L’EXPÉRIENCE DE L’ÉVEIL, par Thierry Melchior

Billet invité.

J’ai dans un précédent billet, évoqué les traditions de sagesse et de spiritualité et ce qu’elles pourraient nous apporter pour affronter la crise économico-financière et énergético-climatique que nous traversons. J’aimerais en préciser certains aspects.

Il existe donc un type d’expérience très particulier que l’on appelle « éveil », « libération », « illumination », « transe mystique », « extase », « anéantissement », « nirvana », « moksha », « satori », « samadhi ». On en trouve des descriptions dans de très nombreuses cultures de par le monde et depuis très longtemps. Elles surviennent dans des contextes de pratiques religieuses (ou apparentées), mais elles peuvent également survenir spontanément chez des personnes qui ne sont pas croyantes ou le sont fort peu comme le montre le philosophe et spécialiste de la pensée indienne Michel Hulin qui y a consacré un livre remarquable, « La mystique sauvage » (PUF, 2008). Elles peuvent également survenir suite à l’absorption de certains psychotropes comme la mescaline ; parmi d’autres, Aldous Huxley en décrit les caractéristiques dans « Les portes de la perception », Éd. 10:18, 2001), et il n’hésite pas à rapprocher ces caractéristiques des propos qu’un mystique comme Maître Eckhart peut tenir.

Le mot « mystique » a souvent pris un sens assez péjoratif. On l’assimile volontiers à une sorte de délire religieux, à une crise d’irrationalisme aigu, à une manifestation d’obscurantisme attardé digne de moines ignorantistes d’autrefois. De nos jours, cependant, de plus en plus nombreux sont ceux qui dans nos pays s’intéressent au bouddhisme ou à d’autres courants relativement proches dont l’objet est en lien direct avec l’éveil. Les recherches sur le fonctionnement du cerveau semblent également les trouver dignes d’intérêt.

Il serait en tous cas utile de prêter attention à ce type d’expériences, ne serait-ce que parce qu’elles semblent avoir joué un rôle majeur dans l’évolution de nos sociétés et parce qu’elles peuvent éventuellement jouer encore un rôle dans la suite de cette évolution.

En quoi consistent-elles ? Elles se caractérisent en général par les quatre aspects suivants qu’a relevés le philosophe et psychologue William James (« Les formes multiples de l’expérience religieuse », Éd. Exergue, 2001).

Ces états sont, tout d’abord, relativement ineffables : « le sujet qui éprouve un tel état de conscience dit qu’il ne peut trouver des mots pour l’exprimer. » (id.) C’est sans doute pourquoi en sont solidaires toutes les formes de théologie négative apophatique

Ensuite, ces états « apparaissent au sujet comme une forme de connaissance. Ils lui révèlent des profondeurs de vérité insondables à la raison discursive » (id.) (intuition). Ce caractère de vraie connaissance de l’expérience mystique est sans doute le plus discutable ; il serait sans doute plus juste de dire que, même si elle apparaît comme telle à celui qui la vit, elle est simplement une expérience différente (aussi sublime soit-elle) de l’expérience ordinaire.

Troisièmement ces états sont instables : « les états mystiques ne peuvent pas durer longtemps. Sauf de rares exceptions, au bout d’une demi-heure, tout au plus d’une heure ou deux, ils s’évanouissent à la lumière de la conscience normale. Une fois évanouis, leur qualité propre est difficile à reproduire par la mémoire ; mais quand ils reviennent, elle est reconnue ; chaque expérience laisse l’âme plus riche, plus épanouie. » (id.). J’ajouterais que les voies spirituelles ont principalement pour vocation de renforcer la stabilité et la permanence de ces états.

Enfin, ces états impliquent une forme de passivité du sujet qui les vit. James observe en effet que si l’on peut favoriser l’apparition des états mystiques par la mise en œuvre délibérée de certaines techniques, il n’en reste pas moins que, quand cet état de conscience s’installe, « le sujet sent sa volonté paralysée ; parfois il demeure même comme dompté par une puissance supérieure. » (id.). Cette impression est évidemment de nature à favoriser la croyance en une Force supérieure.

À ces quatre traits (ineffabilité, intuition, instabilité et passivité) relevés par James, on peut ajouter quelques autres. Un cinquième aspect est, par exemple, le fait assez constant que cette expérience s’accompagne d’un intense sentiment de joie, de félicité, de plaisir, qui n’est pas liée à une cause particulière. C’est une « joie sans objet », pour reprendre la formule du titre d’un livre de Jean Klein sur son expérience du vedanta. La pure et simple joie de vivre, d’être vivant, la joie d’exister, marque à tel point cette expérience que les joies ordinaires semblent, en comparaison, de bien peu de prix.

Parfois ce n’est pas tant la joie qui domine qu’un sentiment un peu différent, même s’il en est proche, celui du beau. Le sujet vit ce qu’il perçoit comme d’une beauté indicible, même s’il s’agit en fait d’une réalité relativement banale, voire « moche », aux yeux de la conscience ordinaire.

Sixième trait, la fusion : le sujet semble faire l’expérience d’une sorte d’immersion réciproque entre lui-même et la réalité. Comme si la différence sujet-objet s’abolissait dans un sentiment d’identité, d’inhérence réciproque entre soi et le monde.

Septièmement, l’atemporalité : la dimension temporelle semble profondément affectée. La personne vit une sorte d’abolition du temps qui prend souvent la forme d’un sentiment d’éternité, voire d’immortalité, tant de ce qui est perçu que de soi-même (les deux se fondant l’un dans l’autre). C’est sans doute là l’une des racines de la foi dans la survie de l’âme après la mort.

En huitième lieu, il arrive fréquemment, même si ce n’est pas toujours le cas, qu’un sentiment d’angoisse puisse accompagner la survenue de cet état, parfois même l’accompagner pendant toute sa durée. Mais dans de tels cas, il est permis de penser (avec Hulin) que la personne ne se laisse pas totalement aller dans l’expérience, qu’elle tente, en somme, de lui résister. Ce n’est en tous cas pas un caractère constant.

Autre trait qui est, lui, extrêmement fréquent, la soudaineté de l’expérience ; la plupart des témoignages utilisent ces mots «soudain», «tout à coup», «brutalement», «en un instant»… Par ce caractère soudain, ce genre d’expérience fait penser à ce qui se passe quand on contemple un dessin (ou, mieux encore, un stéréogramme) susceptible d’être vu de deux manières, selon deux formes (Gestalten) différentes. Ou bien c’est l’une qui s’impose, ou alors, mais brutalement, c’est l’autre.

D’autres caractéristiques pourraient sûrement être relevées et celles que j’ai, à la suite de W. James, retenues, ne sont certainement pas exhaustives.

Ces expériences, se retrouvent, encore une fois, dans à peu près toutes les cultures, probablement même dans toutes, mais bien sûr, chacune de celles-ci les modulera d’une façon particulière. Un mystique chrétien vivra l’expérience comme une rencontre avec le Christ, un hindou, peut-être comme une rencontre avec Vishnou ou Shiva…

Un certain nombre de principes et de pratiques ont été élaborés pour en favoriser l’émergence et / ou pour permettre de la stabiliser dans la mesure du possible. Ces principes et ces pratiques peuvent différer d’une culture à une autre, d’une École à une autre. Elles peuvent inclure notamment la solitude prolongée, le jeûne, la privation de sommeil, le silence, la mortification, l’exposition à la douleur, l’humiliation de soi, l’exposition volontaire au répugnant, la chasteté absolue ou au contraire la licence sexuelle la plus débridée, le contrôle de la respiration, la récitation de mantras ou de prières, la consommation ritualisée de drogues, la danse ou diverses formes de méditation.

En dépit de cette grande diversité de techniques, les voies susceptibles de mener à l’éveil comportent souvent des aspects communs. Je me bornerai à en évoquer rapidement quelques-uns.

Elles visent généralement à favoriser un détachement, une prise de distance par rapport au « mental », par rapport à la pensée conceptuelle, analytique, discursive. L’utilité pratique de celle-ci n’est généralement pas niée, c’est son emprise sur notre vie qui est considérée comme posant problème. Certaines voies « intellectualistes » visent à l’utiliser pour permettre de s’en libérer (un peu comme par une sorte de judo). Les koans du bouddhisme zen Rinzai, sortes d’apories ou de double binds, en seraient un exemple, mais peut-être aussi une bonne part de la philosophie antique, si l’on en croit Pierre Hadot (« Qu’est-ce que la philosophie antique ? », Gallimard, Folio, 1995, « Exercices spirituels et philosophie antique », Albin Michel, 2002). Selon lui, la philosophie avait pour vocation principale (en tous cas jusqu’au XIIème siècle) non pas tant l’atteinte de la vérité que la transformation intérieure du disciple, son cheminement vers la sagesse. Elle comportait à cet effet des exercices spirituels et nombre de ces exercices étaient les mêmes dans des Écoles différentes (voire opposées). Mais elle mettait sans doute en œuvre moins de techniques du corps (favorisant la « déprivation sensorielle » ou la perte des repères habituels) que les approches orientales des « gymnosophistes ».

La prise de distance par rapport au mental peut s’effectuer notamment par l’adoption d’une position de spectateur, de témoin, par rapport à ses propres pensées, ses émotions, ses perceptions. Il s’agit de se désidentifier à elles, en les accueillant et en les observant, en méditation ou dans les actes de la vie quotidienne.

La pensée étant avant tout « ensembliste-identitaire » (Castoriadis), comparaison, relevé de ce qui semble identique et de ce qui semble différent, les couples antithétiques (avant / après, soi / non-soi, soi / autrui, agréable / désagréable, bon / mauvais, bien / mal, vrai / faux, sacré / profane…) perdent de leur importance. Par la même occasion, cette position de témoin favorise ainsi une perte d’identification à son Ego, un passage à l’impersonnalité.

Elle favorise aussi l’orientation vers la réalité présente, le moment présent, et diminue donc l’orientation vers le passé ou vers le futur. L’acceptation de ce qui est, de ce qui vient, quoi que cela puisse être, le non-agir, le non-effort (wu wei du taoïsme), le non-attachement au résultat de son action (Baghavad Gita), l’amor fati devient une manière d’être. Non pas une règle ou un principe à respecter, ce qui serait encore un attachement à la pensée, mais une manière d’être, une manière de vivre.

L’un des paradoxes de l’expérience de l’éveil sera donc que si l’on cherche à l’atteindre, on risque fort de manquer son but. Vouloir atteindre un but étant une attitude orientée vers un avenir imaginé, ce n’est certainement pas ce qui nous permettra de vivre dans le présent. On peut certes adopter, si on le souhaite, des pratiques susceptibles de favoriser l’éveil, on peut ainsi se proposer de l’atteindre, mais le viser comme un but est sans doute la meilleure façon de passer à côté. (Il y a des étoiles qui ne peuvent être vues que si on regarde à côté).

Il faut bien reconnaître, du reste, que ceux qui l’atteignent durablement ne semblent pas très nombreux. Beaucoup d’appelés peut-être, mais bien peu d’élus dans les faits…

Toutefois, on peut aussi considérer que les principes et pratiques susceptibles d’éventuellement mener à l’éveil sont dignes d’intérêt parce que, même quand ils n’y mènent pas, ils sont au moins susceptible de favoriser, à un degré ou à un autre, l’ataraxie et l’apathéia (que l’on ne peut plus transcrire par « apathie » sans risquer le contresens). Ils peuvent nous aider à être plus résilients, moins vulnérables pour aborder les temps troublés dont nous nous approchons à vive allure. Ils peuvent notamment nous aider à moins dépendre de l’acquisition de biens pour apaiser nos peurs et ils peuvent nous aider à passer ainsi dans un monde post-productivo-consumériste.

Pour faire très bref, les trois problèmes principaux que ces principes et pratiques me paraissent poser sont surtout ceux de l’individualisme, de l’apolitisme et de l’amoralisme.

La société d’individus qui s’est constituée en Occident (« Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres », disait Tocqueville) trouve probablement une partie de ses racines dans cet héritage « mystique ». La figure du « renonçant » – « individu-hors-du-monde » – est, selon Louis Dumont, l’ancêtre de l’individu moderne (même s’il fallut encore plusieurs étapes à celui-ci pour se constituer dans sa forme actuelle). Le repli sur soi est sans doute le danger qui va de pair avec le retour de ces pratiques. Par ailleurs, par suite d’une série de contresens, les églises chrétiennes ont diffusé une idéologie doloriste (héritée des pratiques ascétiques) qui a sans doute contribué, par la répression du plaisir et du corps et par la culpabilité et les frustrations qui en résultent, aux problèmes qui sont les nôtres aujourd’hui.

L’apolitisme est un corollaire de l’individualisme. Mettre en œuvre dans son coin les moyens permettant d’atteindre une forme de sagesse, devenir un bisounours « peace and love » en s’abstenant d’intervenir dans les débats de la polis, reviendrait à consentir à abandonner une part essentielle de l’humanité de l’homme, le fait qu’il est un animal social.

L’amoralisme, enfin, pose également problème. On peut certes considérer que celui qui atteint la sagesse, à plus forte raison l’éveil, atteint en même temps un niveau d’empathie tel qu’il traitera spontanément autrui comme lui-même, mais tout le monde n’atteindra pas un tel stade et il restera donc toujours un minimum de règles morales à conserver (ou plutôt à restaurer), celles qui, peut-être, pourraient être subsumées sous une « common decency » qu’il s’agirait d’ailleurs de préciser au moins dans une certaine mesure. En particulier, quels « tabous » hérités du dolorisme gréco-judéo-chrétien (surtout chrétien, en fait) s’agira-t-il de maintenir ? Quels « tabous » s’agira-t-il de continuer à combattre parce qu’ils favorisent une répression nocive de soi-même ? Est-il possible de réconcilier spiritualité et politique, spiritualité et morale ? Ce sont, en tous cas, quelques questions qu’il me semble utile de travailler.

 

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445 réponses à “L’EXPÉRIENCE DE L’ÉVEIL, par Thierry Melchior”

  1. Avatar de BAIN
    BAIN

    Et puis…
    je ne sais pour les autres commentateurs, mais personnellement, lorsque je vais sur le Blog de P. JORION et c’est très récent… mmmh, j’ai l’impression de rentrer en clinique. (J’me comprends tout seul) Non que cela me dérange, car je me prête spontanément au jeu, sans arrière-pensée ni malice, non, juste un peu malin :
    A malin, malin et demi (proverbe)
    Et tel sera pris qui croyait prendre ; le proverbe africain recommande de répondre à la ruse par la ruse, en poussant à la contradiction l’auteur de la feinte sur le terrain même de son astuce.
    A méditer…
    Selon Akam Akamayong, cela pourrait être, par exemple :
    – « Par exemple le discours humaniste des pays occidentaux et organisations internationales leur confère un lustre international et une bienveillance notamment des pays du Sud souvent paupérisés par…Une lecture du proverbe inciterait à prendre les humanistes et tiers-mondistes occidentaux au mot de leur volontarisme face à l’aide et au développement, par exemple en suspendant les paiements des dettes qui asphyxient les économies et multiplient la misère et les conflits sociaux.
    mais aussi :
    – « Le nouveau credo des firmes multinationales, des institutions de la mondialisation et des Etats occidentaux est la transparence…Que soient rendus publics les montants des commissions versées aux intermédiaires occidentaux et non-occidentaux lors de la signature des grands contrats -TGV, Boeing, pétrole, armement…-, et on verra ce qu’il en est de la transparence. Dans la plupart des démocraties occidentales transparentes donc, des sociétés privées financent directement ou indirectement les partis politiques et hommes politiques de tout premier plan, les noms des bénéficiaires de ces mannes et de leurs généreux donateurs peuvent-ils être connus sans efforts excessifs ?
    Quand une institution fait semblant d ‘être transparente, on publie ses comptes en Suisse, au Luxembourg et les noms de ses sociétés-écrans dans les paradis fiscaux ?

    Enfin, pour revenir au travail d’anthropologie et comme dirait l’autre :
    – On ne naît pas anthropologue, on le devient, comme :
    – « On ne naît pas homme on le devient ». Disait Erasme
    – « On ne naît pas citoyen on le devient » Selon Spinoza
    Mais un fois que l’on a la vocation vraie de l’être, c’est pour TOUT, et applicable à TOUT, tout le temps…C’est pareil avec la Peinture ! Une fois que l’on est vraiment tombé dedans…
    (J’me comprends tout seul)
    Et donc en conclusion : pour Nous, aussi, brebis égarées ou non de ce blog… nous sommes toutes dans ce même grand « BAIN » anthropologique.
    Il est où Big Brother, il est où le loup ? Que voulez-vous , James?… Ainsi soit-il !
    Encore une fois, il n’y a pas de mal, bien au contraire, quand la marche fondamentale est : RÉVÉRENCE À LA VIE (Théodore Monod) Point final.

  2. Avatar de Ando
    Ando

    Un petit livre facile à lire « Le grand sommeil des éveillés » de Daniel Odier. Sinon, cette réflexion de la belle Simone Weil (1909 1943) « L’imagination travaille continuellement à boucher toutes les fissures par où passerait la grâce ». Une autre manière de dire que dans ce domaine il ne sert à rien de se payer de mots.

  3. Avatar de psychicorps
    psychicorps

    « Île », d’Aldous Huxley. La mystique du « matérialisme concret ». et du « Présent, les gars ! »
    J’en parle à l’instant à ma femme qui n’a pas tout-à-fait terminé sa sieste. Etat second. Sentiment subliminal d’inclusion. Synesthésie transpersonnelle aperceptive des conditions a priori kantiennes. Les pieds sur terre, oui mais dans l’univers, faudrait pas croire.

  4. Avatar de Nemo3637
    Nemo3637

    « Que le sentier qui mène vers ton chemin te conduise enfin vers une route ».
    (Citation personnelle).

  5. Avatar de Franck Barron

    L’éveil est exactement le contraire de ce que vous racontez, c’est l’inverse d’un état de conscience modifiée, c’est l’absence de désir, de haine, de souffrance, c’est pour cela que l’on parle de libération, c’est un non état. C’est le contraire d’une expérience mystique, maintenant vous avez lu des livres de gens qui racontent leur expérience de petit orgasme personnel et vous y croyez, grand bien vous fasse.

    1. Avatar de Leboutte

      Franck Barron:
      Je crois que vous vous méprenez en raison du fait que les religions se sont plus ou moins approprié l’expérience de l’éveil, comme elles se sont par exemple approprié « la foi ». La foi est une propriété de l’être vivant que nous partageons avec les autres espèces, limace comprise, par exemple.

      Je tiens l’expérience de l’éveil comme une partie constituante de l’expérience humaine, ne postulant en rien la croyance en un ou plusieurs dieux. Il me semble que c’est assez clair chez certains auteurs du bouddhisme zen comme je le dis ici plus haut.
      Le recours au discours religieux local a pour buts d’ôter à l’expérience son caractère dérangeant pour les dogmes de toute espèce, et de produire une relation politiquement ou culturellement correcte. Si Thérèse d’Avila n’avait pas exprimé ses états de conscience en termes très catholiques, elle aurait été conduite au bûcher.

      1. Avatar de Franck Barron

        Un bel exemple d’annerie zen dont vous semblez vous être entiché : on coupe un ver en deux dans quel partie se trouve la nature de bouddha, cela représente la sottise crasse que représente le zen, Dogen est au bouddhisme ce que l’astrologie et à l’astronomie.
        Le zen n’est qu’une corruption du message du bouddha, quand à Thérèse d’Avila elle n’a jamais eu la connaissance de la parole du bouddha, elle ne peut savoir ce c’est que l’éveil.

        A propos du ver coupé en deux,
        voici la version de M°Dõgen dans le ch.3 « Busshõ » du Shõbõgenzo :

        Chou le moine chargé des affaires cléricales de l’assemblée des moines dirigée par Ching-ts’en du Mt. Chang-sha, demanda une fois à son maître la question suivante : « Quand un ver-de-terre est coupé en deux, les deux parties bougent. Je me demande laquelle des deux a la nature-de-Bouddha ? » Ching-ts’en répliqua : « Arrête ta pensée illusoire ! » « Mais comment expliquez-vous leur mouvement ? » Riposta Chou. « C’est parce que leur corps ne se sont pas encore dissous (dans les quatre éléments). » Est-ce que la question de Chou au sujet d’un ver-de-terre coupé en deux devrait être interprétée comme si il voulait dire (il assumait) que le ver-de-terre était originellement un ? Une telle interprétation n’est pas celle des Bouddhas et des patriarches. Le ver-de-terre n’était ni originellement un, ni il devint deux quand il fut coupé au milieu. Une attention particulière devrait être donnée au sens des mots « un » et « deux ».

        Devrions-nous penser que le « deux » de « les deux parties bougent » se réfère au « un » ver-de-terre en opposition à sa (position précédente d’être coupé en deux) ? Ou se réfère (encore une fois par contraste) au « un » de « une (nature-de-Bouddha) » ? Nous ne devrions pas traiter le sens des mots « deux parties » légèrement, seulement parce qu’il y a une question de savoir si Chou comprit ou non leur sens correctement. Puisque les deux parties coupées étaient originellement un (ver-de-terre), est-ce possible pour elles d’être une (nature-de-Bouddha) séparée ? Les mots : « les deux bougent » sont utilisés pour décrire le « mouvement ». Ceci se rapporte au fait que le samâdhi secoue (les racines de) l’illusion, et prajña la déracine. Ces deux actions ne sont rien d’autre que le mouvement.

        Au lieu de dire : « Je me demande lequel des deux a la nature-de-Bouddha ? » Il eut été meilleur pour Chou d’avoir dit : « Quand la nature-de-Bouddha est coupée en deux, je me demande quelle partie a le ver-de-terre ? » Ces mots devraient être considérés avec précaution. Est-ce que les mots : « Les deux parties bougent, je me demande laquelle a la nature-de-Bouddha » devraient-ils être interprétés comme signifiant que si les deux parties bougent, la nature-de-Bouddha ne peut plus de ce fait exister ? Ou devraient-ils être interprétés comme signifiant que depuis, en terme de mouvement, que les deux parties bougent, laquelle des deux a la nature-de-Bouddha ?

        Ching-ts’en dit : « Arrêtez votre pensée illusoire » Le véritable sens de ces mots est comme suit. En premier (cela va sans dire) il prévenait Chou contre les pensées illusoires. Est-ce que ses mots devraient être interprétés comme signifiant que lorsque les deux parties bougent il n’y a pas de pensée illusoire, ou que les mots « Les deux parties bougent » ne sont pas des pensées illusoires, ou que la nature-de-Bouddha n’a pas de pensées illusoires, ou que ce n’est pas une question de la nature-de-Bouddha ou « les deux parties » du tout, ou simplement qu’il n’y a pas de pensée illusoire ? Ces questions devraient être sérieusement étudiées.

        Les mots : « Mais comment expliquez-vous leur mouvement ?  » devraient-ils être interprétés comme signifiant que depuis que les deux parties sont en mouvement, c’est une question d’empiler une nature-de-Bouddha par-dessus une autre ? Ou bien, devraient-ils être interprétés comme signifiant que depuis que les deux parties sont en mouvement, elles ne sont pas la nature-de-Bouddha ?

        Les mots : « C’est parce que leurs corps ne sont pas encore séparés (dans les quatre éléments) » devraient être considérés comme manifestant la nature-de-Bouddha.

        Rien ne devrait être dit, toutefois, en ce qui concerne la question si c’est la nature-de-Bouddha ou les quatre éléments qui se séparent, ou les deux. De la même façon, rien ne devrait être dit en ce qui concerne la question si oui ou non la nature-de-Bouddha et les quatre éléments sont mutuellement exclusifs, ou si les quatre éléments sont eux-mêmes la nature-de-Bouddha. C’est pour cette raison que Ching-ts’en, évitant la question de savoir ou non si un ver-de-terre a la nature-de-Bouddha, dit simplement : « Arrêtez votre pensée illusoire ! » et : « C’est parce que leurs corps ne sont pas encore séparés (dans les quatre éléments). » Afin de vraiment comprendre le fonctionnement de la nature-de-Bouddha, il est nécessaire d’étudier soigneusement les mots de Ching-ts’en.

        Ses mots : « C’est parce que leurs corps ne sont pas encore séparés (dans les quatre éléments) » doivent être examinés tranquillement. Quel est le sens des mots : « pas encore séparés » ? Devraient-ils être interprétés comme signifiant qu’il est encore trop tôt pour que les quatre éléments se séparent ? Définitivement non ! Les mots : « Les quatre éléments ne sont pas encore séparés  » sont un cas (un exemple) de Bouddha enseignant la Loi. Les mots « ne sont pas encore séparés dans les quatre éléments, d’un autre côté, sont le cas de la loi enseignant le Bouddha. Dit d’une façon différente, le temps est venu pour le Bouddha d’exposer la Loi avec un mot (un son). La Loi et un son, sont en fait, la même chose ; car c’est la Loi d’un son.

        Il y en a qui pensent que la nature-de-Bouddha existe seulement dans la vie, et non dans la mort. Vraiment, ceux qui pensent de cette façon ont peu entendu et ont seulement une mince compréhension (de la Loi). La nature-de-Bouddha est à la fois existante et non-existante dans la vie, comme dans la mort. Discuter de la question de la séparation ou de la non-séparation des quatre éléments, c’est discuter de la séparation ou de la non-séparation de la nature-de-Bouddha. Même après la séparation (des quatre éléments), la nature-de-Bouddha est à la fois existante et non-existante. Même avant la séparation (des quatre éléments), la nature-de-Bouddha est à la fois existante et non-existante. Les non-Bouddhistes, cependant, croient par erreur que l’existence de la nature-de-Bouddha dépend du mouvement, ou de la conscience mentale, ou de sa connaissance. Depuis les temps anciens il y a eu de nombreuses personnes ignorantes qui ont identifié la conscience mentale avec la nature-de-Bouddha, croyant que cela était l’illumination. Peut-il être trouvé quoi que ce soit de plus ridicule ?

        Bien que développer davantage au sujet de la nature-de-Bouddha ne soit pas différent que d’offrir de l’eau à un assoiffé (si je devais dire quelque chose de plus) ce serait que la nature-de-Bouddha est :  » les clôtures, les murs, les tuiles et les cailloux. » Devrais-je donner une explication plus complète de la nature-de-Bouddha, que pourrais-je dire ? Que la nature-de-Bouddha a trois têtes et huit bras. Comprenez-vous complètement ?

        Délivré à l’assemblée des moines du Temple de Kõshõji le 14 Octobre la 2° année de Ninji (1241)

        Cette stupidité est au niveau de la discussion sur le sexe des anges, ce qu’ils racontent ne veux évidement strictement rien dire, cela se passe de commentaire, Dogen est à l’origine du zen soto au Japon.

      2. Avatar de Pierre-Yves D.
        Pierre-Yves D.

        Franck Barron

        Il y a une preuve indirecte comme quoi le Zen, en fait originellement le Tch’an chinois, n’est pas une ânerie. Beaucoup des lettrés, calligraphes et peintres chinois sans être forcément des moines eux-mêmes ont ingéré cette culture bouddhique tch’an, et cela se sent, se goûte lorsque au contact de leurs oeuvres.
        Je pense par exemple à la poésie de Wang Wei de la dynastie Tang où en vers de quelques syllabes (correspondant à autant d’idéogrammes) le sujet et le paysage ne font plus qu’un, quelques indications sur un changement d’atmosphère ou l’évocation de la nuit tombante par la lumière rasante sur la forêt de conifère qui parcourt la montagne suffisant à rappeler la présence humaine, non pas inexistante mais simplement impliquée subtilement (François Cheng explique tout cela très bien dans L’écriture poétique chinoise, entre parenthèses c’est ce François Cheng qui initia Lacan aux subtilités de la philosophie chinoise, notamment en ce qui concerne l’importance du vide médian) , ou encore au lettré calligraphe peintre et poète Su DongPo qui vécut lui sous la dynastie des Song.
        Cela pour reprendre le fil de mon propos qui a un peu amusé vigneron lorsque je disais que les frontières entre religion, spiritualité, science et art n’étaient si pas étanches qu’on pourrait le penser.
        Ce qui m’interesse ce n’est pas tant de savoir si telle ou telle expérience religieuse ou spirituelle donnent accès à un état de conscience ou une perception du réel qui serait véritablement une connaissance ultime du réel mais de savoir si ces expériences sont effectivement des sources d’enrichissement pour la vie de chacun et dans la société dans laquelle chacun est immergé.
        C’est ce qui faisait dire à un penseur chinois contemporain, Li Zehou, que la poésie ou la littérature qui a le goût du Tch’an vaut mieux que le T’chan lui-même. 😉 Mais encore fallait-il qu’il y eût ce bouddhisme Tch’an !

    2. Avatar de francois2
      francois2

      @ Barron.

      L’eveil est-il encore absence de désir, de haine et de souffrance. Je ne le crois pas. Le désir est encore là, comme la haine ou la souffrance mais ne sont plus subi comme extérieur mais compris de l’intérieur.

      Je crois qu’il existe des camisoles psychiques qui peuvent entourer l’Etre et le réduire à néant. Je crois qu’il faut aller au delà de l’éveil et retrouver la réalité des corps et des mots. Il s’agit d’une reconstruction de l’être.

      Nieztsche disait que » dieu est mort », Céline affirmait « Dieu est en réparation. »

      1. Avatar de Dup
        Dup

        On ne peut « réduire » l’Etre à néant car le néant est infini, on peut seulement le dilater jusqu’a le rendre soluble.

        « La mort, la mort folle, la morphologie de la méta, de la métamort, de la métamorphose ou la vie, la vie vit, la vie-vice, la vivisection de la vie » étonne, étonne et et et est un nom, un nombre de chaises, un nombre de 16 aubes et jets, de 16 objets contre, contre la, contre la mort ou, pour mieux dire, pour la mort de la mort ou pour contre, contre, contrôlez-là, oui c’est mon avis, contre la, out contre la vie sept, c’est à, c’est à dire pour, pour une vie dans vidant, vidant, dans le vidant vide et vidé, la vie dans, dans, pour une vie dans la vie.

        extrait de « Héros-Limite » de Gherasim Luca

      2. Avatar de Dup
        Dup

        @Barron

        Votre ego doit se sentir bien menacé pour se défendre avec tant de certitudes 😉

      3. Avatar de Franck Barron

        @Dup
        J’ai une certitude vous croyez tous ce que l’on vous raconte sans avoir vérifié si cela était vrai.

      4. Avatar de Franck Barron

        @Dup
        Dans la spiritualité le reste c’est du bidon. Tous ce qu’a dis Siddhartha sont des choses qu’il a pu vérifié, il y a évidement des choses que vous n’avez pas encore réalisé, dans ce cas là il vaut mieux se borner à avoir aucun avis. Par exemple, on peut croire aux renaissances mais cela reste une croyance tant que l’on n’a pas eu une preuve personnelle, chose qu’il est impossible de partager.

      5. Avatar de Dup
        Dup

        J’ai déja eu une expérience de naissance je vois pas en quoi une renaissance diffèrerait 😉 pour qqn qui prone de n’avoir aucun avis dans le doute vous vous posez là ….

    3. Avatar de Pablo75
      Pablo75

      @ Franck Barron

      « L’éveil est […] le contraire d’une expérience mystique ».

      « Dogen est au bouddhisme ce que l’astrologie et à l’astronomie. »

      Si en plus de âneries des incroyants frivoles, on doit se taper maintenant les pédanteries délirantes des sectaires dans votre genre, on est pas sortis de l’auberge !!

      C’est normal que vous détestiez Dogen: il a réagit contre les cuistres, les prétentieux et les coupeurs de cheveux en quatre que vous représentez si bien.

      Il faut vraiment être ignorant et naïf pour oser écrire que le zen, qui est l’un des sommets de l’esprit humain, « n’est qu’une corruption du message du bouddha ». J’ai lu des sottises sur ce blog depuis trois ans, mais de la taille de celle-là, je crois n’avoir jamais lu aucune.

      1. Avatar de Franck Barron

        Tous le monde peut juger de la validité de Dogen avec son ver coupé en deux, j’attends ton commentaire.

      2. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        J’ai pratiqué le Zen pendant pas mal d’années. C’est dire si tes salades théologiques m’intéressent peu et le ton que tu utilises pour les raconter me fait sourire.

        Comme j’imagine que tu dois être très jeune pour affirmer des énormités pareilles (en plus au nom du Bouddha) avec autant de naïveté, je vais te répondre avec une histoire zen que j’ai déjà raconté ici:

        Un jeune moine parcourt des centaines de kilomètres à pied pour aller voir un grand maître zen qui habite dans un monastère isolé dans la montagne. Une fois arrivé, on le fait attendre plusieurs semaines avant que le maître le reçoive. Un soir il est enfin introduit auprès du maître, qui lui demande ce qu’il veut:
        – Maître, je viens de très loin pour vous poser une question.
        – Dis-moi…
        – Je voudrais savoir quelle est l’essence du bouddhisme.
        Après un long silence, le maître lui répond:
        – Tu as mangé ton riz ce soir?
        – Oui, maître
        – Alors, va laver ton bol…

      3. Avatar de Franck Barron

        Puisque on me censure la réponse sera sur mon blog.

        1. Avatar de Paul Jorion

          À première vue, personne ne vous a censuré. Êtes-vous sûr d’avoir envoyé votre commentaire ?

      4. Avatar de François Marenne
        François Marenne

        @Franck Barron
        20/05/2012

        Le pervers narcissique

        Imaginons quelqu’un qui est anthropologue qui a l’occasion de travailler dans la finance dans le but d’étudier le milieu. […L’anthropologue sait qu’il travaille dans un milieu qui est immorale, qui exploite la misère des autres ou il a un bon salaire]

        13/05/2012

        Vous êtes tellement stupides que c’est un défi de vouloir vous enseignez l’éveil, m’enfin j’aime les choses impossibles. Vous êtes si con que vous avez de toute façon peu de chance d’y arriver.

        Voilà de quoi émoustiller sans doute les commentaires de quelques masochistes qui n’arriveront pourtant que péniblement à traverser les filtres sophistiqués du maître.

        Je ME ris de le voir si DETESTABLE en ce miroir.

  6. Avatar de Leboutte

    Je n’ai lu que la moitié des commentaires pour le moment.
    Permettez-moi de vous dire, Thierry Melchior, que j’ai trouvé votre billet passionnant.
    Et qu’il soit sur ce blog n’est pas son plus petit intérêt.

    J’ai vécu quelques expériences de ce type.

    J’ajouterais à la liste des caractéristiques que vous énumérez:

    L’intense conviction que ce moment a toujours été désiré et que rien n’est plus désirable.
    Un sentiment d’extrême évidence, de toujours connu, qui renvoie à la parfaite banalité, pour cet état littéralement extraordinaire.
    La certitude que si j’avais des raisons de croire retrouver cet état toutes affaires cessantes en me rendant à une heure d’ici, je le ferais.
    La conscience qu’il n’est pas en mon pouvoir de décider de revivre ça, qu’il est juste en mon pouvoir de vivre chaque moment de chaque jour.

    1. Avatar de Thierry
      Thierry

      @ Leboutte

      Merci.
      Vous citiez Alan Watts, dans un post précédent, je l’avais, moi aussi, abondamment lu dans les années ’70 et je pense que ses textes peuvent effectivement aider à y voir clair dans ce domaine.

  7. Avatar de Jérémie
    Jérémie

    Ami(e) du présent et à venir,

    Et sur l’éveil à venir du tout monde,

    Les gens n’aiment pas l’écriture d’antan,

    L’homme n’apprend rien de l’histoire oubliée,

    Ils feront disparaître certains écrits sur le net,

    Puis ça ne sera pas plus sage à voir progressivement,

    Avec même des têtes plus ou moins défigurées méchantes,

    Et alors même la terre en finira par être plus violentée,

    Des jours terribles attendent en réalité l’humanité déchue,

    Comme si progressiment la terre en perdait en proportion l’Ame,

    Trop lent je suis pour fers et en faire partout croissance Tartare,

    Oui qu’est-ce que ça bien partout la merde dans le tout matérialisme,

    Vous savez quoi je préfère bien plus écrire des contes moins tristes,

    De toutes façon à quoi ça leur rapporterait que l’humain s’éveille ?

    Alors, vous savez moi et l’éveil de plus de croissance sortilèges,

    Alors où que j’ail et que j’ail je ne parle plus trop de la Tuie,

    Oh c’est pas grave mon Ange on t’en tiendra pas plus de rigueur,

    Si ce n’est peut-être davantage de fiantes pour les enfants,

    Et oh quelqu’un m’entend tout la haut dans les étoiles,

    Oh c’est pas grave le tout cas un, m’en voudra pas,

    Voilà où nous conduisent toutes les étoiles,

    Merde alors un autre plouf dans les flots,

    Je vous en prie, priez pour le monde,

    Prie,

  8. Avatar de Dup
    Dup

    @Paul Jorion

    Etrange que vous ne citiez pas votre génial compatriote Henri Michaux. Pour ma part c’est dans un de ses recueil (il me semble que c’etait – L’infini Turbulent- ) que j’ai trouvé la description la plus juste de l’éveil. Les capacités d’analyses des états de conscience modifié de cet hommes m’ont toujours sidérées ainsi que son imagination qui semble sans limite. C’est pour moi un des trés grands hommes du XXème.

  9. Avatar de EOLE
    EOLE

    Il me semble qu’il y a dans nos commentaires une confusion entre, d’une part, les « expériences mystiques » momentanées que nombreux parmi nous ont pu vivre et dont nous avons gardé un souvenir qui ne s’efface pas mais change aussi notre regard sur la vie et, d’autre part, un état dynamique et permanent qui nous place dans une autre attitude plus pleine vis à vis du monde, par lequel on sait sans savoir, sans doute et sans aucune certitude possible non plus, où l’on accède au religieux au sens de religere et non de religare, dont la raison n’est pas exclue mais où elle n’est pas non plus maîtresse, où le temps n’est plus une limite mais un déploiement processionnel, où l’on participe par volonté consciente à ce qui s’impose du plus profond de l’Etre…

    1. Avatar de Gudule
      Gudule

      écoutez le messager Eole, BIEN DIT …ET SI JUSTE…..!!!!
      Merci !!!!

      Avant et au moment de son éveil il n’a pas compris non plus ce qu’il se passait et lui arrivait
      Pour info : http://www.eckharttolle.fr/
      On trouve son livre le pouvoir du moment présent en téléchargement gratuit en pdf sur le net.

      Cordialement.

      1. Avatar de EOLE
        EOLE

        Quand je me réferre à Maître Eckhart vous devez comprendre que c’est le dominicain du 13ème/14ème siècle… pas l’américain tellement de notre époque. Par contre pour Denys, j’admets le pseudo (errare Thomasum est)!

  10. Avatar de Thierry
    Thierry

    @ EOLE

    Il me semble qu’il y a dans nos commentaires une confusion entre, d’une part, les « expériences mystiques » momentanées (…) et d’autre part, un état dynamique et permanent

    Je serais assez d’accord à ceci près que les premières peuvent favoriser le second, en en donnant au moins un aperçu (« the taste of it ») et à condition sans doute de ne pas trop s’y attacher, à condition de ne pas à tout prix vouloir les retrouver.

    1. Avatar de EOLE
      EOLE

      Vrai et même plus comme dirait Dupond: il faut quelques décennies pour s’en détacher et permettre l’advenue du second type…

      1. Avatar de John
        John

        Eole,
        Ce second type (état dynamique et permanent) est-ce ce qu’on appelle parfois la sagesse?
        Est-il besoin de passer par ces expériences d’éveil pour l’atteindre? N’est-il pas suffisant d’avoir beaucoup travaillé, longtemps, à des activités créatrices à la limite des capacités humaines, d’avoir à plusieurs reprises atteint le maximum de ses possibilités? (trouvant notre récompense dans le cycle de la dopamine, le développement de nos lobes préfrontaux, le « flow » de Mihaly Csikszentmihalyi)

        Bon nombre d’entre nous, aillant eu ce parcours, imaginent atteindre un genre de sagesse vers la quarantaine ou la cinquantaine. Miroir aux alouettes, bien sûr, la distance n’est pas grande entre le sage et le vieil imbécile, mais qui nous fait nous sentir bien dans notre peau et peut nous permettre de faire un bon boulot dans la vie et la société.

        Est-ce que cet état dynamique et permanent que vous décrivez en est une version?

      2. Avatar de EOLE
        EOLE

        @ John

        Je pense avoir pas mal étudié et pourtant je ne sais pas dire ni même partager ce dont il est ici question. Je ne peux que le vivre…

      3. Avatar de John
        John

        Eole,
        Dommage, vous abandonnez la communication sur ce sujet trop aisément. Ce que vous en aviez dit au message #69 était pourtant très « parlant » et avait créé des liens dans mon exprit avec l’autre type de perception de sagesse. J’espérais que vous accepteriez de nous en dire un peu plus.

        Le caractère ineffable de ces états me fait maintenant penser qu’ils exigent -au moins dans beaucoup de cas, dont le votre- une séparation radicale des facultés analytiques. C’est un fait reconnu dans les expériences mystiques momentanées, mais cela semble être la même chose pour le type 2.
        Ceci répondrait donc en partie à ma question (si cet échec de communication n’est pas tout simplement dû à la nature des communications sur un forum public): cette séparation des facultés analytiques serait une différence remarquable de l’état dynamique et permanent dont vous parlez avec l’autre type de perception de « sagesse ».

      4. Avatar de schizosophie
        schizosophie

        @EOLE, le 19 mai 2012 à 18 h 55

        Mais qui est donc le second type ? Dupont ?

      5. Avatar de Moi
        Moi

        C’est le nom du troisième type que je veux connaître.

      6. Avatar de vigneron
        vigneron

        Non Moi, PSdJ c’est juste un excès de bergamote, rapport à l’earl grey dont il est très friand.

      7. Avatar de EOLE
        EOLE

        @Moi

        Peut-être le rencontrerez-vous un jour… le troisième type. (;))

      8. Avatar de EOLE
        EOLE

        Réponse à John*

        Il existe un point où la transcendance psychique rencontre l’immanence physique dans la concsience de l’Homme qui assume, au présent absolu, son Ame individuée qu’il a laissé s’emplir de Dieu. Immanence et transcendance ne sont que les deux points de vue d’orientations opposées de l’Unus Mundus.

        *) en souvenir de CGB: hn # b

  11. Avatar de Jmemeledetout
    Jmemeledetout

    On n’enseigne jamais mieux que ce que l’on n’a pas encore appris

    Disait un grand Maître 🙂

  12. Avatar de Jérémie : ELIE - ENOCH
    Jérémie : ELIE – ENOCH

    Mais enfin jj, pourquoi tu recherches pas plus à mettre ton foin et ton purin sur le net ?

    « La grosse truie ne sait pas pourquoi, en la regardant, le prophète la trouve …… » Anonyme

    « Petits Enfants du monde, Défiez-vous de tous les Ensorcellements des Marchands. » jj

    « Plus les Marchés mondiaux font partout sortilèges et plus l’Ame humaine est ……… » jj

    « La Femme trop écarlate est comme un anneau d’or au museau d’une Truie. » le Livre.

    Pour tous les petits enfants au sujet de la croissance qui fait mieux enferrer l’Humain:

    « Il ne faut rien expliquer à une enfant, il faut l’ensorceler. » Marina Tsvetaeva


    OUI TOUT EST BIEN ENSORCELLEMENT MONDIAL, VRAIMENT FURAX JE SUIS !

  13. Avatar de Cadavre exquis
    Cadavre exquis

     

    Ce supplice [la Flagellation] démontre d’une façon éclatante l’absence totale de Dieu, cette absence superbe, intouchable avec laquelle nous devons apprendre à vivre si nous voulons un jour connaître l’éternité qu’elle seule contient, si nous voulons demain savoir que Dieu n’existe pas et que justement, c’est ça Dieu !

    Chaque poète ligote à cette colonne son fantasme le plus cher. Dieu, que le christianisme est riche ! Ecrivains et peintres, surtout, tourneront autour de cette colonne… C’est à elle que sont attachés les christs d’Antonello de Messine, la corde au cou, les yeux au ciel… Elle émerge de l’ombre dans la Flagellation de Carrache et y replonge dans celle du Caravage. Elle est tour à tour un tronc d’arbre, un mât, une colonne vertébrale ! Un poteau d’exécution !
    Je caresse la Colonne d’Istanbul, Claudel a dû caresser ainsi le pilier qui lui donna la foi à Notre-dame…

    Finalement, la Colonne du Christ, c’est un petit pilier…
    Si on n’a pas la foi près de la Colonne de la Flagellation, on ne l’aura jamais…
    J’ai toujours eu la foi, ou plus exactement les fois, une multitude de fois. Puis je me suis aperçu, tout bonnement, que toutes ces fois n’en formaient qu’une. Tout le monde croit en Dieu. Dès qu’on dit : « c’est pas un hasard », on est croyant.
    La « Foi », moi je n’y crois pas. C’est trop flou. C’est comme l’extase : certains -qui ne l’ont jamais ressentie- voient ça comme un abandon plus ou moins déliquescent de la conscience, alors qu’il s’agit -vous pouvez me croire- d’une lucide plénitude de tous les instants. Ainsi la « révélation » est bien superflue, en tout cas elle ne dispense personne de vivre sa foi. L’important n’est pas de « croire en Dieu ». Laissons ces vulgarités aux protestants, ce sont eux qui ont inventé la croyance. Au Moyen-Age, l’air qu’on respirait était religieux. Tout a été pollué par les humanistes, puis par les Lumières qui sont le véritable obscurantisme. Se demander si l’on croit ou non est aussi ridicule que de demander à une femme si elle est faite pour avoir des enfants.
    Avoir la foi…est une phrase suspendue qui n’a pas besoin de s’achever en « Dieu », c’est à dire dans le vide. Croire, croire en quoi ? En Dieu… Avoir la foi… En quoi ? En rien, en tout, avoir la foi, c’est tout.

     

    Marc Edouard Nabe « Visage de Turc en pleurs »

     

  14. Avatar de NK
    NK

    …hum, ce genre de billet est bienvenu, qui ouvre une porte ou une fenêtre, mais ne réussira pas à ouvrir la passe sans porte (Mumon-kan)…

    Le problème, grave, c’est qu’il mélange absolument tout et qu’il ouvre donc, en témoignent les sympathiques réactions qu’il génère, la foire « aux expériences » …jusqu’à celles dues aux psychotropes (mon préféré : du Nuits St-Georges).

    Il unifie toutes sortes d’expériences sous le terme générique de L’éveil (article défini !), en lui collant des étiquettes parfaitement contradictoires, au hasard :

    – le samadhi n’a rien à voir avec le satori dans le Zen. Le samadhi, c’est un état de méditation profonde, sans objet où peut s’installer, après pas mal de zazen, la quiétude et la suspension de la pensée discriminante (« les pensées »), la disparition de l’ego (oui, oui, de soi !). Tout le monde peut y arriver par une pratique de la méditation sincère et bien dirigée au fil des mois ou des années.
    Le satori consisterait (je n’en sais rien, je ne l’ai pas expérimenté si j’ai eu, moi aussi, mes petites voire grandes expériences) en l’extinction (nirvana) de cette fonction …ou plutôt à sa remise à sa place, comme fonction du corps-esprit, périssable, contingente et temporaire comme le reste. S’il faut absolument y trouver des analogies, je ne vois guère que la grâce janséniste… on peut comprendre que l’expérience de l’absolu soit alors soudaine, comme on moucherait une chandelle qui prétendrait éclairer le plein jour !

    – le mot « mysticisme » est un tel fourre-tout en effet…

    – tous les « états », les « dispositions d’esprit » (ou de l’Esprit) sont en effet instables, disons non-permanents. L’impermanence, elle, est permanente, c’est bien la seule chose qui le soit et cela même n’est pas une chose ni un état. Je suppose qu’est permanente aussi la génération constante, le jaillissement de l’Esprit, inatteignable, ineffable, immarcessible, inconnaissable, en-deça de tout (matière et pensée, qui sont toujours des diffractions) etc, tout ce que vous voulez (ou pas : neti neti) mais ce serait cela, le RÉEL ! …la seule (unique) Réalité de laquelle, justement, on ne peut et on ne pourra jamais rien dire puisque, première, elle, la Vacuité, ne se laissera jamais observer, réduire à un champ d’observation ou d’expérience.
    Seulement l’éprouver, la laisser s’incarner dans ce corps contingent, mais alors, chez les grands mystiques (qui parlent d’eux à la 3e personne, quand ils parlent encore) il n’y a plus d’ego, combustion complète, tout a été brûlé ! Il ne peut plus y avoir d’observateur…

    – vouloir instaurer une « prise de distance par rapport au mental », c’est encore rester dans la division, voire la vivisection mentale, péché mignon (ou péché ORIGINEL) de la conscience de soi.
    Et donc, la comédie continuera : il y a aura une partie de soi, raffinée n’est-ce pas (jusqu’à la fameuse bodhi) qui croit être (croît dans) le Soi, se dit libérée, en tout cas plus paisible, etc. etc… c’est inextricable (c’est fait pour ; une fois qu’on a mangé le fruit de la « connaissance » discursive, du bien et du mal).
    Relire Krishnamurti qui douche bien tout cela…

    – tant qu’il y aura « un témoin » (qui l’instaure, qui le qualifie, lui ? qui c’est, lui ?) il y aura discrimination, deux, pas UN sans un second, c’est imparable. Le témoin ne disparaît que dans la mort à soi-même (le chas de l’aiguille pour les chameaux que nous sommes) ou la mort du corps (la mort …tout court ?). Bonne nouvelle : il nous suffirait donc d’attendre !

    – réconcilier spiritualité et politique ? …bonne idée, une idée, une de plus, qui peut faire moins de mal que d’autres (quoique Savonarole, Ben Laden, papauté…). Il y a eu Ashoka, Shôtoku-Taishi, il y a surtout eu, à l’époque contemporaine, Gandhi. Le bilan est mitigé, très mitigé…

    Merci en tout cas pour cet article qui « me » laisse sur « ma » faim inextinguible… y a-t-il seulement de véritables nourritures spirituelles ? …mais OK sur la hiérarchisation : les puissantes crises économico-financières sur lesquelles ce blog disserte ne sont / seraient que des productions de la conscience dans son jeu d’éternelle inconscience qui mène le monde…pas forcément tous les hommes (espérons).

    1. Avatar de Lietseu
      Lietseu

      Salut chercheur d’absolu 🙂

      On s’écrit pour voir ?
      Je te dirai que la mort et la naissance sont toutes deux des illusions et que seul l’instant présent compte.
      Que même si tu lis 20.000.000.de bouquins , tu ne trouvera rien qu’un mal de tête et que pour que les choses ce mettent en place, il ne faudra qu’un claquement de doigt de ton Soi pour que s’ouvre les portes et les fenêtres de ta maison qui en est dépourvus…
      Miaou

      1. Avatar de NK
        NK

        J’embraye bien (ou débraye..).
        Le canon bouddhique est, sans doute, le plus prodigieux corpus parmi toutes les religions de la terre… selon tel maître zen : ce sont des notices de lecture pour le médicament ; tant que vous n’avez pas avalé le médicament, rien ne se passe…
        Evidemment, « rien » ne se passe… c’est aussi vrai !

  15. Avatar de Gudule
    Gudule

    @Eole

    Ne vous méprenez pas j’avais trés bien compris ……..

    Quelque soit l’époque et la nationalité d’un individu ayant connu une expérience forte et hors du commun, celle ci reste toujours intéressante à partager surtout si elle permet à d’autres de se retrouver et ce m^me si chaque individu à travers ce qu’il vit ressent et expérimente reste unique.

    Une telle expérience avec toute la richesse qu’elle comporte est par définition a temporelle et intemporelle et c’est encore mieux si l’individu qui en porte témoignage vit à nôtre époque et en parle de façon claire simple accessible à tous , pour information Eckart Tollé est canadien d’origine allemande………
    Ses origines m’importent totalement et cela m’est complètement égal qu’il soit soufie bouddhiste ou m^me athé .

    C’est ce qu’il a vécu et ce qu’il en a fait qui m’intéresse et ce en quoi sa propre expérience a pu être utile aux autres voire bénéfique .

    Bien cordialement.

  16. Avatar de Gudule
    Gudule

    Extrait de l’ouvrage le pouvoir du moment présent , Eckhart Tollé :

    Un mendiant était assis sur le bord d’un chemin depuis plus de trente ans. Un jour, un étranger passa devant lui. « Vous avez quelques pièces de monnaie pour moi ? » marmotta le mendiant en tendant sa vieille casquette de baseball d’un geste automatique. « Je n’ai rien à vous donner », répondit l’étranger, qui lui demanda par la suite : « Sur quoi êtes-vous assis ? » « Sur rien, répondit le mendiant, juste une vieille caisse. Elle me sert de siège depuis aussi longtemps que je puisse m’en souvenir. » « Avez-vous jamais regardé ce qu’il y avait dedans ? » demanda l’étranger. « Non, répliqua le mendiant, pour quelle raison ? Il n’y a rien. » « Jetez-y donc un coup d’oeil », insista l’étranger. Le mendiant réussit à ouvrir le couvercle en le forçant. Avec étonnement, incrédulité et le coeur rempli d’allégresse, il constata que la caisse était pleine d’or.
    Je suis moi-même cet étranger qui n’a rien à vous donner et qui vous dit de regarder à l’intérieur. Non pas à l’intérieur d’une caisse, comme dans cette parabole, mais dans un lieu encore plus proche de vous : en vous-même.
    « Mais je ne suis pas un mendiant », puis-je déjà vous entendre rétorquer.
    Ceux qui n’ont pas trouvé leur véritable richesse, c’est-à-dire la joie radieuse de l’Être et la paix profonde et inébranlable qui l’accompagnent, sont des mendiants, même s’ils sont très riches sur le plan matériel. Ils se tournent vers l’extérieur pour récolter quelques miettes de plaisir et de satisfaction, pour se sentir confirmés, sécurisés ou aimés, alors qu’ils abritent en eux un trésor qui non seulement recèle toutes ces choses, mais qui est aussi infiniment plus grandiose que n’importe quoi que le monde puisse leur offrir.

    1. Avatar de EOLE
      EOLE

      La lecture ou l’écriture des mots ne remplace pas l’expérience de la vie…

    2. Avatar de michel
      michel

      Très très bon!!!!!!
      Mais faisons un pas de plus , s’il n’avait pas été mendiant il n’aurait jamais sollicité de l’aide et il n’en n’aurait jamais reçu…..
      Ou est le mendiant en nous? ou et à qui demandons de l’aide?
      Il suffit de se mettre en chemin en quête de sa pauvreté la se trouve notre richesse.
      Bonne vie!!!

  17. Avatar de Samuel
    Samuel

    C’est marrant, la seule réaction qui me vient est à l’opposé du billet, plutôt qu’un éveil de l’adulte, je ne raisonne que par rapport à l’endormissement de l’enfance.
    ça fait déjà quelques temps que cela m’énerve, cette productivité de l’enfance (me faire reprendre parce que j’ai osé appelé un enfant de 2 ans: « bébé », je vais quand même pas l’appeler jeune homme, même les spartiates attendaient 7 ans, l’impression qu’il faudrait un exosquelette aux marmots de 3 mois pour qu’ils marchent déjà, cette surenchère de précocité, qui traumatisent les parents d’enfants « non-précoces » et ce besoin que les enfants est 35 heures d’activités extra-scolaire…, j’exagère un peu, mais quand est-ce qu’ils peuvent imaginés être marin en regardant un atlas, chevalier avec un bout de bois, etc…), je parle pas des notes, au final elles sont peut-être plus traumatisantes au collège, ni d’une absence de règles pour un enfant-roi.
    Mais « l’éveil des adultes », s’il faut déjà rattraper les casses de l’enfance….

    1. Avatar de Matine-Bxl
      Matine-Bxl

      Samuel
      19 mai 2012 à 21:11

      « C’est marrant, la seule réaction qui me vient est à l’opposé du billet, plutôt qu’un éveil de l’adulte, je ne raisonne que par rapport à l’endormissement de l’enfance. »…

      Bien vu Samuel …Vigneron, lui aussi d’instinct rapporte ce billet à l’enfance…. » En bas le bois, Martine Bxl, et en haut le gâteau que fait maman. «Fais dodo, Colas mon p’tit frère, fais dodo…» »..

      .Vous deux,…. sans doute sans le savoir avec votre conscience, vous touchez du doigt ( comme E.T.) ce « retour à la maison » de l’enfance …Vierge de toutes choses, ouverts et réceptifs….presque  » extra-lucides »…. pour un instant seulement….Cet instant magique marquant et libérateur….dont parle Paul (et moi mais d’une autre manière ) dans cette expérience « extérieure » …. ce paradis perdu d’avant que nous ayons 3 ans…Ouverts et réceptifs, sans a priori de ce que nous étions avant qu’ils ne viennent nous polluer….MERCI THIERRY pour votre billet, vous êtes une pierre importante dans l’édifice de notre  » demain »…Un ami qui m’aurait été bien utile quand….Seule je me battais face à ceux qui me disaient que j’étais « boarder line »…

      1. Avatar de Samuel
        Samuel

        Je crois que travaillé avec la nature (si on n’est pas « perpétuellement enfermé dans une cabine », c’est impressionnant d’écouter les personnes, après être rester dans un grand engin agricole, le pouvoir sur la nature, les dénatures pour quelques temps), laisse avec le temps (faut être patient), une part de raison (une part seulement 🙂 ).
        Pour récolté faut semer, sans respect pour l’enfance et le jeu, point d’animaux sociaux, c’est un peu triste, mais c’est une limite au nirvana, soit c’est une quête du vide, soit je sais pas 🙂

  18. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Finalement ce billet a le mérite d’être cohérent, ce qui stimule le flux des pensées.
    Je constate en tous cas que toutes les fois où sur le blog apparaît ce genre de billet il y a de très nombreux commentaires. Cela prouve qu’ils sont utiles à notre réflexion, ont une certaine résonance dans notre esprit, car il nous obligent à nous poser des questions qui nous font sortir du cadre, ce cadre aujourd’hui tellement rigide dans la tête de nos dirigeants et d’un bon nombre de nos contemporains.

    Les frontières entre science, religion, spiritualité et art ne sont pas aussi étanches qu’un certain discours dogmatique voudrait nous le faire croire. Tous ces domaines ont leur spécificité propre mais tous, à certain égard, c’est à dire quand ils sont dans leur meilleure forme, partagent un certain dépassement de la vision purement égocentrique des choses. Science, religion, et art s’adressent à la part d’inconnu qui demeure en nous, chacun de ces domaines se différenciant par le rapport entretenu avec cet inconnu.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      T’es vraiment trop bon Pierre-Yves. T’es le Françoué Hollande (& Dozier) du blog finalement, «transcourants». 🙂

      1. Avatar de Pierre-Yves D.
        Pierre-Yves D.

        et toi t’en es où avec ton éducation catho ? 🙂

    2. Avatar de Rosebud1871
      Rosebud1871

      @Pierre-Yves D. 20 mai 2012 à 00:06

      Les frontières entre science, religion, spiritualité et art ne sont pas aussi étanches qu’un certain discours dogmatique voudrait nous le faire croire.

      Là-dessus en remplaçant dogmatique par doctrinaire, je prends. N’empêche ces discours sont là, constitués depuis des millénaires pour certains, ils excursionnent dans le réel et fabriquent les réalités, objets d’échanges et de pourparlers plus ou moins consistants selon les impasses de chacun d’eux et de ceux qui les diffusent. Mais il en est d’antagonistes car ils se sont constitués par épuration en leur sein de la présence d’autres. Guère besoin de Dieu de nos jours pour garantir l’horlogerie céleste, et si la trame fraternelle chrétienne s’invite dans les débats d’économie politique, ce n’est pas sous la même carte de visite en terre bouddhiste – je pense au virus de Marx introduit en Chine par exemple mais ailleurs aussi. Le succès des billets spi, est celui d’une angoisse diffuse, qui mouline, par ces temps incertains, autour des Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ?

      1. Avatar de KIMPORTE
        KIMPORTE

        la frontiere entre spi et psy est elle si hermetique que cela?
        dernierement , paul , dans une video evoquait la question du lien , plutot du pointillé !

      2. Avatar de Rosebud1871
        Rosebud1871

        @KIMPORTE 20 mai 2012 à 12:24
        Clair que spi comme psy regroupent dans leur champ propre et flou des théories et pratiques très divergentes même antagonistes. Clair aussi que des segments du marché peuvent revendiquer une double appartenance spi et psy. De façon plus restreinte à ce qui s’épingle et est épinglé comme psychanalytique, un courant minoritaire existe qui n’écarte pas une dimension spi dans ses références.

      3. Avatar de Rosebud1871
        Rosebud1871

        @KIMPORTE 20 mai 2012 à 12:24
        Hasard, je reçois ce jour l’annuaire des pages jaunes de mon coin où on trouve dorénavant 2 rubriques : une intitulée « psychothérapeutes » et l’autre « psychothérapies (pratiques hors du cadre réglementé). Pour le règlement tout frais… Notez bien que ça implique de lire que des psychothérapeutes réglementés font on ne sait trop quoi mais eux-mêmes sont réglementés, et qu’il existe par ailleurs des pratiques de psychothérapies dont on ne sait rien non plus, sinon qu’elles sont exercées hors cadre réglementé…c’est clair pour le législateur donc pour les citoyens consommateurs…n’est-ce-pas.

        N’empêche je constate que le nombre de praticiens s’est globalement réduit au regard des années passées, à savoir qu’il doit y en avoir quelques uns qui ont fermé boutique ou sont passés dans la clandestinité : avec des pratiques de réseaux ça fonctionne.

        Une autre découpe que diplomés/non diplomés serait de répartir le marché psy et spi entre les exclusifs de la parole, ceux qui touchent beaucoup et parlent peu, ceux qui distribuent des substances en touchant un peu et en parlant un peu, et puis les cumulards qui passent d’un aspect dominant à un autre avec le même client ou selon les clients. Vous voyez, ce ne serait donc pas si hermétique !

  19. Avatar de olivier69
    olivier69

    Allez, dites nous que le site peut également nous servir d’auto psychanalyse. Votre consultation coûte moins cher qu’un psy. Néanmoins, il manque juste un morceau de musique. Je vous invite donc tous à écouter par exemple un morceau de Terge Rypdal : mystery man en l’occurence…

    1. Avatar de Pablo75
      Pablo75

      Terje Rypdal : « Mystery Man » (+ Rene Magritte)

      http://www.youtube.com/watch?v=idun7b2Z9-E

  20. Avatar de Patrick
    Patrick

    L’état d’Éveil est peut-être un moment où le cerveau met de coté le fardeau psychologique inconscient transmis de mère à enfant depuis des milliers d’années ?
    Allégé de ce brouillard d’empêchements, de culpabilités, de peurs et de je ne sais quoi encore, la perception de la réalité devient pleine, immédiate, la perception de soi même est à 100%.

    Avez vous essayé l’AVC du cerveau gauche ? extase totale garantie coté droit ( expérience vécue par Jill Bolte Taylor)

    Qu’il soit explicable ou non par la science, l’éveil est souhaitable à chacun.

  21. Avatar de Un lecteur
    Un lecteur

    Pour les irréductibles de la raison, je suggère la pratique de sports collectifs et/ou de la musique dans un groupe comme première immersion dans le nous. Après on peut envisager le grand saut dans l’indicible.
    Autrement, entretenir les modes d’apprentissage utilisés pendant sa jeunesse, rester jeune d’esprit quoi, est une hygiène de vie qui se substitue avantageusement aux pratiques mystiques. On en revient à l’éducation de ces chères têtes blondes.

    1. Avatar de Leboutte

      …un peu de grégarisme, en somme ?

  22. Avatar de lydie
    lydie

    Fantasme et réalité
    Extrait de :  » Le mythe de la liberté »
    de Chogyam Trungpa , enseignant de la tradition du vajrayana (bouddhisme tibétain)

    « Si nous voulons planter complètement la graine des enseignements bouddhistes dans le sol occidental, il nous faut d’abord comprendre les principes fondamentaux du bouddhisme, et en pratiquer les exercices élémentaires de méditation. beaucoup de personnes réagissent au bouddhisme comme à une nouvelle religion de salut ,qui pourrait leur permettre de traiter le monde comme on cueille les fleurs d’un arbre,nous devons préala blement en cultiver les racines et le tronc, ce qui signifie travailler avec nos peurs , nos frustrations, déceptions et irritations, les aspects pénibles de la vie.
    Certains se plaignent de ce que le bouddhisme soit une religion extrêmement sombre parce qu’il met l’accent sur les souffrances et le malheur. D’habitude, les religions parlent de beauté, d’harmonie, d’extase, de félicité. Mais selon le Bouddha, il nous faut en premier lieu faire l’expérience de la vie telle qu’elle est. Percevoir la vérité de la souffrance, la réalité et l’insatisfaction. Nous ne pouvons ignorer cela au profit de l’examen des seuls aspects glorieux et plaisants de la vie. La quête d’une terre promise, d’une Ile au trésor, ne conduit qu’à un surcroît de souffrances . La terre promise reste inaccessible, et l’éveil ne peut être atteint d’une telle façon. Aussi bien toutes les sectes et écoles bouddhistes s’accordent-elles sur le fait que nous devons commencer par regarder en face la réalité de nos situations existentielles. nous ne pouvons commencer par rêver. Ce ne serait qu’une évasion provisoire; il est impossible de s’évader réellement.
    Dans le bouddhisme, nous exprimons notre volonté de réalisme par la pratique de la méditation. La méditation ne consiste pas à essayer d’atteindre l’extase, la félicité spirituelle ou la tranquillité, ni à tenter de s’améliorer. elle consiste simplement à créer un espace où il est possible de déployer et défaire nos jeux névrotiques, nos auto-illusions, nos peurs et nos espoirs cachés. Nous produisons cet espace par le simple recours à la discipline consistant à ne rien faire. A vrai dire, il est très difficile de ne rien faire. il nous faut commencer par ne faire à peu près rien, et notre pratique se dévellopera graduellement. ainsi la méditation est-elle un moyen de brasser les névroses de l’esprit et de les utiliser comme partie intégrante de la pratique. Pas plus que le fumier, nous ne jetons ces névroses au loin; au contraire, nous les répandons sur notre jardin, et elles deviennent partie de notre richesse… »

  23. Avatar de TOUILEB Mouloud
    TOUILEB Mouloud

    pas mal 246 commentaires le 20 mai 2012 à 9 h 15 pour cet article !

  24. Avatar de Dr Georges Clownet
    Dr Georges Clownet

    J’ai moi même pu bénéficier au long de ma courte vie de trois révélations mystiques divines, avec pleures et tremblements de joie intenses. J’ai fait les trois monothéisme à la suite et dans l’ordre siouplaît ! Bon j’ai un peu jouer chaque fois dangereusement avec le sommeil aussi, ceci explique cela. J’ai plusieurs fois fait Un avec les arbres et l’environnement proche et lointain, contemplation active aidée. Et j’ai eu accès à des vérités stupéfiantes à maintes reprises, avec souvent l’aide de substances interdites je l’avoue. Je me suis rendu compte que l’invention du loquet de porte était trop souvent méconnue dans l’importance des objets créés par l’homme. Bref, un ciel étoilé profond me procure encore ce frisson agréable, même à jeun. Sinon, j’en ai déduis que je préférai le sommeil. Tout l’inverse de l’éveil quoi. Dormez ! Ca économise l’énergie, et ça ne coûte rien pour vivre ses rêves.

  25. Avatar de Pablo75
    Pablo75

    À propos de spiritualité, ce week-end c’est le Marathon des orgues en Ile de France, avec des dizaines de concerts gratuits:
    http://www.france-orgue.fr/disque/index.php?zpg=dsq.con.pre&keywd=&srgn=10&cmd=Go

    La Toccata BWV 538 de Bach dans l’interprétation de Karl Richter:
    http://www.youtube.com/watch?v=B6J7c2ObAo4

    Le prélude BWV 566 de Bach dans l’interprétation, inégalée pour moi, de Marie-Madeleine Duruflé
    http://www.youtube.com/watch?v=CiJIElezuxc

    Le Chorale-Prelude « Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ » BWV 639, par Ton Koopman
    http://www.youtube.com/watch?v=4etbY3TXnlc

  26. Avatar de Cassandre
    Cassandre

    Trop d’expériences d’éveil parmi les lecteurs de ce blog par rapport à la rareté selon la littérature : quelque chose ne colle pas !

  27. Avatar de octobre
    octobre

    Сравнение размеров звёзд и планет.
    Мы маленькие…

    1. Avatar de Eric L
      Eric L

      le petit n’est-il pas autant étendu ?

      1. Avatar de octobre
        octobre

        Dès lors qu’il y a la joie de la découverte et approfondissement…

      2. Avatar de Eric L
        Eric L

        Oui, nous sommes dans les mains d’un univers qui n’est pas identique en tous lieux , et nous impose des charges , des montagnes à gravir, ou des abysses à affronter en essayant de ne pas succomber davantage, des œuvres à accomplir , sans doute pour notre accomplissement en premier lieu, puis qui servent éventuellement le monde .
        On ignore généralement ses propres fautes . Ce n’est qu’après coup qu’on les voit . D’où l’idée d’un monde pris dans la balance entre construction ou destruction . Ordre ou désordre .
        je crois que chacun d’entre nous reçoit sa part de devoirs, d’assignations auxquelles on ne saurait échapper sans dommage. Et ces devoirs ne peuvent pas être dictés par les hommes à d’autres si tout était réglé « normalement  » .
        Ce qui nous vient de Dieu est beaucoup plus exigeant moralement , spirituellement , c’est à dire dans le flux des énergies , et donc plus léger dans l’ordre des contraintes contingentes
        ( ne serait-ce que par choix, ou détachement des vanités ) .
        Où va le monde ? les civilisations ont toujours su écraser, voire exterminer les peuples , mais en vue de quoi ? On peut se le demander .
        En tous les cas , le bal des planètes et des étoiles reste un spectacle magnifique .
        c’est un seuil qui ouvre symboliquement à d’autres horizons, qui nous correspondent .
        Si cela pouvait nous éloigner définitivement de toutes ces brutalités .
        Il y a tellement à découvrir , et à faire , échanger , si on veut se construire .

        Amicalement

  28. Avatar de soi
    soi

    A mon sens, l’ ‘éveil’ qui concerne de plus en plus de personnes est la caractéristique d’un monde qui s’en va.
    Au passage, je relève les vœux de pauvreté des premiers chrétiens (pour moi, ‘éveillés’ de l’époque) qui est une sorte de ‘lâcher prise’* sur le système financier de Rome, à l’époque. 🙂
    Je vous confie une anecdote concernant mon expérience: à un moment, j’étais persuadée que seules les femmes pouvaient atteindre tel ‘sommet’ de compréhension. Cela m’a fait comprendre que l’Eglise ait pu s’interroger sur le fait que les femmes aient une âme ou non, persuadés aussi qu’ils devaient l’être! 🙂

    *J’utilise à dessein les mots que l’on retrouve fréquemment dans les ouvrages du domaine de l’ ‘éveil’

    1. Avatar de Allumette
      Allumette

      Je pense également que si eveil il y a, il est plus facilement atteignable par les femmes.. Foutue testostérone

      1. Avatar de KIMPORTE
        KIMPORTE

        pauvre mec que nous sommes ….

      2. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        @ Allumette
        La différence homme/femme m’intéresse. XX est différent de XY. Rien qu’avec cette symbolique on voit qu’une femme est plus « une » qu’un homme. Sa communion avec le « tout » est peut-être pour cela plus aisée.

        http://www.psycho-ressources.com/bibli/femmes-et-hommes.html
        On y lit que les hommes ont une plus grande aptitude à géométriser leur pensée et donc à imaginer (bien entendu bien peu profitent de cette aptitude). C’est peut-être pour cette raison qu’ils ont plus de mal à passer du réel au mystique, car bloqués à la case imaginaire…

        @ Soi

        « j’étais persuadée que seules les femmes pouvaient atteindre tel ‘sommet’ de compréhension. »

        Peut-être les femmes sont-elles seules aptes à comprendre (prendre ensemble) alors que les hommes sont réduits à expliquer (ex-plicare, déplier)?

      3. Avatar de soi
        soi

        A Allumette,
        Il ne s’agissait pas d’une ‘facilité’ à atteindre le dit ‘éveil’ mais d’ une sorte de certitude que ces mondes ne pouvaient être atteints que par une psyché féminine.

        A BasicRabbit,

        L’expérience que j’ai vécue , forcément, a inclus la dimension de la descendance, de l’engendrement, du 2 êtres que nous pouvons être . Cela, peut-être, alors va plus dans le sens d’une métaphysique que dans celui de l’analyse de capacités biologiques.

      4. Avatar de Allumette
        Allumette

        @basic RabbitIl existe des hommes avec des chromosomes X et Y, pas de racisme! :p
        http://college-genetique.igh.cnrs.fr/Enseignement/genchrom/dysgono.html

  29. Avatar de signfactory17

    « Le bouddhisme zen chinois connut sous la dynastie T’ang (VIIe-Xe siécle) une floraison admirable. Les collines se couvraient de monastères où les novices venaient apprendre auprès d’un maître à libérer leur esprit.
    On les exténuait de travaux domestiques : couper le bois, jardiner, préparer la nourriture et le bain des moines. On ne leur enseignait rien du tout, et on tournait en ridicule leur connaissance de la doctrine en leur montrant qu’elle ne les rendait pas plus capables qu’un autre de se débrouiller dans les circonstances les plus simples. On les obligeait à concentrer leur esprit pendant des heures – sans bouger ni s’endormir – sur des devinettes (en japonais koan) d’une incongruité voulue, qui n’avaient évidemment pas de solution logique et sur lesquelles l’esprit s’usait les dents. Journellement ils devaient aller rendre compte au maître des progrès de leur koan, et toutes les réponses qui sentaient la leçon apprise, le « seconde » main, le raisonnement inductif, étaient accueillies par un rugissement malséant, une claque, un bon coup de bâton. Peu à peu, l’intellect du novice était ainsi débusqué de tous ses repaires, dépouillé de ses habitudes acquises et de ses ruses, privé du mirage en l’occurrence si dangereux des concepts et des mots. Bientôt il ne savait plus où donner de la tête, il était a quia désespéré, perdait le sommeil….jusqu’au moment où la pression accumulée faisait sauter la cuirasse mentale comme la coque d’un marron et où il se trouvait débarqué dans un monde (celui-ci, le même, sa cellule) qu’il lui semblait voir pour la première fois « en relief », dans un déferlement d’évidences merveilleuses. C’était l’Eveil , en japonais le satori. Une fois ce cap franchi, la solution du koan sautait d’elle-même aux yeux, bien plus simple que tout ce qu’on avait cherché, ou absurde (ce qui est sans importance : le koan n’est qu’un outil qu’on jette après qu’il a servi), parfois un simple geste, parfois une bourrade à couper le souffle dans les côtes du vieux maître vénéré qui ne s’y trompait pas et saluait cette agression d’un énorme éclat de rire qui signifiait : « vous y voilà donc. » .
    Désormais, le bonze éveillé pouvait employer sans danger à n’importe quelle besogne cet esprit qu’il avait purgé : calligraphie, poésie, et même étude des sutra ou philosophie bouddhique. Il était vacciné, ne risquait plus d’avoir la tête enflée, ni de « prendre le doigt pour la lune ». »
    Nicolas Bouvier – Chronique japonaise – Petite bibliothèque Payot

  30. Avatar de Pablo75
    Pablo75

    Je ne sais pas si on se rend compte de la chance qu’on a sur ce blog. On peut ici côtoyer des génies. Rien que dans cette page j’en ai trouvé deux qui ont tout compris, deux surdoués pour qui l’Univers n’a aucun mystère. L’un a écrit: « L’esprit n’existe pas ». L’autre: « Guère besoin de Dieu de nos jours pour garantir l’horlogerie céleste ».

    C’est pas beau ça?

    Ça me rappelle Lord Kelvin disant à la fin du XIXe siècle, juste avant la relativité et la mécanique quantique, que tout était découvert en Physique et qu’il ne manquait que raffiner des décimales.

    1. Avatar de Rosebud1871
      Rosebud1871

      @Pablo75 20 mai 2012 à 18:55 Oui je me faisais, récemment dans un bus roumain où une partie des passagers se signait quand le bus passait devant une biserica, la réflexion que si Gagarine avait fait la même chose en tournant, il n’aurait jamais eu le temps d’actionner ce qu’il fallait pour redescendre.

      1. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        @ Rosebud1871

        Ah, je comprends mieux maintenant votre phrase impérissable sur l’absence d’horloger: c’est Gagarine et son « Je n’ai pas vu Dieu là-haut » qui vous l’a inspirée…

      2. Avatar de Rosebud1871
        Rosebud1871

        @Pablo75 21 mai 2012 à 00:34 C’est vous qui le dites, mais j’aurai plutôt penché pour Huygens qui est un de ceux qui a pris la relève. Nous n’habitons pas les mêmes contrées, votre monde peuplé d’esprits et l’univers plein de mystères et de présence ne m’a jamais ouvert sa porte.

      3. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        @ Rosebud1871

        Moi l’univers de la physique quantique ne m’a pas ouvert ses portes non plus et ce n’est pas pour cela que je dis qu’il n’a pas besoin d’un Créateur.

        La prudence la plus élémentaire voudrait que quand on n’a pas accès à quelque chose on s’abstienne de la juger. Quand on est aveugle on ne dit pas que le Louvre n’a pas eu besoin d’auteurs pour être ce qu’il est. Si vous voyiez un papou qui n’est jamais sorti de sa brousse visiter le Musée de l’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds et dire à la fin de la visite que l’endroit n’a pas eu besoin d’horlogers pour exister, vous penseriez quoi de lui?

        À part ça, « regarde où tu ne vois rien, va où tu ne peux aller, écoute où il n’y a pas de son. Alors tu es où Dieu parle. »
        (Angelus Silésius)

      4. Avatar de KIMPORTE
        KIMPORTE

        @rosebud1871
        si nous nous permettons de vous ecrire , c est que vous le vallez bien…

      5. Avatar de schizosophie
        schizosophie

        Comment savoir ce que peut une horloge ?

        « Québec Science : Quand Einstein a énoncé la théorie de la relativité restreinte, les fondements de la physique ont été bouleversés. Rappelez-nous le contexte de l’époque.

        Étienne Klein : C’est en travaillant au bureau des brevets de Berne, en Suisse, qu’Einstein a développé la théorie de la relativité restreinte. Dans toute l’Europe à l’époque, il y avait un objectif prioritaire: la synchronisation des horloges. Notamment parce que les gens commençaient à prendre le train et qu’il fallait que l’heure indiquée par les montres des voyageurs soit la même que celle indiquée dans les gares. Certes, il y avait une horloge maîtresse à Berlin, qui se voulait la capitale du temps, mais comment transporter l’heure dans les autres villes de l’Allemagne de façon telle que toutes les horloges soient synchronisées? Pour y arriver, on a compris qu’il fallait recourir aux ondes électromagnétiques dont on ne saisissait pas encore très bien le comportement. Einstein a donc été chargé d’examiner les brevets à ce sujet. Il les étudiait très sérieusement et non pas comme si c’était un simple travail alimentaire, contrairement à ce qu’on a souvent prétendu.

        Il s’est rendu compte qu’il y avait un problème dans une des interprétations des équations sur les ondes électromagnétiques. Pour le régler, il lui a fallu supprimer la notion de l’éther, l’élément dans lequel les physiciens croyaient que l’on baignait et où voyageaient les ondes électromagnétiques. Einstein a été le premier à avancer que l’éther n’existait pas. C’était une considération strictement pratique qui reflétait bien ses préoccupations d’ingénieur. »
        (Source)

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