Billet invité.
Selon un rapport pour le moment non officiel du US Government Accountability Office, la cour des comptes des États-Unis dépendante du Congrès, le récapitulatif des liquidités prêtées au système bancaire mondial par la Réserve Fédérale atteint des montants gigantesques. La disparition du crédit interbancaire international depuis la crise des subprimes obligerait la Fed à accorder des découverts illimités aux grandes banques internationales pour les maintenir à flot malgré des pertes latentes très supérieures à leurs fonds propres officiels.
Les sommes en jeu seraient de l’ordre d’une année de PIB des États-Unis, c’est à dire un cinquième du PIB mondial. Il est techniquement impossible d’établir des comptes exacts entre les banques et la Fed du fait de la qualification juridiquement imprécise des engagements effectivement négociés. Selon les hypothèses préalables à toute comptabilité, l’évaluation de la réalité économique appréciée dans les bilans bancaires permet d’afficher n’importe quel montant de capitaux propres. Vu la physionomie de l’économie mondiale en 2012, il est tout à fait probable que l’actif net consolidé du système bancaire mondial soit lourdement négatif. Une fraction de la dette mondiale est comptabilisée à sa valeur nominale sans qu’il n’y ait le moindre actif réel en contrepartie.
Le système bancaire mondial est en fait à découvert face aux banques centrales. Pour faire face à l’assèchement total de la liquidité sur le marché interbancaire en dollar après la faillite de Lehman, la Fed a suspendu ses règles habituelles de collatéralisation des allocations de monnaie. Pour faire face à l’urgence, les banques ont donc emprunté à la Fed sans contractualisation précise des engagements et sans avoir à déposer des actifs réels de prix nominal au moins correspondant. Les découverts d’urgence ont été remboursés par la suite grâce à un abaissement de la qualité et de la sûreté des collatéraux admis en contrepartie des crédits centraux. Il y a eu substitution des découverts par des crédits formellement plus conformes mais en fait de moindre solvabilité réelle qu’avant la crise.
Le cours forcé des monnaies convertibles en dollar par des changes flottants et l’indépendance des banques centrales, place le système bancaire mondial au-dessus de toute loi et de toute responsabilité objective. Les deux quantitative easing de la Fed ont servi à faire gonfler les allocations de liquidité au système bancaire en dollar sans avoir à justifier d’une contrepartie plausible dans l’économie réelle. La BCE a opéré de la même manière au premier semestre 2012 en débloquant plus de 1000 milliards de liquidité en euro sans véritable adossement à des investissements réels.
Le résultat du renflouement des banques par de la monnaie centrale légale est la monstruosité des bilans des banques centrales par rapport à l’économie réelle. Les banques centrales sont des bad banks gorgées d’actifs pourris. Le prix réel de ces actifs est infime par rapport au prix nominal des crédits centraux alloués. Le blocage actuel de la zone euro vient du fait que les Allemands refusent de gonfler davantage le bilan de la Bundesbank avec des crédits ne reposant pas sur une croissance économique réelle.
Les Allemands sont largement favorables à forcer le système financier à se déclarer en faillite pour que les non-Allemands assument leurs pertes en euro avant que tous les actifs financiers pourris n’aient été transférés à la BCE et à la Bundesbank qui sont créancières nettes des banques privées en faillite. Les Allemands se voient meilleurs que les autres et pensent survivre mieux que les autres dans un monde en ruine. Les Anglo-saxons ayant pratiqué le quantitative easing sans retenue cherchent au contraire à plomber au maximum les bilans de la BCE et de la Bundesbank pour ne pas se trouver en position d’infériorité au moment de la liquidation générale qui arrive.
En fait, tout le monde a fait ses comptes et connaît la déconnexion radicale de l’économie financière par rapport à l’économie réelle. Le but du jeu financier actuel entre les États et les banques est d’acquérir le contrôle physique d’un maximum de ressources réelles afin de les saisir au moment de la cessation de paiement générale que sera le rétablissement des frontières financières après la faillite internationale des banques et monnaies de réserve.
96 réponses à “LA FINANCE DU SAUVE QUI PEUT, par Pierre Sarton du Jonchay”
Le pyramide de Ponzi continue de plus belle:
Le FMI débloque un nouveau prêt de 920 millions d’euros à l’Irlande.
Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé mercredi le versement d’un prêt de 920 millions d’euros à l’Irlande dans le cadre de la ligne de crédit de 23,5 milliards d’euros accordée au pays en 2010 pour lui éviter la faillite, a indiqué le FMI dans un communiqué. Après avoir évalué la situation économique de l’Irlande, le conseil d’administration du FMI a autorisé le déblocage d’une nouvelle tranche d’aide, la huitième depuis le lancement du programme, portant à 19,1 milliards d’euros le montant des prêts accordés par le Fonds au pays, a précisé le FMI.
http://www.lesoir.be/actualite/le_fil_info/2012-09-05/le-fmi-debloque-un-nouveau-pret-de-920-millions-d-euros-a-l-irlande-936139.php
Je crains que vous ayez foutrement raison…
Votre article dépeint a merveille le jeu de la patate chaude des banques entre elles. C’est bouillant et c’est pour toi !
Et les latins dans tout ça ? Ils sont pris entre la marteau pilon Quantitative Easing et l’enclume Bundesbank. Diantre, que c’est moche tout ça. Pourquoi a-t-on flatté la cupidité des hommes ? Comment mes ainés ont pu laissés faire ça ?
Parce qu’ils ont cru ou voulu croire pouvoir y gagner; tout simplement.
Bernie Sanders est sénateur indépendant du Vermont siègeant avec les démocrates.
Présentation du rapport du GAO sur le site du Sénateur Bernie Sanders
Rapport d’audit de la Fed daté de juillet 2011 accessible par le site du Sénateur Sanders
Pierre , pourriez vous nous faire une synthèse de ce rapport d’audit ? Je pense qu’il serait utile d’en faire connaître la teneur à minima de manière à le faire circuler…
D’avance merci .
Il faut d’urgence « interner » tout ce petit monde de fous!
Ce ne sont pas de fous mais des délinquants…
Quand la délinquance consiste à faire voter des lois, utiliser ou créer des vides juridiques pour se soustraire aux anciennes, on appelle ça comment?
BOUM ! article EX-PLO-SIF ! manque juste la date…
je partage pas sur FB ce soir histoire que mes amis passent une bonne nuit…quant à moi je préférais les articles aristotéliciens de Pierre auxquels je ne comprenais rien mais qui avaient l’avantage de ne pas trop m’angoisser, un remake joyeux post-lecture du sourire enjoué de l’idiot du village … ah rassurante ignorance…donc le retour d’Aristote c’est pour bientôt ou je fais péter les anxiolytiques ?
Fais péter !
Anxiolytiques?y’a des trucs plus sympa a faire pousser.
Ce matin, ma vendeuse d’épices m’a donné un piment d’Espelette tombé derrière les fagots et m’a dit de récupérer les graines. Je ne pouvais pas en acheter un seul, en dehors de la tresse, car il s’agit d’une « marque déposée ». J’ai pris son petit piment rouge comme un lingot d’or, avec l’impression bizarre d’être hors-la-loi.
vaut mieux s’en envoyer **un derrière la cravatte, et, ce, sans modération aucune …
**et du bon, de préférence ( pure malt, ? mais c’est trop anglois …ah, c’est vrai vont faire sécession, les scottish : donc, c’est à voir, et à boire qu’il nous faut oh,oh,oh,oh =) c’est pour vérifier s’il y a un contrôle des ligues de vertu …) : pisque c’est la guerre, restons gaulois : un cognac, un armagnac, un calva., un , une prune, une mirabelle : c’est délicat, … ? =) merci de faire parvenir une bonne bouteille à …qui transmettra …
mais, avé le grand plongeon, va falloir ressortir les alambic … et oeuvrer nous même …soyons créatifs, que diable !
signé :
Hannah-thème.
Hit the road, M, and don’t you drink no more no more no more
hit the road, M, …
Maître Folace : Touche pas au grisby … salope !! …
Paul Volfoni : L’alcool à cet âge là… enfin !
Fernand Naudin : Non mais c’est un scandale !
Raoul Volfoni : Nous par contre on est des adultes,.. on pourrait peut être s’en faire un ptit !
Fernand Naudin : Maître Folace ?
Maître Folace : Seulement le tout venant a été piraté par les mômes. Qu’est ce qu’on se fait,… on se risque sur le bizarre ? ça va rajeunir personne !
Raoul Volfoni : Ah nous v’là sauvés !
Maître Folace : Sauvés… faut voir !
Jean : Tiens, vous avez sorti le vitriol !
Paul Volfoni : Pourquoi vous dites ça ? Il a l’air pourtant honnête !
Fernand Naudin : Sans être franchement malhonnête, au premier abord, comme ça il a l’air assez curieux.
Maître Folace : Y date du mexicain, du temps des grandes heures, seulement on a dû arrêter la fabrication : y a des clients qui devenaient aveugles, alors ça faisait des histoires…
Raoul Volfoni : Faut reconnaître, c’est du brutal !
Paul Volfoni : Vous avez raison il est curieux !
Fernand Naudin : J’ai connu une polonaise qu’en prenais au p’tit déjeuner… Faut quand même admettre que c’est plutôt une boisson d’homme.
Raoul Volfoni : Tu sais pas ce qu’il me rappelle, c’t espèce de drôlerie qu’on buvait dans une p’tite taule de Biénoa pas très loin de Saigon… Les volets rouges … et la taulière, une blonde comaque… Comment qu’elle s’appelait Nom de Dieu ?
Fernand Naudin : Lulu la Nantaise !
Raoul Volfoni : T’as connu !?
Paul Volfoni : J’y trouve un goût de pomme
Maître Folace : Y en a !
…
Maître Folace : Hé, Hé, Hé ! 50 kilos de patates, un sac de sciure de bois, il te sortait 25 litres de 3 étoiles à l’alambic.Un vrai magicien ce Jo. Et c’est pour ça que je me permets d’intimer l’ordre à certains salisseurs de mémoires de bien vouloir fermer leur claque-merde ! ah.
Paul Volfoni : Vous avez beau dire, y’a pas seulement que de la pomme, y’a aut’chose. Ça serait pas dès fois de la betterave, hein ?
Fernand Naudin : Si, y’en a aussi.
tiens je pensais exactement la même chose. C’est bien son premier article que je comprend intégralement, c’est pas une bonne nouvelle pour la qualité de mon sommeil.
Ce billet fait froid dans le dos, comme quoi une communication construite de manière simple fait mouche. (un grand merci aussi a Mr PSdJ pour les autres billets qui sont un délice intellectuel et nourrissent mes reflexions).
Bien, maintenant que faire,… individuellement,… ça ne mène pas très loin, … collectivement, nous nous en sortirons quoi qu’il advienne.
Le temps est à un renouveau de la solidarité, …. pas de grand soir… ce qui comptera bientôt, c’est de se nourrir (physiquement et intellectuellement), se vêtir, s’habiller, se loger (se chauffer)… revenir à des considérations plus simple,… cultiver son potager et vivre avec les aléas du temps et des saisons… retour à la terre mère… aux joies simples … liées à un moindre confort…
Que faire pour un particulier souhaitant se protéger de ce désastre à venir.
A/ Construire un bunker en Antarctique et payer une milice privée pour sa protection.
B/ Tenter par tous les moyens de prévenir le désastre
Ma grande tante qui est morte presque centenaire nous disait : « ah mes enfants vous en verrez d’autres »
Et bien voilà, on en voit d’autres et on a pas fini d’en voir.
Mais bon elle avait vécu deux guerres mondiales et la crise de 29 entre autre. Je crois qu’on a de la marge pour l’instant. 🙂
prendre une tente , une canne à pêche et aller au bord de la mer, il fait beau en septembre
l’échéance du 1er octobre emportera son lot de banques européennes
… pour ceux qui se rappelle comment évoluait la liste des établissements financiers américains en cessation de paiement…
Trempez une de vos mains dans de la peinture couleur ocre véritable, faire l’empreinte où bon vous semble en psamoldiant : « je suis vivant ».
Vous pouvez trouver ça ridicule mais pour le moment c’est la seule chose qui me vient à l’esprit.
Mettre la tête dans le sable ? non, je vous le déconseille vivement.
Jamais homme n’a pu regarder les étoiles avec son postérieur.
Le désastre, c’est aujourd’hui !!! l’effondrement de la propriété privée n’est en aucun cas un problème.
On peut remplacer la propriété privée et financer l’économie en mutualisant nos avoirs.
Utopique ??? Les banques mutualisent déjà nos dépôts mais au bénéfice de la propriété privée !!
Définition de la propriété privée :
Patrimoine rentier, essentiellement financier, qui s’accroît du simple fait de son existence sous prétexte de financement de l’économie privée ou publique.
+1 Toutouadi
C’est le renforcement de la propriété privée qui est au programme, pour ceux qui en auront encore les moyens.
Pour les autres …
Au programme de qui?
On en a rien à cirer des gens qui ont ce programme. Je ne vois même pas qui est concerné. Qui peut croire qu’il sera à l’abri dans (et/ou avec) sa propriété quand tout le monde sera à la rue avec la faim au ventre?
@ Miluz :
: du 1% et voilà ce à quoi ils veulent aboutir :
http://www.lepoint.fr/monde/et-le-honduras-crea-les-villes-privees-06-09-2012-1503388_24.php
+ Sociétés de Sécurité privées + les Zones Économiques Spéciales
Limpide
C’est ça qui est beau dans ce scénario:acheter tout , avec l’argent des autres ,argent d’ailleurs, que l’on a déjà dèpensé.
D’une part, Les Allemands sont largement favorables à forcer le système financier à se déclarer en faillite pour que les non-Allemands assument leurs pertes en euro avant que tous les actifs financiers pourris n’aient été transférés à la BCE et à la Bundesbank qui sont créancières nettes des banques privées en faillite.
Et d’autre part, Les Anglo-saxons ayant pratiqué le quantitative easing sans retenue cherchent au contraire à plomber au maximum les bilans de la BCE et de la Bundesbank pour ne pas se trouver en position d’infériorité au moment de la liquidation générale qui arrive.
Il y a un ou plusieurs bras de fer entre amis-concurrents, ça m’a l’air d’aller de soi. Quelle est la carte de la France et des autres pays pas encore vraiment sur la sellette, comme la Belgique et les Pays-Bas ?
* * *
Le but du jeu financier actuel entre les États et les banques est d’acquérir le contrôle physique d’un maximum de ressources réelles afin de les saisir au moment de la cessation de paiement générale que sera le rétablissement des frontières financières après la faillite internationale des banques et monnaies de réserve.
Faillite internationale des banques seules, ou aussi des monnaies de réserve ? Comment pourrait se dérouler un scénario de faillite ou de dégonflage de la bulle en dollars? Un nouveau dollar pour cent ou pour mille anciens ? La séparation du dollar intérieur au territoire des USA, et du dollar distinct en balade dans le reste du monde ?
Va-t-on vers une déclaration de week-end de la fin de l’Euro, et le redémarrage en monnaies nationales le lundi matin de tout le monde dans la zone euro, ou seulement, soit des pays à futures monnaies « fortes » qui en sortent avec l’Allemagne, soit des pays en situation de faiblesse qui sont démis avec la Grèce ?
http://www.spectrezine.org/radical-left-set-huge-gains-dutch-election
Pffffffff … « Qui l’eut cru ? » … Non, vraiment ? … enfin, on croit bien à la multiplication des pains …
Pfffffff … donc, si j’ajoute un ‘zéro’ à chacun de mes billets, ça va marcher aussi … ?
… Sais pas pourquoi, mais ce soir est à la drôlerie.
Le travail physique épuisant, le souci de la maison et des enfants,
les querelles, mesquineries entre voisins, les films, le football, la bière,
le sexe et surtout le jeu, formaient tout leur horizon et comblaient leurs esprits.
Les garder sous contrôle n’était pas difficile.
Georges ORWELL 1948
Fini tout ça ! Le rêve se termine. Le cauchemar commence mais pas pour tous. Pour les cupides et les stupides ! Ils croyaient qu’on faisait une partie de Monopoly à Las Végas ?
En revenir à l’économie réelle bien sûr et comment !
1/5 du PIB mondial = environ 11000 milliards de $.
Dans le vrai monde sensible de l’économie réelle on peut faire un sacré paquet de trucs utiles avec tout ce grisbi.
Question bête: mais où sont donc ces $11 000 000 000 000 à présent ?
Bel article . Une autre chose symptomatique de la démocratie et des solutions du néo libéralisme à l’américaine (c’en est grotesque) : Madeleine Albright, candidate au rachat des télécoms du Kosovo
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0202250034208-madeleine-albright-candidate-au-rachat-des-telecoms-du-kosovo-359034.php
Extrait : « Mme Albright était secrétaire d’Etat du président Bill Clinton au moment des bombardements de l’Otan, au printemps 1999, ayant fait cesser la répression des forces serbes contre la guérilla indépendantiste albanaise du Kosovo. » Ca s’appelle un peu du dépeçage au nom de la démocratie.
C’est bien la mafia qui incendie votre boutique avant de vous protéger ?
Ca montre aussi les moyens que peut détenir un ministre des affaires étrangères américain. La ploutocratie à son apogée. On dirait les fonctionnaires véreux de l’empire romain, faisant leurs affaires dans leur coin…
ah non, ah non, m’insurgé-je ! Foi de Celte ( trés, trés, trés mélangée, sans compter ce qu’on ne sait pas : nos aïeules avaient tout-de-même le droit de s’amuser un brin…), le romain n’était point tous les jours un jolly good fellow, certes, mais rapport au yankee, il était fort civilisé : z’ont même laissé routes et monuments fort beaux, et, des vignes – ce qui n’est pas rien : un art de vivre, en somme …
Hadrien, reviens ! ( je le préfère à jules : on a ses têtes …)
Je me languis aussi du phénicien et du phocéen, avec qui nous nous sommes agréablement mêli-mêlés, le commerce ( le vrai ) aidant …
Un vieux souvenir de Verrès dans Ciceron, édile friand de pots de vin et condamné par ce dernier.
Ahhhh Verrines (pas Védrines oh ! )…
« […] Je vous accuse, Verrès, d’avoir reçu contre les lois quarante millions de sesterces. Je conviens en même temps qu’on ne vous a pas compté une seule pièce d’argent; mais lorsque, pour prix de vos décisions, de vos ordonnances, de vos arrêts, on donnait des sommes, il n’était pas question de savoir dans les mains de qui on les comptait, mais par qui elles étaient extorquées. Vos mains, c’étaient ces compagnons de votre choix; vos mains, c’étaient vos préfets, vos scribes, vos médecins, vos huissiers, vos aruspices, vos crieurs : plus on vous touchait de près par le sang, par alliance ou par quelque iaison, plus on passait pour être la main de Verrès; toute cette bande de vos gens qui a fait à la Sicile plus de mal que cent cohortes d’esclaves fugitifs, c’étaient vos mains. Tout ce qui a été pris par chacun d’eux, non seulement vous a été donné mais a été compté entre vos mains; il est impossible de ne pas le penser. En effet juges, si vous approuvez cette défense : «Verrès n’a rien reçu», supprimez alors tous les procès de concussion. On ne vous amènera jamais d’accusé, de coupable, qui ne puisse se servir de ce moyen. » […]
Voyez-vous, Romains, ce nom de Verrutius ? voyez-vous les premières lettres entières? voyez-vous la dernière partie, la queue même du porc ensevelie sous la rature, comme sous la fange ? […]
http://remacle.org/bloodwolf/orateurs/preture.htm
Madeleine Albright : « c’est un choix difficile mais je crois que cela en vaut la peine. »
Lesly Stahl, CBS
« En juin, les autorités kosovares ont annoncé que l’ex-général américain Wesley Clark, à la tête d’une campagne militaire de l’Otan ayant chassé les forces serbes du Kosovo il y a treize ans, avait demandé une licence en vue d’exploiter des ressources en charbon pour le compte d’une société canadienne, Envidity, qu’il dirige. » C’est bon ça!…
« Moi aussi, j’ai été aux enfers, comme Ulysse, et j’y retournerai souvent ; et je n’ai pas seulement sacrifié des moutons pour pouvoir m’entretenir avec quelques morts, c’est aussi mon propre sang que je n’ai pas ménagé. Il y eut quatre couples à ne pas refuser leur réponse à mon immolation : Epicure et Montaigne, Goethe et Spinoza, Platon et Rousseau, Pascal et Schopenhauer. C’est avec eux qu’il me faut m’expliquer quand j’ai longtemps marché seul, par eux que j’entends me faire donner tort ou raison, eux que je veux écouter quand ils se donnent alors eux-mêmes tort et raison entre eux. Quoi que je puisse dire, résoudre, imaginer pour moi et les autres, je fixe les yeux sur ces huit-là et vois les leurs fixés sur moi. – Puissent les vivants me pardonner s’ils me font parfois l’effet, eux, d’être des ombres, si pâles et irritées, si inquiètes et, hélas ! si avides de vivre, tandis que ceux-là me paraissent alors aussi pleins de vie que s’ils ne pouvaient plus maintenant, après leur mort, être jamais las de vivre. Or, ce qui compte, c’est bien cette vivace pérennité : qu’importe la « vie éternelle » et en somme la vie ! »
Humain trop humain – Nietzsche
Mais je ne comprends pas…Tous ces documents semblent datés de 2011. Pourquoi ressortent-ils maintenant (même si bien sûr ils n’auraient jamais du être enterrés) ? Campagne électorale ?
J’ajoute que cette …..éhontée soutient à fond Obama…
« au moment de la liquidation générale qui arrive » : une prophétie ?
La fameuse course de lenteur, évoquée il y a déjà quelques années icite même.
Sur le ‘Messieurs les anglais, plombez les premiers ! », je partage. Sur la nouvelle hybris allemande, je suis plus circonspect.
Merci Pierre pour ce très utile et très aérien contrepoint à la vision trop européanocentrée de Sapir. Une question me taraude : se pourrait-il que la mégabanque Goldman Sachs soit aussi mal en point que ses consœurs ? Autrement dit, à combien se monte sa part – si celle-ci est déterminable – dans le bilan des actifs vermoulus déposés à la FED comme garantie, pour autant qu’une périssoire garantisse contre le naufrage ?
La morale de l’apologue : tant va la banque aux liquidités qu’à la fin elle prend l’eau.
GS est la vitrine commerciale de la FED… Même pas sûr qu’on lui demande une quelconque garantie en échange des flots de USD qu’elle en reçoit.
Enfin la vérité !
AMEN
@PSJ
Quand vous êtes court, vous êtes d’une clarté redoutable.
Ce qui se conçoit bien…
Pour comprendre qq il faut comprendre son langage. On dit que la langue d’une société traduit sa vision du monde.
Thom: « Je suis convaincu que le langage est le dépositaire ancestral de notre espèce, détient dans sa structure les clés de l’universel le structure de l’être. »
Désolé. Il y a une erreur de compréhension de la nature de la monnaie dans cet article : la valeur d’échange de la monnaie est probabiliste, symbolique et n’a rien à voir avec la valeur d’usage relativement fixe des échanges coutumiers par troc ; ces derniers dépendent de la reconnaissance de la sueur dépensée pour produire ou acquérir un bien concret, mais la monnaie ne sert pas à ça ou marginalement, par exemple comme unité de compte pour le troc (le dollar actuellement) ; c’est un biais marxiste, qui confond les deux valeurs pour des raisons idéologiques. Ça brouille plutôt les idées, que d’aider à y comprendre quelque chose…
Si tel est le cas la monnaie est inapte. Le montrer est simple à partir du théorème cox jaunes en posant une simple question. Que se passe t il si le monde est absurde ?
une réflexion au raz des pâquerettes : l’argent n’étant que l’outil du troc , un vide substantiel donc, comment cet outil peut-il avoir acquis une valeur , il ne peut en réalité ne valoir ni plus ni moins que celles d’un bien , travail ou patrimoine, équivalent à une ressource, sans pouvoir dégager une quelconque valeur ajoutée , sinon une fausse.
celui qui veut acheter une maison, et qui en possède une , a deux solutions, soit il emprunte la somme correspondante à la banque, pour pouvoir acheter la première ; soit il s’arrange avec son vendeur pour que celui attende qu’il ait résolu la vente de son bien. dans ce cas la banque n’est pas nécessaire.
c’est une question d’entente entre les gens qui se font crédit ?
très au raz des pâquerettes …
une autre chose , aussi : dans un monde où cette course au fric est devenue la priorité, tous les coups sont permis pour s’accaparer les biens , et magouiller , et spéculer, sans que ce soit illégal . il suffit d’avoir des copains bien placés qui vous filent des tuyaux, et hop, vous passez devant tout le monde . n’est-ce pas merveilleux ?
à PSJ,
Intuitivement et logiquement, je partage votre avis. Le système financier mondial est en faillite.
Mais il n’y a pas que le système financier qui le soit.
Le monde, c’est à dire ce qui est nommé économie réelle, est en faillite totale car les vrais coûts ne sont jamais pris en compte à l’image de l’industrie nucléaire ou du transport international et somme toute de la quasi totalité de l’économie.
Mais l’heure est venue où les additions se présentent.
Cela ne serait pas problématique si nous avions quelques planètes de rechange.
Nous ne les avons pas.
+1 Marlowe
Ce qui m’étonnes dans ce « désastre » annoncé, c’est qu’il n’a pas encore eut lieu …vu que toutes les conditions sont , apparement , remplies pour son avénement .
Qu’une expertise de plus explique qu’une dette foireuse détenues par des banques à été remplacée par du crédit des banques centrales , à vrai dire , rien de nouveau sous le soleil .
Si le système marche encore , n’est ce pas parce que les actifs réels ne sont pas si importants que celà?
Peut être , au fond , que : » tant que l’activité va , tout va? « .
Merci pour ce billet qui dit tout haut ce que l’on supposait; bon on est prévenu et l’avenir s’annonce « sportif » ….
Coucou,
Valeur, confiance,
Est ce que rechercher la vraie valeur des choses n’est pas une sorte de graal ?
A un moment donné, ce qui vaut 10 vaut 1, puis plus rien, ou beaucoup , un peu comme la firme apple, reine du pipeau et du marketing, mais qui propose des truc qui plaisent actuellement.
Le dollar est indexé sur le pétrole, l’euro sur une confiance perdu, le yuan sur 1 md d’esclaves nationalistes qui se revolteront peut-être un jour…
Pourquoi vouloir solder les comptes maintenant ? Pour chasser une elite incapable ou corrompue ?
Votre recherche de vérité est passionnante. Votre tentative d’explication par les dérivés semble toujours être la solution jusqu’au moment de la touche finale ou des hommes, des groupes d’hommes, libres, riches, corrompus ou non, lâches, ou non, doivent faire semblant de décider de truc important….
Les hommes veulent ils la paix, ou la guerre. Qu’y a t il dans les têtes des hommes actuellement ? L’europe va t elle se transformer dans une yougoslavie puissance 10.
« Le capitalisme porte la guerre comme la nue l’orage. »
La guerre, le solde , n’est que la victoire de nos petites lachetés, nos grandes croyances, d’un temps zero qui n’existe pas, qui n’a jamais existé .
Bonne journée
Stéphane
Je crois que le temps zéro existe que nous faisons exister à l’instant présent. Si nous disons que l’instant présent est l’origine, alors il est la fin du temps passé et l’origine de toute espérance du futur que nous choisissons de poursuivre. Le temps zéro est donc la fin et l’origine que nous vivons au présent pour que notre vie est un sens du passé au futur. Cela est impossible à saisir quand la finance réduit le temps à des nombres sans objet, ni réalité, ni temporalité.
@ PSDJ
Je crois que c’est effectivement un point important. Si, suivant Thom, le continu précède ontologiquement le discret alors le paradoxe d’Achille et de la tortue disparaît et un instant n’est pas un grain de temps, c’est un intervalle d’épaisseur infinitésimale, ce n’est pas pareil. Dans le cas contraire, le seul possible si l’on veut utiliser l’informatique, le paradoxe réapparaît, et avec lui l’inintelligibilité de l’intemporalité.
Quoi faire avant la catastrophe? Pour moi c’est prendre à nouveau un fusain, des pinceaux et essayer de faire quelque chose de beau, quelque chose qu’on ne jettera pas, qui survivra à mes clients et à moi même et dont mes petits enfants seront fiers. Le reste ma foi est tellement peu de mon ressort…
Je ne sais trop pourquoi mais me revient en mémoire cet homme âgé interviewé sur une télévision australienne il y a plus de trente ans et auquel on disait: » Imaginons, Monsieur, qu’une bombe atomique tombe à 50 kilomètres de chez vous; que feriez-vous? » Et le vieux de répondre: « Je me remettrais à fumer. »
« On est des inutiles et c’est à ça qu’on sert »
Veronika Mabardi
http://www.pirate-photo.fr/forum/viewtopic.php?t=769
« Pour ne plus jamais perdre »
Veronika Mabardi
… ces trois textes rauques et sensibles comme une chanson de Patti Smith : « Je glisse dans l’obscur, couchée sur la margelle au bord de l’eau, lente gestation de ta disparition, dans l’odeur de carton mouillé, j’écarte ta voix comme j’écarterais un tissu âpre et capitonné, par vagues successives, pour plus de nudité, pour plus rien, j’efface le laurier de ta toux, la fenêtre griffée, l’orange de la chambre au bout de l’escalier, je me faufile à l’intérieur du chagrin… »
@ PSDJ
Avez-vous persévéré dans la lecture de Thom?
Quand je suis arrivé sur ce blog, j’ai associé le problème du prix à la catastrophe de fronce. Pour la raison suivante: Car je considère la théorie des proportions d’Aristote, toujours au pif, je n’ai pas lu, limitée à la catastrophe pli. Je suis maintenant à peu près convaincu que ce n’est pas suffisant: le mecanisme actuel est fondé sur le « struggle for life », que je vois associé à la catastrophe fronce.Je vous ai déjà dit que je pense qu’il faut aller plus loin. Le papillon? Il faut comprendre le mécanisme de l’échange. Le qualitatif avant le quantitatif.
JL Godard a filmé Thom dans le film* « René(e)s ». Il parle de trucs comme ça. Et ça permet de voir l’homme. C’est important, je crois.
* dispo sur le net avec ces mots clés en sélectionnant les vidéos.
PS: la fronce est guerrière. Thom associe la construction, l’architecture, à la queue d’aronde. Le papillon serait-il la catastrophe du commerce?
Est-ce que c’est parce que les grecs ont le commerce dans le sang et que les allemands ont « seulement », eux, la construction, qu’ils ne s’entendent pas?
Ce n’est effectivement pas discutable : les banques centrales sont devenues les bad banks du système bancaire (ce qui ne signifie pas que leurs bilans sont totalement assainis). Leur création monétaire – déguisée dans le cas de la BCE – n’a comme contrepartie que des actifs dont la qualité est indéterminée mais dont la valeur continue à se déprécier.
A partir de là, je diverge ! Je ne crois pas qu’une bataille est engagée entre les unes et les autres pour, au final, accaparer les actifs qui se révéleront être les moins dépréciés et laisser les autres se débrouiller avec leurs pertes; expliquant pourquoi la Bundesbank cherche à contenir la quasi-création monétaire de la BCE pour minorer sa part.
Les banques centrales sont toutes contraintes par le déroulement de la crise de continuer à accroître la taille de leur bilan en acceptant des actifs douteux en garantie de leurs créances vis à vis du système bancaire. C’est le prix qu’elles doivent payer pour que le système financier reste à flot, qu’elles tentent de contenir au prétexte du danger inflationniste.
Mais , au-delà de sa stabilisation relative à laquelle elles contribuent, elles conservent l’espoir que la situation va se rétablir. C’est à dire que les actifs qu’elles possèdent vont retrouver sur le marché une valeur compatible avec leur décote au moment de leur prise en pension, et qu’elles vont à un moment pouvoir s’en délester.
Cet espoir est la forme ultime du pari sur l’avenir que le système financier est en train de faire. Il substitue la création monétaire au financement de la dette par de nouvelles dettes, qui devient de plus en plus scabreux. En témoigne la hausse des taux d’intérêt sur le marché des capitaux, pour l’instant freinée par le reflux de ceux-ci sur la dette à qui il est accordé une valeur refuge qui ne pourra pas être maintenue.
Cet espoir repose sur la croyance qu’il va être possible de relancer le système après une longue période de purge entraînant l’économique dans une phase récessive, probablement accompagnée de la déflation, devenue le plus grand danger.
Il en ressort une interrogation sur les marges de manœuvre des banques centrales. Jusqu’où pourront-elles accroître la taille de leur bilan et, à leur tour, accroître l’effet de levier entre leurs capitaux propres et leurs engagements ? Quel sens aurait leur recapitalisation, qui reposerait sur les États (et également sur les banques privées dans le cas des États-Unis), vu les montants en jeu ?
Les banques centrales sont des bad banks de dernier ressort et ne disposent pas d’un échelon auquel elles pourraient confier leur récolte de patates chaudes. Au final, il ne peut résulter de l’accumulation de celle-ci, si elle se poursuit, qu’un effondrement de la confiance dans la monnaie dont elles sont les gardiennes, c’est à dire de sa valeur mesurée en biens et services.
Merci François pour ce salutaire rappel à la raison. Et bien sûr pour la conclusion qui rappelle qu’au final c’est bien le système monétaire qui est en jeu dans le triplement des BC depuis 2007. Ne pas oublier que le bilan de la BCE par exemple, même aux sommets qu’il atteint – et dépassera – ce n’est encore que moins de 10% du bilan des banques de l’eurozone (35 000 milliards), moins de la moitié des actifs des banques françaises. Mais c’est d’la monnaie centrale…
Ceci est une image de l’accumulation de patates chaudes.
Chez les Européens, il me semble que l’espoir se manifeste aussi dans le renforcement des traités et Bâle III. L’un et l’autre, qui ne comportent rien de neuf et ne remettent pas en cause les fondements, entretiennent l’illusion que le système est viable pour « rassurer les marchés« .
@ PSDJ
« La dissolution financière du réel entre le comptable nominal et la réalité tangible introduit la concomitance de l’inflation et de la déflation ; inflation et déflation qui se compensent dans la nominalité des moyennes mathématiques. »
Une remarque de matheux (déjà faite ailleurs sur ce blog, je ne sais plus où). Je serais capable, je crois (je m’avance peut-être un peu trop), de donner un sens philosophique à la demi-somme (le moyen terme) de deux nombres (en contexte additif). Je ne pense pas être en mesure de trouver la moyenne, le moyen terme de trois nombres (toujours en contexte additif). Si ce moyen terme est le tiers de la somme, la moyenne usuelle, ce que tout le monde fait, je ne vois pas de raison qui pourrait le justifier.
@Basic Rabbit,
Le prix : un phénomène complexe
Le lieu mathématique de manifestation de l’inflation concomitante de la déflation est le corps des nombres complexes. Pendant que l’inflation est mesurée par la partie imaginaire des prix, la déflation est mesurée par la partie réelle. Comme la science économique, la finance et la politique ne font pas la différence entre le réel et l’imaginaire, elles compensent inconsciemment dans la mesure du niveau des prix les deux dimensions du phénomène de variation. On se retrouve avec des tout petits montants de croissance et de variation des prix alors que l’inflation est explosive et la croissance dépressive.
@ PSDJ
« Le lieu mathématique de manifestation de l’inflation concomitante de la déflation est le corps des nombres complexes. Pendant que l’inflation est mesurée par la partie imaginaire des prix, la déflation est mesurée par la partie réelle. »
Oups! Je n’y connais rien en finance, aussi je me garderai de commenter.
Voici ce que cela m’évoque.
Une des clés de la théorie des catastrophes est le théorème de préparation de Malgrange dont on peut, je crois, dire qu’il généralise au cas réel le théorème de préparation prouvé par Weierstrass dans le cas complexe. La très grande difficulté de la preuve de ce théorème tient au fait qu’il faut trouver un prolongement adéquat du réel au complexe non pas au niveau des nombres (ce que fait le corps des complexes vis-à-vis du corps des réels) mais cette fois au niveau des fonctions. On connaît actuellement quelques prolongements (une dizaine?), il y en a sans doute une infinité. La meilleure « compensation inconsciente » actuellement connue (à ma connaissance) se fait en utilisant la transformation de Fourier (J. Mather).
Je suis de plus en plus convaincu que la clé de l’énigme se trouve dans la théorie des catastrophes de Thom (la théorie des proportions d’Aristote développée dans l’Ethique à Nicomaque ne suffit ama pas). Je penche, au pif, pour la catastrophe « papillon ».
Financer la vérité possible
Tout est là en négatif comme en positif. Le capital des banques centrales est la confiance qu’on a dans leur politique monétaire ; laquelle n’a jamais eu d’autre finalité que de financer la liquidité du maximum d’échanges possibles sans inflation ni déflation. L’inflation et la déflation se matérialisent par rapport aux biens et services réels achetés et vendus par des personnes physiques réelles. L’inflation et la déflation sont des réalités de réalité qui n’ont pas grand chose à voir avec la mesure et la définition qu’en affichent les banques centrales. L’inflation et la déflation mesurées par les banques centrales et les pouvoirs politiques qui en sont les actionnaires réels sont en effet calculés en prix nominaux d’un panier arbitraire de consommation et d’investissement. En l’absence de marché régulé par le droit des gens réels dans des États de droit effectif, la mesure de la stabilité des prix n’a pas d’objectivité vérifiable ; la réalité économique sous-jacente au prix est décrétée par le banquier mu par son intérêt de démontrer la liquidité par les prix qu’il fabrique hors des transactions réelles.
La monnaie qui compte le prix est nominale sans réalité possible si les transactions ne sont pas vérifiables par l’appréciation libre, éclairée et réaliste de transacteurs protégés dans leur intégrité de jugement. Le capital d’une banque centrale est l’intégrité de jugement des utilisateurs de la monnaie émise par l’intermédiaire des systèmes bancaires. Ce qui est manifeste et évident au stade actuel de la crise, c’est l’impossibilité de prouver toute mesure de solvabilité étatique ou bancaire quand les véritables créanciers des banques et des États, en l’occurrence les citoyens, ne sont plus libres d’approuver ou de refuser les emprunts et les taxes qu’ils paient par le travail qu’on veut bien leur laisser pour pourvoir aux besoins qu’ils se reconnaissent eux-mêmes.
La conséquence du divorce entre la finance et le réel se retrouve intégralement dans la confiance qui peut être accordée aux monnaies. Cette confiance est bien en train de se détruire à l’échelle du monde entier du fait de la globalisation financière qui solidarise toutes les banques et tous les États dans la taxation financière sans contrepartie du citoyen-travailleur-épargnant. Le système polito-financier dans lequel nous sommes entrés n’a plus besoin en apparence ni de crédit réel, ni de fiscalité pour fonctionner. Les impôts nécessaires à la préservation d’une chose publique sont en effet prélevés par la monnaie à travers des pertes bancaires réelles non comptabilisées dans des emprunts non remboursables. Les crédits purement nominaux sont compensés en pertes réelles non déclarées et non reconnues. Moyennant le versement aux États d’une fraction de l’épargne nominale empruntée aux citoyens, les banquiers font enfler la masse monétaire pour prélever sur le pouvoir d’achat réel des citoyens-travailleurs-épargnants, la richesse qu’ils sont dispensés de produire en information vérifiable de la réalité économique.
La dissolution financière du réel entre le comptable nominal et la réalité tangible introduit la concomitance de l’inflation et de la déflation ; inflation et déflation qui se compensent dans la nominalité des moyennes mathématiques. La réalité s’auto-détruit, en substance l’activité économique réelle, pour faire apparaître une croissance et une rentabilité nominales de l’investissement et du crédit. Les prix financiers montent pendant que les prix réels s’effondrent. Les marges nominales captées par le système financier augmentent en valeur absolue par l’écrasement de la production réelle en volume concret. On met la Grèce et l’Espagne au chomage pour réduire les coûts nominaux par l’abaissement de la production réelle. Pour affirmer qu’une voiture qui recule avance, la polito-finance repousse la représentation du point de départ de la voiture ; application politique de la relativité générale vérifiée dans la réalité physique concrètement observable…
La manipulation financière des perspectives cognitives ne pose aucune difficulté matérielle en l’absence d’étalonnage transparent des monnaies par des transactions réelles en droit. Le libéralisme économique qui structure la globalisation et le libre-échange est un subjectivisme absolu de la polito-finance. La réalité est réputée ne plus exister en dehors du seul discours officiel convenu et dument rémunéré par un pouvoir exclusivement financier. Le rapport du US Government Accountability Office nous montre que les élites politiques et financières savent ce qu’elles font. Elles attendent prudemment ou cyniquement que les gens sensés se révoltent pour justifier un changement de système dont la rationalité est connue.
En l’occurrence le système de la monnaie vraie s’adosse au crédit réel à condition que la représentation comptable d’une réalité anticipée se mesure en droit des gens et non des choses. Recapitaliser le système financier n’est rien d’autre que restaurer l’État de droit objectif à la place de la cupidité financière. Autrement dit, il faut renationaliser les monnaies qui comptent le droit afin que les États existant retrouvent leur raison d’être qui est de délibérer et d’appliquer le droit. Les États-Unis, l’UE, la Chine, la Russie ou le Brésil ne sont pas des États mais des empires manipulés par des intérêts particuliers. L’État de droit mondial n’existe pas et ne peut pas exister sans États nationaux responsables par leur monnaie propre mesurant l’application du droit dans leur périmètre de souveraineté.
Dès que les monnaies nationales sont rétablies, la solvabilité des États et la capitalisation des systèmes bancaires redeviennent mesurables par la réalité économique. Toute créance internationale est rétablie dans sa réalité par l’ajustement des parités de change des débiteurs. Répétons-le, répétons-le : tout est inscrit dans la proposition keynésienne du bancor et de la chambre de compensation qu’aurait dû devenir le FMI. La seule chose qui manquait en 1944 et qui ne manque plus aujourd’hui est l’existence d’une structure internationale de marché permettant d’étalonner l’unité de compte internationale sur les biens et services réels. Pour qu’un tel marché devienne marché mondial de la liquidité monétaire, il faut que quelques États cessent de se faire la guerre et conviennent d’appliquer solidairement et publiquement un droit financier commun dans leurs relations économiques.
Répétons-le encore : l’UE est une union d’États souverains ayant décidé une communauté économique et financière. Que la communauté soit donc une communauté et non un espace de non droit économique et financier. Que les politiques européens cessent de nous servir leur rhétorique d’intérêts particuliers dissimulés par des fausses sciences économiques, juridiques et politiques. L’euro est la monnaie de l’Europe à condition que l’Europe soit une société de droit et d’égalité économique devant les lois. L’euro est la monnaie de l’Europe à condition que les États nationaux assument par une parité nationale en euro l’efficacité réelle de leur raison d’être. L’euro est une fausse monnaie si comme le dollar, la livre, le franc suisse, le yen ou le yuan, elle distribue des fausses plus-values à des oligarchies politico-financières. Ce système est complètement mort. Ce n’est pas la peine de s’enfermer comme Hitler dans son bunker pour ne pas voir la fin d’une guerre inique qui est réellement bel et bien perdue et doit laisser place à la reconstruction.
« La dissolution financière du réel entre le comptable nominal et la réalité tangible introduit la concomitance de l’inflation et de la déflation ; inflation et déflation qui se compensent dans la nominalité des moyennes mathématiques »
Ça ne règle surtout en rien le problème de la décadence des démocraties face au capitalisme. Bien au contraire.
Cette planète va passer d’une gestion politique à une gestion casino proche du platonisme. ceci aura des conséquences dramatiques sur l’espérance de vie de la race humaine. La folie collective guète.
Ce qu’il faut sauvegarder je pense à ce stade c’est la possibilité d’un monde alternatif ou l’argent et le nombre ne sont pas au centre de la société. L’ascétisme est une valeur en devenir.
La fusée race humaine est lancée dans l’espace sans direction ni boussole ni GPS. les mathématiques et la logique formelle ne disent pas tout pas même l’essentiel.
J’ai fais ma part du boulot.
@PSDJ : ce billet et ce fil avec Mr. Leclerc m’ont fait comme un fulguro-point plutot bien placé, ma dette est signée.
*** Pendant ce temps, dans le bunker ***
Financiers, banquiers, politiques, économistes et journalistes se regardent en chien de faience, sachant tous réciproquement qu’aucun n’est prêt à bouger seul et en premier vers la sortie, cependant qu’une idée toujours plus nette de qui sautera à la gorge de qui au premier gros mouvement se fait dans la tête de chacun.
Le temps passe vite, hier encore j’étais à me demander, notamment avec Jacques Sapir ici même, si oui ou non on entrait dans un scénario 30’s – c’était méditer sur le coup d’avant, en pleine partie. Tout ce petit monde la-haut espère planer dans la confiance les quelques temps nécessaires à tenir plus de garanties sur le réel que les voisins, ok.
Ce qui est effrayant finalement c’est qu’ils le fassent en ressassant si bien au plus grand nombre les vraies promesses intenables de fausse félicité que trop peu osent et arrivent sincèrement à se poser la question de la vérité et de la réalité.
C’est dans le soutien d’un communauté visiblement tournée vers le bien commun, même « minimale », que l’on peut se poser et répondre à cette question. La plupart d’entre nous tous, dans ce pays, sommes enfermés avec les fous dans le bunker, et d’ici vous nous faites des signes et des gesticulations comme si il y avait des fenêtres, dans ce foutu bunker…
Vous avez raison et tort à la fois : la guerre n’a pas encore eu lieu pour tous, on ne peut pas juste se lancer dans la reconstruction car chez beaucoup l’ancien monde n’a pas totalement disparu, il s’accroche, il enkyste. Trop de gens veulent encore y croire. Ils applaudissent, dans le bunker, vous n’entendez pas ?
Critique pertinente du billet, mais de « la cessation de paiement générale » (SDJ) à l’ »effondrement de la confiance dans la monnaie« , c’est du pareil au même. La phase de sauve-qui-peut devrait se terminer par un hallali, quand les grosses huiles de la finance décideront de mettre fin au « petit jeu » du statu quo, et décideront de réunir un nouveau Bretton Woods. (Lequel, s’il advient, sera mis au compte du « courage » de tel ou tel homme politique, providentiel et bien inspiré…) Il sera alors temps de reparler de restructuration des dettes, de monnaie unique et de bancor…
Je voudrais que l’on m’eclaire, quand on parle de collatéral, cela veut dire que par exemple la BCE va imprimer x somme d’euros en echange d’actifs detenus par les banques dont la valeur sur le marche est actuellement bien inferieure aux quantites de monnaie imprimee?
Donc la BCE fait le pari que la valeur de ces actifs dans un futur proche aura cru de façon a équivaloir les prêts consentis? Donc en fait la BCE spécule ?
Maintenant, en cas d’inflation ou de deflation, quel effet cela aurait-il sur cette politique de la bce?
Si il y a inflation, n’est-ce pas une solution pour rembourser moins? La deflation en revanche serait mauvaise dans ce cadre ci exact?
=> Descendre de la théorie mathématique dans la réalité économique.
Vos deux approches sont elles si exclusives l’une de l’autre ?
Si , à défaut de GS , c’est le tryptique Etats – Banques Centrales- Banques capitalistes qui gère le monde , on peut imaginer que la fin de la monnaie, telle que nous l’avons vécue , est intégrée, et que d’autres concepts d’échange seront libérés permettant la mesure des « biens et services » .D’une certaine façon , les propositions récurentes de PSDJ sont une possibilité dans cette inclination .
Et dans ce cas , PSDJ n’aurait pas tort de phantasmer que les capitalistes anticipent par des achats ( tant que « acheter » veut encore dire quelque chose) , l’appropriation ( garantie par la Loi qu’ils continuent à faire leur proie) des biens , des services , des talents … qui leur permet de garder le pouvoir sur autrui .
La propriété reste bel et bien l’acte de naissance et de survie du capitalisme et de la misère du plus grand nombre .
La propriété, c’est trop vague comme interprétation.
Telle la monnaie, il y a la propriété comme objet puis l’usufruit par le sujet et enfin l’usage…….
L’objet doit s’utiliser comme un instrument ou comme une arme ?
Tout dépend du sujet…
Je pense que stratégiquement le jeu pourrait se faire sur le qualitatif ( « accaparer les actifs qui se révéleront être les moins dépréciés ») mais aussi sur le quantitatif (« Les banques centrales sont toutes contraintes par le déroulement de la crise de continuer à accroître la taille de leur bilan en acceptant des actifs douteux ») en fonction de sa position géopolitique (la valeur des monnaies).
La suprématie monétaire du dollar dans les échanges internationaux dépendra de la capacité des banques US (fed inclus) à appréhender le quantitatif (stratégie monétaire face aux marchés) et le qualitatif (stratégie géopolitique face aux ressources notamment énergétiques).
Si une crise systémique effondrait notre société alors dans la forme, les US tenteront inévitablement de la faire débuter hors de leurs frontières.
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