

        Jorionix : » il est pas bon mon poisson !! ? »

    9. Avatar de DIX
      DIX

      Le qualitatif bien sûr ! Rien de mieux que l’approche de terrain en immersion pour comprendre les traits de caractère de l’humanité. Les sciences fondamentales ont bien réussi à définir les lois de l’univers dans des laboratoires…où tout simplement, sur un tableau noir ou sur du papier au coin d’une table…

      OU encore : on a pas eu besoin d’attendre de pouvoir aller sur la Lune pour comprendre que la terre était ronde !

  3. Avatar de dalla vecchia luigi
    dalla vecchia luigi

    Une chose m’interpelle, c’est l’importance à mes yeux des modes de pensée structuraliste dans votre cheminement de pèlerin en quête de connaissance. Un peu comme un touriste dans sa propre vie qui pérégrinerait au gré de ce que les chemins qu’il croise, lui proposent, et qui évaluerait ce qu’ils lui permettent comme route. J’aime bien cette errance qui fructifie à travers une improvisation du moment et une attention aux évènements qui trouve son chef d’œuvre dans la construction d’un savoir . Savez vous que cela ressemble à s’y méprendre à la construction d’un standard par un musicien de jazz dont les improvisations semblent anarchiques et pourtant trouvent soudain par émergence leur cohérence dans une représentation finale ordonnée tirée par un dénominateur commun, un thème mainte fois répété et pourtant jamais tout à fait identique à lui-même, au point de donner vie dans les imaginaires à une petite musique qui ne s’arrête jamais, comme si elle n’avait plus besoin de musicien pour exister.
    Vous êtes très jazz, Monsieur Jorion.

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Et François Leclerc, très salsa.

    2. Avatar de Paul Jorion

      J’ai fréquenté les grands noms du structuralisme, mais honnêtement, je n’ai jamais accroché à ce courant de pensée : mes véritables maîtres ont été Edmund Leach et Rodney Needham, des structuralistes, mais hétérodoxes.

  4. Avatar de Hervey

    Oups!
    LA NEF?
    Deux portraits croisés réussis, le votre et ce monde économique mais vous n’hésitez donc pas à balancer ce pavé en eaux troubles.
    C’est dire combien il n’y a plus de repères et que ce repaire là est aussi à prendre.
    Osée la stratégie!

    1. Avatar de Hervey

      Je n’en crois pas mes yeux.

    2. Avatar de octobre
      octobre

      Mince, j’avais des écailles sur les yeux, elles viennent subitement de tomber dans la poêle à frire. C’est une vision dérangeante, certainement. On peut même plus se faire cuire un œuf avec un minimum d’enthousiasme. Oops !

  5. Avatar de Guy
    Guy

    Excellent comme toujours.

  6. Avatar de vigneron
    vigneron

    Eh ben voilà. Et une Une, une ! Jorion en couv de la Nef des Geffroy, de Guillebot, Maxence, Coûteaux plutôt que de la Vie ou TC. Ça sert à quoi de prêcher des convaincus, d’extrême-droite qui plus est ?

    1. Avatar de Juan nessy
      Juan nessy

      ça m’intéresse .

      références ?

      1. Avatar de slowXtal
        slowXtal

        Pourquoi des références quand il y a tout plein de sain(t)es lectures pour se faire une idée (j’aime bien les petites annonces) …
        Pour des pedigrees plus détaillés, passez par ici ou branchez directement Radio Courtoisie !

      2. Avatar de Juan nessy
        Juan nessy

        Merci !

    2. Avatar de G L
      G L

      Créée en décembre 1990, à la suite des débats sur la messe traditionnelle causés par la rupture entre Rome et Mgr Lefebvre puis par le motu proprio Ecclesia Dei Afflicta publié par Jean-Paul II en 1988, La Nef entend apporter un éclairage traditionaliste de type « intransigeant » et « ultramontain », s’opposant au catholicisme libéral sur des sujets de société, de politique et sur la vie de l’Église catholique. (wikipedia)

      Il me semble que par exemple les vices privés font les bénéfices publics n’est pas vraiment compatible avec les principes avancés par les encycliques portant sur le même sujet. Ceci dit on peut déduire de la contradiction entre le principe tu ne tueras point et Bénis soient les canons si, dans les brèches qu’ils ouvrent, fleurit l’Evangile qu’il resterait toujours possible de trouver des arrangements…

    3. Avatar de Delphin
      Delphin

      Il faut bien les informer…

      C’est, avant tout, par manque d’information clarifiante que l’on est d’extrême -droite, me semble-t-il (pensée figée).

      Delphin

      1. Avatar de G L
        G L

        Dans l’extrême-droite il convient de distinguer les meneurs et les « menés »: il me semble que les meneurs font au contraire assez souvent preuve d’indépendance par rapport aux idées dominantes (ils sortent souvent du politiquement correct, n’hésitent pas à émettre des critiques du pouvoir en place qui rappellent celles de l’extrême gauche, etc.)

        Comme beaucoup d’autres, les meneurs affirment que les choses étaient beaucoup mieux avant, s’appuient sur la peur du changement et prônent le retour aux traditions « qui faisaient naguère notre force et notre grandeur » mais ce faisant ce n’est rien d’autre que leur propre pouvoir qu’ils cherchent à consolider ou à rétablir. Tout les moyens pour y parvenir sont bons pourvu qu’ils semblent caresser ceux qui les suivent dans le sens du poil.

        Si on prend en compte les moyens – tout à fait modernes pour l’époque – mis en oeuvre par les nazis on constate par exemple qu’ils ne s’appuyaient pas sur une pensée figée, laquelle caractériserait beaucoup mieux Pétain que Hitler!

        On peut de même estimer que les idées des néo-libéraux prennent mieux en compte les changements survenus depuis la fin de la seconde guerre mondiale et qu’ils ont une stratégie qui peut le permettre de sauvegarder leurs intérêts voire rétablir leur prédominance dans un cadre mondialisé (à condition d’accepter l’idée que c’est pour eux-mêmes et pas pour ceux qu’il entraînent à leur suite qu’ils agissent.) Ceux qui devraient logiquement s’opposer à eux s’appuient au contraire sur des idées figées pour les laisser faire (attitude qui n’est pas sans rappeler celle de la France et de la Grande-Bretagne avant 1940…)

    4. Avatar de Paul Jorion

      Vigneron : prochain papier, dans La Croix.

      1. Avatar de Piotr
        Piotr

        La NEF en principe menait directement à l’Osservatore Romano .

      2. Avatar de M
        M

        La Croix.

        c’est pas là qu’est journaliste un certain A.Peillon ? … me semble avoir entendu ça quelque part …

        euh, la NEF, je croyais que c’était la banque différente des autres (car, coopérative) d’après certains ici …
        vive la laïcité !

  7. Avatar de Sylvain
    Sylvain

    Le Ministre du Travail et des Retraites conservateur britannique Ian Duncan Smith a mis en place en 2011 un « Work Programme » destiné à aider les chômeurs à retrouver du travail.
    Cout de l’opération : 7 milliards, en partie venus de l’UE
    Résultat un an plus tard: 2% des participants ont retrouvé un contrat de 6 mois (1 participant sur 28)
    Les 7 milliards ont graissé des organismes privés de formation entre temps. Merci l’UE! Merci GS!
    La liste des organismes est ici. Vous imaginez qu’il ne s’agit pas d’entreprises particulierement sociales et solidaires : Deloitte, G4S (pour ceux qui connaissent le fiasco des « volontaires esclaves » employés pour les JO de Londres), etc…

    Il faut lire la description du programme :
    http://www.dwp.gov.uk/policy/welfare-reform/the-work-programme/
    It is delivered by DWP contracted service providers who have been given complete autonomy to decide how best to support participants while meeting their minimum service delivery standards.

    Fraude Fraude Fraude….

    1. Avatar de Sylvain
      Sylvain

      Ce commentaire s’inscrit dans une conversation plus large au sujet de l’impératif éducatif, et d’auto formation citoyenne, alors que je disais tout à l’heure à Jean-Luce Morlie que je pense qu’il existe une entreprise délibérée d’abrutissement intellectuel par les médias et d’appauvrissement éducatif par les gouvernements.

      1. Avatar de Patrick
        Patrick

        il existe une entreprise délibérée d’abrutissement intellectuel par les médias et d’appauvrissement éducatif par les gouvernements

        Je suis d’accord avec vous, même TF1 est de la partie avec son temps de cerveau disponible. A-t-on besoin d’un cerveau pour regarder TF1 et son dégoulinage de pub ?

        J’ajouterai un autre item à votre courte liste : 70% des français propriétaires, cher à N.Sarkozy. Vous avez déjà vu un propriétaire de son logement descendre dans la rue, prêt à la révolte ?

    2. Avatar de Sylvain
      Sylvain

      2% ou 3,5% selon le mode de calcul.. (2 pas egal 100/28 :))

    3. Avatar de Stéphane S.
      Stéphane S.

      Fraude et gros pipeau de consultants peu soucieux d’éthique

  8. Avatar de Lisztfr
    Lisztfr

    Le principe laplacien n’est pas mauvais, mais l’appliquer à des hypothèses fausses ne va pas produire des miracles !

    La théorie du chaos, il faut s’en méfier. Déjà les mots sont malheureux, s’il y a une théorie du chaos celui-ci devient du coup laplacien, on ne peut intégrer le désordre dans une théorie qu’au prix de la perte de sa qualité de désordre. On ne peut pas intégrer le radical libre-arbitre de quoi que ce soit dans une théorie, la théorie décrivant ce qui est conditionné et la liberté étant l’inconditionné. Parenthèse, c’est pourquoi le structuralisme est notre seule manière de voir un ordre, et donc de faire de la science tout court.

    C’est pourquoi l’axiomatique du chaos ne sera jamais intégrée dans une science humaine comme paradigme ; au sujet de cette parabole battement d’aile du papillon, nous ne pouvons rien en faire à moins de surveiller tous les papillons du monde.

    La sociologie essaie d’intégrer les trajectoires individuelles dans sa description, donc il intervient une sorte de théorie du jeu à travers la structure, les acteurs étant en mesure de réaliser des « coups » dans un environnement donné.

    1. Avatar de BasicRabbit
      BasicRabbit

      @ Lisztfr
      Ma position est, je crois, assez radicalement différente de la vôtre. Pour moi le problème vient (plus largement que de la vision laplacienne) de l’utilisation de modèles formels qui ont comme principal défaut de vérifier le principe de raison suffisante de Leibniz (que l’on retrouve en Physique avec le principe de Curie). Pour moi le fait d’utiliser des modèles probabilistes ne change rien car les modèles stochastiques sont des modèles déterministes où l’on a remplacé l’espace de configuration initial X par un espace fonctionnel de mesures sur X, complexifiant ainsi considérablement le modèle initial. Le problème est un problème d’intelligibilité: il s’agit de plonger le réel dans un virtuel contrôlé le plus simple possible (à l’opposé des modèles stochastiques), en principe deterministe mais dans lequel existe des lacunes dans l’écoulement causal des processus (négation « minimale » du principe de Leibniz, brisures de symétries en Physique), écoulement causal dans lequel l’homme peut alors glisser sa liberté.
      C’est la voie choisie par Thom avec son essai de théorie générale des modèles. Mes connaissances en linguistique sont rudimentaires (je débarque sur le sujet via ce blog). Je suis néanmoins convaincu que c’est un modèle de ce type que PJ utilise dans « Principes des systèmes intelligents » pour aboutir au programme Anella. Le réel est éminemment variable et inconnu. Il s’agit de le plonger dans le virtuel, d’inventer les possibles les plus simples, pour lutter contre la maladie de notre temps: la complexité qui engendre l’inintelligibilité*. « La situation est devenue tellement complexe que nous ne la maîtrisons plus. Feignons d’en être les organisateurs ». Je crois que « nos » élites en sont là et que cet état de fait nous conduit à la catastrophe. Peut-être PJ a-t-il sous le coude un modèle de société de ce nouveau type à nous proposer?

      * voir l’introduction de PSI, paragraphe 2.

  9. Avatar de vigneron
    vigneron

    Si Sciences-po est symbole d’ancien régime, sa prise équivalente de nouvelle prise de Bastille, sa chute de veau d’or déboulonné, alors La Nef c’est symbole de quoi ? sa prise de Jorion prise de quelle pastille ? reboulonnage de quoi ?

    1. Avatar de Juan nessy
      Juan nessy

      A force d’être hébergés dans tous les prieurés du département de la Loire ….

      Si Via campesina , l’amérique du sud et le Portugal se boulonnent aussi , ça va finir par faire du monde !

      Je phantasme .

    2. Avatar de Paul Jorion

      À chacun ses terres de mission. Ceci dit, je ne considère pas toute terre comme étant potentiellement de mission (voir ce que je dis par ailleurs du Club de l’Horloge).

      1. Avatar de vigneron
        vigneron

        Paul-Marie Coûteau et Club de l’horloge, c’est tout comme.

    3. Avatar de Rosebud1871
      Rosebud1871

      Vigneron dé-mission ! L’article ne varie pas d’un iota sur les fondamentaux de l’escrimeur. L’invitation dans les colonnes surprend, de là au colonisateur…Quand on retire au national-socialisme son national, il reste l’embarras. À la Lettre, avec national on a fabriqué nationalisation, avec mondial, mondialisation : Esprit es-tu là ?

  10. Avatar de kercoz
    kercoz

    La « misere  » de la pensée economique comme politique , c’est peut etre une forme d’ autisme , de refus du réel , de  » la pénurie d’ abondance » …et principalement de la pénurie d’ énergie …
    Une bonne émission sur ce sujet dur FR. Cult. :
    http://www.franceculture.fr/emission-planete-terre-sommes-nous-dependants-du-petrole-2012-11-28

    1. Avatar de Youbati
      Youbati

      Toujours bien d’accord avec vous Kercoz. Mais je crois qu’il n’y pas que ça.

      Cette « misère de la pensée économique », je crois que c’est surtout une malveillance délibérée, dans l’entreprise sournoise de siphonner de plus en plus des reliquats qui s’amenuisent de plus en plus.

      Les deux crises sont liées (crise économico-philosophico-métaphysico-socio-civilisationnelle -ouf ! – et crise énergétique), évidemment, mais je crois que les grosses perturbations engendrées par la pénurie énergétique (et là je vous entends bien Kercoz, sur l’EROEI, etc, je connais, ce n’est pas mon propos dans ce post) commencent à ne plus permettre de couvrir cette « misère » par la croissance générale des espoirs d’un meilleur futur. Y a toujours eu des pauvres malheureusement, mais avant que le robinet commence à coincer, il était possible pour beaucoup d’améliorer relativement facilement leur sort, et ce grâce aux transitions successives dans la source majeure d’énergie fossile (bois>charbon>pétrole), même si la population augmentait.

      Maintenant que la population globale a tellement augmenté (de manière exponentielle), et que les attentes de la croissance ont elles aussi augmentées (encore plus que le bénéfice réel, qui est tout de même bien tangible), la physique dit qu’il n’y a plus de transition possible vers une nouvelle source susceptible de produire un nouveau bénéfice du même ordre de grandeur.

      Les sournois dont je parlais au début le savent à mon avis parfaitement, et certains ont très bien compris que la physique ne les autorise plus à couvrir leur entreprise aussi bien (pas tous, parce que visiblement nombre d’entre eux croient réellement ce qu’ils assènent). Et c’est ce qui transparaît dans cette « misère » amha (attention, mon choix lexical ne doit pas faire penser que je parle de complot hein, convergence d’intérêts + comportement animal de prédation + volonté de pouvoir + etc). Et c’est bien pour ça qu’on sort le gros marteau pour faire rentrer dans les crânes que TINA.

  11. Avatar de sylla
    sylla

    Vous ironisez sur la « science » économique qui a été incapable de voir venir la crise de 2008 : que lui reprochez-vous fondamentalement ?

    Daniel Cohen interrogé par F Taddéi fin 2009 :
    Çà commence par une citation de DSK qui dit que c’est un des meilleurs économistes français, « peut être le meilleur », qu’il a tout compris au développement, à la mondialisation, à la finance et aux inégalités…qu’il s’est éloigné des maths pour une approche empirique de l’économie, rendue possible par la disponibilité d’un nombre croissant de données…
    et à 3 mn :
    T : « Les économistes ont été parmi les premières victimes de la crise : on leur a reproché de n’avoir rien vu venir […] »
    C : « […] le fait que l’on ne puisse pas prévoir des crises est quasiment défini de manière tautologique dans la définition d’une crise : si je pouvais prévoir aujourd’hui une crise qui se passera dans un mois, alors cette prévision déclencherait la crise aujourd’hui, et c’est la semaine d’avant que j’aurais pas pu la prévoir.[…] L’idée que les crises soient imprévisibles, c’est presque un axiome […] »

    1. Avatar de Kaiel

      En économie ya ceux qu’on tout compris (souvent très médiatisés) mais qu’y voient jamais rien venir et pis ya ceux qu’on dit qu’y comprennent rien (d’après ces expertsmédiatisés) et qui prévoient tout…

      1. Avatar de sylla
        sylla

        Ben là à ce qu’il dit, c’est justement parce qu’il est médiatique qu’il ne peut rien prévoir. Voire qu’il est inutile d’essayer, même pour ceux non médiatiques, car n’ayant pas de portée.

        Alors au pire il se voit comme un journaliste, au mieux comme un historien (ou un militant politique, comme le laisserait entendre sa palabre à science po, entre Fukuyama et Huntington).

    2. Avatar de Paul Jorion

      On ne peut mieux exprimer le fait que la « science » économique s’est construite de telle manière qu’elle est incapable de parler de l’économie.

      1. Avatar de sylla
        sylla

        Oui, en gros il dit qu’il ne sert à rien en tant qu’économiste!

    3. Avatar de Dissonance
      Dissonance

      @sylla

      Il faudrait peut-être expliquer à Mr Cohen le fonctionnement de la météorologie, de la sismologie ou plus généralement de la physique: Ces sciences là, parce qu’elles sont bien structurées, offrent un potentiel de prédictibilité des phénomènes tout à fait satisfaisant, et c’est même l’un de leurs principaux intérêts.

      Deux conclusions s’imposent alors:

      – La science économique n’a rien à voir avec une science dure, quels que soient les artifices mathématiques dont elle se pare.
      – L’économie politique telle que la conçoivent Jorion et d’autres offrant un potentiel de prédictibilité nettement supérieur à celui de la science économique, celle-ci ne doit vraiment pas valoir grand chose.

      Par analogie, c’est un peu la même différence qui existe entre l’astrologie et l’astronomie. Mr. Cohen devrait par conséquent sans doute reprendre le cabinet de Mme Soleil au lieu d’essayer de se faire passer pour Copernic, il serait plus à sa place…

      1. Avatar de sylla
        sylla

        Dissonance

        Même pas madame Soleil : aucune prospective. Un peu de mauvaise foi, un peu d’immodestie, un peu de sophisme pour pondre la stratégie de « l’autruche anticipatrice » en toute bonhommie. Un copilote inutile donc, et même dangereux

        Le pire étant qu’il le dise lui même et publiquement, « comptez pas sur moi pour prévenir des gros problèmes », sans que çà n’émeuve son interlocuteur.

        Çà ne l’empêche néanmoins pas de gloser sur les théories du « choc des civilisations » et de « la fin de l’histoire ». Économiste futurologue…mais pas sur l’économie.

        Par contre, je le soupçonne de considérer cette crise comme un énième cahot, et non comme quelque chose de structurel.
        Et avec son « axziome » de « l’autruche anticipatrice », n’ayant pas d’hypothèses à confronter au réel, il n’est pas près de remettre en cause son approche.

  12. Avatar de espoirsoleil
    espoirsoleil

    La situation devient tendue au point que Laurence Parisot rappelle que le fondement de notre société est le droit de propriété. Elle est scandalisée par les propos du gouvernement qui parle d’une nationalisation temporaire ! Bizarrement, elle ne rappelle pas que Arcelor a bénéficié de beaucoup d’investissement de l’état, qu’il évite de payer des impôts en France et en Europe. Arcelor Mittal déclare deux milliards de bénéfice au Quatar très connue pour sa sidérurgie ! Je ne parlerai pas de l’utilité de continuer l’activité du site car je ne connais pas le dossier et je ne sais si c’est pertinent pour la France. Mais cela doit être pertinent financièrement s’il y a un acheteur…Bien qu’il soit pertinent de savoir ce que l’on doit absolument conserver comme activité pour nous permette de ne pas être complètement dépendant de l’extérieur…comme par exemple le fait de pouvoir manger et s’habiller, se chauffer, boire un coup…ainsi il est plus qu’étonnant que nous n’ayons jamais fait attention à notre sol. Ainsi, en France, on ne forme plus de microbiologiste des sols..on en a plus besoin avec une agriculture et un commerce agroalimentaire qui sont dévorantes en terme d’énergie et qui finit par laisser des déserts derrière elle.

    Voilà une petite vidéo d’un spécialiste des sols et c’est incroyable que nos dirigeants préfèrent se disputer pour le pouvoir que d’écouter un homme qui parle de notre avenir !

    http://www.youtube.com/watch?v=nEioLamuJfg
    http://www.youtube.com/watch?v=vzMhB1fgWew&feature=related

    1. Avatar de Paul Jorion

      Propriété privée = dernier argument, dernier carré. Quiconque pose une question sur le bien-fondé de la propriété privée est « communiste = goulag ». C’est quand même bien pratique !

      1. Avatar de Jean-Michel Masson

        C’est bien ce qui est sous-entendu dans les déclarations de certains responsables patronaux à propos d’une entreprise sidérurgique française! Où doit s’arrêter la propriété privée, où commence ce qui doit rester le bien commun, dans l’esprit des « commons »?

      2. Avatar de Dissonance
        Dissonance

        @Paul

        Parisot est dans son rôle, détestable comme toujours, cependant en appeler à l’abolition de la propriété privée nécessite pour le moins un débat préalable d’une ampleur sans commune mesure avec la ritournelle gentillette dont nous abreuvent nos responsables de tous poils depuis fort longtemps.

        Concrètement, on abolit toute forme de propriété privée? Seulement certaines formes (genre celle des moyens de production?). Dans le premier cas, cela pose la question de l’attribution des moyens de subsistance (qui décide comment répartir les logements, la nourriture, etc.), dans le second, cela pose la question des entreprises personnelles: S’il est bien évident que les gros machins du cac40 ne devraient en aucun cas être privés (d’autant moins lorsqu’ils sont dépositaires de biens publics, suivez mon regard), que dire des artisans et autres micro-structures économiques? Doit-on les obliger à s’associer à parts égales avec une ou plusieurs autres personnes pour conserver le droit d’exercer? Idem pour les professions libérales?

        Ce sujet me semble autrement plus délicat que ce que vous en laissez voir quand vous tirez ainsi sur l’ambulance Parisot.

      3. Avatar de M
        M

         » …ambulance Parisot. »

        non, « tirer »en paroles sur Parisot n’est pas tirer sur l’ambulance …

        c’est tirer sur les multinationales n’hésitant pas à provoquer de nombreux désastres humains
        ( faire basculer des personnes à la rue, c’est cela tirer sur l’ambulance ! ) par des licenciements boursiers, dans des groupes faisant de juteux bénéfices, uniquement pour augmenter les dividendes des actionnaires, et les stock-options des big boss,et , en particulier de ceux qui n’ont guère fait plus dans leur vie qu’hériter …

        c’est vrai que la propriété privée, lors de la Révolution Française, avait, au départ, pour but de permettre aux paysans d’acquérir leur lopin, et donc leur sécurité alimentaire, pour eux et leurs enfants =) ne pas oublier que des siècles durant, ils n’avaient connu, comme fruits de leur travail, que l’insécurité, la disette, la prédation d’une grande part des récoltes par les seigneurs – particulièrement tragique en cas de famine – … + guerre des farines peu de temps avant / spéculations sur le grain … =) grand avantage, d’après moi, par rapport aux Pays n’ayant pas mené de Révolution, à son terme, avec latifundiaires usant et abusant … il en existe toujours de nombreux exemples de part le vaste monde ( fini) .
        il y a grande différence entre petite propriété (TPE, et PME inventives et courageuses), et « pigeons » axés sur les fusions-acquisitions, visant à acquérir toujours plus de pouvoir, et à devenir énormes =) prédation en cours .

        mais, il va falloir aviser ce qui est bien commun ( coopératives de paysans,travaillant « proprement », et tentant de tenir à distance les mammouths agro-alimentaires pest(icid)eux, le sol ( et sous-sol ) d’un territoire : ex. des zones vendues à la découpe par le neocon(férencier), en vue de prospection ( et plus si affinité, hélas) des gaz de schistes …exploitation de pétrole maritime, dans les zones côtières par les éléphants pétrolifères ( BP/golfe du Mexique, et ce qui sent le soufre ( Grèce, MO …)

        enfin, moi je n’ai rien en propriété ;.. mais je pense que petite propriété n’est pas le problème … il y a une question de freins à mettre ( cf Robespierre, 1792 / texte déjà cité ) …

        small is beautifull .

      4. Avatar de Dissonance
        Dissonance

        @M

        Je désigne Parisot comme ambulance précisément parce que ses propos sont indéfendables, ils méritent donc d’être défendus, ne serait-ce que pour faire émerger de vrais arguments à charge, et pas seulement quelques vagues invectives et autres bons mots.

    2. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      Il faut éviter une catastrophe sociale de plus
      en réquisitionnant non seulement Florange, mais l’ensemble du groupe France,
      et refuser de payer une quelconque indemnisation
      à ce patron qui a déjà tellement profité de subsides et de l’exploitation du travail.

      Montebourg parle d’une timide « prise de contrôle public temporaire ».
      Mais même de cela, ce gouvernement MEDEF en semble incapable !

  13. Avatar de Juan nessy
    Juan nessy

    Il manque  » la survie de l’espèce » dans la bibliographie en fin d’article .

  14. Avatar de Olivier B
    Olivier B

    « Paul, vous auriez dû le savoir : il n’existe pas chez nous de culture associée à des projets qui réussissent »

    Je ne suis visiblement pas fait pour les couloirs feutrés de l’ONU… Je n’arrive pas à comprendre cette phrase. Quelqu’un peut-il m’éclairer ? C’est le mot « culture » qui coince ici. Dans quel sens dois-je le comprendre ?

    1. Avatar de G L
      G L

      Extrait de Comment on devient l’anthropologue de la crise

      Sous sa forme complète le récit de cet épisode répond à la question, c.a.d. approximativement qu’en jouant au « savant distrait » Paul faisait obstacle aux intérêt supérieurs de l’Entreprise:

      « Le profil que j’adoptais était celui du « savant distrait », du technicien absorbé par la résolution de problèmes purement techniques et prétendument incapable de noter les enjeux politiques du cadre au sein duquel il évolue. Cela suffisait en général à ce qu’on me laisse tranquille puisque je réalisais par ailleurs les tâches que l’on me confiait (le plus souvent d’ailleurs celles sur lesquelles mes prédécesseurs s’étaient cassé les dents, ce qui me rendait indispensable malgré mon caractère atypique et assez inquiétant). Il m’arriva pourtant un jour que l’on me rappelle en termes explicites la nature des enjeux politiques et leur préséance sur la résolution technique des problèmes. L’anecdote mérite d’être rapportée car elle est éclairante en soi quant au monde financier et au rapport de force existant entre lui et ses autorités de tutelle : le régulateur étatique qui supervise, en principe du moins, son activité.

      Je faisais partie à l’époque d’une équipe de consultants introduisant dans une banque européenne (la plus importante du pays en question) le protocole de gestion du risque « VaR », Value at Risk. Les autorités de tutelle avaient imposé que les banques produisent dorénavant journellement ce chiffre de Value at Risk exprimant, pour dire les choses en deux mots, sa perte maximale probable au cours d’une période donnée, vu son exposition au risque sur les marchés. Mon rôle consistait à tester le logiciel que nous installions. J’avais pour cela créé un portefeuille fictif de l’ensemble des instruments de dette que possédait la banque, dont je calculais le prix « à la main », c’est-à-dire en ayant créé un modèle de cet instrument sur un tableur, puis je comparais les valeurs obtenues à celles que le logiciel générait pour les mêmes configurations. Or ça ne collait pas : on trouvait dans les prix des produits (en amont du calcul de la « VaR ») des erreurs de l’ordre – si je me souviens bien – de 1%, ce qui sur des portefeuilles de la taille des portefeuilles bancaires était tout à fait inacceptable.

      Je demandai à examiner le code (C++), ce qu’on m’accorda, bien qu’en me maudissant silencieusement. Le code était correct et il ne s’agissait donc pas d’un bug, d’une erreur de programmation. La méthodologie VaR était codée à l’intérieur d’un module inséré lui au sein d’un logiciel beaucoup plus vaste. Je me mis à examiner les chiffres en entrée dans le module VaR en provenance du logiciel général. La source des erreurs était là. Or ce logiciel était d’usage courant depuis plusieurs années, installé dans des centaines de banques de par le monde, le vendeur bénéficiant d’une part considérable du marché. Nos services étaient coûteux pour la banque hôte et l’équipe à laquelle j’appartenais était restée bloquée depuis plusieurs jours, attendant le résultat de mes investigations. La nouvelle que j’annonçais : que le problème était en amont et beaucoup plus général que nul n’avait envisagé puisqu’il affectait la valorisation de produits financiers très répandus, jeta la consternation.

      Quelques jours plus tard, la banque organisait un cocktail dans un excellent restaurant de la ville. J’étais là, mon verre à la main, quand un vieux monsieur m’aborda : « Vous savez qui je suis ? » Non, je ne le savais pas. Il me dit son nom qui m’était familier : c’était celui du numéro deux ou trois de cette grande banque dont tout le monde connaît le nom. « Et moi je sais qui vous êtes : vous êtes l’emmerdeur qui bloquez tout. Il y a une chose que vous n’avez pas l’air de comprendre mon petit Monsieur : le régulateur, ce n’est pas lui qui me dira ce que je dois faire. Non, ce n’est pas comme ça que les choses se passent : c’est moi qui lui dirai quels sont les chiffres, il ne mouftera pas et les choses en resteront là. Un point c’est tout ! » Et il tourna les talons, me plantant là, moi et mon verre. »

    2. Avatar de Paul Jorion

      « Nous avons un discours tout préparé pour quand un projet échoue : « Des populations locales (« indigènes ») peu à même de comprendre les enjeux, bla, bla… », mais quand un projet réussit, il faudrait changer toutes nos habitudes : heures de travail imprévisibles, caractère ingérable de la reconnaissance que nous manifestent les populations locales, fonds propres à allouer aux projets au lieu de nous les partager entre nous comme « bonus », etc. »

      1. Avatar de Olivier B
        Olivier B

        Waw ! A présent je comprends ! De Gaulle (pour une fois je lui donne raison) avait vu juste : un « grand machin », ou plus exactement, une grande machine, juste là, avec ses milliards de dolllars de budget annuel, pour servir de prétexte et dire aux populations de tous les continents, « vous voyez, nous sommes là pour vous aider »…

        Pourvu qu’un projet échoue ! Nous avons nos discours déjà préparés et nous gagnerons plus d’argent. Un projet qui réussit, ça fait désordre…

        J’en suis le cul par terre (si vous me passez l’expression) ! Vous avez encore réussi à me choquer, Paul Jorion ! Après tout ce que j’avais déjà lu sur votre blog, je commençais à douter que ce fût encore possible !…

  15. Avatar de etienne maimbourg
    etienne maimbourg

    Bonsoir Monsieur Jorion, votre évocation de la « main invisible » d’Adam Smith n’est pas sans faire écho à la Théorie de « l’ordre spontané » de Monsieur Hayek .Celui a sans doute déniché ,à mon sens, la justification la plus subtile de la non intrevention des Etats dans le fonctionnement intime des marchés: en effet,selon le célèbre professeur viennois, seuls les parties prenantes qui agissent à l’intérieur de ces marchés sont les seules à avoir la connaissance idoine et les compétences requises pour pouvoir les gérer eux-mêmes sans qu’une puissance tutélaire extérieure vienne s’en mêler(en ce qui concerne notament la formation des prix, Hayek part du principe que les agents du marché disposent de toute l’information nécessaire pour définir ces prix,contrairement aux Etats ,totalement béotiens en la matière)Cela me rappelle furieusement l’intervention d’un ancien premier ministre socialiste aux universités d’été du medef en Aout 2011:celui-ci exposait sa recette personnelle pour résoudre la crise;les Etats devaient rester en dehors de toute tentative de résolution de la crise,car seules les grandes firmes multinationales avaient légitimité de le faire,eû égard à leur expérience des affaires économiques!….Edifiant,non?

    1. Avatar de Paul Jorion

      Vous avez oublié les guillemets à « socialiste » 😉

      1. Avatar de etienne maimbourg
        etienne maimbourg

        Je tenais absolument à vous laisser cet insigne honneur ! Bien à vous Paul!

      2. Avatar de Guy Leboutte

        etienne, il y a des réponses de rien du tout qui portent la marque du génie
        😉

      3. Avatar de vigneron
        vigneron

        Les souverainetés nationales ont dépassé leur stade d’efficacité, elles entrent dans la période de la nuisance.

        C’était ça le message de Rocard au Medef en août 2010. J’attends que quelqu’un s’imagine me prouver le contraire…

      4. Avatar de juan nessy
        juan nessy

        @Vigneron :

        Si l’on arrête là le propos , ça peut être audible , si on le comprend comme :  » les nations ne sont plus adaptées aux enjeux que le monde doit prendre en compte , et deviennent contre-productives » .

        Quand on laisse entendre que la nuisance naît des nations , il y a problème . quand on oublie ce que peut être vraiment la nuisance , il y a un deuxième problème . Quand on dit au Medef qu’on compte sur lui pour prendre les manettes du monde , il y a un troisième problème .

        Quand on est d’abord aristocrate avant que d’être le socialiste encarté que l’on affiche , , il y a un quatrième problème .

  16. Avatar de Jean-Pierre Monfort
    Jean-Pierre Monfort

    Le néolibéralisme est une arme idéologique adaptée aux nécessités de la guerre froide et en tant que telle aussi démodée que les milliers de chars du pacte de Varsovie.

    On doit s’en débarrasser, ou nous finirons tous comme les Grecs.

  17. Avatar de jacqueline Hafidi

    dans le « Diplo » de ce mois, article sur l’Habitat Coopératif, verrou contre la spéculation.
    Les habitants ne sont ni locataires ni propriétaires

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Si Jacqueline, au contraire ils sont les deux à la fois, propriétaires et locataires (locataires à vie dans le cadre juridico-fiscal actuel…). L’habitation coopérative réelle ? Ben la coloc, la copropriété, la cohabitation intergénérationnelle… ou la bonne vieille vie en famille ou, tout connement, en couple…

    2. Avatar de jacqueline Hafidi

      Alors c’est au Diplo qu’il faut répondre. J’aurais dû mettre entre guillemets « ni locataires, ni propriétaires »

  18. Avatar de Reiichido
    Reiichido

    Petite question d’un non-initié:

    Je n’ai pas réussi à trouver dans la définition de l’Homo Oeconomicus que la maximisation de son utilité devait se faire « dans une ignorance totale de ses concitoyens ». Par exemple, je ne vois pas en quoi la définition de l’Homo Oeconomicus l’empecherait de donner 500 euros a un mandiant plutot que de s’acheter du café chez Fauchon: il s’agit aprés tout d’un arbitrage « de consommation » comme un autre.

    En accusant l’Homo Oeconomicus d’être un « sociopathe », un « égoiste forcené », ne projeteriez-vous pas dans cette appelation les dérives que vous voulez absolument y trouver ? Ou que certains libéraux voudraient y trouver aussi ?

    D’autre part, autre commentaire évident bien sûr et qui a déja été discuté moults fois, mais il vaut mieux le répéter: mettre en place un système jouant sur la coopération pure de tout les individus est certainement aussi vain que créer un système qui se baserait sur un modèle d’Humanité complétement égoiste. Peut être qu’à l’instar de ce que dit le théorème d’incomplétude de Gödel pour les mathématiques, les problèmes économiques et sociaux n’admettent pas tous une solution et qu’on est condamnés à un balancier lorsque les crises du système précédent auront été oubliées…

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Peut être que le balancier ressemble à un culbuto …

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta