LE CADRE INVISIBLE, l’ENTENTE ET ARISTOTE, par Dominique Temple

Billet invité. Dominique Temple revient ici sur la conférence donnée par Paul Jorion le 16 mai 2012 à l’Agora des Savoirs à Montpellier, et dont le podcast est toujours disponible ici.

Cher Paul Jorion,

Dans la première partie de votre conférence de Montpellier, vous démontrez que les faits viennent dénoncer la conception selon laquelle la main invisible ferait émerger à partir du seul intérêt un ordre social qui garantirait au système capitaliste d’être en fin de compte attaché au progrès et au développement du bien commun. La crise actuelle a prouvé que l’autorégulation ne fonctionne pas, dites-vous. Déjà J. M. Keynes observait que si un capitaliste gagnait plus en spéculant qu’en investissant, il était logique qu’il spécule plutôt qu’il n’investisse. Vous ne vous contentez pas d’observer cette logique des choses, vous allez plus loin et la rapportez à la théorie économique : si à court terme il est plus avantageux de parier sur la destruction du système capitaliste que de parier sur son succès à long terme, l’intérêt privé parce qu’il est immédiat opte pour le court terme, et la main invisible qui devrait imposer le long terme est mise en défaut. La spéculation sur le court terme l’ayant effectivement emporté, il faut conclure qu’il manque quelque chose à la main invisible pour qu’elle puisse imposer le long terme au court terme. Cela nous renvoie à la controverse entre Smith et Mandeville qui soutenaient tous deux que la main invisible conduisait à la régulation de l’économie, mais grâce à l’égoïsme, disait Mandeville, et Adam Smith en dépit de l’égoïsme. Dans l’analyse de Smith existe un préalable éthique qui détermine le comportement de tous les acteurs économiques. Vous avancez donc l’idée du cadre invisible qui au commencement du libéralisme allait tellement de soi que personne ne se souciait de le mettre à l’étude.

Votre conférence se poursuivait avec de riches commentaires sur Ricardo, Marx, Sismondi et beaucoup d’autres. Je devrais me contenter de résumer les seuls arguments en faveur du cadre invisible : vous revenez à l’expérience des pêcheurs de l’île de Houat de façon plus précise que jamais. À la fin de vos observations de terrain, vous vous demandez si vous avez tout répertorié : non ! il y a un pêcheur retraité au Croisic, âgé de 86 ans, qui a pratiqué jadis (en 1910) la pêche sur un bateau à voile et qui dispose encore de ses carnets de pêche. Il vous montre ses carnets en vous disant que de son temps tout se passait aussi selon la loi de l’offre et de la demande. Mais au dire conventionnel du pêcheur, les carnets opposent leurs écritures, comme aux interprétations des voyageurs et aventuriers auxquels Mauss empruntait leurs observations, les faits qu’ils rapportaient. Ici, en face de chaque vente se trouve parfois le mot taxation. D’où ce dialogue que je reproduis de mémoire :

–      Mais c’est quoi la taxation ?

–      C’est exceptionnel

–      Mais ce n’est pas exceptionnel puisque c’est plus de la moitié des ventes sinon les deux tiers ! C’est quoi donc ?

En fait la taxation c’est un vieux mot pour dire l’entente : on s’asseyait face à face l’un de l’autre, chacun expose ses raisons : si c’est ce prix-là, dit l’un, je ne pourrai pas nourrir ma famille ; et l’autre dit : mais pour que je puisse nourrir ma famille il faudrait qu’il y ait tant de poisson. Et ainsi de suite : on discute jusqu’à ce que l’on décide que les pêcheurs sortiront tant de fois, feront une pêche dont la moyenne sera de tant de kg de poissons et que le prix sera constant. On pourra pas faire plus et on pourra pas faire mieux, et on paiera autant.

On “organisait” la pêche en fonction des besoins des familles des uns et des autres. On “organisait” la pêche en fonction d’un but, et les prix étaient déterminés en fonction de cette limite.

Et vous remarquez que plus de la moitié du temps cela se passait ainsi, et même quand on allait vendre sur le marché de l’offre et de la demande, les prix de l’entente faisaient foi.

On en déduit que le respect des obligations des autres de nourrir leurs familles s’imposait à tous et que sans respect mutuel le mot d’entente n’aurait pas été évoqué. On en déduit également que l’organisation de la production est en fonction des besoins de la communauté.

Vous rapportez donc cette pratique au modèle de la formation des prix chez Aristote, en observant que ce n’est pas dans La Politique que l’on trouve l’argumentation qui rapporte la détermination des prix au rôle joué par la philia, laquelle serait le cadre invisible de l’économie de libre-échange, mais dans l’Ethique à Nicomaque.

Mais c’est dans La Politique (ou Les Politiques, comme on dit aujourd’hui) que sont clairement énoncés les fondements de l’économie politique[1]. Peut-on rappeler rapidement la thèse d’Aristote dans La Politique ? C’est pour vivre ensemble que les hommes entrent en relation, mais la vie en question n’est pas seulement la “vie biologique” ; les hommes ne se rassemblent pas comme des animaux grégaires en inféodant mutuellement autrui à leur service. Au vivre (zein) Aristote oppose le euzein (vivre bien ou vivre selon le bien parce que la vie humaine inclut la vie de l’esprit, vie de l’esprit qui motive le rapport des hommes entre eux dès lors qu’elle est spécifique de l’humain. Tout être, a montré Aristote, tend à la perfection de ce qui le définit de façon spécifique. C’est seulement par analogie qu’il fait allusion à l’unité organique du vivant (la complétude biologique des différents organes) : de la même façon, les valeurs humaines motivent l’organisation des relations des hommes et les invitent à s’accorder entre eux.

Aristote, toujours dans La Politique, précise que l’économie humaine est limitée par la satisfaction des besoins de la communauté d’où la discussion sur les moyens de réaliser au mieux ses objectifs, discussion que le pêcheur du Croisic nous semble appeler l’entente. L’entente décide l’équivalence. L’équivalence de réciprocité (le prix juste) en fonction des besoins de tous se rapporte au travail selon la compétence de chacun. Le prix mesure la valeur (l’axia apprécie l’arétè).

Aristote appelle économie (oikonomia) la production-consommation de l’unité autonome de base, la maison (oikos). Lorsque les maisons (unités de production des familles élargies) s’assemblent entre elles, elles forment des cités (polis) qui obéissent aux mêmes injonctions, et l’économie devient donc politique. Dès lors que la cité s’accroît, des intermédiaires facilitent les transactions entre les uns et les autres selon les prix fixés par la réciprocité ou le partage (metadosis). Le commerce de détail (kapelike) fait alors partie de l’économie politique. Apparaît cependant une autre motivation des rapports humains, l’accumulation de la richesse en vue de s’assurer une position dominante des uns sur les autres (entre les cités par exemple) et non plus en vue des services réciproques entre les uns et les autres. Aristote distingue l’art de produire ou d’acquérir la richesse nécessaire à la satisfaction des besoins (ktêtikes) et la technique d’accumulation infinie de la richesse (chrématistique) par le fait que la première a un but dont la satisfaction se traduit par une limite, qui permet de déterminer les prix grâce au partage, et en définitive par l’égalité entre travaux engagés dans sa production, tandis que la seconde est sans limite, de sorte que les prix seront déterminés par une relation de force entre la demande et l’offre. Le premier est ordonné au vivre bien, le seconde au vivre plus.

À l’intérieur du commerce, cette division se traduit par deux formes de l’échange (allage). L’échange peut être au service des relations de réciprocité entre les producteurs-consommateurs. On peut traduire dans ce cas allage par troc. Ou bien il en est indépendant, et Aristote utilise souvent le terme metabletiké (négoce, trafic). La chrématistique prend alors le sens d’accumulation spéculative. Les traducteurs ne s’embarrassent pas de ces subtilités : ils emploient indifféremment dans tous les cas le mot échange y compris pour le partage (metadosis). Aristote note que la spéculation ne crée pas de valeur mais seulement une monnaie virtuelle qui peut avoir des effets sur les prix. Dès lors, les prix ne correspondent plus à la valeur des choses [2].

Si les hommes s’associent pour vivre en tant qu’hommes et non pas en tant qu’animaux, et pour la raison qui leur est spécifique par rapport à celle des autres êtres animés, il faut encore définir quelle est cette raison à laquelle est subordonnée l’organisation de l’économie.

Vous avez rappelé qu’Aristote nous dit à la fin de La politique qu’il traite de la question dans l’Ethique à Nicomaque. On traduit par excellence ou parfois valeur la référence éthique à laquelle Aristote ordonne l’économie, (l’arétè). La 1ère partie de l’Ethique à Nicomaque définit l’arétè comme médiété entre les contraires. La médiété n’est pas un terme intermédiaire entre des contraires, par exemple l’excès et le défaut, qui ne serait que médiocrité, c’est un troisième terme qui s’oppose autant au défaut qu’à l’excès. Comment cette définition théorique peut-elle se traduire de façon concrète ? Une seule occurrence le permet : la justice car on ne peut être juste que vis-à-vis d’autrui par l’égalité. La relation qui permet d’instaurer l’égalité, et par suite la justice de façon parfaite, est la réciprocité. Nous revenons ainsi de l’Ethique à La Politiquel’économie politique). Aristote dit que la réciprocité est la structure dans laquelle s’instaurent toutes les formes de l’arétè, c’est-à-dire toutes les valeurs humaines, et que la réciprocité parfaite de face à face crée la philia. On traduit souvent la philia par amitié, ce qui est assez exact, mais le terme est encore plus fort.

Au livre V de l’Ethique à Nicomaque, Aristote traite donc de l’échange (allage), en considérant que l’échange vient démultiplier la réciprocité dès lors qu’il respecte les prix justes fixés par l’organisation de la production à partir du principe de réciprocité.

Lorsque l’échange respecte les prix justes (= lorsque les prix respectent la valeur = lorsque l’échange s’inscrit dans la réciprocité) quel est le rapport entre le service rendu par l’un et le service rendu par l’autre ? L’égalité, dit Aristote, puisque la valeur de référence de l’économie politique est la justice. Entre deux statuts égaux l’échange est réciproque quand la même quantité de travail est échangée contre la même quantité de travail, et si les statuts sont inégaux, comme par exemple celui du médecin et celui des paysans, l’égalité se traduit par une inégalité entre les biens échangés (l’égalité proportionnelle).

Si l’on se rapporte à cette ultime analyse d’Aristote comme modèle de la formation des prix dans une économie d’échange, on pourra dire qu’elle tend à reproduire l’ordre social à l’identique (de façon telle que le plus pauvre demeurera toujours le plus pauvre et le plus riche le plus riche, ajoutez-vous, car les prix se détermineront en fonction du statut des parties prenantes). Vous dites que ce cadre est si évident que nous ne nous donnons pas la peine de le mentionner, ou qu’il est tellement nécessaire qu’il serait superfétatoire d’en faire état (vous prenez l’image de deux équipes sportives qui, constatant que les buts ont été renversés par le vent, sont solidaires pour les redresser avant que d’engager la lutte. Il suffirait donc d’en appeler à l’éthique pour que le système capitaliste soit sauvé. La révélation de la philia instituée, comme elle l’est déjà dans l’analyse qu’Aristote propose de l’échange au livre V de l’Ethique à Nicomaque, permettrait à la main invisible de A. Smith de redevenir opératoire.

Vous dites que pour Aristote “les prix sont déterminés en fonction des statuts sociaux…”, puis vous vous reprenez, et dites : “… en fonction du rapport de force entre statuts de façon à ce que l’ordre social soit reproduit à l’identique”. C’est à partir d’ici que naît une alternative. Il est vrai que dans vos ouvrages, vous soutenez que les statuts s’ordonnent les uns les autres de façon invisible en fonction de leurs rapports de force.

Que les statuts imposent leur norme selon un rapport de force et imposent leurs prix aux échangistes, pas de doute, c’est bien ce que dit Aristote et le pêcheur du Croisic : les prix de l’entente s’imposent (font foi) au marché de l’offre et de la demande. Mais vous rapportez la lutte entre l’offre et la demande des marchandises à la lutte entre l’offre et la demande des statuts entre eux. Et l’on ne sort pas du cadre de la concurrence pour vivre plus ! Introduire un rapport de force entre statuts suppose que les statuts soient eux-mêmes conçus comme des moyens pour défendre son intérêt propre ou encore, ce qui s’enchaîne logiquement avec ce premier objectif, comme moyens pour dominer autrui ou encore pour accumuler de l’argent selon le but de la chrématistique, c’est-à-dire une raison contraire de celle invoquée par Aristote à la naissance de l’économie domestique et de l’économie politique. Si les statuts s’imposent les uns aux autres en fonction de leurs rapports de force c’est qu’ils sont interprétés dans une économie fondée par l’intérêt, et comme des moyens pour les uns d’imposer leur volonté aux autres, les mareyeurs aux pêcheurs ou les pêcheurs aux mareyeurs mais aussi les médecins aux malades et les magistrats aux paysans. Ici, le but recherché est le contraire de la raison du vivre ensemble, défendue aussi bien par Aristote que par Platon que ce soit de la communauté familiale ou de la cité, c’est-à-dire de l’économie domestique ou politique, et qui prévalait peut-être aussi dans le face à face des pêcheurs et des mareyeurs lorsqu’ils pratiquaient l’entente (dite exceptionnelle!), entente que sanctionnait la taxation (le prix juste, c’est-à-dire l’équivalence entre le travail des uns et le travail des autres). Ou bien les hommes s’accordent entre eux en vue d’exercer un pouvoir les uns sur les autres conformément à leur nature biologique ou bien ils s’assemblent entre eux pour s’entre aider les uns les autres car de cette relation de réciprocité et de la relativisation de leur intérêt propre, naît une valeur (nouvelle dans la nature mais propre à la nature humaine) l’arétè, spécifique de l’homme, dont parle Aristote tout au long de l’Ethique.

On peut, il est vrai, discuter du vivre bien. Socrate dans La République de Platon célèbre une vie sobre de citoyens idéaux :

“Pour se nourrir, ils fabriqueront sans doute soit avec de l’orge soit avec du froment de la farine qu’ils feront griller ou pétriront ; ils en feront de beaux gâteaux et des pains qu’on servira sur du chaume ou sur des feuilles bien propres ; couchés sur des lits de feuillage, jonchés de coulouvrée ou de myrte, ils se régaleront eux et leurs enfants, buvant du vin, la tête couronnée de fleurs, et chantant les louanges des dieux ; ils vivront ensemble joyeusement, réglant sur leurs ressources le nombre de leurs enfants, dans la crainte de la pauvreté ou de la guerre”.

Mais sur la remontrance de Glaucon qui trouve cet austère régime saumâtre (“c’est avec du pain sec, ce me semble, que tu fais banqueter ces gens-là”), Socrate s’amuse : “Tu dis vrai, mais il est évident qu’ils auront du sel, des olives, du fromage,… nous leur servirons même des desserts, des figues, des pois chiches et des fèves, et ils feront griller sur les braises des baies de myrte et des glands qu’ils croqueront en buvant modérément”!) Il accorde cependant que la vie bonne peut se concilier avec le luxe, mais c’est quand même au déploiement des valeurs humaines qu’il soumet la bonne chère.

L’économie politique (aristotélicienne) est donc fort différente de l’économie capitaliste. Et l’on peut dire qu’elle reproduit l’ordre social à l’identique pour dire que la société se développe, au fur et à mesure que les services des uns et des autres se diversifient et se complexifient, sans crise qui la détruise ou produise l’exclusion.

Ce n’est donc pas le cadre de la compétition entre marchands (ou entre producteurs) qu’il nous faut recréer. Le cadre qu’il nous faut est celui de la détermination des prix en fonction de la valeur, le face à face de la réciprocité, animée par la philia puisque c’est elle qui permet d’organiser la production en fonction d’une finalité commune : le bien commun.

Mais il est vrai aussi que de la philia, il y a deux conceptions, nous dit Aristote au livre 8 de l’Ethique à Nicomaque, la philia utile et la philia véritable celle-ci ordonnée non plus à la jouissance mais à l’eudaimonia (le bonheur).

Y a-t-il aujourd’hui une raison majeure ou impérieuse qui imposerait de choisir l’amitié véritable plutôt que l’amitié utile ?

Oui, et vous ne manquez pas de la rappeler dans vos interventions. L’amitié utile s’inscrit dans une perspective matérielle que la maîtrise des forces de la nature légitime, mais qui du moment que les ressources de la nature sont comptées conduit à des affrontements de plus en plus dangereux. La croissance matérielle sans limite, la chrématistique, est devenue suicidaire étant données les limites de la planète…

L’amitié véritable s’inscrit dans une économie dont la croissance en termes matériels est relative à ce que nécessite ou prescrit la croissance des valeurs humaines qui, elle, est sans limite et sans aucun danger pour rien ni personne. Il est devenu évident que la seule façon de donner à la vie un avenir est de lui reconnaître comme finalité le développement de la conscience et non pas de la puissance animale, c’est-à-dire l’amitié vraie et non pas l’amitié utile. Il faut choisir l’eudaimonia (le bonheur) dit Aristote plutôt que la jouissance des passions et du pouvoir.

Il faut donc abandonner le cadre des rapports de force auquel on soumettrait la philia (la philia utile), pour le cadre de la philia véritable ordonnée à l’eudaimonia ou encore au développement de la pensée. Il est ainsi décisif de revenir à la production de la philia et des différentes valeurs humaines que recouvre cette expression, comme la justice ou la responsabilité, c’est-à-dire à une économie politique qui se soucie de leurs structures de production, de leurs matrices spécifiques qui se disent toutes de réciprocité

Sur votre blog se relayent deux points de vue qui peuvent apparaître contradictoires : tantôt refonder le capitalisme, comme l’y incitait le premier discours de Toulon de Nicolas Sarkosy, tantôt remplacer le système capitaliste, c’est-à-dire changer le cadre. La médiété entre les termes de cette alternative (l’un prudent, l’autre courageux) est le seuil où l’on peut changer de système : si la philia utile est invoquée comme moyen ce n’est pas en effet pour redonner vie à un système moribond qui chaque jour devient plus dangereux, mais pour aménager la transition et nous conduire à la philia vraie. Cependant, il faudra bien qu’à un moment donné ou un autre on s’inquiète des diverses structures de réciprocité… qui en sont les matrices ; il faudra bien les substituer au libre-échange de sorte que l’économie politique vraie succède à l’économie capitaliste.

Au cœur de votre conférence, vous avez suspendu son cours, pour une incise extraordinaire, ce conseil ultime que vous a donné le vieil homme de la mer :

« Quand tu es dans l’oeil de la tempête tu as l’impression que tu en es sorti parce que le vent tombe mais c’est à ce moment-là qu’il faut absolument virer de bord ».



[1] Le texte en grec de Aristote accompagné d’une traduction ancienne (Barthélemy Saint-Hilaire) se trouve désormais à la portée de tout le monde sur Internet.

[2] Les mêmes distinctions sont faites par Platon quand il compare l’art du philosophe et celui du sophiste, à l’art d’acquérir dans l’économie (ktêtikes) et l’art d’acquérir par le trafic, le négoce (metabletiké) (le sophiste 223-a).

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61 réponses à “LE CADRE INVISIBLE, l’ENTENTE ET ARISTOTE, par Dominique Temple”

  1. Avatar de Sens
    Sens

    J’aime beaucoup cette contribution qui relie limites, besoins, prix et production. C’est parce que la science économique standard/classique/néoclassique/dominante a perdu la notion du cadre logique et bénéfique qui existe entre ces éléments que nous Humains, la Planète et les êtres vivants sommes écrasés par le rouleau compresseur du système économique actuel.

    Nous pouvons recadrer nos besoins, et donc notre nombre et notre niveau de vie, dans les limites de fonctionnement de la Planète.
    Nous pouvons produire en fonction de ces besoins recadrés, à un prix qui réponde aux besoins de chacun.

    La science qui s’occuperait de nous fournir les affirmations nécessaires à propos de cela, elle mériterait d’être appelée à nouveau Economie, au sens noble du terme, (du grec oikonomia : l’administration du foyer). Ce foyer qui est notre société humaine, elle même comprise dans notre foyer commun avec les autres vivants : la Terre.

    Cette science serait indissociable et jumelle d’une autre : l’Ecologie, au sens noble du terme (du grec oikos et logia : l’étude du foyer), c’est-à-dire, la connaissance de notre société humaine et de la Terre.

    Ainsi, fondée sur une connaissance réelle de notre Planète, par l’Ecologie, nous pourrions administrer ce qui est à notre portée de notre foyer, par l’Economie, et débarrassés du problème matériel, viser la philia vraie.

    1. Avatar de Pignouf 1er
      Pignouf 1er

      « Nous pouvons recadrer nos besoins, et donc notre nombre et notre niveau de vie, dans les limites de fonctionnement de la Planète. »

      La politique de l’enfant unique existe déjà à certains endroits, s’agit-il de la généraliser ?

      1. Avatar de Sens
        Sens

        Je n’ai pas prétention à connaître la ou les solutions pratiques, qu’il s’agisse de la politique de l’enfant unique ou d’une autre stratégie.

        J’ai souvent songé que si nous n’étions que 1 ou 10 millions sur cette planète, nous pourrions y vivre comme des nababs, des jetsetteurs ou des rancheros américains, sans risquer une seconde de menacer les équilibres biosphériques.

        Quoique ce sujet ait comme caractère tabou dans certains milieux, il s’agit d’un véritable enjeu de la survie humaine à long terme. (ce caractère tabou provient, indirectement et non sans raison, des discours et pratiques totalitaires du passé)
        Qu’on le veuille ou non, dans l’équation I = PAT, qu’on utilise pour décrire l’impact de l’activité humaine sur la planète, est implacable. (I = human Impact, P = Population, A = Affluence, T = Technology). Et si on a la conviction, comme moi, que la technologie aussi a ses limites, et qu’un seuil minimum est nécessaire pour « l’Affluence » (le niveau de vie), alors tout nous ramène sans cesse au P de Population.

        Il n’est en tout cas pas nouveau pour l’espèce humaine de réguler son nombre, comme l’ont démontré les pratiques de nombreux peuples premiers, mais aussi de cultures récentes.

        Cela me semble indispensable pour les décennies à venir.

        Certains critiquent l’accent qui est mis sur la population (surtout dans les institutions internationales), pour deux raisons principales :
        – « Critiquer la croissance de la population, c’est critiquer le Sud, pauvre et en développement. Or un Pakistanais ne polluera jamais autant qu’un américain. Donc mettre l’accent sur la croissance de la population est inique. » Il y a une part de vérité dans cet argument, mais il reste partiel. Allons au bout du raisonnement : ce qui est grave, c’est un américain, ou un européen supplémentaire, dont l’impact sur la planète est plusieurs dizaines de fois celui d’un Pakistanais. Donc limiter la population doit se traduire avant tout par limiter le nombre de gens qui vont vivre à l’occidentale, que ce soit par la naissance, la migration ou l’adoption des mêmes modes de vie. (ceci est dit sans aucune forme de négation du droit des Hommes à traverser les frontières).
        – « On peut pas influencer la croissance de la population. L’inertie est terrible ». L’inertie de la croissance de la population est en effet terrible. Mais la bonne conclusion est celle-ci : puisqu’il y a une telle inertie, il est d’autant plus urgent d’agir sur le facteur « population » en amont, pour les décennies à venir. Le niveau potentiel de destruction de la Planète en sera d’autant réduit. (de la même manière que l’inertie climatique ne modifie en rien l’urgence d’agir pour le climat quoiqu’il advienne)

        Donc je suis pour deux choses :
        1. Réintroduire le niveau et la croissance de la population dans le spectre des variables sur lesquelles le politique a la légitimité d’agir, sur mandat de la population existante, et donc dans l’aire autorisée du discours scientifique et démocratique.
        2. La mise en place de mécanismes démocratiques qui tendent à stabiliser, voire à diminuer la population actuelle, à condition de préserver une pyramide des âges qui soit la plus viable possible.

      2. Avatar de wildleech
        wildleech

        Avez vous entendu parler de l’eugénisme ?
        Il ne peut y avoir de limitation légale juste des populations, mais les populations éduquer et conscientes peuvent se limiter elle-mêmes.
        Seulement 1 à 10 millions, mais avec le « nous » inclusif. Que ceux qui désire limiter la population commence par montrer l’exemple.
        Si vous étiez, vous pourriez, pour nous c’est moins évident.

  2. Avatar de moneyistime
    moneyistime

    Impressionant . Chapeau pour une telle réflexion et celle qui la sous-tend celle de Paul Jorion .
    Un élément me frappe là , essentiel . Dans ce cadre invisible intervient la monnaie , tout cela
    ne tient que si la monnaie elle-méme est mue par une main invisible ce qui était encore le
    cas pour ces marins . Ce n »est plus le cas aujourd’hui . Ce texte rappelle bien ce qui devrait étre
    mais n’indique pas comment y parvenir avec une monnaie frelatée ou comment retrouver une
    monnaie juste , avec des capitalistes mais aussi des états aussi sinon plus rapaces qu’eux .

  3. Avatar de Paul Stieglitz
    Paul Stieglitz

    La relation commerciale entre le pêcheur d’Houat, le mareyeur et l’acheteur-consommateur de poisson relève de circuits simples et de « microéconomie ».
    .
    Entre le directeur d’une usine d’automobiles, son assureur – ou son banquier ou son fournisseur de métaux – et l’acheteur éventuel, il y a une foule d’intervenants et d’intérêts différents de sorte que le mécanisme de la fixation des prix relève, me semble-t-il, de la « macroéconomie », celle dont s’occupent les ministres des finances, par exemple.
    .
    Peut-on dire que la nature des échanges économiques dans ces deux situations est la même, que l’on puisse déduire le mécanisme de la fixation des prix dans la macroéconomie comme dans la microéconomie ? La concurrence, la divergence des intérêts dans ce dernier cas ne distordent-elles pas ce mécanisme et ne remettent-elles pas au premier plan la loi de l’offre et de la demande ?

    1. Avatar de zenblabla

      Non, elle ne remettent pas au premier plan cette loi.
      Pourquoi?
      -1
      parce que la remettant, elles renvoient en micro-économie au seul endroit où s’épuisent les concurrences du coté de l’offre,.
      Cela sans que la macro-économie suffise pour examiner cet épuisement sans dogmatisme.
      -2
      La macro-économie instigue la demande par la manière des financements qui s’instaurent sur de bien trop long termes… et font dettes, ou insolvabilités, fussent-elles micro-locales et même largement diffusées pour devenir macro-locales!
      -3
      Il y a un rapport au temps que l’intelligence, immédiate, ne comprend pas entièrement.
      L’intelligence globale est trop rapide.
      L’équilibre en micro-économie, le seule qui compte, est lentement d’une immédiateté absolue.

      Le réglage avec la macro-économie, pour l’offre et la demande, est juste aventure….
      C’est une aventure, et est-ce par là un argument trop longtemps?

    2. Avatar de Cassiopée
      Cassiopée

      à Paul Stieglitz

      Pour compléter le lien entre micro et macro-économie. De nos jours, c’est la finance qui fixe les prix, à la hausse comme les rendements futures qu’ils exigent. Il faut rajouter que la finance dans ses projections peut aussi diminuer considérablement les droits des travailleurs tout en fixant le rendement souhaité, même si les gaspillages seront colossaux.

      Les financiers sont en plus assurés, ils ont une assurance en cas de problème, ce qui n’est pas le cas des salariés qui ont été exploité. D’ailleurs ce type de procédé incite à créer des revenus de misères pour les plus exposés à ses contrats, et des bénéfices très élevés pour les financiers, soutenus par des Etats pour les mettre en pratique (délocalisation comprise).

      Ce qui provoque une surconsommation donc une surexploitation des ressources naturelles et un emballement plus rapide du réchauffement climatique dont la chimie est en cours d’altération, une terra formation économique asphyxiante.

  4. Avatar de toutouadi
    toutouadi

    Magistral…..Et la présentation de PJ m’a étonné et enchanté.

  5. Avatar de jacquesson
    jacquesson

    André Orléan dans « l’empire de la valeur » me semble dépasser de manière très pertinente l’analyse néoclassique en s’appuyant sur les réflexions de René Girard sur la polarisation mimétique au coeur des problématiques de résolution de la violence, que l’on retrouve également chez Frédéric Lordon dans l’intérêt souverain. Ajouter tous ces matériaux à ceux de Paul Jorion, mais aussi de Jean Pierre Dupuy, et trouver les relais permettant de porter le débat sur « la place publique » serait de nature à éclairer les citoyens face à cette chape de plomb du « voilà ce que vous devez penser… »

    1. Avatar de Saahdi la Trollesse
      Saahdi la Trollesse

      « et trouver les relais permettant de porter le débat sur « la place publique » serait de nature à éclairer les citoyens »
      Il en existe, des relais. Tenez, ce blog, par exemple. Celui de Lordon également. Pour autant ce qu’on y trouve n’est pas forcément facile d’accès au lambda curieux mais pas forcément hyper cultivé, et je sais de quoi je parle.

      Non, ce qu’il faut, c’est rendre obligatoires certaines lectures. Un programme de lecture national délivré par le Ministère de la lecture citoyenne. Avec un QCM national en Juin de chaque année, juste avant les vacances – durant lesquelles on pourra à loisir entamer les lectures obligatoires du programme suivant.
      Un peu de dictature bienfaisante dans notre démocratie, que diable !
      Et ceux qui échouent au test, on les condamne à regarder Dolls de Kitano jusqu’à la fin. Croyez-moi, ils rentreront dans le rang.

  6. Avatar de Saahdi la Trollesse
    Saahdi la Trollesse

    Une contribution intelligente et limpide, que j’ai relu une seconde fois pour le plaisir.

    Bon d’accord, pour bien tout comprendre aussi.
    En tous les cas ça donne envie de (re)plonger dans les classiques oubliés.

    1. Avatar de lisztfr

      Le commerce de détail (kapelike)

      Ah, en Polonais, sklep…..

      http://www.youtube.com/watch?v=2KYRdRnnBYw

      Hilary Hahn-Bach partita N°3 prelude

      Et surtout la Partita n°2 …

  7. Avatar de michel clement
    michel clement

    bonsoir entièrement d’accord avec le principe, consommez différemment, mettez votre argent dans des banques non lié avec le système et non des banques de systèmes ceci est une révolution lente mais utile. Consommez peu seulement utile. Achetez des produits hors  »norme ».
    faite la nique au système et préparer vous ….
    Regardez la privatisation…. est une attaque aux citoyens et sa démocratie, et son travail et ses acquis.

    bonne route à tous.

    Rappelez vous qd ils sont venus chercher les grecs je n’étais pas grecs ………. et pourtant nous sommes tous grecs de part notre histoire….

    faites des actes et non des mots seuls les actes restent.

  8. Avatar de anita
    anita

    … organiser la production en fonction d’une finalité commune : le bien commun. http://www.gemeinwohl-oekonomie.org/fr/

    Pour l’instant, il y a latifundistes C’est très récent Paraguay (15.6,2012) : 16 morts et 20 blessés

    Video premiers minutes
    http://www.ultimahora.com/notas/537219-Video-muestra-los-primeros-minutos-de-la-masacre-en-Curuguaty

    Les agriculteurs expulsés de leurs terres sous le régime du général Stroessner (nationalisés et vendues à « Brasiguayens » propriétaires terriens (latifundio) soja transgénique, de riz ou d’eucalyptus destinées aux agrocarburants ou au papier. Un pays aussi riche en nature que le Paraguay doit importer des aliments

    Les conflits terriens sont récurrents au Paraguay, où 2% de la population possède 80% des terres.
    La propriété privé sur les terres, l’eau… ?

  9. Avatar de Martine-Bxl
    Martine-Bxl

    ….Je cherche et je recherche ce reportage….à propos d’un village là où les pêcheurs allaient en mer d’abord pour nourrir gratuitement tous les gens du village,et seulement, quand il y avait un surplus, ils étaient autorisés à le vendre ailleurs….

  10. Avatar de Pignouf 1er
    Pignouf 1er

    « les prix sont déterminés en fonction des statuts sociaux… »

    Affirmer ceci, c’est faire l’impasse sur l’acquisition du statut social en question. C’est aussi faire l’impasse sur la différence entre un footballeur qui gagne des millions et un footballeur de 2nde division. En fait, cette vision des choses est vaguement correcte dans un système à castes, mais sans plus.

    1. Avatar de Julien Alexandre

      @ Pignouf

      Affirmer ceci, c’est faire l’impasse sur l’acquisition du statut social en question.

      N’hésitez pas, éclairez-nous sur l’acquisition du statut social et le rôle de ce processus dans la formation des prix, nous sommes tout ouië.

      En fait, cette vision des choses est vaguement correcte dans un système à castes, mais sans plus.

      A « castes », comme en Inde ? En quoi cette « vision des choses » (je préfère le terme de « description objective » mais bon) ne correspond pas à ce que l’on peut observer dans un système avec plusieurs statuts sociaux ?

      1. Avatar de Pignouf 1er
        Pignouf 1er

        @Julien Alexandre
        « N’hésitez pas, éclairez-nous sur l’acquisition du statut social et le rôle de ce processus dans la formation des prix, nous sommes tout ouië. »

        Pour la plupart des mortels français le statut social est acquis par le mérite scolaire ou professionnel. Pour ne reprendre que l’exemple du médecin cité dans l’article, il y a mérite à la fois scolaire et professionnel pour un grand chirurgien capable d’améliorer une technique d’opération.
        Et les prix n’ont rien à voir avec ce sujet : il y a des agriculteurs moins diplomés que je ne le suis et qui bradent leurs pommes de terre mais qui gagnent quand même 10 ou 100 fois plus que moi étant donnée la quantité vendue. Si le rapport de force entre statuts sociaux différents était significatif, Marx aurait eu raison et le prolétariat règnerait. Or non seulement il ne règne pas mais les quelques expériences basées sur le marxisme ont appauvri durablement les citoyens tout en reconstituant une nouvelle classe dominante encore plus cynique que la précédente.
        Partir d’un constat simple (l’entente du pêcheur) pour en extraire un mécanisme sociétal sophistiqué parait audacieux, pour ma part ce raisonnement est proche du pil-poul.

        1. Avatar de Julien Alexandre

          Pour la plupart des mortels français le statut social est acquis par le mérite scolaire ou professionnel.

          Oui, bien sûr, et la reproduction sociale n’est qu’une vieille lune marxisto-collectiviste, n’est-ce pas ? C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les classes prépas et les grandes écoles sont pleines à ras-bord de fils d’ouvrier, d’agriculteurs et d’employés : l’ascenseur social et le « mérite » jouent à plein-pôt ! Ceux qui n’y sont, c’est tout simplement parce qu’ils sont cons comme des manches à balai. Il n’est qu’à voir le mérite d’un David Halliday, ou d’un Arnaud Lagardère. Rien à voir avec le statut social des paternels, c’est évident.

          Franchement, c’était un contre-argument, où vous vous êtes dit qu’à 22h42, il était temps de faire une blague pour détendre l’atmosphère ? Bien joué !

      2. Avatar de Moi
        Moi

        @Julien: je crois comprendre qu’il voulait dire que dans une société capitaliste libérale les statuts sociaux étaient déterminés par le talent et donc que les prix (dans sa tête = « salaire ») sont en dernier recours déterminés par le talent. Ou une salade de fruits dans le genre…
        Là, il est parti chercher son Hayek et il revient te coller un petit passage intéressant sur les prix dès qu’il en a trouvé un.

      3. Avatar de José
        José

        Reproduction sociale ou gène du talent? Dans le deuxième cas, Arnaud Lagardère est victime d’un quintuple crossing-over!

      4. Avatar de zenblabla

        Il y aurait-il d’emblée, une sorte de connerie issue des classes préparatoires?
        Il faut appeler un parvenu un parvenu, et après se demander à quoi….

        De mon coté, j’ai toujours eu beaucoup de mal avec un complexe bien Français, celui autour de la reconnaissance des diplômes.
        Je n’ai jamais eu aucun mal avec cette reconnaissance, étant baigné dans un milieu de diplômés, puisque je n’ai jamais pu remettre en cause quelconque mérite des diplômés proches, quant à leurs engagements
        L’intelligence est là, le sens du devoir, le goût de servir en général,

        Que se passe-t-il?
        Il y a d’abord, autant que cela devrait être surmonté, le doute avec une formule pas encore assez diffusée, une qui fait véritablement problème, le constant problème remis en France avec un complexe tellement puissant, celui d’infériorité et de supériorité mêlées.
        Sigmund n’épuise pas ici la question!
        Du coté de l’infériorité avec ce complexe, il n’y a pas photo:
        Quelques diplômés d’un coté, la multitude de l’autre, l’école organisant l’offre du coté du « challenge ».
        La spécificité française fait de l’escrime!

        Que les super-diplômés soient au service, ce serait après tout la moindre des choses….,mais!
        Ils ne savent pas d’avance eux-mêmes, l’organisation du service qui les réuniraient, tout cela semble s’organiser en coteries…
        Le modèle de l’élite comme en France bat de l’aile!

        C’est très dommage que l’organisation des compétences avec l’école s’essouffle autant qu’ici, essoufflement accompagné par le motif psychologique du « complexe » que matraque l’extérieur, mais encore par la mise au service de talents tout à fait innocents des emplois à servir….

        C’est dommage comme avec Descartes, qui est est toujours dévoyé, et ainsi qu’il a pu parvenir à indiquer malgré la multitude des dogmes:
        Un ponton dans l’inconnu pour l’observer s’il était un terrestre océan, et savoir comment est la mer…

        Avec l’élite de l’école française, il s’agirait d’aller, surtout là et surtout pas ailleurs, en terres bien avant tout connues…
        Comment un ignorant ne verra-t-il pas là entourloupe!
        On sait tout, on dit rien…

      5. Avatar de Pignouf 1er
        Pignouf 1er

        @Julien Alexandre
        « Oui, bien sûr, et la reproduction sociale n’est qu’une vieille lune marxisto-collectiviste, n’est-ce pas ? »

        Ce n’est pas aussi binaire que ça ! Evidemment qu’il y a des médecins fils de médecins tout autant qu’il y a des ingénieurs fils d’ouvriers. Mais vous ne pouvez pas nier que le mérite finit par payer même si certains sont avantagés par leur nom de famille ou leurs relations tandis que pour d’autres le chemin sera plus périlleux. Faut-il vous citer Georges Charpak ? Maurice Allais ?
        Alors le système vous parait injuste parce qu’un enfant d’instituteurs aura accès plus facilement à une bibliothèque qu’un enfant d’ouvriers agricoles mais qu’est ce qu’on fait ? On confisque tout ce qui peut être considéré comme une forme d’héritage, y compris l’héritage culturel ?

        1. Avatar de Julien Alexandre

          @ Pignouf 1er

          Oui, on connait les 3 exceptions qu’on ressort toujours en boucle, quelques individualités un peu connues pour seul contre-argument. C’est très léger face aux innombrables études sur la reproduction sociale et la panne de l’ascenseur social. Le mérite républicain, c’est très bien, mais prétendre que ce mécanisme instaure quelque forme d’équité (notez bien, équité, pas égalité ou égalitarisme… Et oui, on vous voit venir, il n’est qu’à lire votre conclusion sur la « confiscation de l’héritage culturel » !) est un aveuglement et une contre-vérité.

          Regardez donc les chiffres : quel est le pourcentage de fils d’ouvrier en classes prépa et dans les grandes écoles ? Quelle conclusion pouvez-vous en tirer dans votre référentiel autre que les fils d’ouvrier sont tous cons comme des manches à balai ?

      6. Avatar de wildleech
        wildleech

        Je suis toujours aussi surpris par les gens qui pensent le mérite comme une valeur constante (ou comme un investissement à accumuler).
        Et si on parlait alors des démérites des « méritants », histoire d’équilibrer.

      7. Avatar de toutouadi
        toutouadi

        A lire…

        Les héritiers (Les étudiants et la culture) de Pierre Bourdieu et J.C. Passeron

        Histoire de confirmer ce que l’on perçoit en observant son entourage et les disparités sociales.
        La rente sociale et culturelle sont aussi prégnantes que la rente patrimoniale.
        Quant à ceux qui prétendent que le comportement social (Au hasard…la délinquance) est un choix délibéré et n’a aucun lien avec la situation sociale (misère par exemple)… C’est simple … On devrait les enfermer pour crétinisme chronique.

  11. Avatar de louise
    louise

    Aimez-vous les uns les autres, c’est ce que je disais sur ce blog il y a un certain temps.

    Aujourd’hui je dis : prenons soin les uns des autres.
    Dans la tempête qui s’annonce c’est de cela dont nous aurons besoin.

    1. Avatar de octobre
      octobre

      D’accord, voici mon mail:
      olivier.martin0116@orange.fr
      Bleu Blanc Rouge et feu d’artifice. On verra n’est-ce pas ?
      (louise, attends, je suis qu’un pauv’ type. La musique je vais la chercher rien que pour toi.)

      1. Avatar de louise
        louise

        mail soigneusement noté !

        Pour les feux et la musique on a ce qu’il faut !

        http://www.dailymotion.com/video/x69i3l_espana-a-decazeville2008-festival-i_people?search_algo=2

        reginav1@free.fr

      2. Avatar de octobre
        octobre

        louise
        😉

      3. Avatar de Garorock
        Garorock

        Ben dites donc Louise et Octobre, le monde est en train de s’effondrer et que je t’envoie mon mail et que je te fais des sourires…
        Le blog de PJ aurait-il lancé une OPA sur Meetic?
        🙂 🙂

      4. Avatar de louise
        louise

        C’est en « tout bien, tout honneur » comme on dit, Garorock,j’ai une toute petite collection d’adresses mail, au cas où……
        Des gens que je ne connais ni d’Eve ni des dents, mais qui peut être un jour auront besoin de quelque chose, si je peux aider, je le ferai.

      5. Avatar de octobre
        octobre

        le monde est en train de s’effondrer…
        On s’en fout. Ya plus urgent.

  12. Avatar de Martine-Bxl
    Martine-Bxl

    « Ou bien les hommes s’accordent entre eux en vue d’exercer un pouvoir les uns sur les autres conformément à leur nature biologique ou bien ils s’assemblent entre eux pour s’entre aider les uns les autres car de cette relation de réciprocité et de la relativisation de leur intérêt propre, naît une valeur (nouvelle dans la nature mais propre à la nature humaine) l’arétè, spécifique de l’homme, dont parle Aristote tout au long de l’Ethique.

    …..
    Bien commun, devoir de solidarité,….

    « Quand tu fais l’aumône à un pauvre, tu ne fais que lui rendre ce à quoi il a droit, car voici que ce qui était destiné à l’usage de tous, tu te l’es arrogé pour toi tout seul »… St ambroise

    1. Avatar de Daniel
      Daniel

      voici que ce qui était destiné à l’usage de tous, tu te l’es arrogé pour toi tout seul »… St ambroise

      et

      devoir de solidarité.

      Mais:
      Une société qui fait reposer l’aide aux pauvres sur l’initiative
      individuelle est une société ratée, une société où l’ injustice
      est structurelle, une société libérale…
      Les pauvres le savent, il n’en ont rien à foutre de l’empathie (i)
      et de la charité qui donnent bonne conscience aux classes
      supérieures.

      Les pauvres doivent être aidés par le moyen de structures sociales
      mise en place par l’Etat et neutres.
      Des structures d’Etat parce qu’elles sont financées par l’impôt
      lourdement progressif et dans ce cas, redistributeur.

      (i): il y a une exception respectable, souvent féminine, mais tellement
      particulière qu’on peut la passer sous silence.

      1. Avatar de wildleech
        wildleech

        Tout dépend des circonstances.
        S’en remettre à l’état est aussi une forme de rejet des responsabilités.
        Faire l’aumône est aussi une forme de rejet.
        La solidarité véritable, c’est donner une nouvelle vie, et ça demande plus qu’un geste ou une structure administrative.
        C’est un état d’esprit qu’on ne voit guère promu dans la société actuelle.

  13. Avatar de kercoz
    kercoz

    @Mister Temple :
    //// Cependant, il faudra bien qu’à un moment donné ou un autre on s’inquiète des diverses structures de réciprocité ////
    Vous faites partie de ceux qui comme Jorion touche à la solution sans la reconnaitre .
    Le terme STRUCTURE n’est que rarement examiné dans les divers modèles societaux .Le structuralisme et le néo structuralisme sont déja pris …et pourtant ce pourrait etre un « cadre » vertueux d’ une économie .
    Le gigantisme des groupes , avec centralisation inside , n’etait qu’un fugace paradis octroyé par une énergie soudain abondante …..
    Si l’on oppose , de façon simpliste et caricaturale, les deux modèles antagonistes :
    -Le modèle actuel , globalisant et centralisateur …Ubris inside
    -Le modèle (naturaliste) , parcellisé , archaique , morcelé , a tendance groupes restreint et groupes de groupes ( fractal) ……
    On constate que le problème essentiel , l’ UBRIS , deja présent chez les grecs ….ne peut etre contraint et maitrisé , apaisé , …que dans le modèle millénaire morcelé ou le groupe est assez réduit pour que les interactions (Face à Face /goffman) , puissent s’établir entre des individus qui se re-connaissent , puisqu’ils se connaissent !

    1. Avatar de la m...
      la m…

      mouais, le retour à la tribu, bof.

      A l’heure où l’espèce humaine est confrontée à des problèmes de taille planétaire, j’ai pas l’impression que le clan ça fasse la taille.

      Créer une vraie solidarité à l’échelle des défis mondiaux à venir me parait plus pertinent (litote grecque ou understatement anglais je sais pas).

      1. Avatar de Thomas

        N’y a-t-il pas comme une contradiction entre « solidarité » et « échelle mondiale » ?

        Comment chacun de nous pourrait-il prendre en compte ses congénères lointains dans ses décisions locales ? C’est déjà pas gagné avec les proches….

        Sur ce coup, je suis Kercoziste.

      2. Avatar de wildleech
        wildleech

        Pertinent oui.
        Mais applicable ?
        Plus le groupe est grand et moins on a en commun avec lui, simplement parce que nous sommes différents les uns des autres.

  14. Avatar de anita
    anita

    Un cadre (système économique) structurellement inégalitaire car fondé sous la concurrence (non la coopération et l’équilibre) la propriété privé et l’héritage (non le partage et le mérite) et même de ce qui donne Madame Nature n’a structurellement rien à voir avec la vie bonne (non la « bonne vie »). Il tient à concentrer la richesse, et « l’amour » que cela donne il peut se rapprocher à la charité au sens humiliant du terme, je pense.

  15. Avatar de soi
    soi

    A mon sens, Aristote est très optimiste dans cette vision : « les valeurs humaines motivent l’organisation des relations des hommes et les invitent à s’accorder entre eux » ,sachant que la société décrite exclut et les femmes et les esclaves. Par là même, tombe la ‘réciprocité’ ,me semble-t-il.
    Dans le cadre actuel de l’évolution des rapports entre femmes et hommes, l’on pourrait concevoir l’occurrence, « la justice », au sens donné : « car on ne peut être juste que vis-à-vis d’autrui par l’égalité  » , afin de tester de « la réciprocité parfaite de face à face  » et percevoir la « philia », ainsi, nous rejoindrions-nous sur votre idéal de philia donnée à la fin de votre texte. 🙂

    1. Avatar de wildleech
      wildleech

      On ne peut être juste par égalité. Les égalités sont improbables et sujettes au changement.
      On est juste par respect des différences. Le respect est constant.

      1. Avatar de circé
        circé

        On ne peut être à la fois juste et libre que si l’on est fraternel

  16. Avatar de Julio Béa
    Julio Béa

    Chacun cherche donc à trouver derrière une décision banale ou stratégique, quelques cohérences qui rassurent : sommes-nous vraiment des êtres rationnels ?

    A court terme, je pêche pour me nourrir, nourrir ma famille (rappelez-vous cet re-commandation dans les avions : attachez votre ceinture avant d’aider votre voisin !) puis construire un environnement mieux sécurisé qui nous rend la vie plus facile et qui de fil en aiguille, de maison en surprime d’assurance, construire un écosystème qui malgré nos « bonnes intentions » est devenu irrespirable ! Irrespirable sous l’angle écologique, économique et politique, sans oublier les angles sanitaires – pathologies émergentes et pollutions – et donc sociétales : bref tout se tient et Gaïa n’en peut plus !

    Une des pathologies affichées par les experts et les pseudo-experts, ceux qui cons-truisent ce monde dit post-moderne, est de ne pas avoir conscience des marges d’erreurs et des limites de validité de leur « modèle » ( cf. Inside job et Margin call).
    La limite de validité du modèle économique du mareyeur est son « employé », le pê-cheur. Il se trouve que le pêcheur n’a pas toujours conscience des limites de validité de la production de l’écosystème même si localement il l’exploite tel un agriculteur. Car la catastrophe provient de ces pêcheurs nomades et prédateurs d’une autre dimension qui s’abattent sur un écosystème et le ratissent sans états d’âme, avant de repartir ailleurs poursuivre leur razzia.
    On peut imaginer que certains à la pensée classique, ont appris à leurs dépens que la mer ouverte fonctionne aussi comme une fédération d’écosystèmes qui sont refermés sur eux-mêmes, certes en liaison entre eux mais jamais en échange totalement ouvert entre eux. Quand, vu du ciel, on observe une tache rouge le long des côtes japonaises (marées rouges) ou vertes le long des côtes bretonnes, elle signe le fait que localement l’écosystème s’est refermé sur lui-même et qu’il s’est auto-pollué car « localement » les capacités d’autoépuration sont dépassées. Les nitrates n’en sont responsables que pour moins d’un dixième de cet état mais c’est une autre histoire.
    Bref on ne peut pas parler le même langage avec ces deux tribus qui n’ont pas les mêmes valeurs et qui vivent dans des systèmes de droits et des valeurs juridiques incompatibles. Les lecteurs de ce blog sans vraisemblablement du côté des agriculteurs qui aimeraient entretenir leur planète mais tant que le Droit sera du côté des nomades « post moderne », c’est-à-dire sans cohérence historique, ni écologique, ils nous autodétruiront légalement !

    1. Avatar de wildleech
      wildleech

      Le droit est l’expression du pouvoir.

  17. Avatar de dissy
    dissy

    Jusqu’à quand l’Europe tolérera-t-elle la quasi guerre économique que lui mène l’Allemagne ?

    L’Allemagne a pratiqué depuis la création de l’euro une politique de déflation salariale dans les emplois manufacturiers ce qui l’a conduit à une politique export agressive à l’égard de ses partenaires de la zone euro qui ne pouvaient plus dévaluer et qui s’ils avaient suivi cette politique déflationniste aurait immédiatement plongés l’Europe en récession.

    http://www.atlantico.fr/decryptage/france-espagne-italie-portugal-grece-doivent-aussi-facher-contre-allemagne-bce-croissance-austerite-jean-luc-schaffhauser-391509.html

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Jusqu’à quand l’Europe tolérera-t-elle la quasi guerre économique que lui mène l’Allemagne ?

      Dissy, faut être deux, deux cons, au moins, pour faire la guerre.

    2. Avatar de octobre
      octobre

      Laissez tomber.
      Une génération d’abrutis encore une : c’est-à-dire miel et sauce perspective négative du je marche et je crève dans la joie.

    3. Avatar de wildleech
      wildleech

      Mais cette guerre est partout dans les textes européens.
      L’ue a été conçue comme un grand ring où les états s’entre-détruiraient.

    4. Avatar de béber visionnaire

      Quand il y a absence « d’entente » , il y a destruction de communauté .

      Le monde actuel nous obligera à des ententes plus larges , parce que le début du carnage économique refroidira la folle dérive du libéralisme.

  18. Avatar de lisztfr

    Ce qui est amusant, c’est que jamais personne dans aucune émission, ne comprend que c’est la fin du capitalisme, et malgré les propos alarmistes, ils n’ont aucune idée. L’hypothèse de la fin n’est jamais évoquée. j’entends encore à l’instant qu’on en a pour 10-20 ans de crise et qu’il faut rassurer les marchés par une union politique, etc. Et on se contente de ça.

    1. Avatar de wildleech
      wildleech

      Quel courtisan oserait remettre publiquement en question le système qui lui assure ça place ?

  19. Avatar de erde
    erde

    Je ne peux m’empêcher de ressortir ce texte très sympathique :

    La Confiture de nouilles: (recette de Sacha Guitry)
    La confiture de nouilles remonte à une époque fort lointaine ; d’après les renseignements qui nous ont été communiqués par le conservateur du musée de la Tonnellerie, c’est le cuisinier de Vercingétorix qui eut, le premier, l’idée de composer ce chef d’œuvre de la gourmandise. Avant de semer la graine de nouille, les nouilliculteurs préparent longuement le champ nouillifère pour le rendre idoine à la fécondation et versent sur toute sa surface de l’alcool de menthe dans la proportion d’un verre à bordeaux par hectare de superficie ; cette opération, qui est confiée à des spécialistes de l’école de Nouilliculture, est effectuée avec un compte-gouttes. Après cela, on laisse fermenter la terre pendant toute la durée de la nouvelle lune et, dès l’apparition du premier quartier, on procède alors aux senouilles de la graine de nouilles. La nouille, encore à l’état brut, est alors soigneusement triée et débarrassée de ses impuretés ; après un premier stade, elle est expédiée à l’usine et passée au laminouille, qui va lui donner l’aspect définitif que nous lui connaissons ; le laminouille est une machine extrêmement perfectionnée, qui marche au guignolet-cassis et qui peut débiter jusqu’à 90 kilomètres de nouilles à l’heure ; à la sortie du laminouille, la nouille est automatiquement passée au vernis cellulosique, qui la rend imperméable et souple ; elle est ensuite hachée menu à la hache d’abordage et râpée. Après le râpage, la nouille est alors mise en bouteille, opération très délicate qui demande énormément d’attention ; on met ensuite les bouteilles dans un appareil , appelé électronouille, dans lequel passe un, courant de 210 volts ; après un séjour de douze heures dans cet appareil, les bouteilles sont sorties et on vide la nouille désormais électrifiée dans un récipient placé lui-même sur un réchaud à haute tension. On verse alors dans le-dit récipient du sel, du sucre, du poivre de Cayenne, du gingembre, de la cannelle, de l’huile, de la pomme de terre pilée, un flacon de magnésie bismurée, du riz, des carottes, des peaux de saucisson, des tomates, du vin blanc et des piments rouges ; on mélange lentement ces 7 ingrédients avec la nouille à l’aide d’une cuillère à pot et on laisse mitonner à petit feu pendant vingt et un jours. La confiture de nouilles est alors virtuellement terminée. Lorsque les vingt et un jours sont écoulés, que la cuisson est parvenue à son point culminant et définitif, on place le récipient dans un placard, afin que la confiture se solidifie et devienne gélatineuse ; quand elle est complètement refroidie, on soulève le récipient très délicatement, avec d’infinies précautions et le maximum de prudence, et on balance le tout par la fenêtre parce que ce n’est pas bon. Voilà, mesdames et messieurs, l’histoire de la confiture de nouilles ; c’est une industrie dont la prospérité s’accroît d’ année en année ; elle fait vivre des milliers d’artisans, des ingénieurs, des chimistes, des huissiers et des fabricants de lunettes. Sa réputation est universelle et en bonne ambassadrice elle va porter dans les plus lointaines contrées de l’univers, par-delà les mers océanes, le bon renom de notre industrie républicaine, une et indivisible et démocratique.

    Cela illustre bien la situation actuelle…

  20. Avatar de Rodrigue
    Rodrigue

    Bien que n’ayant sur l’économie aucune compétence particulière, j’avais écrit un article intitulé « Juste Prix » dans la revue déliciouspaper d’Avril 2009 (n°4) qui montrait combien le prix juste pouvait être le fruit d’un accord où l’humain y trouvait son compte au delà des considérations strictement, et à cours, terme comptables. Heureux que de plus spécialistes que moi donnent, avec maestria, le même point de vue plus étayé, développé.

  21. Avatar de circé
    circé

    Pour faire suite à l’article de Dominique Temple je conseille vivement la lecture du livre d’André Orléan, « L’empire de la valeur »- Edition du Seuil, octobre 2011. Entre autres choses il remet en cause le concept de valeur économique de facon radical.

  22. Avatar de olivier69
    olivier69

    Merci pour ce regard,
    En effet, l’échange est au cœur de la problématique (la dynamique). La justice est le reflet du consensus. La notion de valeur a une dimension temporelle mais aussi une origine, un fondement géographique. La racine permet la relation avec le monde qui nous entoure par la représentation (« nominale »), d’où la responsabilité de trouver la meilleure sémantique (définition usuelle). L’identité prend son caractère individuel, social, et temporel dans son environnement principalement par l’échange. C’est pourquoi la propriété a son importance (teneur de marché) et la justice doit fixer les limites, empêcher les dérives (institutionnaliser la constitutionnalité). Lorsqu’elle est correctement définie et respectée, la propriété maximise son utilisation. C’est la fonction dans le processus de socialisation. L’échange n’appartient-il pas excessivement à une élite ?
    L’échange est le deuxième maillon de la socialisation par son caractère temporel. Sa conception nous ramène à un débat philosophique sur les notions de « capital », de « valeur », de « prix ». Un besoin de justice, d’institutions est nécessaire afin d’encadrer ces notions (dérégulation). Avoir une définition purement nominale est une vision réductrice et déconnectée de la possibilité d’égalité des chances (justice et consensus). La vitesse de circulation et la masse monétaire progressent plus rapidement que le rapport de force entre les biens (prix relatifs ou réels). L’ajustement des prix par le biais du jeu de l’offre et la demande (le marché) n’est plus corrélé avec la fixation nominale des prix (les bourses et la spéculation). Chaque progrès financier vient accélérer les tensions sur la répartition des richesses. L’échange ne peut plus être le vecteur de la socialisation mais celui d’une dominance (le consensus rompu). De même, les possibilités de « prix juste » sont impossibles puisque l’argent (la monnaie au sens large) n’est pas prioritairement l’instrument mais la finalité.
    La justice appelle à un rééquilibrage de la vision du prix avec des instruments comme l’indexation de la monnaie de référence (échanges internationaux) sur des valeurs réelles, serait raisonnable. Cela conditionnerait une partie du pouvoir de l’argent (le judiciaire, le législatif, l’exécutif sont à sa merci) qui a besoin d’équilibre. Enfin, c’est l’angle d’approche des notions qu’il nous faut revoir (l’environnement le nécessite) face aux récents progrès de la science. Les instruments actuels ont besoin d’un cadre, tout comme la science a besoin de la philosophie.

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