Je viens de vivre une expérience très neuve pour moi : vingt-quatre heures de privation de réseau pour cause de Carpates. Eh bien, l’expérience n’est pas concluante : irritabilité, sueurs froides, tremblements, etc. Il a fallu me conduire d’urgence vers un hôtel du voisinage avec connexion WiFi où je suis en train de récupérer lentement.
Vous verrez des gens vous dire : « J’ai été privé de téléphone mobile, d’Internet pendant 4 jours : quelle délivrance, etc. », eh bien, permettez- moi de vous le dire franchement : ce sont des malades !
P.S. Je plains de tout coeur Bénédicte qui va devoir gérer la modération des quelques phrases innocentes qui précèdent.
Je réfléchis pendant ce temps-là aux choses qui vont changer sur le blog dans les mois qui viennent en raison de mon enseignement « Stewardship of Finance » qui débute en octobre.
Pour commencer, j’entends faire cela sérieusement, et je me rends compte que depuis l’annonce officielle, je me suis replongé dans mes bouquins techniques de finance avec – il faut bien l’avouer – une certaine délectation : je ne suis pas seulement accro de l’Internet mais aussi des maths, et très certainement de la programmation – je n’ai pas programmé depuis cinq ans et les démangeaisons atteignent en ce moment les limites du supportable…
Ensuite il y a le fait que j’écrirai beaucoup plus souvent en anglais que cela n’a été le cas ces temps derniers. Cela va de soi : de la même manière qu’un grand nombre de mes billets sont des esquisses de chapitres qui se retrouvent dans mes livres, certains de mes billets seront des esquisses de mes leçons.
J’anticipe avec appréhension le premier commentateur qui s’écriera ici : « Quoi, pourquoi écrivez-vous tant d’anglais ? Elle n’est pas belle la langue de Paul Déroulède ? », et à qui je devrai répondre : « Écoutez, pendant quatre années et demie j’ai vainement tenté de me voir confier un enseignement en français, et rien n’est venu, si ce n’est essentiellement des courriers ignorés, alors quand la Vrije Universiteit Brussel me fait le très grand honneur et le très grand plaisir de créer une chaire pour me la confier, je ne dirai certainement pas ‘Non’, même si c’est en anglais ».
Est-ce qu’on trouvera ici moins de mes billets critiques de la manière dont les choses se passent à tous les niveaux parce que j’aurai vendu mon âme au système ? Comme vous le savez, je ne suis pas très partisan des paris en général, mais à ce sujet-là, je vous dis en confiance : « Les paris sont ouverts ! »
73 réponses à “LES MOIS QUI VIENNENT”
Félicitation Paul J. … vous êtes une personnes non académiques versus modèle français .. nos « académiciens » n’aime pas trop les personnes qui ont un si large panel de connaissance .. l’ombre ça ne plaît pas chez nos intellos ;-)!!
Bien vu ! ça m’énerve vraiment que la France n’ait pas su ( n’a en fait pas voulu ) créer de chaire universitaire pour Paul Jorion .
Nos »élites » font évidemment tout pour éviter des débats ouverts .
Bravo Mr Jorion
Miroir , mon bon miroir …… ?
un miroir c’est encore spéculer !
: )
Monsieur Jorion, votre humour est délectable! 😀 Votre addiction (au net) est notre profit.(© P. Escobar).
Je vous adresse encore une fois toutes mes félicitations pour ce poste, et tous mes vœux de succès pour son exercice.
Pour les paris, je mise sur vous. 😉
May the Force be with you !
My son…
Paul Jorion
La langue de Shakespeare serait t’elle à ce point comprométtante qu’il faille la comparer à celle de Déroulede ?
Compromettante sans accent aigu la langue française mais grave l’accent avec Déroulède, Laget.
copie corrigée……….papa!
Ces phrases ne sont pas innocentes tant elles annoncent une fin qui sera probablement une renaissance pour Paul Jorion.
Les plus optimistes diront : ce n’est pas un adieu, juste un au revoir.
Quoi, pourquoi écrivez-vous tant d’anglais ? Elle n’est pas belle la langue de Paul Déroulède ? Hein ? Bon, voilà, ça c’est fait… Plus sérieusement, je continuerai à vous lire, que ce soit en français ou en anglais ! Et je prends le prends le pari que vous avez déjà vendu votre âme à un système… résolument contre le système actuel.
pure curiosite : en quel(s) langage(s) programmez vous ?
et quels sont le type de maths que vous pratiquez ?
.
quelques tout petits éléments de réponse (pour autant que je sache) ici (wikipedia français)
J’ai programmé en différents dialectes de BASIC, LISP, Prolog, C++, récemment essentiellement en C#.
Pour les maths, j’ai toujours été un mathématicien appliqué, donc ce que le type de modélisation imposait. J’ai quand même mon petit motif de fierté.
A ce stade, ce n’est plus de la fierté, mais de la mythomanie.
Bonjour,
ah oui, votre collaboration avec Monsieur White.
je viens de découvrir cette information.
Cordialement,
Visual C# gratuit pour vous y remettre http://msdn.microsoft.com/fr-fr/express/aa718373.aspx
Je pense que Python vous plairait aussi
Les premières lignes sont de l’humour, je suppose…en même temps pour de nombreuses personnes hélas ça serait la triste réalité, il n’y a qu’à voir l’émoi provoqué par la panne d’Orange du 06 Juillet : priver les con-sommateurs de leur Iphone c’est bien pire que de leur faire payer la crise (et d’ailleurs leur consommation, leur servitude volontaire y contribue). Dés lors vous avez raison à mon avis de vouloir enseigner (hélas pas en France, mais normal, elle vaut de moins en moins en terme d’éducation et c’est pas Peillon qui changera ça).
Vous avez aussi raison de continuer à faire fonctionner votre cerveau, en finance ou en programmation. C’est bien plus utile pour la société et en plus il est important de se faire plaisir et de s’enrichir intellectuellement, toujours….
Et tout cela sera bien plus utile à l’Humanité, que votre blog, qui, s’il a le mérite d’informer, n’influe bien entendu en RIEN ce qui se passe depuis 5 ans : le système est fort et le sera de plus en plus, et c’est normal puisqu’une énorme majorité de concitoyens sont serviles et passifs (intellectuellement aussi d’ailleurs) . »Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ». Alea jacta est…mais que cela ne nous empêche pas de rester épicuriens 🙂
Parlez vous de la vieille servitude volontaire ou de la servitude qu’est le travail ?
La servitude face au système (le travail en fait partie, dans la plupart des cas), moutons ils sont tondus ils seront !
J’ajouterais pour terminer que je trouve normal de voir PJ penser un peu à lui aussi : j’ai vu la plupart des personnes que j’ai croisé et qui continuaient à croire au (vrai) changement possible, renoncer un peu à leur tour., comprenant que c’était plié. Et il est clair que si on y a cru, le système est encore bien fort (et personne ne peut affirmer qu’il va s’écrouler dans 1 an), le mouvement social est HS, et de plus en plus sur le déclin. La victoire de François Hollande est d’ailleurs peut être une victoire nouvelle pour le système, car beaucoup de citoyens qui auraient peut être bougé vont se réfugier dans la facilité de penser que le PS va leur arranger tout ça ! FATAL ERROR, NEW SYSTEM IS ON THE ROAD, A BEAUTIFUL WORLD COMPANY FOR YOU ‘le meilleur des monde’…
à Roger
Je pense que le travail est l’aliénation essentielle du capitalisme.
La question du renoncement au désir de révolution prend une tounure nouvelle quand la conscience nous instruit de la fin annoncée de la civilisation si rien n’est entrepris.
est devenu la vérité de ce monde.
Les démangeaisons dues à la programmation sont terribles…. il faut sans doute dans un premier temps renoncer à affronter ce monstre fourmillant de détails, c’est ce que je fais. Je me dis, bon, je n’y arriverai pas, donc je ne le fais pas.. Ok. mais ceci n’empêche pas de réaliser de petits projets annexes, des étapes préparatoires, voire simplement de relire un programme.. bref, reprendre contact avec le code.
En fait, s’il n’y a rien de nouveau dans un projet il ne me passionne pas… il faut toujours en profiter pour tester une idée nouvelle. Par exemple une nouvelle idée abstraite de structure de décision. On peut en effet imbriquer des boucles en si, IF – THEN, mais on peut aussi ne tester qu’une variable et déléguer le reste plus loin dans un sous-programme. Ce n’est pas bien neuf…
Ce qui m’inquiète toujours est ce labyrinthe de détails qui se perdent dans l’infini, aucun n’est insurmontable mais la somme ne se laisse pas maîtriser 🙁 et elle absorbe de nombreuses heures de travail.
Nous sommes, un de mes amis et moi intéressés par suivre vos cours a partir d’octobre. Nous avons envoyé un mail (en néerlandais) à la personne en charge dont vous aviez eu l’amabilité de me communiquer l’adresse, début juillet, mais n’avons à ce jour reçu aucune réponse…
Faut il attendre la rentrée?
Si vous n’avez pas eu de réponse, disons le 25 août, signalez-le moi : les universités roupillent durant l’été.
En tout cas il est certain que vous ne pourrez plus vous exprimer aussi librement que vous l’avez fait jusqu’à présent : on ne peut pas être dehors et dedans en même temps … ainsi va le monde …
Bien contente de voir votre avenir plein de promesses, vous l’avez mérité, et surtout, même si votre liberté d’expression risque d’être un peu entravée, continuez à garder le recul nécessaire pour que reste intact votre esprit critique.
Bon vent 🙂
Lorsqu’on revient dans un système, pour peu que l’on soit un tant soit peu tolérant et que l’on écoute les autres, celui-ci nous « pollue » nécessairement un peu.
Toutefois je vous fais une entière confiance pour savoir prendre vos distances puisque vous avez déjà travaillé dans le système pour y détecter ce qui ferait tout écrouler aux Etats Unis en vous faisant embaucher chez Country Wide (tant pis pour l’orthographe si elle n’est pas juste).
Je suis sûr que vous exercerez vos talents d’anthropologues pour nous faire connaître l’état d’esprit de vos étudiants.
Bonne reprise pour tout ce que vous n’avez pas fait depuis quelques temps.
Merci pour la confiance !
Pourquoi cette liberté serait-elle entravée? C’est Paul qui a été sollicité pour tenir cette chaire, il a dû l’être en connaissance de cause.
Bravo pour cette chaire, je ne vous vois pas y laisser votre âme, si vous en étiez menacé vous l’auriez déjà fait. L’anglais ne pose pas de problèmes, sauf que des non financiers comme moi ne connaissent pas le vocabulaire que vous utiliserez. Pourrait-il y avoir un lexique consultable sur le site ?
Votre expérience sans wi-fi veut seulement dire que les Carpathes n’ont pas suffi à débrancher votre cerveau. S’il continue à tourner sur la finance tout en étant privé de ses sources d’information ordinaires, c’est juste une souffrance. Mais je vous jure n’avoir pas souffert en mer, au large du Panama, naviguant entre les îlots et les populations des San Blas pendant 5 semaines, passant des heures sur les tombants coralliens… Ma tête travaillait sans arrêt, mais à maîtriser des problèmes nouveaux : de sécurité (combien faut-il de piranhas pour qu’ils s’imaginent être une bande dangereuse ? comment faut-il caresser le dos d’une raie manta pour que… ?), de résistance physique, d’observations des mœurs sous et sus marines, etc. Comme dit l’autre, le tout est de se laisser affecter par quelque chose de différent.
Nous aurons peut-être une bonne âme qui fera une « french translation of post »…
Bon vent M. Jorion.
Merci Jeanne !
Entendre ce que l’anglais vous fait dire d’autre, c’est cela aussi qui est très intéressant!
GeachteProfessor.
Proficiat.
Ik zou zeer graag uw cursus willen volgen. Daarom ben ok zo vrij u de nodige gegevens te vragen om mij aanvraag te kunnen indienen.
Tot oktober dan.
Puisse la force de la conviction soutenir et récompenser votre audace et votre expérience.
Depuis quelques semaines j’ai repris en mains quelques uns des centaines de livres de math, finances et aussi programmation que je gardais jalousement dans ma cave pour des jours « appropries »…Ces jours sont malheureusement venus.
Mvg
Danielle Jacobs
Wel bedankt !
Des billets moins critiques? Huh, c’est mort… A leopard cannot change its spots! Il n’y a aucune chance pour que vous changiez de personalité, Mr Jorion. Donc je parie sans hésiter que non 😀
Ils peuvent devenir encore plus critiques… A la limite… Comme on voit bien le genre d’effet que se retrouver dans le système à sur vous, avec par exemple cette expérience de traider.
Le Français, la langue de Déroulède! Il y a de meilleures références possibles: Rivarol, par exemple, entre autres.
Question au jeu des différences : quelle est la différence entre une mère ?
« Celui qui n’aime pas sa mère plus que les autres mères et sa patrie plus que les autres patries n’aime ni sa mère ni sa patrie. » Propos attribués à Paul Déroulède d’après Wikipédia (bien que dans la présentation, ça ne soit pas explicitement sourcé.)
Sans rapport: la « science » économique actuelle porte bien son nom si l’on considère qu’elle fait bel et bien économie de la science.
Avec rapport: formulé comme suit ?
« Que celui qui n’aime pas l’économie de science plus que la science, nous quitte pour la Belgique »
– Message reçu Seigneur !
– Non, ne nous quittez pas !^^
Ou bien:
« Celui qui n’aime pas sa mère plus que les autres mères et les girons de sa pseudo science économique plus que les autres sciences n’aime ni sa mère ni sa pseudo science économique.»
Quelque chose comme ça ?
Pauvre connard de Déroulède… Si t’aimes ta mère tu la quittes, la mère patrie itou.
N’importe quoi Edith. Est-ce qu’un Montebourg est moins libre de raconter ses conneries parce qu’il est ministre ? Uh ? Apparemment non. Ok, ses conneries dérangent pas « grand monde du grand monde » donc évidemment c’est plus facile pour lui que pour Jorion qui au contraire ne raconte pas (trop) de conneries, mais n’est pas tout à fait ministre…
Montebourg est ministre pour raconter ses conneries et amuser la galerie.
@Vigneron et Marlowe.
C’est pas gentil de dire ça…Montebourg dit tout haut ce que beaucoup ne pensent même pas tout bas à gauche et au delà…Libre à vous de penser que ce sont des conneries, mais si vous pensez qu’Estrosi disait des choses beaucoup plus intelligentes !
Non, le plus grave c’est qu’Arnaud crois vraiment à ce qu’il dit….
à Loréal Alain,
Vous n’avez pas compris que tous les politiques sont des marionnettistes et que Montebourg est le premier baratineur de ce gouvernement utilisant la technique qui avait créé, sous le rêgne de Giscard si ma mémoire est bonne, un ministère de la qualité afin que les Français n’oublient pas le nom de ce dont ils étaient désormais privés.
Montebourg fait sans cesse l’éloge du travail, cette servitude moderne ; c’est un apologiste de l’aliénation au même titre que les autres.
Par ailleurs, je vous remercie de ne pas me préter des propos à propos d’un autre menteur, propos que je n’ai certainement pas tenus.
C’est quoi les conneries racontées par Montebourg?
Son envie de permettre l’exploitation des gaz de schistes? C’est bien de ça qu’il parle le Vigneron?
S’il est favorable à l’exploitation du gaz de schiste alors c’est les bagnoles au GNC qu’il devrait favoriser, comme à peu près partout dans le monde plutôt que celles au nucléaire Edf, non ? A moins qu’il attende l’inévitable douloureuse à venir pour l’Etat en provenance de Bruxelles pour sa non mise en conformité persistante vis à vis des directives européennes sur la qualité de l’air au nom des intérêts supérieurs et multiples des diéséleux trisocolores ?
Ah mais non, suis-je niais, les emmerdes de PSA c’est la fôte aux coréens* qu’on taxe plus assez bien sûr, c’est Arnaud qui l’a dit…
Cela dit j’suis pas honnête encore avec notre brillant avocat du peuple : au moins n’exige-t-il plus qu’Air France n’achète qu’Airbus, comme il le fit très primairement pendant son heure de gloire de bronzé primariste… L’a passé son certificat d’études le Naunaud, l’est avec les grands maint’nant, en secondaire.
* http://m.lesechos.fr/automobile/hyundai-et-kia-en-greve-pour-la-premiere-fois-depuis-trois-ans-0202171577816.htm
Paul Déroulède, un nationaliste, qui a participé aux massacres de la Commune…
http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_D%C3%A9roul%C3%A8de
Cité à l’ordre du jour et décoré en février 1871, il participe à la répression de la Commune de Paris lors de la Semaine sanglante de mai.
C’est lui qui aurait dit au lendemain d’un duel : « Moi, je suis un convaincu ! »
A quand une chaire Geek of finance ?
Il n’y a encore rien sur le site de la Vrije Universiteit Brussel
au sujet du Stewardship of Finance.
Ah ! les administrations !
Si, ils ont photographié six jolies filles dans un parc… c’est l’un des arguments de promotion les plus couramment utilisés par les universités et écoles supérieures.
@ J-L M, de la Jevri
« On va prendre un coup de jeune, sur ce blog!…
Je le sens!
Francophones, … serez-vous à la hauteur de nos
amis anglophones ? Je ne vais pas faire de paris,
but, la version anglaise du blog pourrait dépasser,
dans les mois à venir celle que nous connaissons.
Alors, si on veut pas finir toutes et tous vermoulus,
on va devoir se bouger le c.., nos méninges aussi.
Parce que nous le valons bien, pour grands-mères
pour grands-pères, VIVE l’Université du 3ème âge!
Alors maintenant il va falloir prendre des cours d’anglais ???!
C’est pas 35h de travail qu’il faut faire c’est beaucoup moins pour caser les cours versus accéléré
Alphonse Allais in « Deux et deux font cinq »
Paul Olendorff, 1895 (pp. 178-182).
â—„ L’Antifiltre du Captain Cap
Proposition ingénieuse ▰
Patriotisme économique
Lettre à Paul Déroulède
Mon cher Paul,
Vous permettez, n’est-ce pas, que je vous appelle Mon cher Paul, bien que je n’aie jamais eu l’honneur de vous être présenté, pas plus que vous n’eûtes l’avantage de faire ma connaissance ?
Je vous ai rencontré plusieurs fois, drapé d’espérance (laissez-moi poétiser ainsi votre longue redingote verte). Les pans de cette redingote claquaient au vent, tel un drapeau, et vous me plûtes.
Et puis, qu’importent les présentations ? Entre certaines natures, on se comprend tout de suite ; on essuie une larme furtive, on réprime un geste d’espérance et on s’appelle Mon cher Paul.
Comme vous, mon cher Paul, je n’ai rien oublié. Comme vous, je ronge le frein de l’espoir.
J’ai les yeux constamment tournés vers l’Est, au point que cela est très ennuyeux quand je dîne en ville.
Si la maîtresse de la maison n’a pas eu la bonne idée de me donner une place exposée à l’Est, je me sens extrêmement gêné.
Passe encore si la place est au Nord ou au Midi ; j’en suis quitte pour diriger mes yeux à droite ou à gauche.
Mais quand on me place en plein Ouest, me voilà contraint de regarder derrière moi, comme si mes voisins me dégoûtaient !
Ah ! c’est une virile attitude que d’avoir les yeux tournés vers l’Est, mais c’est bien gênant, des fois !
Enfin, et pour que vous n’ayez aucun doute à mon égard, j’ajouterai que, selon la prescription du grand Patriote, je n’EN parle jamais, mais j’Y pense toujours.
Cela posé, entrons dans le vif de la question.
Vous devez bien comprendre, mon cher Paul, qu’avec le caractère ci-dessus décrit, j’ai la plus vive impatience de voir Français et Allemands se ruer, s’étriper, s’égueuler comme il sied à la dignité nationale de deux grands peuples voisins.
Il n’y a qu’une chose qui m’embête dans la guerre, c’est sa cherté vraiment incroyable.
On n’a pas idée des milliards dépensés depuis vingt-cinq ans, à nourrir, à armer, à équiper les militaires, à construire des casernes, à blinder des forts, à brûler des poudres avec ou sans fumée.
Tenez, moi qui vous parle, j’ai vu dernièrement, à Toulon, un canon de marine dont chaque coup représente la modique somme de 1,800 fr. (dix-huit cents francs). Il faut que le peuple français soit un miché bougrement sérieux pour se payer de pareils coups.
Vous l’avouerai-je, mon cher Paul, ces dépenses me déchirent le cœur !
Pauvre France, j’aimerais tant la voir riche et victorieuse à la fois !
Et l’idée m’est venue d’utiliser la science moderne pour faire la guerre dans des conditions plus économiques.
Pourquoi employer la poudre sans fumée, qui coûte un prix fou, quand on a le microbe pour rien ?
Intelligent comme je vous sais, vous avez déjà compris.
On licencierait l’armée, on ferait des casinos dans les casernes, on vendrait les canons à la ferraille. On liquiderait, quoi !
Au lieu de tout cet attirail coûteux et tumultueux, on installerait discrètement de petits laboratoires où l’on cultiverait les microbes les plus virulents, les plus pathogènes, dans des milieux appropriés.
À nous les bacilles virgule, à nous les microbes point d’exclamation, sans oublier les spirilles de la fièvre récurrente !
Et allez donc !… Le jour où l’Allemagne nous embêtera, au lieu de lui déclarer la guerre, on lui déclarera le choléra, ou la variole, ou toutes ces maladies à la fois.
Le ministère de la guerre sera remplacé, bien entendu par le ministère des maladies infectieuses.
Comme ce sera simple ! Des gens sûrs se répandront sur tous les points de la nation abhorrée et distribueront, aux meilleurs endroits, le contenu de leurs tubes.
Ce procédé, mon cher Paul, a l’avantage de s’adresser à toutes les classes de la société, à tous les âges, à tous les sexes.
L’ancienne guerre était une bonne chose, mais un peu spéciale, malheureusement : car on n’avait l’occasion que de tuer des hommes de vingt à quarante-cinq ans.
Les gens à qui cela suffit sont de bien étranges patriotes.
Moi, je hais les Allemands ; mais je les hais tous, tous, tous !
Je hais la petite Bavaroise de huit mois et demi, le centenaire Poméranien, la vieille dame de Francfort-sur-le-Mein et le galopin de Kœnigsberg.
Avec mon système, tous y passeront. Quel rêve !
Voyez-vous enfin les chères sœurs reconquises ?
Peut-être que, grâce à mes microbes, les chères sœurs seront dénudées de leurs habitants ?
Qu’importe ! Le résultat important sera obtenu : On n’EN parlera jamais et on n’Y pensera plus !
Enchanté, mon cher Paul, d’avoir fait votre connaissance, et bien du mieux chez vous.
on va s’améliorer en anglais c’est tout
et comme vous traduisez dans un sens pourquoi pas dans l’autre?
pour ce qui est des privations
je ne sais pas trop pourquoi mais la tendance orageuse du monde laisse à prévoir pas mal de coupures de réseaux dans les temps à venir
donc prévoir les doses homéopathiques anticontrariétés s’impose dans votre valise
pas de panique
tout ira comme pour les chats qui retombent toujours sur leur pattes
ça va le faire Paul, vous serez total prêt
le monde aussi la belgitude aussi
même sans fil vous pouvez le faire
il y a une année de cours
c’est un processus au long cours
qui suivra aussi le cours chaotique des choses qui n’est pas encore connu
donc cool, sérieux mais cool
ayez confiance en vous
simplifiez, votre parole y prendra de la grandeur
l’entrainement , l’attente dans les startingblocks c’est pas simple
mais vous serez prêt
et le blog suivra le mouvement
en sortira peut-être grandi
qui sait?
Bonsoir mr jorion je viens de voir votre dernier film et je vous félicite encore une fois pour ce rôle, toute en retenue, mais meaningful, nevertheless!
Cela dit, je dois avouer que j’ai dû mal à en comprendre la morale comparativement aux propos du blog. Enfin… les artistes ont aussi leurs contradictions.
http://www.youtube.com/watch?v=4S9a5V9ODuY
Mr Jorion at 1:31 min.
Humour : )
Good night!
pas trop violent le sevrage quand même…
la douceur est toujours le meilleur choix
Bon et bien dorénavant je verserai mon obole mensuelle non pas en Euros mais en Livres.
Fais pas chier avec le français bleu ou le flamand rose ou que sais-je. Il nous faut une langue commune comme une monnaie commune. On en a une, parfaite, l’anglais, basta.
vigneron, heureusement ça n’arrivera pas et tous les philippe sollers de france et de gironde, pardon les francophobes, iront s’encarter en angloterre si ça leur chante.
ail ave e drime
T’as raison meuhtode, ça « n’arrivera » pas, c’est arrivé et c’est tant mieux. Ça au moins, c’est fait.
Bonjour
Créer une banque privée pour démarrer le contre pouvoir, avec vos lecteurs et donateurs premiers déposants, j’aurais préféré, mais chacun voit midi à sa porte …
je laisse donc mes sous dans quelques banques systémiques, en espérant qu’ils ne nous piqueront pas nos livrets un jour, histoire de garantir au système quelques années supplémentaires de vie.
Puits, potager, charrette et mule sont nos seuls amis dans cette crise qui n’en a pas fini de faire couler de l’encre et des larmes, tout dépend de quel côté de la barrière de dettes on se trouve.