Billet invité
Au grand désespoir des jusqu’au-boutistes qui flairent le reniement dans un changement de cap et entendent le chant du coq dans un encouragement venu d’en haut, Paul Jorion a accepté d’exposer ses thèses, c’est-à-dire de les déployer et de les mettre en danger, dans un cadre institutionnel et devant un public mêlé. La pandémie de crétinisme savant qui affecte la pensée économique contemporaine lui a soufflé d’attaquer la question de sa diffusion aux deux extrémités de l’échelle sociale. Si la suffisance des accapareurs de l’espace médiatique est incurable, car elle s’est indurée avec le temps et automatisée, l’embarras de certains décideurs mérite d’être tisonné. Il peut en sortir autre chose que le feu follet d’un vague remords. Paul Jorion en a fait le pari. À l’autre extrémité, le travail de recervelage du simple citoyen, commencé sur le blog, sera poursuivi dans le respect de la disputatio chère aux scolastiques.
Il me paraît opportun, à quelques jours de la leçon inaugurale de la chaire Stewardship of Finance, d’évoquer les performances de l’instruction publique, un secteur sensible que les révolutionnaires du XVIIIe siècle avaient érigé en secteur prioritaire, car une bonne partie du mal vient de notre accoutumance au mal. S’habituer au mal est sans doute pire que de se laisser instruire par lui. Une école où sont promus des principes aussi originellement enthousiasmants et salutaires que la liberté, l’égalité et la fraternité, devrait nous garantir contre son rayonnement insidieux. Il n’en est rien. En bout de cursus, le bac pour tous est un leurre qui masque un délit d’initiés. Jusqu’au bac, en effet, il est demandé aux élèves d’être scolaires, de respecter les consignes et d’avaler une provende toujours plus calorique. La culture extrascolaire vient en appoint et nourrit déjà une forme diffuse de discrimination, mais un fils d’ouvrier[1] peut s’en tirer honorablement, nanti du seul bagage culturel scolaire. L’année du bac, tout change, ou plutôt le mode de sélection antidémocratique se démasque. L’élève scolaire – je n’écris pas bêtement scolaire, car il y a du mérite et du profit à apprendre par cœur – l’élève scolaire est pénalisé et l’élève cultivé, favorisé. C’est le bagage culturel extrascolaire et l’aptitude à jongler avec son contenu dans un cadre formel strict qui sont soudainement appréciés. L’attribution d’une mention en dépend. Or, l’obtention du bac, dans la perspective méritocratique, ne signifie rien en elle-même si aucune mention ne l’accompagne, car c’est la mention qui permet d’intégrer les classes préparatoires aux grandes écoles. Autrement dit, l’apprentissage par cœur, pour l’élève issu d’un milieu populaire, est un rectificateur d’écarts culturels relativement efficace jusqu’à l’année du bac. Passé ce seuil, les chances qu’il a de se prévaloir d’une mention pour entamer un cursus postbac prestigieux s’amenuisent à vive allure. L’université sera le sépulcre des ambitions de ses parents, pour autant que ceux-ci aient les moyens de la lui payer ou, s’ils les ont, de l’y maintenir. Selon un rapport déposé par Yannick Bodin au Sénat en 2007[2], un enfant d’ouvrier a de nos jours sept fois moins de chances qu’un enfant de cadre supérieur ou d’enseignant d’accéder à l’université, contre vingt-huit fois dans les années 1970. La belle avancée quand on sait la valeur toute relative des diplômes que l’université délivre[3] !
L’échec de l’instruction républicaine à la française tient au fait que pendant que le pauvre se cultive un peu, le riche se cultive beaucoup, en sorte que l’écart entre les deux se déplace sur l’échelle qui mesure la somme des connaissances, mais ne se réduit pas. « L’expansion scolaire contemporaine, peut-on lire dans une étude de l’INSEE datée de 1997[4], ne s’accompagne pas d’une réduction notable de l’inégalité des chances[5] et cette inégalité est de plus en plus d’origine culturelle. La complexité du système scolaire semble privilégier les familles qui en ont une bonne connaissance. Aussi le niveau de diplôme des enfants est-il davantage lié, aujourd’hui qu’hier, à celui du père. » Une petite pensée émue pour la mère, dont le rôle de transmission et d’accompagnement est ici bizarrement escamoté.
Deux diagrammes éclairants (source : colloque Démocratie, classes préparatoires et grandes écoles, 2003) :
De la 6e aux classes préparatoires aux grandes écoles : évolution des origines sociales des élèves
Évolution de la répartition des élèves selon le diplôme du père
Quand Marx écrit, dans les statuts provisoires de la Première Internationale (Londres, 1864), que « l’émancipation de la classe ouvrière doit être l’œuvre de la classe ouvrière elle-même », il suppose que la classe ouvrière disposera à brève ou moyenne échéance des outils intellectuels de son émancipation, l’action physique seule étant impuissante à briser toutes les chaînes. Un exemple des ravages de l’inculture nous est donné par les États-Unis, où l’idéologie néoconservatrice, idéologie savante, a su séduire et séduit encore, par le truchement du storytelling, une part importante de l’électorat populaire (et pas seulement le red neck ou le poor white trash), pourtant saigné à blanc par les choix économiques du parti républicain[6]. La solution ? Un accès véritablement égal à la culture au sein de l’école, d’une école républicaine s’entend, distincte de toute entreprise commerciale (refus de la financiarisation de l’éducation et de l’instruction), totalement publique (exit le privé), totalement laïque (exeunt les religions) et obligatoire. Un accès égal signifie qu’il ne faut pas se contenter de donner un coup de pouce aux moins favorisés ; il faut empêcher les plus favorisés de prendre de l’avance. Ce programme exigeant, que d’aucuns jugeront extrême et dirigiste, est le seul à relever de l’affirmative action sincère. La constitution interdit toute forme de discrimination, y compris sur le critère de la richesse, mais on pourrait considérer qu’en matière d’instruction, les écarts de richesse sont un facteur d’échec tellement déterminant qu’une exception doit être faite. Y renoncer et encourager à la place une concurrence déloyale entre élèves, c’est vider de leur substance les principes d’égalité et de fraternité sous les yeux même de leurs bénéficiaires théoriques. Le ministre socialiste Peillon s’abuse lourdement s’il pense que des cours de morale laïque redoreront le blason d’une République qui a fait la preuve de sa duplicité dans le choix de son modèle scolaire.
Une occasion a été manquée. Il s’en est fallu de peu. Tout commence au XVIIIe siècle, autour de 1760. La période prérévolutionnaire est particulièrement féconde en réflexions sur l’éducation et l’instruction. Entre 1760 et 1790, pas moins de 160 ouvrages sont consacrés à ces thèmes. Le premier à avoir quelque retentissement est celui de L.-R. Caradeuc de La Chalotais, procureur général du parlement de Bretagne : Plan d’études pour la jeunesse. Ce plan d’éducation nationale écrit en 1763, soit un an après la condamnation par le parlement de Paris de l’Émile de Rousseau et l’interdiction faite aux jésuites d’enseigner, exprime une conception restrictive de la jeunesse puisque la jeunesse populaire en est exclue. À la même époque, Louis XV lutte contre le quasi monopole de l’Église en matière d’éducation. Peine perdue. Les jésuites évincés, les oratoriens occupent la place. Il faut se représenter que la plupart des ténors de la Révolution sont passés entre les mains des prêtres. Un lent travail de sape est mené parallèlement par les Encyclopédistes, mais il faut attendre la Révolution pour voir toutes les mines sauter. La Révolution met tous ses espoirs dans l’avènement d’un homme nouveau qui ne soit plus un sujet mais un citoyen (Constitution de 1791). La reconnaissance ne doit plus rétribuer le rang et/ou la naissance, mais le mérite et le talent. La refondation de l’instruction publique sur des bases républicaines, si possible non confessionnelles (la laïcité est dans l’air mais pas encore dans le lexique), est vue comme la condition de la régénération de « l’esprit public » (= la société). Talleyrand met le doigt sur les enjeux : « L’éducation est l’art plus ou moins perfectionné de mettre les hommes en toute valeur tant pour eux que pour leurs semblables, de leur apprendre à jouir pleinement de leurs droits, à respecter et remplir facilement tous leurs devoirs ; les hommes sont déclarés libres, mais ne sait-on pas que l’instruction agrandit sans cesse la sphère de la liberté civile et que seule elle peut maintenir la liberté politique contre toutes les espèces de despotisme ? Les hommes sont reconnus égaux et pourtant, combien cette égalité des droits serait peu sentie, serait peu réelle au milieu de tant d’inégalités de fait, si l’instruction ne faisait pas sans cesse effort pour rétablir le niveau. » Talleyrand est l’une des six grandes figures de la Révolution à s’être penchées sérieusement sur les questions d’éducation. Il faut mentionner, à la suite du sien, les noms de Mirabeau, de Condorcet, de Lepeletier de Saint-Fargeau (Jean d’Ormesson ne se vante pas trop d’en être le descendant par sa mère), de Lakanal et de Lantenas. Avant de m’arrêter sur le projet Saint-Fargeau, dont la pédagogie Freinet est le surgeon moderne, je dirai quelques mots des autres.
Mirabeau se distingue par le tour conservateur qu’il donne à son projet. Il est hostile à la gratuité, au motif qu’elle incite à la paresse[7]. Talleyrand refuse l’obligation scolaire[8]. Condorcet refuse également l’obligation scolaire. La raison en est qu’il se méfie de la puissance publique et de l’autorité politique qui se manifeste à travers elle. L’instruction doit conserver, selon lui, le maximum d’indépendance vis-à-vis de l’État. La possibilité de scolariser ses enfants dans des instituts privés sera la garantie de cette indépendance. L’idée qu’on érige l’école en temple républicain lui répugne au dernier degré : « Ni la Constitution française, ni même la déclaration des droits ne seront présentées comme des tables descendues du ciel, qu’il faut adorer et croire. » Athée, Condorcet ne veut pas que Dieu, chassé par la fenêtre, rentre par la porte, revêtu de la livrée radieuse de la Raison divinisée. Contrairement à Mirabeau, il est partisan de la gratuité totale, à tous les niveaux. Il assigne à l’école pour objectif de corriger les inégalités, pas de les abolir. Par bien des côtés, le système actuel réalise le projet de Condorcet, à ceci près que l’État y occupe une place que le philosophe eût jugée horriblement intrusive. De Lakanal, il n’y a pas grand-chose à dire, sinon qu’on a donné son nom à des établissements scolaires pour le dédommager du soin qu’il a mis à organiser les écoles normales. Lantenas, quant à lui, rêve une école gratuite et obligatoire jusqu’à 12 ans et en confie la supervision à un « ministère de l’instruction publique (il invente l’expression pour l’occasion) et de la morale ». Au-delà de 12 ans, des écoles payantes prennent le relais. Elles ouvrent en fonction de l’offre et de la demande. L’État n’intervient pas, sinon en aidant les meilleures recrues issues de familles défavorisées à en supporter le coût. L’Empire retourna le rêve de Lantenas. L’État délaissa le primaire et investit massivement dans le supérieur (lycées). Venons-en au projet de Saint-Fargeau, qui a, je l’avoue, ma préférence. Ce projet est, de loin, le plus ambitieux des six.
Lepeletier de Saint-Fargeau est un représentant illustre de la noblesse de robe. À la veille de la Révolution, il est président à mortier au parlement de Paris. C’est une des plus grosses fortunes de France (600000 livres par an). Le mot égalité n’effarouche pas ce franc-maçon qui épouse totalement la cause révolutionnaire, quitte à être considéré comme un renégat par ses pairs. Montagnard sous la Convention, c’est un des révolutionnaires les plus à gauche. Il se lie d’amitié avec Robespierre et Saint-Just. Le 21 juin 1790, il préside l’assemblée constituante. Le 30 mai 1791, en tant que rapporteur du comité de jurisprudence criminelle, il propose d’abolir la peine de mort. En décembre 1792, il rédige son projet d’instruction publique en réponse à celui de Condorcet. Il vote la mort de Louis XVI en janvier 1793. Il est assassiné peu après par un ancien garde du corps du roi. Son projet est exposé par Robespierre devant la Convention le 13 juillet 1793, le jour où Marat est poignardé. Fallait-il que Saint-Fargeau dérangeât pour qu’un meurtre par deux fois fît diversion, le sien puis celui de Marat. Je vous laisse découvrir sur Gallica le Plan d’éducation nationale de Michel Lepletier (sic). Je me bornerai à en extraire les éléments saillants. Comme Condorcet, Lepeletier est favorable à la gratuité. Il diverge d’avec lui en ce qu’il est partisan d’une « éducation vraiment nationale, vraiment républicaine, également et efficacement commune à tous ». Lepeletier ne s’arrête pas à envisager les choses sous l’angle de la seule éducation. Il raisonne en termes d’« économie politique ». Il veut « rapprocher l’immense distance des fortunes », « soulager celui qui a peu ». Le poids de « l’institution publique » (= l’éducation commune des enfants) doit en conséquence « port[er] principalement sur le riche ». Dans ce système, « la pauvreté est secourue dans ce qui lui manque » et « la richesse est dépouillée d’une portion de son superflu ; et [alors,] sans crise ni convulsion, ces deux maladies du corps politique s’atténuent insensiblement ». Pour que le pauvre ne perçoive pas cette prise en charge de son éducation par l’État comme une aumône, il lui sera demandé une contribution minime. Les parents qui soustrairaient leurs enfants à l’école commune seraient déchus de leurs droits de citoyens et doublement imposés.
L’éducation nationale selon Saint-Fargeau se mêle assez tôt de la vie du petit d’homme. Jusqu’à cinq ans, les mères sont encouragées financièrement à allaiter leurs enfants et reçoivent au besoin des instructions pour bien s’en occuper (beaucoup d’infanticides sont déguisés en négligences). De cinq à douze ans pour les garçons, de cinq à onze ans pour les filles, plus précoces, les enfants, toutes conditions confondues, sont mis en pension complète dans les maisons d’éducation du canton, sous la direction de plusieurs maîtres, à raison d’un maître pour 50 élèves. La charge du maître est diminuée par l’entraide des élèves, les plus âgés se faisant les tuteurs des plus jeunes. Aucun domestique dans ces maisons. Les élèves s’organisent entre eux pour assurer les corvées. Afin que le sens de la solidarité générationnelle s’inscrive en eux durablement, Saint-Fargeau suggère même – ce qui ne laisse pas de nous faire honte, à nous qui abandonnons nos parents dans des mouroirs dorés pour nous épargner le spectacle de la décrépitude – d’héberger les vieillards inactifs et les infirmes dans une annexe de la maison, à charge pour les enfants de les soigner, de les nourrir et de les réconforter (pas de mauvais esprit, s’il vous plaît). Les parents, séparés de leurs enfants pendant 6 à 7 ans, au nom de l’égalité des chances, sont tout de même présents dans l’établissement, comme observateurs de sa bonne marche. Pour chaque maison d’éducation, les pères de familles désignent 52 représentants. Chacun d’eux devra donner sept jours de l’année à l’institution, durant lesquels il veillera sur la santé des enfants, vérifiera la bonne tenue des lieux et contrôlera l’orientation de l’enseignement (cette police républicaine nous semble à nous insupportable, mais elle se justifiait alors, la qualification des maîtres étant aléatoire, en l’absence de formation spécifique, et leur loyauté suspecte). Une fois par mois, le conseil des 52 se réunit pour faire le point et signaler aux chefs de sections d’éventuels dysfonctionnements ou abus.
Saint-Fargeau imagine trois modes de financement de l’éducation nationale : une surtaxe, acquittée par chaque citoyen en fonction de ses revenus (il nous est indiqué ce que cela représenterait pour un petit revenu, pour un revenu de 1000 livres et pour une rente de 100000 livres) ; l’essentiel du produit du travail des enfants (eh oui, les travaux manuels sont à l’honneur) ; les revenus personnels des enfants (l’argent de poche des riches).
Le programme des activités se divise entre étude (lire, écrire, compter, notions de mesurage et d’arpentage à destination d’une population essentiellement rurale, chants civiques à apprendre par cœur, récit des traits les plus frappants de l’histoire des peuples libres et de la Révolution, notions de la Constitution, rudiments de morale universelle, d’économie rurale et domestique), travail des mains (pour les garçons, ramasser, répandre des matériaux sur les routes, travailler dans les ateliers des manufactures proches ou à des ouvrages dans les maisons d’éducation, travailler la terre ; pour les filles – époque oblige –, filer, coudre, blanchir, travailler dans les ateliers ou dans les maisons d’éducation) et exercices gymnastiques durant les jours et les moments de délassement (apprentissage du maniement des armes pour les garçons, la faute à Sparte). Saint-Fargeau, qui a en horreur la « religion d’habitude », l’évacue de l’enseignement. L’enfant doit pouvoir choisir sa religion en son âme et conscience, lesquelles ne seront à peu près formées qu’au sortir de l’institution publique[9]. Comme la pratique religieuse est encore bien vivante dans les campagnes, il conviendra, dans un premier temps, de laisser les enfants aller assister avec leurs parents aux offices du culte auquel on les aura voués. Saint-Fargeau n’est pas un adepte de la marche forcée. Le détail des enseignements et le volet pédagogique sont volontairement laissés de côté, car il revient à la nation de les déduire des circonstances et de ses besoins. Les citoyens sont d’ailleurs invités à concourir sur ces sujets. Un prix annuel sera décerné à « quiconque aura conçu une pensée utile sur l’éducation et ajouté un bon article au code de l’enfance ». L’importance accordée aux travaux manuels rémunérés (les 9/10 du produit sont affectés aux dépenses communes, le 1/10 restant est remis à l’enfant) ne vise pas tant à constituer une main d’œuvre qualifiée, endurante à la tâche, qu’à façonner des hommes complets. Ces travaux n’ont rien de pénible et sont supervisés par les pères de famille.
Les maisons d’éducation s’établiront dans les bâtiments publics, dans les édifices religieux, dans les habitations des émigrés ou dans les châteaux (moyennant une indemnité d’occupation).
Lepeletier n’oublie pas celles et ceux chez qui le maître décèlerait des dispositions particulières pour les « arts agréables » et les « études qui tiennent à l’esprit ». Il estime leur nombre à un sur cinquante. Ceux-là pourront passer par les filtres successifs (également gratuits) de l’école (4 ans), de l’institut (5 ans) et du lycée (4 ans). Il prévoit, d’un degré à l’autre, un écrémage de 50 %.
Le cadre de l’institution publique est rigoureux, spartiate même, mais Saint-Fargeau n’impose aucun contenu éducatif précis, en dehors de la tripartition susmentionnée des activités et de l’énumération des savoirs élémentaires, ni aucune méthode d’enseignement. Son système fait écho aux débats autour de la nature humaine qui ont animé le siècle des Lumières. La rigidité du cadre dit qu’il se méfie de l’homme ; son ouverture programmatique dit qu’il en attend tout.
En 1758, dans le 4e discours de son De l’esprit, Helvétius posait que « l’art de former les hommes en tout pays est si étroitement lié à la forme du gouvernement qu’il n’est peut-être pas possible de faire aucun changement considérable dans l’éducation publique sans en faire dans la constitution même des états ». La mère des réformes de l’éducation nationale attend toujours dans les cartons, car son application bouleverserait complètement les règles du jeu social. Par chance, elle a été élaborée par un homme qui savait ce qu’est un avantage culturel, sur quoi cela repose et par quel moyen on peut l’annuler. Cet homme était, au surplus, un éminent juriste. Ses habitudes de pensée ont accouché d’un plan clair, ordonné et budgété. Rendons grâces à Robespierre d’avoir sauvé de l’oubli Lepeletier de Saint-Fargeau. En dépit de ses rigueurs d’un autre âge, son système modulable – et partant facilement amendable – montre la voie à suivre, me semble-t-il, aux citoyens et aux citoyennes que l’avenir de l’école préoccupe. L’oubli est la première Bastille à enlever.
[1] On les voudrait déjà éteints, sans doute parce que se perpétue à travers eux la mémoire des luttes sociales des deux siècles derniers, mais il y a encore 6 millions d’ouvriers en France, soit 23 % des actifs. Les rapports sur l’état de la société française mentionnent leur existence, tout en les rattachant à la catégorie « milieux populaires ».
[2] Lien : http://www.senat.fr/rap/r06-441/r06-44118.html.
[3] Tellement relative que les enseignants orientent préférablement leur progéniture vers les classes préparatoires.
[4] D. Goux & É. Maurin, « Démocratisation de l’école et persistance des inégalités », Économie et statistique, n° 307.
[5] Inégalité des chances que Bourdieu et Passeron appellent plus justement « inégalité des dons ». Voir Les Héritiers. Les étudiants et la culture, Paris, Les Éditions de Minuit, « Le Sens commun », 1964.
[6] Voir T. Frank, Pourquoi les pauvres votent à droite ?, Marseille, Agone, « Contre-feux », 2008. Titre original : What’s the matter with Kansas ?
[7] Il y a beaucoup de cela dans le système américain : plus ses parents paient, plus l’enfant est tenu de réussir. Cela donne le suicide de Neil Perry dans le film de Peter Weir, Le Cercle des poètes disparus (1989).
[8] L’abbé Grégoire s’en faisait un monstre parce qu’il craignait qu’elle ne conduisît à enrégimenter les enfants. Cette crainte était alimentée par la prégnance du référent martial spartiate. Un siècle plus tard, dans les années 1880, quand Jules Ferry mit sur pied l’école laïque obligatoire, il se trouva des parents pour pousser les hauts cris : on leur « volait » leurs enfants. Le prix de la revanche ?
[9] C’est au nom de ce principe du libre choix de l’enfant qu’un tribunal allemand a récemment assimilé la circoncision à une blessure corporelle, ce qui revenait à l’interdire. Il s’est attiré les foudres des intégristes de toute confession, toujours prompts, quand leur magistère est contesté, à bafouer le droit international, en l’occurrence l’article 19 de la Convention relative aux droits de l’enfant, adoptée en 1989 par l’Assemblée générale des Nations Unies.
320 réponses à “CITOYENS ET CITOYENNES, À L’ÉCOLE !, par Bertrand Rouziès-Léonardi”
« il faut empêcher les plus favorisés de prendre de l’avance »
J’ai un bon nombre d’enseignants autour de moi, et tous disent que les « plus favorisés » se voient entravés de bâtons dans les roues plutôt que le contraire. En effet, l’enseignant s’attarde toujours pour que ceux qui sont plus lents puissent comprendre le cours et les ramener à un niveau correct. Ceux qui sont plus rapides ne font l’objet d’aucune attention particulière et sont ralentis par le reste du groupe : cela dégénère même parfois en échec scolaire. Evidemment j’associe « favorisé » et « niveau scolaire » puisque c’est la base même de l’article.
« Comme la pratique religieuse est encore bien vivante dans les campagnes »
Ah le bon cliché. Les campagnes seraient donc couvertes de clochers et les villes ne comporteraient ni cathédrales ni synagogues. Vous vous contredisez vous-même en reconnaissant que les Jésuites ont formé un grand nombre des beaux esprits de cette époque. Autre contre-exemple : comment expliquez-vous que la communauté juive réputée très religieuse fournisse autant de contingents intellectuels (Prix Nobels, et autres) ?
@moi @jarrige
Bien sûr le projet proposé est totalitariste puisqu’il repose non pas sur l’égalité mais vise l’égalitarisme entre individus. A terme les individus seraient interchangeables, leur personnalité et leur héritage culturel étant effacé de force. Cela ne laisse aucune place à la transmission des valeurs sensibles entre parents et enfants. Encore un Rousseau pour nous apprendre comment éduquer ses enfants quand lui-même laissait les siens à l’assistance publique.
@Pignouf 1er:
« L’égalité des chances c’est la garantie que pour le lièvre comme pour la tortue, la ligne de départ sera la même. » F. Lepage
ou encore, ceci.
En d’autres termes, recevoir une éducation de la part de l’État sans que celui-ci tienne compte des inégalités pré-existantes conduit inexorablement à la reproduction de ces inégalités à travers les générations.
On pourrait tout à fait nommer l’idée que vous défendez le capitalisme culturel, ce qui transparaît très explicitement lorsque vous évoquez l’héritage culturel. Or donner un caractère exclusif à la transmission de la culture est en contradiction avec son essence même: La culture n’existe que parce qu’elle est diffusée et partagée par une société, sans quoi elle n’est plus culture mais seulement particularité individuelle.
@Dissonance
Quand vous mentionnez la reproduction des inégalités, il me semble que vous vous focalisez sur la ligne d’arrivée et non la ligne de départ (tout comme l’article le fait par ailleurs). Car c’est le résultat que vous considérez (le modèle reproduit) et non le travail fait en amont par l’ensemble éducatif.
Mettre un frein aux « favorisés » comme suggéré dans l’article, et c’est ce qui est fait actuellement car les enseignants considèrent que les bons élèves s’en sortiront toujours quelles que soient les conditions, est tout simplement criminel car il ne permet pas d’exploiter pleinement le potentiel d’une poignée d’élèves plus brillants. Pour un peu, il suffirait de généraliser la médiocrité pour obtenir une forme d’égalité.
Le rôle de l’éducation est de fournir les outils de compréhension permettant l’émancipation et l’autonomie d’un individu. Vouloir à tout prix qu’un fils de médecin aille bétonner sur les chantiers, et qu’un fils d’ouvrier agricole aille enseigner à Harvard, ce sont des considérations autres qu’éducatives. Il faut réfléchir un peu sur les raisons qui poussent beaucoup de jeunes à faire des études longues n’apportant aucun débouché.
@Pignouf 1er
Vous aussi devriez prendre en compte les statistiques fournies et tenter d’en tirer enseignement (comme Ludovic un peu plus haut), car en fait, l’E.N. contrairement à ce qu’elle prétend ne suit pas une politique du savoir minimum mais bien du savoir maximum, c’est à dire que ceux ayant le plus de potentiel sont invités à engranger le maximum de connaissances.
Or ce sont bien les personnes issues d’un milieu socio-culturel favorisé qui disposent des meilleurs atouts à ce petit jeu, ce que démontre justement les statistiques affichées dans le billet.
Par ailleurs, vous ne semblez pas pouvoir raisonner en dehors du cadre purement individualiste. Certes, freiner les potentialités de certains individus n’est sans doute pas souhaitable pour les individus concernés, mais c’est en revanche tout à fait nécessaire dans le cadre d’une démarche collective – osons le mot « citoyenne », puisqu’il semble bien que l’individualisme exacerbé de ces dernières décennies ait produit une cohésion sociale tout à fait médiocre, pour le moins.
Typiquement, savoir que Jean-Eudes touche 75k euros/mois après avoir été major de sa promo durant tout son cursus supérieur, ça ne me fait ni chaud ni froid à moins qu’il sache partager les fruits de sa réussite avec ses concitoyens. Or, c’est exactement le contraire qui est enseigné dans ces usines à cerveaux que sont les prépas et ensuite dans les grandes écoles.
D’ailleurs à bien y regarder, la réussite individuelle n’est-elle pas qu’une vue de l’esprit? Bien entendu, les exemples sont légions d’individus qui jouissent seuls de leur réussite, ce qui ne veut absolument pas dire que cette réussite leurs soit exclusivement imputable, juste que leurs collaborateurs divers et variés n’en tirent pas les mêmes bénéfices.
Ainsi par exemple Jorion ne serait pas Jorion sans le concours de ses professeurs, des entreprises et universités qui ont accepté de l’employer, des modestes contributeurs de son blog 🙂 , etc.
Bonsoir Pignouf 1er.
Je parlais de la pratique religieuse du temps de Saint-Fargeau et pas de l’actuelle. Certains Révolutionnaires éjectent la religion de l’enseignement pour des raisons qu’il vous sera aisé de trouver. Cela ne veut pas dire que les jésuites et les oratoriens aient été de mauvais maîtres. En revanche, leur enseignement en matière d’économie politique ne devait pas aller au-delà, disons, de Jean Bodin. L’alliance du sceptre et du goupillon.
J’ai travaillé dans l’enseignement et ma compagne a enseigné au niveau maternel, primaire, secondaire et même dans l’enseignement supérieur. Nous faisons le même constat que Pignouf 1er le bien nommé au sujet « des « plus favorisés » se voient entravés de bâtons dans les roues plutôt que le contraire ».
Ce qui devrait constituer à nos yeux le centre de gravité de l’éducation et de l’enseignement, c’est un critère purement anthropologique (la nature de l’être humain en développement – entendu aussi dans le sens de la nature de tel ou tel enfant concret que j’ai devant moi – chaque enfant étant une individualité avec ses spécificités uniques) et non pas un critère répondant à telle ou telle conception politique (même bien intentionnée – elles le sont presque toujours toutes) ou aux besoins de l’État.
Dans ce sens, bien que les enfants reçoivent un enseignement collectif dans une même classe, il est de première importance de pouvoir individualiser, autant que possible l’enseignement, selon les spécificités et les besoins de chacun (ceci permet peu à peu à chacun enfant de manifester autant que possible, son plein potentiel). Au plus un être humain développe son potentiel, au plus il peut aussi en résulter des apports féconds pour toute la société. Par exemple, si un enfant a des aptitudes particulières dans le domaine, disons musical, cela serait une perte, non seulement pour lui, mais aussi pour toute la société, si, en raison d’une forme d’éducation standardisée (« égalitaire ») a priori déterminée par l’État (ou toute autre structure), ce potentiel ne pouvait être développé. Je rejoins là encore Pignouf lorsqu’il écrit que le projet proposé est totalitariste.
Dans ce projet, il me semble que le critère anthropologique (et donc forcément lié à l’humain concret présent devant moi) est complètement balayé au profit d’une conception particulière de l’éducation (évidemment conçue de bonne foi comme étant « la meilleure ») (par ailleurs très simpliste), imposée par des gens complètement éloignés de la réalité du terrain (dont ils ignorent tout, ou presque – les statistiques ne sont pas la réalité – ce ne sont déjà que des abstractions), par la force : l’État est instrumentalisé pour imposer à tous une conception unique de l’éducation et de l’enseignement, émanant de gens qui, bien que « bien intentionnés », n’ont dans les faits pas la moindre considération pour ce qui vit dans la conscience individuelle et la culture des personnes qu’ils prétendent éduquer (exit ce qui vit dans la conscience des parents, exit leur culture, exit leur vision du monde ; pour que l’homme et la société deviennent bons, il faut que tout cela soit balayé et remplacé par le système conçu par la petite élite bien pensante qui sait, elle, ce qui est bon pour tous).
Indépendamment du fait que sur ce dernier point notamment, ce projet (et surtout l’attitude de son auteur qui en émane) me paraît personnellement abject, combien de temps croyez-vous qu’un tel système puisse être mis en place, sans qu’il ne provoque des tensions sociales, voire des maux plus grands que ceux qu’il prétendait guérir ?
Bonjour Stef. Je n’ai qu’un conseil : lisez le projet de Lepeletier, de la première à la dernière ligne. Vous y trouverez beaucoup de choses que je qualifierai de datées et de contestables ; d’autres témoignent d’une approche paternaliste de l’enfance. Mais tirer Saint-Fargeau vers l’inhumanité est un contresens complet et je m’en voudrais de l’avoir suscité. A l’époque, beaucoup d’enfants étaient une charge pour leurs parents. Saint-Fargeau veut lever la malédiction de la grossesse non désirée. L’école nourrira et vêtira l’enfant pendant sept ans et le rendra à ses parents à un âge où il pourra les épauler sans effort et améliorer leur ordinaire, grâce aux compétences qu’il aura acquises. Saint-Fargeau le dit explicitement : son école est aussi là pour sauver des vies. Autant de vies sauvées, autant de « potentiels » sauvés. Votre analyse est anachronique et tape à côté en imaginant un Saint-Fargeau membre d’une élite « bien-pensante ». Il sait de quoi il parle. C’est un haut magistrat et la haute magistrature, à l’époque, ne produit pas que des toqués. L’infanticide et l’abandon d’enfants, il connaît. Tous les milieux sont concernés. L’amour d’un père ou d’une mère pour son enfant n’est pas automatique, quel que soit le milieu, je me répète. Mais quand la misère est absolue, cet amour-là, pour autant qu’il subsiste, peut vite tourner à la maltraitance ou au rejet. Les mésaventures de Rousseau avec ses propres enfants sont très éclairantes à ce sujet. Il en a eu cinq et il les a abandonnés. Ah l’infâme ! Et il pousse l’impudence jusqu’à nous donner des leçons d’éducation dans l’ Émile ? Rousseau eut au moins le mérite de la franchise, contrairement à nombre de ses contemporains qui abandonnaient les leurs en tapinois. De 1640 à 1789, l’Hôpital des Enfants-Trouvés, à Paris, a vu passer 390000 enfants. Cela vous donne une idée de l’ampleur du phénomène. Votre crainte d’une éducation standardisée est injustifiée. Saint-Fargeau dit bien que les maîtres seront amenés à choisir les élèves (la proportion d’1 pour 50 est critiquable) qui passeront au degré supérieur (qu’il appelle « école ») en fonction des aptitudes qu’ils auront décelées chez eux. Pour compléter la réponse de Dissonance à Pignouf 1er, à propos des meilleurs éléments qu’on freine en classe, je dirai : encore heureux qu’on le fasse ! Cela dit, un enseignant sincère reconnaîtra qu’il est reposant, parfois, de constater que certains élèves comprennent vite. Ce frein, vous le savez, saute en première et en terminale, ce qui annule les effets positifs de son enclenchement dans les années antérieures. Au reste, plutôt que de freiner les plus doués, pourquoi ne pas leur demander d’aider leurs camarades à comprendre ? C’est ce que propose Saint-Fargeau. Une manière de tutorat. Pourquoi toujours en demander plus aux enseignants ? Si vraiment vous croyez au « potentiel » de l’enfant, donnez-lui l’occasion d’en faire profiter ses camarades. Qu’il professe à son tour. Cela casserait provisoirement le magistère et fausserait la compétition, pour sûr, mais une « conscience individuelle » ne peut que s’enrichir de ce qu’elle donne.
Bon, on est Dimanche !
Ayons une pensée pour notre cher Pape qui a fait un « joli discours » tout récemment au Liban.
« L’éducation, encore l’éducation, toujours l’éducation ! » Non, ça c’est de Ségolène Royal !
Alors, qu’est-qui l’en pince le Pape de cette immense tâche?
– L’éducation, dans la famille ou à l’école, doit être avant tout l’éducation aux valeurs spirituelles qui donnent à la transmission du savoir et des traditions d’une culture, leur sens et leur force.
… /… La tâche de l’éducation est d’accompagner la maturation de la capacité à faire des choix libres et justes, qui peuvent aller à contre-courant des opinions répandues, des modes, des idéologies politiques et religieuses. L’établissement d’une culture de paix est à ce prix !
…/… Nous devons donc unir nos efforts pour développer une saine anthropologie qui intègre l’unité de la personne. Sans elle, il n’est pas possible de construire la paix véritable.
… /… Un tel engagement ne sera possible que dans une société unie. Cependant, l’unité n’est pas l’uniformité… … (Benoît XVI)
– « Unité n’est pas uniformité »
Voilà qui me fait penser à une autre inusable vérité :
« Diviser pour régner » : serait-ce une maxime pour le capitalisme ?
L’unité rassemble, l’uniformité divise.
Divisés, on peut tout nous vendre, même la guerre.
Rassemblés, on ne peut tout donner, même la paix.
Bref, un discours que l’on pourrait résumer par l’édit suivant :
« La paix, encore la paix, toujours la paix ! »
Bon dimanche.
Déjà cité sur ce blog , mais voilà une bonne occasion de réentendre ce qu’il a mis en scène à propos de » l’éducation » .
Apprendre un savoir existant , et/ou
Apprendre à apprendre , et/ou
Apprendre la critique , et/ou
Apprendre la citoyenneté ?
http://www.youtube.com/watch?v=96-8F7CZ_AU
Les passages traitant plus directement de l’éducation nationale sont mèlées dans le flot du reste , mais …justement …
Merci juan nessy, Franck Lepage pour les journées du patrimoine. Pas Mieux!
Ça aussi ça fait partie de l’éducation :
Face à la répression, face aux procès que nous subissons, face aux harcèlements de la gendarmerie, bras armé de l’État Nucléaire, face aux échéances de fin des travaux qui approchent, l’heure n’est pas à la résignation ou au compromis. La lutte contre cette ligne THT s’est toujours inventée au jour le jour. Aujourd’hui c’est un nouvel élan que nous voulons lui insuffler avec cette manifestation à Avranches. Il s’agit pour nous de partager notre quotidien de lutte et de rencontres, de faire part de nos expériences et de discuter des raisons qui nous poussent toujours à tenir tête. L’expérience ici éprouvée aura définitivement débarrassé chacun des participants de toute illusion à l’égard d’un quelconque compromis avec un État, qui, quelque soit sa couleur, se fera toujours le défenseur de son industrie nucléaire.
Ce que nous souhaitons, c’est sortir des carcans imposés à cette lutte afin qu’elle se développe partout où il y aura des gens qui oseront se dresser contre RTE, contre le Nucléaire et son monde. Nous voulons rompre le silence et les mensonges médiatiques sur notre sort, que nous partageons avec tous ceux qui contestent ce monde là. Nous considérons à contrario de ce qu’ils affirment, que ce n’est pas une « lutte locale » qui se joue ici, mais que nous vivrons tou-te-s sous cette ligne, ou sous d’autres. Pour beaucoup déjà, vivre sous une THT est une réalité, mais cette balafre en construction va alimenter les industries de toute l’Europe, elle va polluer ce territoire pour encore longtemps, et elle permet à la logique nucléocrate de perdurer jusqu’à la catastrophe. En ce sens nous sommes tous des riverains de la ligne THT Cotentin-Maine. Nous subissons tous ses effets, la logique de centralisation energétique dont elle est symptomatique. Nous vivons tous le flicage et la militarisation de nos espaces de vie qui nous sont imposés. Répondons par ce simple « NON ! Nous ne nous laisserons pas faire ». Nous sommes tous soumis-es à cette soit-disante « démocratie », qui par ses juges et ses flics révèle son vrai visage, nous vole nos espaces, nos droits et nos libertés pour le profit de quelques-uns.
C’est pourquoi il nous apparaît si important de déplacer la lutte non plus sur la ligne même, mais plus largement là où elle n’est pas « visible », en ville, à proximité même du soi-disant « Quartier Général de RTE pour le projet ».
Projections, repas, discussions, actions de visibilité de la lutte, c’est par ces moyens que nous entendons créer du lien avec tous ceux qui allument la lumière chez eux le soir et s’interrogent. Considérons quelle est la nature de cette energie que notre société consomme ; quel est le prix en sang, en larmes, en frustration, en souffrance, de la production et de l’acheminement de cette électricité dans les usines et les bureaux de chacun, et donc dans nos habitations.
Ni résignation, ni compromis !
Tous à Avranches le 29 septembre 2012 !
Rassemblement à 10h au Jardin des plantes
Mais non, devant l’ambassade US, voyons!
>EOLE
Ça ne changera pas trop les gardes de l’ambassade US: ils auront encore des barbus cinglés devant eux…
Dans le projet Lepeltier les notions d’entraide, de solidarité, sont très présentes. Pourquoi alors ne pas poser d’emblée que ces pratiques relèvent des principes qui doivent guider l’ensemble d’une société, et non pas seulement un secteur particulier, comme celui de l’école ?
Lepeltier nous permet de voir en creux toute l’iniquité du système éducatif actuel, mais il ne touche pas à la structure socio-économique et politique dont un des piliers essentiels est le droit de propriété inscrite dans la constitution, avec toute la logique de compétition qui s’y trouve rattachée.
Autre bémol, le peu de place accordé au processus d’acquisition des connaissances ( par opposition à l’acquisition des savoirs), c’est à dire tout ce qui permet à un écolier de développer des moyens de réflexion propres, y compris en sortant des sentiers battus. L’acquisition des compétences basiques est incontournable, personne ne les contestera, mais dans ce type d’école, l’accent est nettement porté sur l’acquisition des savoirs et compétences pratiques dûment calibrés. C’est une très louable intention, s’agissant de réduire les inégalités, mais l’endoctrinement et le formatage n’est pas loin, surtout si le régime politique du moment s’avère par malheur être de type totalitaire.
Bourdieu pensait qu’en enlevant aux contenus d’enseignement tout ce qui rappelle la culture bourgeoise on permettrait d’égaliser l’accès au savoir. Comme si en touchant à ses formes on permettait l’émancipation de certaines classes sociales. En réalité, comme l’a noté Rancière, ce qui pose problème ce n’est pas les formes culturelles que les règles qui régissent l’ensemble de la société, et donc les fins que se donne une société donnée.
Le raisonnement de Bourdieu aboutit un peu paradoxalement à la conclusion qu’en tira Sarkozy, à savoir qu’il n’était plus nécessaire d’étudier la Princesse de Clèves. Bourdieu n’a jamais dit une telle chose, mais sa conception de l’école comporte une bonne dose d’utilitarisme, même si son intention première était une louable préoccupation d’égalité.
exactement, l’échec de l’instruction républicaine à la française n’est pas seulement un échec de la seule éducation nationale. c’est à part égale celui de la société active qui devrait justement s’attacher à corriger les déséquilibres éducatifs en lieu et place d’organiser une compétition générale acharnée pour s’offrir à moindre frais les meilleures pousses. comme je l’affirme plus haut, ce n’est pas forcément à l’école de s’adapter à la société active. l’école a d’autres missions, salutaires, comme éveiller les citoyens, et ne saurait se résumer à former de petits robots fonctionnels mais sans conscience, ce qui ruinerait l’âme de nos sociétés.
Je suis d’accord avec cela, Methode. L’école ne doit être ni un sanctuaire ni une antichambre de l’usine. Saint-Fargeau, à l’instar d’autres Révolutionnaires, aspirait à régénérer – c’est son verbe – une société dont il voyait bien qu’elle évoluerait, certes, mais pas à l’allure des transformations politiques. La régénération est un processus lent dont les métamorphoses successives des lépidoptères donnent une idée. Cela explique que lui-même mette des bémols à un certain nombre de mesures qui lui tiennent pourtant à cœur. C’est un juriste ; il connaît le poids des us et coutumes. Son objectif, si je l’ai bien compris, n’est pas de couper toutes les têtes qui dépassent, mais de faire une République démocratique avec le besoin de distinction, un besoin bien enraciné en chacun de nous. L’école qu’il conçoit dépouille le mérite de tout ce qui le rend suspect, titres, naissance, fortune, précocité de singe savant, et j’en passe. Elle inculque aux enfants pendant sept ans des principes essentiels à la vie en République, lesquels seront redéfinis constamment, sur la suggestion de citoyens qui sont eux-mêmes des pères de famille. On a vu pire en fait d’endoctrinement. Sept ans de séparation (relative) d’avec les parents, ce n’est pas non plus insupportable et cela se voit de nos jours à d’autres âges, du fait de l’allongement des études. Du reste, comme le dit Vigneron, il n’est pas certain que la tutelle morale et éducative des parents soit moins dangereuse que celle de l’État, à un moment où les enfants découvrent les codes sociaux et prennent goût au pouvoir. J’aime assez l’idée du tutorat développée par Saint-Fargeau. Elle nous dit comment employer les surdoués, plutôt que de les envoyer dans des zoos… pardon, dans des écoles spécialisées où ils seront entre singes. Imaginons la scène : Tu as pigé plus vite que les autres ? Eh bien, au lieu de pavoiser comme une rosse qui a compris d’où venait son picotin, va expliquer à tes camarades de quoi il retourne. Tu nous feras gagner du temps à tous.
Dans les années 60, Bourderon et Passedieu, comme disaient les situationnistes, regrettaient surtout que les enfants des classes populaires ne puissent pas devenir cadres dans l’économie ou la technique aussi facilement que les enfants issus de la bourgeoisie.
Galerie photos des manifestations du 15/09 dans tout le Portugal, sud, centre et nord réunis contre la Troika et les politiques d’austérité PP-CDS-PPD-PS (UMPS).
On y retrouve queques caissières de super-marché à bac+5 s`insurger contre, entre autres, le projet de transfert de 7% des charges sociales, de la part patronale vers la part salariale.
http://www.jornaldenegocios.pt/home.php?template=SHOWNEWS_V2&id=578823
Cdlt.
Et quand on sait qu’en France, les postes à responsabilité (politique ou économique) sont majoritairement réservés aux diplômés des grandes écoles, il n’est pas difficile de comprendre comment la classe dominante même minoritaire reste dominante et impose une idéologie qui leur est exclusivement favorable.
Rahan,
Vu le nombre de fils et filles d’enseignants et d’enseignantes dans ces GE, ENS, ploytechnique et ENA en tête, alors c’est bien la République des profs que la nôtre… et leur caste la classe réellement dominante, uh ?
Sournois en plus : ils manifestent mais en fait ils tirent les ficelles!
SIXIÈME FRAGMENT
QUELQUES INSTITUTIONS
CIVILES ET MORALES
(…) L’éducation
Les enfants appartiennent à leur mère jusqu’à cinq ans, si elle les a nourris, et à la république ensuite, jusqu’à la mort.
La mère qui n’a point nourri son enfant a cessé d’être mère aux yeux de la patrie. Elle et son époux doivent se représenter devant le magistrat pour y répéter leur engagement, ou leur union n’a plus d’effets civils.
L’enfant, le citoyen, appartiennent à la patrie. L’instruction commune est nécessaire. La discipline de l’enfance est rigoureuse.
On élève les enfants dans l’amour du silence et le mépris des rhéteurs. Ils sont formés au laconisme du langage. On doit leur interdire les jeux où ils déclament, et les accoutumer à la vérité simple. Les enfants ne jouent que des jeux d’orgueil et d’intérêt ; il ne leur faut que des exercices.
Les enfants mâles sont élevés, depuis cinq jusqu’à seize ans, par la patrie.
Il y a des écoles pour les enfants depuis cinq ans jusqu’à dix. Elles sont à la campagne. Il y en a dans chaque section et une dans chaque canton.
Il a des écoles pour les enfants depuis dix jusqu’à seize ans. Il y en a une dans chaque section et une dans chaque canton.
Les enfants, depuis cinq ans jusqu’à dix, apprennent à lire, à écrire, à nager.
On ne peut frapper ni caresser les enfants. On leur apprend le bien, on les laisse à la nature.
Celui qui frappe un enfant est banni.
Les enfants sont vêtus de toile dans toutes les saisons. Ils couchent sur des nattes et dorment huit heures.
Ils sont nourris en commun et ne vivent que de racines, de fruits, de légumes, de laitage, de pain et d’eau.
Les instituteurs des enfants, depuis cinq ans jusqu’à dix, ne peuvent avoir moins de soixante ans, et sont élus par le peuple parmi ceux qui ont obtenu l’écharpe de la vieillesse.
L’éducation des enfants, depuis dix jusqu’à seize ans, est militaire et agricole.
Ils sont distribués en compagnies de soixante. Six compagnies forment un bataillon. Les instituteurs nomment, tous les mois, le chef parmi ceux qui se sont le mieux conduits.
Les enfants d’un district forment une légion. Ils s’assemblent tous les ans, au chef-lieu, le jour de la fête de la jeunesse. Ils y campent et y .font tous les exercices de l’infanterie, dans des arènes préparées exprès.
Ils apprennent aussi les manœuvres de la cavalerie et toutes les évolutions militaires.
Ils apprennent les langues.
Ils sont distribués aux laboureurs, dans le temps des moissons.
Depuis seize jusqu’à vingt et un ans, ils entrent dans les arts et choisissent une profession qu’ils exercent chez les laboureurs, dans les manufactures, ou sur les navires.
Tous les enfants conserveront le même costume jusqu’à seize ans ; depuis seize jusqu’à vingt et un ans, ils auront le costume d’ouvrier ; depuis vingt et un jusqu’à vingt-cinq, celui de soldat, s’ils ne sont point magistrats.
Ils ne peuvent prendre le costume des arts qu’après avoir traversé, aux yeux du peuple, un fleuve à la nage, le jour de la fête de la jeunesse.
Depuis vingt et un ans jusqu’à vingt-cinq, les citoyens non magistrats entreront dans la milice nationale, mariés ou non.
Les instituteurs des enfants, jusqu’à seize ans, sont choisis par les directoires des districts, et confirmés par la commission générale des arts nommée par le gouvernement.
Les laboureurs, les manufacturiers, les artisans, les négociants sont instituteurs.
Les jeunes hommes de seize ans sont tenus de rester chez les instituteurs jusqu’à vingt et un ans, à peine d’être privés du droit de citoyen pendant leur vie.
Il y a, dans chaque district, une commission particulière des arts, qui sera consultée par les instituteurs et donnera des leçons publiques.
Les écoles seront dotées d’une partie des biens nationaux.
Ce serait peut-être une sorte d’instruction propre aux Français, que des sociétés d’enfants, présidées par un magistrat qui indiquerait les sujets à traiter et dirigerait les discussions, de manière à former le sens, l’âme, l’esprit et le cœur.
Les filles sont élevées dans la maison maternelle.
Dans les jours de fête, une vierge ne peut paraître en public, après dix ans, sans sa mère, son père, ou son tuteur.
Saint Just, Fragments sur les institutions républicaines.
http://classiques.uqac.ca/classiques/saint_just/fragments/fragments_institu_republ.pdf
» L’enfant, le citoyen, appartiennent à la patrie ».
Jusques et y compris au Chemin des Dames,
comme indiqué plus haut.
Merci Vigneron pour la citation. On voit bien que ce qu’une amitié féconde entre deux hommes produit de transferts et de divergences. J’en reste à Saint-Fargeau. Saint-Just est par trop laconien.
Ils sont formés au laconisme du langage.…Tous vignerons!…
@ BRL
Merci pour ce raccourci d’histoire de l’éducation, présenté avec talent et érudition. Je vous imagine bien poudré et perruqué dans la peau de l’un des personnages que vous évoquez :).
Pourquoi vous êtes-vous arrêté à la révolution française? Le syndrome de Nicks? Je n’y connais rien en histoire de l’éducation mais je suppose que la question ressurgit à chaque crise sociétale ou civilisationnelle.
Vos récents billets étaient agrémentés de gravures (tableaux?) qui illustraient leur propos, les trois ordres, la génèse, dont l’universalité m’a sauté aux yeux. Ils concentraient en quelque sorte, pour quelqu’un qui sait regarder, pour un érudit, les propos développés dans les billets, illustrant ce que Confucius a dit il y a longtemps: « Une image vaut mieux que mille mots ».
J’avais demandé à PHILGILL, artiste jorio-bloguiste, d’interpréter la présence du cerf dans le tableau de la génèse. Il est parti avec passion dans des considérations dont la profondeur et la subtilité m’ont confondu, alors que ma propre interprétation était: « déjà cocu? ». En art, PHILGILL est un érudit, je n’en suis pas un.
Marcel Séjour, autre artiste jorio-bloguiste, a écrit tout récemment, en écho à Confucius: « Une chose essentielle que la pratique de l’art enseigne c’est qu’il est compliqué d’être simple ». Je pense que c’est en fait un problème qui concerne toutes les disciplines, en particulier l’éducation.
Egalement tout récemment un commentaire de Louise, plein de bon sens, m’a fait dégringoler de mon empyrée thomienne. Cette dégringolade a cristallisé (dans cristallisé il y a cristal) ma pensée et j’en ai tiré presqu’aussitôt quelques préceptes pour moi quasi-cristallins. Merci encore, Louise.
Y aurait-il une femme (je crois que les femmes sont très douées pour cela) qui pourrait poser à propos de l’éducation, les questions simples, essentielles, de bon sens, autour desquelles s’organiserait la discussion? La femme n’est-elle pas en effet la première éducatrice du monde, dès le premier cri de son enfant?
En espérant des cristallisations. Ne perdons pas de vue en effet que nous avons une copie à rendre avant le 21/12 (le 25/12 pour Eric L 🙂 ): Paul Jorion nous l’a aimablement rappelé dans le billet « Cash ».
Extrait du premier évangile selon saint René:
« et lux in tenebris lucet et tenebrae eam non comrehenderum »
« et la lumière a lui dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas reçue. »
Snif.
un billet de noël n’a pas besoin de moi pour s’écrire .
tss tss faux debat
bon je parle surtout pour les post bacs mais c’est valable pour les autres ,aussi
l’enseignement en présentiel est révolu … on assiste au même changement que le passage des traditions orales à l’ecrit , ou des moines copistes à l’imprimerie !
c’est vrai que la multiplicté des supports effraye surtout l’E.N. mais qu’importe la méthode pourvu que l’on apprenne …
les formations ouvertes à distance -foad- , les fameuses TICE ( monstre du loch ness qui ressort de temps en temps ) , ça peut marcher !
effectivement les 10% meilleurs suivent n’importe quel support , les 10% derniers sont coulés quelque soit le type de cours , reste 80% qui auraient besoin d’un mélange de foad/tice/travaux pratiques mais avec plus de souplesse :
les formations par alternance / continue ont fait leur preuves , l’université doit s’adapter …
l’autre question est la sélection , l’offre de formation et le chomage … pas de sélection , on empile les jeunes dans des formations pour « retarder leur entrée dans le chomage »
tout le monde ne peut pas faire staps ou « force de ventes » ou je sais pas quelle licence ou master au nom plus ronflant les uns que les autres …
trop de dispersion dans les diplomes -des licences pro qui se renouvellent ou disparaissent tout les 4 ans , des bts ou des formations pro qui sont adaptés au moment ou leur plan pedagogique est validé mais totalement dépassés à leur mise en route effective ,
il faut resserrer le nombre de diplomes qui devient délirants .
trop d’etudiants qui papillonnent ok il faut des passerelles mais bon un sport etude donnera rarement un physicien et reciproquement ,
le systeme belge ou japonais est assez clair la dessus , pas de selection à l’entrée mais en cas d’échec on gicle , c’est plus simple .
trop d’ecoles de commerce et d’ingénieurs qui refusent d’etre regroupés dans les universités (ce sont rigoureusement les mêmes cours mais avec des moyens financiers indecents pour les ecoles et des cacahouetes pour les fac ) ..
les reductions d’effectifs n’ont pas été faites dans les grandes écoles où il y a 10 fois plus de personnels pour 10 fois d’etudiants ,hallucinant …
les universités françaises manquent de quoi ?
encadrement ? souplesse ? pédagogie ? pognon ? matériel ? de batiments en meilleur état ?
trop de retard , aucune volonté d’amélioration , privatisation rampante , des usagers qui se considerent comme des consommateurs , une administration qui se france-telecomise… rien est à sauver
pour l’etat français , les foad / tice avec un suivi lors de rassenblement pour des travaux pratiques et des td communs dans des locaux transformés en « halle technologique » où il y a du matériel qu’un etudiant à distance ne possede pas , sont les solutions !
(des amphi de 200/400 personnes inoccupés à entretenir , des salles vétustes , du materiel informatique à renouveler tous les 3/5 ans -effort financier considerable et gabegie incommensurable ) et des choix technologiques fait avant les crises energetiques seront déterminants !
pour l’E.N. le casse tete sera de reclasser le personnel mais « la crise » actuelle est inespérée pour imposer certains choix qui n’auraient pas été accepté autrement !
ah oui .. j’oubliais « remettons les djeunss au coeur de l’enseignement ! »
XD
« remettons les djeunss au coeur de l’enseignement ! »
Mieux que rien ce n’est pas encore assez : acceptons d’apprendre des jeunes.
oui, mais des nourrissons , alors .
Non dans le contexte de la deuxième décennie du troisième millénaire en route vers l’inconnu. Des jeunes.
4. Jésus a dit :
« Que l’homme âgé n’hésite pas à interroger un enfant de sept jours sur le lieu de la Vie et il vivra, parce que beaucoup des premiers seront les derniers et ils seront l’Unique. »
ce n’est pas cet écrit qui m’avait motivé à vous répondre, c’était précisément un étonnement face à un nourrisson . votre seconde réponse m’a fait penser à ce logion .
ceci dit, oui, entendre ce que nous disent les jeunes gens , sans aucun doute non plus .
Les jeunes vont terriblement mal. Disons pour les plus lucides et sensibles d’entre eux (ça en fait donc beaucoup). Savent très bien voir qu’il n’y a aucune perspective. Que nous vivons dans un monde d’usurpateurs et que tout y est faux de la naissance à la mort. Quoi la nature ? Le 20 ème s. aura été celui des grands massacres, l’art ne s’en est jamais remis, ce que voient nos yeux compte bien moins que la tragédie intériorisée et de nouveau extériorisée alors qu’en même temps les corps subissent les assaults d’une technologie extrêmement agressive. Tous nous vivons aux abords d’un Fukushima, dans un climat délétère et dangereux.
Oui, octobre . mais comment aussi arriver à leur transmettre ce qui fut nos raisons, nos motifs, et un peu plus que les nôtres ? éternel conflit entre générations , je ne crois pas . la question revient à trouver des référents qui ne soient pas des icônes, et qu’on puisse y voir clair et agir en conséquence .
si ailleurs, j’ai parlé un peu du doute, ce n’est pas du doute en chambre . qui n’est que simple examen tranquille . tandis qu’il existe un doute « à la rue » , un doute nu et mortel . et qui nous laisse désemparé , orphelin, et désespéré sans réponse . exactement comme un amant se verrait trahi .
or il est tout à fait possible que nous ayons notre part dans tout cette forfaiture vis à vis des générations futures . le hic, c’est que nous ne savons plus ou bien nous ne pouvons plus nous voir en nos enfants ? et nous perdons dans ces conditions le fil de toute filiation .
heureusement, il y a encore des adultes qui soutiennent les jeunes et leur élan .
heureusement, il y a encore des adultes qui soutiennent les jeunes et leur élan .
Évidemment.
Dans cette tâche, nous ne pouvons que rester très modeste : laisser la parole se délier serait déjà beaucoup. Dans tous les cas ne pas jouer sur les peurs faisant immédiatement réagir l’individu négativement, en réactionnaire : Il y a bien assez de cons pour les exploiter de cette manière, jeunes ou pas jeunes d’ailleurs.
@ méthode
ou avoir une certaine ambition . non pas dans le monde, parce qu’il est périssable, en métamorphose permanente, mais pour le moins, essayer de ne pas s’égarer , et sombrer dans une déchéance plus grande .
avoir la prétention d’être . voir ce que cela recouvre , dès lors qu’on s’inscrit dans sa mémoire .
ne pas être un numéro , ce que tend à nous dire le monde, avec sa morgue ordinaire . ou avoir l’ambition de ne pas être rien , au profit d’un tout qui serait tout , totalitaire .
et si je suis, rien n’empêche que tu sois . bien au contraire .
c’est pourquoi il n’y a que celui qui est qui peut nous faire être .
c’est aussi pour cette raison que celui qui est, laisse le champ libre à celui qui le suit . il n’ a pas besoin d’imposer sa volonté . il veille, et éventuellement le soutient dans sa marche personnelle . parce qu’un enfant a besoin de s’édifier aussi seul, avec ses erreurs , et sa pensée qui lui appartient.
Pseudo cyclique
l’enseignement en présentiel est révolu … on assiste au même changement que le passage des traditions orales à l’ecrit , ou des moines copistes à l’imprimerie !
Et si c’était encore plus, un bouleversement de l’espace et du temps aussi important que celui issu de la station debout ?
Octobre
Dans cette tâche, nous ne pouvons que rester très modeste : laisser la parole se délier serait déjà beaucoup.
Leur donner la parole les entendre et les écouter pour apprendre d’eux. Ils ne sont ni victimes ni coupables ni responsables. Ils sont les générations qui reçoivent les complexifications de leurs aînés tétanisés impuissants en héritage et leurs dénis, équipées d’un accès aux savoirs et à la connaissance dont ces aînés peuvent être exclus, l’ensemble témoignant d’un cerveau affichant des stimulations inédites. Qui freine le plus l’émergence d’une adaptation par ignorance ?
En écho a ce trés instructif billet :
http://www.ledemagogue.com/quand-nietzsche-parle-deducation-il-parle-daujourdhui/
Surtout s’il est livré a lui meme devant des programmes télé insipides (« Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible » dixit LeLay).
Les parents et l’entourage joue un role primordial dans l’acquisitation de savoir extra-scolaire, mais avec un père chomeur et une mére qui fait des ménages de nuit pour 3 sous…
On voit mal comment ca peut changer !
Tout dépend de l’entourage, en effet. Attention donc au cliché du chômeur et de la femme de ménage, car parmi les désœuvrés et les travailleurs pauvres il y a des parents responsables, volontaires et courageux qui accompagnent leurs enfants tout au long de leur scolarité, veillant à ce que leur situation « handicapante » ne soit pas déterminante pour leur avenir.
Dans toutes les catégories socio-professionnelles, des enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes, ou en pâture aux multiples écrans, et sont susceptibles de se retrouver en échec scolaire.
En parlant de « Catégories Socio-Professionnelles », peut-on m’expliquer pourquoi en début d’année scolaire chaque professeur demande aux élèves de préciser par écrit le métier de leurs parents ? Cet insignifiant petit questionnaire, visant à mieux « connaître » les individus d’une classe, me paraissait déjà déplacé quand j’avais à le produire. Parent à présent, je m’interroge encore plus vivement sur la pertinence de cette « enquête », qui n’est qu’un prétexte à « l’étiquette » selon moi.
Cdlt.
Il ne faudrait pas confondre la nécessaire attention à ces inégalités au seul but de parvenir à l’égalité parfaite quelque soit le moyen, quel esprit totalitaire.
Apprenez aux nouvelles générations d’aimer le travail, l’entreprise, ses racines, son histoire, le monde … et non se recroqueviller dans un pensionnat sur les savoirs qu’inculqueraient un État pour le service dont on sait quelle caste politique ou intelectuelle elle servirait.
Oyez la population… le site LEAP2020 vient de publier le GEAB67… les initiés comprendront le message… à lire ABSOLUMENT…. !!!
J’adore l’histoire et les statistiques, si,si… Mais si on devenait un peu sérieux en s’occuppant des enfants et non de leurs parents ou enseignants. En France on veut leur enfourner un programme qui n’est jamais stabilisé par des méthodes aussi absconses qu’irréalistes et fugaces. Il suffirait de répondre simplement à ce qui les intéresse pour leur indiquer où et comment en savoir plus et se former leur culture et leurs opinions.
lien youtube : https://www.youtube.com/watch?v=6HVLbgwyp8k
Version française de « What Did You Learn In School? » de Tom Paxton.
Eh oui… tout ceci pour dire qu’on nous « bourre bien le mou »
depuis l’enfance….
Sergine75 10 months ago
lien .mp3 :
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10467-03.09.2012-ITEMA_20396586-0.mp3
Longueur: 56782976 (54M) [audio/mpeg]
lien .mp3 :
http://rf.proxycast.org/m/media/296096201420.mp3?c=culture&p=LES+NOUVEAUX+CHEMINS+DE+LA+CONNAISSANCE_10467&l3=20120903&l4=&media_url=http%3A%2F%2Fmedia.radiofrance-podcast.net%2Fpodcast09%2F10467-03.09.2012-ITEMA_20396586-0.mp3
lien joueur : http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4493043
lien audio :
http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-l-education-en-questions-14-condorcet-qu-est-ce-qu-
lien podcast : http://www.franceculture.fr/podcast/4485895
flux .rss : http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_10467.xml
Les Nouveaux chemins de la connaissance
Syndiquer le contenu par Adèle Van Reeth, Philippe Petit Le site de
l’émission
Emission Les Nouveaux chemins de la connaissance
du lundi au vendredi de 10h à 11h
Ecoutez l’émission 58 minutes
L’éducation en questions 1/4: Condorcet: qu’est-ce qu’une éducation
républicaine ? 15
03.09.2012 – 10:00
Par Adèle Van Reeth
Réalisation : Assia Khalid
Lectures Georges Claisse
En « Partenariat » avec Philosophie Magazine, dont le N° de la Rentrée sera
consacré à l’éducation, avec pour thème Pourquoi nous n’apprendrons plus
jamais comme avant. Ou comment Google a vaincu Gutenberg ?
Qu’elle soit sentimentale ou spécialisée, l’éducation a pour vocation
première de faire sortir l’homme, comme la plante sort de terre et comme
Hamlet sort de ses gonds. Ex ducere, conduire à l’extérieur, se libérer,
oui mais par qui ? et vers où ? Si l’éducation est le modelage du
matériau brut qu’est l’homme, la sculpture d’un donné naturel, alors qui
est l’artiste, et quel modèle copie-t-il ? Même dans les cas d’écoles les
plus libertaires, l’éducateur crée des hommes à son image, guide, endigue,
hisse, pousse, martèle, encourage, contraint et libère, mais toujours en
vue d’un but, d’une idée, d’une direction à suivre et d’une autre à
éviter. Comment alors l’éducation, déterminée à la fois par le contenu et
par la forme, c’est-à-dire par la nature des connaissances qui sont
transmises et par la méthode choisie pour enseigner, peut-elle vraiment
accroitre la liberté ?
Comment enseigner des connaissances, des méthodes, des valeurs, tout en
transmettant les outils qui permettent de les critiquer en retour? et dès
lors qu’elle est nationale, l’éducation peut-elle ne pas être normative ?
Charles Coutel MC © Radio France
Extraits:
BO Etre et avoir
Gretry Brigitte Fontaine, « Le voile à l’école »
Graeme Allright, « Qu’as-tu appris à l’école ? »
Diabolo menthe (1977, réal. Diane Kurys)
Etre et Avoir (docu 2002 Nicolas Philibert)
Condorcet (Nicolas de), Sur les Assemblées provinciales (fin de l’Essai
sur la constitution et les fonctions des assemblées provinciales, 1788)
Invité(s) :
Charles Coutel, professeur à l’Université d’Artois à Arras, Directeur de
l’Institut des faits religieux, spécialiste de Condorcet.
Thème(s) : Idées| Philosophie
Document(s)
Que vive l’école républicaine !
Charles Coutel
Philippe Petit
textuel, 1999
Condorcet : instituer le citoyen
Charles Coutel
Michalon, 1999
Politique de Condorcet
Charles Coutel
Payot, 1996
Hospitalité de Péguy
Charles Coutel
Desclée de Brouwer, 2011
La crise de la culture : huit exercices de pensée politique
Hannah Arendt
Gallimard, 1989
Cinq mémoires sur l’instruction publique
Condorcet
GF-Flammarion, 1994
Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain
Fragments sur l’Atlantide
Condorcet
GF-Flammarion, 1988
La République et l’école
Pocket, 1991
Merci pour cet autre bouquet de liens.
N’oublions pas que nous sommes passés de l’instruction (publique) à l’éducation (nationale).
Cette évolution a nécessairement un sens dans les temps où les modernes ne veulent – et ne peuvent – plus instruire leurs enfants, ni les éduquer, et que ce sont les marchands et les publicitaires qui s’en chargent.
Comme disait Debord, « les enfants sont plus ceux du spectacle que ceux de leurs parents » et Jaime Semprun : « la question n’est pas de savoir quel monde nous allons laisser à nos enfants, mais à quels enfants nous allons laisser ce monde. »
N.B. Les citations sont de mémoire et peut-être pas parfaitement exactes.
L’Europe tentée par la fin du diktat de l’austérité.
En a-t-on fini du tout-austérité en Europe ? Après l’Espagne au printemps, le Portugal et peut-être la Grèce en octobre, l’un après l’autre, les pays en difficulté bénéficient d’un peu de mansuétude de la part de la zone euro pour assouplir le calendrier de leurs efforts budgétaires.
http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/09/16/l-europe-tentee-par-la-fin-du-diktat-de-l-austerite_1760855_3234.html
Stiegler sur FR C en ce moment :
http://www.franceculture.fr/emission-le-tete-a-tete-bernard-stiegler-2012-09-16
Merci, j’ai reposté plus bas autrement avant d’avoir vu, avec une précaution blogato-vigneronatoire.
« Un accès égal signifie qu’il ne faut pas se contenter de donner un coup de pouce aux moins favorisés ; il faut empêcher les plus favorisés de prendre de l’avance. »
Il s’agit donc de niveler par le bas et à ce égard, je pense que tout est dit et la réussite de l’éducation nationalle est quasi totale. Si j’obtenais de tels résultats dans le privé, je ne pourrais pas m’étonner d’être viré.
On pourrait faire remarquer qu’une telle orientation éminemment structurante pourraît être soumise au débat. Même pas en rêve, les présumées sachants, ceux qui croient savoir, s’octroient aussi tous les droits.
Il faut avoir eu des enfants empéchés, constamment entravés et discriminés revenir en larmes tous les soirs pour savoir ce que c’est qu’est un enseignant appliquant son idéologie mortifère,
Et par ailleurs il serait temps de mettre fin à cette criante et insupportable inégalité que constitue la surreprésentation des enseignants dans la réprésention nationale (tout le monde sait pourquoi : essentiellement parce que EUX ont le temps).
Et il ose parler de décervelage … aucune pudeur,.. aucune limite …
Le mot « décervelage » est sensible , mais il peut correspondre à une forme « d’ignorance entretenue « dont l’objectif serait de faire de simples citoyens des citoyens simplets.
Le préjugé est un des vecteurs de la connification citoyenne.
http://www.inegalites.fr/spip.php?article166&id_mot=92
http://lesmoutonsenrages.wordpress.com/2011/04/03/origine-de-ceux-qui-nous-gouvernent-aujourdhui-et-de-ceux-qui-voudraient-gouverner-demain/
Bonsoir François78.
Lisez le projet de Saint-Fargeau en entier (courte monographie de 54 pages). S’il y a bien une chose étrangère à son projet, c’est le nivèlement par le bas. Ce n’est pas parce qu’il ne livre pas un programme détaillé des enseignements qu’il faut le taxer d’indigence. Le peu qu’il en dit est d’une immense ambition pour l’époque. Comme son système est ouvert, chaque époque peut y apporter des savoirs nouveaux. On pourrait lui reprocher, en revanche, de limiter à 1 sur 50 le nombre d’élèves susceptibles d’être poussés vers les degrés supérieurs. Ce reproche serait toutefois teinté d’anachronisme, l’écrasante majorité de la population étant alors occupée aux champs. Saint-Fargeau n’interrompt pas totalement le lien avec l’éducation nationale, pour les élèves qui ne dépasseraient pas le premier cycle. A l’occasion des fêtes civiques, des réunions des sociétés populaires (clubs politiques et patriotiques), les adolescents pourraient continuer à s’instruire, dans un cadre beaucoup moins contraignant.
Quant à la surreprésentation des enseignants… Voici les chiffres pour l’assemblée nationale, si j’ai bien compté : enseignants, secondaire et technique : 62 ; enseignants premier degré, directeurs d’écoles : 19 ; professeurs de faculté : 30 ; professions rattachées à l’enseignement : 19. Total = 130. Stricto sensu, les enseignants sont 111 sur 577 députés. Cela représente 19 %. Le nombre d’enseignants en France est estimé à 850000, soit 3,2 % des actifs. Il y a surreprésentation, en effet, mais celle-ci ne conduit pas à les favoriser particulièrement. C’est même tout le contraire qui se produit. C’est cela qui mérite d’être interrogé. Comment une élite se crée dans l’élite, qui rompt la solidarité entre pairs. Le pays, le savez-vous, manque d’enseignants. Tremblez ! La France a le taux d’encadrement le plus faible des pays de l’OCDE (tous niveaux et tous établissements confondus, l’année de référence étant 2007, année qui a connu des suppressions de postes massives) : 6,1 enseignants pour 100 élèves ou étudiants. En Suède, en Grèce ou au Portugal, ce taux dépasse les 9. La France pèche dans le primaire et dans le supérieur. Je ne m’attarderai pas sur l’argument douteux du temps. Un enseignant qui enseigne à plein temps n’a pas beaucoup de temps à consacrer à la politique. Il en a déjà trop peu pour continuer de se cultiver dans le domaine qui est le sien et dans les domaines limitrophes, une fois terminée la préparation des cours. Ne vous fiez pas trop aux titres ronflants de nos députés. Beaucoup n’ont pas enseigné très longtemps. Il leur a fallu choisir, sauf à réaménager leur temps de travail (mi-temps, par exemple, pour Jean-Marc Ayrault). Une précision, en passant. Je n’enseigne pas, mais vous voyez à quoi je consacre une partie de mon temps.
Ces publications aussi sont intéressantes.
http://www.education.gouv.fr/pid338/l-education-nationale-en-chiffres.html
http://www.oecd-ilibrary.org/sites/eag_highlights-2010-fr/03/04/index.html?contentType=&itemId=/content/chapter/eag_highlights-2010-24-fr&containerItemId=/content/serial/20763956&accessItemIds=/content/book/eag_highlights-2010-fr&mimeType=text/html
Ensuite, on devrait dire « une des plus basses de l’OCDE », quid en effet du Canada, des Pays Bas, de l’Allemagne, ces deux derniers derniers pesant beaucoup moins sur leur budget national, et avec des résultats bien plus probants dans le supérieur.
On aurait comme un problème de « productivité ».
En fait , se focaliser sur la sur-représentation de telle ou telle profession dans la représentation nationale n’a pas de sens .Même en ramenant les proportions à un pourcentage de la population active ou pas.
Car les députés font partie de groupes qui ont pris l’habitude , pour cause de jeu collectif , de n’obéir qu’aux consignes du groupe , consignes données par la hiérarchie de ce groupe.
Donc , pour avoir une idé du futur , il est plus instructif de se préoccuper de l’origine sociale des leaders de groupes que de l’origine sociale de chaque députés.
Merci pour ce billet.
L’accès à l’information ? Qu’est-ce que l’information ? La valeur de celle-ci ne suppose-t-elle pas une attention particulière ? Celui qui aura eu le plus accès à l’information, ne devrait-il pas plus redistribuer (contrepartie financière à la reconnaissance) ? La polarité n’est pas la solution. Dire que les uns freinent les autres est pure démagogie.
L’information, ce concept passe-partout que l’on met à toutes les sauces,…, en particulier en biologie.
« passe-partout » résume bien que plusieurs chemins existent (angles d’approches). J’apprécie votre lucidité. Comprenez que je pense que la sur-information (la sur-exposition, la récurrence) ne donne pas toujours l’effet voulu malgré la valeur de la conviction, de l’appréciation individuelle, de la perception. L’usage et l’utilité sont des choix. L’inattendu…..
Nous pensons ensemble que l’existence et les sens ne sont pas des gros mots, d’où la dialectique instructive.
@ olivier69
Thom a écrit un article: « l’information, un protée de la sémantique » où il fait le point sur les différentes interprétation du vocable. Au vitriol.
A Vigneron
Je pense enfin j’espère aller dans votre sens au sujet des enfants et de la guerre :ma meilleure
amie qui est docteur en droit du travail (la seule intellectuelle qui m’ait tendu la main) m’a dit un
jour est ce que tu sais pourquoi on a fait les premières lois du travail pour interdire le travail de nuit aux enfants
AINSI que les premières lois pour les femmes ? Parce que tellement de femmes mourraient avant d’enfanter et que de nombreux enfants n’arrivaient pas à l’âge de servir la patrie qu’il fallait faire remonter le taux de natalité et permettre aux enfants de devenir de beaux jeunes gens pour la prochaine guerre.
Logique. Vous noterez que le travail délocalisé des enfants dans les pays naguère dits du tiers monde ne dérange pas trop les bonnes âmes mondialistes de nos démocraties de marché. Encore un petit effort et nous devrions assister dans peu de temps à la réhabilitation du travail des enfants dans les zones franchisées (ou pas) en Grèce. De toute façon il n’y a déjà plus ni écoles ni enseignants et les salaires de base ne suffisent pas à subvenir aux besoins quotidiens alors autant que les bras des gamins servent à quelque chose.
Un reportage sur ARTE était passé il y a quelques temps, il démontrait qu’à Naples de nombreux enfants d’à peine plus de 10 ans travaillent. La situation économique et la mafia ont depuis longtemps brisé ce tabou.
lien image :
http://danielquerry.files.wordpress.com/2012/09/41-29u-rnl-_ss500_.jpg
lien image :
http://danielquerry.files.wordpress.com/2012/09/2012-09-12_01h35_061.jpg
lien anglais :
lien :
http://www.thirdworldtraveler.com/Herman%20/Manufac_Consent_Prop_Model.html
lien : http://www.chomsky.info/onchomsky/199607–.htm
lien : http://www.chomsky.info/onchomsky/20031209.htm
site source :
https://danielquerry.wordpress.com/2012/09/12/modele-de-propagande/
La Fabrique du consentement
Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux
Le “modèle de propagande” d’Herman et Chomsky
12 Septembre 2012 Daniel Querry
Vers le milieu des années 90, et plus précisément à la suite des grèves de
décembre 1995, s’est constitué en France autour, notamment, de
l’association Acrimed et du journal PLPL, un courant politique
(désignons-le ainsi) qu’il est convenu de qualifier de « critique radicale
des médias ».
Si les travaux du sociologue Pierre Bourdieu et les écrits du journaliste
Serge Halimi en constituent incontestablement les bases théoriques
principales, les racines intellectuelles de ce mouvement se retrouvent
également de l’autre côté de l’atlantique dans le travail entamé plus de
vingt ans auparavant par l’économiste Edward S. Herman et le linguiste
Noam Chomsky.
Deux hommes en colère
L’un comme l’autre, politisés très jeunes par leur environnement familial
et leur fréquentation des milieux radicaux, sont assez naturellement
amenés à se rencontrer lors de leur engagement commun contre la guerre du
Vietnam à la fin des années 60.
De leur collaboration qui débute alors sont nés, au cours de la décennie
suivante, plusieurs épais ouvrages, précis et très documentés sur diverses
questions de politique étrangère [1]. Ces études de cas leur ont donné
l’occasion de mettre en évidence une orientation quasi-systématique de
l’information diffusée par les grands médias dans le sens des intérêts des
pouvoirs politiques et financiers dominants.
Les deux auteurs ont publié en 1988 une synthèse de ces années de
recherche sous la forme d’un ouvrage devenu l’une des références centrale
de la critique des médias et intitulé La Fabrication du consentement.
A l’époque, l’originalité de ce livre était double. Si le constat ne
constituait pas en lui-même une révélation fracassante, l’étendue et la
précision quasi scientifique de leur travail portait le faisceau de preuve
à une densité rarement atteinte auparavant.
Mais surtout, les deux hommes ne se contentaient pas de consigner leurs
observations ; ils se proposaient également d’expliquer à travers une
grille de lecture analytique comment et pourquoi les médias étaient amenés
« à jouer leur rôle d’organe de propagande ».
Une telle explication s’avérait nécessaire. En effet, la propagande dont
il est question ici n’a plus grand-chose à voir avec les bourrages de
crâne de la « grande guerre » ni avec la rudimentaire propagande des
régimes fascistes. L’orientation de l’information ne provient plus, pour
l’essentiel, d’une volonté étatique planifiée et autoritaire – pas plus
que d’un “complot” fomenté par une poignée d’individus démoniaques et
omniscients.
Son aspect systématique interdit cependant de la réduire à des
“emballements” ponctuels – le terme a fait florès dans les médias
dominants – faisant des journalistes le jouet de malheureux concours de
circonstances.
Cette orientation, expliquent au contraire Herman et Chomsky, découle
logiquement de contraintes structurelles – c’est-à-dire inscrites dans le
mode d’organisation et de fonctionnement des industries médiatiques – qui
vont “filtrer” et modeler les informations qui seront diffusées.
Si le nom de Noam Chomsky est aujourd’hui mondialement connu, il est moins
souvent rappelé que cette analyse structurelle est en réalité pour
l’essentiel le fruit du travail de son co-auteur, comme l’a d’ailleurs
expliqué Chomsky lui-même à plusieurs reprises.
Dès l’université, Edward S. Herman s’est spécialisé dans l’étude des
questions de propriété, de concentration et de contrôle du pouvoir au sein
des grandes structures financières (banques, fonds communs de placement,
sociétés d’épargne et de prêts).
Il élargit par la suite son travail aux grandes entreprises commerciales,
et publie en 1981, sous l’égide de la Twentieth Century Fund, un “think
tank” progressiste, une étude importante intitulée Corporate control,
corporate power. Cet ouvrage représente la matrice du modèle analytique
qu’il appliquera ensuite, dans son travail commun avec Chomsky, aux
entreprises médiatiques [2].
Une analyse institutionnelle
En première approximation, le principe de base du modèle analytique
proposé par les auteurs peut se résumer ainsi : au sein d’une société
capitaliste, toute institution est structurée de manière hiérarchique et
régie par des rapports de force et de propriété. Au sein de ces structures
inégalitaires, certains individus ont donc, plus que d’autres, le pouvoir
de se faire entendre et de faire prévaloir leur intérêt personnel ainsi
que leur vision idéologique et politique. Ils ont le pouvoir de faire de
leur désir personnel un « désir-maître », pour reprendre l’expression de
l’économiste Frédéric Lordon, c’est-à-dire un désir qui s’impose à
d’autres en lieux et place de leurs désirs propres [3].
En observant la distribution de ces rapports de propriété et de pouvoir
ainsi que l’identité et la position sociale des individus qu’ils
favorisent, il doit donc être possible de déduire l’orientation probable
que prendra le mode de fonctionnement de l’institution en question.
En l’occurrence, les médias dominants se trouvent être des entreprises
privées commerciales évoluant dans un système de marché concurrentiel et
détenus par des actionnaires dont la motivation essentielle est la
recherche de profits maximums.
Outre les investissements de leurs propriétaires, ces médias sont
essentiellement financés par leurs recettes publicitaires. Leurs
principaux clients sont donc également des hommes d’affaires (parfois
eux-mêmes propriétaires d’autres médias) qui les paient – en proportion de
leur taux d’audience – pour diffuser des réclames commerciales pour leurs
produits.
Ces financements ne relèvent donc pas d’une forme de mécénat qui
investirait à fonds perdus par pure vertu démocratique ; ces investisseurs
ont des attentes qu’il sera impératif de combler.
Ce qui vaut pour le modèle américain se retrouve d’ailleurs également de
ce côté de l’atlantique. « Évidemment, nous sommes une chaîne commerciale.
Nous vivons de la publicité, avait ainsi expliqué un jour Patrick Lelay,
alors PDG de TF1. « Nous vendons à nos clients une audience de masse, un
nombre d’individus susceptibles de regarder un spot de publicité. [4] » En
conséquence, poursuivait-il, « l’objectif est de plaire à un maximum de
gens pour réaliser un maximum d’audience ».
« Pour nous l’Audimat, c’est la caisse, renchérissait Gérard Louvin,
responsable des variétés. S’il n’y a personne à l’Audimat, on ferme la
boîte [5]. » Or pour faire de l’audimat précisait-il, « il faut ratisser
large […]. Il faut faire du spectacle. Et au premier degré. Je suis
premier degré, moi, à un point inimaginable. »
Ainsi les lois de la concurrence capitaliste imposent un certain nombre de
règles dont le respect met en jeu la survie même de l’entreprise. Quelle
que puisse être par ailleurs la bonne volonté de ses membres, ils se
trouvent enrôlés et assujettis à la satisfaction des désirs de ceux qui
assurent leur existence matérielle en les finançant. D’où le terme de
contraintes « structurelles », par opposition au simple jeu des volontés
individuelles. « La loi de la gravitation existe, chers amis. Et la loi de
l’argent aussi » résumait sans plus s’en émouvoir la revue Médias [6],
dont on devine par-là les positions progressistes…
Dans le modèle d’analyse proposé par Herman et Chomsky, outre les
contraintes financières évoquées, deux catégories d’acteurs extérieurs à
l’entreprise ont également une l’influence déterminante.
La première est constituée par les sources d’information auxquelles vont
avoir recours les journalistes. Produire un contenu de qualité demande du
temps et suppose de maîtriser son sujet. Or les logiques commerciales, au
contraire, par la vitesse de production qu’elles requièrent et leur souci
constant de minimiser les couts, limitent la capacité d’investigation
personnelle. Les journalistes seront donc contraints de se reposer sur des
sources extérieures ; ils en seront d’autant plus dépendants que leur
formation professionnelle aura mis l’accent sur la productivité au
détriment des ressources intellectuelles qui pourraient leur donner un
minimum de recul critique sur la valeur des “expertises” recueillies.
Viennent ensuite ce que les auteurs appellent les « tirs de barrage »,
c’est-à-dire les protestations adressées aux entreprises par des groupes
de pression et les procédures judiciaires qui peuvent parfois les
accompagner.
Enfin, le dernier élément qui entre en jeu est celui des présupposés
idéologiques qui vont dominer au sein de l’institution et en particulier
parmi ses membres les plus influents.
Ce sont tous ces facteurs institutionnels qui vont surdéterminer les
critères de sélection du personnel et l’attribution des postes de
responsabilité, corseter les conditions de travail quotidiennes des
journalistes, influer sur les processus de sélection et de traitement de
l’information et définir les conditions d’accès à l’espace public de
parole.
Or, dans le cas des entreprises médiatiques, notent Chomsky et Herman, les
effets de tous ces “filtres” s’additionnent.
Les individus qui contrôlent les sources de financements et qui occupent
les postes de pouvoir au sein des entreprises médiatiques (comme au sein
des institutions gouvernementales) sont issus pour l’immense majorité du
même milieu social (« aisé », comme on dit pudiquement). Ils ont souvent
suivi des parcours scolaires similaires, fréquentent les mêmes cercles
sociaux et partagent de ce fait peu ou prou les mêmes intérêts de classe à
titre personnel et la même vision du monde (présupposés aristocratiques et
individualistes, anticommunisme viscéral, glorification de l’entreprise
privée et de la toute-puissance du “marché” – en somme : le maintien de
l’ordre social existant).
Il en va de même pour les principales sources d’informations des
journalistes, c’est-à-dire celle qui ont les moyens de se faire entendre
(sources gouvernementales, services de communication des entreprises,
lobbies idéologiques et leurs mercenaires intellectuels) et les groupes de
pressions les plus influents (à commencer par les annonceurs).
C’est, enfin et surtout, cette même proximité idéologique qui conditionne
la cooptation dans ce cercle très restreint, les promotions (ou
déclassements), l’attribution d’une qualité d’expert “impartial”, et
assure un accès privilégié à la parole médiatique en même temps qu’une
écoute bienveillante et attentive.
Pierre Bourdieu, Jean-Marie Cavada, Daniel Schneidermann
(“Arrêt sur images”, France 5, 20.01.1996)
Manufacturing consent, managing dissent
La grille d’analyse proposée par Herman et Chomsky ne postule pas,
cependant, l’impossibilité pour une opinion dissidente de s’exprimer. Bien
au contraire, un minimum de pluralisme est vital pour que les médias
puissent apparaitre libres et indépendants. Une institution à caractère
idéologique dont les biais seraient trop ostensibles ne pourrait
fonctionner très longtemps [7].
Ce modèle prédit cependant que les opinions orthodoxes (parce qu’ajustées
aux présupposés idéologiques de ceux qui contrôlent l’accès à l’espace
public de parole) se fraieront toujours beaucoup plus facilement un
passage dans le courant dominant ; qu’elles y seront pour les mêmes
raisons spontanément jugées plus légitimes et par conséquent plus
largement diffusées et valorisées ; que les éléments factuels inopportuns
et les points de vue dissidents seront pour leur part la plupart du temps
ignorés, à défaut marginalisés, déformés ou calomniés ; que les débats,
enfin, seront toujours largement encouragés mais dans des limites ou sous
des formes qui excluent toute remise en cause profonde de l’ordre établi.
« Maintenant, interrogeait Chomsky lors d’une conférence publique,
demandez-vous, quelle image du monde vous vous attendez à voir émerger de
ce type d’organisation ? »
« Et bien, poursuivait-il, une réponse plausible est que les points de vue
et les positions politiques mis en avant seront celles qui répondent aux
besoins, aux intérêts et à la vision des acheteurs, des vendeurs et du
marché. Ce serait plutôt surprenant si ce n’était pas le cas. […] Vous
vous attendez à ce que les institutions adoptent un mode de fonctionnement
qui sert leur intérêt, parce que si elles ne le faisaient pas, elles ne
seraient pas en mesure de fonctionner très longtemps. » [8]
Il s’agit là bien entendu de principes généraux à nuancer, ce que font
très longuement Chomsky et Herman sans pour autant laisser la complexité
de leur analyse en occulter les tendances les plus lourdes. En particulier
le constat évident que les médias sont une institution au service
d’intérêts particuliers à l’agenda desquels ne figurent ni l’intérêt
général ni le droit du citoyen à une information impartiale – et encore
mois le projet d’une émancipation populaire. Et en second lieu, le fait
tout aussi incontournable qu’en chaussant les lunettes médiatiques, nous
sommes portés à voir le monde tel que la classe dirigeante a intérêt à ce
que nous le percevions.
Depuis plus d’une quinzaine d’années, en France, les nombreuses analyses
publiées par les divers représentants de la critique radicale des médias,
tout en comblant les amateurs de “complexité” et de “nuances”, ont
confirmé l’incompatibilité structurelle de l’industrie médiatique avec sa
fonction démocratique supposée – à savoir garantir la possibilité pour le
citoyen, en tant qu’acteur politique, de se former une opinion libre et
éclairée.
« Si dans le principe, observait il y a déjà quelques années le sociologue
Alain Accardo, il est vrai qu’il n’y a pas de vie démocratique possible
sans liberté de l’information, dans son état actuel la presse est devenue
plus un obstacle qu’une aide à une véritable vie démocratique. » [9]
Daniel Querry
––––––––––––––––-
Post Scriptum : quelques sources d’information supplémentaires sur le «
modèle de propagande »
La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie,
a été traduit et publié par les éditions Agone en 2008. Il est possible de
lire l’introduction du livre en ligne, ainsi que des extraits sur le site
de l’association Acrimed.
(Attention : il existe une autre traduction particulièrement médiocre de
l’ouvrage, parue en 2003 aux éditions du Serpent à plumes sous le titre La
Fabrique de l’opinion publique. A fuir…)
Par ailleurs, le visionnage du documentaire Manufacturing Consent : Noam
Chomsky and the Media est un bon moyen de se familiariser avec le modèle
de propagande et les analyses politiques de Chomsky en général.
Et en Anglais :
“A propaganda Model” (extrait du livre Manufacturing Consent)
“The Propaganda Model Revisited” (Edward S. Herman, 1996)
“The Propaganda Model: A Retrospective” (Edward S. Herman, 2003)
[1] Notamment les deux volumes de The political economy of Human rights
parus en 1979.
[2] L’absence de traduction en français des ouvrages d’Herman concernant
les bases théoriques du “modèle de propagande” explique, peut-être, en
partie, l’ignorance manifeste et la profonde bêtise des critiques que l’on
a pu lire à ce propos dans les médias hexagonaux. Pour un florilège
délicieux, voir « La Conspiration. Comment les journalistes (et leurs
favoris) falsifient l’analyse critique des médias ».
[3] Frédéric Lordon, Capitalisme, désir et servitude, La Fabrique, 2010.
[4] Télérama, 9.09.2004.
[5] Le Monde, 26.02.1996.
[6] Médias, n°3, Hiver 2004.
[7] Que l’on se souvienne simplement du référendum organisé en 2005 au
sujet du projet de constitution européenne. La victoire du “non” avait
démontré, si ce n’est la résistance absolue du public à la propagande
médiatique ou une formidable percée des idées de la gauche radicale, du
moins la contre-productivité évidente d’un système de propagande dès lors
qu’il est clairement identifié comme tel. Voir à ce sujet la synthèse
publiée par l’association Acrimed : Médias en campagne, Retours sur le
référendum de 2005.
[8] Noam Chomsky, Understanding power, The New Press, New York, 2002.
[9] Alain Accardo, « Un journalisme de classe moyenne », in Pascal Durand
(Dir.), Médias et censures. Figures de l’orthodoxie, Université de Liège,
2004.
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Catégories:Il était une fois… Tags:critique radicale des médias, Edward
S. Herman, Fabrication du consentement, modèle de propagande, Noam Chomsky
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Scolastique nous y sommes .Les grandes époques de libération de l’humanité ne sont pas marquées par Aristote , ni le primat du scolaire : Gréce Classique , Renaissance .
Aristote c’est à contre-sens de notre époque , son projet c’était le triomphe des classes moyennes , l’éducation , la représentation en lieu et place du travail ouvrier au sens de Marx . A lépoque de Marx les ouvriers fabriquaient encore eux mémes leurs outils à leurs mains . Marx espérait que les ouvriers auraient les moyens intellectuels de …. que nenni , pas dans le sens où vous le dites , c’est à dire au sens où ils auraient le bac ! D’ailleurs où vont ces couches moyennes avec le bac et plus ? Pour l’année 2013 vous pouvez prévoir leurs émeutes , finit l’illusion . Fini l’empire , fini le triomphe de l’universel abstrait , finie la sécurité des courroies de transmission .
Dans les écoles , il est prévu toutes sortes de dispositifs expérimentaux pour illustrer les grandes découvertes , ils prennent la poussiére en général et les professeurs se gardent bien de les utiliser : échec garanti sauf pour l’oxygéne et l’hydrogéne qui font boom !
Il existe un gouffre entre l’universel , la théorie et le concret , la pratique c’est ce que le XXI e siécle va redécouvrir et les couches moyennes aussi à leurs dépends , comme l’Empire qui va s’achever dans son éniéme guerre au moyen-Orient perdue d’avance , mais définitive .
Bonsoir,
Je pousse la porte car cet article retient mon attention.
Il serait intéressant de regarder les chiffres par région (Sud Ouest, Sud Est, Est, Ouest, Idf). Les chiffres ne sont peut-être pas disponibles.
Il faut également souligner que dans les milieux modestes lorsqu’un élève est brillant, premier de sa classe, avec mention au bac, les parents ne poussent pas forcément leur enfant à faire les classes préparatoires, ils ne remplissent même pas le dossier car ils préfèrent que leur progéniture entre le plus tôt possible dans la vie active.
« Une petite pensée émue pour la mère, dont le rôle de transmission et d’accompagnement est ici bizarrement escamoté. »
Je vous remercie de le souligner.
A une époque les femmes entreprenaient peu d’études, elles se mariaient très jeunes donc jusqu’à une certaine génération, l’enfant avait une maman avec un faible niveau scolaire.
La maman peut transmettre autre chose que de la connaissance qui aide davantage à l’épanouissement de l’enfant et à sa réussite dans tout ce qu’il entreprend, la confiance en soi par exemple ou bien l’amour tout simplement.
Cordialement.
Bonsoir Vénus. Je vous invite à prendre connaissance du rapport remis au Sénat sur lequel je m’appuie pour la période contemporaine. Sur le phénomène d’autocensure que vous décrivez : http://www.senat.fr/rap/r06-441/r06-44121.html#toc170 et http://www.senat.fr/rap/r06-441/r06-44146.html#toc365. Sur les inégalités territoriales, quelques éléments de réponse (malheureusement non détaillés) : http://www.senat.fr/rap/r06-441/r06-44123.html#toc178. Bonne lecture !
Bonsoir,
Je vous remercie beaucoup pour votre réponse.
Bien cordialement.
Crescendo
Rites/besoins vitaux – imitation : Famille – 10
+
Langage/Ecoute/Parole – Storytelling : Ethnie/tribu – 10E3
+
Livre/lire/écrire – Ecole : Nation – 10E6
+
Internet/multimedia – ? : Terre – 10E9
Dans le vide actuel s’engouffre le pire de notre civilisation, sauf le BPJ bien sûr.
Après l’Irlandais et l’Espagnol, sans oublier l’Islandais…voici la fin du miracle Chinois:
The End of China’s Easy Growth.
The more we learn about China’s vast stimulus plans, the more far-fetched they seem.
http://www.telegraph.co.uk/finance/china-business/9546737/The-End-of-Chinas-Easy-Growth.html
Eh ouais, toutes les bonnes choses ont une fin.
La troïka ne croit plus la Grèce capable d’atteindre ses objectifs.
Les créanciers de la Grèce estiment que les objectifs fixés à Athènes, notamment en matière de réduction de son endettement, sont désormais hors de portée, affirme le quotidien allemand Handelsblatt dans son édition de lundi.
http://www.rtbf.be/info/economie/detail_la-troika-ne-croit-plus-la-grece-capable-d-atteindre-ses-objectifs?id=7839897
Plusieurs banques américaines, dont JPMorgan et Bank of America, sont visées par une enquête menée aux Etats-Unis sur des circuits de blanchiment d’argent qui auraient pu financer le trafic de drogue ou des activités terroristes, affirme le New York Times samedi.
http://www.rtbf.be/info/economie/detail_etats-unis-des-banques-americaines-visees-par-une-enquete-pour-blanchiment?id=7839770
Et Célestin Freinet dans tout ça ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9lestin_Freinet
>Dissy
Les nouvelles que j’ai de Chine ne sont pas bonnes: il y a énormément de PME qui ferment, et plus encore, une immense vague de nationalisme traverse le pays.
Je comprends l’inquiétude de Panetta: si les choses tournent mal là bas, les gens régleront leurs vieux problèmes entre eux et avec le japon par tous les moyens..
(pour vigneron : mode « boules Quies » ON)
Un lien sur Stiegler qui se fait interviewer sur F C (France culture) une heure dans l’émission (nouvelle ? ) de dimanche après midi 17-18h par Frédéric Taddei (oui, celui de CSOJ sur FR3, qui croit que Keynes fut ministre de FD Roosevelt, bon, passons quand même)
(en clair http://www.franceculture.fr/emission-le-tete-a-tete-bernard-stiegler-2012-09-16)
Là j’écoute le début, ça reparle même de Todd, Mmm)
(pour vigneron : mode « boules Quies » OFF)