L’actualité de la crise : QUAND LA MOUSSE RETOMBE…, par François Leclerc

Billet invité.

Avec l’annonce de son nouveau programme, la BCE est désormais exposée en première ligne.

Dans un premier temps, les marchés ont exprimé leur satisfaction de la voir prendre sa part du fardeau financier, en annonçant être prête sous condition à acheter de la dette sans limitation de volume ni de temps, ainsi qu’en abaissant le niveau des garanties demandées aux banques qui s’adressent à elle. Ce qui revient à assumer financièrement une part grandissante du risque de crédit ainsi que du risque d’éclatement de la zone euro.

Mais les problèmes ne vont pas manquer de réapparaitre lorsqu’il va falloir agir, l’Espagne étant l’occasion de l’épreuve du feu. Où placer le curseur pour définir les conditionnalités que le gouvernement va devoir s’engager à respecter pour entrer dans le dispositif et voir le taux de sa dette à moyen terme stabilisée ? Ayant retrouvé des marges de manœuvres grâce à la détente observée sur le marchés, le gouvernement Rajoy est tenté de jouer la montre pour obtenir qu’elles soient minimisées, estimant avoir déjà pris l’essentiel des décisions qui s’imposaient.

À l’inverse, le gouvernement allemand, qui dispose d’un droit de véto au sein du FESF/MES, va se trouver sous la pression d’un Bundestag devant approuver tout nouveau plan de sauvetage. Dans le contexte allemand, le curseur ira au contraire dans le sens du durcissement. Les conditions qui seront réservées à l’Espagne exprimeront une tendance sur laquelle le gouvernement italien tente de peser, lui qui veut éviter de s’engager dans cette logique d’échec.

Cette première épreuve accomplie, une seconde attendra la BCE. Que décidera-t-elle si, après avoir stabilisé le taux de la dette d’un pays par ses achats, celui-ci manque à ses obligations, ce qui est aujourd’hui la règle générale, sans exception ? Les stoppera-t-elle, comme Mario Draghi l’a annoncé, ou sera-t-elle forcée de les poursuivre, étant donné les conséquences d’un arrêt ? Ce pays ne bénéficiera-t-il pas, à son tour, de l’aléa moral que les banques connaissent si bien, qui savent qu’on ne les laissera pas tomber en raison des conséquences de leur déconfiture ?

L’OCDE vient de dresser le cadre dans lequel la BCE va devoir agir, et il n’est pas favorable. « La récession européenne ralentit l’économie mondiale », constate-t-elle dans un nouveau rapport, pour en tirer les conséquences et réviser à la baisse ses prévisions de croissance 2012 pour les pays du G7, à l’exception du Japon dont l’État finance les travaux de reconstruction en accroissant sa dette déjà colossale. L’OCDE constate également que la faiblesse économique enregistrée dans les pays « périphériques » de l’Europe « est en train de s’étendre aux principaux pays », dont la France et l’Allemagne.

Est-ce en raison de ces sombres prévisions que Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, vient de déclarer que « le plus important » est dorénavant « d’avoir des politiques de croissance qui permettent de recréer des perspectives d’intégration des marchés, des perspectives de sortie de crise » ? Las ! Il n’a pas donné le mode d’emploi…

Que pourra la BCE si l’économie européenne continue de suivre une spirale descendante dont la pente sera accrue par la diminution des recettes fiscales des États résultant de la récession alors qu’elle tente de la redresser en stabilisant le coût de leur dette ? Le sujet de la croissance va revenir sur le tapis, mais comment passer de l’incantation à l’action ?

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88 réponses à “L’actualité de la crise : QUAND LA MOUSSE RETOMBE…, par François Leclerc”

  1. Avatar de Eric L
    Eric L

    a- t-on besoin d’autant de déplacements, de bruler autant d’énergies, de construire autant de bâtiments qui grimpe haut, de plus d’avions, etc, pour aller où ?, alors qu’on sait qu’on est rivé à cette terre , qu’on fait corps avec elle . pourquoi se donne -t-on tant de peine au travail , ou pour une sorte de guerre qui ne mène nulle part ? ou qui rend le monde malade ou dans des états pitoyables de misère, malgré la vitrine olympique . pourquoi autant de promiscuité , de concentrations urbaines, de bruits, et par conséquent de révoltes qui non plus ne conduisent nulle part ou bien qui répètent les mêmes erreurs, les mêmes choix correspondants aux mêmes vides ? la vie sans plaisir . travail , course, ennuis de toutes sortes , quelle que soit la caste à laquelle on appartient . on est rongé d’angoisse , dépassé par un monstre dont nul ne sait contrôler les réactions , système fantôme . et où chacun « croit » qu’il peut quelque chose en prenant les rênes du pouvoir . ce qui ne fait qu’attiser les rivalités et l’incompréhension générale.
    c’est comme si l’humanité passait à côté d’elle même . n’entendant plus sa voix . la voix de la terre, son chant .
    on a fait le plein de tous ces objets, le rythme peut trouver son repos .

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  1. Dans ce cas, effectivement, c’est plus délicat.

  2. nb : j’ai écrit imaginer et non croire.

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