Compétitivité et coût du travail : le mauvais débat, par FOD

Billet invité. 30/11 à 00h08 : deux paragraphes modifiés entre le 1er graphique et le second.

Un graphique remplaçant parfois avantageusement un long discours, ce billet a pour objectif de donner des arguments visuels à partir de graphiques établis sur la base des statistiques de l’Insee, et donc de corroborer ou d’invalider certains propos ou idées reçues, au risque d’enfoncer quelques portes ouvertes. Cette analyse porte essentiellement sur les sociétés non financières pour la raison simple qu’elles totalisent presque 65 % des rémunérations versées et 86 % des dividendes distribués (1). Cliquer sur les graphiques pour les agrandir

Comme tout le monde, nous entendons parler de compétitivité à longueur de journée, parfois jusqu’à la nausée. Devenu argument d’autorité, ce terme ne souffre aujourd’hui aucune discussion, aucune remise en question, alors qu’il y aurait certainement beaucoup à dire et à discuter autour de la conception guerrière qu’il sous-entend. Mais mon propos n’est pas là. Que cela nous plaise ou non, ce mot, répété en boucle dans les médias, colonise les cerveaux et les discussions jusqu’à « psycholeptiser » toute critique sur son bien fondé. Et force est de constater que ce nouveau leitmotiv, fer de lance de la guerre idéologique, accapare aujourd’hui toutes les énergies du Medef et concentre ses tirs, essentiellement, sur le coût du travail. Or, comme certains l’ont déjà fait remarquer, cet argument équivaut à de la pure propagande dont le seul objectif est d’introduire un rapport de forces favorable au patronat et aux actionnaires – en d’autres termes le capital – face aux salariés.

Au risque de faire une légère digression, une des analyses que j’ai pu lire sur la compétitivité a particulièrement retenu mon attention. Dans un article récent (2), Arnaud Parienty, adoptant un point de vue original, écrit :

Un problème plus général est la mauvaise qualité des dirigeants d’entreprises en France, rarement souligné. Il est étonnant (et symptomatique de notre culture colbertiste) que l’État ne retourne jamais vers les entreprises les accusations qui lui sont faites. Pourtant, les cadres ne sont pas les premiers à dénoncer des dirigeants parachutés dans des secteurs d’activité auxquels ils ne connaissent rien, choisis pour leur carnet d’adresses plus que pour leurs compétences, obsédés par la performance financière sans volonté de construire un outil de production, passant d’une entreprise à l’autre à toute vitesse.

Voilà qui a le mérite d’être dit et de poser le problème sous une autre forme : le manque de compétitivité ne serait-il pas tout simplement la conséquence d’un manque notoire de compétences, d’imagination et de volonté chez certains de nos grands patrons ? Raison de plus pour contrecarrer, par tous les moyens possibles, la politique qui consisterait à faire payer aux salariés l’incompétence de quelques-uns.

Pour en revenir au cœur de ce billet, je commencerai par évoquer une intervention récente de Jean-Luc Mélenchon (3) – proposée ici même en lien par un des fidèles lecteurs du blog (4) – dans laquelle il proclamait que les dividendes distribués étaient très largement supérieurs aux cotisations versées par les employeurs. N’ayant jamais eu une confiance totale dans les propos de nos hommes politiques, je suis allé directement vérifier l’information sur le site de l’Insee en consultant le compte S11 des sociétés non financières et S12 des financières. Et force est de constater, comme le montre le graphique 1, qu’il a raison.

Aujourd’hui et depuis 2004 – 2002 quand on cumule SNF (sociétés non financières) et SF (sociétés financières) -, les cotisations sociales pèsent moins lourd que les dividendes totaux distribués dans les comptes des sociétés non financières. Toutefois, l’honnêteté oblige à préciser que les dividendes nets (reçus – distribués) en 2011 sont encore très largement inférieurs aux montants des cotisations sociales : 66,8 versus 166,8 milliards, 89,9 versus 166,8 si nous prenons le compte « Revenus distribués des sociétés » dont les dividendes représentent 75 %. L’argument de JL Mélenchon dont l’avantage est de frapper les esprits est fondé, mais doit être assorti d’un « MAIS » de réserve, suivant l’angle de l’analyse. Compte tenu de cette différence d’appréciation selon que l’on prenne les dividendes totaux ou les dividendes nets, il est nécessaire d’aller un peu plus loin et de trouver d’autres éléments moins contestables.

Ainsi, poussant l’investigation un peu plus loin, j’ai réalisé le graphique 2 qui montre sur une base 100 prenant 1993 (2) comme année de référence, que la masse salariale (salaires + cotisations soc. effectives et imputées) est restée relativement stable par rapport à la valeur ajoutée brute (66,93 % en 93, 67,77 % en 2011) alors que dans le même temps, le poids des dividendes totaux distribués était multiplié par presque 3 dans leur rapport avec la valeur ajoutée brute (7,5 % en 93, 21,1 % en 2011) et par 2 dans celui avec le compte d’affection des revenus primaires (8,8 % en 93, 19,4 % en 2011) (3). Quelle que soit l’assiette du calcul, que vous preniez le total des dividendes distribués ou les dividendes nets (total dividendes distribués – dividendes reçus) en rapport avec la VAB ou l’EBE (graphique 2bis), il y a systématiquement une multiplication par 3 (ou presque) des sommes versées entre 1993 et 2011.

Quant à la masse salariale, vous pourrez constater sur le graphique 3 que les salaires et traitements ont augmenté, mais ont été compensés par une diminution des cotisations sociales effectives et imputées. Donc, si les salariés qui ont la chance de bénéficier d’un système de participation ou d’intéressement ont vu leurs gains augmentés, la charge globale de la masse salariale pour les SNF n’a quasiment pas bougé depuis 1993 comme le montre la courbe linéaire (en rouge).  Elle a même été légèrement inférieure à 1993 de 1994 à 2010. Seule l’année 2011 présente une légère augmentation de 1,25 %. Ce graphique nous indique clairement que le coût du travail n’est donc aucunement responsable de la baisse des marges des entreprises.

Dès lors, une question se pose. Si l’augmentation des dividendes n’a pas été prélevée sur la masse salariale – en tout cas depuis 1993-, contrairement à une idée trop largement répandue, sur quel(s) poste(s) a (ont) été prélevés ces dividendes ? En d’autres termes, quelle(s) est(sont) la(les) ligne(s) comptable(s) qui a(ont) été la(les) plus affecté(es) ?

Le prochain graphique (graphique 4) montre que l’impôt sur les sociétés n’a pas été affecté sur la période 1993-2011 et serait au contraire en légère augmentation comme le suggère la courbe de tendance linéaire. Si nous en restions là, comme le feraient certains apôtres orthodoxes sur le mode du « Circulez, y’a rien à voir ! » ou pire de « L’État nous spolie !», nous passerions à côté de la tendance lourde qui se dégage des dernières années. En effet, si nous faisons un focus sur la période 2006-2011 (graphique 4bis), nous voyons clairement que si les dividendes nets ont retrouvé rapidement leur vitesse de croisière après la crise de 2008, ce n’est pas le cas de l’IS.

Autre chiffre intéressant : le rapport entre le montant de l’IS et les dividendes nets. Comme le montre le graphique 5, nous avons atteint les niveaux les plus bas depuis 2009. Si en 2000, le montant de l’impôt était 20 % plus important que les dividendes, il était en 2011 inférieur de 50 % ce qui représente un manque à gagner d’environ 16 milliards d’euros, 16 milliards qui seraient très utiles en ces temps de déficits publics.

Pour conclure ce billet, je finirai par un dernier graphique (graphique 6) qui montre une corrélation évidente entre les dividendes bruts et nets distribués en plus par rapport à leur poids en 1993 et le besoin de financement des entreprises (valeurs exprimées en milliards d’euros en ordonnée).

Comme je l’ai rappelé au début de cet article, ces graphiques ont pour objectif de servir d’arguments visuels, notamment face à tous ceux qui au nom de la compétitivité, arguent d’un surcoût du travail. Comme nous le voyons, le poids de la masse salariale n’a quasiment pas bougé depuis 1993. La problématique est donc ailleurs, et en particulier dans le coût du capital.

Je sais qu’il ne s’agit pas d’une révélation et que beaucoup défendent déjà ce point de vue. Ces graphiques sont là simplement pour éclairer leurs lignes de défense et d’attaque.

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PS : Tous les graphiques présentés ici sont librement disponibles et peuvent être repris par toute personne qui les juge digne d’intérêt. Le copyright a juste pour objectif de rappeler qui les a réalisés et empêcher toute forme d’usurpation.

(1) Voir tableau économique d’ensemble année 2011 http://www.insee.fr/fr/themes/theme.asp?theme=16&sous_theme=5.5

(2) http://alternatives-economiques.fr/blogs/parienty/2012/11/18/vive-le-debat-sur-la-competitivite/

(3) http://www.jean-luc-melenchon.fr/2012/11/14/invite-du-grand-journal-sur-lci/

(4) http://www.pauljorion.com/blog/?p=43638

(5) Pourquoi 1993 ? Tout simplement parce que les données longues font apparaître une ligne spécifique au compte D421 (dividendes) à partir de cette année-là.

(6) Compte d’affectation des revenus primaires = excédent brut d’exploitation +  revenus de la propriété

 

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194 réponses à “Compétitivité et coût du travail : le mauvais débat, par FOD”

  1. Avatar de Diego
    Diego

    Le véritable souci est que ces graphs sont connus de l’Elysée , de Matignon, du Medef etc…et leur petit coeur continue de parler d’austérité et de nous rappeler que le travail est une charge.

    L’enjeu est une fois de plus l’information. On pourrait se cotiser pour coller le bon graphique 30 secondes sur TF1 avec un commentaire de Schwarzenegger (le doublage) en voix off… (On demanderait à Costa Gavras de le réaliser) ou bien demander une loi pour faire un site officiel avec des compteurs qui tournent : bénéfices, salaires et charges , par secteur, pour le CAC40….ou bien imprimer des tee-shirt « Nous sommes au courant » ou bien …

    Le problème FOD, c’est que j’ai tendance à vous voir dans la scène finale d’un film avec vos graphiques dans la main gauche, le poing droit tapant rageusement sur une vitre épaisse qui ne laisse passer ni le son ni les balles, la caméra finit sur un travelling arrière ou l’on peut voir un type qui vous tire sur chariot dans un entrepôt immense et mal éclairé…. mouais…

    1. Avatar de bossuet
      bossuet

      Le dernier plan du grand soir, quoa !

    2. Avatar de Fod

      @ Diego

      J’aurais préféré une fin plus glorieuse. 🙂
      Rêvons un peu et laissons nous aller à imaginer une fin plus hollywoodienne avec happy end : Fod en sauveur du monde, adulé des foules, proclamant un discours, mondialement retransmis avec la 9ème de Beethoven en fond sonore, sur les marches du Parthénon, symbole du sacrifice grec, ou au bas de celles du Palais Brongniart ou de Wall Street détruits, symboles du capitalisme déchu, ou bien les trois dans un travelling final avec vues aériennes et effets spéciaux… 🙂

    3. Avatar de JeanNimes
      JeanNimes

      Bien d’accord !
      La question est comment se fait-il que ces chiffres publics ne puissent jamais être discutés sur un plateau TV ?
      Comment se fait-il qu’aucun journaliste économique ne les donne, ne les oppose aux faux chiffres et taux donnés par les politiques ?
      Qu’avons-nous fait pour qu’un service public comme l’Insee (création de la Révolution, quand même) ne puisse jamais intervenir pour dire ce qu’il en est ? Iindépendamment des avis ou des interprétations des uns et des autres, car il faut du débat contradictoire. Les chiffres doivent être discutés !

      1. Avatar de bossuet
        bossuet

        Vous vous trouvez sur un plateau télé, vous êtes entouré de personnes tenant le discours dominant, il leur suffit d’une phrase largement approuvée par la majorité des auditeurs pour vous « démolir ». Vous disposez de quelques minutes émiettées (dans le meilleur des cas) pour présenter et démontrer le bien fondé de vos propos, de l’ordre de ceux-ci :

        « Poussant l’investigation un peu plus loin, j’ai réalisé le graphique 2 qui montre sur une base 100 prenant 1993 (5) comme année de référence, que la masse salariale (salaires + cotisations soc. effectives et imputées) est restée relativement stable par rapport à la valeur ajoutée brute (66,93 % en 93, 67,77 % en 2011) alors que dans le même temps, le poids des dividendes bruts distribués était multiplié par presque 3 dans leur rapport avec la valeur ajoutée brute (7,5 % en 93, 21,1 % en 2011) et par 2 dans celui avec le compte d’affection des revenus primaires (8,8 % en 93, 19,4 % en 2011) »

        C’est à ce moment que la musique à 5 temps de Mission Impossible MMXII commence à sonner, lointaine puis crescendo !

  2. Avatar de dissy
    dissy

    Le chômage explose en octobre.

    Le chômage a de nouveau très fortement augmenté en octobre. Selon les statistiques publiées mercredi 27 novembre par Pôle emploi et le ministère du travail, le nombre de demandeurs d’emploi n’ayant eu aucune activité au cours du mois (catégorie A) a abondi de 46 500 personnes, DOM compris. En septembre, il avait déjà bondi de près de 47 000 personnes. Pire, en comptant les chômeurs en activité réduite (catégorie B et C), la hausse atteint 73 600 personnes !
    Une telle explosion n’avait pas été vue depuis mars 2009. Avec 4 870 800 personnes inscrites à Pôle emploi, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A,B et C atteint un niveau jamais vu aussi loin que remontent les statistiques. Pour ceux en catégorie A, le niveau n’avait pas été aussi haut depuis quatorze ans, en mai 1998.

    http://www.lemonde.fr/emploi/article/2012/11/27/le-chomage-explose-en-octobre_1796694_1698637.html

  3. Avatar de wuwei
    wuwei

    La simple notion novlangue de « cout du travail » résume à elle seule la pensée du MEDEF et de ses obligés politiques. L’esclavage, le pillage, la guerre sont historiquement dans les gènes du capitalisme, croire qu’il peut en être autrement est pour le moins naïf.

  4. Avatar de Bertrand_M
    Bertrand_M

    Le terme compétitivité va toujours dans un seul sens. Il ne viendrait pas à l’idée de Mme Parisot d’évoquer la compétitivité des salaires des patrons du CAC40.
    Compétitivité : Action concertée de l’aristocratie des marchands pour abaisser le salaire du grouillot à son strict niveau de survie.

  5. Avatar de ggbal
    ggbal

    comme on compare toujours a la belle et respectable Allemagne, y a t il des comparaisons possibles a faire sur ces graphes? est ce un probleme specifiquement français, ou bien ce fameux cout du capital est il le meme dans tous les pays? merci de m’apporter des reponses si c’est possible…

    1. Avatar de Fod

      @ggbal

      Il faudrait faire le même travail avec les statistiques allemandes. Travail long et laborieux. Rien n’empêche quelqu’un d’autre de le faire ou de tenter une synthèse à partir des données Eurostat.

      1. Avatar de ggbal
        ggbal

        Merci mais avez vous au moins une juste une petite idée? est ce typiquement français ou est ce vrai partout? car ca ne veut rien dire de parler seulement pour nous français, est ce vrai dans l’ensemble du systeme, sinon a quoi ça sert de nous bourrer le mou avec cette histoire de competetivité (qui n’a de sens que par comparaison, et ils ne s’en privent pas )??? pourriez vous transmettre ces graphes a ce beau Mr Lenglet sur A2, il paraitrait un peu plus original….

      2. Avatar de M
        M

        Mr Lenglet sur A2

        lequel s’ est déjà fait *mélenchoniser proprement …
        mais son sourire est resté imperturbablement TINesque ( à mon avis un lifting qui aurait mal tourné )

        * synonyme de : pulvériser façon puzzle …pour le plus grand bien de la remise des questions dans le bon sens, avec déboisement de la langue, et pédagogie à la clef …

        rien que pour cela, mélenchons nous fraternellement !

  6. Avatar de vigneron
    vigneron

    Fod, la version Medef/rexecode

    1. Avatar de Fod

      Merci Vigneron.

      Si je trouve le temps, je le lirai demain.

      1. Avatar de tchoo
        tchoo

        J’attends votre avis
        pour l’avoir rapidement parcouru, il me semble qu’il parte du postulat que la baisse de compétitivité en France provient du « cout  » du travail et des 35 heures, et donc que le développement de l’étude est faite avec cette optique.
        Par exemple la comparaison du prix du travail horaire entre France et Allemagne oublie de comparer le montant produit pour les deux pays dans la même unité de temps.

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      Dividendes vs frais financiers :

      La hausse tendancielle de la part des dividendes dans la valeur ajoutée est intervenue en contrepartie d’une baisse des frais financiers nets. Selon les comptes nationaux, le poids des frais financiers nets dans la valeur ajoutée (intérêts versés moins les intérêts reçus) est passé de 6,1 % de la valeur ajoutée des sociétés non financières en 1990 à 2,1 % en 2000 et même 1,2 % en 2011. La part des dividendes nets est en revanche passée de 4,5 % de la valeur ajoutée en 1990 à 5,9 % en 2000, 7,7 % en 2007 et 9 % en 2011. Au total, le point à noter est que le coût de la rémunération des capitaux (ou coût de financement externe) apparaît assez stable sur longue période : 10,6 % de la valeur ajoutée en 1990.

      Secteur industrie manufacturière vs construction, extraction et services :.

      C’est le secteur industriel qui a subi les plus forts reculs de ses résultats d’exploitation. Le taux de marge de l’industrie manufacturière a baissé de plus de dix points depuis 2000, passant de 33 % à 21,6 %. Le montant de son excédent brut d’exploitation est en recul de 40,1 % par rapport à son niveau de 2000. Il est en retrait de 31,8 % par rapport à 2007. Le montant de l’EBE de l’industrie manufacturière ne représente plus que 5 % de la valeur de la production de la branche. Ce ratio était de 9,3 % en 2000.

      1. Avatar de Fod

        @ vigneron ou l’art de mettre le doigt là où ça fait mal

        Concernant uniquement la 1ère partie, deux remarques à faire :
        1) les chiffres sont exacts sur la période analysée par Rexecode. Cependant, le rapport du coût de la rémunération des capitaux a connu de fortes fluctuations entre 1993 et 2011 : 11,36 en 96 contre 7,06 en 2002. Si je procédais à la manière de Rexecode en prenant comme base le point le plus bas, je pourrais alors faire remarquer qu’entre 2002 et 2011, ce coût a augmenté de 31 milliards et correspond en cumulé à 236 milliards d’euros.
        2) les frais financiers regroupent aussi bien les intérêts sur crédit bancaire que ceux versés au titre des obligations, les commissions bancaires de découvert ou les intérêts sur les opérations de crédit-bail… Dès lors, je me pose la question de savoir s’il est légitime d’amalgamer dans une même entité comptable les soldes des revenus distribués et des frais financiers dans la mesure où compte tenu de l’hétérogénéité de ces derniers, le détail précis nous est inconnu ? La seule hypothèse que je puisse émettre, c’est que si les SNF se sont «désendettées», c’est au seul profit des revenus distribués donc des actionnaires, mais en aucun cas pour améliorer l’appareil de production ou le budget R&D.

    3. Avatar de Fod

      @ Vigneron

      Suite à l’enfumage que Coe-Rexecode, via Parisot, nous avait infligé en 2010 sur les coûts horaires de la main-d’oeuvre entre l’Allemagne et la France, j’avoue émettre les plus grandes réserves quant à leurs arguments. Toutefois, malgré un début d’urticaire géant et une tachycardie galopante :-), j’ai lu avec intérêt et le plus d’objectivité possible (il est interdit de rire !) leur analyse, en m’épargnant tout de même l’annexe sur les coûts du travail – pour les raisons sus évoquées- et en me concentrant sur les parties en rapport avec mon billet.
      4 remarques me paraissent intéressantes à faire.

      1°) Les chiffres sont justes, notamment ceux concernant la masse salariale comptable, même si le rapport tend à résumer sous les termes « salaires » et « rémunération des salariés » l’ensemble de la masse salariale, sous-entendant ainsi que seuls seraient en cause les salaires perçus. Mais bon ! Arrêtons de voir le mal partout !

      2°) Une remarque plus sérieuse s’impose : l’année 2007, prise comme point de départ de l’analyse sur les salaires, est en ratio (référence 1993) l’une des plus basses sur la période 1993-2011 : 96,49. Rapporté à la VAB, c’est le rapport le plus faible (64,58 % de la VAB) de toute la période après l’année 1998 (64,19 %). Il est donc facile à partir d’un des points les plus bas de démontrer une hausse de 3 % de la masse salariale comptable, alors que comparativement à la moyenne des 20 dernières années, elle est seulement pour 2011 de 1,87 % ce qui représente un surcoût de 18,8 milliards d’euros (10 milliards si on le compare avec 2010), et non pas 57. Comparés aux 66,8 milliards de dividendes nets (compte D421) ou aux 89,9 milliards de revenus totaux distribués nets (compte D42), il est clair qu’il nous faut immédiatement sortir nos mouchoirs pour épancher leurs pleurs – même ça, les pauvres actionnaires n’ont plus les moyens de se l’offrir, salauds de salariés !-.

      3°) Une phrase dont l’ambiguïté n’a rien à envier à la transparence des eaux de l’estuaire de la Gironde, a aussi retenu mon attention : « La distribution accrue de dividendes ne paraît ainsi pas tant relever d’une “exigence” de rendement qu’elle ne reflète la hausse des fonds propres. ». Bonjour la formulation ! « Y paraît que »…. Depuis quand « y paraît que » est une preuve ? Si ce n’est pas de la noyade de goujon, alors je ne sais pas ce que c’est.
      Dans la même veine, j’ai beaucoup apprécié le « seraient » de « les profits nets, après imputation de la consommation de capital fixe (amortissements économiques) SERAIENT passés de 63 milliards d’euros en 2000 à 70 milliards en 2011 (+11,1 % en euros courants), soit un recul en valeur réelle de près de 9 % ». Si les SI n’aiment pas les RAIT, on sait par contre qu’avec des SI, on refait le monde.

      4°) Dernière remarque concernant les dépenses de R&D. On peut lire dans le rapport la chose suivante : « La faiblesse relative des dépenses d’investissement et de recherche des sociétés non financières, qui est fréquemment invoquée comme une cause de manque de compétitivité des produits et services réalisés par des entreprises françaises, notamment en comparaison avec l’Allemagne (les dépenses de R&D privées rapportées au PIB sont de 1,9 % en Allemagne et 1,4 % en France) s’explique ainsi en premier lieu par la faiblesse des résultats des entreprises et non par un taux d’effort qui serait significativement plus faible en France. »
      Alors là, y’a de quoi se marrer ! En 30 ans, le taux le plus élevé a été atteint en 1992/93 avec 1,46 % par rapport au Pib. Qu’on ne vienne pas nous raconter aujourd’hui que la faiblesse de ce taux est liée à un manque de résultats, alors qu’historiquement, même en période faste, il n’a jamais dépassé 1,46 %. Sur ce coup-là, on nous prend vraiment pour des billes.

      Finalement, je n’ai pas été déçu. J’ai été confirmé dans mon opinion première. Après l’enfumage, j’ai beaucoup apprécié la noyade de goujon et l’art de l’esquive. En bref, ce rapport pourrait se résumer à « C’est pas d’ma faute, c’est d’la faute aux autres ! ». L’auto-critique n’est pas encore à l’ordre du jour au Medef.

      1. Avatar de vigneron
        vigneron

        Tss tss Fod, sur le 2) le fait est que la masse salariale comptable sur la VAE a augmenté de 3% depuis le début de la crise en 2007. Il n’est pas inutile de le signaler, quelles que soient les autres perspectives qu’offriraient d’autres années de référence – perspectives aisément visibles par ailleurs sur les graphiques. Sur le 3) le conditionnel dans les deux cas se réfère aux chiffres insee et d’après ceux-ci les éléments avancés sont difficilement contestables (voir les deux citations dans mon post au-dessus). Sur le 4) on est d’accord, ça tient pas la route.

      2. Avatar de Fod

        @ vigneron

        point 2) Si la progression de 3% est une réalité, tu ne peux pas non plus passer sous silence le fait qu’en 2007 la part de la masse salariale comptable était inférieure d’un point, voire légèrement plus, à toutes les années précédentes. Rexecode, lui-même, utilise la moyenne des 20 dernières années comme comparatif.

  7. Avatar de Remy Wenost
    Remy Wenost

    L’Economie des nuls à ne pas confondre avec l’Economie pour les nuls.

    Qu’il est difficile de critiquer la main qui vous nourrit !
    A lire sans pleurer..

    http://www.ladocumentationfrancaise.fr/docfra/rapport_telechargement/var/storage/rapports-publics/084000588/0000.pdf

  8. Avatar de Ju
    Ju

    Merci Fod pour ce travail… qui malheureusement s’adresse aux coutumiers des chiffres… dont je ne suis pas.
    Ceci dit, j’ai tout de même réussi à capter çà et là quelques infos… merci pour cela…

    Ce qui m’a traversé la tête après lecture c’est la difficulté d’utiliser les chiffres (même s’ils sont parlants, j’imagine) dans un débat qui se veut en définitive, politique… voire social… voire métaphysique…

    A mon sens, la compétitivité, la concurrence sont « Le » problème… Le coût du travail n’est en réalité qu’une arme de plus utilisée dans une lutte qui est voulue…
    Personnellement, je peux être en compétition avec mon voisin ou non… je peux choisir…
    Ce qui en ressort (n’en déplaise à vigneron qui ne semble pas être sensible à ces arguments) c’est que notre choix n’est pas dans la manière d’être compétitif mais bien dans notre conviction, notre désir à entrer ou non en compétition…

    Je me suis moi-même posé cette question il y a plus de 25 ans… et puis j’ai tranché… La compétition est « Le » problème… point barre
    Donc, pas de compétition pour bibi… jamais… en rien… (autant que je puisse tenir ce cap, bien sûr… ce qui n’est pas toujours évident, vous pouvez vous en douter)…

    Alors, ce qui est difficile personnellement devient-il encore plus problématique lorsque l’on agit globalement…? … je pose la question…
    Je pose la question parce que, évidement, la réponse semble être: Oui… mille fois Oui…
    Comment un pays (un ensemble de pays comme l’UE….) peut se détourner de toutes compétitions…?
    Pour y répondre, il faudrait tout simplement revenir à la définition de la notion de concurrence… et si on la résume à la volonté qu’a quelqu’un d’obtenir pour lui seul la même chose que quelqu’un d’autre… on est obligé de délimité ce « quelque chose »…
    Et des choses convoitées… il y en a un paquet… Toutes différentes les unes des autres en fonction des acteurs en liste…
    … et pour cela, pas de chiffres, pas de graphiques malheureusement…

    Je n’ai jamais entendu personne se mettre d’accord sur la chose convoitée… Parfois on parle de l’emploi, parfois on parle du déficit budgétaire… parfois d’environnement, parfois de l’europe… Des comptes de l’Etat, du pouvoir d’achat… etc. etc.
    Tout cela pour dire que… tout cela se tient mais qu’il n’existe pas de vision hiérarchisée des buts à atteindre… à convoiter… à désirer…

    Admettons que certains veulent la guerre… par bravade ou par intérêt financier (vente d’armes, reconstruction après la bataille)… Ils ne pourront certainement pas le dire ouvertement mais agiront délibérément dans ce sens malgré tout… A quoi bon leur opposer des chiffres…?
    Puisqu’ils sont de mauvaise fois… Ils veulent la castagne et iront jusque là d’une manière ou d’une autre… Un signe d’harmonisation et Paf!!! ils repartent en campagne pour saborder l’avancée…

    Admettons que certains ne veulent pas d’une Europe sociale… Ils n’en veulent pas, ils n’en veulent pas… ça va contre leurs intérêts…
    Admettons qu’une femme, disons Angela par exemple… désire être réélue dans 10 mois dans son pays… sa rivalité à elle ne s’accordera pas avec celle de sa femme de ménage… Elles n’auront pas les mêmes concurrents… donc pas la même stratégie…
    Et caetera et caetera…

    Bref, le billet que vous avez rédigé est fort utile mais uniquement pour ceux qui s’affrontent sur le terrain actuel… La concurrence économique… Or, moi, ce que je dis, c’est qu’il n’est écrit nulle part que ce soit le bon angle de tire…

    Il n’y aurait donc pas un problème de stratégie entre tous ceux qui avancent l’obligation d’être en compétition (et donc en guerre, c’est le même terme finalement)… mais bien entre ceux qui désirent vivre dans une compétition constante (quel qu’elle soit) et ceux qui désirent le travail en commun…
    Elle est là la rivalité… pas ailleurs…

    Deux camps sont en concurrence: le clan de ceux qui aiment la compétition (qui n’imagine pas leur vie autrement) et le clan de ceux qui ne veulent pas perdre leur temps dans la compétition… D’après vous qui gagnera…?
    L’équation est simple, ceux qui ne vouent pas un culte au combat perdront également celui-là… Obligatoirement… ils ne le perdront même pas puisque qu’ils n’auront même pas guerroyé… Considérés forfaits…

    On apprend ça dans la rue… le type qui cherche à foutre la merde y parviendra toujours… et ceux qui voulaient juste passer une bonne soirée, même s’ils réussissaient à prendre le dessus, auront vu leur soirée pourrie par un sale con… qui les aura amené sur son terrain et leur aura fait perdre leur temps…

    Or notre temps est précieux… c’est même la seule chose que l’on possède vraiment…
    Et je pense que de redéfinir le problème ainsi pourrait nous faire gagner beaucoup de temps…
    Car je ne suis pas certain, d’une part qu’il n’y ait pas plus d’individus dans le clan des « non compétiteurs » (viscéralement et malgré la mode actuelle) et d’autre part que les gens se soient réellement posés la question dans ces termes…

    Il ne faut donc pas essayer de combattre sur leur terrain, les fouteurs de merde, mais bien de construire parallèlement autre chose entre ceux qui désirent vivre sans compétition…
    C’est pas simple mais la première chose à faire est de s’expliquer pour réunir les lignes et savoir qui veut quoi… si définitivement les casse-couilles sont en sureffectifs… bon ben là, on passe la main et y a plus qu’à attendre que l’esprit de l’époque change de trajectoire…

    Si par contre c’est l’inverse… nous aurons pour nous la force du nombre et pourrons 1/ utiliser l’arme ultime en toute conscience… c’est à dire le Non… le refus systématique et coordonné de participer à tout ce qui irait dans le mauvais sens et 2/ construire une société qui aurait pour base la non-compétitivité…

    Bon, c’est un peu prise de tête et je ne sais pas si je me suis bien expliqué mais c’est ce que votre billet à soulevé en moi…

    Voilà…

    1. Avatar de Fod

      @ Ju

      Commentaire très intéressant auquel j’adhère en partie.
      Si cela vous intéresse, je vous recommande vivement la lecture de « Crack Capitalism : 33 thèses contre le capital » de John Holloway dont la thèse principale repose sur l’idée que nos sociétés évolueront non pas en cherchant à prendre le pouvoir mais en agissant silencieusement par la mise en forme et en pratique de modes de vie alternatifs refusant l’obéissance aveugle au capitalisme, et donc s’émancipant progressivement de ses diktats. En d’autres termes, notre Rodrigue des temps modernes ne s’écrie plus «Et le combat cessa faute de combattants» mais «Et le capitalisme cessa faute de serviteurs.»
      C’est une idée intéressante qui rejoint le mouvement des désobéissants. J’ai cru comprendre que vous étiez un peu – ou beaucoup- dans cette logique.

      1. Avatar de Ju
        Ju

        «Et le capitalisme cessa faute de serviteurs.»

        Voilà… c’est bien cela…
        La force du capitalisme-ogre, c’est l’adhésion qu’il inspire à ses victimes… un syndrome de Stockholm tout bête…

    2. Avatar de GéBé
      GéBé

      @ Ju, 27 novembre 2012 à 20:34

      Bonsoir Ju,
      Mon commentaire n’apportera pas d’eau au moulin, mais je tenais à dire que j’apprécie cet autre angle de vue ; trouve très intéressante votre réflexion, qui ouvre d’autres pistes à explorer ; et touchante son expression.
      Merci (à vous aussi) de ce partage.
      Bien cordialement.

      1. Avatar de Ju
        Ju

        Salut GéBé,

        la moindre manifestation d’un acte allant contre le sens de la machine à broyer apporte de l’eau au moulin… et fera tourner la roue…

        C’est bon pour tout le monde…
        Merci à vous

    3. Avatar de yvan
      yvan

      Ouaich … Ju.

      Si tu veux faire du constructif à l’heure actuelle, veux-tu bien m’excuser mais tu as, comme moi, soit 20 000 ans de retard, soit, 20 000 ans d’avance…
      L’humain est passé en mode « si vis pacem, para belum » il y a 2500 ans… Et nous sommes sur cette malheureuse trajectoire encore actuellement.

      1. Avatar de Ju
        Ju

        Salut Yvan,

        Je n’avance ni ne retard, je crois… pas plus moi qu’un autre…

        Nous avons bien tous 2012 ans… de véritables poupons joufflus…. Le truc, c’est que certains pensent ceci et d’autres pensent cela… et chacun en totale cohérence bien pesée avec l’importance qu’il donne à telle ou telle info glanée deci delà…

        Il y a donc… du savoir, des manques, de l’observation, de la logique, une situation et… et… de la foi…

        Certains sont plutôt analytiques, d’autres, dialectiques, d’autres, mathématiques voire dogmatiques… Certains sont nombreux et d’autres sont minoritaires…
        Certains savent à peu près comment ils fonctionnent et d’autres n’en ont pas la moindre idée ( l’idée même qu’ils puissent fonctionner d’une manière ou d’une autre ne leur ayant jamais traversée l’esprit… Ceux-là sont les plus néfastes dans le sens où ils sont persuadés que la pensée est Une, « naturelle » et universelle…)

        ….

        Alors, là où vous n’avez pas tord, c’est que ma vision des choses ne semble pas majoritairement partagée (de manière consciente en tout cas)… et certainement pas dans les sphères qui concentrent le pouvoir… mais mais mais… le vent peut tourner très rapidement en haute mer, surtout les jours de tempête… Donc… pazienza

        En ce qui concerne l’adage « si vis pacem, para bellum »… il ne faudrait pas croire que si l’on n’est pas un fanatique de la compétition, on soit pour autant près à se laisser vider comme une dinde… et totalement « martyre » dans l’âme…
        La guerre, la véritable guerre… ça n’est pas de la compétition, c’est de la saine défense face à l’agression caractérisée (c’est résistance contre compétition)…
        … c’est juste qu’on ne combattra pas sur un terrain que l’on n’aura pas choisi et qu’on voudrait nous obliger à rejoindre…
        La véritable attaque peut être lente et souterraine comme rapide et sans merci… mais elle utilisera ses propres armes et choisira sa méthode en fonction de (et en cohérence avec…) la quête du Graal qu’on se sera choisi…
        Donc… pas de compétition aveugle mais pas non plus d’acceptation béate… et surtout surtout aucune collaboration possible avec le « nain géant »… ça, c’est la première règle qui renseigne sur la bonne santé et la fermeté de la position…
        On ne collabore pas…

  9. Avatar de Vivanco
    Vivanco

    A force de baisser le coût du travail, on va arriver au bol de riz par jour

  10. Avatar de octobre
    octobre

    Compétitivité = Verdun.

    1. Avatar de jducac
      jducac

      @ octobre 27 novembre 2012 à 21:18
      Verdun ou pas, la compétition est là, et il faut vivre avec. Où en êtes vous avec l’internationale ?
      Le capital s’est internationalisé et coûte un peu partout le même prix. C’est à qui la faute, si le travail est à la traîne?

      1. Avatar de octobre
        octobre

        jducac,
        Vous avez raison. Mon travail d’illustrateur ou de peintre est à la traîne. Je suis terriblement fatigué psychiquement et la famille s’en fout. Je surnage dans un bain d’alcool, devient négligeant, voire de plus en plus grossier dans mes commentaires ici ou ailleurs etc… Allez, tant pis et tant mieux, cela va faire une matière pleine de boue à transformer, le temps d’un battement d’aile de papillon bien dérisoire. Et aussi, la lecture du journal d’Etty Hillesum fait partie des plus belles choses à portée de main : souvenir inoubliable.

      2. Avatar de Juan nessy
        Juan nessy

        @Octobre :

        Après une illustration par BD , pourquoi pas une illustration des « tableaux  » de FOD ou Piketty par des « icônes » à la manière d’Octobre ?

      3. Avatar de octobre
        octobre

        Je vais essayer Juan. Un petit site web perso en cours d’élaboration fera lien avec le pseudo – bientôt.

      4. Avatar de octobre
        octobre

        Juan,
        À l’instant, je me souviens de Andreï Roublev et de la merveille cinématographique que sont les films de Tarkovski. À voir et revoir.
        http://www.dailymotion.com/video/x98q7a_andrei-roublev-1_music

  11. Avatar de Michel
    Michel

    Face à la propagande il est bon de rappeler certains faits. Dans l’entreprise où j’exerçais mon activité syndicale j’expliquais il y a déjà 5/6 ans que « 10 points de PIB sont passés du salariat vers le capital ». Certains salariés , les plus sensibles à la propagande répliquaient : » oui mais c’est pour faire plus d’investissement ». C’étaient à l’époque le fameux « les profits d’aujourd’hui sont les investissements (et l’emploi de demain) de H. Schmidt. Et non ils n’ont pas plus investi les patrons français. C’est peut-être pour ça d’ailleurs qu’ils sont de moins en moins concurrentiel.

    Ceci dit le capitalisme ne peut s’appréhender que d’au niveau international. Ils faudrait donc avoir des Par ailleurs sa seule règle est de faire le maximum de profit.

  12. Avatar de mollo
    mollo

    A lire Paul, François et ce genre de billet, je sais pas vous, mais moi ma productivité, elle baisse..

    J’en suis profondément navré pour le PIB (fr), mais il faut bien que se manifeste (égoïstement) un peu d’instinct de survie.

    J’en appelle à la glandouille générale !

    Un bon moyen de ré-équilibrer les deltas de « productivité » entre les pays du sud et du nord distordus par la monnaie unique, ici on glande, plus loin ils travaillent un peu.

    Et quand tous les vautours s’apercevant que nous sommes tous des gros glandeurs, ils partiront à Jersey, Hong-Kong et laisseront la place libre.

    Nos ares de terre sans chimie et nos vieilles enclumes seront alors utiles. Et alors comme au moyen-âge, on vivra, avec 250 jours fériés par an.

    BANZAÏ !

  13. Avatar de Crapaud Rouge
    Crapaud Rouge

    Ce billet montre bien où passe l’argent, et pour cela mériterait de faire le tour de la planète, mais l’explication finale ne va pas du tout. En effet, la question est de savoir « sur quel(s) poste(s) a (ont) été prélevés ces dividendes« , et l’on s’attend à une réponse qui porterait sur la période allant, grosso modo, de 1993 à 2011. Or, la réponse ne parle que de l’après crise 2008, à partir de 2010. Donc quid de 1993 à 2009 ?

    En tout cas, l’on constate au final que moins les entreprises ont besoin de financement, plus les dividendes sont élevés. C’est quand même cocasse au pays de la loi de l’offre et de la demande !

    1. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      J’ai peut-être regardé trop vite, mais il me semblait
      que les données mettaient fondamentalement en évidence
      – hausse des profits,
      – stagnation de l’investissement et des salaires,
      – chute de l’IS.
      Ma conclusion au niveau macro, ce que je savais déjà,
      mais c’est mieux avec graphique et données offcielles…
      – déficit budgétaire
      – emprunt auprès des actionnaires qui ont déjà bénéficié de l’augmentation des dividendes et baisse de l’IS.
      Et ce, peu importe gouvernement de gauche ou de droite,
      puisque aucun ne remet en cause la dictature du capital,
      se foutant comme d’une gigne de la Survie de l’Espèce.

      A part JduCAC40, qui me corrige ?

  14. Avatar de michel lambotte

    Merci pour ces graphiques et joli travail
    Les comptes financiers ne sont pas ma spécialité ni même mon centre d’intérêt et je ne comprends pas tous les termes de vos graphiques.
    Cependant, remettre le concept de compétitivité en cause me semble être une nécessité absolue si nous voulons établir le cadre de la sortie du capitalisme.
    Vous démontez parfaitement que cette vision de la compétitivité n’est pas correlée au coût du travail mais au contraire à celui des charges financières.
    L’augmentation des charges financières n’est rien d’autre que l’augmentation de la rente financière qui a été le moteur du capitalisme depuis environ cinq siècles, ce qui réclamait d’office une concurrence entre les producteurs et à forçiori l’augmentation de la productivité et de la compétitivité.
    Depuis un siècle, la croissance de la productivité s’est faite à coups d’augmentation de consommation de barrils de pétrole (entre autre), aujourd’hui, cette augmentation n’existe pratiquement plus et ce système arrive au bout de sa logique.
    (N’oublions pas que 98% de l’énergie nécessaire au développement de la mondialisation de l’économie de marché est du pétrole)
    Il est facile pour les tenants du capitalisme de culpabiliser le monde du travail et de le ponctionner puisqu’il n’existe pas encore d’alternative crédible qui pourrait remplacer la rente financière comme moteur de développement.
    Je reste persuadé que l’austérité qui de toute manière est sans issue pour relancer la machine productiviste pousse de plus en plus de monde à réfléchir sur notre manière de vivre par rapport au futur et à l’épuisement des ressources.
    Si l’austérité avait une vertu, ce serait celle là.
    Alors quid de la compétitivité et de la productivité dans le nouveau cadre que nous devons construire?
    Il s’agit bien naturellement de la productivité des ressources et je me demande s’il ne serait pas possible de réaliser des graphes qui tiennent compte de ce concept dans la réflexion.
    Un exemple
    http://users.skynet.be/idd/documents/indicateurs/indic04-1.pdf

    ;

  15. Avatar de octobre
    octobre

    Nous ne sommes pas des zAyrault à l’infini.
    http://www.youtube.com/watch?v=nm1tlIcxNeg

  16. Avatar de Dubreuil
    Dubreuil

    Je fais en ce moment une analyse des rapports gallois, pacte compétitivité, rapport cotis … commentaires attac, uimm rexecode …
    bref ça m’intéresse. Je trouve le commentaire bien fait.

    Quelques remarques :
    0 Gallois parle de la marge dans l’industrie manufacturiere, qui a plongé de 34% à 21% un chiffre jamais atteint depuis l’après guerrre (donc part salariale de 79%)
    je n’ai pas les memes chiffres pour la part de VA en 2011 (prévision), 71,4 chiffres insee, déjà 69 en 2007

    Ca change quand meme la donne.

    1 le projet gouvernemental a des actions sur le cout du travail (les fameux 20 milliards pour 2015 et 10 milliards sur impots 2013, gagnés en 2014…) d’un autre coté, il y a eu un alourdissement fort du cout du travail dans les mois précédents (forfait social, heures sup, cotisation des entreprises individuelles … et autres) au final c’est plutot une stabilité du cout du travail en tout cas pour 2013. Et bien sur il va y avoir un renchérissement de la protection sociale dans les mois qui viennent.

    2 le projet prévoit aussi des actions pour réduire la part des dividendes net, en tout cas c’est comme ça que je lis toutes les démarches visant à réorienter l’épargne francaise vers les actions pour réduire la pression des actionnaires institutionnels internationaux, favoriser l’accès au crédit …

    3 L’uIMM et rexecode disent que si la part des dividendes augmente c’est parce que les capitaux propres augmentent et qu’en ratio des capitaux, la part est stable. Je subodore qu’il y a une cause comptable un peu artificielle (valorisation au cout d’achat). Mais peut etre le cout du capital, comme celui du travail est il impacté par la bulle immobiliere. Ex. si je finance l’achat d’un immeuble par actions, que cet immeuble coute plus cher, il me faut plus d’action et je dois payer plus de dividende …

    4 il y a au moins un autre sujet comme :
    pourquoi alors que les couts unitaires progressent surtout dans les services c’est la marge dans l’industrie qui est plombée. Rédire les couts du travail dans les services va t il augmenter la marge de l’industrie ou des services ?

    1. Avatar de Kaiel

      Navrant, vous avez lu l’article ?

      1. Avatar de Dubreuil
        Dubreuil

        bah oui, je pointe certaines données fausses, l’existence d’autres enjeux et interroge sur l’interprétation de certains points …

      2. Avatar de Dubreuil
        Dubreuil

        Ici pour le taux de marge en série historique
        http://www.insee.fr/fr/ffc/figure/NATTEF08117.xls

        l essentiel du débat est la marge dans l industrie, hors la il n’en pas question dans le papier de fod. (ceci ne veut pas dire que je pense que le cout du travail soit la cause de la baisse de marge, mais etre en désaccord avec une des solutions proposées ne permet pas de nier le probleme

      3. Avatar de Dubreuil
        Dubreuil

        En fait je raisonnais taux de marge et l’article était part des salaires entre les deux il y a les impots.
        la série longue est ici
        http://www.insee.fr/fr/indicateurs/cnat_annu/base_2005/donnees/xls/t_4101.xls

        Je retrouve bien les memes chiffres. avec une hausse légère de la part des salaires au global.

        Mais en fait la principal variation c’est entre secteur.
        Si on part de 2000 : part des salaires stable dans les services (hausse de 2 points dans les marchands, baisse de 2 points dans les non marchands) et hausse dans l’industrie +10 points

        apres du coup comment expliquer que les salaires soit la cause alors que les couts unitaires ont surtout augmenté dans les services … je ne sais pas faire, mais si on entre pas dans la decomposition par secteur on passe a cote du probleme qui est je le rappelle celui de l industrie

  17. Avatar de Jeanba Ba
    Jeanba Ba

    Merci pour ce très bon boulot!
    Si je comprends bien, le capitalisme se met en danger; en cause, l’avidité des actionnaires qui réclament des dividendes trop élevés, pour que les entreprises les supportent.
    Si il y en a des qui veulent sauver le capitalisme, alors il faudra penser à limiter les dividendes dans les S.A. , proportionnellement aux bénéfices.
    Exemple:pas plus de 50% des revenus, les dividendes.

    1. Avatar de jducac
      jducac

      @ FranckG 27 novembre 2012 à 22:54
      C’est très bien tout cela. Il faut le faire tant que l’on peut. Mais il faut aussi traiter le problème à un autre niveau, en comprenant qu’on ne peut pas vivre sur notre territoire national sans être capable de vendre à l’extérieur de nos frontières. Il nous faut en effet pouvoir importer ce qui nous manque (minerais et énergies) ou ce sur quoi nous ne nous sommes pas suffisamment spécialisés (électronique, numérique).

      Or, si certaines personnes peuvent s’offrir, en les payant cher, des produits bio que l’on n’est pas prêt de pouvoir exporter de France, c’est parce d’autres producteurs français, dans d’autres domaines d’activité, ont été en mesure d’être compétitifs avec des pays où le niveau de vie est bien inférieur au nôtre tels les pays du BRICS.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/PIB_par_habitant

      Pour bien analyser le problème de compétitivité posé à la France il faut prendre nettement plus de hauteur.

  18. Avatar de mania
    mania

    sur le même sujet voir l’ article
    Le coût du travail et l’ intox compétitive
    http://spartacus1918.canalblog.com/archives/2012/11/18/25606327.html

  19. Avatar de tchoo
    tchoo

    Merci Fod pour cette contribution ô combien salutaire
    Je voudrais souligner l’intérêt de notre époque et les moyens dont nous disposons.
    pouvoir vérifier de part soi-m^me les propos de nos hommes politiques est un privilège dont nous ne mesurons pas toujours l’importance.
    Je voudrais aussi souligner, que celui dont il est question ici, fait l’objet de beaucoup de vérifications ici où là, et qu’il est rarement pris en défaut. C’est déjà pas si mal.

  20. Avatar de Genetais
    Genetais

    Magnifique travail mais…

    Si les stats montrent une réalité Franco-Française il conviendrait de leur demander s’il s’agit de notre spécificité ou alors si nos voisins voyagent dans la même charrette, celle qui va pour les uns vers le toujours plus pauvres et pour ceux qui creusent l’ornière vers le toujours plus riche.

    La France n’est pas une île, loin s’en faut, est-elle pour autant ce rocher sur lequel la bave des Néocons anglo-saxon ne trouve pas de prise, je ne le crois pas du tout non plus, j’attends de voir comment va réagir Mittal et d’autres à sa suite,

    Il me parait judicieux de poursuivre ce très bon travail par une comparaison à tout le moins des différents pays de l’Union et des USA pour voir vraiment où sont les marges de manœuvre de ces pays et comment ils trouvent eux les moyens de s’en sortir autrement qu’en appauvrissant leur population.

    Autre point ils en font quoi de leur fric les actionnaires ?? Sont-ils à ce point stupides pour ne pas voir que ce système va leur péter dans les mains ?

  21. Avatar de Contempteur
    Contempteur

    Bon article parfois un peu lourd – sigles mal expliqués, phrases ambiguës -.
    Il faudrait l’envoyer à Thibault et Mailly, peut-être qu’ils sortiraient de leur inadmissible torpeur.

    Faire aussi un reply à Jducac et Cordon…

  22. Avatar de G L
    G L

    Comme tout le monde, nous entendons parler de compétitivité à longueur de journée, parfois jusqu’à la nausée. Devenu argument d’autorité, ce terme ne souffre aujourd’hui aucune discussion, aucune remise en question, alors qu’il y aurait certainement beaucoup à dire et à discuter autour de la conception guerrière qu’il sous-entend. Mais mon propos n’est pas là.

    Supposons qu’il y ait une guerre et qu’elle soit menée par des généraux qui ont poussé à la déclarer, sont incompétents et profitent de la situation pour s’en mettre plein les poches: il me semble qu’il y aurait une contradiction entre le fait de se plaindre du comportement de ces généraux et le fait d’essayer de convaincre les autres citoyens que la guerre qui a été entreprise doit cesser.

    Nous sommes si profondément imprégnés par l’idée que la compétition est synonyme de progrès que nous avons beaucoup de mal à mettre en doute sa nécessité mais le débat pour savoir qui devrait se sacrifier sur l’autel de la compétitivité ne mène probablement à rien de bon (ça n’est d’ailleurs que pour avoir l’occasion de s’en mettre plein les poches que les généraux en question ont déclaré une guerre qui ne pourra se terminer que faute de combattants.)

  23. Avatar de Paul Jorion

    Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt :

    verser les dividendes avec de l’argent emprunté ?

    Financial Times : Last updated: November 27, 2012 11:54 pm
    BATS to borrow $300m for dividend payouts

    1. Avatar de Un naïf
      Un naïf

      ahahahahah… c’est bon ça…

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      Emprunté aux actionnaires si possible, encore plus délectable…

      1. Avatar de Monsieur HR
        Monsieur HR

        C’est un peu ce qui s’est produit en France avec la baisse de la pression fiscale sur les hauts revenus leur permettant de devenir prêteur à la faveur de l’explosion des marchés d’obligations publiques: coup double!

  24. Avatar de vigneron
    vigneron

    Un tableau simple de Piketty à connaître par coeur, le bon vieux CN15 sur le circuit des revenus financier : http://www.revolution-fiscale.fr/annexes-simulateur/Donnees/pdf/CN15.pdf

  25. Avatar de Ana
    Ana

    Merci pour cet excellent post. Je ventile ailleurs.

  26. Avatar de Atchoum
    Atchoum

    Beau travail,

    j’essayerai d’en faire bon usage. Je vous tiens au courant

    Merci

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