Je poursuis la publication des chapitres de Principes des systèmes intelligents. On en était resté jusqu’ici à des questions générales, histoire de déblayer le terrain. On entre maintenant dans la partie « charnue » si je puis dire. Et j’en imagine déjà qui – aussitôt lue l’histoire du mystérieux dromadaire blanc – tremperont leur plume rageuse dans l’encrier !
7. L’enchaînement associatif
Le chapitre précédent a suggéré que l’association d’idées, l’expérience commune et banale d’une idée en appelant une autre, pouvait constituer la structure sous-jacente non seulement au processus de remémoration mais aussi à la pensée en général voire à la génération du discours. Pour éviter le mot problématique d’« idée », on parlera ici d’enchaînement associatif (de signifiants). Bien que nous n’envisagions ici comme méthode que le parcours inscrit à l’intérieur d’un espace de mots, il n’est pas possible de mettre entre parenthèses un élément qui joue un rôle tout à fait essentiel dans les enchaînements associatifs de la pensée humaine : la production des images. Celle-ci ne sera pas ignorée même si nous savons d’avance qu’il ne sera pas possible de lui rendre justice dans le présent livre.
L’image
Certains mots ont une capacité à évoquer immédiatement une image qui leur est associée, ce sont les substantifs qui correspondent à des objets réels, à des objets du monde qu’on appelle sensible, celui qui nous entoure et dont nous faisons partie, ce sont les mots qu’à l’école nous appelions les noms concrets : au mot « pomme » correspond l’image d’une pomme, au mot « avion » correspond l’image d’un avion. Comme le dit Freud lorsqu’il réfléchit sur la « figurabilité », la capacité du rêve à figurer des idées abstraites : quand nous entendons le mot « pomme », nous hallucinons l’image d’une ou de plusieurs pommes.
Certains noms abstraits évoquent aussi une image, ce sont ceux qui disposent de ce qu’on appelle un emblème ou une allégorie. Les anges sont des créatures qui existent ou qui n’existent pas et qui sont de toute manière en général invisibles. Il se peut qu’une personne croie que les anges existent et il se peut aussi qu’elle croie que la Vierge Marie est un personnage historique, qui a vraiment vécu. Dans ce cas-là, rien ne lui interdit de penser que lors de l’Annonciation, Marie a reçu la visite de l’Archange Gabriel et qu’il avait à peu près l’apparence que certains peintres médiévaux lui ont attribuée dans leurs tableaux. Si cette personne pense cela, c’est bien sûr qu’elle croit à l’existence des anges. Mais il se pourrait tout aussi bien qu’elle n’y croie pas : qu’il s’agisse pour elle de créatures « mythiques » tout comme les fées ou les farfadets. Pourtant, le fait qu’elle ne croie pas à l’existence des anges n’empêchera pas que lorsqu’elle entend le mot, apparaisse aussitôt à ses yeux éblouis l’image de la représentation traditionnelle de cette créature. Plutôt que d’utiliser le mot image qui suggère l’idée d’une représentation iconique, c’est-à-dire ressemblant à la chose, il vaudrait mieux pour de tels cas utiliser les mots « allégorie » ou « emblème » ; allégorie, comme lorsque la justice est représentée sous la forme d’une femme aux yeux bandés brandissant une balance ; emblème, comme lorsque la Maison de Normandie est représentée par « trois lyons d’or sur fond de gueules »,
« Anges », « Justice », « Maison de Normandie » sont des objets – objets immatériels – qui appartiennent à une culture. Mais des emblèmes ou des allégories peuvent tout aussi bien être produits – délibérément ou non – par des individus, pour leur usage personnel, on pourrait dire à titre privé : on pense bien sûr à la madeleine de Proust.
Le raisonnement
Ceci dit, mises à part ces associations immédiates entre des mots et des images, nous savons qu’il peut y avoir entre eux d’autres associations, plus indirectes et plus dynamiques, par exemple lorsque nous essayons de retrouver la trace d’un souvenir par une remémoration volontaire, en « essayant de se rappeler », ou dans le rêve, ou bien encore lorsque nous réfléchissons : lorsque nous essayons de résoudre un problème.
Prenons un exemple qui fait appel à l’introspection. On pose à deux sujets, un homme de quarante ans et un garçonnet de neuf ans, la même question : « Est-ce qu’il existe des chameaux blancs ? » La réponse de l’homme est « Probablement », celle de l’enfant est « Non ». On demande à l’enfant d’expliquer sa réponse et il répond ceci : « J’ai réfléchi, et tout à coup, j’ai vu une image, mais c’était un lama blanc, pas un chameau, alors j’ai dit « non” ».
Essayons d’imaginer comment l’enfant a traité la question pour arriver à la réponse qu’il donne et à l’explication qu’il propose. On peut se représenter par exemple des images stockées en mémoire dans une base de connaissances. Un premier index permet de retrouver « animaux », et un deuxième index permet de limiter la recherche aux « animaux blancs » (on pense au modèle de mémoire à « en-tête » de Morton, Hammersley & Bekerian 1985). On peut imaginer ensuite l’activation d’un module de reconnaissance de formes qui opère sur des mémoires adressables selon le contenu telles que les décrit Kohonen dans ses travaux (1980, 1987). Le système s’efforce alors de réaliser un matching entre l’image d’un chameau blanc construite comme « définition du problème » et un contenu de mémoire. Le système stoppe quand il a trouvé le meilleur matching disponible ; l’enfant l’examine, et comme ce meilleur matching n’est pas un chameau, il en infère aussitôt que les chameaux blancs n’existent pas – à partir de la supposition implicite (qui serait bien sûr erronée pour un adulte) que si une chose existe, il doit en avoir une représentation en mémoire.
Quant à l’adulte, voici comment il justifie le « Probablement » qu’il propose. « Dès que la question a été posée, j’ai vu un chameau, ou plutôt, un dromadaire, puisque l’image qui m’est apparue, c’est celle du paquet de cigarettes de la marque Camel. Peut-être parce que je suis bilingue français/ anglais. Puis l’animal sur l’image a été “repeint en blanc”. Je suis resté perplexe : je ne me suis pas demandé “Est-ce que ça existe?”, c’est plutôt comme s’il y avait eu, comme dans une bande dessinée, un grand point d’interrogation qui s’inscrivait sur l’image, mais rien ne se passait. Et soudain, j’ai entendu une voix qui prononçait un mot : j’ai entendu le mot “albinos”. Et cela voulait dire, “C’est vrai, on peut dire ‘albinos’ au lieu de dire ‘blanc’ !” Et j’ai comme le souvenir d’avoir été très satisfait de cette découverte : au lieu de continuer à m’interroger sur l’image d’un chameau blanc, je pouvais reformuler le problème comme “Est-ce que ça existe des chameaux albinos?”, c’est-à-dire que je pouvais réfléchir désormais à partir des mots “chameau albinos” au lieu de devoir continuer à examiner une image. Et alors là, je pense avoir entendu le mot “mammifère”, mais je n’en suis pas sûr. Toujours est-il que je me suis entendu dire peu après, “Probablement”, comme une réponse à la question “Est-ce qu’il existe des chameaux blancs ?” » Résumons : le sujet a commencé par travailler au niveau de l’image, et un dromadaire lui est apparu immédiatement. Il a d’abord manipulé cette image en modifiant sa couleur. Il a ensuite examiné l’image d’un dromadaire blanc, s’efforçant sans doute de la classer en « acceptable » ou en « inacceptable ». Sans succès. C’est alors qu’une autre stratégie s’est imposée à lui, qui opérait cette fois sur les mots et non sur les images. S’était-elle mise en route comme l’autre, dès le départ, ou simplement parce que la manipulation des images s’était révélée infructueuse ? Il est impossible de trancher, la seule chose qui soit certaine, c’est qu’à un certain moment elle a pris le relais : sa venue à la conscience a constitué une réponse à l’hésitation à laquelle avait abouti la première stratégie. Il est probable que le mot « albinos » est apparu comme commentaire de l’image hallucinée d’un dromadaire blanc : « en fait, c’est un albinos ». Le mot « albinos » intervient en tant que signifiant, dans l’usage du mot que les Scolastiques distinguaient comme sa supposition matérielle : ne supposant que sa matérialité de mot, c’est-à-dire sa réalité acoustique (cf. Kneale & Kneale 1984 : 253 ; Paqué 1985 : 61 ; Broadie 1987 : 18-19). Le sujet sait alors que le mot « albinos » peut venir à la place du mot « blanc » dans la question qui lui est posée. Le pont entre « chameau » et « albinos » lui est fourni par « mammifère » : un mammifère peut être albinos et les chameaux sont inclus dans les mammifères. Le syllogisme est conduit à bon port. Enfin, l’impression qui se dégage du traitement étant celle d’un calcul assez désordonné, au lieu de répondre par un « Oui » franc à la question posée au départ, le sujet répond par un « Probablement » qui laisse la voie libre à d’éventuelles négociations avec l’interrogateur – au cas où sa réponse ne serait pas jugée satisfaisante.
Qu’est-ce que cette expérience mentale nous apporte ? Elle nous fournit quelques indications sur les associations plus indirectes, plus dynamiques, entre mots et images, dont notre intellect est le théâtre dans les processus de pensée tels que la remémoration ou la résolution d’un problème – au-delà de l’association évidente qui existe entre un mot et la chose qu’il évoque : le « référent » de ce mot comme s’expriment les linguistes contemporains, le significat comme disaient avec plus de bonheur les philosophes médiévaux.
Cela permet sans doute d’établir l’existence de deux mécanismes, l’un inconscient et l’autre conscient. Le premier est à proprement parler automatique et ceci, à deux titres. Il est automatique en ce qu’il fait halluciner deux sortes d’objets, des images (vues) et des signifiants (mots entendus) et ces objets se succèdent par un enchaînement rapide qui suggère que la distinction établie entre des objets de nature différente n’est peut-être pas pertinente puisque, si une image peut appeler une autre image (dromadaire – dromadaire blanc), ou un mot, un autre mot (« chameau » – « mammifère »), des sauts sont aussi possibles de mot à image (« chameau » – dromadaire) ou d’image à mot (dromadaire blanc – « albinos »). Ce mécanisme inconscient est également automatique en raison de sa capacité à poursuivre son mouvement sur un certain nombre d’associations : une image en appelle une autre, ou appelle un mot qui lui-même…, etc.
Le deuxième mécanisme est de nature plus volontaire : il dispose de la capacité à faire des arrêts sur image ou des « arrêts sur son ». Il permet d’examiner, d’évaluer, certains résultats affichés, et de relancer si nécessaire le premier mécanisme. Il permet d’opérer quelque chose qui est de la nature d’un calcul ; ce deuxième mécanisme est certainement à l’origine du sentiment que ce qui est manipulé ce ne sont pas simplement des images et des signifiants, de simples étiquettes, mais des signifiés, des mots envisagés du point de vue de leur signification.
Le premier mécanisme est inconscient. Qui plus est, il ne peut pas être exploré de manière consciente : la partie consciente doit se contenter d’enregistrer, de constater, les affichages d’hallucinations visuelles et auditives qui ont lieu. Ce mécanisme est véritablement intuitif. Le deuxième mécanisme est lui de « type conscient » puisque d’une part, il est possible, par introspection, de se souvenir plus ou moins fidèlement – de ses étapes successives et que, d’autre part, on a le sentiment de pouvoir diriger au moins partiellement ses enchaînements. En général, et sans doute pour les personnes peu exercées à tirer tout le parti possible des arrêts sur image, il opère si rapidement qu’il doit apparaître lui aussi, intuitif. (On connaît des exemples classiques d’images apparues à des savants et qui constituent en fait la solution d’un problème : Kekulé qui voit soudain l’organisation hexagonale du noyau benzénique, Bohr qui voit la structure atomique comme un système planétaire ; cf. Miller 1986).
En fait, des expériences mentales du même genre, portant sur la remémoration, constituent l’essentiel des trois premiers chapitres d’un des livres les plus populaires de Sigmund Freud, la Psychopathologie de la vie quotidienne, ouvrage publié en 1907 et où sont analysés des cas fameux de lapsus et de distraction aux conséquences comiques. Deux des cas rapportés par le psychanalyste illustrent les enchaînements d’images et de signifiants qui nous intéressent ici, le premier raconte l’histoire d’un jeune homme qui ne retrouve pas le mot « aliquis » dans un poème latin, cas relaté au deuxième chapitre du livre : « Oubli de mots appartenant à des langues étrangères » (Freud 1986 [1901] : 13-19) ; l’autre cas exemplaire est celui de la censure du nom « Signorelli », relaté au premier chapitre, « Oubli de noms propres » et dont on trouve une version plus développée dans un article datant de 1898 intitulé « Sur le mécanisme psychique de l’oubli » (Freud 1984 [1898] : 99-107). Si l’on relit ces deux textes, on retrouvera les quatre cas de figure d’enchaînements décrits plus haut : de mot à mot, de mot à image, d’image à mot et d’image à image. Le matériel présenté par Freud est à ce point complet qu’il est possible au lecteur de déceler des enchaînements associatifs qui ont échappé à l’inventeur de la psychanalyse.
32 réponses à “PRINCIPES DES SYSTÈMES INTELLIGENTS (1989), chapitre 7, réédition en librairie le 23 novembre”
[…] Blog de Paul Jorion » PRINCIPES DES SYSTÈMES INTELLIGENTS (1989), chapitre 7, réédition en libra…. […]
Pour ma part, ‘chameau’ signifie ‘1914’.
Comme l’indique l’image, ‘chameau’, c’est ‘camel’. D’ailleurs, on dit : ‘donne moi une chamelle’.
Ceci provient d’ailleurs d’une erreur, puisque le dit ‘chameau’ s’avère être un ‘dromadaire’.
Mais comme on ne veut pas faire plus intelligent qu’on est et que le mot ‘camel’ est indiqué sur le paquet (et non ‘dromedary’), on dit ‘chameau’.
Ensuite, une petite méthode mnémotechnique permettait (sur les anciens paquets), en renversant ceux-ci, de retrouver dans le texte situé à l’arrière la date de création de la marque ‘camel’ : ‘1914’.
Sauf que maintenant, avec les nouveaux paquets, plus besoin de connaître ce moyen mnémotechnique pour le savoir : c’est comme le port salut, c’est écrit dessus.
Sauf que cette fois, c’est écris … ‘1913’ (‘since 1913’).
Ce qui fait que je ne sais pas si je dois avoir confiance en ce qui est écris sur le paquet ou avec le petit moyen mnémotechnique.
Et pourtant, en allant sur internet, c’est bien ‘1913’.
Mais je reste persuadé que c’est ‘1914’.
Parce que ‘Since 1913’ n’a pas encore remplacé ‘1914’ dans mon cerveau reptilien.
oO
J’aimerais bien connaitre les mécanismes mis en branle pour la lecture des partitions de musique. J’ai beau en lire depuis des années, j’ai toujours autant de mal…
Quand je vois une note, je suis comme une poule devant une feuille d’impôt. Je reste… dubitatif.
Si quelqu’un avait une explication… je suis peut-être un bon sujet d’expérience. Je donne mon corps à la science s’il le faut (mais attendez que je meure quand même)
pour certains lecteurs qui commencent sur le tard, les méthodes par intervalles (type Arbaretaz) donnent de bons résultats…
Passionnant. Ça m’a fait penser au passage du film de Resnais, Mon oncle d’Amérique, quand Laborit parle du « cortex associatif » et du « processus imaginaire ».
Le point commun, c’est que dans ce passage du film, Laborit rapporte, en copie conforme, le point de vue freudien. Je ne fais moi non plus là, rien de plus.
Bonjour….
Juste pour le clin d’oeil à tous les belges et aux autres….
Avez vous remarqué le manneken pis sur l’épaule du chameau?….Regardez bien…..
Oui, et la Vénus de Milo dans l’autre jambe, et la Joconde dans son oeil (un peu plus dur à distinguer !).
Achetez de la banque au monopoly.
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/11/05/97002-20121105FILWWW00538-l-ue-n-aidera-pas-les-epargnants-espagnols.php
Y’a aussi le félé de cheval et le pinaïre de première qui répondraient, chacun par son propre chemin : « non, pas plus de chameau (chamal ?) blanc vraiment blanc que de cheval blanc vraiment blanc » (faux, en réalité ils existent…).
Un joli texte de Cioran, grapillé cet aprem …
http://incipit.fr/cioran-exercices-d%E2%80%99admiration-2012-06-01
Cioran, Exercices d’admiration
« Il n’est rien de plus mystérieux que le destin d’un corps. »
Plus jeune, j’avais repris cette citation de Cioran pour des cartons d’invitations.
Comme une « Pietà » dans la nuit légère et tendre.
Certains mots sont rendus « sympathiques » à certains, par une longue histoire, comme le mot « laïcité », dans certaines de nos contrées. Puis d’autres s’en emparent et par un tour de passe-passe quasi orwellien lui donnent un contenu incompatible avec la charge sémantique d’origine.
Dans le même courant spoliateur, il y a ceux qui ont ajouté le mot « national »devant « socialiste », ce qui relevait d’un quasi contresens volontaire, étant donné l’attachement internationaliste des fondateurs du mouvement social.Il y en a peut-être d’autres comme cela…
j’ai beaucoup joué au scrabble avec une vieille dame qui avait été victime d’un avc et conservé de ce fait une aphasie partielle
elle comprenait et pouvait écrire un grand nombre de mot qu’elle pensait mais ne pouvait tous prononcer
sauf un certain nombre: autant elle pouvait à la fois dire et écrire dromadaire et savoir de quoi il s’agit autant le mot chameau correspondait pour elle à un « blanc » un vide impossible ni a lire ni a écrire , possible à prononcer mais sans qu’aucun sens puisse affleurer à sa conscience.
dans sa longue vie elle avait vu et même monté l’un et l’autre.( photo à l’appui , photo qui pour elle relevait de l’absurde et d’une interrogation sans réponse).
manifestement le cerveau n’est pas une bibliothèque au classement impeccable
Les différentes formes d’aphasie nous en ont appris énormément sur le fonctionnement de la parole normale. J’en tire tout le parti que je peux au chapitre 17 : Mots de contenu et mots d’armature.
du seul fait que Bohr ait perçu l’atome sous la forme de l’organisation du système solaire cela a quasi imprimé l’imagerie populaire de l’atome de cette façon.
( margré que l’ORTF) ait tenté de modifier la donne , cela n’y a pas changé grand chose)
alors que ce n’est qu’une représentation erronée, mais dont a découlé beaucoup de la connaissance de l’atome.
suivant un processus du même type popeye mangeant des épinards pour avoir de beaux muscles et ne pas manquer de fer irrigue encore l’association d’idée entre fer et épinard.
finalement on comprend pourquoi les musulmans refusent toutes représentations humaines dans les décorations spirituelles…
( si en plus le modèle initial était moche, on serait bien, tiens!)
la seule chose que notre oeil voit c’est la lumière
toutes les images sont des créations représentatives
notre vision comme notre langage sont une représentation du monde.
ce que nous croyons voir est ce que notre cerveau projette en écho des sensations perçues.
C’est la manière habituelle de voir la chose, si je puis dire: d’un côté un sujet qui regarde et de l’autre le monde qui est regardé. Dans l’un de ses ouvrages sur la cognition, Francisco Varela rappelle que « 80% de ce que capte toute cellule du LGN [noyau géniculaire latéral, une région du thalamus qui fait le lien entre le nerf optique et le cortex visuel] ne viennent pas de la rétine, mais de l’interconnectivité dense d’autres régions du cerveau ».
@rahane
Vos mots, très justes, rejoignent d’une certaine manière ceux d’un très beau texte de Jean Baudrillard, La Photographie ou l’Ecriture de la Lumière, dont je n’ai pu trouver malheureusement que sa traduction à l’anglais. Dans ce texte, Baudrillard invite à ne pas donner un sens précis à notre regard (photographique), ne pas chercher donc à le cloisonner dans un « concept de monde », se laisser presque détourner par l’appareil photographique, qui lui, sait nous inviter à voir autrement par le biais de cette même objectivité pouvant nous faire découvrir, paradoxalement, l’absence d’objectivité du monde lui-même (« The miracle of photography, of its so-called objective image, is that it reveals a radically non-objective world« ). Un texte qui recoupe parfaitement celui-ci est L’entreprise des apparences, de Paul Virilio (ici). Donc, oui, tout est lumière, et songe (ombreux) de lumière. Certains aveugles de naissance le savent parfaitement ; il le vivent à tout instant.
L’image et les mots sont aussi associés au vécu:
Par exemple dans le cas d’un amputé, les douleurs fantômes sont issus d’une mémoire de l’image du corps.
Pour observer l’illusion nécessaire au traitement de cette douleur, copier le lien: therapiemiroir.e-monsite.com/pages/videos/
Et les lapsus ne seraient-ils qu’une simple association de mot/ image/symbôle?
j’ai vu sur le sujet un moyen thérapeutique original pour soigner ce type de douleur
on dispose entre les jambes de la personne amputée un miroir pour qu’il puisse grâce au miroir avoir une image de son membre manquant
et ce seul moyen permet au cerveau de décoincer le paradoxe dans lequel il se trouve et permettre à la personne d’objectiver la réalité du manque de sa jambe.
et au cerveau d’opérer une forme de » cicatrisation interne ».
en fait on permet au cerveau de se réinitialiser sur un process de construction initial dans son évolution( la phase du miroir)
la pensée ou La Pensée comporterait -elle( permettrait-elle) des systèmes d’autorégénération?
Le lien que j’indique, illustre en vidéo ce que vous exprimez.
J’ai indiqué cette exemple pour exprimer l’existence » d’un schema corporel vécu » inscrit dans notre biologie.
Ce traitement peut être expliqué de la façon suivante:
– la Douleur est calmé par une illusion visuelle de la forme du corps.
– l’affect douloureux est donc lié non pas à la forme réel du corps mais a sa forme perçue.
– la forme perçue, implique donc en plus de la sensorialité, une composante de mémoire interne qui est l’image passé du corps
– L’interférence entre le corps perçu et le corps réel va créer le phénomène de vécu douloureux.
Pour conclure je fais le lien avec le langage:
Une forme= les mots= la forme du corps
Une image= le signifiant= le schéma corporel
Un vécu= l’affect.
Ne serait ce pas un moyen de comprendre le noeud boroméen de Lacan ?
Le réel. / le symbole. / l’imaginaire. ,
Message: Même dans le désert les clopes y sont. Plus un soupçon d’orientalisme qui situe la période ou la temporalité de l’image ainsi que son contenu énigmatico-vendeur. Comme il faut faire court, une et pas deux bosses.
Ai connu les P4 mais attends toujours l’image des 6 clopes.
Là, je ne peux pas me sentir visé, je ne m’énerve jamais ! 🙂 Mais qu’a-t-elle de particulier cette histoire ?
Ô l’atrobate!
Rien! C’est juste le chameau de Diane Dufresne: il couche dehors même en hiver; alors ,au Québec, en quelques heures la neige le recouvre et il devient blanc!
Cordialement
dessines moi un chameau…
L’histoire est très bien pour les besoins de la démonstration, mais c’est sûr que la conclusion de l’adulte est pour le moins contestable. Et il le sait, c’est pourquoi il assortit sa réponse d’une probabilité. En effet, l’albinisme est une maladie génétique, alors que la question, dans sa simplicité biblique, laisse sous-entendre qu’elle parle de races de chameaux, comme les fameux cygnes noirs d’Australie, et non pas d’individus particuliers. Un système intelligent se devant de saisir les sous-entendus les plus communs, il ne devrait pas admettre la réponse de l’albinos.
Note : de façon analogue, faudrait-il compter parmi les « oiseaux qui ne volent pas » ceux qui sont blessés ? Si la question présuppose que l’on parle d’espèces, comme la poule ou l’autruche, les oiseaux blessés sont à exclure.
Sur les iles ventées (kerguelen ) , les mutations ont rapidement produit des mouches et papillons sans ailes ….mais je ne suis pas certain que cette pression selective soit définitive ou une « élasticité » réversible .
et voila, vous mettez une pièce dans la fente et vous avez pas mal de possibilités de parties gratuites…
lol
« Pauool » … exercice pratique!
En 1952, Charles Galtier, l’un des cinquante membres à vie (Majoral) du Félibrige -l’association de promotion de la langue et de la culture provençale, initiée par Frédéric Mistral- , produit une remarque, assez curieuse, à propos de la forme provençale de « am stram gram » ; il écrit :
(Charles Galtier, Le Trésor des jeux provençaux ),
La forme rapportée est :
C’est donc, sans aucune possibilité de référence, que Charles Galtier pressent l’incantation du loup sorcier de la version « originale » de l’edda islandaise Hyndluljodh , laquelle ne sera « déterrée » par l’historien Jean-Pierre Poly qu’en… 2005
Traduction :« Toujours-fort Grain, Viens donc viens, j’appelle Grain, Surviens car je mande au brin, Toujours-fort Grain. A Manger ! »
Pour un Provençal , même « bien éduqué », cette comptine – en provençal – ne veut rien dire. Aussi , Galtier reconstruit-il un sens « bric broc » , un peu à la façon de « Petersbourg et Amsterdam »; sauf que « Galtier tombe juste » , comme lorsqu’il pleut effectivement à la St. Medard ; deux logiques s’entrechoquent-elles ?
§
Hypothèse 1 – Galtier associe « isengrin » dans la traduction la forme ,« avé l’accent », de « in sin grin »,
Hypothèse 2 – Galtier repère les rimes en « grin » et les associe à une racine « indo européenne » pour « bouche montrant les dents » (je ne vérifie pas,Vigneron le pourra ; ) , c’est du genre « grind », broyer avec le dents, grignoter, etc.). Complémentairement , « Mous » signifie « mange », ce qui renforce l’association et rappelle à nos mémoires le « baiser de Salomé à la tête coupée, » dont « l’origine » peut être lue dans l’Ysengrimus (Nivard de Gand)… si si …amusant non ? Cf. Atsuko Ogane , Parcours du mythe d’Hérodias.
Hypothèse 3 – Galtier associe « lycaon » – loup- soit une forme de condensation avec le « grin » dans « lacagrin ».
– Au moyen âge, l’ile tibérine (Rome) prend le nom de « Lyaconia »,
– Rabelais utilise l’expression « lycaon »,
– L’ensemble renvoie, bien naturellement, à la légende grecque du Roi Lycaon transformé en loup par Zeus, et « le tout », s’inscrit dans le contexte, long et difficile, par lequel l’Eglise s’est imposée, douloureusement devant le paganisme; ce qui pourrait avoir laissé des traces dans la condensation « lacangrin », dont le mélange « fait un peu savant ».
(Remarque ) « colegrin » semble une transposition directe du « calle gram » initial
§
Question : quel est le statut épistémologique aristotélicien de cette affaire ?
Hypothèse 1 Galtier « déconne » et pour « Poly », c’est de la même bouteille que ma présente broderie; pourquoi pas, Finnegans Wake est bien écrit comme ça?
Bien entendu, Il n’y a aucun « collège chamanique caché », lequel aurait, depuis « la nuit des temps », conservé un secret, jusqu’au Febrilige, à propos du « loup du blé » sur lequel s’interrogeait Wittgenstein, cf. Remarques sur le rameau d’or de Frazer.
Hypothèse 2 : dans notre cerveau, les mots pensent, sur quelques millénaires, bien plus loin que « notre petite conscience » ne l’imagine. Ainsi; « je » t’ai improvisé ce commentaire en cinq minutes, et sans y avoir jamais pensé!
Hypothèse 3 – tertium ?
A+
des enfants curieux sont allés épier de nuit Edward Leedskalnin construisant son chateau de corail et ont témoigné qu’il travaillait en chantant.
et pour l’instant on ne sait toujours pas comment on a bâti les pyramides fabriqué les pierres de Puma punka ou positionner un dolmen
dans une veille légende tibétaine on dit que pour construire un monastère dans un perchoir d’aigle une chorale prononçait des incantations pour faire « voler » les pierres
je connais des gens qui savent des prières avec des effets surprenants en terme de guérison
Bonjour à tous
@Rahane
Bonne remarque! Si l’on considère un système constitué d’un grand brûlé et d’un guérisseur, le fait que le grand brûlé réagisse (positivement) par une réduction et de sa souffrance ressentie et de la taille et/ ou de la gravité de ses brûlures à une action indéfinissable et incommensurable – selon les critères scientifiques usuels- du guérisseur , catalysée par une invocation à St Laurent , peut on dire qu’il s’agit d’un système intelligent selon les critères définis alors que son fonctionnement ne peut être décrit ,en termes de causalités intelligibles dans notre référentiel universitaire?
Intuitivement nous répondons oui, mais dans le cadre d’une étude « scientifique » c’est impossible.
Par expérience, la conclusion en ce cas s’énonce en france par la formule: cas exotique!
Cordialement