Billet invité.
La croissance diminue au Japon, désormais prévue de 1,5% pour l’année 2012/2013 en cours, tandis que la déflation se poursuit. La contribution au PIB qu’ont représenté les efforts de reconstruction du pays financés sur fonds publics, suite aux ravages du tsunami et du séisme de mars 2011, n’a pas contrecarré les effets de la chute de la production industrielle, en raison d’une consommation intérieure atone et du fort ralentissement des exportations dû à celui des économies étrangères. Le programme gouvernemental de soutien aux achats de voitures est désormais terminé, augurant d’une poursuite de cette chute.
C’est dans ce contexte que le gouvernement et la Banque du Japon (BoJ) ont rendu public un communiqué commun très inhabituel dans lequel ils considèrent que « l’économie japonaise fait face au défi crucial de vaincre la déflation dès que possible et de retrouver le chemin d’une croissance durable assortie d’une stabilité des prix. » Après s’être fait prier, la BoJ s’est finalement résolue à faire les choses en grand, ce qui n’est pas sans rappeler les décisions du même ordre prises ces derniers temps par toutes ses consœurs occidentales, la Fed en tête. Dans le cas du Japon, l’objectif est de sortir de la déflation et d’affaiblir le yen afin de renforcer les exportations.
La BoJ ne s’est pas contentée d’augmenter l’enveloppe financière principalement destinée à des achats de bons du trésor japonais de 11.000 milliards de yens (110 milliards d’euros), la portant à 91.000 milliards de yens (910 milliards d’euros). Elle a également décidé du lancement d’un programme de prêts illimités aux banques du pays, au taux de 0,1% et d’une durée maximum de quatre ans, tout en poursuivant son précédent programme plus spécialement destiné aux financement des secteurs considérés comme stratégiques et dont l’enveloppe est de 55 milliards d’euros.
Le résumé est vite fait : en dépit de ses efforts budgétaires, le gouvernement ne parvient pas à relancer l’économie, mais il continue d’accroître la dette publique dont la banque centrale se porte généreusement acquéreur. D’énormes quantités de liquidités sont parallèlement déversées dans le système bancaire. Tout cela en pure perte, car ce n’est pas d’un manque de crédit que souffre l’économie japonaise mais de la faiblesse de la demande interne et externe.
Il se confirme à nouveau que les banques centrales ne peuvent que temporiser la crise mais pas la résoudre, quelles que soient ses caractères spécifiques. Dans le cas de la troisième puissance économique mondiale, dont l’État est déjà endetté à hauteur de 236% du PIB selon le FMI, la fuite en avant se poursuit, à l’image de celle que connaît les États-Unis : la dette publique continue inexorablement d’enfler. L’Europe tente de faire exception, mais les résultats ne sont pas comme on sait au rendez-vous. Il faudra bien se poser un jour non seulement la question de savoir comment résorber la dette, mais aussi comment ne pas en dépendre. Un fil qui, lorsqu’on le tire, entraîne beaucoup de remises en question.
A défaut de s’engager sur ce chemin, la venue de la croissance arrangerait bien les choses, mais pour des raisons qui s’obstinent à rester mystérieuses pour les dirigeants occidentaux, elle n’est pas au rendez-vous. Conduisant François Hollande à constater, à l’occasion d’une interview au Monde : « nous en sommes à la troisième année de crise. La reprise va arriver, c’est une question de cycle » (sic), tout en reconnaissant qu’« il peut aussi y avoir un scénario noir, celui de la récession ». Ouf ! si c’est « une question de cycle », nous sommes sauvés !
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33 réponses à “L’actualité de la crise : LA BANQUE DU JAPON FAIT TAPIS, par François Leclerc”
La troisième année ? Mais pour qui donc ? Pour lui ?
Pour des millions de personnes (des électeurs) la crise a près de 40 ans. Une crise systémique qui pèse jour après jour plus lourd.
Il me semble que les chiffres sont éloquents ? Non ?
tisserand, 40 ans? Le premier choc pétrolier ou la fin du gold exchange standard de 44 quoi ? Bof, et pourquoi pas deux siècles et des prouts avec la prise de la Bastille, cinq et demi avec la chute de Constantinople, vingt avec la naissance du petit Rhésu… euh Jésus, quatre mille avec la maîtrise humaine du feu, voire quarante millions et l’émergence de l’évolution darwinienne? Tankonyé…
Vigneron, vous jouez comme trop souvent de votre superbe et de votre morgue. Mais ce que dit Tisserand est très clair, seul vous (je crois et j’espère…) ne voulez pas le voir et préférez jouer avec les mots comme s’ils n’avaient pas de sens. 40 ans ou 44 ans c’est pareil : le chômage de masse, les mutations des formes du travail, la remise en cause du fordisme et du taylorisme, le recul du front de classe et la précarité généralisée (et tout le reste qui va avec) datent du milieu des années 1970. Et vos arguties méprisantes à base de prouts n’y changeront rien.
Alors oui, la crise n’a pas commencé il y a cinq ans, et oui : sa forme actuelle et paroxistique n’est que la continuation d’une crise qui n’en est plus une, tant elle est durablement et structurellement installée, tant elle est devenue le mode « normal » du fonctionnement de la domination économique et du monde qui nous gouverne.
C’est 600 millions l’explosion cambrienne, vigneronchon.
décidément tout augmente
Armand, je réitère, avec morgue et superbe donc : pourquoi donc ne remonter arbitrairement qu’à 71 ou 74 pour désigner le point de rupture, le renversement, l’aiguillage pervers seul et unique qui nous aurait menés d’un seul coup d’un seul au bout de ce chemin de quarante années? Il me semble que d’Aristote jusqu’à 1971 ou 74 il s’est passé quelques broutilles sur le chemin de fer tout droit et pavé de fleurs de votre (notre, leur) tortillard… Alors Yaka rembobiner le fil jusqu’en 1971 et tutto va bene avanti?
600 millions de siècles jave? Faut apprendre à,lire et/ou à compter. 3,5 milliards d’années les Stromatolites du précambrien, soit 35 millions de siècles les premières formes de vie connues.
Les martiens se sont posés sur les toits du medef, de l’Assemblée Nationale, de la Bourse…
Ils sont formels, y’a aucune forme de vie…!
Difficile de parler sereinement avec quelqu’un qui vous prend pour un imbécile et qui vous fait délibérément tourner en bourrique. Parce que personne n’a pu croire que je prétendais qu’il fallait revenir à la forme précédente d’oppression : c’est tellement bête que je me demande comment vous y avez pensé. Mais je vous laisse à vos vilaines vignoneries, et je vais m’occuper un peu de contribuer, modestement et à ma petite place, à détruire le système. Tout le système, quelle que soit sa forme.
Armand, vous plaignez pas, moi je m’emploie modestement à leur parler à ces bourriques, sereinement de surcroît. Et surtout, pas besoin de bonnes volontés surnuméraires pour la « destructiondusystème », d’autres, nombeux zé plus compétents s’y emploient ardemment sans débander et sans même s’en rendre compte. Non, pensez plutôt aux cours du soir, pour une déconstruction s’il en est encore temps, et pis pour la construction à venir.
Les décideurs japonais suivent leur maxime convenue : » Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire ».
Hollande fait la même chose avec un vocabulaire qui ne veut plus rien devant l’accélartion des ruptures dans l’ordre capitaliste et l’addition de crises environnementales et politiques majeures.
Bref, japonais ou français, ces (ir)responsables racontent n’importe quoi. Mais pour de très bonnes raisons qui ont tout à voir avec leur position et celles de leur caste.
[…] Blog de Paul Jorion » L’actualité de la crise : LA BANQUE DU JAPON FAIT TAPIS, par François Lec…. […]
Hollande est dépassé, comme tous les autres d’ailleurs: mais il ne peut pas le dire.
C’est comme si le Pape disait un jour au balcon de St Pierre: « Chers fidèles, Jésus était un simple humain et en fait il n’a jamais vraiment ressuscité. Mais on vous a bercé avec cette histoire pendant plus de 2000 ans, parce que vous aviez envie de la croire. »
C’en serait fini de l’église catholique apostolique et romaine.
De même pour les dirigeants d’aujourd’hui, avouer humblement: que la situation leur échappe, que notre modèle de développement est intenable sur le moyen et long terme, mais qu’ils ont laissé les peuples se bercer d’illusions pendant des décennies parce que tout le monde avait envie d’y croire.
C’en serait fini de l’église néo-libérale mondialisée et américaine .
C’est pas un scoop.
En fait , tout le monde le sait. Individuellement, cela arrive entre 7 et 12 ans selon les conditions de vie. A peu près au même moment que la révélation que le père Noél est une blague des parents.
Et cela n’empêche pas la Foi, puisqu’elle n’ a pas besoin du soutien du réel.
Et les « born again » ou autre sectes US avec la Bible au pied de la lettre, entre 60 millions et 80 millions de croyants : une bonne affaire. Ne confondons pas tout.
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Toutes personnes censées savent que la seule solution c ‘est le défaut de paiement, et ça finira par arriver de toutes façons
Alors pourquoi attendre; pourquoi détruire le peu d ‘économie qu il reste, pourquoi semer la misère, pourquoi semer la haine?
Toutes les personnes qui sont au pouvoir et qui l’on été ces derniers temps, porteront une lourde responsabilité dans ce tsunami .
Jared Diamond a donné une réponse à cette question. Et Paul l’avait cité dans l’un de ses billets le 8 octobre :
Y’a pas que les dirigeants (rois comme représentants élus ou Pdg) qui soient courtermistes, dans ces (mauvais) cas là comme de façon générale…
Roque, toute personne sensée telle que vous est censée faire la différence entre censé et sensé, sensément…m’enfin censément… ça tombe sous l’sens.
Mais loin de moi l’idée de jouer les censeurs d’autorité orthographique ou de limiter l’expression aux seuls blogueurs sensés orthographiquement, sorte de démocratie censitaire blogaire, non, juste un recensement à peine pointilleux. Les mots ont un sens.
Ps: Je ne prélève pas de cens, je vous rends votre sens.
Vigneron
Merci de me reprendre sur le plan orthographique , mais vous risquez d’avoir du travail.
Heu… ben si le défaut de paiement est le mur vers lequel le Japon (et d’autres) vont, alors pourquoi ne pas s’endetter à 320% du PIB ? à 500 % ? à 2000 % ? Qu’elle importance ?
Et puis je crois que le PIB représente la production d’un pays, alors il suit les fluctuations de la récession mais n’indique pas grand chose non ? Pourquoi ne parlons-nous pas du « PI de remboursement potentiel » ? Car les Japonais ont été riches, ils ont des biens qui ont de la valeur… Idem pour les grecques, les espagnols, etc. Si un « notaire international » vient saisir les biens pour se rembourser, à quel pourcentage les peuples sont-ils endettés ? Il existe un indicateur de ça ?
500% du Pib? Mais c’est déjà le cas au moins depuis 2010 pour l’Espagne, dettes publique et privées confondues évidemment.
Tisserand et Armand ont raison: la « crise » ne date pas d’hier, mais du milieu des années 70.
Il y a juste un détail que tout le monde ici semble oublier: comme l’a montré M. Allais, le développement d’un libre-échangisme, par naiveté ou avidité, depuis 40 ans n’est pas une coincidence et ce n’est pas par hasard que le mot « protectionnisme » est un gros mot aujourd’hui.
Bien entendu, cela ne constitue pas « la »seule cause de la situation où nous sommes…
Pourquoi ne pas décider la dévaluation du Yen ?
La doctrine est de laisser faire le marché !
A ce niveau, ce n’est plus de la doctrine, mais du catéchisme…..
« Ouf ! si c’est « une question de cycle », nous sommes sauvés ! »
Mais non, en fait c’est un soutient masqué au ‘made in France‘. 😉
En ce jour de croyance bénie de l’infinie croissance cyclique, Saluons la persévérance de tous les gens qui fréquentent ce blogue.
Particulièrement ceux qui consacrent littéralement leurs vies à analyser et éclairer un système qui ne s’écoute que lui même, dans l’espoir que peut être une alternative soit sérieusement envisager.
Hallééluya….
Vu le peu de résultats concrets de notre persévérance, on pourrait penser que c’est folie de continuer à analyser et éclairer.
Mais qu’importe de passer pour fous, l’utopie d’aujourd’hui ne deviendra réalité de demain que si l’on persévère dans le combat. Combat pour un monde où la priorité sera donnée au bien vivre et non au toujours plus.
Il faut être patient et en effet persévérant, car le système ne va pas se rendre facilement, surtout ceux qui en profitent le plus et en abusent.
La « priorité au bien vivre »? Euh, non merci, sans façons, j’reprendais plutôt une bonne tranche d’art de vivre en papillotes plus une grosse rasade de mal de vivre.
Ah ben le Japon veut dévaluer le yen pour faire face à la compétition internationale?
Sur que ça va faire plaisir aux Chinois en surcapacité productive…
Bon, tout ça, ça a une belle saveur de course à la dévaluation compétitive. Manque plus que les cascades de mesures protectionnistes et on y est en 1932!
Allez! Un petit effort, reste à nous coller un Fuhrer quelque part: perso je mise sur la Chine et la France.
la Grèce me semble en avance pour la course au Fuhrer mais l’Espagne n’est pas loin derrière d’autant que la totalité des mesures budgétaire ne se font pas encore ressentir
faire tapis avec du papier ça compte pour du beurre
encore que non, le beurre, ça coûte.
Dès fois, je me demande si nous observons globalement le protectionnisme financier ou l’auto-protectionnisme financier ?
Sans doute les deux, plus ou moins en fonction du contexte…..Vous remarquerez le caractère défensif de la conception mais nous aurions pu concevoir peut-être……. ?
Japon: le spectre d’une faillite panique les financiers