Billet invité.
Ni Wall Street ni la Fed n’ont le moral au beau fixe. La perspective de voir à nouveau s’engager une interminable négociation sur la réduction du déficit budgétaire américain, avec à la clé la sanction éventuelle du « mur budgétaire » en cas d’échec, n’enchante pas la première qui le fait savoir. Et puis les indicateurs ne sont pas bons, les nouvelles provenant d’Europe pas meilleures. Par conséquent, la tendance est fortement à la vente : Wall Street ne parvient pas à reprendre pied, terminant hier à nouveau dans le rouge.
C’est le genre de chose qui peut rapidement s’effacer. Mais les trois scénarios que la Fed prévoit d’utiliser pour tester en janvier prochain la solidité des 19 plus grandes banques américaines n’incitent pas spécialement à l’optimisme pour les années à venir. Le premier, qui reflète les prévisions d’économistes du secteur privé, table sur une poursuite de la croissance au rythme annuel de 2,7% par an pour les trois prochaines années. Le second prévoit son affaiblissement assorti d’une poussée inflationniste. Le troisième repose sur une forte contraction du PIB entraînant une progression du chômage, résultant de la récession conjointe de la zone euro, du Japon et du Royaume-Uni. Où sera la vérité ?
C’est dans ce contexte que se dessine l’évolution de la politique de la Fed. On a appris, à la lecture des minutes de la réunion de fin octobre de son Comité de politique monétaire, que le nouveau programme d’achat mensuel de 40 milliards de dollars d’achats de titres adossés à des créances immobilières, lancé en septembre dernier, pourrait avoir un compagnon. Un nouveau programme d’achats d’obligations d’État, à durée indéterminée, lancé dès janvier à l’occasion de la fin de l’opération « Twist » qui permet d’augmenter la maturité moyenne du portefeuille des titres du Trésor de la Fed et de peser sur les taux à long terme. Comme s’il fallait continuer à acheter de la dette pour garantir qu’elle trouve preneur malgré un coupon peu élevé, et se préparer à des temps qui pourraient devenir durs.
Janet Yellen, la vice-présidente de la Fed, s’est de son côté déclarée favorable à l’instauration d’un nouveau mécanisme liant le taux directeur à des critères économiques précis, et non plus selon un calendrier annoncé à l’avance, pour donner de la visibilité (ce qui est actuellement le cas). Il pourrait s’agir du taux du chômage ou de l’inflation, a-t-elle expliqué sans trancher entre ces deux options ou leur combinaison, ce qui fait débat au sein du Comité de politique monétaire, bien que la Fed ait les deux missions dans ses attributions. Ben Bernanke, le président de la Fed, s’est de son côté contenté de manifester sa « grande inquiétude » devant le « niveau obstinément élevé du chômage, en particulier de longue durée ».
Si elle devait s’engager dans cette nouvelle voie, la Fed ne ferait que confirmer la tendance actuelle des banques centrales à pérenniser, élargir et renforcer leurs interventions, après avoir pendant longtemps évoqué qu’elles allaient prochainement les interrompre. Les temps changent, la mission stabilisatrice des banques centrales s’installe, leurs bilans continuent de gonfler au fur et à mesure qu’elles jouent les bad banks en achetant des créances immobilières ou souveraines. Le capitalisme est devenu assisté, par la vertu douteuse de solutions de fortune consistant à balayer les miettes sous le tapis.
39 réponses à “L’actualité de la crise : LA DOUTEUSE VERTU DE LA FED, par François Leclerc”
C’est bien vrai, aujourd’hui le socialisme est réservé aux détenteurs de capitaux.
La politique du gouvernement Ayrault l’illustre au plus haut point !!!
Le libéralisme c’est pour les salariés: le risque c’est pour les salariés…
@Macarel : bien dit !
« L’esclavage humain a atteint son point culminant à notre époque sous forme de travail librement salarié. »
Bernard Shaw
Tel est bien le rôle de l’Etat bourgeois:
assurer par tous les moyens la poursuite de l’accumulation du capital.
L’histoire démontre que le contexte politique peut l’amener
à prendre la forme des pire dictatures et barbarie jamais imaginées,
et que le contexte économique peut l’amener à socialiser les pertes.
Autant dire qu’il n’y a aucune alternative en dehors de briser les reins de cet Etat,
et que les affrontements mettront au rencart les politiciens anesthésistes
label « révolution par les urnes ».
[…] Blog de Paul Jorion » L’actualité de la crise : LA DOUTEUSE VERTU DE LA FED, par François Lecle…. […]
Il faut rayer d’un trait de plume la dette grecque – Amid Faljaoui
Ce ne sont pas les contribuables qui empêchent les dirigeants de l’avouer, mais ceux parmi leurs électeurs qui sont épargnants, ont des assurances vie, pensions complémentaires… Ces quelques électeurs-épargnants sont une des armes dont se sert la finance pour faire chantage sur les politiciens. Les pensions par capitalisation se cassent la figure, la question est de savoir qui va payer au final. Ma proposition : Oyez, oyez bonnes gens : on va faire défaut sur la dette. Créanciers, l’heure de vérité a sonné, sortez du bois, montrez patte blanche, prouvez que vos créances sont honnêtes et légitimes. Epargnants, cotisants aux assurance vie et pensions complémentaires, plutôt que vous ruiner, nous vous proposons magnanimement de reprendre en partie vos pensions par capitalisation dans le giron des pensions par répartition, après décote et plafonnement, faut pas pousser non plus, vous avez bénéficié d’avantages fiscaux et intérêts «garantis» qui foutent par terre l’économie. Si vous avez planqué vos sous dans un paradis fiscal, allez vous faire voir : quand on est un pirate, il ne faut pas s’attendre à la bienveillance de la collectivité !
Tout à fait d’accord avec ce programme ; comme quoi résoudre la « crise », ce n’est pas si sorcier si l’on se donne le degré de liberté nécessaire, c.à.d celui qui consiste à spolier les spolieurs.
Attention toutefois à BIEN expliquer à la « veuve de Carpentras » que l’opération est destinée à la protéger des pirates d’un coté et d’une révolte populaire de l’autre et non à la spolier de sa rente d’assurance-vie… Savoir taper « juste au-dessus » me semble le point délicat de l’opération.
Pour les pirates, pas de quartier, 20 ans de travaux forcés (ça les changera de travailler pour rien après avoir vécu pour rien).
Les rêves de Noël sont de retour, faites votre liste au Père Noël, après Dieu c’est le seul à pouvoir faire quelque chose.
En quoi.ceux qui ont prêté à la France depuis 40 ans sont des « spolieurs »? Et n’est-ce pas ceux qui ont emprunté à l’excès, c’est à dire les gouvernants en notre nom,
qui sont les grands responsables ?
jarrige.
Vous avez raison.
Ce sont les gouvernements les responsables.Les gouvernements néo-libéraux.
Qui préfèrent emprunter aux riches(institutions,personnes,…) plutôt que de leur faire payer des impôts.Ils baissent leurs impôts,ferment les yeux sur les paradis fiscaux et toute l’ingénierie fiscale pour ensuite leurs réemprunter ces sommes.
Qu’ils leurs remboursent ensuite à échéance de trois,cinq ou dix ans.Avec bonus bien sûr.
Excellent bizness le marché obligataire.
A oisif prolétaire,
Les gouvernements ne peuvent emprunter qu’aux riches…bien sûr, première remarque.
Si je suis riche et que je souscris à un emprunt d’ Etat ordinaire (c’est pas le cas) ça ne
fait pas de moi un spoliateur, deuxiémement.
Enfin, quand je dis que les grands responsables sont les gouvernants, je veux simplement dire
que NOS gouvernants, ont cédé à la tentation de tous les gouvernants: l’emprunt facile,
trop facile, parfois pour complaire à leur « clientèle », et pas seulement les riches auxquels ils
empruntent et procurent ainsi une rente, mais les petits, élus et électeurs, auxquels, pour se
faire élire, ils ont fait des promesses qu’ils ne peuvent pas décevoir complètement ! A
peu près tout le monde quoi. Vous et moi.
Qui est-ce qui disait déjà « Il n’y a pas plus socialiste qu’un grand capitaliste, c’est tellement plus pratique ! »
Les multinationales sont d’ailleurs de très bons exemples de planification.
Il suffit de changer leur gouvernance, en imposfant l’auto-gestion généralisée,
et servir ainsi les besoins au lieu des profits.
Les outils informatiques de planification existent déjà.
Rappelez-vous, septembre 2008 : Toulon, un homme seul brave la tempête :
c’est Nicolas Sarkozy, capitaine éphémère mais décidé, il va tordre le coup à la moitié des traders de la terre, et dans la foulée moraliser à lui tout seul, et dans le monde entier, ce capitalisme qui a perdu toutes ses valeurs.
On va retrouver les coupables et encadrer plus vite que çà le système bancaire.
Quatre ans plus tard, outre que rien n’a été fait, c’est son ancien ministre, Michel Barnier, aujourd’hui recasé comme commissaire européen chargé des services financiers, qui l’explique posément :
« j’espère(que), la supervision intégrée sera mise en place effectivement en janvier 2013. » MAIS « la mise en place va s’étaler sur beaucoup de mois en 2012 et sans doute aussi en 2014, car il faudra que cette supervision soit opérationnelle étape par étape avec de la qualité ». Il faut donner du temps à l’argent !
Absolument d’accord, Charles A.
Mais à ce jour, ils socialisent les pertes et gardent les profits privés.
C’est l’idéal.
Moi je pense que tout va s’éteindre lentement.
Hier j’attendais le geab 69…….tout ce qu’ils ont trouvé à dire c’est que Sandy était représentatif du déclin US. Sur le reste rien…………..vraiment très orienté ce bureau européen.
Geab 69 ? cul par dessus tête !
Peut-être en rapport avec le décès Franck Biancheri, Directeur du LEAP, éditeur du GEAB?
Effectivement, tout s’éteint. Mais pas forcément lentement…
Bennnn, déjà, si on les croit, ils nous avaient promis l’apocalypse économique mondiale pour l’automne….
Il ne leur reste plus qu’un petit mois.
Nous sommes en automne…
le point d’inflexion annoncé par LEAP était l’élection US, quelle qu’en soit l’issue. Et les choses ont déjà bien bougé depuis la semaine dernière (fuite en avant de la FED par exemple). En fait maintenant que l’écran de fumée de la campagne électorale retombe, la réalité reprend le dessus.
Mais le fait le plus inquiétant aujourd’hui est la fuite délibérée en avant d’Israël qui précipite le conflit avec le Hamas, au risque de provoquer l’escalade généralisée dans la région, sans qu’Obama puisse maintenant lever le petit doigt.
A part ça les choses ne se précipitent pas…
De Bressy, reste que deux mois avant les élections en Israël, comme en 2009, the song remains the same.
c’est ce que je dis, il reste un mois.
Mais le GEAB n’avait pas promis l’apocalypse guerrière. Seulement l’apocalypse économique.
Comme ils avaient prédit au printemps 2010 la faillite de la banque d’angleterre pour l’été.
Ou, au printemps de la même année, un euro durablement auprès de sa « valeur réelle », à savoir, 1.45$
Kerjean, on tire pas sur les corbillards please. Jorion a dit
point.
Lip c’est vraiment fini.
reste que deux mois avant les élections en Israël
Sur une jambe gazaoui!…
Sage et confiant, là qu’t’es le meilleur bricard, laconique. Là qu’on s’poile le plus.
the song remains the same. Oui oui… crazy dream…
DALIDA La lecon de twist
https://www.youtube.com/watch?v=xGrWB1NHs4Q
A ce tarif , il y aura plus de miettes que de tapis , cela va finir par se voir !!
Heureusement le ministre du Redressement donne des pistes : Augmenter les salaires , une protection sociale digne de son nom , un petit bémol tout de même .Il ne parle pas de la France mais de l’Allemagne , j’en connais qui vont être ravis.
http://www.boursorama.com/actualites/montebourg-l-allemagne-doit-augmenter-les-salaires-e30fa54d3df7de8e460974230628debc
Hum, c’est le nouveau truc au PS: c’est la faute de Merkel, ça ira mieux quand elle sera partie.
Je croyais que, selon FH, l’Allemagne n’avait pas de leçon à donner à la France, au même titre que la France à l’Allemagne.
Cela semblerait être à sens unique…
Les autoroutes sont devenues nos rue , le TGV notre tramway , l’Europe notre pays, et pour certain la France reste ce petit village gaulois qui en fin de soirée mange du sanglier et boit du vin .Pourquoi pas !! Mais le joueur de harpe si je me rappelle bien la fin , on l’empêche pas de chanter ?
Je peux vous dire que les relations entre Obama et Wall Street sont glaciales. J’ai l’impression que l’on est entré dans un tournant.
Oui mais les chamailleries entre démocrates et républicains bloquent le volant
attention a la sortie de route!!!!
Que nous vaut cet augure funeste, Germanicus ?
Voyez-vous Obama s’asseoir sur la suprématie USA sans broncher ?
Notez, il a quelques questions à résoudre.
1) La croissance US repose aujourd’hui sur le crédit et la dette
2) Le crédit US est dans les mains de Wall-Strreet
3) Wall-Street est dans les mains du monde et de la FED grâce au dollar
4) Maintenir la croissance sans la dette ? Impossible sans augmenter les revenus, donc les salaires
5) Augmenter les salaires sans baisser la compétitivité US ? Possible si le dollar s’écroule
6) Laisser s’écrouler le dollar ? Possible si …
Thom……
Il est vrai que Obama n’a pas de baguette magique à sa disposition. Le fait qu’il se montre distant et prudent par rapport à un univers où ne regne que l’argent, où les individus sont réduits à une valeur purement mercantile, c’est déjà un grand pas – comparé au funeste GW Bush. Celui qui connaît l’Amérique sait que rien ne change si vite, cela est imputable à la mentalité américaine. Mais il y aura des changements, nécessairement.
>Germanicus
Comment ça? Vous connaissez l’un ou l’autre personnellement?
Au demeurant…
Ce billet me donne le tourbillon par son intelligence attractive.
Ah, si seulement elle pouvait être plus contagieuse…
Mais elle avance, doucement, de la source au fleuve et si vous mettez en travers de sa route un barrage; elle finira toujours par trouver face à cette construction douteuse, si ce n’est par l’usure ou mince fissure, un autre chemin dissident.
L’intelligence est dissidente. La vertu est de savoir la rallier.
Un pour un, tous pour tous en un seul océan… pacifique ?
Une paille => L’état britannique est sur le point de perdre 66 Mds de livres prêtés à 2 banques
Cette somme de 82 000 000 000 € est le salaire annuel à 1300 €:mois de 5 256 410 salariés ! ….
Les élections américaines sont terminées!
Place donc au retour à la réalité et à l’éclairage soudain aveuglant
de la situation US
à moins que, avec l’aide des alliés de toujours et la complicité trop heureuse de l’Allemagne, l’on puisse détourner l’attention de tous vers le nouveau malade européen la France