Billet invité
The English version of this post can be found here.
Croissance est un mot magique qu’il suffit de prononcer pour que tout redevienne comme avant. C’est tout du moins ce que les quatre dirigeants européens réunis hier à Rome semblent croire en annonçant le chiffre de 120 à 130 milliards d’euros pour la relancer, un montant qui aurait été astronomique il y a encore quelque temps et qui paraît malheureusement un peu dérisoire aujourd’hui.
c’était le seul sujet, soit dit en passant, sur lequel ils auraient pu se mettre d’accord, avec une taxe sur les transactions financières – qui sonne bien dans les communiqués, mais pas dans les poches. Le principal centre financier européen, la City de Londres a refusé à l’appliquer, refus qu’ils se sont contentés d’entériner.
On aura décidément tout vu et tout entendu. Tout ce qui permet de mettre l’accent sur l’accessoire pour pouvoir oublier le principal. En Europe, ce sont les déséquilibres de compétitivité, qu’il faut redresser et les États qui doivent retrouver le chemin de la vertu. Aux États-Unis, c’est un autre déséquilibre : celui qui résulte de la sous-évaluation de la monnaie chinoise, le yuan. Autant de causes qu’il serait nécessaire de combattre pour tout régler… et ne pas s’attaquer à l’essentiel : le déséquilibre du système financier lui-même.
Dans le cours d’un processus de désendettement qui s’est engagé sans crier gare pour ceux que cela dérangeait, l’accent a été mis en priorité sur celui des États. Non sans raison : la consolidation du système financier le réclamait, la dette souveraine étant son important pilier. Puis, celle-ci n’étant plus assortie du risque zéro et subissant d’importantes tensions sur les marchés dues aux hauts et surtout aux bas de ce désendettement, le renforcement des établissements financiers est redevenu une nécessité que l’on avait cru pouvoir écarter – non seulement les banques mais également les compagnies d’assurances jusque-là épargnées. Un rééquilibrage stratégique doit aujourd’hui être opéré, ce qui ne va pas sans mal comme on le constate.
Moody’s a dégradé jeudi quinze mégabanques mondiales, dont Bank of America et Citigroup, mais aussi BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale. Trois banques britanniques, deux suisses et une allemande sont dans le lot. Chacune en prend pour son grade, en fonction de ses petits défauts que l’agence de notation détaille. Conscients qu’ils avaient mis la barre trop haut, aidés à le comprendre par leurs interlocuteurs bancaires qui faisaient leur siège, les régulateurs internationaux envisagent d’ailleurs d’assouplir le cadre réglementaire de Bâle III, principalement sur le chapitre des règles de liquidité, qui doivent leur permettre de tenir le choc pendant trente jours en cas de coup dur. La liste des actifs que les banques doivent détenir à cet usage va être rallongée.
Mais cela ne suffira pas. C’est pourquoi le FMI vient d’appeler les Européens à créer sans attendre une « Union bancaire » dans la zone euro. Ce projet qui fait pour le moins débat vise à créer un fonds permettant de renflouer les banques qui font défaut grâce à la mutualisation de leurs efforts. En omettant de mentionner que le compte n’y sera pas et que l’aimable participation des banques centrales – ces sauveurs suprêmes – sera réclamée afin de l’abonder. Dans l’immédiat, la BCE va se voir confier la supervision des banques, au détriment de l’EBA, l’autorité européenne des banques, le secret sera bien gardé et la banque centrale sera à pied d’oeuvre.
Tel que nous la voyons difficilement à l’ouvrage, la stratégie de désendettement qui est poursuivie procède d’un paradoxe de taille : pour assurer le désendettement, il faut à nouveau s’endetter. Procéder sans le dire à une restructuration soft, celle qui rallonge le calendrier de remboursement mais ne touche pas au principal, le capital.
Ou, dit autrement, dans un monde où les réserves financières sont gigantesques mais pas là où il faudrait, il est attendu et préconisé d’en créer davantage, en demandant aux banques centrales de faire le nécessaire. En prenant le chemin inverse de celui qu’il faudrait emprunter, qui consisterait à reconnaître que la sphère financière ne peut plus continuer à croître comme elle l’a impétueusement fait ces dernières décennies, mais qu’elle va au contraire devoir connaître une forte contraction. Et pas sous la forme du lent désendettement maitrisé qui est recherché, qui consiste à ponctionner à nouveau le système et les agents économiques, en dernière instance les salariés. Car la rente est à l’abri.
L’ultime recours représenté par les banques centrales représente une échappatoire de plus. Une fois encore, il permet de nier le dysfonctionnement établi d’un système dont le modèle économique – pour parler moderne – est grippé et doit être changé. Karl Marx appelait « mode de production » les systèmes économiques et ne pensait pas que le « capitalisme » était l’ultime représentant de leur lignée…
Durer et gagner du temps sont les maîtres-mots d’un univers en folie, en espérant qu’il va par lui-même retrouver son équilibre, de part la magie d’une croissance à nouveau invoquée. Car, s’il devait en être autrement, nous serions non seulement au bord du vide mais aussi placés devant l’inconnu. Par quel modèle économique et de société, en effet, faudrait-il remplacer celui qui est à bout de course ? Cette insidieuse question fait son chemin dans les esprits, à la faveur de l’effritement des certitudes et de la mise en cause, dans le déroulement des faits, de la bonne parole et des idées toutes faites qui se défont. Cela prend aussi du temps, car elles étaient depuis le temps gravées et considérées comme intangibles. Néanmoins, les idées peuvent devenir des forces matérielles, comme disait également le grand pestiféré de la science économique.
135 réponses à “L’actualité de la crise : FAUSSES PISTES, par François Leclerc”
Comment un avenir que l’on nous promettait radieux, c’est transformé en un présent catastrophique ?
Qu’est ce qui a foiré ?
Avant tout me semble-t-il, la volonté politique de construire un espace démocratique dans lequel les peuples seraient parties prenantes.
En lieu de quoi, c’est une minorité (droite et gauche confondue), une oligarchie convertie aux vertus de l’idéologie néolibérale, ou à la fable du marché autorégulateur qui a détourné le projet « radieux » à son profit.
Parmi les moyens utilisés, le plus fort, a été d’institutionnaliser les règles du néo-libéralisme, ou de son frère germanique l’ordo-libéralisme dans les traités. Et même maintenant, de faire pression pour inscrire ces « règles d’or » dans les constitutions nationales.
Ces élites autoproclamées qui croient au mythe du marché autorégulateur, se méfient des peuples. Le but de tout cet édifice institutionnel est donc d’empêcher l’intrusion des peuples dans le processus mercantiliste mis en oeuvre dans l’espace européen et au delà dans le monde. Se souvenir du refus de prendre en compte les résultats des référendums de 2005 en France et en Hollande, ainsi que celui d’organiser un référendum en Grèce en 2011.
Le problème avec les peuples européens – le peuple français en particulier – c’est qu’ils tiennent à leurs services sociaux et à leurs services publics, services – en tout cas en France – basés sur la solidarité. Pour venir à bout de ces résistances, qu’ils savaient ne pas pouvoir attaquer de front, les oligarques ont mis en place un mécanisme infernal ou machiavélique: le financement des états sur les marchés financiers et l’interdiction à ces mêmes états de se financer directement auprès des banques centrales et de la BCE.
Ce mécanisme a conduit, plus particulièrement après à la crise financière et bancaire de 2008, à une explosion de la dette des états européens, surtout des moins solides sur le plan économique. Cette nouvelle crise dite des dettes publiques, est le levier qui est maintenant utilisé par l’oligarchie pour finir de dynamiter les systèmes sociaux et publics des différents états européens.
Le tout sous couvert d’une avancée « fédéraliste » de l’Europe pour sauver l’euro. La mise en place du TSCG+MES+Two Pack est dans ce cadre, l’épée qui va permettre de porter l’estocade finale pour tuer la bête Etat-Providence, déjà bien fatiguée par les matadors néo-libéraux et ordo-libéraux de Bruxelles, de la City, de Wall Street et de Berlin.
Je ne cite pas les autres capitales, mais il est bien entendu qu’elles collaborent activement à cette mise à mort, Paris en particulier. L’actuel locataire de l’ Elysée était partisan du OUI au TCE en 2005.
Je tiens à finir en rappelant que le NON de gauche de 2005, mettait en garde contre ce que nous voyons arriver aujourd’hui. C’est pourquoi il a été combattu avec une violence inouï par les portes paroles médiatiques de l’oligarchie et plus généralement des grands intérêts industriels et financiers.
Ecouter aussi cette courte interview sur France Culture de ce matin d’un « économiste attéré », qui résume bien comment on en est arrivé où l’on en est aujourd’hui.
Avec la crise de l’euro, un sentiment « anti-allemand » naît en Italie.
Avec la crise de l’euro, un certain sentiment « anti-allemand » commence à naitre dans les pays les plus touchés par les mesures d’austérité. Et alors que les touristes allemands commencent à déferler sur les plages, un Italien sur trois ne partira pas en vacances. Certains ne cachent pas leur amertume.
http://www.rtbf.be/info/economie/detail_avec-la-crise-de-l-euro-un-sentiment-anti-allemand-nait-en-italie?id=7793130
Le sentiment « anti-allemand » » risque encore de s’exacerber dans les mois à venir et c’est aussi pour cette raison que je pense que l’Allemagne quittera l’euro.
.
Pour se protéger dans tous les sens du terme
ou plutot un sentiment anti vieux
c’est con mais je suis allé à la mer du nord ce week end, pique nique sur la plage avec les enfants (pas super avec le vent mais bon…) et en regardant le restaurant avec vu panoramique sur la mer, je ne voyais que des vieux derrière la vitre qui mangeaient dans ce restau.
j’ai eu la faiblesse de me dire que quand on travaille maintenant, ce n’est pas facile de se permettre un restau, alors que les babyboomers ont l’air de bien en profiter (ok pas tous mais beaucoup)….
et ca m’a fait reflechir aux resultats des elections en grece par tranche d’age…
Je me dis que si la finance n’a pas de nom ni de visage, elle a peut etre un certain age.
@Croc et @jeanpaulmichel
C’est assez bien vu
J’ai éprouvé la même sensation en regardant une auberges sauf qu’il y avait encore quelques quadras. Tout le monde avait mis son beau costume, les porsches Cayennes et les Audi fleuraient bon le cuir et tout cela avait un petit côté « bal de fin de promo »
Pour Angela et le peuple allemand, j’ai peur que cela leur cause à la fin beaucoup de tort.
J’essaye de cultiver la tolérance mais les discours moralisateurs des autorités allemandes finissent pas me donner la nausée
L’arrogance viendra se heurter un jour aux chiffres des exportations qui s’effondrera
Et un certain niveau social, sans oublier un certain portefeuille, bref un histoire de capitaux en tous genres…
La Grèce a embauché des fonctionnaires malgré les accords.
La Grèce avait violé un accord avec l’UE et le FMI en embauchant quelque 70 000 fonctionnaires en 2010-2011, selon des rapports publiés dimanche par le magazine To Vima.
Cet hebdomadaire de centre-gauche cite un premier rapport interne en ce sens de la mission permanente de la Troïka (UE, BCE et FMI), ainsi qu’un deuxième établi par le ministre des Finances par intérim, George Zannias.
http://www.rtbf.be/info/monde/detail_la-grece-a-embauche-des-fonctionnaires-malgre-les-accords?id=7793123
Hors sujet: Je suis à la recherche du dernier numéro de juin de LEAP 2020 (pas le communiqué public, mais la version complète). J’ai été abonnée il y a 1 an, mais je n’ai pas renouvelé l’abonnement. Je serais intéressée également de partager les frais d’un abonnement avec d’autres personnes. A mon sens, LEAP se trompe très rarement. ET ils annoncent la cata pour l’automne.
Il faut lire la tribune d’Olivier Berruyer dans Libération du vendredi 22 juin
http://www.les-crises.fr/la-roulette-belge/
Ah oui ! Limpide tribune qui montre bien de quel pied clochent tous ces analystes qui exposent, partout où ils le le peuvent, leur cynisme artificiellement désabusé en guise d’intelligence des problèmes.
Un extrait : « Le rêve secret de beaucoup de « fédéralistes » pour l’Europe, c’est évidemment, au nom de la « compétitivité », le SMIC slovaque, le temps de travail anglais et la protection sociale polonaise. On comprend que les peuples, échaudés et plus lucides que leurs « élites », refusent ce fédéralisme-là, voie royale vers la misère. »
Le rêve secret des nationalistes selon ces exégètes de la volonté du peuple, spécialistes de la palpation des organes de ce dernier afin d’en déceler l’intime conviction, c’est quoi alors ? Je vais vous le dire de la même imbécile manière employée par Berruyer : c’est la roulette française, celle du casino bien de chez nous où l’on déplume, entre nous, en famille, ce peuple dont la voix est interprétée à toutes les sauces sauf à celle de la Justice.
Lire cet article, c’est comme boire du petit lait!
Un passage parmi d’autres:
…du lait caillé, plutôt.
C’est amusant cette critique de la prétendue pensée magique europhile alors que l’on veut tout expliquer par la mystique national-nationaliste, un tantinet libérale ( économiquement s’entend ) et un gros chouillat autoritaire. Un état fort qu’ils réclament, en plus, tous ces suicidaires. Un état château-fort protégeant la miséreuse et laborieuse plèbe de serfs qui en engraisse la cour. Quel beau rêve, vraiment !.
Alors oui dans ces conditions, on peut facilement rayer égalité et fraternité pour ne conserver que liberté, liberté, liberté…. d’emmerder le voisin puisque c’est ce dont il s’agit en vertu de la sacro-sainte concurrence élevée au rang de loi universelle gravée dans les nuages.
@Mor
« C’est amusant cette critique de la prétendue pensée magique europhile alors que l’on veut tout expliquer par la mystique national-nationaliste, un tantinet libérale ( économiquement s’entend ) et un gros chouillat autoritaire. «
Vous faites un contresens total, il s’agit de conserver de la nation ce qu’elle a de bon: le fait qu’elle soit le cadre de la souveraineté populaire et des conquêtes sociales. Cela pour éviter justement que les populations privées de tout cadre de substitution au niveau européen ne régressent dans le nationalisme borné.
Malheureusement à ce jour la construction européenne de type néo-libérale n’offre aucun cadre de substitution aux populations quant à la défense des acquis sociaux gagnés souvent de haute lutte dans les cadres nationaux.
C’est bien pour cela que le fédéralisme ne peut être aujourd’hui qu’un fédéralisme au service des banques et forcément impopulaire.
Le fédéralisme ne se décrète pas il se construit, pas toujours de façon pacifique d’ailleurs.
Il a fallu aux Etats-Unis une guerre, la guerre de sécession pour fédérer tous les états.
En Europe l’histoire nous a montré que la guerre n’a jamais rien fait d’autre que de laisser le continent exsangue et plein de rancoeurs, donc si nous devons arriver un jour à une forme de fédéralisme durable il faudra du temps, et surtout donner le sentiment aux européens que ce qui les rapproche est plus important que ce qui les sépare.
En un mot comme en cent, il faut un projet tout autre que celui qui a consisté a créer une vaste zone de libre échange régie par la « concurrence libre et non faussée » de tous contre tous dans une spirale suicidaire de détricotage des tissus économiques et sociaux des nations européennes.
Oui je fais un contresens et volontaire en plus, car je ne suis pas du tout disposé à suivre ce sens à la con qui veut renvoyer tout le monde chez soi à appliquer de la rigoureuse vigueur à son économie, au prix de la sueur de toujours les mêmes dirigés par les mêmes de toujours ( euh, non, là j’exagère, il y a une relève de l’élite à peu près tous les quarts de millénaires, quand-même ).
Je veux bien vous laissez qualifier mon sens de contresens mais que dire du vôtre quand vous écrivez : « il faut un projet tout autre que celui qui a consisté a créer une vaste zone de libre échange régie par la « concurrence libre et non faussée » de tous contre tous dans une spirale suicidaire de détricotage des tissus économiques et sociaux des nations européennes. » ?
Ben non, le projet ne consistait pas en ce qu’il est devenu. Vous oubliez les trente ans de galère néo-libérale qui ont enchantés nos libéraux autochtones et même réussi à hypnotiser le socialisme. Quel barouf ça fait, un mur qui tombe !
Sinon, bien sûr qu’il faut tordre toute cette dynamique de paupérisation économique et culturelle. Croyez-vous le cadre des États-nations plus apte à impartir une Justice économique ? En Justice tout court, heureusement que la CEDH rappelle la France à l’ordre de temps en temps.
Allez, pour rendre service, un peu de délation. Ici ( Une seule solution, la fédération ) se cache un affreux europhile tinesque, partisan du smic slovaque et du temps de travail britannique. Envoyez-lui une ration de peuple souverain, qu’il se taise.
@Mor
C’est une belle idée, mais pour sa mise en oeuvre, comment qu’ont fait à 27 ???
@ Mor
Quatremer, sors de ce corps !
On se met d’abord d’accord sur à quoi sert l’économie, ensuite on négocie et on construit. Ou préférez-vous la stratégie du sabre et du goupillon qui a présidé la formation des États-nations sur le dos des identités régionales, bien réelles celles-ci, puisque forgées par la culture populaire au cours des siècles ?
Il y a peut-être 27 pays mais il n’y a que deux camps économiques : les exploités et les exploiteurs. Pardon, disons les créditeurs et les débiteurs, ça fait moins 19ème siècle donc sûrement plus sérieux.
@Mor
Si c’est si facile, pourquoi n’y est-on pas déjà arrivé en plus de 50 ans de construction européenne ???
Le fédéralisme, embrassons nous Folleville, la « paix perpétuelle » chère à Kant je suis pour, tout à fait pour !!!
Mais concrètement comment on fait ??? Au delà de Yaka, Focon ???
Vraiment la construction européenne sous le contrôle des banques, de la finance et pour résumer d’un marché supposé auto-régulateur, telle qu’elle se fait de façon de plus en plus évidente, me semble nous éloigner du projet d’Emmanuel Kant.
Macarel, vous me demandez : « Si c’est si facile, pourquoi n’y est-on pas déjà arrivé en plus de 50 ans de construction européenne ??? »
Je trouve la question bizarrement naïve mais je veux bien me risquer à une réponse : à cause des cyniques qui profitent des gens comme vous ?
@Mor
Je trouve la question bizarrement naïve mais je veux bien me risquer à une réponse : à cause des cyniques qui profitent des gens comme vous ?
Voilà une réponse qui fait bigrement avancer la réflexion sur l’aspect utopique ou pas de vouloir aller à marche forcée vers une forme de fédéralisme européen.
Au delà du fait de dire qu’il y a des cyniques et des crédules, ce qui n’est pas un scoop, qu’est ce que vous nous apprenez ???
Non, je n’ai pas parlé de crédulité et je ne vous prends ni pour un cynique, ni pour un naïf.
Ce que je voulais dire était que la propagande national-souverainiste excite la fibre patriotique en rendant responsable une construction, qu’elle qualifie tantôt de collectiviste tantôt d’ultralibérale, de tous les maux. Cette propagande est distillée par une élite qui utilise le populisme* pour asseoir sur une base pseudo-politique un discours qui vise surtout le statu-quo et la perpétuation de l’ordre économique actuel.
Cependant, je reconnais aussi l’existence d’un pendant symétriquement hypocrite, démagogique et souvent populiste dans le camp des élites partisanes de l’intégration européenne qui récupère les aspirations de paix des différents peuples européens.
* N’en déplaise à quiconque, je ne vois pas l’intérêt de chercher à réhabiliter ce terme qui décrit un comportement distinct que celui du démagogue. Pour faire court, le populisme excite tandis que la démagogie endort le peuple que les deux traitent comme un objet extérieur que l’on pourrait manipuler.
@Mor
On va peut-être finir par converger. Entre ceux qui excitent le peuple et ceux qui l’endorment, il y a ceux qui cherchent à l’éveiller.
Les articles de bonne tenue publiés par les maîtres de ces lieux, mais aussi les débats (quelquefois un peu brouillon, mais toujours intéressants) sur ce blog, ont au moins ce dernier mérite.
Chacun à sa façon, avec plus ou moins de bonheur, contribuant à une forme d’éducation populaire.
Je ne sais pas ce que peuvent peser un blog et un seul auteur dans ce genre de balance.
Pour ma part, je pense que le premier échelon à gravir est la refondation d’un socialisme européen cohérent et, au moins, dédié à la consécution d’un espace de justice sociale européen dans le but de définir, le plus universellement mais aussi concrètement possible, les buts de l’économie et les droits et les limites de la liberté économique puis en faire la base d’une proposition de constitution européenne pour l’économie. Alors, il faudrait déjà que le socialisme sache entamer un mea culpa, ou alors qu’on le lui demande en criant très fort, en tapant sur des casseroles ou n’importe comment.
J’ai un peu la sensation d’une conjoncture de la dernière chance avant la grosse catastrophe, avec la remontée de la gauche en France.
@Mor
J’ai malheureusement la même sensation, ceci dit remontée toute relative.
Toutes les droites confondues avaient fait 55% des exprimés au premier tour de la présidentielle.
Oui mais, il y a 2 ou 3 ans, la chose était singulièrement plus raide. À la fin, il va falloir remercier Sarkozy, Hollande lui doit tout. Seulement que ce dernier, il faut le pousser…
Un nouveau regime économique devrait en priorité nationaliser toute activité jugée indispensable à la nation et favoriser l’entreprise de structure cooperative.
Argentine nervous savers withdrew 522 million dollars in the last week.
The outflow of foreign-currency deposits from Argentina’s banking system showed no sign of slowing last week, as nervous savers withdrew 522 million dollars from bank accounts.
http://en.mercopress.com/2012/06/24/argentine-nervous-savers-withdrew-522-million-dollars-in-the-last-week
[…] Books RED HERRINGS, by François Leclerc June 24th, 2012 by Paul Jorion | Guest post. Translated from the French by Tim GupwellThe magic word growth only needs to be pronounced in order for everything to become […]
« P.P. et sa famille n’ont plus de courant depuis un mois. Ils n’ont pas pu honorer la facture s’élevant à 1.586 euros. Méfiant au départ, il a hésité avant de se confier aux journalistes. Chez lui, on cuisine désormais au gaz, et on s’éclaire à la bougie. Les enfants sont mécontents car ils ne peuvent plus regarder la télévision et leurs parents promettent le rétablissement du courant pour bientôt.
« Je ne pensais pas que j’arriverais à un tel point. Mon épousé a été licenciée il y a quatre mois. Je travaille, je suis pâtissier, je gagne 680 euros par mois et mon patron vient de m’annoncer une diminution supplémentaire de 90 euros de mon salaire. Je suis dans le désarroi le plus total. »
Dans le même quartier, un enseignant de l’Éducation nationale, dont le salaire a été diminué de moitié a du mal à s’en sortir, pour lui-même et pour ses trois enfants :
« Je n’ai plus d’électricité depuis deux semaines. Je ne demande pas la pitié de l’État, ni d’un gouvernement (Samaras) qui s’adonne au commerce de l’espoir en prétendant renégocier le mémorandum. Demain ou après-demain, une organisation (au niveau du quartier) m’aidera à remettre le courant, passant outre. Par la suite, je verrais comment et de quoi ma vie sera-t-elle faite. Je ne veux plus ajouter autre chose s’il vous plait »
Reportage de Dina Karatziou, « Elefterotypia » du 23/06, parution exceptionnelle par des journalistes « grévistes », avec l’accord des ex-patrons du titre.
http://greekcrisisnow.blogspot.gr/2012/06/tsiprologies.html
Retour à la bougie…
S’il y a bien un progrès dont il semble difficile de se passer et surtout « définitivement acquit » c’est bien l’électricité domestique, inventée à la fin du 19ème s., généralisée en europe dans la première partie du 20ème.
Et pourtant…
Outre la question de la paupérisation éclair de la Grèce, il y a la question du prix et de la disponibilité de l’énergie à long terme, pic pétrolier et nécessité des pays émergents, fin du nucléaire, on peut certainement résumer par « y en aura pas pour tout le monde » (dans 20 ou 30 ans).