On se dit : « Ah ! la Joconde, c’est vraiment beau. Ce sourire de la Mona Lisa ! » Et puis on pense à Léonard de Vinci, et on consulte Wikipedia : « Léonard de Vinci, mort en 1519 ». Cinq siècles ! Cinq cents ans !
Je viens de répondre à un commentaire qui évoque les peintres Bram van Velde et Marcus Rothko, en disant que quant à peindre comme le fit van Velde, je préférais de loin la manière de Roberto Matta. Et je me trompe initialement dans mon commentaire : je mentionne comme date de la mort de Matta, « 2010 » au lieu de « 2002 ». Puis je corrige. Mais en même temps, au moment de corriger, je me dis que le quantitatif « 2002 » n’a en réalité aucune importance puisque la seule chose qui compte, c’est le qualitatif : le fait qu’il soit mort plutôt que vivant en ce moment-même : Matta « n’est plus des nôtres », au sein de ce monde sensible où nous nous trouvons encore, cher lecteur, vous et moi.
Et je me souviens du coup du thème « stop-crève », que ressassait Cavanna dans Charlie-Hebdo en 1976 : ses questions bizarres sur pourquoi il se fait qu’on doive mourir, et l’embarras qui enflait alors comme la marée parmi ses collègues du magazine : leurs allusions de plus en plus appuyées au fait que « François disjoncte un peu en ce moment, c’est pas grave, faut pas faire attention, ça va passer ! », alors que les questions qu’il posait étaient celles qui feraient la fierté de l’anthropologue : non pas « Pourquoi les Papous de Nouvelle-Guinée se passent-ils une plume en travers du septum nasal et les Indiens d’Amérique dans un bandeau autour de la tête ? », mais « Pourquoi mangeons-nous, buvons-nous, faisons-nous l’amour, chions-nous et pissons-nous, et pourquoi sommes-nous né un jour, et mort un autre jour, mais que la plupart du temps auquel on puisse penser, nous ne sommes soit pas encore né, soit déjà mort ? »
La question n’a pas d’importance si on se dit qu’on est là simplement, comme dans la salle d’attente du dentiste, en attendant d’aller au ciel. Mais si on pense qu’il n’y a au firmament que des étoiles, des planètes, leurs satellites, et vraiment beaucoup de vide ?
P.S. : Julien A. et François L. communiquent : « Paul disjoncte un peu en ce moment, c’est pas grave, faut pas faire attention, ça va passer ! »
189 réponses à “LES VRAIES QUESTIONS QUE SE POSENT LES ANTHROPOLOGUES”
Beaucoup de vide en effet ….
http://www.youtube.com/watch?v=08LBltePDZw&feature=player_embedded
Vivre ou avoir conscience de vivre semble être un privilège ….dont il conviendrait d’être digne …dans toute la mesure du possible …
« Dieu a fait l’homme à son image ».
Et on nous dit à nous d’être économes !
Dieu a fait l’homme a son image
mais c’est l’homme qui le dit.
Ben, au contraire, il a été vraiment radin sur ce coup-là!
La variante de Philippe Geluck :
« Dieu a fait l’homme à son image (il dessine un pithécanthrope). Depuis, l’homme a évolué (il dessine un homme moderne). Pour Dieu, on ne sait pas. »
😀
« J’ignore si Celui qui façonna mon être – M’a préparé une demeure au ciel ou dans l’horrible enfer – Mais un peu de nourriture, une adorée et du vin sur le vert talus d’une plaine, – Cela c’est de l’argent…garde pour toi le Ciel auquel tu fais crédit. » Omar Khayyam.
Oui, Dieu a fait l’homme à son image et c’est peut être pour cela que la question du pourquoi nous sommes là, ici; maintenant, est a priori sans réponse et qu’elle s’ouvre sur le néant qui peut être aussi l’immensité. C’est peut être pour nous permettre de tendre vers lui – le tout, l’immensité- qu’il nous a laissé la possibilité de passer notre vie, cet énorme privilège, à chercher, en toute liberté, une réponse, celle qui correspond à chacun de nous.
Heureux, celui ou celle qui au soir de sa vie a trouvé une réponse, sa réponse, digne de Dieu.
Si dieu a vraiment fait l’homme à son image, vu l’état de l’humanité, je n’ai vraiment pas envie de rencontrer ce personnage sordide…
Si Dieu avait fait l’homme à son image, M. Ducon ne balancerait pas ses canettes de bière par la portière de sa bagnole.
notez, les canettes c’est moins pire que le plastique.
Mais peut-être que Dieu a fait à son image ET l’homme ET les patates ? Ce qui expliquerait le couteau économe. Oui parce que puisque la fonction du couteau économe est d’éplucher finement la peau de la patate sans trop entamer les chairs, c’est peut-être aussi pour ménager Sa susceptibilité, je veux dire, Son altesse-ego, je veux dire Son intelligence et Sa probité majestueuse. Je ne sais d’ailleurs pas qui des petites ou des grosses patates sont les plus susceptibles, je veux dire les plus intelligentes et intègres… Je dirais que les grosses patates sont aussi susceptibles que les petites, je veux dire, aussi mortelles.
Quoiqu’il en soit, bien cuisinées, elles peuvent s’avérer délicieuses.^^
Signé: une patate en robe des champs.
Le problème du sens est celui de la vérité et de la vie qui l’accompagnent. C’est peut-être une question de chance , de baraka ?
croyez vous vraiment que nous soyons nés d’un coup de dés ? ou que la matière n’a fait ceci que dans un espace de probabilité qui retournerait dans son inconsistance initiale ? mais pourquoi donc cette condition qui est réellement si pénible pour le monde ? les uns mourant d’ennuis, les autres de faims ? et puis toute une frange de gens réfléchis qui encaissent les coups servent de bouclier , de rempart pour que les gens ne succombent pas dans la détresse absolue. mais effectivement le vieux monde est tenace, les conditions toujours aussi inégalitaires, les pauvretés criantes, les richesses s’étalant au grand jour .
ha la misère, parfois je comprends les manichéens qui n’étaient pas trop favorables à la reproduction . faut voir ce que ça entraine , dès lors qu’on est trop nombreux .
et qui donc a tant insisté pour que nous nous reproduisions en masse ? et forcément dilapidions toutes les ressources , sans réponses spirituelles , en plus . où l’on tend juste à rassasier la Bête , en fait la soumettre , dans une sorte de fuite en avant qui pose plus de problèmes quelle n’apporte de solutions viables .
Aurions nous été abandonnés des dieux , ou de dieu , sauf pour quelques uns « vivant » dans des replis frileux.
Dieu, c’est cuit, si ce n’est cru . et puis, au fond, c’est notre, votre conscience , notre voix . Mais pourquoi donc cet acharnement à rendre esclave , et à manifestement faire souffrir le monde ? ce n’est pas un fait de « dieu » , ça .
Comme si au fond, il fallait que les hommes paient pour quelque chose , une dette plus conséquente encore que leur dette financière , c’est dire . serions nous insolvable aux yeux des « lois éternelles » ( que vous y mettiez dedans un x ou un y , ou rien à la limite ) ?
ou ces lois seraient tronquées , comme on aurait perdu le code ? et que des malins occuperaient l’espace vierge ?
le re-doux revient 🙂
parce que mourir, c’est stupide. parce qu’on a déjà été mort . on la connait, elle n’apporte rien , sauf devoir recommencer, refaire, parcourir à nouveau ces mondes, au cas où nous aurions « oublié » . parce que ce n’est l’oubli qui nous attire mais la mémoire, le souvenir . bref, ce que vous êtes en vérité .
Et je me souviens du coup du thème « stop-crève », que ressassait Cavanna dans Charlie-Hebdo en 1976 : ses questions bizarres sur pourquoi il se fait qu’on doive mourir, et l’embarras qui enflait alors comme la marée parmi ses collègues du magazine : leurs allusions de plus en plus appuyées au fait que « François disjoncte un peu en ce moment, c’est pas grave, faut pas faire attention, ça va passer ! », alors que les questions qu’il posait étaient celles qui feraient la fierté de l’anthropologue : non pas « Pourquoi les Papous de Nouvelle-Guinée se passent-ils une plume en travers du septum nasal et les Indiens d’Amérique dans un bandeau autour de la tête ? », mais « Pourquoi mangeons-nous, buvons-nous, faisons-nous l’amour, chions-nous et pissons-nous, et pourquoi sommes-nous né un jour, et mort un autre jour, mais que la plupart du temps auquel on puisse penser, nous ne sommes soit pas encore né, soit déjà mort ? »
Vous avez tout à fait raison ! Et je crois que c’est un phénomène de terreur/refoulement inconsciente qui fait que les gens refusent de penser à la question, la seule importante en fin de compte (« Si l’immortalité n’existe pas alors il importe peu que quelque chose d’autre soit vrai ou faux » Henri Thomas Buckle). Moi-même j’ai remarqué que sur mon propre blog, les billets qui abordaient ce thème ne suscitaient pas le moindre interêt !
Une autre citation, Camus : « On ne s’étonnera jamais assez de ce que les gens vivent comme s’ils ne savaient pas »
Pourquoi les instincts, pourquoi l’âme?
Pourquoi la petitesse de l’homme , pourquoi l’immensité de l’univers ?
Pourquoi l’instant présent , et pourquoi l’éternité ?
Pourquoi la mélancolie et pourquoi l’humour?
Le problème vient peut être de la question : pour « quoi » ,
quand il faudrait se demander pour « qui « ?
Ou comment la vie prend du sens …
« Mais si on pense qu’il n’y a au firmament que des étoiles, des planètes, leurs satellites, et vraiment beaucoup de vide ? »
En fait, je dirais plutôt le contraire, c’est-à-dire qu’il y a sans doute, avant un univers, un plein indifférencié, le chaos originel, et que dans ce plein indifférencié, pour une raison inconnue, une singularité, une irrégularité, une bizarrerie apparaît comme ça, pour rigoler. Et pouf ! voilà un univers ! Mais il reste encore partout de ce plein dans lequel nous baignons et dont l’étude des propriétés et de la structure donne peut-être la clé pour beaucoup de questions fondamentales. Ou disjoncte-je ?
Plein indifférencié, raison inconnue : des années de plaisir pour les chercheurs…
La surface des choses est bien mystérieuse. Notre vision commune perçoit sans souvent les comprendre ces enchantements de couleurs sur une aile de papillon ou d’oiseau. La peau la chair de la femme n’est que plus troublante à l’amant, n’est-ce pas? Toute peinture aussi a une peau ou matière picturale et cette qualité joue sur l’ensemble des émotions du tableau. Parmi les deux peintres que vous citez la peinture de Matta est plus soyeuse, plus riche, plus fine et plus précieuse. Il utilise les transparence de l’huile, les glacis. Van de Velde c’est presque l’opposé. A vous de faire les liens manquants.
Si vous regardez la voute étoilée avec la même saveur et le même enchantement, cet instant contemplatif devrait dissoudre l’angoisse de l’immensité.
A vous alors d’être peintre et de questionner ce qui est dans vos yeux.
La peinture est une sorte d’anthropologie. La plus ancienne.
penser que l’univers est immense est une vision anthropocentriste
libéré de notre être matériel nous subsistons ou ne subsistons pas.
Mais ces deux éventualités ne sont pas contradictoires car l’un et le multiple , l’un et l’autre peuvent être deux réalités coexistantes. Nous avons l’habitude de la limitation de la matière continuer a réfléchir sur l’au delà en gardant ses limitations n’est pas pertinent de toute manière.
Peut être remplissons nous tout l’univers de nos sentiments, comment connaitre la limite d’un sentiment , d’une émotion? en regardant la molécule qui l’a créé? Quelle est la taille d’une larme sur le visage de l’être aimé? Parlez moi de l’infini de l’univers mais est ce vraiment aussi grand qu’on le dit? Peut être que notre terre est plus grande que l’univers qui la contient peut être….
Je me pose la question de savoir pourquoi vous vous posez aujourd’hui toutes ces questions… 🙂
Lorsque j’observe mes enfants, je les vois jouer, rire, s’émouvoir, se mettre en colère, découvrir, profiter de ce que la vie offre, ils sont souriants, insouciants, plein de vitalité… Ils ne sont pas encore sous le poids des contraintes, ils ne se demandent pas encore pourquoi ils sont nés ici et si le paradis existe…
Profitez-enbien car hélas, ça ne dure pas .En un clin d’oeil, quelques joyeux anniversaires, vous vous retrouvez avec des enfants quadragénaires.
et alors ? Ce n’est pas forcément désagréable d’avoir des enfants quadragénaires. cela peut être même très sympa. Enfin, c’est mon opinion et je la partage, comme dit l’autre.
En fait je voulais dire qu’en grandissant nous rentrons petit à petit dans le moule, dans le « système » (nommez-le comme vous voudrez), nous perdons notre joie de vivre car nous devons gagner notre vie, au lieu de la vivre et vient alors le temps des questionnements existentiels, pourquoi ai-je cette vie, l’ai-je réussie, à quoi ça rime tout ça, à quoi bon ? Si le poids des contraintes nous accablent, je pense qu’il faut retrouver en nous notre âme d’enfant… s’émerveiller d’un rien… et les réponses viennent d’elles-mêmes.
J’ai connu des enfants qui faisaient tout un drame de voir qu’on leur avait préparé leur pain au lait au Nutella en coupant le pain en deux, alors qu’il fallait le couper, sauf la fine peau du pain sur un bord (cf. Une certaine marque de pain au lait). Subtil.
Les enfants peuvent s’avérer très conservateurs. Ils ne le restent pas s’ils quittent un certain état de l’enfance. Tel que je le comprends. Certains n’en quittent jamais ces bords conservateurs. Devenant pour certains, de grands patrons d’un bord douteux, bord à bonhommie et moustaches cachant mal cette part conservatrice consécutivement radine de leur personnalité et de leurs actions. Et ou de leurs options…
Ou de leurs stock-options. … Forcément.
Ce qui me fait dire qu’entrer dans la vie consiste moins peut-être à entrer dans le moule, qu’à en sortir.
PS: je n’ai pas dit qu’il fallait couper la peau fine du bord du pain au lait pour autant.^^ Chaque chose en son temps.
Faux ! es enfants sont plus conscients des choses que les adultes, ils se rendent plus compte, ils sont plus sensibles, plus « en état de marche », ils ne sont pas encore avachis ni mécanisé, déshumanisé, comme les adultes, le cerveau autobloqué inconsciemment par la peur de souffrir, les sophismes; la vérité passe encore par-dessus les conneries sociales à cet âge. L’enfance est l’age où on souffre le plus de cette horreur, l’âge où on pleure de douleur le jour où on s’apperçoit que en fait on n’est venu au monde que pour mourir.
Même que j’ai toujours été étonné, pas étonné, sidéré, de voir que si peu de gens se suicident une fois arrivé à l’âge de raison (10, disons 12 ans), ça m’a toujours laissé pantois. je n’ai toujours pas compris. (bien sûr ! Gribouille s’est bien jeté dans la rivière par peur de la pluie ! Miguel de Unamuno comprend très bien ça, relisez-le)
Je suis d’accord, simplement je pense que vous parlez de la pré-adolescence ou de l’adolescence et moi de la petite enfance…
Le suicide est un lâche péché, arrivé à un certain âge, cette vision des choses est, elle aussi, « intégrée »… et puis il ne faut pas oublier notre instinct de survie…
Epicure à l’un de ses disciples, Ménécée :
« Accoutume-toi sur ce point à penser que pour nous la mort n’est rien, puisque tout bien et tout mal résident dans la sensation, et que la mort est l’éradication de nos sensations. Dès lors, la juste prise de conscience que la mort ne nous est rien autorise à jouir du caractère mortel de la vie : non pas en lui conférant une durée infinie, mais en l’amputant du désir d’immortalité. Il s’ensuit qu’il n’y a rien d’effrayant dans le fait de vivre, pour qui est radicalement conscient qu’il n’existe rien d’effrayant non plus dans le fait de ne pas vivre.
Stupide est donc celui qui dit avoir peur de la mort non parce qu’il souffrira en mourant, mais parce qu’il souffre à l’idée qu’elle approche. Ce dont l’existence ne gêne point, c’est vraiment pour rien qu’on souffre de l’attendre ! Le plus effrayant des maux, la mort, ne nous est rien, disais-je : quand nous sommes, la mort n’est pas là, et quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes pas ! Elle ne concerne donc ni les vivants ni les trépassés, étant donné que pour les uns, elle n’est point, et que les autres ne sont plus. »
Magnifique lettre à Ménécée.
Ah ! s’amuser avec sa mort tout pendant qu’il la fabrique, ça c’est tout l’Homme, Ferdinand !
L’autre…
J’ai entendu, hier soir par hasard, Luc Ferry en parler sur France Culture : il faisait remarquer que cette belle pensée d’Epicure, si rationnelle et indiscutable, n’avait été d’aucun secours à Derrida lorsqu’il avait appris qu’il avait un cancer! Ni à Derrida, ni a aucun philosophe, ni à personne…
Je ne vois pas en quoi elle aurait aider quelqu’un à qui l’on vient d’apprendre sa fin prochaine, elle n’est pas faite pour ça, elle est écrite pour les bien portants qui s’empêchent de vivre pleinement leur vie… Luc Ferry en train de critiquer Epicure… mouaif… je ne suis pas philosophe ni un ancien ministre de l’éducation mais je suis certain que cette lettre à Ménécée à fait réfléchir bien des personnes et les a aidés à y voir plus clair…
Quelques bribes que m’inspire votre billet : brimborions, nugae…
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Tout un pan de la réflexion d’André Malraux interroge le dialogue qu’entretient la création artistique avec la Mort.
« L’héritage culturel n’est pas l’ensemble des œuvres que les hommes doivent respecter mais de celles qui peuvent les aider à vivre. […] Tout le destin de l’art, tout le destin de ce que les hommes ont mis sous le mot culture, tient en une seule idée : transformer le destin en conscience » (Malraux, 1996)
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René Char lorsqu’il résistait, dans le maquis, a côtoyé de très près la Mort ; durant cette période d’action, il renonça à écrire de la Poésie (sauf sur un cahier d’écolier qui lui fournira par la suite la matière du recueil FEUILLETS D’HYPNOS). Sur le mur de la cabane où il avait installé son QG, il avait épinglé une reproduction de Georges de La Tour :
FEUILLETS D’HYPNOS – 178
La reproduction en couleur du Prisonnier de Georges de La Tour que j’ai piquée sur le mur de chaux de la pièce où je travaille semble, avec le temps, réfléchir son sens dans notre condition. Elle serre le cœur mais aussi désaltère ! Depuis deux ans, pas un réfractaire qui n’ait, passant la porte, brûlé ses yeux aux preuves de cette chandelle. La femme explique, l’emmuré écoute. Les mots qui tombent de cette terrestre silhouette d’ange rouge sont des mots essentiels, des mots qui portent immédiatement secours. Au fond du cachot, les minutes de suif de la clarté tirent et diluent les traits de l’homme assis. Sa maigreur d’ortie sèche, je ne vois pas un souvenir pour la faire frissonner. L’écuelle est une ruine. Mais la robe gonflée emplit soudain tout le cachot. Le Verbe de la femme donne naissance à l’inespéré mieux que n’importe quelle aurore.
Reconnaissance à Georges de La Tour qui maîtrisa les ténèbres hitlériennes avec un dialogue d’êtres humains.
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FUREUR ET MYSTÈRE (La Fontaine narrative), édité par Gallimard en 1948.
MADELEINE
« PARTAGE FORMEL – IX
À DEUX MÉRITES
Héraclite, Georges de La Tour, je vous sais gré d’avoir de longs moments poussé dehors de chaque pli de mon corps singulier ce leurre : la condition humaine incohérente, d’avoir tourné l’anneau dévêtu de la femme d’après le regard du visage de l’homme, d’avoir rendu agile et recevable ma dislocation, d’avoir dépensé vos forces à la couronne de cette conséquence sans mesure de la lumière absolument impérative : l’action contre le réel, par tradition signifiée, simulacre et miniature. »
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LE NU PERDU, Dans la pluie giboyeuse.
JUSTESSE DE GEORGES DE LA TOUR
26 janvier 1966
L’unique condition pour ne pas battre en interminable retraite était d’entrer dans le cercle de la bougie, de s’y tenir, en ne cédant pas à la tentation de remplacer les ténèbres par le jour et leur éclair nourri par un terme inconstant.
Il ouvre les yeux. C’est le jour, dit-on. Georges de La Tour sait que la brouette des maudits est partout en chemin avec son rusé contenu. Le véhicule s’est renversé. Le peintre en établit l’inventaire. Rien de ce qui infiniment appartient à la nuit et au suif brillant qui en exalte le lignage ne s’y trouve mélangé. Le tricheur, entre l’astuce et la candeur, la main au dos, tire un as de carreau de sa ceinture ; des mendiants musiciens luttent, l’enjeu ne vaut guère plus que le couteau qui va frapper ; la bonne aventure n’est pas le premier larcin d’une jeune bohémienne détournée ; le joueur de vielle, syphilitique, aveugle, le cou flaqué d’écrouelles, chante un purgatoire inaudible. C’est le jour, l’exemplaire fontainier de nos maux. Georges de La Tour ne s’y est pas trompé.
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///Mais si on pense qu’il n’y a au firmament que des étoiles, des planètes, leurs satellites, et vraiment beaucoup de vide ?///
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/08/19/carte-3d-univers-simulation-etoiles-galaxies/
“To-morrow, and to-morrow, and to-morrow,
Creeps in this petty pace from day to day,
To the last syllable of recorded time;
And all our yesterdays have lighted fools
The way to dusty death. Out, out, brief candle!
Life’s but a walking shadow; a poor player,
That struts and frets his hour upon the stage,
And then is heard no more: it is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing.”.
Aussi peut-on choisir la voie du pyrrhonisme :
« La plus part de noz vacations sont farcesques. Mundus universus exercet histrioniam. Il faut jouer deuement nostre rolle, mais comme rolle d’un personnage emprunté. Du masque et de l’apparence, il n’en faut pas faire une essence réelle, ny de l’estranger le propre. Nous ne sçavons pas distinguer la peau de la chemise. C’est assés de s’enfariner le visage, sans s’enfariner la poictrine. »
Mais il y a beaucoup d’information aussi, engrammée dans cette matrice.
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/physique-1/d/trous-noirs-de-linformation-pourrait-en-sortir_15551/
Et il n’est pas impossible de penser que cela a un sens.
Cela dit, Le Prisonnier de Georges de La Tour renvoie bien sûr à un texte de l’Ancien Testament qui est fondateur quant aux interrogations de l’être humain sur sa condition :
http://fr.wikisource.org/wiki/Job
La mort, en soi, ne me dérange pas plus que ça… C’est la manière de mourir qui me fout les jetons ! L’agonie est pire que la mort et j’espère que quand elle se pointera pour moi, elle fera un boulot propre net et rapide
quand on perd les gens qui avant nous ont avancé sur le chemin et guidé nos pas soudainement on se sent parfois en première ligne et nous convie à investir plus sérieusement le rôle de l’éclaireur qu’on a cru ne l’avoir fait sur un plan de réalisation personnelle jusqu’alors.
comme nous sommes le premier moment de l’histoire de l’homme à vivre une génération entière constitué d’un groupe humain et non de quelques individus éparpillés dans des tranches d’âge avancées, alors nous en sommes à découvrir ce qui fait sens dans la vie humaine que d’exister sur un plan transpersonnel et l’intérêt de pouvoir le partager à plusieurs comme on se surprend à comprendre la beauté des harmoniques dégagées par la musiques polyphoniques au dela de la musique elle-même.
et une certaine vieillesse ne se mesure plus à la seule confrontation à l’âge comme une victoire sur la mort mais comme un nouveau sens révélé de la vie vivante.
pouvoir simplement penser le temps comme
« pourquoi sommes-nous né un jour, et mort un autre jour, mais que la plupart du temps auquel on puisse penser, nous ne sommes soit pas encore né, soit déjà mort ? » est purement merveilleux
et de la linéarité de l’existence amplifiée par la pensée toucher la grâce paisible et lumineusement simple de la profondeur des peintures de Rothko
Une question que je me suis posée pendant la canicule…….
Sommes-nous seuls dans l’Univers ?
En effet, si d’autres êtres à l’intelligence similaire à la nôtre (et dont la civilisation serait au même degré d’avancée scientifique et de communication) existaient, ils nous auraient déjà contactés… Intentionnellement ou pas, ils auraient déjà donné une réponse à un des nombreux signaux que nous envoyons, volontairement ou malgré nous, dans l’espace depuis +/- un siècle ….. Si de tels êtres existaient dans un rayon de +/- 50 années lumières (une distance où toutes les étoiles sont visibles à l’œil nu), ils auraient pu répondre aux nombreux signaux que nous leur avons envoyé avant 1962 : un signal « de retour »( envoyé en 1962 par une planète située à 50 années lumières) aurait pris +/-50 ans pour nous atteindre aujourd’hui …nous n’avons rien reçu jusqu’à présent….. Ce qui suppose qu’endéans les 50 années lumières, « ils » n’existent probablement pas… … au-delà d’une distance de 50 années lumières et dans le cadre d’un même niveau technologique de deux planètes (celle de l’Homme aujourd’hui), une communication s’avèrera vraiment très problématique, et (selon moi )une vrai rencontre « physique » carrément impossible pour les millénaires à venir . Par contre, rien n’empêche, au-delà des 50 années lumières, des êtres plus avancés que nous d’exister … Mais dans ce cas, leur avancée serait peut-être telle qu’on ne les intéresserait pas ou qu’ils seraient déjà parmi nous …. Dans le fond, ils n’ont peut-être pas l’intention de nous faire connaître leur existence ou de communiquer avec nous…. Il existe aussi la possibilité que certaines de leurs manifestations dans la passé ou dans le futur, directes ou indirectes, aient été(ou seront) vues comme des choses incompréhensibles et inexplicables pour les scientifiques et comme des « miracles », des actes de « dieu » pour d’autres, mais j’en doute…. Une autre possibilité, c’est qu’ils nous laissent le temps de progresser, et que lorsque nous serons parvenus à un certain niveau d’évolution (culturel et scientifique….), ils interviendront …ils se manifesteront … L’espoir fait vivre… Pour finir, la possibilité qu’ils n’existent pas, que nous soyons seuls ou que nous n’entrions jamais en contact avec une civilisation semblable ou supérieure à la nôtre, tout cela est bien possible…. Et pour moi-même, le plus probable… Mais ceci n’empêchera certainement pas l’Humanité, grâce à l’exploration de l’Univers (son Univers….), de faire de grandes découvertes, et ceci dans tous les domaines (y découvrir qui il est, d’où il vient, etc.) et – qui sait ? – peut-être même un jour aller au-delà de l’Univers ……
@Le Marin
Il y a un dossier très intéressant sur le sujet dans « Science et Vie » d’août 2012. Il est rigoureusement impossible qu’on soit seuls, perdus dans l’immense espace. En effet, le dernier calcul (et qui ne semble pas faire polémique) du nombre de planètes potentiellement habitables de l’univers est de 10’000 milliards de milliards! Il paraît que c’est autant que le nombre de gouttes d’eau dans tous les océans de notre planète! Et aussi le nombre de grains de sable sur Terre! Nous les humains on n’est pas rien non, on est moins que rien dans l’immensité du cosmos et la puissance créatrice de la Vie… On devrait devenir modestes et arrêter nos conneries quand on lit ça non?
@ D-croissance
Pour avoir suivi d’assez près un certain nombre de travaux sur ces sujets, je serai plus mesuré quant à la rigoureuse impossibilité.
Il faut aussi considérer la possibilité – comme je l’évoquais ici il y a quelques temps – de formes de l’univers qui le rendraient plus petit que la perception que nous en offre certaines théories. Extrait :
@D-croissance
http://www.lacosmo.com/petit.html : « Seul(e)s dans l’univers ? » de Christian Magnan
« un ballon de foot pour faire simple »
Le foot, sport universel. L’univers, port footbalistique.
A l’échelle du temps, Il faudrait beaucoup de chance pour qu’une civilisation – suffisamment avancée pour capter et comprendre nos signaux – existe au moment où nous terriens envoyons ces signaux.
Quoi seuls ?
S’il s’agit dé^tres vivants, nous en avons une diversité sur terre.
S’il s’agit dêtres humains, il faut être totalement idiot ou platonicien pour penser qu’il en existe d’autres que sur terre. La nature (ou Dieu) ne fait rien de semblable !
@ le marin
50 années lumière, c’est la banlieue du soleil (un aller-retour en PCV, c’est quand même un siècle)
Notre galaxie (la Voie Lactée) c’est 100 000 A.L.
Si des types intelligents habitent à 200 millions d’A.L., ça fait un peu long les conversations.
Conclusion: essayons déjà de vivre en bonne intelligence avec nos semblables, y compris les chimpanzés, orangs-outangs et autres gorilles.
C’est bien pour cette curiosité basique que l’anthropologue est peut être le dernier des honnêtes hommes.
Orgueil, naïveté ? Peut être pas: les questions dites parfois naïves, parfois fondamentales comme la question de la liberté individuelle et de la délégation de cette liberté sont restées en friche depuis les philosophes du contrat social.
Les universitaires d’aujourd’hui, obnubilés par l’étude de tours de babel bibliographiques oublient souvent que leur époque sera, comme les autres, résumée en 15 impitoyables lignes dans les futurs manuels d’histoire.
Cette recherche, cette exigence du vrai au sens philosophique traditionnel, les questions « basiques » soulevées par ce blog,, celles du MAUSS , celles des éthologues ou des musicologues, celles d’un Clastres, celles d’un Salhins et tant d’autres; cette liberté du questionnement et puis surtout cette liberté précieuse quant au choix du mode du questionnement, n’est ce pas cela précisément contribuer à FAIRE de la philosophie et donc corollairement à faire changer le monde ?
La science humaine « anthropologie » est elle l’avenir de la philosophie ?
Ce qu’il y a au fond de l’univers….ce qu’il y a à son origine…revient à se poser la question suivante : qui ou quoi a écrit le Programme d’animation de la matière, de l’énergie et de la vie. Et nos esprits ne sont t’ils finalement pas loaded dans une matrice (clin d’oeil à qui vous savez) ? La gesticulation de notre réflexion invente puis détruit des systèmes de pensées; pour nous extirper La Douleur physique ou faire jouir notre égo dans la recherche et l’acquisition d’un pouvoir construit autour de certain concepts (la force armé, l’argent, la matière première, le sexe). Il y a aussi cette capacité à donner (avec la variante majoritaire de « se servir au passage »), toutes ces farces humaines à laquelle nos esprits s »adonnent….mais quand « la faim » physique arrive, notre condition de mortel nous rappellera notre condition animale, celle là même qui a été inventée ailleurs, par quelque chose d’autre….ou de similaire…
Une seule règle est immuable dans ce monde de matière où jouent nos esprits: Les erreurs comme les bonnes solutions rencontrent toujours un résultat final, une fin de cycle, à l’image de toute la vie. Et les lois immuables des sciences fondamentales qui nous entourent…..ce n’est pas comme si l’on pouvait complètement s’y soustraire, la destruction endogène ou exogène de ce monde peut entrainer la fin du jeu pour de nombreux esprits connectés.
Je crois que l’un des grands buts de notre petite présence dans ce grand monde est d’admirer et rendre beau notre planète, de magnifier la réalité du tableau jusqu’à la fin de temps (clin d’oeil à Leonard). Nous sommes dans l’OMEGA et nous contemplons, au dessus de notre tête, l’ALPHA (fond cosmologique diffus, étoile visible, ondes ou autre ?…) avec l’aide des maths, de la physique, etc…. Problème, notre esprit créateur a la marque de l’original: il vit dans le programme, mais a la faculté de penser qu’il pourrait changer le programme….et c’est ainsi, par exemple, que dans les sphères de la physique nucléaire, de la biotechnologie on peut se retrouver confronter, volontairement ou involontairement, à la plus importante des questions : quand sort-on du programme et quand prenons nous des risques dans l’équilibre de l’œuvre ? Va t’on noircir le beau tableau ?
Dans les sciences sociales, les questions relatives à l’organisation sociale, aux systèmes de rapport individu / société sont aussi selon moi, connectés à ce concept.
Et c’est sur ce blog que je continu de cultiver ma sensibilité à ce propos, en essayant par exemple de savoir si les pratiques économiques, sociales et politiques répondent ou non à cette notion aux contours complexes: l’équilibre d’une « Å’uvre » voulue, programmée, ayant au moins un objectif cohérent : magnifier une origine, où les bonnes choses apaisent notre action, parce qu’on le sent bien dans les trippes ?
A quoi pensez les Lumières, quelles étaient leur motivation au moment de monter l’Encyclopédie ?
C’est une possibilité d’entrevoir les choses qui me parait tout à fait stimulante ? La question serait alors de savoir si le retour à une spiritualité de l’intellect sera l’issue par le haut de nos crispations actuelles. J’en fais désormais le souhait.
(Vœu formulé il y a une semaine lors de la nuit des étoiles)
« je crois que l’un des grands buts de notre petite présence »…
… n’y en a pas, le monde est inacceptable, il faut le vivre aupres d’etres simples et charmants ; sus au gnoti seauton !
Inacceptable, le monde ? Hum… Mais le monde, … c’est vous. Lorsque vous naissez « vous » ne le savez pas, et lorsque vous avez trépassé vous ne le savez plus. Il ne reste qu’à s’abandonner à ce qui est (qui est une forme d’amour en fait) et cultiver un peu la seule chose qui soit amusante: créer quelque chose, surtout si c’est éphémère.
et quand ils se mettent à poser des questions, le mieux c’est de les abandonner ^^
Quand on voit le parking du Super U, on se dit qu’on a dû foirer quelque chose !!
POURQUOI… ? …
Pour le plaisir de s’en étonner toujours :
http://www.dailymotion.com/video/xbwh2r_puissances-de-10-voyage-dans-l-infi_tech
Une version un peu plus high-tech 🙂
http://htwins.net/scale2/
Le temps auquel on puisse penser… C’est là l’entourloupe, l’autoréférence fatale, le scotch qui s’est recollé tout seul en ruban de Moebius. Dites-vous que le temps n’existe pas, ça ira peut-être mieux?…
Le temps n’existe pas.
Effectivement, ce qui « existe » ,au niveau humain, est le réel perçu, autrement dit l’espace-temps.
Dans lequel nous voyageons vers le « futur », enfermés dans le « tube » clos du train de la flèche du temps (qui se manifeste par l’entropie)..
La sortie de ce tube n’est peut-être que la mort?
Pour un « être » qui « existerait » au dehors de ce continuum les phénomènes de causalité échapperaient au sens de la flèche du temps (qui n’existe pas).
C’est à dire que tous les « évènements » seraient simultanés, donc l’univers entier globalement connu.
Autrement dit la vie que nous vivons est peut-être une transition, celle du purgatoire?
Les religions ont bien vendu le truc en le faisant payer par de bonnes doses de morale locale.
le temps n’existe que pour que tout ce qui est ecrit ne se passe pas simultanément , une granularité dans un flot continu …
Toutes les question et en particulier celles commençant par » pourquoi » posent la causalité comme réelle. La vérité n’est pas la réponse à une question.
Pourquoi pourquoi ?
@ Terlin
21 août 2012 à 00:36
Toutes les question et en particulier celles commençant par » pourquoi » posent la causalité comme réelle. La vérité n’est pas la réponse à une question.
Pourquoi pourquoi ?
Oui ,pourquoi dites vous la vérité
Oui, la grande beauté des énigmes non résolues ou insolubles…
… Et cette phrase de Flaubert : « La bêtise consiste à vouloir conclure »…
C’est votre conclusion ?
Alors si l’on a la modestie dont est privé tout religieux,
pressé de donner son explication à ce qu’il ne comprendra jamais,
on peut plonger dans l’univers, s’ennivrer de l’éternité et de l’infini.
C’est le seul moment qui pour moi mérité le nom de spiritualité.
« Alors si l’on a la modestie dont est privé tout religieux,
pressé de donner son explication à ce qu’il ne comprendra jamais »
Est ce donc « religion » le bannissement des religieux
Votre modestie est bien « modeste »
Le bannissement du religieux est une forme du religieux,
qui prétend imposer une explication du monde,
et nous priver de sa merveilleurse ivresse.
Ballade dans le temps
http://enattendantmnemosyne.wordpress.com/2009/05/31/un-poeme-dholderlin
Evénements Mnémosyne temps événements Mnémosyne esprit
Dans la vie d’un enfant se déroulent des événements que lui-même n’évoque pas puisque « mineur, ils sont mineurs » Au fil du temps, au temps du fil, ces moments de l’au-delà ressurgissent opportunément pour comprendre,assumer et résister.Ce qui déroute le plus,c’est la précision ,la concordance
Démonstration par l’absurde (de la vie).
Le vivant se reproduit sans raison,
comme le modèle et sa théorie ne font qu’un,
les théories économiques naissent et meurent sans raison.
Nous sommes déjà spectateurs de notre infinie connerie, la raison économique l’y rejoint sans problème.
« Pourquoi mangeons-nous, buvons-nous, faisons-nous l’amour, chions-nous et pissons-nous, et pourquoi sommes-nous né un jour, et mort un autre jour, mais que la plupart du temps auquel on puisse penser, nous ne sommes soit pas encore né, soit déjà mort ? »
Peut-être que nous naissons à la vie et à la mort, indissociables et simultanées. Peut être que nous gâchons nos temps de vie parce que nous gâchons nos morts par l’ignorance délibérée et forcenée des inconditionnelles et irréversibles fin de vie et mort.
Peut-être alors que les animaux sociaux ne parviennent pas à former (formuler) un nous qui se dérobe parce qu’ils ne veulent pas apprendre à mourir, la mort ; vieillir ne serait alors qu’un artifice lié au confort n’éloignant ni la peur ni l’ignorance.
Peut-être que sans la mort la société des hommes ne peut que reconduire ses peurs et ses pouvoirs, ses rapports, ses peines de, parce qu’ignorer la mort le mortel l’autoriserait à falsifier, mal-mener, modeler et interrompre le vital et la vie.
l’âme obéit au principe d’Archimède , plongée au fond des eaux, tombée au fond d’un puits, elle remonte à sa surface . sans doute , pas une âme morte . Une question qui est touchante, c’est la blessure de l’âme, à laquelle la théorie ne peut rien, il faut du baume et puis c’est tout . ranimer ce qui est éteint .
ce qui est commun aux hommes , c’est leurs morts depuis qu’existent les âmes humaines . Morts, effacés, éteints, mais peu de ressuscités. Et si d’aventure, il y en a , vous savez, que ce sont des êtres en mouvement, ou en chemin , et ceux-ci sans doute connaissent les mouvements inverses, ceux où les âmes s’abiment sans fin.
on peut s’interroger sur la nécessité d’être d’une âme, ou de l’Âme et douter du bien fondé de l’être face au Néant .
le problème, c’est que celui ci, n’existant pas il est « chiant à souhait » .
il nous refoule 😉
ça peut sembler prétentieux, ou pédant de dire qu’on ressuscite avec le ressuscité, mais il n’y a guère de choix. c’est bien une âme vivante qui nous remet en vie. et la mort qui nous fait mourir.
Il est toujours amusant de poser aux astrophysiciens ,après leur description détaillée à la femtoseconde, des évènements suivant leur « big bang », ce que leurs équations donnent pour la femto précédant la méta-singularité.
Savent pas, évidemment.
Pourquoi ne pas admettre que le réel soit « éternel » puisque le temps n’existe pas ,et ,par conséquent, l’espace infini.
Parceque nous mourons et que ces notions ne sont pas envisageables au niveau humain?
Bien sûr qu’il faut admettre que le réel est éternel car du néant absolu rien ne peut venir à l’être. Mais je ne vois pas le lien avec le temps qui n’existerait pas et que l’espace serait infini?
Ben…Comme disait Desproges: « vivons heureux en attendant la mort… »
Et ajoutait: « 80 % d’eau, 20 % de bas morceaux…! »
mon dernier blabla. Bof !
Je retourne sur France Culture ingurgiter les « cinq questions légèrement métaphysiques » d »Etienne Klein
POMMES
Les deux pommiers sur le parcours pédestre autour du lac commençaient à se délester de leurs fruits qui tapissaient le sol dans un camaïeu de rouge et de jaune que le pourrissement magnifiait. J’en entassais dans un grand sac plastique.
Les promeneurs passaient et repassaient, absurdement aveugles à une beauté évidente, mais impuissante à provoquer l’admiration qui lui était due chez des êtres enfermés , tout près d’elle, dans le carcan de leur volonté, il est vrai légitime, d’améliorer leurs performances musculaires sur le chemin balisé à souhait.
Le meilleur restait à venir, la confection de la compote dans le clos de la maison. La mise à l’écart des zones tâlées, grêlées, crissantes sous le couteau et la cuisson rapide de la pulpe et des pépins sur un mince lit d’eau, et enfin le passage dans le moulin à légumes au dessus du profond saladier..
Le ravissement se mit à éclore. Le goût âcre et sucré des pommettes ensauvagées encouragea les papilles à découvrir toute la saveur d’un monde encore à découvrir. Et puis il y eut cet éblouissement calme, la coloration orangée inédite, que la peau – vouée au compost – avait dédiée à la pulpe encore grumeleuse et qui allait bientôt disparaître dans une décomposition avide d’atteindre les confins de l’univers. . .
Voilà, ça c’est la vie… !
Ou la dissipation des premières brumes matinales au dessus d’un étang, lorsque le soleil apparaît, l’heure où on ouvre la besace pour attaquer la tranche de pain de campagne tartiné d’une bonne rillette ou pâté de campagne, le regard perdu au fil de l’eau à voir sauter quelques poissons pour lesquels l’heure de la bouffe est aussi venue, l’oreille au repos, bercée par les premiers gazouillis du jour levant…
Vivre le moment, on aura assez de temps, un fois morts, pour voir ce qu’il y a derrière…
À Pedro Gil
21 août 2012 à 13:20
Citons : « Si dieu a vraiment fait l’homme à son image, vu l’état de l’humanité,
je n’ai vraiment pas envie de rencontrer ce personnage sordide… »
Bien vu, amigo mio, et cela renvoie tout le reste
au fin fond de circulaires vacuités
(mais que notre « angoisse » légitime).
Salud y gloria.
La question à laquelle les humains ont su jusqu’à maintenant répondre correctement (évidemment, sans trop s’apesantir dans les détails): la pérennité du groupe. Il semble que,bizarement, thanatos l’emporte dangereusement dans les esprits contemporains. Et si nous comprenons théoriquement comment on en est arrivé là, comme au fond d’un labyrinthe, il semble presque impossible de retrouver le chemin qui nous y a mené.Pourtant je reste persuadé que « lorsqu’il existe une volonté il y a un chemin »
C’est peut-être la mort de Scott McKenzie qui provoque cette nostalgie, ces interrogations. En tout cas pour moi c’est le cas.
Quel symbole cette chanson :
Comme les gens ont changé depuis, plus durs, plus égoïstes, mais aussi plus réalistes, plus « eux-mêmes » (pour le pire et le meilleur)…
Ah, si on pouvait connaitre une fois encore un tel élan, sous une autre forme bien sûr, mais aussi puissant… Il suffit de le rêver, de le vouloir, peut-être cela deviendra-t-il le rêve de beaucoup, peut-être celui d’une génération…
La vie ne vaut que par la qualité des relations que l’on noue avec son environnement, avec les autres… tout ce qu’on laisse derrière soi. Pour le reste (religion, convictions…)… très hypothétique et aléatoire, insignifiant même.
En avant Paul, le changement est devant !
Décidément on en revient encore et toujours au mythes fondateurs…(= culture )
La croyance en un possible paradis après la mort, ne contribue-t-elle à nous empêcher de construire une meilleure société ? (Croyance que nous vivons notre purgatoire sur terre pour ensuite accéder au ciel = le paradis)
si on ne le trouve pas sur terre, je ne vois pas où on pourrait le trouver, selon quel moyen.
et si par « miracle » on le trouve , c’est bien pour le faire, du moins alléger la condition.
« La croyance en un possible paradis après la mort, ne contribue-t-elle à nous empêcher de construire une meilleure société ? »
Non. Le courant messianiste (au sens large : sectes et religions qui en découlent) s’attèle justement à mettre en oeuvre un monde parfait en vue de la venue du Messie. Bien sûr la notion de « meilleur » est libre d’interprétation.
Pourquoi attendre la venue d’un Messie ? Si ce n’est pour être sauver …
Pourquoi une partie de l’humanité a t-elle besoin d’être sauvée? Parce qu’elle ne sait plus comment vivre. Elle pense justement que la condition humaine est un enfer …