Billet invité
Au grand désespoir des jusqu’au-boutistes qui flairent le reniement dans un changement de cap et entendent le chant du coq dans un encouragement venu d’en haut, Paul Jorion a accepté d’exposer ses thèses, c’est-à-dire de les déployer et de les mettre en danger, dans un cadre institutionnel et devant un public mêlé. La pandémie de crétinisme savant qui affecte la pensée économique contemporaine lui a soufflé d’attaquer la question de sa diffusion aux deux extrémités de l’échelle sociale. Si la suffisance des accapareurs de l’espace médiatique est incurable, car elle s’est indurée avec le temps et automatisée, l’embarras de certains décideurs mérite d’être tisonné. Il peut en sortir autre chose que le feu follet d’un vague remords. Paul Jorion en a fait le pari. À l’autre extrémité, le travail de recervelage du simple citoyen, commencé sur le blog, sera poursuivi dans le respect de la disputatio chère aux scolastiques.
Il me paraît opportun, à quelques jours de la leçon inaugurale de la chaire Stewardship of Finance, d’évoquer les performances de l’instruction publique, un secteur sensible que les révolutionnaires du XVIIIe siècle avaient érigé en secteur prioritaire, car une bonne partie du mal vient de notre accoutumance au mal. S’habituer au mal est sans doute pire que de se laisser instruire par lui. Une école où sont promus des principes aussi originellement enthousiasmants et salutaires que la liberté, l’égalité et la fraternité, devrait nous garantir contre son rayonnement insidieux. Il n’en est rien. En bout de cursus, le bac pour tous est un leurre qui masque un délit d’initiés. Jusqu’au bac, en effet, il est demandé aux élèves d’être scolaires, de respecter les consignes et d’avaler une provende toujours plus calorique. La culture extrascolaire vient en appoint et nourrit déjà une forme diffuse de discrimination, mais un fils d’ouvrier[1] peut s’en tirer honorablement, nanti du seul bagage culturel scolaire. L’année du bac, tout change, ou plutôt le mode de sélection antidémocratique se démasque. L’élève scolaire – je n’écris pas bêtement scolaire, car il y a du mérite et du profit à apprendre par cœur – l’élève scolaire est pénalisé et l’élève cultivé, favorisé. C’est le bagage culturel extrascolaire et l’aptitude à jongler avec son contenu dans un cadre formel strict qui sont soudainement appréciés. L’attribution d’une mention en dépend. Or, l’obtention du bac, dans la perspective méritocratique, ne signifie rien en elle-même si aucune mention ne l’accompagne, car c’est la mention qui permet d’intégrer les classes préparatoires aux grandes écoles. Autrement dit, l’apprentissage par cœur, pour l’élève issu d’un milieu populaire, est un rectificateur d’écarts culturels relativement efficace jusqu’à l’année du bac. Passé ce seuil, les chances qu’il a de se prévaloir d’une mention pour entamer un cursus postbac prestigieux s’amenuisent à vive allure. L’université sera le sépulcre des ambitions de ses parents, pour autant que ceux-ci aient les moyens de la lui payer ou, s’ils les ont, de l’y maintenir. Selon un rapport déposé par Yannick Bodin au Sénat en 2007[2], un enfant d’ouvrier a de nos jours sept fois moins de chances qu’un enfant de cadre supérieur ou d’enseignant d’accéder à l’université, contre vingt-huit fois dans les années 1970. La belle avancée quand on sait la valeur toute relative des diplômes que l’université délivre[3] !
L’échec de l’instruction républicaine à la française tient au fait que pendant que le pauvre se cultive un peu, le riche se cultive beaucoup, en sorte que l’écart entre les deux se déplace sur l’échelle qui mesure la somme des connaissances, mais ne se réduit pas. « L’expansion scolaire contemporaine, peut-on lire dans une étude de l’INSEE datée de 1997[4], ne s’accompagne pas d’une réduction notable de l’inégalité des chances[5] et cette inégalité est de plus en plus d’origine culturelle. La complexité du système scolaire semble privilégier les familles qui en ont une bonne connaissance. Aussi le niveau de diplôme des enfants est-il davantage lié, aujourd’hui qu’hier, à celui du père. » Une petite pensée émue pour la mère, dont le rôle de transmission et d’accompagnement est ici bizarrement escamoté.
Deux diagrammes éclairants (source : colloque Démocratie, classes préparatoires et grandes écoles, 2003) :
De la 6e aux classes préparatoires aux grandes écoles : évolution des origines sociales des élèves
Évolution de la répartition des élèves selon le diplôme du père
Quand Marx écrit, dans les statuts provisoires de la Première Internationale (Londres, 1864), que « l’émancipation de la classe ouvrière doit être l’œuvre de la classe ouvrière elle-même », il suppose que la classe ouvrière disposera à brève ou moyenne échéance des outils intellectuels de son émancipation, l’action physique seule étant impuissante à briser toutes les chaînes. Un exemple des ravages de l’inculture nous est donné par les États-Unis, où l’idéologie néoconservatrice, idéologie savante, a su séduire et séduit encore, par le truchement du storytelling, une part importante de l’électorat populaire (et pas seulement le red neck ou le poor white trash), pourtant saigné à blanc par les choix économiques du parti républicain[6]. La solution ? Un accès véritablement égal à la culture au sein de l’école, d’une école républicaine s’entend, distincte de toute entreprise commerciale (refus de la financiarisation de l’éducation et de l’instruction), totalement publique (exit le privé), totalement laïque (exeunt les religions) et obligatoire. Un accès égal signifie qu’il ne faut pas se contenter de donner un coup de pouce aux moins favorisés ; il faut empêcher les plus favorisés de prendre de l’avance. Ce programme exigeant, que d’aucuns jugeront extrême et dirigiste, est le seul à relever de l’affirmative action sincère. La constitution interdit toute forme de discrimination, y compris sur le critère de la richesse, mais on pourrait considérer qu’en matière d’instruction, les écarts de richesse sont un facteur d’échec tellement déterminant qu’une exception doit être faite. Y renoncer et encourager à la place une concurrence déloyale entre élèves, c’est vider de leur substance les principes d’égalité et de fraternité sous les yeux même de leurs bénéficiaires théoriques. Le ministre socialiste Peillon s’abuse lourdement s’il pense que des cours de morale laïque redoreront le blason d’une République qui a fait la preuve de sa duplicité dans le choix de son modèle scolaire.
Une occasion a été manquée. Il s’en est fallu de peu. Tout commence au XVIIIe siècle, autour de 1760. La période prérévolutionnaire est particulièrement féconde en réflexions sur l’éducation et l’instruction. Entre 1760 et 1790, pas moins de 160 ouvrages sont consacrés à ces thèmes. Le premier à avoir quelque retentissement est celui de L.-R. Caradeuc de La Chalotais, procureur général du parlement de Bretagne : Plan d’études pour la jeunesse. Ce plan d’éducation nationale écrit en 1763, soit un an après la condamnation par le parlement de Paris de l’Émile de Rousseau et l’interdiction faite aux jésuites d’enseigner, exprime une conception restrictive de la jeunesse puisque la jeunesse populaire en est exclue. À la même époque, Louis XV lutte contre le quasi monopole de l’Église en matière d’éducation. Peine perdue. Les jésuites évincés, les oratoriens occupent la place. Il faut se représenter que la plupart des ténors de la Révolution sont passés entre les mains des prêtres. Un lent travail de sape est mené parallèlement par les Encyclopédistes, mais il faut attendre la Révolution pour voir toutes les mines sauter. La Révolution met tous ses espoirs dans l’avènement d’un homme nouveau qui ne soit plus un sujet mais un citoyen (Constitution de 1791). La reconnaissance ne doit plus rétribuer le rang et/ou la naissance, mais le mérite et le talent. La refondation de l’instruction publique sur des bases républicaines, si possible non confessionnelles (la laïcité est dans l’air mais pas encore dans le lexique), est vue comme la condition de la régénération de « l’esprit public » (= la société). Talleyrand met le doigt sur les enjeux : « L’éducation est l’art plus ou moins perfectionné de mettre les hommes en toute valeur tant pour eux que pour leurs semblables, de leur apprendre à jouir pleinement de leurs droits, à respecter et remplir facilement tous leurs devoirs ; les hommes sont déclarés libres, mais ne sait-on pas que l’instruction agrandit sans cesse la sphère de la liberté civile et que seule elle peut maintenir la liberté politique contre toutes les espèces de despotisme ? Les hommes sont reconnus égaux et pourtant, combien cette égalité des droits serait peu sentie, serait peu réelle au milieu de tant d’inégalités de fait, si l’instruction ne faisait pas sans cesse effort pour rétablir le niveau. » Talleyrand est l’une des six grandes figures de la Révolution à s’être penchées sérieusement sur les questions d’éducation. Il faut mentionner, à la suite du sien, les noms de Mirabeau, de Condorcet, de Lepeletier de Saint-Fargeau (Jean d’Ormesson ne se vante pas trop d’en être le descendant par sa mère), de Lakanal et de Lantenas. Avant de m’arrêter sur le projet Saint-Fargeau, dont la pédagogie Freinet est le surgeon moderne, je dirai quelques mots des autres.
Mirabeau se distingue par le tour conservateur qu’il donne à son projet. Il est hostile à la gratuité, au motif qu’elle incite à la paresse[7]. Talleyrand refuse l’obligation scolaire[8]. Condorcet refuse également l’obligation scolaire. La raison en est qu’il se méfie de la puissance publique et de l’autorité politique qui se manifeste à travers elle. L’instruction doit conserver, selon lui, le maximum d’indépendance vis-à-vis de l’État. La possibilité de scolariser ses enfants dans des instituts privés sera la garantie de cette indépendance. L’idée qu’on érige l’école en temple républicain lui répugne au dernier degré : « Ni la Constitution française, ni même la déclaration des droits ne seront présentées comme des tables descendues du ciel, qu’il faut adorer et croire. » Athée, Condorcet ne veut pas que Dieu, chassé par la fenêtre, rentre par la porte, revêtu de la livrée radieuse de la Raison divinisée. Contrairement à Mirabeau, il est partisan de la gratuité totale, à tous les niveaux. Il assigne à l’école pour objectif de corriger les inégalités, pas de les abolir. Par bien des côtés, le système actuel réalise le projet de Condorcet, à ceci près que l’État y occupe une place que le philosophe eût jugée horriblement intrusive. De Lakanal, il n’y a pas grand-chose à dire, sinon qu’on a donné son nom à des établissements scolaires pour le dédommager du soin qu’il a mis à organiser les écoles normales. Lantenas, quant à lui, rêve une école gratuite et obligatoire jusqu’à 12 ans et en confie la supervision à un « ministère de l’instruction publique (il invente l’expression pour l’occasion) et de la morale ». Au-delà de 12 ans, des écoles payantes prennent le relais. Elles ouvrent en fonction de l’offre et de la demande. L’État n’intervient pas, sinon en aidant les meilleures recrues issues de familles défavorisées à en supporter le coût. L’Empire retourna le rêve de Lantenas. L’État délaissa le primaire et investit massivement dans le supérieur (lycées). Venons-en au projet de Saint-Fargeau, qui a, je l’avoue, ma préférence. Ce projet est, de loin, le plus ambitieux des six.
Lepeletier de Saint-Fargeau est un représentant illustre de la noblesse de robe. À la veille de la Révolution, il est président à mortier au parlement de Paris. C’est une des plus grosses fortunes de France (600000 livres par an). Le mot égalité n’effarouche pas ce franc-maçon qui épouse totalement la cause révolutionnaire, quitte à être considéré comme un renégat par ses pairs. Montagnard sous la Convention, c’est un des révolutionnaires les plus à gauche. Il se lie d’amitié avec Robespierre et Saint-Just. Le 21 juin 1790, il préside l’assemblée constituante. Le 30 mai 1791, en tant que rapporteur du comité de jurisprudence criminelle, il propose d’abolir la peine de mort. En décembre 1792, il rédige son projet d’instruction publique en réponse à celui de Condorcet. Il vote la mort de Louis XVI en janvier 1793. Il est assassiné peu après par un ancien garde du corps du roi. Son projet est exposé par Robespierre devant la Convention le 13 juillet 1793, le jour où Marat est poignardé. Fallait-il que Saint-Fargeau dérangeât pour qu’un meurtre par deux fois fît diversion, le sien puis celui de Marat. Je vous laisse découvrir sur Gallica le Plan d’éducation nationale de Michel Lepletier (sic). Je me bornerai à en extraire les éléments saillants. Comme Condorcet, Lepeletier est favorable à la gratuité. Il diverge d’avec lui en ce qu’il est partisan d’une « éducation vraiment nationale, vraiment républicaine, également et efficacement commune à tous ». Lepeletier ne s’arrête pas à envisager les choses sous l’angle de la seule éducation. Il raisonne en termes d’« économie politique ». Il veut « rapprocher l’immense distance des fortunes », « soulager celui qui a peu ». Le poids de « l’institution publique » (= l’éducation commune des enfants) doit en conséquence « port[er] principalement sur le riche ». Dans ce système, « la pauvreté est secourue dans ce qui lui manque » et « la richesse est dépouillée d’une portion de son superflu ; et [alors,] sans crise ni convulsion, ces deux maladies du corps politique s’atténuent insensiblement ». Pour que le pauvre ne perçoive pas cette prise en charge de son éducation par l’État comme une aumône, il lui sera demandé une contribution minime. Les parents qui soustrairaient leurs enfants à l’école commune seraient déchus de leurs droits de citoyens et doublement imposés.
L’éducation nationale selon Saint-Fargeau se mêle assez tôt de la vie du petit d’homme. Jusqu’à cinq ans, les mères sont encouragées financièrement à allaiter leurs enfants et reçoivent au besoin des instructions pour bien s’en occuper (beaucoup d’infanticides sont déguisés en négligences). De cinq à douze ans pour les garçons, de cinq à onze ans pour les filles, plus précoces, les enfants, toutes conditions confondues, sont mis en pension complète dans les maisons d’éducation du canton, sous la direction de plusieurs maîtres, à raison d’un maître pour 50 élèves. La charge du maître est diminuée par l’entraide des élèves, les plus âgés se faisant les tuteurs des plus jeunes. Aucun domestique dans ces maisons. Les élèves s’organisent entre eux pour assurer les corvées. Afin que le sens de la solidarité générationnelle s’inscrive en eux durablement, Saint-Fargeau suggère même – ce qui ne laisse pas de nous faire honte, à nous qui abandonnons nos parents dans des mouroirs dorés pour nous épargner le spectacle de la décrépitude – d’héberger les vieillards inactifs et les infirmes dans une annexe de la maison, à charge pour les enfants de les soigner, de les nourrir et de les réconforter (pas de mauvais esprit, s’il vous plaît). Les parents, séparés de leurs enfants pendant 6 à 7 ans, au nom de l’égalité des chances, sont tout de même présents dans l’établissement, comme observateurs de sa bonne marche. Pour chaque maison d’éducation, les pères de familles désignent 52 représentants. Chacun d’eux devra donner sept jours de l’année à l’institution, durant lesquels il veillera sur la santé des enfants, vérifiera la bonne tenue des lieux et contrôlera l’orientation de l’enseignement (cette police républicaine nous semble à nous insupportable, mais elle se justifiait alors, la qualification des maîtres étant aléatoire, en l’absence de formation spécifique, et leur loyauté suspecte). Une fois par mois, le conseil des 52 se réunit pour faire le point et signaler aux chefs de sections d’éventuels dysfonctionnements ou abus.
Saint-Fargeau imagine trois modes de financement de l’éducation nationale : une surtaxe, acquittée par chaque citoyen en fonction de ses revenus (il nous est indiqué ce que cela représenterait pour un petit revenu, pour un revenu de 1000 livres et pour une rente de 100000 livres) ; l’essentiel du produit du travail des enfants (eh oui, les travaux manuels sont à l’honneur) ; les revenus personnels des enfants (l’argent de poche des riches).
Le programme des activités se divise entre étude (lire, écrire, compter, notions de mesurage et d’arpentage à destination d’une population essentiellement rurale, chants civiques à apprendre par cœur, récit des traits les plus frappants de l’histoire des peuples libres et de la Révolution, notions de la Constitution, rudiments de morale universelle, d’économie rurale et domestique), travail des mains (pour les garçons, ramasser, répandre des matériaux sur les routes, travailler dans les ateliers des manufactures proches ou à des ouvrages dans les maisons d’éducation, travailler la terre ; pour les filles – époque oblige –, filer, coudre, blanchir, travailler dans les ateliers ou dans les maisons d’éducation) et exercices gymnastiques durant les jours et les moments de délassement (apprentissage du maniement des armes pour les garçons, la faute à Sparte). Saint-Fargeau, qui a en horreur la « religion d’habitude », l’évacue de l’enseignement. L’enfant doit pouvoir choisir sa religion en son âme et conscience, lesquelles ne seront à peu près formées qu’au sortir de l’institution publique[9]. Comme la pratique religieuse est encore bien vivante dans les campagnes, il conviendra, dans un premier temps, de laisser les enfants aller assister avec leurs parents aux offices du culte auquel on les aura voués. Saint-Fargeau n’est pas un adepte de la marche forcée. Le détail des enseignements et le volet pédagogique sont volontairement laissés de côté, car il revient à la nation de les déduire des circonstances et de ses besoins. Les citoyens sont d’ailleurs invités à concourir sur ces sujets. Un prix annuel sera décerné à « quiconque aura conçu une pensée utile sur l’éducation et ajouté un bon article au code de l’enfance ». L’importance accordée aux travaux manuels rémunérés (les 9/10 du produit sont affectés aux dépenses communes, le 1/10 restant est remis à l’enfant) ne vise pas tant à constituer une main d’œuvre qualifiée, endurante à la tâche, qu’à façonner des hommes complets. Ces travaux n’ont rien de pénible et sont supervisés par les pères de famille.
Les maisons d’éducation s’établiront dans les bâtiments publics, dans les édifices religieux, dans les habitations des émigrés ou dans les châteaux (moyennant une indemnité d’occupation).
Lepeletier n’oublie pas celles et ceux chez qui le maître décèlerait des dispositions particulières pour les « arts agréables » et les « études qui tiennent à l’esprit ». Il estime leur nombre à un sur cinquante. Ceux-là pourront passer par les filtres successifs (également gratuits) de l’école (4 ans), de l’institut (5 ans) et du lycée (4 ans). Il prévoit, d’un degré à l’autre, un écrémage de 50 %.
Le cadre de l’institution publique est rigoureux, spartiate même, mais Saint-Fargeau n’impose aucun contenu éducatif précis, en dehors de la tripartition susmentionnée des activités et de l’énumération des savoirs élémentaires, ni aucune méthode d’enseignement. Son système fait écho aux débats autour de la nature humaine qui ont animé le siècle des Lumières. La rigidité du cadre dit qu’il se méfie de l’homme ; son ouverture programmatique dit qu’il en attend tout.
En 1758, dans le 4e discours de son De l’esprit, Helvétius posait que « l’art de former les hommes en tout pays est si étroitement lié à la forme du gouvernement qu’il n’est peut-être pas possible de faire aucun changement considérable dans l’éducation publique sans en faire dans la constitution même des états ». La mère des réformes de l’éducation nationale attend toujours dans les cartons, car son application bouleverserait complètement les règles du jeu social. Par chance, elle a été élaborée par un homme qui savait ce qu’est un avantage culturel, sur quoi cela repose et par quel moyen on peut l’annuler. Cet homme était, au surplus, un éminent juriste. Ses habitudes de pensée ont accouché d’un plan clair, ordonné et budgété. Rendons grâces à Robespierre d’avoir sauvé de l’oubli Lepeletier de Saint-Fargeau. En dépit de ses rigueurs d’un autre âge, son système modulable – et partant facilement amendable – montre la voie à suivre, me semble-t-il, aux citoyens et aux citoyennes que l’avenir de l’école préoccupe. L’oubli est la première Bastille à enlever.
[1] On les voudrait déjà éteints, sans doute parce que se perpétue à travers eux la mémoire des luttes sociales des deux siècles derniers, mais il y a encore 6 millions d’ouvriers en France, soit 23 % des actifs. Les rapports sur l’état de la société française mentionnent leur existence, tout en les rattachant à la catégorie « milieux populaires ».
[2] Lien : http://www.senat.fr/rap/r06-441/r06-44118.html.
[3] Tellement relative que les enseignants orientent préférablement leur progéniture vers les classes préparatoires.
[4] D. Goux & É. Maurin, « Démocratisation de l’école et persistance des inégalités », Économie et statistique, n° 307.
[5] Inégalité des chances que Bourdieu et Passeron appellent plus justement « inégalité des dons ». Voir Les Héritiers. Les étudiants et la culture, Paris, Les Éditions de Minuit, « Le Sens commun », 1964.
[6] Voir T. Frank, Pourquoi les pauvres votent à droite ?, Marseille, Agone, « Contre-feux », 2008. Titre original : What’s the matter with Kansas ?
[7] Il y a beaucoup de cela dans le système américain : plus ses parents paient, plus l’enfant est tenu de réussir. Cela donne le suicide de Neil Perry dans le film de Peter Weir, Le Cercle des poètes disparus (1989).
[8] L’abbé Grégoire s’en faisait un monstre parce qu’il craignait qu’elle ne conduisît à enrégimenter les enfants. Cette crainte était alimentée par la prégnance du référent martial spartiate. Un siècle plus tard, dans les années 1880, quand Jules Ferry mit sur pied l’école laïque obligatoire, il se trouva des parents pour pousser les hauts cris : on leur « volait » leurs enfants. Le prix de la revanche ?
[9] C’est au nom de ce principe du libre choix de l’enfant qu’un tribunal allemand a récemment assimilé la circoncision à une blessure corporelle, ce qui revenait à l’interdire. Il s’est attiré les foudres des intégristes de toute confession, toujours prompts, quand leur magistère est contesté, à bafouer le droit international, en l’occurrence l’article 19 de la Convention relative aux droits de l’enfant, adoptée en 1989 par l’Assemblée générale des Nations Unies.
320 réponses à “CITOYENS ET CITOYENNES, À L’ÉCOLE !, par Bertrand Rouziès-Léonardi”
Bonsoir BRL,
C’est toujours sympathique de voir sortir des placards de l’histoire des phénomènes que j’ignorais. J’apprends par Wiki que Jean D’Ormesson est un descendant de Lepeletier ce qui suffit pour constater que son projet a complètement foiré. On appelle discrimination positive de nos jours la tentative de pallier aux inégalités quelles qu’en soient l’étiologie « supposée » à laquelle selon les discours l’épithète « réelle » » est trop vite accolée. Car ces affaires d’éducation, d’instruction, de formation, mettent en jeu et socialement et au plus trognon de chaque subjectivité, et bien sûr dans l’inévitable dialectique entre ces abords, une foultitude d’interactions au point de devoir donner sa langue au chat quand il s’agit de pister les origines d’un phénomène.
Mais à 5 ans à y regarder de près, les destins sont souvent joués, même s’il existe des exceptions, des rattrapages. Vous parlez de « l’inégalité des dons » dans une réponse, son nom moderne est bagage génétique, même si je ne doute pas que des affaires de gênes puissent – c’est supposé – jouer leur aiguillon, je penche fortement sur l’incidence écrasante du milieu, corrigible sociopolitiquement comme Lepeletier le proposait. Pourtant dans l’aspirateur de l’ascenseur social tel qu’il existe dans nos représentations, il n’est pas niable que quelques bourgeois enfantent des ratés, et quelques prolos voient leur progéniture sortir de la répétition de classe (au sens de Marx). Fréquentez quelques débiles selon les classifications en vigueur, vous en croiserez où vous discernez la passion de l’ignorance, et çà se cultive subjectivement le « je ne veux rien savoir » tout autant que le « je veux tout savoir » supposé à l’élève performant. Ces passions là opèrent mais comment ont-elles été fabriquées, n’est pas une mince question.
La notion freudienne d’identification, quelque soit le « trait » auquel un sujet s’identifie, est féconde pour nommer les mécanismes de répétition de classe, que ce sujet soit pris par quelque chose – le discours de ses parents, entre autres, ou du jésuite ! – pour l’étoffer d’un désir au sens génitif objectif comme subjectif. L’ennui est que l’affaire est inconsciente par définition, d’où le coté momifié d’un désir de môme, qui trace pourtant une vie durant. Quelque soit l’appareil mis en place pour performer un projet politique, il semble que des résistants en démontreront en acte la vanité. Ce qui n’est pas une remarque fataliste à laisser les choses en l’état si l’intérêt général s’en plaint…
Élève Rosebud,
» la tentative de pallier aux inégalités quelles qu’en soient l’étiologie » : – 4 et – 4
quelque soit le « trait » : – 4
Quelque soit l’appareil : – 4
Soit, quoi qu’il en soit* et d’ores et déjà, 4/20.
* Comme « Quoi qu’il en soit, on peut imaginer que le désastre phylloxérique mit subitement en présence des plus dures nécessités toute une population vigneronne qui avait jusque-là vécu insouciante sur ses coteaux. » – (Ludovic Naudeau, La France se regarde. Le problème de la natalité -1931)
Cancre Vigneron : à copier 100 x : « Mélenchon ».
Rosebud, j’ai entrain, non sans entrain, l’hypothèse selon laquelle le patronyme de Jean-Lumière venait de la Mancha, l’homme de la Mancha donc, Ni Cr donc et les puristes ou vaches espagnoles n’y trouveront rien à redire. MélAnchon.
Vigneron le bout en train sort de sa manche des zipothèses éclairs sur la transcription francisée du patronyme espagnol « Mélenchon » qui a donc effacé le « a » originaire en castillan car le grand-père de Jean-Luc Mélenchon, Antonio Mélenchon, (MélAnchon donc pour Vigneron) établi dans la région de Murcie donc exactement en contigüité sud de la région des moulins à vent de la Mancha, donc le Don Quichottisme que Vigneron-La-Lucidité discerne très bien chez le petit fils d’Antonio est clair. Brillantissime, la lucidité.
Est-ce un effet de classe, si je m’en viens me distraire en pointant qu’on doit dire « pallier les inégalités, que les accents de vos gênes ne gênent pas les génois, mais gênent la lecture, et que ceux qui ont le mot « performer » (ou « gouvernance ») à la bouche passent à côté de l’essentiel en politique, à mon avis ?
Mais sur le fond, je suis d’accord sur l’intrication de beaucoup de facteurs. La cruauté pour les gens d’une certaine génération est sans doute d’avoir cru que les médias pourraient agir comme vecteur d’égalisation des chances, en donnant à chacun des éléments de culture, alors que, comme les livres ou les journaux en leur temps, ils se sont diversifiés en proportion de la disponibilité du cerveau, et plutôt en proportion de ce qui l’humilie (il y a tant de façons) que de ce qui le sublime.
@ timiota 17 septembre 2012 à 08:16
Bien sûr que c’est un effet de classe, dominante sur l’ « ortho » en général, quel qu’en soit le domaine. J’ai aussi une gêne avec le parkinson paternel dont je me soucie de diverses manières, y compris via son don de mes gènes : l’avenir écrira si c’est affaire d’identification imaginaire ou transmission de patrimoine génétique mais pour l’actualité, c’est confus comme vous l’avez remarqué ! Pour ce qui est du coté mainstream du performer, oui, quelque chose insiste depuis le « parformer », traverse la Manche puis l’Atlantique fait retour autrement, et dans les arts ou le business s’impose.
« On appelle discrimination positive de nos jours la tentative de pallier aux inégalités quelles qu’en soient l’étiologie « supposée » à laquelle selon les discours l’épithète « réelle » » est trop vite accolée. »
En terme de discrimination positive, c’est bien sûr le Brésil qui figure sur le podium mais l’Afrique du Sud pourrait bien les détrôner d’ici quelques temps :
http://journalmetro.com/monde/136454/le-bresil-appliquera-la-discrimination-positive/
On y apprend que les places en université seront attribuées non pas selon les résultats scolaires, mais selon l’origine ethnique.
La discrimination positive Pignolle- dans son expression universelle, l’équité – c’est celle qui offre et réserve les meilleures places de parking ou des places dans des entreprises aux handicapés, celle qui offre des bourses ou des allocations logement sous condition de revenus, celle qui oblige des communes à un pourcentage de logements sociaux, etc, etc, et celle qui devrait offrir le double ou le triple de l’effort éducatif collectif à ceux qui en ont le plus besoin par rapport à ceux qui en ont le moins besoin. Cela dès leur naissance. C’est sensiblement le contraire que l’on observe. Discrimination scolaire négative de fait.
À Pignouf 1er :
Vous me rappelez l’ingénieur de chez Dassault croisé à un dîner il y a des décennies, qui trouvait qu’enseigner en Libye le pilotage de Mirages à des conducteurs descendus d’un dromadaire depuis moins d’une génération était une gageure. Mais le coté truculent de vendre des mirages à des hommes du désert lui échappait.
@Pignouf :
La discrimination positive optimisée , devrait , pour que l’ équilibre « pouffiat /pouffiasse » soit equitable , se limiter a , par exemple 40% comme seuil minimal ….et non 50% …
Bonjour Rosebud1871.
Vous auriez raison de juger la postérité de l’œuvre de Michel Lepeletier d’après sa postérité généalogique si son système d’éducation avait été retenu. Mais c’est celui de Condorcet qui s’est imposé, avec la nuance que j’indique à propos de l’implication de l’État. Jean d’Ormesson est le produit exemplaire d’une éducation nationale à plusieurs vitesses, sa mère l’ayant soustrait jusqu’à l’âge de 14 ans au lot commun. Il n’a même pas eu droit, le Jean d’O, de fréquenter un établissement public de renom saturé d’éléments à particule. L’Académie lui est redevable de ne pas avoir corrompu son O si pur. S’agissant des imbéciles fiers de l’être, je vous dirai que cet affichage tient de la pose, de la construction intellectuelle. Je n’irai pas jusqu’à dire que cette pose est un sommet dialectique, comme on dit de l’ignorance du sage qu’elle est un sommet de sagesse, mais c’est au moins un sommet de narcissisme, une construction pour soi à destination d’autrui. Cette sorte d’imbécillité est très retorse, car elle fait école. Quant aux imbéciles béats, aux simples d’esprit prisonniers d’une idiosyncrasie pathologique que n’effleure même pas la conscience d’être heureux, qui serait un embryon d’entendement et de sainteté, ils relèvent de structures adaptées. Même dans leur cas, il n’est rien d’irrémédiable, dès lors qu’il leur est loisible d’interagir avec leur prochain. Le système de Saint-Fargeau, s’il avait été adopté, n’aurait sans doute pas pu abolir la bêtise ni même interdire à ses promoteurs d’en commettre, mais il aurait instauré – allez, rêvons un peu – un régime de distinction susceptible de faire société en République, un dandysme solidaire à démonocler tous les apprentis Brummell. Uchronie close.
BRL, j’avais pigé que Condorcet avait écopé d’une retenue et pas Lepeletier. J’ai bien moins de certitude que vous pour les « structures adaptées » sans doute pour en avoir fréquenté et croisé ceux qui y séjournent. Et pour « rêver un peu » il vaut mieux être jeune, avant de s’être cassé les dents sur quelques projets pour changer des vies.
Je vous sens piqué, Rosebud. Je n’avais pas l’intention d’être péremptoire, ni même de faire l’éloge des « structures adaptées », dont je connais (un peu et en tout cas moins que vous) les défaillances et le passif, en partie grâce à Foucault (Histoire de la folie). Certaines structures fonctionnent bien (de l’avis même d’un ami qui travaille en HP), d’autres pas, ce qui a des conséquences ravageuses sur la santé des personnels comme sur celle des patients. Mais tel n’était pas l’objet de notre échange, je crois, à moins que vous ne voyiez dans les maisons d’éducation de Saint-Fargeau une version ad usum delphini des « petites maisons ». Par ailleurs, je suis peut-être jeune, mais je me suis déjà cassé plusieurs jeux de dents en défendant des projets universitaires qui touchaient à la vie de la communauté scientifique. Un vent de folie souffle aussi dans ce secteur. Pour conclure, je vous dirai que le rêve n’exclut pas la lucidité, il peut même fournir l’éclairage. Mais c’est un autre sujet, que nous aborderons peut-être sur un autre fil.
@ BRL 18 septembre 2012 à 01:35
Rosebud piqué ? Dans quel sens dois-je le lire ?… ! Ne vous en faites pas pour les subtilités de politesse, j’ai le narcissisme bétonné ! Pour les structures adaptées, elles le sont pour mettre les marges en boîtes, et je doute qu’il puisse exister une société au sens moderne, sans déviants de toutes sortes dont l’intérêt général sait s’occuper pour sa tranquillité, c’est vous dire mon peu de rêve à ce sujet. Vous avez raison d’évoquer la « santé » des soignants en HP, vous pourriez ajouter d’autres sigles ! Merci pour la ballade rue de Sèvres et le caviardage des bouquins du Dauphin. Bien dommage que vos savoirs ne soient pas exploités au mieux du ruissellement espéré de nos maîtres. Un gâchis de plus. Si, si, je maintiens que rêver le monde appartient à la jeunesse, les vieux n’ont que la clef du coffre et des souvenirs. Se casser les dents ou devoir casser les dents de l’autre, n’est pas une alternative folichonne…
Voilà ce dont rêvait Lacan en 1974 : […] Je veux dire que, c’était pas une façon de se faire valoir à la Sorbonne que de résoudre les problèmes de la cycloïde, qu’y avait comme çà, enfin, au temps miraculeux, au temps que dont je voudrais voir se reproduire, n’est ce pas, sous la forme des psychanalystes, je voudrais s’y voir reproduire cette espèce de République, n’est ce pas, qui faisait que Pascal correspondait avec Fermat, avec Roberval, avec Carcavi, avec des tas de gens, n’est ce pas, qui étaient tous entre eux, enfin, pour ceci on ne sait pas quoi s’était produit, c’est bien ce que je voudrais un jour tirer de l’histoire, on ne sait pas quoi s’était produit qui faisait qu’il y avait des gens qui désiraient plus en savoir à propos de ces choses invraisemblables, n’est ce pas, si un cycloïde que sais-je si c’est un cercle, une roulette qui tourne autour d’une autre, vous voyez ce que ça peut donner, ça donne, je ne sais pas, une chose comme ça un cycloïde mais rien que le fait qu’ils étaient mordus, qui croyez le à ce moment là ne rapportait rien auprès d’aucun seigneur, n’est ce pas, qui leur faisait leur réputation, enfin leur truc strictement entre eux, n’est ce pas, ils ne sortaient pas de là. Bien sûr, de là est sortie votre télévision, cette télévision grâce à quoi vous êtes définitivement abrutis, bon bon mais enfin ils le faisaient pas pour ça […]
@rosebud
dur de trimballer sa jeunesse jusqu’au bout, sans voir ses rêves se réaliser , ou les voir se dissiper en poussière d’oubli.
tout ça pourquoi, parce qu’un jour on a vu la terre comme une folle égarée au milieu des flots sombres , à cause de si peu . que de complications, de tentatives désespérées pour échapper au naufrage, et de luttes imbéciles et meurtrières , de lois incomprises, et surtout qu’on refuse à appliquer, comme le simple fait de ne pas tuer , le reste coulant de source.
sacré perdu va . planète terre noyée . de là, tout devient chaotique , sans issue .
la jeunesse, l’esprit , le souffle comment peut-il vieillir ? on respire ou ne respire pas .
tapis dans l’ombre, les morts empoisonnent les cœurs, et les consciences, leur faisant croire que les disques durs contenaient de la mémoire.
@Rosebud1871, 19 septembre 2012 à 01 h 07
clockwise or anticlockwise, that is the question ?
A lente vitesse, et a fortiori si l’on compare la marche à la course, la ligne des épaules décrit un axe brachistochronique, au contraire des rotules ou des malléoles qui dessinent une cycloïde.
Cela est bien entendu lié à une effet de compensation entre le haut et le bas du corps qui disparaît dans le course, Zapotek s’en épuisa, historiquement, d’autant que plus que d’autres, il courrait avec les bras.
Ceci et cela ne creusent pas dans le même sens. Du côté amont du rêve, voire l’allure (quand elle n’est ni posée ni forcée) des rockers et des dandys. De l’autre côté, aval, du rêve, voire les démarches dialectiques hégéliano(clockwise)-marxiste(anticlockwise).
Ni veune ni jieux.
@schizosophie 19 septembre 2012 à 12:17
À propos de ligne d’épaule, parait ce soir que la ligne de banquise du pôle nord aura fondu dans 4 ans plutôt qu’en 2080 (prévision 2007).
À propos de banquise, en 2007 personne n’a prédit que les lignes des banques auront fondu en 2080. Mais personne ne prédit non plus ce soir que ce sera pour dans 4 ans.
À propos de pôle emploi les prévisions sont inverses, les lignes s’allongent.
Alors Hegel dextrogyre et Marx levogyre… y a plus d’aiguilles sur la clock, mais de belles affaires à 1100,32 TTC.
(tu remarqueras que la pub ne fait passer le temps qu’entre le 21 avril 2008 et le 27 avril 2008 en boucle, mais pas cycloïde).
@ Eric L 19 septembre 2012 à 08:52
Si si l’espérance de vie de la mémoire d’un disque dur est supérieure à la mienne mémoire et sans doute à la vôtre. Mais je ne vous parle pas de compatibilité logicielle en ascendants et descendants ni de format de plug. Puisque la voix s’assure, comme l’oreille, le nez et bien d’autres choses, la Lloyd’s doit bien contracter aussi pour la mémoire, entre les tests et l’imagerie cérébrale, ça doit pouvoir s’évaluer, et donc même être sujet à paris sans avoir à en être, un court temps, le détenteur !
guère plus qu’une feuille de papier, ou une gravure sur la pierre. . la mer en contient davantage.
mais je suis d’accord avec vous pour dire qu’il y a une certaine densité d’information contenue dans le disque dur …
nous ? notre mémoire , demandez aux cellules, puis aux atomes qui nous traversent .
autant dire que j’ai une idée hérétique de la mémoire .
@Rosebud1871, le 20 septembre 2012 à 00 h 47
L’ombre du marcheur fut la première aiguille. Mais il fallu le plein soleil et la détermination à viser un point fixe par rapport au pôle, mémorisé par l’impression des formes offertes les nuits, pour que la marche prît un sens. Faut-il encore, évidemment, que le sol résiste et ne fonde pas pour ça continue.
Le destinataire du produit Lépine hypnotisant n’aurait, sans doute, pas pu prendre le temps de saisir la longueur hebdromadaire du cycle, aussi raccourci soit-il dans la boucle.
C’est une époque, où les spartiates sont dans les esprits, encore beaucoup de mortalité infantile où lors de l’accouchement et puis l’enfant-roi, c’est un truc de noble, on va pas bâtir la nouvelle république la dessus.
A l’opposé, on a bien le fantasme des coloriés (d’Alexandre Jardin), où plus simplement les kinder-je-sais-plus-quoi, où l’éveil des enfants ce fait par les enfants (en réaction à…)
C’est pas simple d’extrapoler la dessus et j’ai pas l’expérience d’un profil scolaire normal, j’étais un rêveur maladroit (quand j’ai réussit à traduire « break the wall » de Pink Floyd, j’ai pas vraiment compris l’émotion de la musique avec le texte, pour moi si le mur est un problème, y avait qu’à regardé ailleurs), j’ai appréhendé la scolarité, un peu comme les disques de Bach que mes parents avaient, sans « jamais » les écouter, fallait les avoir, c’est tout.
C’est un peu bizarre, je fais que de me rendre compte, que puisqu’il me fallait juste le bac (perturbé à l’idée que le dé savait son jet précédant en probabilité, j’oubliai les maths, les études comme disques sur une étagère, mais la ferme pour être adulte), j’ai eût juste le bac, pas un décile de plus, à aucun moment j’ai fait un lien entre savoir et résultat scolaire, résultat: 10.00 (au rattrapage, sinon c’est très difficile d’avoir les déciles nulles)
J’ai associé très tôt; la scolarité à un catéchisme laïque (je peux comparer, j’ai pas à renier mon éducation), j’étais l’élève chiant, celui qui a l’air d’être pas là, mais si son surmoi estimait qu’il avait trop à perdre, alors il devenait bon (je m’étais même faut un règle, si je me souvenais d’un oral c’est qu’il était mauvais).
J’ai eût de la chance (et un minimum d’attente parentale).
Par exemple, dyslexique j’avais aucune chance en latin, mais ma professeur ma quand même offert « le lièvre de Vatanen », suite à un truc de présentation scolaire.
Par de là l’institution c’est aussi ça l’éducation, oublier les notes, les besoins, les Power point …
Dommage que les lycées agricoles ce soient formatés au cursus académique. (on était encore les anciens D prime, les bizarres, on a même eût un gas qui n’a pas eût son BEP électricien et qui a finit en histoire de l’art)
Une chance de moins pour les autres.
Rahan et Rahane ont acheté une Ferrari. Rahan a aussitôt ouvert le capot pour essayer de comprendre le fonctionnement de l’intérieur: son attitude est démiurgique. Rahane se contente de comprendre et de maîtriser sa machine de l’extérieur (Véhicule=boîte noire): elle essaie de comprendre ce qui se passe à l’intérieur en s’imprégnant de la correspondance entre les paramètres de contrôle (volant, accélérateur/frein), et ses paramètres de sortie (trajectoire, vitesse). Son attitude est herméneutique. Les hommes sont, je crois, plus naturellement portés vers la première solution, donc les maths de la maîtrise (celles pratiquées par une large majorité de matheux et utilisée par l’immense majorité des scientifiques, physiciens et économistes en tête).
Les femmes sont peut-être plus aptes à comprendre les mathématiques de l’intelligibilité, celles que Thom pratique.
Il y a des domaines où les savants ne doivent pas travailler s’ils ne désirent
pas salir leur conscience (1985, 9) R THOM
dirait rahane
@ Charly
Tout à fait d’accord: le cambouis est salissant.
Citation prise dans le recueil rassemblé par Michèle Porte?
Je le conseillerais aux curieux qui voudraient une idée des multiple facettes de la pensée de Thom.
90 pages dispo gratos sur le net!
L’école est à l’image de la société , de ses mœurs axés sur le travail , la course , la sélection . elle transfuse la pensée dominante , celle de son époque . si on peut appeler ça pensée .
par exemple, tout tend à rendre les enfants esclaves de l’ordinateur , et toute l’organisation , voire les échanges se font par cette machine, quasiment divine .
quel monde merveilleux de l’information , où l’on scrute le moindre détail de votre cerveau au cas où un virus informationnel ne s’y nicherait pas , une pensée déviante ou originale, ou géniale, afin qu’on puisse alimenter la machine à asservir , mais pas servir . ben voyons, d’abord, on se sert, puis on laisse ce qui reste . comme à la cantine quoi . premier arrivé, premier servi .
comme les spermatozoïdes , guère plus évolués 😉 et les premiers, derniers de quoi ?
sans doute, faut-il les uns ou les autres et que le contenu, au fond n’a aucune importance . ni la méthode, tout n’est que course, ou liberté . ou volonté . efforts, dont un jus s’extrait .
on ronge un os, on a entre les mains un support quelconque, et selon le truchement actuel, on se révèle .
non, j’exagère, l’école est bonne , et mauvaise . qu’est-ce qu’on s’y fait chier, et qu’est-ce qu’on serait sans elle ?
il y a de tout : ennui, et plaisirs du jeu, des calculs , des découvertes, et des contenus qui ont pu laisser une fadeur incroyable , sans aucun sel . heureusement, l’école n’est pas le tout de la vie . il y a aussi l’école de la vie , même en son sein, castagnes, et récrés . pour les gars, et quoi pour les filles ? les mauvaises langues, et puis quoi encore ? ( que je ne connais pas n’étant pas de ce bord là )
bref, à l’école on cherche Eve . elle emprunte toutes les formes .
dans la lettre on cherche l’Esprit .
( je ne dirai rien de bien intéressant à propos de l’école, puisque j’étais un cancre médiocre . mais comme j’ai épousé un corps d’enseignante qui par sa discipline est ravalée au rang d’insignifiance ( arts plastiques) qui est sans illusion , pas trop . )
La vie des charançons est bien monotone 🙂
savons nous vraiment comme ils aiment ? ou souffrent ?
@ Eric L
« pour les gars, et quoi pour les filles ? »
J’ai été élevé quatre ans (CP à CM1) dans une école de filles. Dans l’école pour garçons (c’était il y a longtemps) ils n’acceptaient pas les enfants en avance (le toujours plus vite pour le toujours plus haut maternel), et des rumeurs courraient sur les curés. Je sais jouer à la marelle, sauter à la corde (faire vinaigre c’est dur…). J’étais un peu pataud. J’étais préposé à tourner la corde…
oui, ce sont deux univers parallèles , qui se croisent non sans difficultés .
que serait lui sans elle ? et (le) vice versa .
Bonjour,
J’arrive de la promenade avec les chiens et prends mon courage à deux mains pour me jeter à l’eau et rentrer dans votre blog.
Monsieur Jorion nous dit, ce matin, que Monsieur Dragui, qui préside à …nos destinées (boaf !), rapproche des notions sans aucun rapport comme la prime de convertibilité et le rachat des obligations espagnoles et italiennes visant à faire baisser les taux.
Si je dis quelque chose sans rapport avec ce qui précède, ai-je des chances de pouvoir prendre part à votre conversation ?
Par exemple, j’ai entendu que les sacrifices rituels servaient à ramener le calme dans une communauté.
Pendant que l’on mitraille GS, la banque qui domine le monde ou
Fabrice Tourre, les souris dansent ?
Natexis… c’est quoi ?
Qui peut m’en dire plus.
Un petit élément d’actualité :
« La PEEP estime que cela ne serait « pas une bonne nouvelle pour les familles », déjà aux prises avec la dispendieuse nécessité de loger un enfant étudiant et d’assumer les frais des concours d’après-prépa (plusieurs centaines d’euros entre le concours lui-même et les déplacements). « Ce sera une charge supplémentaire », regrette Valérie Marti, présidente de l’organisation représentative. Mais les familles des élèves de prépa ne sont-elles pas plus favorisées que les autres ? « Oui, mais il n’y a pas que des familles aisées en prépa!, réagit-elle. Il y a toutes les autres. C’est facile de parler d’élitisme si on n’aide pas les élèves brillants issus de familles moins favorisées! » »
Le gouvernement envisage la fin de la gratuité des classes prépas
Merci Zébu pour ce « petit élément » qui met le doigt sur un problème que Saint-Fargeau résout par la gratuité des études d’un bout à l’autre du cursus, histoire d’en finir avec les interminables débats autour de la hauteur du plancher pour l’attribution des aides. Le gros du financement est assuré par une surtaxe qui représente jusqu’à 10 % du revenu des plus riches (10000 livres pour un revenu de 100000 livres). 10 %, ce n’est pas la lune, mais c’est au moins la garantie que le fiston ne se laissera pas prendre au boniment du premier passant qui lui dira en être descendu.
BRL, un peu d’angliche, la version Esping-Andersen…
http://dcpis.upf.edu/~gosta-esping-andersen/materials/investing_children.pdf
Thanks, Winegrower. C’est un conte d’Andersen que je n’avais pas lu.
Puisque certains ont osé quelques commentaires sur leur situation personnelle, je me lance.
Puisque mon commentaire ci-dessus n’a reçu aucun écho je lui donne le titre pompeux de:
L’éducation: Kant, Hegel, Jorion, Lévi-Strauss, Gödel.
Hegel
Ma mère était très croyante, mon père pas du tout. Il vint une fois et me donna un bouton de culotte pour mettre à la quête. Dilemme hégélien pour l’enfant que j’étais. Comment faire une aussi monstrueuse synthèse? Les fois suivantes, standard, sans mon père, je prélevais deux toutes petites piécettes dans le porte monnaie des courses, prenais la grosse pièce que ma mère me présentais pour donner à la quête, laissais tomber avec fracas les deux petites dans la corbeille pour imiter la grosse, et achetais des bonbons avec la grosse.
Lévi-Strauss
Le premier objectif de ma mère était de tenir son rang (présumé) dans la societé et de nous preparer à tenir le notre. Place à table, rond de serviette, qualité des saluts au voisinage(distinct pour les voisins de même rang et pour, par exemple, les commerçants. Ma mère était structuraliste.
Kant
Le deuxième objectif de ma mère était de nous élever. Pas comme des polets mais comme « ce n’est jamais assez haut ». Ce qu’elle ne supportait pas chez les autres, à savoir de bien rester à son rang, non seulement elle le tolérait mais l’encourageait. J’ai entendu de PJ que la faute logique actuelle des allemands qui veulent une Europe où tout le monde à une balance positive d’exportations avait été pointée par Kant.
À suivre
À propos de Kant, je me contentais de citer Martin Wolf.
Jorion
Ce dimanche, c’est mon anniversaire. Mes 7 ans. Le curé est là. Au dessert je souffle mes bougies. Maman me dit: Basic, tu es grand maintenant, tu as l’âge de raison. Alors le curé coupe le gâteau en deux, chaque moitié en quatre et dit: ces quatre parts sont pour tes petits frères et sœur qui n’ont pas encore l’âge de raison. Toi maintenant tu partages la moitié des grands, avec ton papa, ta maman et moi.
Longtemps après je suis tombé sur un livre étrange dans lequel j’ai appris que la coupure du gâteau de mon enfance avait un nom compliqué: la coupure galiléenne. Ce livre s’appelait: « Comment la vérité et la réalité furent inventées. »
Gödel
Avant de prendre congé le curé m’a dit: Basic, maintenant tu as l’âge de raison, tu es maintenant responsable de tes actes. Tu passeras me voir Jeudi après la classe pour te confesser.
Panique à bord: si je lui mens pour la quête je vais en enfer, mentir à confesse est un péché mortel, je l’ai appris au caté. Crotte. Si je ne lui mens pas il va le dire à maman et ça va être ma fête. Crotte et recrotte.
PS: J’ai fait une longue dépression de 7/8 ans qui s’est terminée par un pic violent nécessitant hospitalisation. Diagnostic: trouble bipolaire. Depuis, camisole chimique. Quelques repliques allant en s’atténuant.répliques dont on peut déceler les dernières sur ce blog. Vous en vivez une. J’espère que c’est la dernière.
Pour moi ces souffrances parfois au delà de la limite du supportable portent un nom: crime contre l’humanité.
barbarie motivée c’est y pas beau
à BasicRabbit,
En êtes-vous arrivé à penser que la critique de la religion est le fondement de toute critique ?
@ Marlowe
Toutafé. A condition bien entendu d’y inclure la religion scientiste…
Je voudrais revenir sur mon commentaire 39 qui n’a eu aucun écho.
Je pense qu’il faut commencer par se poser les questions fondamentales dans l’ordre naturel, dans le bon sens.
Le commencement c’est l’homme et la femme, presque nus dans la nature, et leur enfant.
Faut-il une éducation? Si oui laquelle?
Dans le cadre sociétal faut-il une éducation? Si oui quelle est sa fonction? Comment l’organiser?
Etant lamarckien il est pour moi clair que c’est la fonction qui doit précéder l’organe, les questions qui précèdent sont bien posées dans le bon ordre, le bon sens. En tout cas la réponse va nécessairement différer selon la société que nous voulons. Laquelle voulons-nous donc?
Les ottomans encerclent Constantinople. Dans les cercles du pouvoir on discute du sexe des anges…
PS: J’ai choisi BasicRabbit comme pseudo pour la très cynique phrase attribuée à Mirabeau: « Les hommes sont comme les lapins, ils s’attrapent par les oreilles ». Avec maintenant l’audio-visuel c’est encore bien pire.
Nos élites intellectuelles se considèrent généralement exonérées, car au-dessus de ça, de ce genre d’emprise idéologique.
Or la première chose que l’on dit à la promotion de la grande école dans laquelle on rentre après une rude compétition est: « Vous faites dorénavant partie de l’élite de la nation ». Fier tel le corbeau de la fable, l’impétrant s’empresse d’ouvrir son large bec … pour gober tout ce qu’on lui raconte.
Suite
Crôa, crôa, crôassance…
Voir par exemple « Vers de lumières hayekiennes » de Jean Petitot, qui a formé des bataillons de polytechniciens au CREA, Centre de Recherches en Epistémologie Appliquée, qu’il a fondé.
Bonjour Basic. Ne soyez pas esclave de la réponse. Certains commentaires n’en appellent pas nécessairement. Le vôtre en appelle un, toutefois, sur cette vieille farce de la discussion sur le sexe des anges en plein siège, en 1453. Je peux vous garantir, d’après tous les récits que nous en avons (byzantins, turcs, italiens et français), qu’il n’était pas jusqu’aux moines qui ne tinssent une section de rempart face aux canons de Mehmet II. Le dernier basileus lui-même, Constantin Dragasès, est mort au combat, à la porte Romaion (j’ai retrouvé l’emplacement, où il y a encore les boulets). La défense de la Reine des villes fut héroïque au-delà de l’imaginable, à un contre dix. Si l’on disputa du sexe des anges, ce fut en leur présence, au ciel.
@BasicRabbit
Lamark est-il monté sur les épaule de Darwin ?
Oui, car c’est là où le bas blesse, vous ne voyez pas qu’aucun principe ne peut échapper, à son origine au moins, à la sélection naturelle. Donc même si le lamarkisme existait partiellement, il aurait été sélectionné comme avantage compétitif.
La fonction précède l’organe, ne veut rien dire. Même la fonction de voir les rayon X existe, toutes les fonctions existent avec ou sans organe qui les suit ou précède.
Bonjour Basic,
Moi je pensais plutôt au lapin d’ Alice (aller vers la dinguerie, et surtout en revenir)
Les parents ont une écrasante responsabilité sur l’ éducation de leurs enfants : les griffes de la télé ne sont pas moins acérées que celles des basiquistes-paquerettistes de toutes espèces .
On doit accompagner ce qu’ on dit avec des actes en rapport, sinon on rend maboul.
Vous me semblez vous en sortir très bien à mon humble avis.
Amicalement.
@ Lisztfr
C’est plutôt Darwin qui est monté sur les épaules de Lamarck. Il est l’auteur, sur la fin de sa vie, d’une théorie des gemmules, proches des idées de Lamarck.
Je suis héraclitéen: « Il faut savoir que le conflit est universel, que la justice est une lutte, que toute chose s’engendre selon la lutte et la nécessité. » Presque darwinien, presque…
@ Tigue
Merci. Tout soutien est bon à prendre. J’apprécie particulièrement le vôtre.
Il y a aussi un peu du lapin d’Alice en moi: comment passer de l’autre côté du miroir (et en revenir). C’est, je crois, l’une des principales préoccupations de Lacan: c’est pour cette raison qu’il s’intéresse au plan projectif, au cross-cap, à la surface de Boy.
Je crois que c’est un point crucial dans toute construction politique stable. Pour penser une constitution stable on doit en effet se penser simultanément des deux côtés du miroir: comme individu et comme société. C’est, je crois (je viens de le lire, cf commentaire 70), la préoccupation de Hegel.
@ BRL
Mes commentaires qui se veulent un peu acérés s’adressent aux scientifiques (science économique et science politique comprises). Elle ne s’adresse ni aux sciences dites molles, ni aux lettres ni, bien entendu à la philo. J’admire votre érudition. Mais ma position est qu’il y a le feu et que ce genre de passionnants sujets pourrait être repoussé à plus tard.
« science économique et science politique » sont des sciences dures?!?
@BasicRabbit
Mais moi je suis preneur d’autres approches. Seulement, faute de compétences dans les domaines que vous fréquentez journellement, je vous regarde débattre en prenant des notes. Je ne crois pas, cependant, que l’éducation soit secondaire dans l’ordre des priorités. Il y a péril en la demeure, certes (ce qui signifie qu’il est risqué de demeurer où nous sommes), mais pour éviter le sauve-qui-peut désordonné, il vaut mieux connaître ce péril, dans ses ressorts intimes, pour en ajourner l’imminence, voire le déjouer, en équilibre sur la crête de l’abîme. Je suis assez d’avis que tout se tient, je veux dire que toutes les défaillances s’attirent et se fortifient mutuellement pour nous préparer une rupture civilisationnelle inédite (car, contrairement à nos ancêtres, nous avons beaucoup plus à perdre, matériellement). Les élites, à quelques exceptions près (fort heureusement), ont prouvé et prouvent encore qu’elles sont plus exposées que le péquin à la crédulité. Si vous saviez le nombre de gobe-mouches, parmi nos scientifiques, qui ont reçu sans broncher les explications officielles invraisemblables des attentats du 11 septembre. Tous les témoins de démolitions de tours dans nos villes n’ont pas eu besoin d’être instruits par les ingénieurs et les architectes (à qui cette affaire a porté un coup, car les Twin Towers étaient bien conçues ; à titre de comparaison, le B-25 qui a percuté l’Empire State Building en 1945 n’a pas causé autre chose qu’un incendie, éteint en 40 heures) pour se faire une idée de la cause réelle de l’effondrement. Les gratte-ciels ont été méticuleusement plastiqués. Par qui ? Par d’autres terroristes, probablement, la sécurité de l’édifice ayant déjà été prise en défaut par le passé. Les avions auront fait diversion. Je laisse les scénaristes hollywoodiens et les complotistes en verve monter tout cela en mayonnaise pour nous écrire un roman labyrinthique à la Philip K. Dick. Pour ma part, je m’en tiendrai à ce que j’ai vu et à ce que m’en ont dit aussi bien des architectes que des ingénieurs spécialistes de la résistance des matériaux. Ce qui me navre, c’est que des scientifiques rompus à l’analyse factuelle n’aient tenu aucun compte des règles élémentaires de l’ingénierie. Un petit cours sur la propagande et le décervelage médiatique s’imposerait-il ?
peut être hors sujet, mais une chose me turlupinait . pourquoi a-t-on toujours rendu les masses abruties, abêties , robotisées , que ce soit à des époques par les guerres ou les religions , à notre époque par les publicités , et autres distractions , est-ce parce que le naturel de l’homme est animal et aspire au fond à le rester ? plutôt que de devoir affronter toutes ces séries d’épreuves qui sont censées l’élever ? et qui ne sont pas que des effets littéraires, mais remettent en jeu les fondements de notre être ?
je dis « les masses », je ne dis pas « les personnes au sein des masses » . la somme ne correspond pas .
@ BRL
« Je ne crois pas que l’éducation soit secondaire ».
Pour moi, dans l’ordre:
Quelle société peut-on? Triangle éthique: le « je peux » est le résultat du compromis entre le « je veux » et le « je dois »
Cela pose au passage le rapport homme/femme dans la société.
Seulement après, ama, se pose le problème de l’éducation: d’abord son rôle dans le fonctionnement de la société, ensuite son organisation.
@ Sylla
Peu importe. Ce qui est certain ama c’est que là se cristallise un grand nombre de conflits fondamentaux de la communauté.
Pourtant si comme vous le dites vos commentaires ne s’adressent pas aux sciences molles tout en visant aussi la science économique et la science politique, et que ces dernières en sont (« molles ». Ou même « mi-molles » : la part du « dur » et du « mou » est un enjeu important, et pas que pour les fromages), le facteur risque de s’y perdre un peu.
sauver la terre qui seule peut nous sauver . sans avoir besoin d’y échapper par notre corps. elle est une porte cosmique vers l’infini , le rêve, les dieux ou vers l’universel . ce qui est une façon tout de même d’y échapper .
comment pourrions nous échapper avec notre corps qui est de la terre ? comment se délivrer sans corps ? ou avec un corps cloué ?
alors que la vie se souvient où elle va .
Manque quelques rimes-pas trouvé d’ alexandrins. Dommage.
J’ai commencé à essayer de rentrer dans Hegel. Thom n’en parle, à ma connaissance qu’une fois, plutôt laconiquement: « des lourdeurs de Kant aux fulgurances d’Hegel… »
J’ai commencé par Wiki où j’ai seulement retenu qu’Hegel opérait par thèse-antithèse-synthèse. Toujours dans Wiki j’ai découvert que le yin-yang était associé au « versheben » de Hegel (apparaître/être/disparaître) qui m’a fait penser à l’associer à une fronce, le « trois en un » à tout faire, idéal pour dégripper les situations désespérées. 🙂
Je viens de parcourir EU (version 1990), très bel article de Claude Bruaire. J’y trouve des résonances profondes avec la vision thomienne.
On oppose l’évolution de l’histoire et l’histoire de l’évolution. Si l’on admet qu’évolution et histoire désignent le même concept vu de deux points de vue différents (passé et avenir), la citation de Thom: « les situations dynamiques qui régissent les phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l’évolution de l’homme et des sociétés » devient: « les situations dynamiques qui régissent les phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l’histoire de l’homme et des sociétés. » Hegelien?
Il me semble qu’il y un plus chez Hegel: c’est la profonde identité du Un et du Tout, qui me semble essentielle à sa construction, identité que je n’ai pas (encore) trouvée chez Thom. Je vais lire « Thèmes de Holton et apories fondatrices » où il parle de ça.
j’ai fait faire des devoirs à des enfants…persistance dans l’ élevage des perroquets
pas beaucoup d’espace dans l’apprentissage de la compréhension comme mode fondamental de l’éducation
des données des masses de données , beaucoup de controle des données dès la deuxième semaine d’école ( le règne de la peur de la mauvaise note)
très peu de réponse à: qu’est-ce que tu as compris? qu’est-ce que ça veut dire?
l’euphrate se jette dans le golfe persique
c’est quoi le golfe persique? « ….., heu, ben ça en bleu sur l’image, de l’eau »
c’est quoi un golfe? » ben normalement c’est de l’herbe… »
La société dont je rêve.
Quand je regarde le soin que mon chat prend pour choisir la bonne position avant de s’endormir (d’un seul oeil souvent), quand j’entends des réflexions du genre « l’humain est le plus dénaturé des animaux, il va même jusqu’à prendre sur son temps de sommeil pour se reproduire », je me dis que quelque chose cloche grave dans nos sociétés.
Et je rêve que l’homme utilise sa supériorité à peu près évidente par rapport à l’animal pour faire mieux, beaucoup mieux que lui dans ce domaine.
Principe de base, profiter de la vie au max et, en particulier faire le minimum de choses chiantes (il en restera toujours un peu, faut pas rêver). Façon abbaye de Thélème, pas façon épicuriens, ces hédonistes qui ont avalé leur parapluie.
S’il ne faut que trois heures de corvées par jour, tant mieux, s’il n’en faut qu’une, encore mieux. Au moins ça résout le problème de l’emploi! Ce qui empêche la paresse et l’amollissement, c’est le désir, qui finit bien par se réveiller un jour car vivre c’est désirer. Pour se motiver, se pousser les fesses, on peut aussi, et ama on doit, s’imposer de laisser à la génération suivante mieux que ce qu’on a reçu. Ceci dit autre principe de base, faire toujours de son mieux, même si c’est très lentement. Pourquoi se presser? Il faut bien en laisser aux générations suivantes, n’est-ce pas?