Je ferai en février, deux exposés à Lausanne, l’un consacré à la crise, l’autre, dans le cadre de l’université, sur le thème : « Savoir financier et vérité : une relation ambiguë ». L’argumentaire de cette seconde intervention constitue en fait un bon résumé de la partie descriptive (par opposition à « programmatique ») de Misère de la pensée économique, à paraître la semaine prochaine.
L’économie politique, qui prévaut jusqu’au troisième quart du XIXe siècle, est un discours de type scientifique, même si son recours aux mathématiques est éclectique parce que ad hoc, selon les nécessités de l’objet à modéliser.
La « révolution marginaliste » qui intervient alors est paradoxale : elle permet à la « science » économique de présenter davantage les signes de la scientificité grâce au recours massif à la modélisation par le calcul différentiel, mais elle ouvre la voie à un éloignement de plus en plus prononcé de la démarche scientifique proprement dite.
1) On attachera de moins en moins d’importance à la vérification expérimentale.
2) On pose en principe l’« individualisme méthodologique », qui implique la négation de processus collectifs émergents et nie du coup tout pouvoir heuristique à la simulation, en contradiction avec les découvertes de la physique.
3) On pose en principe le postulat laplacien de connaissance parfaite de l’avenir à partir d’une connaissance parfaite du présent, là aussi en contradiction avec les découvertes de la physique.
4) L’homo oeconomicus « rationnel » n’est pas abstrait par l’observation empirique mais posé en principe normatif : il décrit des comportements qu’il convient d’adopter.
5) Certains économistes influents, dont les travaux sont couronnés par un « prix Nobel d’économie », comme Friedrich von Hayek ou Milton Friedman, assignent à la « science » économique, un rôle hégémonique : la « science » économique n’est pas descriptive mais vise à faire advenir un type de société identique à ses modèles qui n’ont pas été abstraits par l’observation empirique mais constituent des « types idéaux » à émuler.
160 réponses à “« Savoir financier et vérité : une relation ambiguë »”
acculé par l’écroulement de tous nos systèmes, économiques et politique, et par les conséquences écologiques de tout cela , notre intellect se débat dans un ultime remous contre la peur qui paralyse ses mécanismes pour tenter de sauvegarder la structure qui lui semble l’animer.
c’est dans l’abandon , le relâchement que se trouve le salut face aux tensions destructrices
judo , le chêne et le roseau etc
et il faudrait distinguer tensions d’émergence constructive et tensions de surtension.
la conscience était jusqu’alors le dernier des territoires inexplorés.
la neurologie s’affaire à décrypter les mécanismes en terme d’électricien
et à peine à t-on compris certains fonctionnements qu’on envisage déjà leur usage manipulatoire.
parce que l’intellect défend ses fondations jusqu’à la mort absurde s’il le faut, niant farouchement sa nature imparfaite par nature.
il y a désormais partout et à tous les niveaux confusion et collusion entre sciences et pouvoir en réaction non pas à l’inflation incontrôlée mais la panique qu’elle suscite.
l’abandon conscient des valeurs anciennes est la seule voie évolutive possible
cet abandon n’est réel que s’il n’est pas marchandé.
dialectique entre énergie du pouvoir et énergie de l’amour
l’amour sauve la vie
le pouvoir la sacrifie
Rahane
On peut aimer .
merci . qu’on n’abandonne pas .
« l’abandon conscient des valeurs anciennes est la seule voie évolutive possible
cet abandon n’est réel que s’il n’est pas marchandé. »
Il est marchandé
l’amour sauve la vie
le pouvoir le sacrifie ?
c’est pour ça qu’il a fait illusion. on a été abusé sur la marche en dise
A-t-on vraiment besoin du concept de valeur pour expliquer le rapport entre le profit et le travail ?
Actuellement les chimistes des labos pharmaceutiques recherchent la mise au point d’une molécule capable de traiter la maladie d’Alzheimer source de profit colossal pour celui qui la découvrira le premier. Lorsque celle-ci sera découverte et brevetée après une période de tests et lorsqu’elle sera validée par les instances du médicament que va faire le patron de ce laboratoire – nul doute dans un tel cas qu’il se chargera directement du dossier. Une fois réuni son staff : il va faire ses comptes – les années investies dans la recherche ajoutée au capital fixe y compris la nouvelle unité de fabrication etc…etc. Quels sont les paramètres qu’il connait pour établir le prix de vente de ce nouveau médicament ? Il lui suffira de le demander à son service comptable et il aura son prix de revient, restera à déterminer sa marge et tout ce qui s’en suit pour satisfaire les actionnaires etc…etc. Comment connaitre arriver à ce point le temps de travail socialement nécessaire pour déterminer la valeur du produit – c’est impossible. La notion de salaire de subsistance est elle aussi inutile puisque dans l’entreprise les salaires sont fonctions de la convention collective de la chimie…
Reste la partie commerciale…Il va rencontrer les instances gouvernementales…responsable de la sécu…ministère de la santé…etc… pour vendre son produit… le profit à venir sera donc déterminé par la négociation… Mon raisonnement est simplifié au maximum mais j’ai tenté de démontrer qu’il y a eu deux moments clefs dans la mise sur le marché d’un produit et qu’un certains nombres de paramètres pouvaient être déterminés sans avoir à faire à certains concepts. Les rapports de forces sont déterminants à deux endroits – la négociation de la convention collective et les accords salariaux de l’entreprise avec les syndicats et la négociation avec le client, dans ce cas précis les instances de la santé pour fixer le prix. Si on ne peut pas calculer une chose en économie à quoi peut-elle servir ?. On ne peut pas donner de valeur à l’amour .En revanche je peut connaitre le prix d’un bouquet de roses.
Ce cas des médicaments, où l’essentiel de l’effort est le plus souvent fait avant que la production ne débute (et où il est logique de prendre en compte les nombreux efforts qui n’ont pas aboutis à un médicament pour une raison ou une autre, voire des efforts de recherche théorique dont le financement est public et auquel le labo a eu accès gratuitement ou presque) c’était un cas exceptionnel, comparable seulement au roman à succès qui se vend à des millions d’exemplaires alors qu’en général un roman ne rapporte pas grand chose ni à son auteur et ni à son éditeur (une partie du gain servant ensuite à publier des romans que personne ne lira…)
C’est un cas de plus en plus fréquent dans l’industrie, pour des objets qui nous semblent encore sortir de l’ordinaire comme un micro-processeur ou une application informatique (cas extrême où le coût d’une unité « produite » semble trop faible pour être calculé!) mais qui concerne de plus en plus des choses aussi banales qu’une automobile.
J’ai peur que les théoriciens n’aient rien à dire à ce sujet, comme semble le démontrer l’embarras général causé par la facilité avec laquelle on peut dupliquer musiques, films et maintenant livres et où condamner la chose en la qualifiant de piratage s’avère un peu court (on « pirate » aussi des médicaments avec des motifs plus difficiles à contester …)
Tant que l’explication du miracle de Cana n’aura pas été trouvé les vignerons seront à l’abri de ce genre de bouleversement des valeurs mais on ne pourra déterminer le prix d’un bouquet de roses que tant que son coût de production ne dépendra que fort peu du soin mis à en sélectionner la variété concernée…
Quand le coût de production tend vers zéro seul joue encore le rapport de force ?
le remède à alzheimer est déjà connu mais pas avoué
c’est de faire cesser ce qui occasionne la maladie
à ne pas confondre avec des moyens d’endiguer les dommages.
ben c’est justement parce que l’économie ne tient plus compte que de ce qui se compte que ça foire un tantinet
et la solution globale proposée est de faire des économies…
bref un comportement compulsif de comptable décrit dans » le petit prince » rencontrant un banquier sur une planète
Au sujet de la mesure,
J’ai pris l’article wikipedia mesure. L’une des conditions pour qu’une quantification par une fonction puisse être une mesure mathématique est qu’elle soit univoque. Je compare cette univocité à n’importe quelle évolution de titre boursier. Je vois que ce lien saute. La notion de mesure mathématique ne peut donc pas s’appliquer aux prix.
Introduire une fonction de probabilité pour permettre d’approcher le « juste prix » n’est possible que si la fonction considérée a une moyenne. Ce n’est vraiment pas toujours le cas. Mandelbrot et sûrement d’autres se sont amusés à montrer que la loi normale ne décrit pas l’évolution des prix. C’est plutôt une loi de puissance (pas de moyenne) et encore. Rendre la mesure de la valeur par un prix selon une loi probabiliste admettant une moyenne ne marche pas non plus. La notion de mesure mathématique ne peut pas être sauvée par ce biais.
Si cette notion de mesure mathématique ne s’applique pas à l’économie et à la finance, je pense que c’est toute la mathématisation de la finance qui saute. Au minimum, il faut reprendre à la base toutes les relations économiques résultant de modélisations mathématiques. Il y a, à mon avis, un très méchant divorce entre les mathématiques et la finance. Je crois que l’on peut appliquer ici un mot célèbre GIGA.
Si la notion de mesure, au sens mathématique du terme, ne peut pas être appliquée en économie, alors il y a dans cette branche de l’activité humaine quelque chose de radicalement différent ne dépendant pas de la matière: La physique se limite à la matière. C’est quoi ce truc nouveau ?
Si c’est un sous produit de la matière, il peut être examiné du point de vue de la physique car ses lois vont se retrouver dans les observations faites. Si ce n’est pas le cas, c’est quoi ? Si ce n’est pas le cas, c’est l’effondrement du matérialisme scientifique en économie. C’est l’effondrement des maths dans ce domaine. C’est aussi l’effondrement de l’idée que la science pure peut régler les relations humaines. La science que je connais ne peut pas traiter ce truc qui lui échappe.
La crise actuelle est bien plus qu’économique.
Monsieur Sapir prend le mal à la racine
Au fait quels intérêts ,quel intérêt à garder l’ euro ?
rahane
25 septembre 2012 à 20:53
le remède à alzheimer est déjà connu mais pas avoué
c’est de faire cesser ce qui occasionne la maladie
je voulais….c’est quoi déjà le maux oups pffff j’ai oublié
D’accord rahane mais si cette chose c’est le concept de valeur en tant que temps socialement nécessaire et que ce concept est vide à quoi sert-il.
soit on est vivant soit on est mort
et maintenant, soit on ne sait plus qu’on est vivant ou mort
avant la vie valait plus que tout et n’avait pas de prix et il advenait qu’on s’entretue beaucoup
désormais on nous vend le mythe de la vie éternelle.
et on continue de tuer beaucoup mais différemment
l’économie n’a jamais eu pour fonction de créer de l’argent dans le seul but de créer de l’argent.
( sauf ces derniers temps mais ce n’est plus de l’économie)
Non Rahane, on tue beaucoup beaucoup moins, mais on donne beaucoup beaucoup moins la vie. Oui la vie est plus chère. C’est comme ça.
soit quoi d’autre ?
ou alors, « maintenant, on ne sait plus qu’on est vivant ou mort » là je comprends .
c’est comme dans nos relations, dès lors qu’on a un doute .
et celui qui doute, au fond, doute de tout, de l’autre et tout ce que cela implique , il reste replié, il garde pour lui, il ne donne rien .
C’est justement parce que l’on a oublié de compter (base élémentaire en économie) que les dettes et les crédits ont explosés…S’ils avaient compté sans vouloir tromper, ils n’auraient pas vendu des crédits à des foyers qui ne pouvaient pas rembourser et l’on ne ferait plus de la dette pour rembourser de la dette.
Tout dépend où commence la vie. Et si la vie vaut plus que tout comme vous l’affirmez rahane vous apportez de l’eau au moulin des religieux qui pensent que la vie est sacrée et vous vous heurtez au problème de l’avortement.