Billet invité.
Otto Dix, L’émeute, 1927 (détruit).
« Aucun rêve jamais ne mérite une guerre. » Quel est le doux naïf qui emboîte si volontiers le pas du philosophe Alain, auteur de Mars ou la guerre jugée (1921) ? C’est Jacques Brel, dans sa chanson La Bastille. « Tendons une main qui ne soit pas fermée », enchérit-il. Qu’est-ce donc que cette « main fermée » qui aurait tant de mal à s’ouvrir, comme une fleur interdite de printemps ? C’est la main fermée en poing, le poing du révolté. Un poing d’abord dirigé vers le ciel, comme une première sommation adressée à toutes les vagues puissances stratosphériques auxquelles l’homme, depuis des millénaires, confie le soin d’excuser et de justifier les puissances sublunaires qui l’asservissent ; un poing ensuite lancé dans la gueule du voisin de chaîne, parce que l’esclave ne peut employer la force qu’il lui reste qu’à tyranniser plus faible que lui. Je ne parle pas de l’esclave antique, ni des serfs ou de la domesticité d’Ancien Régime, de ces gens dont les maîtres et employeurs se défiaient, parce qu’ils étaient nombreux, omniprésents, instruits de leurs petites manies et faiblesses. Non, je parle des esclaves qui se recrutent parmi les affranchis. Je parle de ce consentement de l’homme libre à son propre abaissement devant qui possède beaucoup.
L’économie de la convoitise procède d’une mauvaise application du regard. C’est par le regard fasciné que nous y attachons que l’objet possédé par autrui nous possède. C’est par ce même canal que l’objet, en tant qu’être-là, devient épiphanie, apparition, fata Morgana[1] pour dupes volontaires. On se voue à l’objet non parce qu’il vaudrait quelque chose, mais parce qu’il manifeste à nos yeux une condition suprahumaine, un rapport, c’est-à-dire la position de quelque chose sur quelque chose, de quelqu’un sur quelqu’un d’autre. Il découvre l’étage des demi-dieux au-dessus de l’horizon. Il nous force à lever les yeux, ce qui est le premier mouvement du défi, et à les baisser presque aussitôt, ce qui est le premier mouvement de l’impuissance. Lorsque l’empereur byzantin Basile II fait aveugler 14850 Bulgares sur les 15000 capturés à la bataille de Kleidion, les 150 restants étant éborgnés afin qu’ils servent de guides aux autres, c’est pour leur ôter l’organe de la convoitise. Il leur fait comprendre par la mutilation que toute prise de guerre est mutilation, qu’on n’embrasse pas le rêve de Byzance en le saccageant, qu’on ne peut prendre qu’à condition de construire, car construire, c’est rendre. L’expédient est pour le moins radical, mais il est juste, au regard des pratiques du temps. Basile aurait pu ordonner qu’on coupât les mains des ennemis les plus acharnés de l’Empire. C’eût été un moyen infaillible autant que sommaire de désarmer toute velléité de revanche. Au lieu de cela, il les prive de la vue. Peut-être verront-ils mieux en n’y voyant rien. L’énucléation était un supplice fréquent, à Byzance. On y condamnait les empereurs déchus (c’était cela et/ou le monastère, angle mort social) et les comploteurs pris sur le fait. C’est qu’on avait compris que le pouvoir relève du voir. Mais aucun rêve, pas même celui de Byzance, ne mérite qu’on réponde à une guerre injuste par une guerre juste, d’abord parce qu’il n’existe pas de guerre juste. La guerre est toujours la conséquence d’une injustice et la cause de nouvelles injustices. Elle répare les torts selon le mode distributif de l’accablement du vaincu (qui n’est pas forcément la plus blâmable des forces en présence) et non selon le mode correctif de la compensation[2]. Elle ne pèse pas tant les dommages que les statuts.
François Lenglet compare, sur France Culture (matinale du 24/05/2012), le sort réservé à la Grèce par la Troïka (Commission européenne, BCE, FMI) à celui de l’Allemagne vaincue dans les années 1920. L’historien Albrecht Ritschl, dans une interview pour le Spiegel online international datée du 21/06/2011, faisait le même rapprochement, tout en soulignant, à la décharge de la Grèce, la disproportion des niveaux d’endettement. Les mêmes mécanismes de mortification à l’aveugle sont toutefois à l’œuvre en 2011, comme si la Grèce avait fait la guerre à l’Europe entière et qu’elle eût perdu sur tous les fronts. Décrivons brièvement le fléau qui s’abattit sur la République de Weimar en 1923 ; conjurons le pire en le convoquant. En janvier, le président du Conseil français Raymond Poincaré fait occuper militairement la Ruhr, histoire de rappeler aux Allemands qu’ils doivent passer à la caisse du traité de Versailles. Résistance passive, grèves à répétition, rien n’y fait. Il faut payer. Le mark, déjà comateux, est vidé de sa substance par les indemnisations aux entreprises paralysées. Les salaires et les pensions atteignent des sommets astronomiques inversement proportionnels à leur valeur. La Faucheuse inflationniste emporte indifféremment petite-bourgeoisie et prolétariat. En novembre, le mark-or vaut plus de six milliards de marks. C’est dans ce contexte qu’Adolf Hitler, avec la bénédiction du général Erich Ludendorff, tente un putsch à Munich. Pour se pénétrer de l’atmosphère qui régnait à l’époque et pour mesurer l’étendue de la menace pour l’Europe contemporaine, il faut lire ou relire les pages remarquables que Walter Benjamin consacra à la décomposition de la société allemande de l’entre-deux-guerres dans Sens unique (1928), dans la partie ironiquement intitulée « Panorama impérial ». Extrait :
« VI. Aux yeux de l’étranger qui observe superficiellement la forme extérieure de la vie allemande, et qui a même voyagé un bref moment dans le pays, les habitants de celui-ci apparaissent tout aussi bizarres qu’une race exotique. Un spirituel Français a dit : « Dans les cas les plus rares un Allemand saura lui-même qui il est. S’il sait qui il est, il ne le dira pas. S’il le dit, il ne se fera pas comprendre. » La guerre seule, avec les forfaits réels et légendaires qu’on attribua à l’Allemagne, n’a peut-être pas suffi à agrandir cette distance désespérante. Ce qui achève davantage maintenant l’isolement grotesque de l’Allemagne aux yeux des autres Européens, ce qui, au fond, éveille en eux l’idée qu’ils ont affaire à des Hottentots (comme on l’a dit très justement à propos des Allemands), c’est la violence tout à fait incompréhensible pour les spectateurs, et totalement inconsciente pour ceux qui en sont prisonniers, avec laquelle les conditions de vie, la misère et la sottise assujettissent les hommes, sur cette scène, aux forces de la communauté, comme seule la vie de quelque primitif peut être soumise aux règles du clan. Le plus européen de tous les biens, cette ironie plus ou moins nette avec laquelle la vie de l’individu prétend se dérouler sur un autre plan que l’existence de la communauté, quelle qu’elle soit, dans laquelle elle se trouve jetée, est un bien que les Allemands ont tout à fait perdu. » (Traduction de Jean Lacoste)
En criant haro sur les Grecs, en oubliant qu’ils sont un peuple européen à part entière et au même titre que tous les autres, en les renvoyant en bloc, honnête homme et crapule confondus, à une grécité d’orientaliste hypermétrope, un pot-pourri d’hédonisme, de laxisme et d’irascibilité sanguinaire qu’ils partageraient avec l’ensemble des Méditerranéens, les Allemands reconduisent une détermination ethnologique dont ils furent eux-mêmes victimes, quand ils étaient la lanterne rouge de l’économie occidentale et que leur république n’était plus qu’un agrégat de révoltes concurrentes. Les Français des années 1920 avaient une excuse, leur ignorance, entretenue par la littérature revancharde et le paternalisme raciste déployé dans les expositions coloniales. Les Allemands retournaient à l’état semi-sauvage des tribus d’Arminius. Nous, à l’ère de l’Internet, de la fraternité globale, et dans la foulée de la décolonisation, nous n’avons aucune excuse. Le Grec, quand il est prospère, est le bienvenu ; on le laisse parler. Qu’il vienne à tomber dans la pauvreté, on l’évacue et on parle à sa place, car il ne s’est jamais vu que l’histoire des vaincus ait été écrite par les vaincus. À force de l’annoncer, on le précipite vers l’ensauvagement auquel on craint de le voir céder. On lui assigne la jungle pour demeure alors qu’il s’affaire encore à relever pacifiquement ses ruines. Il se pourrait bien que pour sauver sa démocratie, le Grec ferme vraiment le poing et l’envoie à la gueule de l’Europe. À qui pensez-vous que le coup ferait le plus mal ?
La révolte. Beaucoup, sur ce blog, impatients de voir crever la bête immonde, sont tentés par la révolte. Dans une vidéo récente (Le temps qu’il fait du 11/05/2012), Paul Jorion a égrené les étapes politiques par où il ne faut pas passer si nous voulons nous épargner un désastre absolu et par où nous nous évertuons pourtant à passer, comme si nous avions été condamnés par quelque juge infernal à nous singer éternellement : affrontement stérile et factice de deux gros partis qui sont d’accord sur les mêmes choses qui ratent, gouvernement d’union nationale pour continuer de se tromper ensemble en se fortifiant des faiblesses de l’autre, éclatement de l’offre politique d’où aucune majorité ne peut se dégager, révolte populaire et instauration d’un comité de salut public où vertueux fanatiques et parvenus criminels se disputent la palme du renouveau national. La révolte, c’est à la fois l’appréhension et l’aubaine du capitaliste. Quelques-uns des siens y laisseront des plumes, voire la carcasse entière, mais les vides laissés par la violence tous azimuts sont toujours profitables aux entrepreneurs un peu souples sur le chapitre de l’allégeance. Voyez le cas du maître-maçon Palloy, démolisseur autoproclamé de la Bastille, qui développa un commerce festif très lucratif (bijoux, tabatières, cocardes, médailles, maquettes, plans) autour du symbole de la fin de l’Ancien Régime. Le citoyen Palloy, anguille patriotique, trouva le moyen de se faire décorer en 1814 de l’Ordre du Lys, fondé par le comte d’Artois, futur Charles X.
« Aucun rêve jamais ne mérite une guerre. » Plutôt qu’une correction par le poing dans la gueule, corrigeons notre regard. Il nous est si facile de voir à travers la misère comme si elle était spectrale ; nous le faisons tous les jours à l’aspect d’un mendiant. Ne pourrions-nous pas semblablement ignorer les signes extérieurs de richesse ? Il y a une gloriole de la possession comme il y a une gloriole de l’héroïsme guerrier. La gloriole est l’ombre portée de la gloire, la grimace clownesque qu’elle traîne en tout lieu et que personne ne semble voir. Alain, ancien combattant de la Première guerre mondiale, proposait de démonétiser la gloire militaire en conspuant les soldats revenant du front, en leur faisant honte d’avoir versé le sang pour des idées (Robespierre n’avait pas de mots assez durs pour vilipender les missionnaires armés). Une nation réellement pacifique démobilise son armée, car le soldat est la possibilité de la guerre. Le Costa Rica l’a fait. Qu’on ne m’accuse pas d’angélisme. Se guérir de la passion de la guerre, c’est ne plus voir dans le défilé du 14 juillet qu’une procession de ludions endimanchés à qui l’on donne un permis de tuer. Le jour où le quidam, revenu de sa honte de n’être qu’un quidam, ne se retournera plus sur une grosse bagnole mange-trottoir et ne piétinera plus son prochain pour voir passer les ectoplasmes caquetants du star-system – exemples à peine caricaturaux –, les préceptes évangéliques trouveront enfin une caisse de résonance. Il ne s’agit pas d’interdire aux hommes de posséder ou d’admirer – il semble que ce soit impossible –, mais de cesser de voir dans l’étalement des possessions un signe d’élection et de compétence supérieure, où il n’y a généralement que l’affirmation d’une fatuité, qui est la manière d’être des baudruches.
Qu’on ne me dise pas que le vanitas vanitatum de l’Ecclésiaste retentira longtemps encore avant que l’humanité ne renonce à un vice dont elle a toujours donné l’exemple jusqu’à présent. La Grèce antique avait des héros vénérables, dont les quelques fulgurances, recueillies par d’anonymes copistes, suffisent à bouter le feu aux hommes de paille que nous portons au pinacle. Ces héros n’étaient pas toujours riches, pas toujours anthropophages, pas toujours imbus de leur notoriété ; ils préféraient parfois l’antre d’un cratère fêlé à la chambre dorée d’un palais. On a vu récemment les étudiants québécois animant le Printemps-Érable renouer avec une forme de protestation non violente et non moins spectaculaire, la désobéissance civile, théorisée et pratiquée par Henri David Thoreau au XIXe siècle, et amplifiée depuis, avec le succès que l’on sait, par Gandhi et Martin Luther King. Il existe donc bel et bien des alternatives à l’action coup de poing, qui n’incitent pas le peuple à prendre le pouvoir en montrant les crocs, mais à le réinvestir. Walter Benjamin, encore lui, dans Thèses sur la philosophie de l’histoire (1940), assigne pour tâche au matérialisme historique de repêcher dans le passé les aspirations négligées, les espoirs ravalés, les écoles de pensée et de vie dont la mèche a été soufflée. « Le passé est prophète », écrit Herman Melville dans Mardi (1849). C’est précisément parce que les révolutions prétendent faire table rase du passé qu’elles en reconstituent les impasses. Plus de deux siècles après, il reste d’innombrables Bastilles à démanteler. C’est donc qu’on s’y est mal pris.
[1] Phénomène optique qui se produit dans le détroit de Messine, le matin par temps calme, quand le soleil frappe sous un angle de 45° la surface polie des eaux. Pour un observateur posté sur une éminence de la côte calabraise et regardant vers l’ouest, tout objet ou être vivant se déplaçant sur le rivage sicilien est amplifié outre mesure, voire nimbé d’une teinte colorée.
221 réponses à “« Aucun rêve jamais ne mérite une guerre », par Bertrand Rouziès-Léonardi”
Une séquence qui a débuté en assignant à des peuples un acronyme tout en délicatesse, celui de PIGS, ne devrait se terminer, en toute logique, qu’à l’abattoir.
Paul Valery
Bonjour Claude Animo.
Si le porc fascine tant et suscite tant de tabous, c’est qu’on se reconnaît en lui. La disposition interne de ses organes, proche de la nôtre, a permis pendant des siècles de contourner l’interdiction de pratiquer des dissections de cadavres humains. Mener un porc à l’abattoir, c’est s’y mener soi-même, et c’est exactement à ce résultat que les équarrisseurs de PIGS parviendront, si les peuples laissent faire. Retrancher la Grèce ou le Portugal de l’Europe reviendrait à retrancher l’Europe d’elle-même.
Cordialement.
Un point n’est pas traité: celle de la guerre défensive, imposé par
un ennemi.
L’archétype de cette guerre est celle déclarée par Hitler
à la Pologne en 1939, point d’entrée de la seconde guerre mondiale.
Aucune guerre n’a été plus justifiée; aucune ne méritait d’être
gagnée par tous moyens contre les nazis.
Songeons un instant: la guerre défensive en été 1940 évolue
vers un pat, comme en 1914 après la Marne.
Ce sont peut-être des millions de morts, des souffrances sans nom
et des génocides épargnés à l’ Europe ou atténués.
En tant que Français descendant des idéaux de la Révolution,
nous avions l’occasion de remplir nos devoirs vis-à-vis
de l’Humanité. C’est peu de dire que nous avons échoué
devant un problème certes complexe, mais dont les bases
se trouvaient être essentiellement morale et intellectuelle,
en tout cas à notre portée.
Impossible de ne pas ressentir un immense chagrin
devant ce ratage de toute une collectivité culturelle réputée pour
son intellectualisme( ou son intelligence…).
Nous avions été trompé par nos divisions, nos insuffisances
et nos aveuglements bien avant d’empoigner les armes.
Impossible aussi de ne pas faire de parallèle avec la Grande
Perdition en cours.
Faisons-nous mieux actuellement ?
Aurons-nous à rougir de ne pas avoir su contre-battre
ce libéralisme, ennemi de l’Humanité ?
Bonne remarque qui appelle une autre question : comment une Allemagne ruinée par le Traité de Versaille puis par la Grande Dépression a t ‘elle pu construire une telle armée ? Avec quel capitaux empruntés sur quel marché ? Je n’ai pas réponse… quelqu’un sur le blog a t il des éléments ?
Bien sûr : les Mefo-Wechsel de Hjalmar Schacht (1877-1970), directeur de la Reichsbank, puis ministre des finances de Hitler.
Frédéric Clavert, Hjalmar Schacht, financier et diplomate (1930-1950), Bruxelles : Peter Lang 2009 : 222-227
Justin, résultat de l’hyperinflation de 1920 à 1923 (quo avait mis à poil les épargnants, créanciers et classes moyennes bien plus que les prolos et les emprunteurs…) et du plan Dawes subséquent de 1924. Entre 24 et 30 les prêts (à 70% Us) se déversèrent par dizaines de milliards de marks sur l’industrie allemande (particumièrement les IG entreprises dont IG Farben), qui avaient profité de l’inflation pour spéculer sur la monnaie et prendre des parts de marché à l’export. Tout était fait ou quasiment quand la Crise puis le plan Young ont fermé les vannes. Le pognon est reparti mais les usines et les brevets (pétrole et caoutchouc synthétiques d’IG) sont restés. Restait plus qu’à les faire tourner.
@justin
http://www.instantcube.com/discernement/rearmementnazi.html
Très intéressant…
Car sujet généralement retourné comme foutu à la gueule!
Et étant ignorant…
Réindustrialisation (hélas surtout dans l’armement) avec quasi-émission monétaire par les entreprises (cf. URSS), planification, travaux publics d’infrastructures, protectionnisme intelligent, accords de commerce avec des pays fournisseurs de matières premières payés en monnaie allemande, gestion rigoureuse. Une politique économique remarquable et originale, mais comment évoquer cet exemple ?
Hitler a chassé Schacht du gouvernement en 1937. Il a cessé de diriger la Reichsbank en 1939. Il a été acquitté au procès de Nuremberg. Il a néanmoins une lourde responsabilité historique.
Bonsoir,
Eléments de réponse avec le cas Prescott Bush
http://mai68.org/textes/PrescottBush.htm
Bonsoir Justin.
Pour compléter les commentaires de Paul, de Vigneron et de Didier, j’appelle la damnatio memoriae sur deux noms bien connus, Fritz Thyssen et Prescott Bush. Le premier, magnat de l’acier, finança les premiers pas d’Hitler en politique (ascenseur pour le pire) et lui offrit même en 1928 le palais Barlow, sur la Brienner Strasse, à Munich, qui fut rebaptisé « la Maison brune » (Braunes Haus) quand le parti nazi y emménagea en 1930. Le second n’est autre que le père de George Bush senior et le grand-père de George Bush junior. Il se signala aux côtés d’Averell Harriman, fondateur de l’UBC (Union Banking Corporation), comme principal coordonnateur des opérations de financement du réarmement allemand piloté par Thyssen. Le Congrès américain suivait de très près ce montage bancaire dont il n’ignorait pas les finalités. Officiellement, l’UBC dépendait d’une banque hollandaise, la Bank voor Handel en Scheepvaart, une propriété de Thyssen, qui servait d’interface. L’UBC avait des intérêts dans les mines de Pologne. L’invasion de cette dernière par la Wehrmacht en 1939 lui permit de consolider sa mainmise, sous le paravent d’une filiale nommée Silesian American Corporation. Prescott était à la manœuvre. En juillet 1942, l’affaire s’ébruita. La New York Tribune publia un article intitulé : « L’ange d’Hitler, Fritz Thyssen, possède 3 millions dans une banque US ». Prescott et Harriman y laissèrent quelques plumes, mais rien de définitif. L’UBC continua de prospérer et les Bush eurent la carrière que l’on sait. Moralité : il n’y en a aucune !
Cordialement.
Si je ne m’abuse, la BRI (Banque des Règlements Internationaux) fut créée en 1930 en Suisse pour jouer le rôle de pivot entre les financements américains et l’émission de bons allemands.
Je peux répondre en partie à ta question sur 2 points :
1) En dépit des traités signés avec les » vainqueurs » de la Guerre 14-18 , l’Allemagne a tiré partie des accords de paix signés avec la Russie des Soviets pour stationner une partie de son armée ( et du matériel militaire ) en Ukraine ( hors territoire allemand ) .
2) l’arrivée au pouvoir d’Hitler a produit un mouvement du capitalisme américain en direction de l’Allemagne . Des considérations idéologiques ( antisémitisme , anticommunisme ) et économiques ( effet d’aubaine alors que la Grande Dépression sévit aux USA ) vont favoriser l’implantation d’usines ( Général Motors , Texaco …) et de banques américaines apportant leur soutien financier au réarmement de l’Allemagne .
Les historiens rappellent que le Blietzgrieg de Juin 40 a été réalisé et rendu possible parce que l’Allemagne disposait de véhicules blindés fabriqués par les usines américaines implantées en Allemagne.
Autre élément important : Si le Japon n’avait pas attaqué les USA , jamais Hitler n’aurait pas déclaré la guerre a une puissance qui lui a donné les moyens de déclencher la guerre sur le sol européen . Les USA n de leur côté , serait peut-être resté beaucoup plus longtemps spectateur du conflit tant leurs intérêts étaient mêlés à ceux d’Hitler !
A propos d’Hitler.
Ce n’est pas la première fois qu’un fou est arrivé au pouvoir, mais c’est la première fois dans l’histoire qu’il a pu disposer d’autant de moyens.
BRL et Jean, oui bien sûr la tarte à la crème des Prescott Bush, Harriman & co et les participations Us après le plan Young, mais aussi comme je l’ai signalé les aides sous Weimar et celles inhérentes comme consécutives à l’hyperinflation ainsi que, comme signalé par Jorion, la fine et volontariste politique de relèvement industriel à marche forcée du banquier-ministre Schacht, louée par Keynes (et à peu près toute la diplomatie british qui tenait à un relèvement rapide de l’Allemagne entre la puissance intransigeante de la France et l’URSS stalinisée). Pas du tout évident que les théories complotistes évoquée par Alkali (illuminati et cie) soient tout à fait pertinentes, ni que les risques des financements Us, anglais, mais aussi français (Worms en particulier) aient été estimé comme ils auraient dûs l’être au regard du revanchisme sans limites des barons de la grande industrie et de la finance allemandes, ni celui des Junkers prussiens de la Wermacht et d’ailleurs, tous ralliés au vues du baron Thyssen soutenant le petit caporal et son parti dès les années 20, sans parler de la façon dont leur créature frankenstienne autrichienne et son Nsdap devaient un jour sensiblement échapper à leur contrôle (revoir les damnés de Luchino Visconti di Modrone, comte de Lonate Pozzolo évoquant sans détour la déliquescence de la famille Krupp à partir de 1933…).
Merci à tous pour votre aide. J’imagine bien la proposition des capitalistes et leurs arrières pensées : On finance votre armée, en contrepartie vous liquidez le régime communiste qui est une grosse épine dans notre pied et dans la foulée vous attaquez aussi les empires coloniaux pour les affaiblir afin qu’on puisse à terme prendre leur place. Il y a eu un grain de sable…la victoire des Russes à Stalingrad puis leur controfensive victorieuse…Après avoir financé Hitler les américains se sont senti obligé de libérer l’Europe pour éviter le triomphe des communistes, car fondamentalement le nazisme ne les déreangeait pas plus que çà …Evidemment ce n’est pas l’histoire qu’on nous apprend à l’école ! Les peuples qui ont fait la guerre se sont ils trompés d’ennemi ? Le plus grave est que ces comploteurs se sont présentés comme des libérateurs et sont restés impunis. De plus il sont toujours à la manette aujourd’hui ! Pas étonnant que l’Allemagne ait été si prestement reconstruite vu l’aide apportée aux capitalistes de Wall Street pour leur permettre de dominer le monde ! De plus l’impunité donne des ailes, comme on peut le constater aujourd’hui !
Justin, c’était pas utile de demander ni de répondre pour nous et encore moins de nous remercier si vous n’avez rien retenu des réponses ou seulement ce qui vous arrangeait pour en rester aux lieux communs simplificateurs et prédigérés qui manifestement vous convenaient déjà.
@vigneron: « leur créature frankenstienne autrichienne et son Nsdap devaient un jour sensiblement échapper à leur contrôle »
C’est tout à fait ça. Mais ils s’en sont malgré tout pas mal sortis les gaillards. Hitler-Frankenstein a fini dans un bunker, pas les Thyssen et les Krupp, toujours aux commandes du pays.
@justin: « De plus il sont toujours à la manette aujourd’hui ! »
Te laisse pas abattre par vigneron, l’important est là.
Ok Vigneron, vous avez raison… je demande au modérateur de supprimer ma précédente intervention
allez vigneron éclairez justin de vos atlantistes lumières,
Dois-je comprendre que l’inverse te paraîtrait plus «convenable» ? Que t’es lourd mon dieu que t’es lourd.
Ps : t’as raison, le Doktor FrankensThyssen a bien profité de sa créature : il s’exile après la nuit de cristal, arrêté avec sa femme à Nice par la Police de Pétain, conformément à une exigence de l’armistice, il est transféré en camp de concentration.
@vigneron: « Dois-je comprendre que l’inverse te paraîtrait plus «convenable» ? »
Tu dois comprendre que le même sort n’aurait été que justice.
« il s’exile après la nuit de cristal, arrêté avec sa femme à Nice »
Dois-je comprendre qu’il faut pleurer sur son sort?
De toutes façons je parlais des Thyssen et des Krupp, pas de tel ou tel membre de cette engeance qui est toujours au pouvoir (rappelons-le encore et toujours).
Si ce n’est toi c’est donc ton frère hein ?
T’es amusant vigneron, si on t’en croit:
1) les petits bourgeois qui cherchent un petit profit honteux pour améliorer le petit confort de leur famille sont affreusement coupables de complicité avec le système, voire plus.
2) les membres de ces familles abjectes, bien que vivant tous (sauf peut-être exception exceptionnelle) dans un luxe opulent, ne doivent surtout pas être condamnés en bloc.
Je dis pas que 1 est complètement faux (ni complètement vrai) mais une fois qu’on a dit 1, oser dire 2, cela pourrait faire dire que tu fais preuve d’une certaine partialité.
Bon, c’est vrai, ces crapules sont des fins Connaisseurs d’Art, comme dirait l’autre…
Cher Daniel,
Aucune guerre, selon Alain, n’est justifiable, fût-elle défensive, fût-elle préventivement dirigée contre la pire des abominations politico-économiques (cf. en 1936, l’appel paradoxal des pacifistes à écraser Hitler qui venait de réoccuper la Ruhr, appel condamné par Alain). La guerre est toujours l’aveu d’un retard à l’allumage des signaux de veille. Si la guerre arrive, c’est qu’on n’a pas pensé suffisamment à la préservation de la paix, c’est qu’on a fait mollement la guerre à la guerre en temps de paix. Cette mollesse peut consister à laisser un pays voisin sombrer dans le chaos suite à une crise économique ravageuse. Elle peut consister à laisser proliférer chez soi les discours belliqueux et racistes sans leur opposer aucun contre-argumentaire valable. Elle peut encore consister à glorifier les soldats morts pour la patrie (cache-sexe d’intérêts moins reluisants) comme si le crime payait, même posthumément. Elle peut enfin (enfin non pas de clôture mais de relance) consister à abandonner la diplomatie au « doux commerce », dont la « main invisible » est prompte à se lever au premier bruit de bottes. Les complicités, dans la survenue d’une guerre, sont collectives. Fouillez l’histoire de toutes les guerres, de la querelle de bornage au conflit mondial. Remontez la chaîne causale. Vous verrez que le déclencheur est toujours le marqueur d’une faillite morale collective. Cela apparaît encore plus nettement dans les guerres récentes. Plutôt que de me mettre dans l’état d’esprit où je devrais faire la guerre à un agresseur, je préfère me battre dès maintenant et sans relâche contre la possibilité de la guerre. Le mal est à traiter à la racine.
Cordialement.
à BRL,
De la faillite morale collective.
Si « le déclencheur (de la guerre) est toujours le marqueur d’une faillite morale collective » que faudrait-il donc faire pour éviter cette « faillite morale collective » ?
Un marxiste vous demanderait ce que peut bien être « une morale collective » débarrassée de rapports de classes antagonistes.
Sans en arriver à cette extrémité, je vous demande seulement ce que le peuple, réputé souverain, doit faire dans le cas où les résultats d’élections sont contestés par la violence.
Ma question n’est pas théorique. Cela s’est déjà vue dans l’histoire moderne, à des degrés divers, et cela risque bien de se revoir prochainement, en Grèce ou ailleurs.
Alain s’est trompé, BRL. En tout cas son discours n’était plus de saison. La guerre etait devenue incontournable et s’il ne pouvait sans doute imaginer les aspects cataclismiques qu’elle allait prendre (des exterminations de masse, génocides, holocauste, jusqu’à Hiroshima Nagasaki en passant par les bombardements tabula rasa de cités entières puis enfin jusqu’à l’anéantissement/mise sous tutelle de l’ancienne Europe avec Yalta et l’affaiblissement consommé de la GB), ce n’est pas même la guerre défensive que l’hubris hitlérienne exigeait de fait, mais bien la guerre offensive préventive, si ce n’est dés 36, au minimum en 39. Le déroulement de la guerre d’Espagne comme la drôle de guerre ont démontré que la vision idéaliste d’Alain renforçait de fait les visions à court terme et pusillanimes des responsables français et celles plus qu’ambigus de leurs pendants anglais (à l’exception notable du «whiskyomane» et néanmoins un chouïa plus lucide Sir Winston…)
BRL:
Jamais je ne me suis réclamé d’une philosophie ou d’un philosophe
pour étayer une opinion. Les 2 années règlementaires
de philosophie au Secondaire m’ont vacciné contre elles et eux.
( Comme déja dit, notre prof se disait marxo-freudien.
Vraiment, 2 ans très éprouvant…)
J’ai bien des philosophes de référence, mes grand’mères
en particulier, mais ils n’ont pas publié. L’exemple suffisait.
Et pour le présent, j’essaie de tirer le max. que je peux
de la philosophie de Paul… .
Ma littérateuse préférée de langue anglaise a écrit 2
mots qui définissent assez bien mes préférences:
d’ abord: « Youth is all about fairness. »
Je suis resté jeune.
En second:
« We needed to get to shirt-sleeve-rolled-up work, not
flit around with half-baked philosophies. »
J’ai de trop vagues souvenirs d’Alain pour traiter sa philosophie
de ‘half-baked’, aussi je n’entrerais pas dans une polémique.
« shirt-sleeve-rolled-up » est un rappel que je suis le type
qui sort de l’usine à 17h. On ne peut pas le faire longtemps
si on n’acquiert pas un solide bon sens.
Prosaîque aussi, à deux pas en avant.
Mon littérateur préféré de langue française est Giono,
« la langue ( écrite) la plus rapide au monde ».
Je n’ignore pas sa prise de position ultra-pacifiste avant 39 avec des slogans
débiles du genre « les femmes préfèreront toujours les vivants ».
Il est excusé par le fait que la Première a été un traumatisme inouî,
sinon il aurait bien compris qu’une femme morte ne peut être que pleurée.
Et Dieu sait leur nombre au bilan final, et surtout au bilan
prévisionnel. Car le pire était imaginable.
Un groupe de militaires ( peut-être 200), des journalistes
et publicistes savaient, quasi exhaustivement, bien avant 1936.
C’ était leur métier et leur passion, même s’ ils ont échoués à se faire entendre.
La suite a prouvé qu’ils se sont presque tous retrouvés
du côté de la Résistance.
Je veux bien croire que les tords sont partagés, Clovis et Charlemagne même !
Mais l’immédiateté de la défense prime.
En revanche, que notre défaite dans la guerre la plus facile à éviter
(Churchill) soit le résultat d’une faillite, oui sans restriction.
Une défaite morale et intélectuelle qui devrait peser lourd sur nos consciences.
Et peser au présent, car l’ Hitlérisme de notre époque serait le traité de Lisbonne
ou ses avatars, ses troupes d’assaut l’OMC et le FMI.
Le parallèle n’est pas exact, d’où le conditionnel, mais que d’analogies.
Et si je vous ai bien compris, je vous rejoins sur ce point.
Donc c’est une guerre que nous menons, que vous menez, défensive
et juste. Les armes, toutes sans exception, sont justifiées par la nécessité de nous défendre, et par notre froide colère.
Pas d’industries lourdes spécialisées, un clavier et un réseau suffisent. Mortels,
je l’espère.
Alain s’est partiellement trompé. Paix à ses mânes.
Vigneron, abrazo. Dans mes bras.
( rassurez-vous: à distance, par delà les lignes
en cuivre ou optiques…)
Je me sentais un peu seul.
Enfin, du bon sens.
Il y avait mille façon de se défendre préventivement.
Un commando bien affuté – dix s’il le faut, il y en avaient-
un gouvernement politiquement solide, et affaire conclue.
Les offres de Munzenberg, tout plein de projets
et expérimenté, ont été déclinées sur ordre de Daladier.
Etc…
PIGS c’est pas le chainon manquant?
ouh ouh, ça marche ?
Très beau texte!
L’histoire va encore précéder son interprétation, et c’est si vrai.
Long WE!
Le problème c’est qu’il n y aura probablement pas de révolte. Bien au contraire, on dirait que la droite se droitise et la gauche, morcellée, ramollie, ne parvient pas à ressembler à la gauche d’antan. Des exemples ne manquent pas: le parti d’extrême gauche « Die Linke » en Allemagne est en train de se décomposer; un parti plus à gauche que les sociodémocrates n’a apparemment pas de succès auprès du public. Le SPD, quant à lui, s’est largement drotisé depuis les années 80. Idem en France ou ailleurs.
A-t-on vu des révoltes contre l’ascension du nazisme en 1933, ou après? Contre Staline et ses génocides? Staline fut vénéré par le PC francais pendant un certain temps, encore et malgré tout dans les années 50/60. Les gens suivent le main stream, soit par lâcheté ou par consentement – ou par simple naiveté.
Ce sont des mouvement sociaux épars qui pourraient éventuellement enclencher un changement, former un « pressure group » comme cela fut le cas en 1936 en France, ou durant les 30 aux USA (New Deal). Mais ce sera plus dur et plus long aujourd’hui que dans le passé.
Il ne faut pas oublier que l’avenir sera marqué par des systèmes (et leurs exécutants, les gouvernements) plus autoritaires, voire totalitaires, cette fois-ci à tonalité économique. La démocratie a toujours été conditionnée par un contrat de société basé sur un équilibre économique. Cet équilibre n’existe plus.
L’équilibre économique est une chose, l’Etat-Providence une autre. Il faut rappeler que l’Etat-Providence est une invention récente, et c’est ce système qui est en train de se révolutionner suite à un retour à la tendance longue du développement économique un temps éclipsée par le contexte géo-politique.
« Récent » ? Vous étiez peut-être né à l’époque de Bismarck, mais pas moi !
Disons que sa mise en oeuvre à assez grande échelle est récente (après-guerre), quant à Bismarck il s’agissait plus d’une protection sociale payée par les travailleurs au bénéfice des mêmes travailleurs (rien à voir avec l’assistanat financé à crédit depuis 40 ans). Quand au reste Bismarck conduisait une politique qui pourrait être proche de certains souverainistes/nationalistes d’aujourd’hui et donc à l’opposé de ce que souhaitent les commentateurs de ce blog, je suis vraiment surpris que vous alliez piocher dans ce domaine.
DÉFILÉ DE HAUTE COUTURE
La loi des grands nombres règlera son compte aux humanistes.
Plus on retardera la chute du système, plus on laissera de temps à notre système de valeurs pour se réadapter à un monde où l’instinct de survie et de compétition sera exacerbé. Je ressens déjà les esprits changer autour de moi. Des esprits où « extrême droite » devient respectable, où nazi n’est plus tabou et où étrangers rime avec problèmes…
Mais puisqu’il est inconcevable d’abandonner brutalement notre mode de vie, seule la main destructrice (où le poing) viendra semer le chaos nécessaire à une réorganisation différente de nos sociétés, adaptées à leurs vieillissements, aux carences énergétiques, au réchauffement climatique, à la pollution outrancière durable, etc…
Qui est prêt à tout abandonner pour une société plus juste, plus équitable ?
Qui est prêt à se battre pour garder ce qu’il a ?
Qui est le plus fort ?
La lutte des classes n’est pas immuable et sera balayée lorsque nos connaissances scientifiques et technologiques auront atteint un certain seuil.
Mais ce n’est pas pour cette fois…
@ Stouf : « La lutte des classes n’est pas immuable et sera balayée lorsque nos connaissances scientifiques et technologiques auront atteint un certain seuil. Mais ce n’est pas pour cette fois… »
Article : « Après la géothermie, l’énergie géomagmatique »
http://www.greenetvert.fr/2012/05/22/apres-la-geothermie-lenergie-geomagmatique/58248
@JEFF,
«
Des technologies existent déjà pour solutionner nos problèmes énergétiques (pourquoi pas des centrales solaires implantées dans le désert `). Mais tant qu’il existera des frontières, ce genre de projets restera anecdotique.
Le seuil technologique dont je parle est celui qui permettra à une partie de l’Humanité de ne plus asservir l’autre partie pour garantir ou accroitre son niveau de vie…
Quoiqu’il arrive, nous tomberons dans le ruisseau, en tout cas momentanément. Mais on a le choix de le faire dignement et rapidement en gardant notre intégrité morale (ce qui me semble primordial pour une reconstruction future) , ou de se laisser régresser lentement vers un stade néo-bestial qui nous mènera naturellement vers une guerre civile, humanitaire ou mondiale avec quelques nantis pour mener le troupeau à l’abattoir..
commentaire très juste, stouf.
Attention ! Moment de dramaturgie d’une extrême délicatesse : ante-CHRISTINE JE GARDE – du haut de sa tour du FMI – vient de déposer un peu de colophane sur son archet en déclarant que » les Grecs ont moins besoin d’aide que les enfants du Niger »
Il est vrai que la préoccupation du FMI (Front pour la Misère Internationale) s’est toujours préoccupé du bien être africain …
Par conséquent si on pousse plus loin avec l’idée d’en dégager une vérité intangible contre l’absurde de cette logique abracadabrante, ne peut-on également dire que Lagarde (et donc le FMI and Co, la Troïka) a moins besoin d’aide que les enfants de Grèce et que les enfants du Niger. En fait, tous les enfants, au vu du sombre et triste avenir balisé qu’on leur prépare. Et pour boucler la boucle, C. Lagarde et ceux qu’elle est censée représenter auront finalement aussi besoin d’aide, plus vraisemblablement de pitié.
Bonsoir Octobre.
S’agissant de la pitié et des puissances que vous évoquez, permettez-moi de prêcher, après le Christ, l’intransigeance. Il n’y a pas de rémission pour le riche amasseur de biens dans la parabole à laquelle il donne son nom (Luc, 16, 19). Il va droit en enfer. L’enfer profane auquel l’agnostique que je suis voue Mme Lagarde et ses pareil(le)s, est celui de l’infamie perpétuelle. Jean Delumeau, historien chrétien, affirme que l’enfer n’est pas ce pandémonium de tortures infinies et raffinées qui font encore trop d’honneur aux méchants patentés. C’est à la fois plus simple et plus terrible. L’enfer, c’est le néant. C’est ce que j’entends par « infamie perpétuelle ». Pour des gens habitués à ce que leur nom passe par toutes les lèvres comme un oracle, l’infamie de n’être plus rien vaut l’infamie du pilori. Ne plus prêter l’oreille aux billevesées de Lagarde, ne plus même poser un regard sur les dépêches qu’elle suscite, voilà qui rendra service à tout le monde.
Cordialement.
octobre
Le respect que vous portez aux enfants vous a soufflé la réponse la plus cinglante qui soit aux propos délirants de Mme Lagarde
@BRL
Oui, oui, oui! Du fond du coeur
pas le néant, mais le chemin pour y aller . c’est l’anéantissement de son être , et par conséquent de tout être . ce déploiement non gratuit contre lequel le nihiliste s’oppose .
il est aussi difficile d’arriver au néant qu’à l’être . la différence est essentielle .
on ne peut arriver vraiment au « néant » qu’en passant par ce déploiement de l’être . l’un arrive libre et joyeux , l’autre enfermé dans son malheur ( entrainant le monde à sa suite )
c’est pourquoi il n’est pas aisé de parler de Néant . impossible je crois .
Pfff, l’enfer c’est le maintenant, le maintenu, coincé entre un avant de néant anéanti et un néant a venir, la vie quoi, paradis des-espérants, de tous les espérants.
Les enfants sont L‘outil de chantage international. La monnaie du change : désespoir contre espoir. Celle qui évoque l’a-venir des enfants déclare ses nobles motivations pour prouver ses justes décisions en prônant une discipline d’enfer à leurs parents.
« Ce que vous vivez n’est rien. Vous ne vivez pas ce que vous devriez vivre, grâce à nous. Pour vos enfants, sacrifiez-vous, si vous ne vous sacrifiez-pas, vous les condamnez à pire : vous les abandonnez, voyez les enfants du Niger. Mais vous avez de la chance nous sommes encore là. De quoi vous plaignez-vous ? »
La population grecque doit plier ou sombrera. L’enfer menaçant est pavé de nobles intentions.
PS : l’enfant du Niger a gagné un statut : étalon de la règle d’or.
je crois qu’il faut laisser l’enfer où il est . et voir , concevoir, etc. ce qui pourrait être « bien » . sans tomber dans des fadaises, des mièvreries qui nous anémient . le mal, de toutes façons est toujours assez fort naturellement , que ce n’est peut-être pas là , contre lui qu’il faille résister , mais bien entrevoir le bien ?
( le marin sait que les flots sont plus forts, il prend la vague sans chercher à s’y opposer )
( juste un mot cependant sur l’enfer : un homme , un être au paradis voit de l’autre côté celui ou celle qu’il connait et aime, où est l’enfer ? à mon sens des deux côtés.
aussi bien, que le haut vienne ici bas, que l’inverse .
« je crois qu’il faut laisser l’enfer où il est . et voir , concevoir, etc. ce qui pourrait être « bien » . sans tomber dans des fadaises, des mièvreries qui nous anémient . le mal, de toutes façons est toujours assez fort naturellement , que ce n’est peut-être pas là , contre lui qu’il faille résister , mais bien entrevoir le bien ? »
Entrevoir le bien commence par observer les faits, les lieux, l’espace, le temps et anticiper leurs conséquences physiques incontournables pour en tirer les décisions qui s’imposent en cas de dangers non maîtrisables par notre espèce quand les situations générées éliminent ses possibilités d’adaptation.
Fukushima ; abolir le nucléaire, mondial, non maîtrisable, civil et militaire. ce n’est pas possible, on n’a pas les moyens, c’est trop tard ?
Conflit mondial : abolir la guerre, mondiale, non maîtrisable, civile et militaire, ce n’est pas possible, on n’a pas les moyens, c’est trop tard ?
Economie : abolir l’extrême richesse, mondiale, non maîtrisable, ce n’est pas possible, on n’a pas les moyens, c’est trop tard ?
Notre espèce, adolescente, a trouvé sa boîte d’allumettes. Elle les allume l’une après l’autre pour tester ses limites dans un monde qu’elle déclare doctement « fini » en criant « on n’a pas les moyens d’éteindre les incendies, d’éponger les inondations, d’arrêter les fusions, de désarmorcer les conflits, d’interdire les paradis fiscaux, de faire défaut sur les dettes, on ne sait pas, au secours nous ! ».
Personnellement je trouve que les propos de Lagarde épousent parfaitement les photos obscènes d’enfants (et oui encore eux) morts égorgés qui sont publiées et commentées pour preuve d’ignominie. De l’autre. L’ennemi. On est mal barré. Nous semble avoir déserté. Nous n’existe pas ?
@ baleine
vous dites :
je pense que vous faites erreur , sur la maturité de ceux qui font tout pour que les choses ne deviennent irréversibles . Il ne s’agit pas de se résigner face à ce que vous dénoncez . Si j’évoque l’enfer qu’il faut laisser, c’est au contraire afin de ne pas susciter de vocation pour cet autre monde duquel « on » ne revient pas tout seul, qui est un plan inférieur de l’ordre du psychologique et qui nous plombe .
il n’est pas tout à fait faux de dire qu’un homme qui commet sciemment des atrocités se prépare des jours qui risquent de le surprendre , c’est un peu la loi . les étoiles seraient régies par des lois, et les cœurs par aucune loi ?
laisser l’enfer, cette dimension de sous-monde . telle que décrite par Dante et ceux qui ont abordé cela .
garder les pieds sur terre et assurer sa survie, ainsi que celle de ses enfants, c’est la moindre des choses .
mais comme tout est lié , nous ne saurions nous maintenir sans une vue un peu en hauteur .
qui n’est pas une perspective mais les embrasse toutes , sauf les nuisibles volontaires .
vous avez eu raison de me reprendre, cela me force à préciser . Dire par exemple que le sort de la victime ne peut pas être en enfer, cela peut vous sidérer . ceci est aussi improuvable que le contraire . quoique … ce serait accorder à nos dieux des drôles de vertus . mais bon .
dire aussi que nos épreuves , que chacun ressent dans sa chair , pour peu qu’il ait un minimum d’empathie , et se sente aussi l’autre , ont leur vertu . et ne nous concèdent rien , certes, mais cette « mort » qui se profile , et mine tout , est à vaincre . ce non-être qui nous entraine dans sa chute ? ce qui est faux en somme . fauche vole etc. trompe .
la malédiction nous donne encore une chance . tandis que certains silences , non .
Pas le silence recueilli qui rachète et sait .
c’est bien la question .
Alors pourquoi Madame Lagarde ( & son gang ) aide t-elle à ce point là les banques et toutes leurs saintes familles ? 1000 milliards d’ € tout de même ! Et puis… tout le reste …
Les banquiers seraient -ils plus misérables que les enfants du Niger et que le peuple grec assassiné ?
Madame Lagarde, ce n’est pas elle qui disait hier :
» Ils veulent du pain ? Donnez-leur de la brioche ! «
Pourquoi elle dit ça ? La crise est fini depuis 2007, c’était elle même qui la dit ! En plus c’est vrai les banques sont encore plus miséreuses que les enfants du Niger pour qu’on leur donne autant d’argent !
et notre Christine nationale qui ne l’est plus, de fustiger les fraudeurs fiscaux grecs, parce qu’ils concurrencent les nôtres peut-être?
Merci pour l’illustration poignante d’Otto Dix. C’est un peintre extraordinaire qui permet de comprendre de l’intérieur la période de Weimar.
Hommage au « tres de mayo » de Goya ?
En effet, Perceval. Dix rappelle ainsi que toute guerre est guerre civile. Que ce soit des Français qui tirent sur des Espagnols ou des Allemands qui tirent sur des Allemands, c’est le meurtre d’Abel par Caïn éternellement rejoué. Le premier Allemand fait prisonnier en 17 par un soldat américain s’appelait Meyer. Le soldat américain aussi, d’ailleurs…
Bien à vous.
@ BRL
Extrait de :
Marc Vérin et Aude Richard : 14-18 Mémoires partagés, édition Luc Pire, 2008, p. 91
Lire aussi, si ce n’est déjà fait:
http://www.laviedesidees.fr/+La-guerre-civile-europeenne-1914+.html
illustration parlante,
mais qui a le gros défaut de focaliser encore une fois sur la barbarie allemande.
on dirait un culte…
alors même que les guerres impériales de l’otan ont fait, et font, des dizaines de millions de victimes , depuis.
Justement, l’illustration choisie renvoie aussi à la barbarie française napoléonienne. Et vu le sujet traité, un rappel de la barbarie allemande n’est pas déplacé.
bah déplacé non, juste inutile. faut réactualiser le visage de la barbarie,
il y a de terribles exemples bien plus proches de nous.
Rien n’a changé. Les vétérans des guerres otaniennes et américaines ont les mêmes cicatrices aujourd’hui. 🙁
Rien ne justifie aucune guerre. Personnellement, je serais plutôt favorable à ce système. On les laisse s’entretuer gentiment. Pendant ce temps, on fraternise et on va prendre un verre. Après, on revient et on achève le vainqueur. 🙂
« Le jour où le quidam, revenu de sa honte de n’être qu’un quidam, ne se retournera plus sur une grosse bagnole mange-trottoir et ne piétinera plus son prochain pour voir passer les ectoplasmes caquetants du star-system – exemples à peine caricaturaux –, les préceptes évangéliques trouveront enfin une caisse de résonance. Il ne s’agit pas d’interdire aux hommes de posséder ou d’admirer – il semble que ce soit impossible –, mais de cesser de voir dans l’étalement des possessions un signe d’élection et de compétence supérieure, où il n’y a généralement que l’affirmation d’une fatuité, qui est la manière d’être des baudruches. »
Très juste ce passage .
« Production blé pognon (x8)
Sonnez tocsin dans les campagnes,
allez camarade debout,
des coups d’pioche et des perspectives
entre le ciel et le ciment,
y a des cocktails dans les bagnoles,
des CRS en farandoles,
c’est sûr n’iront au paradis
que ceux qui brûlent de l’alcool,
sécuritaires nos avenues
ont pris le goût des cimetières,
y a des virus aux hémisphères
et des i-phone dans les sphincters,
satellitaires sont nos alcôves,
entre les vierges qui je suis,
emportez-moi dans la tourmente,
les freins ont lâchés dans la pente.
Sonnez tocsin dans les campagnes,
allez camarade debout,
entre les tours les illusoires
et puis le cri des abattoirs,
puisqu’ici on a peur de tout,
des éphémères sur les grands lacs,
pays jadis feu de culture,
toi dis-moi la bonne aventure,
des somnifères sur la colère,
faut des pansement sur la misère,
la jeunesse a tété le sein
des dictatures de nos besoins,
au cynisme de nos gouvernants,
puisque le bon peuple est content,
puisqu’on crie police à tous vents,
surtout pour protéger l’argent.
Aux armes citoyens des pleurs,
quoi te dire d’autre qu’il est l’heure
de libérer les horizons
des contingents de nos armées,
devant nous l’avenir enfin,
pour un meilleur au bout du poing
et des printemps sous les flocons,
y a de l’espoir à nos chansons.
Allez marchons vers la grand route,
au gré des ombres calcinées
pour aller faire monter du souffre,
les égouts dans les beaux quartiers,
moi dans mes contes pour mes enfants,
y a des solitudes au calmant
et du carbone dans les naufrages,
des pétroliers cherchant la plage,
moi dans mes contes pour mes enfants,
y a des solitudes au calmant
et des polices au paradis
d’un monde qui meurt à crédit.
Aux agneaux égorgées au loin,
le chant du coq quand le lointain,
à l’orée des grands champs de blé,
ma campagne a le poing lié,
scotché à la lisière du bois,
petit poucet chercher pourquoi
ses parents l’ont abandonné,
au grand vent des communicants
c’est fini le temps des instruits,
le temps des populaires aussi,
fini le temps des littéraires,
finies les latines des racines,
au bon dos de nos origines,
finie la parole sacrée,
finis les ni bon dieu ni maître,
fini le chant des rossignols,
oublié le temps des muguets
fini salut à toi mon frère,
bonjour le temps des paradis
au-dessus des comptes bancaires.
Bonjour le temps des paradis au-dessus des comptes bancaires.
Aux armes citoyens des pleurs (x4)
Aux armes citoyens des pleurs,
quoi te dire d’autre qu’il et l’heure
de libérer les horizons
des contingents de nos armées,
devant nous l’avenir enfin
pour un meilleur au bout du poing,
et des printemps sous les flocons,
y a de l’espoir à nos chansons.
Allez marchons vers la grande route
au gré des ombres calcinées
pour aller faire monter du soufre,
les égouts dans les beaux quartiers,
moi dans mes contes pour enfants,
y a des solitudes au calmant
et du carbone dans les naufrages,
des pétroliers cherchant la plage.
Production blé pognon »
Sonnez Tocsin Dans Les Campagnes – Saez
J’aime beaucoup Saez .
Ses disques sont à partager sans modération .
La fin des spartakistes 1919, Heinrich Ehmsen
« I was torn away in 1914 from my fanatical work in Munich by the war, which led me to the mire of Flanders, to the blood-soaked trenches on the Somme and in Verdun.
I then became a fighter against the war and for peace.
Upon returning home to my studio in Munich, after the insanity of mass murder, now under the rage of the rattling and din of civil war, I found all work in the studio from earlier times to be trivial, worth nothing. Suppressed memories of my youth, the years in the barrack square and on the battleground, experiencing the execution of revolutionaries urged me, forced me, to bring them into a creative form. L’art pour l’art is not my cup of tea. I must cry out what is inside of me through form and color.
Compassion for the maltreated creature, anger against the torturer. »
(Source)
Par associations d’idées, cela me rappelle une remarque que je voulais faire à propos d’Ernst Junger en particulier de son ouvrage « Im stahl Gewitter », Orages d’acier. Malgré le plaisir (eh oui) que l’on peut prendre à lire ces transcriptions, et malgré certains passages poétiques notamment la première page :
« Très loin, la boule blanche d’un shrapnell fondait dans le ciel gris de décembre. »
Et surtout, l’enthousiasme douteux de la première page :
« … et les brèves semaines d’instruction nous avaient fondus en un grand corps brulant d’enthousiasme. »
« La guerre nous avait donc saisi comme une ivresse »
etc.
Chez cet auteur que l’on lit sans remords, il y a une vague fascination du danger mais jamais il ne nous fait sentir comme Céline, l’intensité de la peur, l’inutilité, l’absurdité de tout cela, et l’injustice, la vanité des mots comme « patrie », eu égard à ceux qui seront morts, etc.
Cet auteur exempt de reproches n’arrive pas à la cheville de Céline (bien sûr!), que l’on peut lui, condamner moralement et donc éviter de comprendre surtout, éviter de ressentir l’incroyable condamnation de la guerre de la première partie du Voyage. Désolé de le dire, mais c’est Céline qui fait comprendre ce que risquer sa peau veut dire, et pas Junger, et donc certains critères opèrent un tri dans la littérature finalement dangereux pour la paix. Céline est infiniment plus empathique, il sait lui ce que signifie mourir. L’autre non. Il n’y pas non plus le moindre prolongement réflexif chez Junger, cette tradition bien française de terminer un développement par une remarque d’ordre philosophique, une maxime ;
Le fait de condamner Céline permet de se débarrasser à moindre frais du plus fabuleux pamphlet anti-guerre qui existe à ma connaissance.
« Savoir ce que demande le lecteur, suivre la mode comme les midinettes, c’est le boulot de l’écrivain très contraint matériellement, c’est la condition sans laquelle pas de tirage sérieux (seul aspect qui compte)… Je choisis la direction adéquate, le sens indiqué par la flèche, obstinément. » Lettre de Céline à Joseph Garcin, à propos du Voyage, le 13 mai 1933.
« … le public ne demande pas à comprendre, il demande à croire […] L’intérêt populaire ? C’est une substance bien infidèle, impulsive et vague. Nous y renonçons volontiers. Ce qui nous paraît beaucoup plus sérieux, c’est l’intérêt patronal et son intérêt économique, point sentimental. » Le même dans « Les Assurances sociales et une politique économique de la santé publique », La presse médicale, 24 novembre 1928.
à Paul Jorion,
La « petite musique » de Céline, quel art pour ce personnage qui a cru bon de se déguiser en libertaire pacifiste !
@Paul Jorion
Mais, voilà, vous avez le tort de croire tout ce qu’il écrit. Il était auto-destructeur, le sens réel de ce qu’il dit est peut-être exactement l’inverse du sens littéral.
D’autre part il y a une certaine honnêteté à avouer que le tirage compte.
En tout cas l’intérêt patronal et Céline, il n’y a pas une seule ligne de l’écrivain qui puisse encourager ce rapprochement.
Ce que l’on peut reprocher à Céiine c’est finalement d’être resté a-politique dans le Voyage. C’est ce qui lui permet aussi d’être un « classique ».
Un écrivain travaille nécessairement la croyance et non l’explication, qui ressort du genre de l’essai ; cf sa formule du « rendu émotif » ;
Céline est anti-humaniste, ce qui exclue une gentillesse primesautière; il n’a pas été gentil avec lui-même. Il est évident que pour un pauvre, il est permis de nourrir des fantasmes de réussite sociale. On ne peut pas non plus vouloir que Céline soit un ange, il a eu le tort souvent de dire ce qu’il pense..
Il n’est pas communiste, mais Camus non plus
Je pense que c’est bien Céline qui a donné la plus fantastique description des conditions de travail dans un atelier de Ford aux USA (que j’ai déjà postée ici) ! Il n’y a que S. Weil qui est comparable.
Vous pouvez aussi voir que par la suite il n’a pas du tout suivit la mode, et d’ailleurs pour moi Mort à crédit etc c’est illisible.
lisztfr,
réveillez-vous mon vieux : c’est une crapule. Il avait du talent mais c’est 100 % manipulation.
« L’emploi des malades doit être le mot d’ordre social de demain, non point n’importe comment, mais sous permanent conseil et surveillance médicale (…) Dans un autre domaine, nous observons que la police, auxiliaire de la justice, sait ce qu’elle fait par longue expérience, elle poste ses agents et ses fonctionnaires là où il est remarqué depuis longtemps que sont commis de fréquents délits, dans les gares, dans les théâtres, aux courses, etc. Pour la santé publique et l’hygiène sociale en particulier, on attend que le délit vienne se présenter au juge, c’est-à-dire au dispensaire. C’est enfantin. Il faut aller « patrouiller » sur les lieux mêmes où s’utilise la santé des assurés, sur les lieux du travail, éviter ainsi que l’assuré ne « fasse malade », ce délit, instituer en somme une police médicale et sanitaire, qui s’étende non seulement au domicile de l’assuré, mais surtout aux endroits où il travaille, que ces médecins d’assurance n’essayent point de jouer vainement aux cliniciens de pure science, détachés des réalités économiques et se transforment, au contraire, en praticiens du travail (…) entre ces deux espèces de praticiens, liaison constante, comme entre les commissaires de police et les parquets » in Les Assurances sociales et une politique économique de la santé publique Louis Destouches, 1928 (Source, pp. 37-38)
———-
« M. Xavier Bertrand, ministre : Monsieur le sénateur, il n’est pas bien de vous exprimer ainsi ! Faire allusion à des « contrôles bizarres », c’est mettre en cause ceux qui sont des médecins et qui, eux non plus, ne font pas leur travail n’importe comment. Or ils établissent qu’il existe entre 10 % et 15 % d’arrêts de travail de longue durée abusifs, pour ne pas utiliser un autre mot. La proportion est considérable.
À l’issue de ces arrêts, les personnes concernées reprennent le travail, et c’est tout. Pour ma part, je pense qu’il faut demander le remboursement de tout ou partie des salaires et de la prise en charge perçus par la personne en arrêt de travail abusif, constaté comme tel par le médecin conseil. Cela aura un effet dissuasif, je l’assume clairement. » (Sénat 14 novembre 2011)
C’est moi qui graisse
Orages d’acier est mille lieues au-dessus du Voyage pour ce qui est du rendu viscéral, intestinal même, de la « Grande ». Ça ne remet pas en cause les fulgurances du soldat Destouches, du « puceau de l’horreur », mais s’il embrasse plus large la guerre y est spectrale, nocturne, rendue à la nuit. Elle est acier chez Junger, soleil de feu qui brûle tout, éclair permanent, bain de foudroiements, de sang et de merde. Pour moi il n’y a rien au dessus d’orages d’acier, en-deça Dorgeles, Barbusse, Remarque ou Céline.
Extrait : « Je crois avoir imaginé une analogie qui rend fort bien le sentiment propre à une situation où je me suis trouvé souvent, comme tous les autres soldats de cette guerre: qu’on se représente ligoté à un poteau et constamment menacé par un bonhomme qui brandit un lourd marteau. Tantôt il arrive en sifflant, vous frôlant le crâne, puis il frappe le poteau si fort que les éclats en volent – c’est exactement cette situation que reproduit tout ce qu’on subit quand on est pris à découvert en plein milieu d’un pilonnage. »
Excellent schizosophie
il faudrait faire plus souvent des rapprochements des discours actuels et anciens
par exemple j’aimerai bien connaitre ce que les journaleux et les capitalistes disaient quand les syndicats luttaient ( avec des morts !! ) pour la journée de 8 heures à la fin du XIXème. ( il me semble qu’un de leur argument était que plus de temps « libre » c’était plus de temps passer à boire …….. )
on serait étonné de voir, j’en suis certain, que les patrons d’hier comme d’aujourd’hui ont la même vison du prolétaire ( salarié en langage commun )
@ Lisztfr et P.Jorion
C’était une crapule, un malade mental (un paranoïaque – “Il y a chez lui ce regard des maniaques, tourné en dedans, qui brille comme au fond d’un trou”. E.Junger. Journal), un cynique comme on en a vu peu, mais c’est avec Proust le plus grand écrivain en français du XXe siècle.
André Suarès, l’un des intellectuels les plus intelligents et lucides du siècle passé (l’un des rares à avoir vu venir la première guerre mondiale et le nazisme bien avant leur arrivée), a très bien compris Céline:
« Le monde et la société, selon Céline, ce n’est qu’un utérus et un anus, un double sexe et toutes les sécrétions qui s’ensuivent. […] Il est anti-tout. Contre la nation, contre l’individu, contre toute morale, et contre tout État. Il est la négation même. Mais il sait qu’il ment. On a parlé jusqu’ici des larmes de crocodile: Céline a inventé les rires de crocodile. Si l’anarchie régnait quelque part, il serait contre l’anarchie, comme il est contre tout le reste. »
Un petit rappel pour finir: les romans de Céline étaient interdits dans l’Allemagne nazi.
Céline, c’est plus que du talent. C’est du terrorisme littéraire…
L’époque où il se compromet dans l’antisémitisme est sa période la plus pauvre d’un point de vue littéraire. Rien de rien. Aucun contenu. Ses pamphlets sont particulièrement ratés d’un point de vue stylistique. En fait c’est une réécriture de Je suis partout. Donc l’argument selon lequel il faudrait republier ses pamphlets parce qu’ils représentent un intérêt littéraire me paraît totalement fallacieux. Sartre n’avait peut-être pas tort : la publication de ces pamphlets répond a peut-être pour mobile le gain. La littérature antisémite se vendait très bien à l’époque. Céline savait très bien qu’il en vendrait des tonnes.
Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit sont deux classiques, je préfère le second au premier, peut-être parce que je l’ai lu en premier.
Le Céline de l’après-guerre est un homme hargneux et qui essaye par tous les moyens de minimiser sa compromission et entreprendre sa réhabilitation. C’est ainsi qu’il réduit la littérature au style. L’écrivain ne délivre selon lui aucun message, et encore moins une opinion. S’il le fait, le contenu reste secondaire. On sait qu’à la fin de sa vie il s’intéressait aux thèses négationnistes véhiculées par Paul Rassinier. Donc l’antisémitisme de Céline n’était pas une blague comme le croyait Gide. Si ça l’est, c’est une blague qui a très mal tourné. C’est même très glauque.
Pourtant, on retiendra parmi ses dernières oeuvres D’un château l’autre (Nord et Rigodon si on veut pousser un peu plus loin) paru en 1957 et qui présente un intérêt historique. L’épisode du gouvernement de Vichy à Sigmaringen est un épisode très peu connu de l’histoire de France. Avec talent, il décrit le ridicule de la collaboration dans des décors pittoresques.
@Paul Jorion
Allez, je veux bien croire que c’était une crapule, mais je trouve infiniment dommage que l’on enterre ainsi les problèmes qu’il a formulés et qui ne se trouvent décrits comme il le fait nulle part ailleurs.
Vous ne trouverez pas une description aussi intense de la guerre, de ce que c’est que d’être en danger de mort, de se sentir infiniment inutile au milieu des balles qui sifflent ; Il y a une description à fleur de peau comme on dit, de ce qu’est la guerre pour le soldat qui est destiné à payer de sa vie, par la volonté d’autrui, il y a tout cela et ça n’est nulle part exposé avec plus d’intensité et de précision poétique.
De même pour faire comprendre le bruit et les vibrations dans l’atelier et qu’on en ressort HS, et de l’effet du martelage etc sur le corps, eh bien ça n’est expliqué nulle part mieux que dans le Voyage, qui est roman épique d’ailleurs… roman d’apprentissage, que sais-je.
Et non il n’avait pas du talent, il avait du génie. Et le problème est que sans ses leçons qui transcrivent l’expérience de la guerre, parmi d’autres, qui les rendent vivantes on risque de les oublier, ou de ne jamais en prendre conscience.
Ailleurs sur le Brageton, vous ne pouvez pas non plus dire qu’il est militariste…. il est au contraire, le plus humain possible dans ce roman, avec sa lâcheté aussi, le plus souvent il cherche à fuir.
Crapule… peut-être que je n’ai pas envie de savoir ? Si je découvrais vraiment un anti-communisme et une prise de parti pour le patronat etc… pour l’ordre quoi, alors là bien sûr, je serais forcé de reconsidérer tout le personnage.
Un exemple de la « petite musique » de Céline, :
« Il suffit, certifie le poète-médecin, de regarder, d’un peu près, telle belle gueule de youtre bien typique, homme ou femme, de caractère, pour être fixé à jamais…Ces yeux qui épient, toujours faux à en blêmir…ce sourire coincé…ces babines qui relèvent : la hyène…Et puis tout d’un coup ce regard qui se laisse aller, lourd, plombé, abruti…le sang du nègre qui passe ».
Cité dans L’Art de Céline et son temps. Michel Bounan. Editions Allia.
@ schizosophie
Pour info: à lire.
Jorion, vise un peu l’argument définitif du Lisztfr :
Ça t’en bouche un coin hein ? C’est que ça change tout là, attention ! Du Génie Jorion ! Un surhomme Jorion, tu peux pas comprendre. Faut le génie lisztfrien pour piger l’truc.
@Indolent albatros, Destouches ne s’est pas « compromis dans l’antisémitisme », il était constitutivement, consubstantiellement, insécablement, littérairement, l’antisémitisme, du vomissement à la chienlit en passant par les aigreurs gastriques. Le moteur V12 de son oeuvre est là et pas ailleurs.
Ps : j’en ai tout lu ou relu depuis 30 ans à part Bagatelle et toute cette veine pornographique, sauf extraits. N’empêche.
Té ! Céline est un troll spectral crypto-gallimardien à gallimatias peu garibardiens du BJ.
à lisztfr,
C’est l’aveu de sa maison d’édition, qui vend encore plus d’exemplaires quand la lecture d’un des titres est rendue obligatoire pour un examen ou un concours.
Par ailleurs, je vous garantis que celui qui ne cherche pas à découvrir ne découvre rien.
Parole de détective.
@ Vigneron
Tout à fait d’accord. Dans aucun autre témoignage / roman de ce conflit (et j’en ai lu un bon nombre) je n’ai rencontré une description aussi crue voire indécente de la décomposition des cadavres sur le front.
@Vigneron
Oui, bon sens et bon sang le Vigneron. Céline a l’antisémitisme plus que chevillé, c’est intrinsèque, c’est son cordon ombilical enragé. Folie qui ne sait se taire. Incompréhensible perversité.
Certes un cas littéraire lorsqu’il prend la plume.
Faut aussi lire un petit opuscule diffusé après la grande guerre pour le « plus jamais ça », un recueil d’édition quasi administrative (je n’ai plus la référence, l’ai trouvé dans un grenier…), la transcription des notes du journal extra-officiel de Raymond Poincaré, Président en visite sur différents points du front.
La lecture est au moins autant éprouvante que celle du Voyage…
La description y est pâle, l’expression faible en comparaison de Céline, mais la contre-partie de la violence y est très éclatante.
Je trouve que M. Jorion est sans pitié quant à Céline, je me demande pourquoi, au delà la détestation dite de la manipulation.
Je ne me rappelle pas, malgré Victor Hugo, de description aussi poignante que celle de sa propre mère par Céline, elle obligée si devenue boiteuse de parcourir avec ses façons couturières toujours plus loin en faubourg pour l’injonction insane du commerce obligé.
Pas plus que de description de l’investisseur plus actuelle, que celle de l’auto-investisseur qui relie les sillons de labour en fils de cuivre pour augmenter la production de patates.
Céline explique très bien son mouvement de séduction fait au lecteur, disant que ce lecteur est dans un tram, mais qu’il pense par l’écrivain que le tram déraille…
Non, non, le tram ne déraille pas!
Balayer Céline, on connait:
http://www.philippebilger.com/blog/2011/01/c%C3%A9line-maudit-pour-toujours-.html
J’écrivais dans mon billet « Le philosophe H. » : « J’aimerais bien qu’il n’y ait pas de grande littérature d’extrême–droite : j’aimerais bien que Céline ait mal écrit, ou plus précisément, j’aimerais bien qu’il y ait quelque chose dans le style de Céline, que je puisse répudier. Hélas non, il y a de la grande littérature d’extrême–droite et je suis obligé d’admirer Céline comme auteur, et cracher mentalement sur la personne que fut ce même auteur. C’est inconfortable, je le sais. »
Problème supplémentaire – si l’on peut dire, zenblabla, que du lecteur qui aimait ce qu’il écrivait, on sait maintenant par sa correspondance qu’il pensait : « Pauv’ con ! » Alors, Céline, il y a tant d’autres choses à lire que ta prose : « Merde à toi aussi ! »
@vigneron
Je pense que Orages d’acier est plus visuel, Céline plus synesthésique, avec davantage d’élaboration sur la signification de l’ensemble et sur son non-sens.
Orages d’acier étant un livre de compte-rendu, il ne peut égaler une fiction construite pour condenser le réel et atteindre un effet plus grand. Dans Orages d’acier on aura « vu » beaucoup, ressenti moins et compris encore moins, mais ça, comprendre, il faut savoir ce que l’on veut comprendre aussi ! On pourra raconter des horreurs à longueur de pages, ce qui compte c’est être apte à imaginer avec intensité et sensibilité, une situation, et ça, cette imagination elle manque à la plupart, (parce qu’il nous manque le vécu) . Seul un grand écrivain, et donc il ne s’agit pas de Junger, est capable plus ou moins de transmettre le vécu ! et non la photo. Comment ne pas raconter, mais faire vivre ? Comment porter à un degré plus haut d’intensité cette expérience, avec des mots seulement , il faut nécessairement transcender le niveau référentiel du langage, -la prose.
Je trouve dommage que l’on fasse disparaitre la critique Célinienne du monde. Trotsky ne s’y est pas trompé, ni d’ailleurs Sartre etc. ni Levy Strauss.
La façon habituelle d’enterrer sous un fatras de mots les coins où il y avait la vérité. Même Sarkozy a admis qu’il aimait Céline…. le Voyage.
Il y a quelque chose d’extrêmement franchouillard chez Céline, il n’en a rien à faire de la jungle par ex, qu’il qualifie de salade géante. Il emporte partout sa façon de penser, franchouille, et s’y tient.
Tout un discours sur la lâcheté aussi, jamais chez E. Junger. Préfère être lâche et en vie Céline.
Je pense qu’ heureusement qu’on a tant de choses à reprocher à Céline, ce qui évite de comprendre ce qu’il avait à dire, et ça la société ne peut que s’en féliciter.
La critique est toujours facile après-coup, mais dans la liste des crapules il faut citer :
Georges Boudarel (prof de philo, communiste) qui animera le camp 113 en Indochine où périrent tant de Français après tortures diverses et variées
André Marty (communiste), surnommé le Boucher d’Albacete, qui fera fusiller des centaines de volontaires des Brigades Internationales sous prétexte d’asseoir l’influence stalinienne dans ce milieu
@ Vigneron & Arkao
Vous confondez tous les deux la littérature et le documentaire. Or, la littérature c’est avant tout un style, une voix, un souffle, une capacité à produire de l’émotion, un esprit nous donnant sa vision du monde. Et de ce côté-là Junger n’arrive même pas à la cheville de Céline. Pour les descriptions on a les historiens, et les entomologistes au regard glacial comme l’ami Ernst.
Dans un lettre, Céline écrivait: « Oh, Proust s’il n’avait pas été juif personne n’en parlerait plus! et enculé! et hanté d’enculerie. Il n’écrit pas en français mais en franco yiddich tarabiscoté absolument hors de toute tradition française. Il faut revenir aux mérovingiens pour retrouver un galimatias aussi rebutant. Ah ça ne coule pas! Quant aux profonds problèmes! Ma Doué! Et la sensibilité! Pic Poul ! Cependant je lui reconnais un petit carat de créateur ce qui est RARISSIME, il faut l’avouer. »
Bien enrobée dans ces délires, comme toujours chez lui, il voit comme d’habitude l’essentiel, cette fois-ci dans la littérature: rien de plus rare que la Créativité, commune à tous les grands écrivains. Et Proust et Céline le sont, tandis que Junger n’est qu’un observateur (et encore de certaines domaines très précis). Les premiers ont les reconnaît en quelque lignes et sont très difficiles à traduire. Le troisième, il est très difficile à reconnaître et ne pose aucun problème majeur de traduction (Junger adorait se lire en français, d’ailleurs – dans les traductions de H.Thomas ou de Pierre Morel).
Disons pour finir que quand les deux se sont connus pendant l’Occupation ils se sont détesté réciproquement tout de suite.
« C’est peut-être cela qu’on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir. »
(Voyage au bout de la nuit)
« L’imagination matérialiste nous condamne à l’infini dans la destruction, la philosophie matérialiste, la poésie matérialiste nous mènent au suicide par la matière, dans la matière. Tous ces acharnements prosaïques ne sont qu’autant de trucs de la matière pour nous dissoudre, nous rattraper. Les hommes épris de matière sont maudits. Lorsque l’homme divinise la matière il se tue. »
(Céline en 1938)
Si un Gide a pu dire du plus grand « Hugo, hélas… », eh bien figurez vous qu’un Lisztfr n’est pas loin de nous dire « Céline. » tout court, sans virgule, sans suspension, sans rien. On mesure bien alors le sens du mot « décadence ».
La ramène pas l’ibère apprenti-esthète éternel stagaire, tu fais trop la paire avec le Lisztfr, té, manque que le joug et la badine.
Junger en documentariste… j’la note celle-là, peut resservir, mieux, doit resservir.
@ P. Jorion
« J’aimerais bien qu’il n’y ait pas de grande littérature d’extrême-droite ».
Vous mettez donc la morale et la politique au-dessus de l’Art.
Pour Céline, comme pour tous les grands écrivains et artistes, la Littérature, l’Art, la Beauté sont au-dessus de la politique et de la morale. Pour Céline la fin (faire une belle phrase, un paragraphe enlevé, un livre unique) justifie les moyens (exagérer, mentir, calomnier, provoquer, dire le contraire de ce qu’il pense, être moralement et politiquement incorrect, se contredire le même jour en deux pages différentes). Ceux qui ne comprennent ou n’admettent pas ça sont à côté de la plaque et ne comprennent rien à l’Art. Céline n’est pas un politique, ni un moraliste, ni un philosophe. C’est un Esthète, un Artiste qui fait feu de tout bois comme tous les grands artistes. Il n’a rien à cirer de ce qu’on pense de lui ou des conséquences politiques de ses livres. Il voulait faire une Oeuvre qui reste et il a réussi. Dans 300-400 ans on lira encore Céline et personne comprendra très bien ce qu’on lui reprochait politiquement, de la même façon qu’aujourd’hui on rentre dans les cathédrales de Reims ou d’Amiens sans penser que derrière les gens à qui on les doit avait l’Inquisition et sa barbarie.
Je n’en suis pas si sûr : nous savons pour la plupart des auteurs anciens ou modernes qui ils étaient et pourquoi ils écrivaient ce qu’ils écrivaient. Nous savons ce que pensaient d’un côté Rimbaud, de l’autre, Flaubert, sur la Commune. Nous savons qui se situait où à propos de l’affaire Dreyfus. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais il y a certains auteurs dont je ne peux pas lire une seule ligne sans un goût amer dans la bouche.
@ Vigneron
Je savais déjà que tu ne connaissais rien à l’Art en général et à la littérature en particulier, étant beaucoup plus du côté des Sciences que des Lettres. Aujourd’hui je vois que tu n’es même pas capable de voir le génie littéraire de Céline et que tu prends un écrivain de 2e zone comme Junger pour un somment de la littérature du XXe siècle. Je te l’ai déjà dit mais je te le répète: arrête de vouloir passer ici par un Pic de la Mirandole moderne. Parle d’économie et de vinification et laisse l’Art à ceux dont c’est le métier.
Pablo75, votre capacité à mettre certaines choses entre parenthèses est grosse de tous les dangers.
@Pablo75: « Pour Céline, comme pour tous les grands écrivains et artistes, la Littérature, l’Art, la Beauté sont au-dessus de la politique et de la morale. »
C’est évidemment faux. Et jusqu’à il n’y a pas si longtemps, ils se voyaient tous comme de bons artisans, ce qui n’empêchait pas les chefs d’oeuvres.
PS: l’excès de majuscules en milieu de phrase ne s’harmonise pas bien au style du français, ça fait vite prout-prout.
« Il faut avoir écrit soi-même pour savoir le gouffre qui sépare l’homme de l’oeuvre » , a dit Aragon. Je ne suis pas sûr qu’il faille faut avoir écrit soi-même pour savoir ça, en tout cas voici un auteur qui reconnaît ce qui nous fait problème ici.
Ce grand poète était un petit homme, non? Pendant une bonne partie de sa vie, il a défendu l’indéfendable Union soviétique, vraisemblablement en connaissance de cause.
Avez-vous un goût amer dans la bouche, Paul, en lisant ou en entendant ses grands poèmes ? Je parierais que non.
À une admiratrice qui disait à Elsa Triolet: « Comme il doit vous aimer! », cette dernière a répondu « Pensez-vous! Il n’aime que lui. »
C’est une vérité qui dérange: les oeuvres ont leur vie propre. Nous les rencontrons, contrairement à ce que vous dites, le plus souvent dans l’ignorance de leur auteur, qui ne nous intéresse qu’en raison de la qualité de leurs créations. Celles-ci se jugent ou s’apprécient en elles-mêmes, et pas à l’aune de l’existence de leur auteur. Le jour où le goût du public change, où l’histoire fait le tri, et qu’une production va à la poubelle, on oublie l’homme, ou la femme.
Céline, Heidegger, Baudelaire, Simenon, Brecht, …on ne compte pas les vies qui ne ressemblent pas aux oeuvres qu’elles ont produites.
C’est comme ça.
Et ce n’est pas si difficile à intégrer, finalement. Personnellement, je trouve même ce constat, politiquement problématique, libérateur au quotidien.
Les lilas et les roses
Ô mois des floraisons mois des métamorphoses
Mai qui fut sans nuage et Juin poignardé
Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses
Ni ceux que le printemps dans les plis a gardés
Je n’oublierai jamais l’illusion tragique
Le cortège les cris la foule et le soleil
Les chars chargés d’amour les dons de la Belgique
L’air qui tremble et la route à ce bourdon d’abeilles
Le triomphe imprudent qui prime la querelle
Le sang que préfigure en carmin le baiser
Et ceux qui vont mourir debout dans les tourelles
Entourés de lilas par un peuple grisé
Je n’oublierai jamais les jardins de la France
Semblables aux missels des siècles disparus
Ni le trouble des soirs l’énigme du silence
Les roses tout le long du chemin parcouru
Le démenti des fleurs au vent de la panique
Aux soldats qui passaient sur l’aile de la peur
Aux vélos délirants aux canons ironiques
Au pitoyable accoutrement des faux campeurs
Mais je ne sais pourquoi ce tourbillon d’images
Me ramène toujours au même point d’arrêt
A Sainte-Marthe Un général De noirs ramages
Une villa normande au bord de la forêt
Tout se tait L’ennemi dans l’ombre se repose
On nous a dit ce soir que Paris s’est rendu
Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses
Et ni les deux amours que nous avons perdus
Bouquets du premier jour lilas lilas des Flandres
Douceur de l’ombre dont la mort farde les joues
Et vous bouquets de la retraite roses tendres
Couleur de l’incendie au loin roses d’Anjou
PS @ Leboutte
Je n’imagine pas Aragon écrivant « Les lilas et les roses » en se disant en pensant à celui qui sera ému en le lisant : « Pauv’ con ! »
@Paul:
Non bien sûr, moi non plus.
Il y a l’élan créateur, où je ne peux que supposer son immersion dans le merveilleux où il m’entraîne, et la minute d’après, ou l’heure d’après, plume posée, où en est Aragon? Le saurons-nous jamais?
Je m’en fiche.
Et des postures cyniques de Céline, je me fiche aussi. Je n’arrive d’ailleurs pas à les prendre au sérieux.
Je ne suis pas sûr que ce soit le même « sujet » – il y a déjà Destouches et Céline, et c’est sans doute encore plus compliqué que ça – , je ne suis pas sûr que ce soit le même « sujet » qui écrive les uns et les autres, ses chefs-d’oeuvre, et ses provocations.
🙂
@ P. Jorion
« Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais il y a certains auteurs dont je ne peux pas lire une seule ligne sans un goût amer dans la bouche.[…] votre capacité à mettre certaines choses entre parenthèses est grosse de tous les dangers. »
Oui, je la revendique cette capacité à me concentrer sur l’oeuvre d’un artiste ou d’un écrivain en oubliant sa vie. Quand je lis Villon j’oublie qu’il était un délinquant, quand j’écoute Gesualdo ou je vois des oeuvres de Cellini j’oublie que c’étaient des assasins, quand je lis Gide j’oublie qu’il couchait au Maroc avec de gosses de 6 ans et qu’il était antisémite, quand je lis Dostoievsky et Koestler j’oublie qu’ils ont été des violeurs (le premier d’une fillette), quand j’écoute Schubert j’oublie que sachant qu’il avait la syphilis il couchait avec des enfants, quand je lis Voltaire ou Beaumarchais j’oublie qu’ils étaient des escrocs dans leurs affaires, quand j’écoute Wagner j’oublie qu’il était antisémite, quand je lis Baudelaire j’oublie qu’il était réactionnaire et misogyne, quand je lis Shakespeare, Quevedo, Voltaire, Chateaubriand, Fichte, Kant, Schopenhauer, Hegel, K.Marx, Charles Fourier, Baroja, D.H.Lawrence, Céline, Drieu La Rochelle, T. Mann, entre beaucoup d’autres, j’oublie qu’ils étaient antisémites et/ou racistes.
@ Moi
Tu as une idée de l’Art bien naïve, de manuel scolaire, si tu crois que Dante, Raphael, Leonardo, Michel Ange, Cervantes, Shakespeare, Montaigne, Velázquez, Vermeer, Rembrandt, Bach, Mozart, Goya, Beethoven, etc, etc se considéraient des artisans. Lis des biographies sur eux ou leurs correspondances: tu vas apprendre des choses.
Sur mon français: peut-être tu écris l’espagnol avec moins de fautes…
@pablo75: ouais, t’as raison, j’aurais dû dire « on les voyait comme de bons artisans ». Eux-mêmes par contre… Mais des empereurs se sont pris pour des dieux et on sait ce qu’il en est.
De Nietzsche: « Les artistes ont quelque intérêt à ce qu’on croie à leurs intuitions subites, à leurs prétendues inspirations ; comme si l’idée de l’oeuvre d’art, du poème, la pensée fondamentale d’une philosophie tombaient du ciel tel un rayon de la grâce. En vérité, l’imagination du bon artiste, ou penseur, ne cesse pas de produire, du bon, du médiocre et du mauvais, mais son jugement, extrêmement aiguisé et exercé, rejette, choisit, combine ; on voit ainsi aujourd’hui, par les Carnets de Beethoven, qu’il a composé ses plus magnifiques mélodies petit à petit, les tirant pour ainsi dire d’esquisses multiples. Quant à celui est moins sévère dans son choix et s’en remet volontiers à sa mémoire reproductrice, il pourra le cas échéant devenir un grand improvisateur ; mais c’est un bas niveau que celui de l’improvisation artistique au regard de l’idée choisie avec peine et sérieux pour une oeuvre. Tous les grands hommes étaient de grands travailleurs, infatigables quand il s’agissait d’inventer, mais aussi de rejeter, de trier, de remanier, d’arranger. »
PS: je ne te parle pas de faute de grammaire, mais de faute de style (voire de faute morale). Nul doute que tu mets beaucoup de majuscules aussi en espagnol.
PS2: par exemple, mon pseudo, est une faute de style. A refaire, je prendrais autre chose.
@Moi:
Et c’est Hemingway, je crois, qui disait: « Le talent, c’est cinq pour-cent d’inspiration et quatre-vingt-quinze pour-cent de transpiration.«
@ Moi
« faute de style (voire de faute morale) ».
Venant de quelqu’un qui a l’idée que tu as de l’Art et des artistes, tu ne pourras jamais imaginer à quel point tu me combles en disant ça.
Quant à la citation de Nietzsche, tu as mal choisi. Il était aussi nul comme compositeur (j’ai un disque de ses oeuvres) que comme poète ou critique esthétique (sans doute par jalousie). Je te rappelle quelques grosses perles de l’ami Friedrich:
« Le nom de Wagner reste celui qui symbolise la ruine de la musique, comme celui du Bernin symbolise la ruine de la sculpture. »
« La sympathie que Brahms inspire indiscutablement par endroits […] est longtemps restée pour moi une énigme. Jusqu’au jour, où, presque par hasard, j’ai découvert qu’il agissait sur un type humain bien précis. Il a la mélancolie de l’impuissance. Il ne crée pas par surabondance de richesse, il a soif de richesse. »
« Et que des individus comme Shelley, Hölderlin, Leopardi finissent par sombrer n’est que juste; je n’ai guère d’estime pour ce genre d’individus. »
Je te recommande plutôt de méditer ce que le Christ dit dans Matthieu, 7,6.
Tenez bon Pablo… mais ne soyez pas trop dur surtout… chacun à raison de penser ce qu’il veut de L.F. Céline…
Certains apprécient ce genre de paradoxe, d’autres moins….
Céline antisémite… allons bon…. Pourquoi pas De Gaule qui pue des pieds…?
Voyez ce qu’il dit de lui-même… il le fait dire à un ami médecin dans Bagatelles…
Antisémite… misanthrope surtout… de la pire espèce… de ceux qui se détestent eux-mêmes… Une plaie béante… corps et âme… Une souffrance qui n’en revient pas, qui se fatigue elle-même…
Certains aimeraient qu’il n’ait jamais existé… ça les rapproche… lui devait penser la même chose…
Antisémite…? oui… aussi…
Mais relisez le début de « Mort à Crédit »… la description du couple d’ivrognes, ce qu’il dit des pauvres… relisez ce qu’il dit des noirs et des négriers… des hommes et puis des femmes… des allemands, des prisonniers français, des troufions, des gradés…. et des aryens…
Céline sans la haine, le dégoût… sans souffrance…? Pourquoi pas du vin sans alcool, un amour sans chagrin, la vie sans la mort…?
Cette discussion, qui envahie le billet, se passe peut-être là, tandis que la grève des commentaires s’y était bien trop manifestée.
Heidegger, la puissance des réminiscences en question:
http://www.pauljorion.com/blog/?p=20#comment-325458
Qu’il me soit permis d’ajouter une pincée de salpêtre à l’échange sur Céline. Je ne me suis pas envoyé l’intégrale de son œuvre, comme Vigneron, mon engouement ayant des limites objectives, mais des trois que j’ai lues in extenso, Mort à crédit, Voyage au bout de la nuit et Casse-pipe, je retiens une langue hallucinée qui force le trait comme s’il n’était pas suffisant de tirer à vue sur nos grimaces morales et qu’il fallût en sus nous obliger à en subir le poisseux sortilège pendant de longs mois, voire de longues années. L’amertume que ressent Paul, je la ressens aussi, maintenant que j’en sais un peu plus sur la personne et le personnage. Céline est un grotesque, au sens que les historiens de l’art donnent à un style néronien redécouvert à la Renaissance, et c’est cette hure bifrons qu’il aura traînée jusqu’à la fin. Une amie à moi, qui passa une partie de son enfance à Meudon dans les années 1950, se rappelle très bien l’espèce de vieux pervers ordurier qu’il se plaisait à incarner chaque fois que sa femme, la danseuse Lucette Almanzor, recevait ses jeunes élèves dans leur pavillon décrépit. Le voisinage en était averti. Mon amie se rappelle aussi l’immense chien noir qui venait saluer chaleureusement les visiteuses. Il semblait que ce mâtin fût l’hôte et que Céline fût le mâtin. Une inversion des rôles qu’il cultivait, à n’en pas douter. Je ne crois pas qu’on puisse expédier ses vociférations antisémites et sa contribution au régime collaborationniste en invoquant la liberté de l’artiste, son sens du rebrousse-poil. Céline n’était pas un maudit dans l’entre-deux-guerres. C’était, bien au contraire, l’écrivain à la mode. Il était célèbre et célébré. Il n’avait nullement besoin d’ajouter l’antisémitisme à ses titres de gloire. Une telle charge, dans les années 1930, était une facilité, pas une provocation d’esthète. Il l’a menée, pourtant, et il avait l’esprit trop acéré pour ignorer quel genre de faune interlope il flattait. C’est parce que j’aime la langue de Céline, que je lui reconnais une force, une force qui est élan et pesanteur à la fois, que je juge d’un même regard critique les ignominies qu’il a pu proférer. On n’emplit pas l’espace médiatique de gueulements pareils aux seules fins de s’entendre gueuler et de s’en étourdir. Pied-de-nez conclusif : « Il n’est aucun document de culture qui ne soit aussi un document de barbarie », écrit le « Juif » Walter Benjamin. Tout écrivain ou apprenti écrivain devrait méditer cette phrase avant de prendre la plume. Écrire, c’est faire advenir au monde un être polymorphe qui réfléchit le meilleur et le pire de l’homme. Le livre engage l’écrivain.
@Pablo 75
Mais enfin Pablo 75, vous qui manifestement êtes esthète parmi leurs semblables, puissiez-vous reconnaître en l’œuvre singulière la singularité d’une œuvre?
On ne peux pas asséner une œuvre, c’est la moindre des choses que l’on doit à cette œuvre!
« J’aime/j’aime pas », c’est s’exposer à exposer les critères de l’amour….
Tant mieux à propos, mais comment par là redemander?
Y’a ça!
http://www.pauljorion.com/blog/?p=20#comment-325458
domaine trop peu servi, mais fort à propos en dehors du billet….
@BRL
Promis, je vais bruler Céline, voyons voir, hm 3 livres à brûler. L’allumette, un peu d’alcool et hop.. voilà, tout brûle, et n’en parlons plus ! Une chose de faite; Ouf; Débarrassés ! enfin libres, la justice triomphe, le mal est réparé, tout va bien, youpi !
Eh bien, j’ai eu peur qu’on n’en vienne pas à bout… et finalement. On l’a échappée belle ! Alléluia ! Ah, c’est beau la vie; tout de même; On respire mieux maintenant non ? Moi je ressens un léger mieux. Justice est faite, expéditive mais enfin.
Enfin un « grotesque » de moins !!! youpi; et un antisémite de moins, re-youpi !
Je pense que l’on s’égare, il n’était pas question de refaire le procès de Céline, qui comme chacun sait est devenu immensément riche et a collaboré activement. Il a dénoncé tous ceux qu’il pouvait, et il était vicieux et méchant. On l’a souvent vu diner avec la gestapo d’ailleurs. N’en parlons plus; D’ailleurs tout est de la faute à Céline.
@ Zenblabla
J’aurais voulu vous répondre, mais je ne comprends pas votre volapuk. Si quelqu’un dans la salle peut me traduire vos propos…
@ BRL et les autres
Dans 300 ans on lira toujours Céline et personne saura qu’on a parlé de lui ici aujourd’hui. C’est ça la différence entre l’Art et le non Art (jugements politiques, moraux, modes esthétiques, opinions sur un auteur, verbiage sur les oeuvres…).
Et si c’était le contraire ?
Rendez-vous le 27 mai 2312.
@BRL
Impossible de redire après vous lire.
Vous rappelez des attachements, avec Meudon.
Que la langue du salaud soit aussi celle d’un salaud, c’est juste expression.
Au final, on ne sait plus à qui elle appartient, ni entre autres d’où cette langue provient…
Céline reste ainsi manifeste, manifestement un beau salaud.
Comment alors éradiquer, et est-ce louable avant que possible pour autant d’autres que lui?
Céline caché, sous le tapis, transparent autant que possible, quoi cache-t-il?
Il y a des monstres…, et ils savent qu’ils démontrent.
En moralité, Céline accompagne tellement d’adultes comme des gosses, il prévoit assez distinctement, et parle du malheur impossible à réduire faute d’émancipations élargies avec l’argent parmi d’autres motifs.
Presque un conteur!
Il est désespérant, remise toute émancipation en manière de réduction.
Il fait démonstration, et c’est un monstre.
L’amertume, elle est aussi pour moi, surtout avec la cause de sa dilution, par l’oubli devenu circonstancié.
Merde à Céline, tant mieux pour aujourd’hui, si tant pis pour plus tard…
Moi qui n’ai pas vécu l’entre deux guerres, je ne me rappelle pas d’évocation plus forte qu’avec Céline, si ce n’est par la visite des greniers de mes grands parents, pleins de plumes et de babioles desséchées, de cahiers et de comptabilités inanimées, de trucs et de tocs comme les fabriquaient l’entre deux guerres, et comme Céline les décrivaient….
Pourquoi les greniers ont-ils cesser de se remplir, et pourquoi désormais se remplissent les garages, annexes de déchèteries?
Céline peut-il rendre compte?
Merci votre témoignage.
@Pablo:
Calme-toi, cher Pablo !
Nietzsche n’était pas un grand compositeur, d’accord. Ça n’enlève rien à la citation que Moi a donnée, c’est même cohérent avec elle.
Contente-toi de reconnaître le soleil noir de l’homme, il a produit quelque chose d’insurpassable dans ce genre-là et on continuera à le lire dans la fascination (par moments! – et pas à tous les âges ! 🙂 ) dans 300 ou 400 ans, sans se préoccuper de tes énervements ni de sa musique, je crois que tu ne peux être que d’accord, non?
Et applique ta propre lecture: lis la citation du prince du soupçon en oubliant qu’il n’a pas composé de grande musique, c’est ce que tu revendiques!
Quant aux bêtises qu’il a écrites sur Brahms et autres, on s’en fiche, s’il n’y avait qu’elles nous ne parlerions pas de lui!
Tu me fais penser à je ne sais plus quelles horreurs ridicules, et ridiculement absolues et définitives, Tolstoï a écrites sur des géants de la musique, encore une fois on s’en fout!
Tolstoï ne nous intéresse que pour ses chefs-d’oeuvre, il en a produit plusieurs, le veinard, pas pour ses errements. C’est toi qui l’as dit. Et moi aussi.
Cordialement.
@Paul Jorion:
Le contraire de quoi?
Vous nous faites de l’éricksonien, là?
Le contraire de la table ?
🙂
à BRL, lisztfr, Pablo75 et autres,
Le débat sur Céline est inséparable de deux caractéristiques des temps modernes dont il est nécessaire de tenir compte pour comprendre le succès de cet écrivain.
1. Céline et son éditeur d’origine ont construit une marchandise culturelle en sachant qur rien de ce qui était écrit, ou allait l’être, ne correspondait à la vérité de la vie et de la pensée de l’auteur et ont su trouver des appuis dans la majeure partie de l’intelligentsia de l’époque, y compris « d’extrême gauche » (Aragon, Sartre et Trotsky qui décide « qu’à travers ce style(…) jaillit et palpite la réelle richesse de la culture française, l’expérience affective et intellectuelle d’une grande nation dans toute sa richesse et ses plus fines nuances ».
Le succès de l’oeuvre littéraire de Céline, au moment de la parution du Voyage au bout de la nuit, est bien plutôt le succès d’une falsification à laquelle ont prété vie grand nombre d’acteurs qui allaient oublier quelques années plus tard comment ils s’étaient fait rouler.
Ce n’est qu’un certain nombre d’années après la fin de la guerre, et après l’amnistie en 1951 du docteur Louis Destouches, défendu par l’avocat Tixier-Vignacourt, par des juges ignares qui ne savaient pas qu’il s’agissait de l’écrivain Céline, que les titres les plus acceptables de l’auteur sont revenus sur la marché, poussés par Gallimard, qui avait en 1946 racheté Denoël après la disparition mystérieuse du fondateur de ces éditions.
2. L’époque à laquelle Céline écrit le coeur de son oeuvre est particulière.
C’est celle de la montée du nazisme, de l’abandon de toute lucidité par la majorité des acteurs pour défendre la démocratie, le refus d’envisager une guerre préventive contre Hitler, le refus de soutenir le vote des républicains espagnols de toutes tendances et la phobie anticommuniste.
C’est aussi l’époque où se développe, à travers la propagande nazie et la diffusion du faux historique les Protocoles des sages de Sion, véritable instigateur de Céline.
Il faut se souvenir qu’avant la deuxième guerre mondiale, l’antisémitisme n’était pas rare et n’était pas le sujet d’oppobre qu’il est devenu, fort logiquement, par la suite.
Cela n’a donc pas de sens d’écrire de nos jours que tel ou tel auteur des années et des siècles, précédents 1936 était antisémite.
Céline est un élément particulier de cette triste époque où plus rien n’était vrai, époque dont je ne suis pas certain que nous soyons sortis.
Quant au succès persistant de Céline, il n’est possible qu’en oubliant de quoi Céline est le produit, ce qui en persiste dans les esprits, et aussi le fait qu’une maison d’édition, aussi prestigieuse soit-elle, n’existe que pour faire des profits.
@ Marlowe
Tu mélanges dans ton texte les vérités et les affirmations fausses.
« Céline et son éditeur d’origine ont construit une marchandise culturelle ». Céline a écrit le « Voyage » en étant totalement inconnu et l’a déposé lui-même chez plusieurs éditeurs parisiens. Drôle de façon de construire une marchandise culturelle…
« Céline et son éditeur […] ont su trouver des appuis dans la majeure partie de l’intelligentsia de l’époque, y compris « d’extrême gauche » (Aragon, Sartre et Trotsky) ». C’est faux. Le livre a été publié et a eu du succès. Et Aragon, Sartre et Trotsky l’ont aimé – sans que Céline et Denoël aient rien fait pour cela. Ta théorie d’une construction a priori d’un succès d’édition montre que tu connais très mal le monde éditorial. Tu confonds les opérations commerciales actuelles montées autour d’un Marc Lévy ou d’un Guillaume Musso avec le succès de Céline en 1932.
« Quant au succès persistant de Céline, il n’est possible qu’en oubliant de quoi Céline est le produit, ce qui en persiste dans les esprits, et aussi le fait qu’une maison d’édition, aussi prestigieuse soit-elle, n’existe que pour faire des profits ». Si je comprends bien, pour toi Céline n’est pas un écrivain et les centaines de grands écrivains qui l’ont admiré (je pourrais te faire la liste) se trompent en confondant une marchandise culturelle créée de toutes pièces par quelques escrocs avec un chef-d’oeuvre de la littérature du XXe siècle. Pour toi donc il faudrait arrêter de le publier dans la Pléiade et expliquer aux millions de personnes qui lisent Céline chaque année dans le monde et aux milliers qui travaillent sur son oeuvre, qu’ils perdent leur temps?
Pour finir, une question qui me taraude: tu as vraiment lu Céline?
à Pablo75,
Je réponds seulement à ta question.
Non, je n’ai pas lu l’oeuvre de Céline dont la « petite musique » m’a toujours donné une mauvaise sensation, avant que je sache pourquoi. Et depuis, je sais pourquoi.
Je ne lis pas non plus les auteurs à succès, justement parce que je sais comment les succès sont construits dans l’univers de l’édition industrielle.
Je ne m’intéresse pas à Céline d’un point de vue littéraire ou artistique, mais du point de vue d’une escroquerie et d’une falsification qui sont largement démontrées (voir les deux citations faites par Paul Jorion). Je m’intéresse à Céline en tant qu’artisan du grand complot antisémite des années 30 et au fait qu’il est une sorte d’archétype de fasciste qui sait se déguiser en « homme de gauche ».
Je pense que le terme employé par Paul Jorion : « crapule », est tout à fait justifié et que Louis Destouches aurait dû, vu ses agissements et, à une époque où la peine de mort n’avait pas été supprimée, être passé par les armes pour sa participation active à l’infamie nazie.
Par ailleurs, je certifie que je ne suis pas quelqu’un qui demande, ou demandera, l’interdiction de quelque livre que ce soit.
@ Marlowe
« Non, je n’ai pas lu l’oeuvre de Céline ».
Je m’en doutais.
« Je ne m’intéresse pas à Céline d’un point de vue littéraire ou artistique ».
Je m’en doutais aussi.
« Louis Destouches aurait dû […] être passé par les armes ».
Je constate que tu es pour la peine de mort (tu devrais lire Camus sur ce thème), y compris pour les délits d’opinion – contrairement à Paul Valéry, Paul Claudel, François Mauriac, Daniel-Rops, Albert Camus, Marcel Aymé, Jean Paulhan, Roland Dorgelès, Jean Cocteau, Colette, Arthur Honegger, Maurice de Vlaminck, Jean Anouilh, entre autres, qui ont demandé à de Gaulle la grâce pour Brasillach.
« Par ailleurs, je certifie que je ne suis pas quelqu’un qui demande, ou demandera, l’interdiction de quelque livre que ce soit. »
Normal, tu préfères passer par les armes les auteurs capables d’écrire des livres polémiques. Comme ça on supprime le mal à la racine.
En fait, je ne sais pas pourquoi tu interviens dans cette discussion, puisque le thème c’est le rapport entre l’Art et la politique, et tu avoues ne t’intéresser absolument pas à la littérature.
à Pablo75,
Le thème général du blog n’est pas entre l’Art et la politique, mais plutôt entre le vrai et le faux, ce qui est plus ambitieux.
Question : pourquoi une majuscule à Art et pas à politique ?
J’ai dit que je m’intéresse à Céline, et à ceux qui persistent à en faire l’apologie en ce beau mois de mai 2012, pour des raisons qui touchent à la Liberté et à l’Histoire.
Céline a même dénoncé à la Gestapo, comme juifs, certains de ses confrères. C’est tout autre chose qu’un délit d’opinion.
Paul Jorion t’a déjà mis en garde.
Que faudra-t-il pour t’arréter ?
N.B. Tous ceux qui veulent en savoir plus sur la crapule Céline et tous ses thuriféraires peuvent lire de Michel Bounan, L’Art de Céline et son temps, aux éditions Allia.
@ Marlowe
J’ai écrit plus haut: « C’était une crapule, un malade mental (un paranoïaque – “Il y a chez lui ce regard des maniaques, tourné en dedans, qui brille comme au fond d’un trou”. E.Junger. Journal), un cynique comme on en a vu peu, mais c’est avec Proust le plus grand écrivain en français du XXe siècle. »
Ce n’est pas assez clair?
J’écris Art avec majuscule et politique avec minuscule parce que pour moi l’Art est beaucoup plus important que la politique.
Daniel Baremboim, grand interpréte de Wagner, premier juif à l’avoir joué en Israel, à la fin de son très intéressant livre « La musique éveille le temps » (Fayard, 2007, p.191) et dialoguant avec son ami palestinien Edward Said, dit: « L’homme Wagner est absolument épouvantable, méprisable et c’est très difficile à concilier avec la musique qu’il a écrite, qui exprime si souvent des sentiments diamétralement opposés: elle est noble, généreuse, etc. Mais nous entrons maintenant dans la question de savoir si elle est morale ou non, et cela devient trop complexe dans un entretien. »
Donc, selon ta logique politique stalinienne, Baremboim, thuriféraire de Wagner, est antisémite.
Bien évidemment qu’il faut éviter les guerres, mais sont-elles évitables dès l’instant où un business les sous-tends?
L’exemple le plus récent est la guerre d’Irak qui a détruit ce pays et qui a dû être reconstruit, le résultat étant des profits énormes pour un petit nombre de fonds d’investissement, pour les industries d’armements, les industries d’infrastructures pétrolières, les industries d’extraction, de constructions, etc…
Le processus a débuté par une mise en condition de l’opinion publique par les dirigeants politiques, plaçant un masque benoît (élimination d’armes de destruction massives+rétablissement de la démocratie) sur les véritables intentions qui étaient celles des financiers désirant réaliser des profits énormes.
Les politiques de l’époque ont bien entendu été récompensés, exemple Dick Cheney chez Halliburton.
Cette guerre a coûté près de 6000 milliard de dollars, coût supporté par la population, une fraction de cette somme aurait pu résoudre le problème de la sécurité sociale aux E.U.
Que dire de la population d’Irak ayant tant souffert, est-elle heureuse d’avoir retrouvé cette forme de « démocratie » cornaquée par la finance internationale?
Dans le domaine de la guerre civile, le cas de l’Espagne en 1936, l’émiettement politique ne permettant pas l’émergence d’un parti manipulable, voit surtout la manipulation de généraux de l’armée par la classe possédante désirant conserver ses privilèges (a revoir, le film de Frédéric Rossif « Mourir à Madrid »)
Il est plus que temps de voir l’émergence de politiques déconnectés de l’influence des milieux financiers et agissant dans l’intérêt des peuples qui les ont élus, c’est à dire en mettant la sphère financière au service de l’ensemble de la population.
On peut rêver…….., quand les foules auront des dents……..!
La guerre?
Business as usual…
http://www.publicsenat.fr/vod/bibliotheque-medicis/la-france-du-nouveau-president-de-la-republique/thierry-breton,jean-pierre-chevenement,clara-gaymar/71902
Clara Gaymard ……Europevision
« Aucun rêve jamais ne mérite une guerre. »
parce que la guerre le tuerait, à l’exception d’un rêve inavouable et inavoué de fin, de mort, collectif. Resterait à laisser passer ce rêve, le légitimer, en taisant « j’ai fait un rêve …. » ?
La guerre, juste au nom de la justice injuste au nom de la vengeance, d’un camp l’autre, à sa déclaration, prend vie, naît, s’autonomise, grandit, adulte indépendante, donne la mort. La guerre naît pour être libre de donner la mort. L’ex vivant, le nouveau mort était-il libre d’accepter ce don ?
J’en doute, il est ordinaire de rêver des dons de morts brutales, propres, rapides, sans bavures, dignes et radicales aux champs d’honneur mais il est extra ordinaire de rêver recevoir des dons de tortures de mutilations d’agonies d’enfants étripés aux champs d’horreur.
Les démocraties occidentales ont délocalisées leurs guerres. Plus jamais ça ….. sur nos sols. En relocalisant les industries, dans le même cadre, elles relocaliseront leurs guerres.
Le non-dit de la guerre : il est possible de revenir de la guerre mais il est impossible de revenir de la mort..
Comment abolir la guerre sans dire la mort ?
Texte fort intéressant, merci beaucoup. A lire toutes ces réactions une question me turlupine. Que font toutes ces personnes pour changer les choses, ne fut-ce qu’à leur niveau ? Ne font -ils qu’écrire, que débattre ? … (tant que j’y suis: n’y-a-t-il pas alors danger d’offrir un espace d’expression « psy » qui évite(ra) l’action ?)
Merci Thomas Bazan.
Échanger, c’est déjà changer les choses. Au-delà du calembour facile, je vous répondrai que c’est parce qu’on n’échange pas assez sur les fondamentaux mortifères de notre civilisation (il paraît que nous serions condamnés à nous faire la guerre, que la griserie qu’elle procure serait irrésistible) qu’on en détermine la permanence. Combien peu, dans l’entre-deux-guerres, se sont dressés contre l’obligation du service du sang dans l’attachement à la patrie ! Combien peu ont remis en cause le bien-fondé d’une armée permanente ! Combien peu ont osé suggérer de remplacer patrie par matrie, car, après tout, ce sont les femmes qui donnent la vie et les hommes qui la dilapident sur les champs de bataille ! C’est dans les mots, l’usage inconsidéré ou spécieux qu’on en fait, que germe l’inaction bovine ou l’action néfaste. C’est là, selon moi, que tout se joue. Le contre-feu part de là aussi.
Cordialement.
On ne peut pas faire l’impasse sur le mal que fait la femme, et dont elle, ni « on » , ne se rend pas compte. Si ses maux ne se manifestent pas de la même façon, sa responsabilité existe, non pas dans les sphères instituées, mais dans les sphères privées . L’innocenter en ferait un sous -homme . La culpabiliser idem . S’il faut libérer quelqu’un c’est bien les deux . La femme peut libérer l’homme. C’est le plus difficile à effectuer, le mâle porte le plus de violence à l’état brut , ce qui ne l’effleure à peine . ( même les sphères des intelligents ont de la brutalité , tout le monde le sait )
ce qui est éteint c’est le Yang dans la femme . éteint ou dévié , je ne sais . Pour ne pas souffrir outre mesure , pour ne pas rentrer en conflit avec celui qu’elle aime, la femme a renoncé à son Yang, devenant hyper passive , . et par compensation, elle est toujours la plus croyante … ce qui autorise la survie des enfants , ou du moins d’y espérer .
le réveil des femmes , leur libération est vitale pour l’avenir de la planète .
Est-ce le lien entre l’homme et la femme qui pourra nous ouvrir d’autres perspectives ? surtout , l’idée que c’est le seul lieu intime , qui ne regarde qu’eux .
On pourra étendre cette idée ensuite à « tout » lien . Nul n’ayant le droit de regard sur la foi d’autrui, sur la relation qu’il entretient dans son esprit . chacun opérant ses noces comme il peut .
ceci n’empêche nullement de se filer des tuyaux , des bons trucs qui permettent d’être heureux.
planète coupée en deux ? la cellule de base, la base du groupe , des sociétés c’est le couple .
on peut faire mal en ne faisant pas , en ne disant pas.
C’est dans une certaine mesure la femme qui donne de l’*intelligence*
P.S. c’est le jugement a priori qui est délicat, par conséquent . et l’écoute, puis l’action qui en découle.
Les hommes ont toujours rejeté la coulpe sur la femme, les femmes aussi .
si une femme est maitresse des désirs normaux des hommes , elle n’est pas maitresse des désirs d’une autre femme sur son homme . il s’instaure une tension , en ce lieu, de féminin à féminin .
n’empêche que l’homme mâle est bel et bien possédé ou non par cette possibilité de traitrise en lui . c’est une question que je pose .
bref, les fautes respectives de l’homme ou de la femme ne sont pas les mêmes . les épreuves qui en découlent non plus .
excusez si j’enfonce des portes ouvertes
Seuls les cauchemars méritent la guerre.
Il reste alors que 2 alternatives,
Accepter la condition bovine (et pourquoi pas porcine)
ou
de donner l’occasion dans le cas ou la conscience reviendrait et serait
appelée le chaos, une répression sanglante.
Existe t il un autre chemin ?
http://www.youtube.com/watch?v=_25mkbnfou0
Le genre d’article qui m’énerve légèrement…
« singer éternellement : affrontement stérile et factice de deux gros partis qui sont d’accord sur les mêmes choses qui ratent, gouvernement d’union nationale pour continuer de se tromper ensemble en se fortifiant des faiblesses de l’autre, éclatement de l’offre politique d’où aucune majorité ne peut se dégager, révolte populaire et instauration d’un comité de salut public où vertueux fanatiques et parvenus criminels se disputent la palme du renouveau national. »
Alors la Révolution en 1789, il aurait mieux valu ne pas la faire, parce qu’il y a un type qui s’est enrichi ?…En attendant, elle a abattu le fascisme monarchique, donné un signal à tous les peuples du monde, instauré nos valeurs essentielles et généré une Constitution que pas mal de pays encore nous envient, sans parler des lois qui ont été votées, des principes d’action et de justice érigés, des hommes d’immense valeur qui agirent pendant ces quelques petites années des citoyens sans-culotte, et nous laissèrent leur témoignage, comme Saint-Just, pour ne prendre que lui.
En général quand on coupe ainsi les cheveux en quatre, c’est parce qu’on fait dans le maximalisme sans débouché, ou parce que notre Aventin a le cul confortablement calé sur du velours.
Il faut casser la machine, et ça se fera pas avec des beaux discours, encore moins avec des chipotages qui désarment et désorientent les gens qui n’en peuvent plus, au quotidien…La dérive éthico-économique est générale, structurelle, comme la défense de ceux qui en profitent; Nous allons vers une révolution en France, et sans doute ailleurs, il n’y pas d’autres issue. Les pouvoirs autoritaires en face se radicalisent à toute vitesse…Le « printemps québecquois » est une escarmouche perdue pour le moment par le peuple, qui vient de recevoir la loi 78 en pleine figure.
Révolution de 1789? Une classe sociale a pris la place, par la guillotine, d’une autre classe sociale…
Oui Bruno mais avec quelques avancées adjacentes dont on ne peut affirmer qu’elles auraient émergé sans quelques malencontreux retards en d’autres circonstances et ce sans méconnaître les reculs subséquents des fins de bal thermidoriennes, napoléoniennes et restauratrices. Les flonflons font encore écho.
Oui Vigneron, la Monarchie absolue était de toute manière à réformer (à minima: Monarchie parlementaire, « à l’anglaise »?).
Tout cela a mené en particulier à la retraite de Russie, qui a été d’un coût humain considérable, pour la France, et à une soi-disant Restauration.
Droit de l’Homme? Plutôt, Droits des hommes, à mettre en avant…
votre remarque souligne létat de déliquescence politique.
le fascisme : les mots ont un sens …………………..
fascisme est devenu synonyme d’abus de pouvoir, voilà tout.
« déliquescence », le mot est faible.
Fascisme : Attitude autoritaire, arbitraire, violente et dictatoriale imposée par quelqu’un à un groupe quelconque, à son entourage. (Larousse en ligne)
Non non @Contempteur!
Vous ne pouvez pas à la fois bavasser et dénoncer le « bavassement ».
Bavasser, ce n’est pas tout à fait mauvais.
Dans quoi peut-être fondée la guerre, la révolte?
Il y a-t-il un mode du complot?
Pourquoi soudain une majorité ne sais plus la paix, et vit la paix comme dans l’oubli?
Comment les transformations se passent-elles suivant la paix et malgré l’oubli?
Il doit bien y avoir une bonne part de désespérance dans l’étalement des regrets où les équilibres, leurs mœurs et leurs représentations s’étiolent.
Il y a bien une transition à opérer, la nécessité d’un blabla pour recourir à la paix?
Pour rester pacifiste, il faut bien blablater….
Pensez-vous vraiment que les camps d’aujourd’hui, s’ils doivent se constituer pour guerroyer soient aussi semblables que dans le passé?
Qui dira qui sont-ils les gens du guerroie-ment?
Après, on pourra blablater avec l’histoire pour reconstituer les raisons et les âmes.
En attendant, c’est quand même urgent de promouvoir toute voie pacifique.
@ Marlowe
Bonjour.
Le « collectif » que j’évoque n’est pas une masse informe et indifférenciée. Il suffit que dans chaque corps constitué, dans chaque classe déterminée, le petit parti de la guerre et le grand parti du « laissons faire ceux qui savent » soient majoritaires ou, s’ils sont minoritaires, qu’ils accaparent l’espace médiatique, investissent massivement dans l’agitprop et pratiquent l’intimidation violente, pour que leurs opposants en soient réduits à l’admonition marginale. C’était vrai dans les années 1930, ça l’est toujours 80 ans après, à ceci près que l’expression marginale n’a jamais disposé d’autant de supports, de relais et d’amplificateurs que de nos jours. Aucun régime totalitaire ne peut s’établir à la faveur d’une crise s’il ne trouve des appuis à tous les niveaux de l’échelle sociale (voyez le régime baasiste en Syrie). Une solide éducation républicaine, une instruction civique digne de ce nom, couplée au rappel des valeurs humanistes, évangéliques (sagesse des Évangiles, hors tartufferie cléricale) et philosophiques auxquelles est adossée la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, devrait limiter – je ne dis pas abolir, je ne suis jobard à ce point – les défaillances et les compromissions. Il est plus facile, dans nos démocraties instruites (si instruites que cela ?), de s’appuyer sur ce fonds pour reconstituer la trame de la solidarité républicaine. L’important, quand la menace se précise, est que les intérêts qu’une guerre servirait, guerre contre un voisin ou guerre civile, soient clairement exposés. C’est là toute la tâche de l’intellectuel pacifiste. Dans le cas où un coup de force serait fomenté dans une démocratie, la riposte de l’insurrection violente est contre-productive, puisqu’elle incite les timorés à préférer l’ordre liberticide au charivari révolutionnaire. La désobéissance civile, à condition qu’elle soit transcatégorielle, me paraît un outil plus efficace. La désorganisation des services qui en résulte invalide l’argument de l’ordre rétabli. Qu’en pensez-vous ?
Cordialement.
Regardez la guerre civile en Espagne et relisez-vous.
Bah oui, justement. La guerre civile est un bel exemple de ratage militaire, politique et intellectuel, qui n’est pas entièrement imputable à la jeunesse de la république espagnole et à l’impréparation des hommes de gauche (la gauche étant, dans ce cas précis, un nuancier complexe). L’interventionnisme des soviétiques et des fascistes allemands et italiens compliquait l’équation. Ce ratage a beaucoup donné à réfléchir à un type engagé comme Orwell. La République française aurait-elle dû s’engager carrément, avancer de quelques années le conflit mondial qui en était à la générale ? Les mouvements pacifistes étaient divisés sur la question. Fallait-il liquider le fascisme avant d’envisager le désarmement global ? Le risque valait-il d’être couru ? On aurait eu combien de millions de morts en moins, combien de Guernica et de Dresde en moins ? Ces supputations sont vaines, selon moi. Elles détournent de la veille assidue qu’il nous faut pratiquer présentement. Travaillons à empêcher que ne se reforment les conditions de déclenchement d’un tel conflit. Si, malgré tout, il devait se produire, il faudrait se battre, oui, avec toutes sortes d’armes. Il n’en manquera pas, puisque c’est cela même qui alimente le cycle guerrier.
Francisco de Goya, Tres de Mayo (1814)
Encore trop beau!
@ Éric L
Responsabilité partagée de l’homme et de la femme dans la perpétuation du lyrisme guerrier, en effet. Alain, si je me souviens bien, y consacre quelques pages, dans Mars ou la guerre jugée. Il condamne l’hommage de la fécondité au gaspillage, de la victime récurrente (les viols sont souvent, encore de nos jours, la deuxième solde du soldat, qui se paie sur la bête : http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2011/12/14/2660496_un-viol-toutes-les-3-heures-dans-l-armee-americaine.html) au victimaire récidiviste. Si les femmes refusaient leurs bras et leur sexe aux guerriers de retour du front, si elles les accablaient d’injures au lieu de lauriers, la gloriole militaire se dégonflerait d’un coup.
BRL,
Le Diable au corps et Marthe plutôt que la « chienne de Buchenwald », Ilse Koch ou les serbo-castreuses de bosniaques, sans parler des générations de génitrices à chair à canon.
Mais pas que pendant la guerre . il y a un manque de reconnaissance , et une volonté de domination , en premier lieu là . ce qui instaure un dualité sans unité , peu à peu vers l’ensemble .
le désir , souvent incriminé comme cause, ne l’est pas s’il se situe dans des limites connues , s’il ne donne pas lieu à des besoins insensés, des envies non maitrisées .
c’est assez étonnant quand même cette condition de l’Homme : cet Être nait soit dans le mâle soit dans la femme , à gauche ou à droite , froid ou chaud, nord ou sud . ayant chacun sa nécessité , et par conséquent on a toujours une lutte interne qui s’y déroule . Ou non
cette lutte peut également se trouver en la personne, par défaut . ce qui n’empêche qu’en un, seul, il y a du féminin et du masculin ayant chacun leur penchant, comme cerveau gauche ou droit .
le problème , c’est qu’elles incitent leur bonshommes à gagner des parts de marchés , non ?
concurrence oblige .
bref, il y a dans le commerce des couples comme un début de commerce 😉
et si les hommes n’avaient pas de bras comment pourraient ils embrasser ?
( j’ai trouvé horrible cet épisode durant lequel les Romains avaient mutilés les bras des guerriers espagnols vaincus )
Bras , Arms en glaise
et à la manière de brassens ?
quand je vois fernande… papa ça n’se commande pas…
c’est impossible. une belle femme, ça fait envie.
le monde tourne, il n’est pas figé.
une remarque philosophique de premier ordre.
@ Vigneron (rebond sur la remarque de Marlowe)
Alain n’était pas un idéaliste. La guerre, il l’a faite, comme artilleur volontaire, alors qu’il avait passé l’âge de la mobilisation. Il était aussi en première ligne du combat contre la peste brune, au sein du Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes, créé malheureusement trop tard. Quel est son argument pour refuser d’appuyer la demande des pacifistes les plus enragés de soutenir une intervention contre Hitler dans la Ruhr et contre Franco en Espagne ? Je paraphrase : « Vous voudriez que moi, vieillard, j’envoie des jeunes se faire tuer parce que je n’ai pas su empêcher, malgré mon entregent et mon aura médiatique, la montée des périls ? Ce sera non. » Il mettait précisément le doigt sur ce qui permet aux toqués qui nous gouvernent d’étendre leur rayon de nuisance : le consentement de la jeunesse en âge de porter les armes à servir leurs desseins létaux. Je veux croire que les conditions qui ont conduit aux deux conflits mondiaux ne sont plus réunies de nos jours. Le contrat générationnel est en passe d’être rompu. Il est douteux que la jeunesse occidentale (ensemble très plastique et que je ramasse maladroitement pour les besoins du propos) se laisse à nouveau entraîner dans des conflits dont elle pressent ou connaît l’enjeu subreptice : le maintien d’un désordre établi. Elle n’enverra peut-être pas promener les sergents recruteurs pour des motifs nobles, dûment référencés dans les manifestes politiques du siècle passé. Il se peut même qu’elle prenne le maquis pour assurer sa seule survie, mais ne fût-ce que pour ce motif-là, elle témoignerait d’une maturité qui a fait constamment défaut aux plus roués des realpoliticiens. Alain était radical. Si vis pacem, para pacem. Il n’y a pas de soldats de la paix. Vous vous dites pacifistes ? Eh bien, si vous faites la guerre aux fascistes, il vous faudra des armes. Qui fabriquera vos armes ? Un industriel qui se moque bien du régime du pays qu’il fournit et qui arrose peut-être tous les belligérants à la fois. Vous croyez qu’une fois l’ennemi vaincu, l’industriel va gentiment accepter de voir péricliter son fond de commerce ? Il y a plusieurs façons d’enrayer la machine de guerre. Un gouvernement peut démanteler son arsenal et son complexe militaro-industriel. C’est un premier geste fort qui désamorcera l’accusation de préparer en sous-main la prochaine guerre. Par ailleurs, nous avons la chance de vivre – encore pour un temps – dans une union de pays dont les jeunes citoyens transhumants ont perdu le goût, voir le souvenir des vieilles haines vicinales. Si, dans ce cadre, un pays menace un autre pays qui serait devenu vulnérable, suite à une démilitarisation, les jeunes citoyens des deux bords, sur qui repose l’avenir, peuvent tout à fait se mobiliser pour saboter les menées belliqueuses du premier. La jeunesse n’est plus aux ordres. Elle répond sans doute à d’autres stimuli aussi critiquables, mais celui de la guerre, je doute qu’elle y cède volontiers. Autre chance : à part le vent et le temps de cerveau disponible, l’Europe n’a pas de ressources majeures à offrir aux pillards. Elle n’a que des hommes, relativement bien formés et pas disposés à se laisser plumer sans piper mot. Enfin, quelle gloire retirer de l’attaque d’un pays désarmé ? Tout juste une délectation morose, celle du shoot them up.
C’est ça Brl, l’aurait fallu envoyer un radical réaliste comme Alain à Munich, à la place de Dalladier, l’aurait fait mieux, sûr…
Libre à moi de trouver plus radical de chercher à éteindre dans l’œuf la manie homicide que d’attendre, pour la révolvériser, qu’elle mette la main sur la première arme qui traîne. Il était sans doute trop tard, en 1938, pour mettre en place ce que je préconise. Comprenez Alain. Si la boucherie s’enclenchait à l’initiative de pacifistes antifascistes, au nom d’un désir de paix qu’on ne s’était pas donné la peine de pousser jusqu’au bout de sa logique, moralement, c’était intenable.
Je voudrais aussi ajouter celle-ci, et de dimension planétaire, le manque d’une croissance à l’accès de l’énergie.
La guerre 14 à eu lieu quand les réserves de charbon étaient à peine égratignées, la guerre 40 a eu lieu alors que la production de pétrole venait de décoller au Texas.
Mon rêve n’a rien à voir avec la guerre, mon père l’a vécu et en est revenu avec des blessures à l’épaule, son témoignage m’a suffit à considérer les choses autrement.
C’est un certain Mad Max qui me fait peur
J’ai pas envie d’envoyer mes (6) petits fils aux champs de bataille ou les voir combattre dans des gangs , je me batterai avec eux pour construire autre chose.
Bonjour à tous,
Deux petites précisions: Concenant Hjalmar Schacht, ce dernier était opposé à la politique de réarmement du NSDAP; il quittera le ministère des finances du Reich en 1938.
Concernant Céline, le « Voyage » est non seulement un livre profondément antimilitariste mais aussi anticapitaliste, il n’est que de relire le passage hallucinant de la visite à Wall Street.
tompouce, bon alors deux braves gars finalement hein ? 1938… c’est tard.
James Martin, chef du service des affaires concernant la guerre économique au ministère de la Justice Us, fit des recherches sur l’organisation de l’industrie nazie et a rapporté les faits suivants dans « All Honorable Men » :
Et c’est bien lui qui a initié la lettre-pétition des barons de l’industrie allemande à Hindenburg en faveur d’Hitler. Vous trouverez la pétition en annexe plus quelques détails ci-dessous :
http://www.mariosousa.se/QuiavaitpayeetarmeHitler.html#_ftn56