Billet invité.
L’image qui s’impose quand on prend un peu de recul sur les évènements actuels est celle du tonneau des Danaïdes. Dans l’enfer européen, les interventions publiques se limitent à vouloir remplir sans cesse une série de tonneaux percés, sans même mesurer l’absurdité de la tâche qu’ils accomplissent. Cette image du tonneau des Danaïdes nous renvoie à ces vieux problèmes de robinets et de baignoires qui fuient obstinément, l’un des grands classiques de l’école primaire. Dans la mécanique des fuites, le circuit BCE – Banques – États monopolise toute l’attention, tant le coût élevé de refinancement des États paraît insupportable. Alors que les divins plombiers essaient de s’entendre sur les problèmes de tuyauteries, envisagent de tordre le cou à la vieille légende (la création monétaire est systématiquement synonyme d’inflation), aucune des mesures annoncées ne semble en mesure de solutionner durablement les problèmes posés.
À trop se focaliser sur cet aspect des choses, on oublie que les mouvements violents induits par la finance sont aussi un phénomène de résonance qui amplifie les déséquilibres préexistants de l’économie réelle. Ils sont à même de détruire l’édifice (j’ai évoqué dans un commentaire récent l’histoire du pont de Tacoma), mais ils ne constituent pas la cause du problème. Si par miracle une solution se faisait jour, que ce soit un défaut ordonné ou un hypothétique retour de la confiance accompagné d’une baisse du coût des financements, les shadocks que nous sommes resteraient inévitablement mis à contribution.
Dans la multitude de problèmes de l’économie réelle, deux d’entre eux sont désignés par les dirigeants européens comme la cause première de tous nos maux. Le premier est le déficit budgétaire chronique des États, justifiant par avance toutes les politiques d’austérité, l’autre est la difficulté récurrente de certains pays à équilibrer leur balance des paiements, la voie qui s’impose étant l’indispensable retour de la compétitivité. Ces deux solutions étant énoncées sur le mode « TINA », j’ai décidé de consacrer deux billets à complexifier un peu ces problèmes, histoire de ne pas nous en tenir aux solutions simplistes proposées par les dirigeants européens.
L’argument de la compétitivité renvoie à un idéal européen libéral se référant implicitement aux théories de Ricardo : l’enrichissement général résulterait du jeu du libre échange et de l’exploitation par chaque pays d’un avantage compétitif relatif. Sauf que si la zone euro constitue un espace de libre échange, elle est aussi un territoire qui transgresse certains des principes énoncés par Ricardo et ses successeurs. Comprendre l’écart entre « l’idéal » et la pratique permet de relativiser les questions de compétitivité.
La démonstration par Ricardo des bénéfices tirés du libre échange a le mérite de la simplicité. Elle est fondée sur la spécialisation des agents économiques d’un pays sur la base d’un avantage relatif pour l’un des facteurs de production. Dans la démonstration initiale, c’est le facteur travail qui est le déterminant, mais le Suédois Ohlin a étendu la démonstration aux facteurs travail et capital. Pour que ce raisonnement fonctionne, il faut que les acteurs économiques identifient les avantages comparatifs et qu’ils agissent en conséquence. Or la construction européenne se déroule à une période où un autre changement majeur se produit, le développement de la norme de consommation. Celle-ci donne un poids croissant à la commercialisation du produit. Le dépassement de la consommation de masse repose sur la capacité qu’ont les acteurs économiques à créer une plus-value d’image ou à garantir une capacité d’accès aux produits. Deux modèles sont à l’œuvre dans l’économie moderne. Le premier repose sur la valeur produit, il cherche à instaurer le désir de l’objet par la quête sans fin d’une image, un renouvellement accéléré des gammes et l’innovation technologique, c’est le monde des marques. Le deuxième voit pour l’essentiel la distribution dicter sa loi, avec des produits de plus en plus banalisés, l’enjeu est ici de garantir l’accessibilité du produit auprès du consommateur final, c’est le monde des enseignes. La différence avec ce que l’on a appelé les stratégies de différenciations ou de volume prix, c’est que la part relative du produit tend à baisser alors que la part relative des services liés à la commercialisation tend à s’accroître dans la chaîne de valeur. Ces modèles recouvrent des rapports de force différents dans la chaîne de valeur, une fixation asymétrique des prix et une répartition inégalitaire des marges. Au final, un nombre extrêmement limité d’acteurs tend à concentrer les marges au sein d’une filière, plutôt du côté de la production dans le premier cas, plutôt du côté de la distribution dans le second cas.
Bien sûr, cette limite est un peu arbitraire, certains producteurs ont fondé leur stratégie sur l’accessibilité de leurs produits, la marque qu’ils défendent doit avant tout rester bon marché. De même, cette spécialisation n’est jamais univoque, elle s’est d’abord créée sur la division du travail fondée sur des savoir-faire techniques et une demande par essence locale, c’est dire que le poids de l’histoire joue pour beaucoup dans la spécialisation. Tout se passe pourtant comme si dans les pays européens les plus développés, la spécialisation en fonction de ces nouveaux modèles économiques s’était en partie superposée à une spécialisation par pays. Il est parfois difficile d’y déceler des raisons objectives, la spécialisation sur l’un ou l’autre modèle se révèle aussi profitable pour les acteurs économiques. L’histoire industrielle de l’Allemagne n’explique pas tout, comme la longue histoire de la France en matière de grande distribution et de maisons de commerce ne suffit pas. Après tout, pour ne citer qu’un exemple, les fondateurs du groupe Auchan ont un long passé d’industriels dans le textile.
La concentration de la plus-value sur un nombre très limité d’acteurs et la spécialisation suivant l’un ou l’autre modèle n’est évidemment pas neutre pour les pays. Dans les deux cas, si l’on crée beaucoup de valeur, les effets ne sont pas équivalents du point de vue de la balance commerciale. Pour faire simple, la richesse produite dans le premier cas s’accompagne en général d’une balance commerciale positive (on exporte un produit) alors que dans le deuxième cas, on achète à bas coût, de plus en plus souvent à l’extérieur. Dans le modèle produit, la ligne de fabrication reste un élément important de la chaîne de valeur, elle continue à concentrer une partie importante des investissements pour entretenir l’image du produit. Les usines ou la maison mère facturent directement, car les bénéfices doivent être réinvestis. Tant mieux pour la balance commerciale et les rentrées fiscales du pays où les lignes de fabrication sont implantées
Dans le modèle fondé sur l’accessibilité, la situation est beaucoup plus complexe. S’agissant des acteurs industriels ayant fondé leur stratégie sur des produits d’entrée de gamme, cela fait longtemps qu’une grande partie de la production a été délocalisée là où le coût des facteurs de production était le plus faible. Dans ce cas, les bénéfices suivent les mêmes circuits que dans le modèle produit. S’agissant de la grande distribution ou des autres services marchands, l’achat à bas coût est au cœur de la stratégie, mais le bénéfice peut se générer là où on le souhaite : point de vente, centrale d’achat, support à la commercialisation. Le réinvestissement se fait aussi sur des entités plus atomisées. La porte est grande ouverte aux stratégies d’optimisation fiscale, une grande partie des bénéfices ne remontent jamais dans le pays d’origine. En d’autres termes, pour les pays ayant principalement des acteurs du second modèle, le déficit commercial est structurel et les rentrées fiscales sont aléatoires.
Dans l’Europe d’avant la monnaie commune, un mécanisme de régulation subsistait de par le cours des monnaies. Un pays en déficit chronique affaiblissait la position de sa devise, la dévaluation ralentissait pour un temps la consommation intérieure et permettait aux industriels demeurant encore sur le territoire national d’exporter plus. Pour les pays exportateurs, la forte demande de monnaie ralentissait le volume des exportations, même si l’élasticité prix est en général assez faible dans le cas des stratégies fondées sur le produit. Avec la zone euro, la situation aurait dû être plus simple pour les pays dont la spécialisation relative s’est faite sur le modèle de l’accessibilité. Après tout, il ne s’agit que du paiement par un acteur privé (qui en a par ailleurs les moyens puisqu’il réalise des bénéfices) auprès d’un autre acteur privé. En réalité, la dette du distributeur passe par l’intermédiaire d’un règlement interbancaire, et la dette sera probablement compensée par une autre dette (mais le volume des dettes à échanger est asymétrique) ou refinancée sur le marché interbancaire. Il y a retranscription de ces opérations dans la balance commerciale propre à chaque pays, de plus, l’assèchement du refinancement interbancaire s’est retrouvé transcrit dans les soldes Target 2 des pays importateurs nets. Autrement dit, l’enrichissement d’une entreprise nationale peut passer par la dégradation générale de la situation de ce même pays vis-à-vis de l’extérieur.
La construction européenne a aussi permis la mobilité des avantages comparatifs. Elle est inscrite dans les traités européens : libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux (surtout des marchandises et des capitaux). La norme de production moderne facilite cette mobilité. L’image de l’usine intégrée ne correspond plus à la réalité, la production se divise en modules, les modules peuvent facilement être sous-traités et relocalisés là où il existe un avantage comparatif déterminant. Cette réalité est indépendante des paradigmes à l’œuvre dans l’économie. Quand l’on construit sa stratégie sur l’accessibilité, il est bien évidemment nécessaire de produire ou d’acheter à bas coût, mais pour les stratégies construites sur l’image du produit, ce sont des opportunités supplémentaires de création de profit, il n’est qu’à voir la balance commerciale de l’Allemagne vis-à-vis de la Hongrie ou de la Slovaquie. Lors de l’élargissement de l’Europe, la spécialisation des nouveaux entrants s’est opérée de plus en plus sur la base du coût du travail. Elle s’est accompagnée d’un transfert massif des moyens de production. On peut étendre ce raisonnement aux services comme le tourisme. Le tourisme de masse espagnol s’est affaibli au profit de pays comme la Bulgarie, la Roumanie, les côtes slovène ou croate qui offrent des opportunités encore moins chères.
L’un des principes énoncés par Ricardo (et ses successeurs) est celui de l’immobilité des facteurs de production, c’est plutôt le contraire que l’on observe. Le premier aspect, c’est que cette mobilité s’est déroulée sur des logiques différentes. Lors de l’ouverture des pays du Sud, ce sont des usines complètes qui ont été installées avec en ligne de mire les marchés locaux. Lors de l’ouverture à l’Est, c’est de la sous-traitance à bas coût qui s’y est implantée avec une fixation des prix et des marges en faveur des acteurs demeurés dans leurs pays d’origine. Dans ce cadre, le transfert des moyens de production par les grands acteurs économiques change la nature du problème, c’est un pillage privé qui est en train de s’opérer. D’un côté le transfert des moyens de production appauvrit le pays qui en est la victime, de l’autre, elle enrichit l’acteur privé qui a procédé à ce transfert. Le dernier aspect du problème, est que l’enrichissement d’un nombre limité d’acteurs privés ne bénéficie que peu aux États du fait des politiques fiscales extrêmement favorables aux entreprises, l’enrichissement ne reste que privé.
Il est très difficile de tracer cette nouvelle réalité au travers des indicateurs économiques standards, juste peut on y déceler quelques signes. L’Allemagne se serait spécialisée dans le modèle de la valorisation de la marque, la France se serait axée sur l’accessibilité au travers de la grande distribution, des services (y compris financiers) et d’une industrie plus axée sur l’entrée de gamme. On peut en partie capter les effets de cette spécialisation dans l’évolution de l’EBE généré dans l’industrie et dans les services sur la période 95 – 07 ainsi que dans les rentrées fiscales, l’écart de profil entre la France et l’Allemagne est significatif.
France : EBE Industrie vs Services marchands
Allemagne : EBE Industrie vs Services marchands
Il est bien peu question de compétitivité dans ce billet. Améliorer la balance des paiements reviendrait à changer de modèle dominant ou pire encore, à aligner le coût du travail sur les nouveaux entrants de l’Est, mais il n’y a pas de « gosplan » prévu dans la construction européenne. De plus, le modèle de l’accessibilité repose sur le maintien de la capacité à consommer pour les classes moyennes. Cette capacité est de plus en plus mise à mal par la mobilisation croissante des ressources sur des dépenses contraintes telles que le logement et la santé. Pour la grande distribution et les services associés, les stratégies sont celles de l’internationalisation vers de nouveaux eldorados comme la Chine. Du point de vue de l’entreprise industrielle qui aurait fondé sa stratégie sur le modèle d’accessibilité, la pression sur les coûts de production devient insoutenable. Ce n’est pas un problème de compétitivité, c’est un problème de marché. Mais il ne faut pas se leurrer, le modèle produit a aussi ses limites. Bien des désillusions restent à venir pour les pays ayant un modèle dominant produit, surtout quand il se double de politiques sociales agressives.
49 réponses à “LE TONNEAU DES DANAÏDES (I), par Michel Leis”
Il y a deux alternatives qui correspondent à des scénarios différents. La situation de départ est un ensemble historique et culturel très mollement économiquement intégré où certains produisent, exportent et stockent des excédents tandis que d’autres consomment, importent et affichent des déficits. Les comptes Target 2 ne font que réfléter ces disparités. Premier scénario. L’euro perd des partenaires, se trouve limité dans son usage à une zone réduite grosso modo aux producteurs et les sortants subissent des pertes considérables avant de subir une dépression durable, mais aussi avant de se relever avec une monnaie dévaluée. Au passage, les producteurs perdent des marchés et subissent eux aussi le contrecoup de la réduction du domaine de l’euro. On en revient aux années 90. Second scénario. La poussée intégratrice est relancée, budget et fiscalité sont alignés voire fusionnés, les transferts d’équilibrage via la BCE ou les divers fonds bricolés récemment ne sont plus nécessaires, la crise se tasse. Elle ne disparaît pas pour autant, mais le club UE a gagné du temps. L’ampleur des abandons de souveraineté serait tel que l’on peut parler de véritable tournant civilisationnel pour de si vieilles nations.
c’est là que j’arrête de lire. Une alternative.
et deux options
Bonne remarque, Vigneron ! On peut aussi regretter l’emploi du barbarisme « solutionner » en lieu et place du bon vieux « résoudre ». Les verbes du troisième groupe sont en péril… Maintenant, ce serait dommage de rater la substantifique moelle de ce texte pour une simple question de forme.
Le principe des forums d’internet, c’est qu’il n’existe ni correcteur de presse ni comité de lecture.
On en revient aux années 1990.
Revenir à 1990 , c’est une remise à zéro des compteurs.
1990 c’est peu ou prou le début de la flambée boursière.
Il faudra en passer par là même si cela sera douloureux pour certaines catégories sociales.
Un chiffre, solde net des flux de capitaux entre les pays développés et » les autres » en 2011 : plus de 850 milliards USD. Au crédit des premiers bien sûr, en titres de dettes souverains évidemment.
L’auteur veut juste rester colonialiste comme à son habitude, Gneron. Relis bien.
Tu t’es juste encore fait avoir, commercial… Qui a peur pour ses avoirs, bien évidemment…
Est-ce qu’il t’est arrivé parfois de comprendre tes propres posts à la rekecture ne serait-ce qu’une heure après leur écriture yvan ?
La bonne métaphore du système est celle des Shadoks. Il faut pomper. C’est la « science » économique qui le dit. Peu importe la réalité.
« Ce n’est pas un problème de compétitivité, c’est un problème de marché. »
et oui peut-être faut-il le dire autrement à nos élus :
« Je ne cesse de lui répéter : « C’est un taureau ! » et il continue de me répondre : « trais-le ».
Proverbe populaire
La zone euro, comme en Amérique du Nord, est passée d’une spécialisation de produits fabriqués sur son propre sol, à une spécialisation d’importations de produits sans alternative de consommation par l’emploi.
On assiste à un discours de spécialisation des produits hauts de gamme, pour se situer un « nouveau » enjeu économique industriel, toutefois même le haut de gamme est concerné par les délocalisations. Toute cette main-d’oeuvre qui a parfois travaillé pendant 1, 2 ou 3 générations dans des secteurs industriels, comme pour les citoyens-paysans, sont gâchés pour réaliser plus de profits, c’est un savoir-faire qui s’en va, et que l’ Allemagne ou les Pays-Bas ont protégés par des barrières douanières nationales.
Les délocalisations sont très intenses, avec des chiffres 500 000 pertes d’emplois en France, au niveau industriel, mais en plus les restructurations, bien que prévenu à l’avance, ne débouchent pas sur de nouveaux emplois ou sur un nouveau secteur d’activité assez dynamique (ne parlons pas de plusieurs) pour utiliser ce savoir-faire, et créer un nouveau mode de consommation, plus en phase avec les problèmes écologiques.
Même en si prenant 3 ans à l’avance, dans un bassin (en cours de délocalisation) industriel comme Toulouse, les chiffres de retour à l’emploi sont très faibles, et il y a en plus de nombreux jeunes qui arrivent sur le marché quotidiennement. En fait, la situation est devenue tellement difficile que même les emplois précaires sont difficiles à trouver, même en période d’été. Ce qui privent de nombreux futurs consommateurs, de citoyens qui dépendent de revenus pour vivre en société, et voîent en même temps des choix d’austérité aggraver la pauvreté citoyenne.
Le modèle libéral n’est plus de voir les classes moyennes comme un moteur de croissance, mais de rentabilité, sans investissement futur pour créer un nouveau circuit de consommation, qui dans ce type de société peut nuire à la cohésion sociale. La hausse des prix (par la spéculation) s’ajoute aux difficultés des citoyens pour créer des conditions de vie qui permettent de s’implanter (financièrement) dans la société.
S’en fout on exporte des produits financiers, T Bonds, Bunds et OAT en tête de gondole. Z’en r’demandent.
Je suis d’accord avec votre analyse, Cassiopée…
Il faut juste se poser la question à propos du « produit haut de gamme »… C’est ce que les « producteurs » veulent nous faire croire, la surenchère sur une pseudo « qualité » pour justifier des prix démesurés… C’est surtout les bénéfices qui sont « haut de gamme », non ?
Cher Monsieur Leis, j’avoue avoir beaucoup de peine à suivre votre démonstration ; ne perd-elle pas son objectif en cours de route ?
Vous nous parlez du tonneau des Danaides en partant des dettes souveraines …
puis du dilemme dévaluation / inflation …
avant de vous inquiéter de la balance des paiements …
puis de la balance commerciale qui vous amène à Ricardo.
Puis vous nous présentez deux modèles micro-économiques de création de valeur, alternatifs selon vous, celui de la marque et celui de l’enseigne.
On a oublié Ricardo pour surfer sur des thèmes chers à Michael Porter dans son ouvrage sur la Concurrence, fondateur du management stratégique des organisations …
Vous entamez votre conclusion en indiquant qu’il est bien peu question de compétitivité dans ce billet … je vous le concède car on n’en parle même pas du tout.
Et vous concluez en affirmant que « bien des désillusions restent à venir pour les pays ayant un modèle dominant produit, surtout quand il se double de politiques sociales agressives », conclusion qui en vaut bien une autre me direz-vous …
Heureusement que vous avez pris soin de préciser juste avant qu’il n’y a pas de Gosplan prévu dans la construction européenne. Le regretteriez-vous ?
Ma critique n’a rien d’agressif mais que recherchez-vous dans ce texte?
Pour ma part, je n’y ai rien trouvé si ce n’est un impressionnisme qui ne fait pas image.
En espérant un éclairage soudain et salvateur dans le volet II de votre travail.
Bien à vous.
Appiciliera, on vous a pas appris à lire les titres avant le corpus à l’école ?
y’a un (I), donc un (II), au moins.
Et vous, cher Vigneron, on ne vous a pas appris à lire les textes des petits camarades jusqu’à la conclusion avant de saisir votre clavier rageur ?
J’attends ardemment une petite lumière de l’auteur en lui disant :
» En espérant un éclairage soudain et salvateur dans le volet II de votre travail. »
Mais c’est vrai que depuis que j’ai appris à lire les titres avant le corpus à l’école, j’engage depuis longtemps tous mes étudiants à lire le texte, rien que le texte et TOUT le texte avant de se précipiter …
37°, 38° ou plus chez vous ?
Bon courage pour cette nuit.
Ben oui mais c’est pas une conclusion, Herr Professor.
Vous auriez avantageusement pu vous contenter de » En espérant un éclairage soudain et salvateur dans le volet II de votre travail. »
Bien à vous. Herr Doktor.
En peinture, l’impressionnisme vise à rendre une image en utilisant des combinaisons de couleurs primaires et sans s’attacher aux détails. Les multiples contributions et les commentaires de ce blog sont un peu de cette nature. Plus sérieusement, je vous renvoie au commentaire que j’ai posté à Daniel. J’espère que l’image se fera plus précise avec le deuxième billet.
Moi, j’ai trouvé que certains des virages de votre billet, M. Leis, était braudéliens (le contre-exemple d’Auchan, nommément).
Braudel a aussi écrit sur le capitalisme de façon quelque peu impressioniste, sans vouloir une super théorie, mais en se demandant où les « transformateurs hautes tensions » se situaient dans l’économie, et où menaient les lignes à haute tension, suivant son analogie préférée.
Pour votre livre que j’ai essayé de me procurer, M. Leis, les Editions du Cygne sont une catastrophe absolue, incapables de distribuer en librairie dans des délais décents. Dommage, mais si je finis par vous lire dans votre ouvrage, je pense que je ne le regretterai pas.
Cdlt
Y aurait-il un parallèle à faire entre les interventions publiques qui tentent de stopper la réaction du système financier et les interventions des ingénieurs japonais qui tentent de stopper la réaction nucléaire des trois coriums… Dans les deux cas des baignoires qui fuient et des shadocks qui pompent… pour des résultats inconnus et, sauf miracles, catastrophiques… les tonneaux des Danaïdes modernes…
et en mettant une baignoire sous la baignoire qui fuit
et une autre baignoire sous la baignoire qui fuit
et ainsi de suite
on pourrait faire le tour de la terre en circuit fermé
et tout le monde aurait une baignoire
qui fuit donc sans eau
mais ce n’est qu’un détail
tout le monde aurait le même standing
c’est un peu comme Bill Gates qui rêve du jour où toutes les personnes du tiers monde pourront faire leurs besoins dans un wc qui transforme tout en quenelle de charbon pour alimenter le feu du fourneau quelques Watt pour allumer une ampoule pour la veillée et deux bons litres d’eau propre pour ne plus être malade
ça part d’une bonne intention l’idée du recyclage,
le concept d’amortissement énergétique de la chaine de production des wc est encore a améliorer
mais c’est un progrès considérable
jusqu’à aujourd’hui les 2m2 du petit coin étaient assez délaissé côté rendement.
je propose un wc hightec couplé avec une ferme d’élevage des poissons et de culture aquaponique un remake de la rizière à l’orientale façon temps anciens
imaginez vous dans un petit coin en forme d’aquarium faisant vos précieux besoins riches en nutriments au milieu des poissons rouges et des légumes pour la soupe
nul doute que certains deviendraient pro dans l’art de se faire chier.
et l’on organiserait des concours de bienfaiteurs du monde.
ça changerait l’américain moyen du fameux concours de mangeur de hot dog.
en 2012 on avait aliéné le cerveau et les estomacs au profit
on avait rentabilisé l’investissement en installant des écrans de télévisions dans les toilettes
que tout cela parait antique désormais.
en 2102 la chaine est bouclée
le nouveau trade consiste a en faire chier mais durablement sur un plan économique
le nouveau produit bancaire à la mode: le laxatif oui mais ! pour ver de terre je vous prie!
ainsi nous avons trouvé l’investissement écologique de première valeur qui nous sort enfin du cycle infernal du recyclage des dettes.
on a bien cru ne jamais s’en sortir!
non vraiment le laxatif pour ver de terre dépasse de loin l’industrie bousière de la filière bovine et même humaine
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/08/17/97002-20120817FILWWW00468-les-toilettes-du-futur-inventes-en-suisse.php
Désolée, d’être aussi crue, mais vu ce que vous regardez à la télé, le langage médical ne devrait pas vous choquer. Trop serrés par leurs cravates et leurs costumes 3 pièces, ils ont juste oublié de changer l’ergonomie du trône qui coupe la circulation du sang au niveau des cuisses. Et la position assise empêche le relâchement musculaire nécessaire au transit normal. Sachant que les lavements à la poire et l’huile de Ricin sont passés de mode, que la nourriture est de plus en plus indigeste, on en a pas fini avec les hémorroïdes, les maladies digestives, les cancers du colon..
… sans parler de la bétise. Vu que le ventre est notre deuxième cerveau, on comprend mieux ce qu’il se passe en ce moment.
Révolutionnaire, serait de s’accroupir au fond du jardin.
J’aime bien cette subversion pour bricoleurs et amateurs de vide greniers ; ça fleure bon son Prévert et sa chaussée d’Antin d’avant les promoteurs.
Et puis sur le tableau noir : Dimanche 19 Aout 2012.
J’irai taper les brosses à la récré.
Bien à vous
Rahaha, 6 millions.
Pas de $.
De mômes.
Par an.
De gastro-entérites
Morts.
Morts de boire leur merde si tu préfères, celle des autres surtout..
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/decouv/potable/maladEau.html
c’est bien vigneron c’est bien
continue, courage mec
http://www.eautarcie.com/
Hygiénisme: idéologie du développement insoutenable
a) Hygiénisme et santé
La répulsion vis-à-vis des déjections, a développé une vision éloignée des réalités concernant les relations entre les micro-organismes et la maladie. Pendant que tout l’arsenal technique de la biologie et de la médecine a été mobilisé pour prouver que la plupart des maux affligeant l’humanité trouve son origine dans ces êtres microscopiques présents dans les déjections humaines et animales, on a un peu perdu de vue que depuis des milliers de générations notre système immunitaire a génétiquement été programmé pour vivre dans un équilibre dynamique avec ces êtres microscopiques. Par contre, les réactions aux biocides de synthèse n’ont pas été incorporées dans ce programme. Les médecins qui soignent les affections allergiques pourraient en dire plus. Les micro-organismes les plus dangereux sévissent précisément en milieu hospitaliser où l’hygiénisme est de rigueur.
b) Le problème de l’eau potable
La vision hygiéniste est un des obstacles majeurs devant les solutions pragmatiques du problème du manque d’eau potable dans le monde. En attribuant tous les maux aux micro-organismes d’origine fécale susceptibles de se trouver dans l’eau consommée, on fait la promotion d’une technique unique pour l’approvisionnement en eau: la distribution centralisée d’une eau désinfectée au chlore. Sans parler des effets pervers de l’usage des biocides oxydants sur la santé [2] , avec la volonté de maintenir le monopole de la distribution centralisée d’eau potable, on ferme la porte à une série de techniques décentralisées qui, à partir de l’eau des précipitations, résoudraient d’une manière élégante et peu onéreuse le problème du manque d’eau potable dans le monde. Mais pourquoi faire simple et bon marché quand on peut faire très compliqué et très cher?
Il ne faut évidemment pas conclure du raisonnement développé ci-dessus qu’il faut abandonner la propreté, l’hygiène et boire ou absorber n’importe quoi. Ce sont les excès de l’hygiénisme dont il faut se méfier. Lorsqu’il s’agit d’autoriser l’usage de l’eau de pluie en tant qu’eau potable dans les lieux publics, il y a, sous la pression des techniciens hygiénistes, interdiction formelle. Cette interdiction n’est pas basée sur une démarche scientifique objective. Elle intervient systématiquement, même dans les cas où la qualité de l’eau potable obtenue à partir de l’eau de pluie satisfait aux normes les plus sévères.
La vison hygiéniste a assimilé l’eau à un produit qui purifie, lave et emporte toutes les saletés. Ce qu’elle a par contre oublié, c’est qu’en emportant nos «saletés» l’eau aussi est souillée.
d) La gestion des eaux usées
Qu’à cela ne tienne – disent les techniciens en génie sanitaire – nous allons l’épurer. C’est à ce niveau que commence une série d’options techniques incorrectes qui font de l’eau dans le monde un problème environnemental, économique et politique de premier ordre. Le plus grave est que les promoteurs industriels de ces techniques, en achetant des fonctionnaires et les hommes politiques, ont bétonné la législation de l’eau dans le monde pour barrer la route à l’extension de toute autre technique basée sur une vision plus réaliste. La désinformation du public bien conditionné par plus un siècle de pensée hygiéniste constitue la garantie de pérennité de l’aberration institutionnalisée pour la gestion de l’eau. Nous sommes entrés dans une spirale d’escalade de pollution – dépollution où les ressources de plus en plus rares en eau glisseront progressivement dans les mains de ceux qui les utiliseront comme moyen de pression et de domination.
Il sort du cadre de ce travail de fournir une analyse critique pour démontrer le caractère absurde et nuisible des techniques de gestion actuellement préconisées pour l’eau. Je me contenterai de donner quelques idées directrices sur lesquelles chacun peut partir pour rechercher l’information – de plus en plus rare – sur les solutions techniques et politiques alternatives.
Le point de départ est de prendre pleinement conscience du fait que les déjections humaines et animales ne sont pas des déchets à éliminer sous prétexte d’épuration ou de dépollution, mais qu’elles font partie intégrante de la biosphère. Elles constituent le chaînon qui nous relie à la terre. La santé de celle-ci en dépend et déterminera l’alimentation des générations futures et peut-être la possibilité de vie même sur cette planète.
L’idée n’est pas nouvelle. Que disait à ce sujet, il y a bien plus d’un siècle, Victor HUGO dans les « Misérables »?
« Paris jette par an 25 millions à l’eau. Et ceci sans métaphore. Comment et de quelle façon? Jour et nuit. Dans quel but? Sans aucun but. Avec quelle pensée? Sans y penser. Pour quoi faire? Pour rien. Au moyen de quel organe? Au moyen de son intestin. Quel est son intestin? Son égout. 25 millions, c’est le plus modéré des chiffres approximatifs que donnent les évaluations de la science spéciale. La science, après avoir longtemps tâtonné, sait aujourd’hui que le plus fécondant et le plus efficace des engrais est l’engrais humain. Les Chinois, disons-le à notre honte, le savaient avant nous. Pas un paysan chinois, c’est Eckelberg qui le dit, ne va à la ville sans rapporter, aux deux extrémités de son bambou, deux seaux pleins de ce que nous nommons immondices. Grâce à l’engrais humain, la terre en Chine est encore aussi jeune qu’au temps d’Abraham. Le froment chinois rend jusqu’à cent vingt fois la semence. Il n’est aucun guano comparable en fertilité aux détritus d’une capitale. Une grande ville est le plus puissant des stercoraires. Employer la ville à fumer la plaine, ce serait une réussite certaine. Si notre or est fumier, en revanche, notre fumier est or. Que fait-on de cet or fumier? … On le balaye à l’abîme. On expédie à grands frais des convois de navires afin de récolter au pôle austral la fiente des pétrels et de pingouins, et l’incalculable élément d’opulence qu’on a sous la main, on l’envoie à la mer. Tout engrais humain et animal que le monde perd, rendu à la terre au lieu d’être jeté à l’eau, suffirait pour nourrir tout le monde. Ces tas d’ordures du coin des bornes, ces tombereaux de boues cahotés la nuit dans les rues, ces affreux tonneaux sur la voirie, ces fétides écoulements de fange souterraine que le pavé cache (N.B. Il s’agit des égouts) savez-vous ce que c’est? C’est de la prairie en fleur, c’est de l’herbe verte, c’est du serpolet et du thym et de la sauge, c’est du gibier, c’est du bétail, c’est le mugissement satisfait des grands boeufs le soir, c’est du foin parfumé, c’est du blé doré, c’est du pain sur votre table, c’est du sang chaud dans nos veines, c’est la santé, c’est la joie, c’est la vie. Ainsi le veut cette création mystérieuse qui est la transfromation sur le terre et la transfiguration dans le ciel. » (Texte lu par Danielle BAILLY)
D’une manière plus pratique, disons que les déjections humaines (W-C) et celles de nos animaux (élevages hors sol) n’ont pas leur place dans l’eau. Le gâchis réalisé par leur rejet dans l’eau est la cause numéro un de la dégradation de nos écosystèmes dans lesquels l’eau est de plus en plus malade et devient de plus en plus rare. En ce sens, le principe même de l’épuration des eaux usées urbaines est incompatible avec le concept du développement durable.
Bien que les techniciens le savent bien, ils cachent soigneusement au public le fait que l’épuration telle qu’on la pratique actuellement ne fait rien d’autre que détruire une matière première importante pour la transformer en pollution par les nitrates. Cette matière première, les déjections riches en azote, est irremplaçable pour reconduire dans les terres la biomasse végétale riche en carbone pour la formation de l’humus. Lorsqu’on ignore ce fait capital, les conséquences environnementales ne se font pas attendre:
– L’azote contenu dans les déjections apparaît dans les eaux sous forme de pollution par les nitrates. Une petite quantité d’azote est rejetée dans les rivières avec les eaux épurées. Cette quantité suffit pour perturber la vie aquatique. La majorité de l’azote se retrouve dans les boues d’épuration et rejoint les rivières ou les eaux souterraines après épandage des boues sur les terres agricoles. Il n’y a qu’une petite partie qui est valorisée par les plantes.
– L’azote actuellement rejeté sous forme organique dans les eaux serait pourtant indispensable pour stabiliser la biomasse végétale et former de l’humus. Pour ce processus, il faut que les composés organiques ne soient pas rejetés dans l’eau et qu’ils ne soient pas détruits par épuration. Sans cet azote organique, la décomposition spontanée et la soi-disant «valorisation énergétique» de la biomasse végétale ne fait qu’aggraver les problèmes de l’effet de serre.
– L’azote animal (ou humain) transformé en nitrate et dispersé par l’épuration n’arrive pas à la plante (ou vraiment très peu). Pour le maintien de la production agricole, l’azote détruit par épuration est remplacé par de l’azote de synthèse (engrais chimiques) qui favorise encore la disparition de l’humus du sol et nous entraîne dans la spirale d’escalade de l’usage des pesticides.
– Ces pesticides polluent à leur tour la terre, les eaux et aussi notre alimentation. Ils détruisent la vie dans le sol et déséquilibrent les écosystèmes en tuant aveuglément les soi-disant nuisibles, mais aussi les êtres vivants indispensables pour la biodiversité et le maintien de la fertilité du sol.
– Faute d’humus, la terre fertile disparaît par érosion. Il faut des siècles, voire des millénaires pour former de nouveau quelques centimètres de terre agricole.
– Pour la fabrication des engrais de synthèse et des produits phytosanitaires – indispensables dans ce système – on brûle une quantité énorme de pétrole en aggravant encore l’effet de serre.
– L’appauvrissement des écosystèmes réduit la biomasse végétale dont la synthèse constitue un «puits de carbone» dans l’atmosphère. Ce puits se comble de plus en plus et nous entraîne dans une situation dont nous ne pouvons actuellement qu’entrevoir la gravité.
Certains pourraient dire que les déjections humaines ne représentent qu’une fraction négligeable par rapport à l’ensemble de la biomasse disponible sur Terre. Leur épuration ne constitue donc pas un gâchis irréparable. En fait, la biomasse humaine est l’une des plus importantes qui se trouve dans la biosphère. Il n’a que celle des bovins qui la dépasse. L’azote contenu dans les déjections humaines représente 40 % de l’azote que l’agriculture mondiale utilise. C’est une quantité trop importante pour se permettre le luxe de sa destruction sous prétexte d’épuration ou de dépollution. Pour boucler les grands cycles naturels, il convient donc de reconduire la biomasse animale et végétale dans la terre.
Faut-il encore préciser que la manière dont cette biomasse est reconduite dans le processus de formation des sols est très importante et sort malheureusement de la logique des techniciens en agriculture? Pour eux, du moment qu’on épand la biomasse sur le sol, celle-ci devient «un amendement organique» et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. C’est avec ce raisonnement d’épicier et de comptable que l’on justifie la «valorisation agricole» des boues d’épuration. L’exposé des conditions scientifiques pour la reconduction correcte de la biomasse dans la genèse des sols sort du cadre de ce travail [4] .
Les techniciens travaillant chacun dans leur petit domaine spécialisé n’ont, de toute évidence, pas une idée d’ensemble des interactions et des conséquences des techniques qu’ils préconisent. Il faudrait une vision et une démarche globalisantes dans les sciences et les techniques. A titre d’exemple, pour un ingénieur en génie sanitaire, l’important est de bien épurer les eaux usées. La seule préoccupation de l’ingénieur agricole sera d’assurer le rendement à l’hectare cette année-ci. Le spécialiste de l’eau potable veillera à l’absence de toute vie dans l’eau qu’il proposera à la consommation. En cas d’émergence d’un nouveau problème, ils s’efforceront de parer au plus pressé, sans remonter aux causes originelles du problème.
Cet aveuglement est tellement naturel dans les milieux scientifiques, que l’exposé d’une vision globale a beaucoup de mal à atteindre le niveau de compréhension des spécialistes, très savants certes, mais engoncés dans les préoccupations routinières de leur domaine.
En septembre 2000, lors d’un colloque international sur la gestion de l’eau dans le monde les spécialistes de tous horizons ont esquissé, chiffres à l’appui, l’impasse totale dans laquelle nous nous trouvons: la capacité de renouvellement de nos ressources en eau a déjà été dépassée un peu partout. A la question de savoir comment sortir de l’impasse, les spécialistes de réputation mondiale n’ont aucune réponse. Il faut dire que l’écrasante majorité de ces spécialistes sont payés par de grandes sociétés de construction d’équipements d’épuration, de traitement, d’analyse et d’adduction d’eau. Plus l’eau sera une denrée rare, plus sa production aura la cote sur le marché. C’est dans ce contexte que j’ai fait un exposé qui répond aux questions primordiales pour sortir de l’impasse [5] .
Devant un parterre de spécialistes internationaux de l’épuration, montrer que l’épuration est une nuisance environnementale majeure qui est à l’origine des grands problèmes d’eau et que, pour les résoudre, il ne faut surtout pas épurer, est une gageure. L’exposé a fait l’effet d’un pavé jeté dans la mare. Il n’a pas suscité d’avalanche d’arguments scientifiques, ni de débat contradictoire, ainsi que je l’espérais, mais seulement un long silence et des sourire gênés. Toutefois, les commentaires allaient bon train dans les couloirs et au repas. Pour un des directeurs d’une grande société multinationale d’épuration, je devais être «tombé sur la tête», tandis qu’un politicien affirmait au contraire qu’il rencontrait enfin «un scientifique en génie sanitaire qui ne pédale pas dans le vide et qui a une vision au-dessus du guidon». Cependant, je n’ai eu aucune objection de nature scientifique pour montrer que les idées que je défendais étaient fausses.
à propos de tonneau des danaïdes autant savoir avec quelle eau le remplir.
Intéressant…(je pense aux antibiotiques et il y a des points communs)
Vous connaissez donc bien les publications comme
PREVEDELLO C. (2007). L’exploitation des ressources en eau de pluie in Rapport analytique sur l’état de l’environnement wallon 2006-2007, MRW-DGRNE, 164-169.
ROSILLON F., VANDER BORGHT P., ORSZAGH J. (2007). Sondage relatif à la qualité des eaux de pluie stockées en citerne à usage domestique en Wallonie. Europ. Journal of Water Quality, T.38, fasc. 2, 169-180.
(Voire vous les citez dans votre travail ?)
@Rahane : Un peu de Pub BRF:
L’ avantage de l’ humus issu de ligneux sur celui issu d’ herbacés tient ds le blocage des polluants par les fungus et autres basydiomachins ..L’ étude ci dessous parle surtout du blocage des métaux lourds …des essais en Bretagne montre aussi que leur utilisation permet de fixer plus d’engrais qu’ils n’ en produisent donc de limiter les dégats collatéraux des lisiers :
http://andre.emmanuel.free.fr/brf/articles/rapportBRF.pdf.
Il faudrait plus de temps que je n’en dispose pour voir si des etudes similaires ont porté sur les pollutions non métalliques et non minérales (peut chez les thézards de l’ U. LAVAL du Quebec , chez feu le Pr Lemieux
Je crois qu’opposer et comparer l’industrie allemande et le grand commerce français est une erreur, il n’y a pas de comparaison possible et les faits ne sont pas spécifiquement l’un allemand, l’autre français.
La France n’a que peu d’industrie, c’est sa faiblesse, mais l’Allemagne a d’importantes sociétés de distribution, très importantes en fait.
L’industrie allemande emploie environ 40 millions de personnes,
le grand commerce français n’est certainement pas comparable en proportion ( j’ignore les chiffres précis).
Incidemment, vus la taille de l’ Allemagne et son niveau de vie, le marché intérieur allemand est largement supérieur au notre, et il est pour l’essntiel entre des mains allemandes. Que le petit commerce y soit en bonne santé est le reflet d’un aménagement du territoire (politique de la ville) pensé et voulu ainsi.
Vous devez , sans doute, répondre à un besoin de symétrie pour caractériser l’un par la production et l’autre par la consommation mais ce n’est pas pertinent.
J’ajoute que le France était un ancienne et grande Nation industrielle.
La désindustrialisation du pays n’est que très récente.
La grande bourgeoisie arabe le montre bien: quand un pays n’a pas d’industrie, la solution de facilité pour une classe sociale aspirant à un bon niveau de richesse et de reconnaissance reste le commerce: difficulté moyenne et gains maximum et quasi immédiat. Alors que mettre sur pied une industrie est un parcours d’obstacles collectif autrement incertain.
J’espère que dans la seconde partie vous montrerez les lacunes
des frontières ouvertes selon Ricardo. Rien de plus normal:
Ricardo ne l’a pas démontré. Il a simplement posé en hypothèse
l’intérêt de tarif douanier faible ou nul pour prouver sa théorie de l’avantage comparatif.
Si on admet cette théorie, appliquée au hasard au couple Grèce-Allemagne
la question devient: combien d’olives pour équilibrer une berline de luxe ?.
Cher Daniel, vous certainement suivi les mêmes cours que Michel, mais lesquels ?
La grande bourgeoisie arabe nous le montre bien …
Combien d’olives pour équilibrer une berline de luxe ?
Au fait, c’est vrai combien ? Et puis surtout, où ?
Bonne soirée.
D’où tu sors ce chiffre ?
Honnêtement, des recherches auraient été mieux que ce chiffre hasardeux. Mais trouver les effectifs par catégories d’emploi n’est pas évident.
Trouvé dans http://www.mfe.org/index.php/Portails-Pays/Allemagne/Presentation-du-pays/Economie
(les PMI) » emploient 70,5 % des salariés (soit environ 20 millions) ; »
soit total 28 millions a supposer que les salariés soient dans l’industrie,ou le secteur secondaire
J’ai la conviction que la lutte féroce pour accaparer le profit dans la chaîne de valeur s’opère maintenant sur un modèle marques –enseignes qui est apparu dans la dernière décennie des 30 glorieuses. Il y a une spécialisation des grands acteurs économique sur ces modèles qui recouvre en partie la géographie, il se trouve que la France et l’Allemagne sont des archétypes. La spécialisation est relative, il reste des industries en France et une grande distribution en Allemagne. Quelques éléments d’appréciation toutefois : Dans le top 50 des grandes entreprises allemandes et françaises, la distribution représente 15% du total en France contre 6.7% en Allemagne, l’industrie 21.6 % contre 53.9% en Allemagne. L’industrie manufacturière représentait 19% des emplois en Allemagne (environ 7.6 millions de salariés) contre 12.4% en France. Au-delà de ces chiffres, la mondialisation ne se fait pas de la même manière suivant que l’on se trouve plutôt sur l’un ou l’autre modèle (je ne parle ici que des grands acteurs) et cette spécialisation a un impact important sur quelques grands agrégats : rentrées fiscales, balance des paiements…
Ai surtout vu au fil des routes du Land pourtant pas pauvre du Baden-Wurttemberg, que plus de la moitié de la distribution, aux approches des villes petites ou moyennes notamment, était dans les chaines low-cost (Penny Markt, LIDL, ALDI, Netto) plutôt que dans les enseignes standard (EDEKA, Spar, …).
Pas convaincu que l’Allemagne ait un secteur de distribution capable de rafler la mise sur toute la chaine de valeur, donc, depuis une ou deux décennies en tout cas.
Juste une impression.
Lorsque des financiers s’occupent de finances et d’économies, c’est le désastre assuré … Le jour où ils auront compris qu’en envoyant par millions les gens au chômage, ils ne font qu’aggraver la crise. Au nom de l’austérité, à cause d’eux et de règles dignes des plus dogmatiques des dogmatiques, les entreprises perdent des clients et donc la machine économique déraille. En attendant, alors que ce sont eux-mêmes qui sont à la base de la crise, ils ne se réforment pas, ni ne font amende honorable.
Voyez ce qui se passe en Italie et vous comprendrez…
http://www.pagtour.net/index.php?tx_pag_pi6%5Buid%5D=6731
Amusant, comme article.
Juste UNE question. Vous devez, en principe, à votre niveau, connaître Tobin. Soit, la question qui tue :
C’est la Zone Euro qui a créé la crise…??????????????????????????????????????????(32)
Se planter plus, c’est être cowboy euméricaïne.
L’introduction m’a plu, mais j’ai rapidement eu un regard décalé quand vous avez parlé de complexifier. Pour faire simple, les milieux financiers perdent entre EUX la CONFIANCE et reportent cette défiance entre eux sur l’État. De ce fait, ce sont les citoyens qui sont créditeurs, sans que cette question les concerne directement : leur méfiance propre n’a aucun effet, ils n’ont qu’une petite épargne ou un crédit contraignant.
Si on passe à l’économie « réelle » (hors finance, et cette réalité est invisible dans les termes médiatisés), il faudrait parler du taux de profit, et vous parlez de modèles ‘marque’ et ‘enseigne’ pour accaparer une plus-value spécifique. J’avais été frappé combien les entreprises du Cac40 perdaient de la plus-value boursière dès début 2007 donc six mois avant la crise. Et Jancovici lie la plus-value productive au prix de l’énergie. Tout cela à rajouter à la péréquation du taux de profit chère à Karl Marx.
Bref, votre ‘complexification’ me demande trop d’efforts ou de CONFIANCE, sans répondre à mes références classiques.
Je ne peux que vous conseiller comme d’ailleurs à Mr LEIS qui commet la même erreur que vous, de remplacer vos références insistantes à la PLUS VALUE par celle à la VALEUR AJOUTEE, à mon sens plus correcte, surtout si vous envisagez le passage micro/macro comme semble l’envisager l’auteur de l’article quand il saute à saute mouton avec Ricardo … même si tout cela me semble passablement tiré par les cheveux … sans aller jusqu’à Karl Marx ou Jancovici (???). Bref, les notions ont un sens et un contenu.
Quant à complexifier, je recommande plutôt le « rendre complexe » surtout si on préfère l’orthographe aux néologismes.
Bonjour chez vous.
Nota Bene : EBE = Excédent Brut d’Exploitation (non ?)
Le principal défaut de ce texte est de se placer sur le terrain de l’ennemi : le quantitatif.
Je rappelle pour mémoire la phrase bien connue de Raoul Vaneigem : « nous ne voulons pas d’un monde où la certitude de ne pas mourir de faim s’échange contre la certitude de mourir d’ennui. »
@ Marlowe
Terrain quantitatif?
IL faut bien « cartographier » les brigades économiques modernes pour savoir ce que nous pourrions faire d’autre, et dans quelle direction cela se trouve, …sans tout réinventer….
C’est ds un rajout plus tardif d’une edition ultérieure du « petit traité de savoir vivre a l’ usage des jeunes générations » ..la derniere phrase :
http://arikel.free.fr/aides/vaneigem/traite-26.html
« » »
Pour un monde de jouissance à gagner, nous n’avons à perdre que l’ennui.
Octobre 1972 « » » »
(un peu trop poétique a mon avis ) …une vie « normale n’est pas forcément « jouissive » c’est juste ce a quoi on devrait aspirer .
Je suis persuadé que l’ordre du monde, y compris l’ordre économique, ne rentre pas dans des équations. La normalisation des comportements individuels ou d’entreprises me semble être un terrain d’analyse beaucoup plus fertile. Mais il ne faut pas pour autant abandonner le terrain des chiffres, on peut construire une critique radicale en utilisant les mêmes tactiques et les mêmes armes que « l’ennemi ».
C’est drôle, la métaphore avec les Danaïdes a été utilisé dans un autre contexte dix jours avant cette article :
Sur ce blog consacré à la critique de la valeur.
Merci pour cet article éclairant. Vu par le petit bout de la lorgnette par un dirigeant d’entreprise (PME).
Le modèle distribution, qui consiste à apporter des biens en masse, à prix bas est ancien . Il se heurte au fait que les coût annexes grimpent (coût de distribution ,immobilier, transport, énergie) sans que le prix puisse refléter ces augmentations. L’industriel n’a alors que deux stratégies l’oligopole (entente tacite sur les prix) ou (et ) l’externalisation de la production vers des sous-traitants de moins en moins disant. C’est le vaste univers des « commodités ».
Côté industrie c’est donc le modèle produit qui prévaut dans les pays développés – ou l’opportunité de produire à coût réduit ne peut provenir que d’une innovation technologique qui est rapidement copiée – . Le marketing stratégique qui immerge le produit dans un ensemble plus complexe (5P : produit, place, promotion, prix, « package ») et base ses développements sur le désir plus que sur l’utilité, a dynamisé tant bien que mal l’économie depuis la fin des années 80. Il me semble que ce modèle trouve ses limites. Il se base sur une règle vieille comme le commerce qui consiste à rendre son produit, ou son service, difficilement comparables avec l’offre concurrente. Le meilleur moyen d’y parvenir est de vendre du rêve ou pour le moins de l’intangible. Le consommateur est tenu en haleine par un renouvellement incessant des gammes et une offre perpétuellement enrichie. Cette course folle est entretenue par les média qui ont eux aussi besoin de ramdam pour se vendre. Ce modèle fonctionne quand le pouvoir d’achat augmente. L’industrie du luxe illustre ce constat. Elle prospère chez les classes privilégiées qui se distinguent de la masse en rendant les prix inaccessibles aux » citoyens ordinaires » et dans les pays en croissance ou l’oligarchie s’enrichit à un rythme effréné (Chine). Les biens de luxe intermédiaires prospèrent pour des produits emblématiques (marqueur de réussite sociale) tel que l’automobile, mais Mercédès ou BMW progressent pour l’essentiel en Extrême Orient. Dans la vieille Europe (et au USA) le consommateur doit arbitrer entre ses désirs et ses moyens. Ses revenus progressent très lentement et sont mobilisés par des dépenses forcées tel le logement , les déplacements, les études des enfants. En parallèle le consommateur a appris à décortiquer les messages du marketing et à faire la part des choses entre l’esbroufe et la valeur. Or le désir ne tient que par le fil ténu du rêve. Quand celui-ci casse le prince charmant redevient grenouille.
Plusieurs facteurs tendent à ramener le modèle marque vers le modèle distribution.
Le paradoxe de la société de communication. C’est grâce aux média que le modèle marketing/marque a prospéré. Internet change la donne. C’est un lieu d’échange plus libre et interactif. Paradoxalement cette masse d’information lève le voile et tue le rêve.
Le développement durable. L’épuisement des ressources naturelles interpelle le consommateur et le culpabilise de consommer pour consommer. Il cherche l’utile au détriment de l’agréable.
L’insouciance et l’enthousiasme sont en déclin le pragmatisme monte en puissance. La crise économique, le chômage de masse ramènent aux réalités concrètes. La Sécurité, la protection , les normes, la transparence. La pression de la législation est croissante. Les listes d’ingrédients, les modes d’emploi, les avertissements de toutes sortes fleurissent sur les emballages. Les couts sont grévés le rêve s’évanouit!. Le marketing coute très cher seul les plus gros l’emportent jusqu’à ce que les capitaux se demandent s’ils ne seraient pas mieux placés ailleurs.
Peu de ruptures technologiques. Les financements de la recherche fondamentale se tarissent, les opportunistes (Apple) l’emportent toujours sur les créateurs et les progrès de la science démontrent autant l’inanité des produits (pharmacie) qu’ils n’en créent de nouveaux.
Finalement on constate que le modèle essentiellement basé sur l’intangible et sur la vanité des individus s’effrite au contact d’une réalité de plus en plus dure. Ainsi le nombre d’opportunités pour des innovations diminue-t-il alors que le coût de leur développement augmente. Le consommateur devenu (momentanément ?) réaliste s’attache à l’essentiel et devient hédoniste dans le sens ou il recherche avec application et talent le meilleur rapport « plaisir/prix ». Face à cette évolution l’industriel cherche a créer des produits où le plaisir l’emporte sur le prix . S’il n’y parvient pas il lui reste l’océan rouge (Blue Ocean Strategy. W. Chan Kim et Renée Mauborgne; Harvard Business School Press) où le prix est le seul facteur discriminant.
Pour préciser mon idée, je pense que ces modèles concurrents sont à l’œuvre depuis le début des années 60. L’épuisement de la consommation de masse et le développement de la norme de consommation moderne (= une consommation signifiante) ont nécessité au préalable des gains de productivité important et une flexibilité accrue des outils de production.
Ce que recouvrent ces modèles, c’est un rapport de force entre producteurs et distributeurs qui se traduit par une fixation des prix et des marges (j’adhère totalement à l’idée de Jorion sur le prix) au profit de l’acteur dominant dans la chaîne de valeur.
Ce n’est pas un modèle aussi simple qu’il n’y parait : Une marque peut être distribuée au travers de la grande distribution par exemple. De même, je rejoins votre idée d’un désenchantement lié au paradoxe de la société de communication et au pragmatisme croissant des consommateurs, il y a renouvellement constant de l’appréciation de la plus value d’image des objets par le consommateur, ce qui entraîne un basculement vers l’un ou l’autre modèle d’une partie des marchés.
Mais le risque à venir, c’est que le modèle marque est en train de se détacher de la production. La communication sur le produit et la marque fait l’essentiel, compte tenu des attentes de profit élevées, à quoi bon contrôler la production ? Apple en est un exemple abouti, j’y reviendrais dans la suite de ce billet.
(PS : Je travaille dans une multinationale…)
Je suis parfaitement d’accord, on s’éloigne de la production. L’entreprise que je gère soustraite totalement la production et en grande partie la R&D et pourtant c’est du B2B!
Ce qui est marrant c’est de voir que les flics n’ ont pas de problème de tunes ou d’effectifs ni de matos (hélicos , caméras …), pour défendre les marques sous des prétextes de sécurité !…pour des sapes des parfums ou du pinard .