Billet invité
Dans la série, l’argent ne se trouve pas là où il devrait être, les mégabanques américaines, britanniques et de la zone euro ont considérablement augmenté leurs dépôts auprès de leurs banques centrales respectives.
Comme le décrit de manière imagée le Financial Times qui consacre un article à la question, les grandes banques « planquent leur argent sous le matelas ». Les incertitudes du moment liées à la zone euro se conjuguent avec le difficile atterrissage de l’économie chinoise et le ralentissement de celle du Brésil. Les exigences en termes de liquidités de Bâle III y concourent également, imposant prochainement aux banques des normes de détention de cash ou d’une liste limitée d’actifs liquides alors que cela était auparavant laissé à leur discrétion.
Qu’on en juge ! Les banques américaines ont actuellement en dépôt 1.600 milliards de dollars, alors que leurs dépôts étaient inexistants en 2007. Les plus importantes des banques britanniques en ont fait autant avec 148 milliards de dollars, contre 8 milliards en 2007. La BCE détient 337 milliards d’euros pour sa part, contre 12 milliards en 2007, après que ce chiffre soit monté à 800 milliards, les fonds ayant depuis été transférés sur les comptes courants des banques auprès de la BCE où sont déposées leurs réserves obligatoires, la banque centrale ayant annulé les intérêts qu’elle versait aux dépôts afin d’inciter (en pure perte) à ce que les banques commerciales développent le crédit à l’économie.
On observe clairement où se trouve une bonne partie des injections financières des banques centrales et l’on remarque que les banques croulent sous des liquidités inemployées.
Ce n’est pas sans créer un cercle vicieux, un de plus ! Les banques hésitent d’autant plus à se prêter entre elles qu’elles doivent utiliser les actifs dont elles disposent pour garantir les obligations structurées qu’elles émettent sur le marché afin de se financer, les emprunts non garantis ne trouvant plus preneurs. Plus les banques sont dépendantes des obligations structurées, moins elles sont donc incitées à se financer entre elles sur le marché interbancaire, faute de garanties.
Les prêts massifs de la BCE ont contribué à accentuer cette logique qui pèse fortement sur le financement des banques. Il en résulte une baisse de la « profitabilité » des banques, car les fonds déposés dans les banques centrales sont faiblement voire pas du tout rémunérés. Les banques moins florissantes pourraient même passer dans le rouge. C’est pourquoi les milieux financiers réclament un assouplissement des mesures de liquidité du Comité de Bâle.
À l’arrivée, la vérité est triste à dire : il y a à la fois un trop-plein de liquidités dans les coffres-forts et une pénurie de collatéraux destinés à garantir des emprunts sur le marché.
131 réponses à “L’actualité de la crise : LE SYSTÈME MARCHE SUR LA TÊTE, par François Leclerc”
Qu’est-ce au juste que des « obligations structurées » ? Merci d’avance pour tout éclairage de lanterne…