L’EXPÉRIENCE DE L’ÉVEIL, par Thierry Melchior

Billet invité.

J’ai dans un précédent billet, évoqué les traditions de sagesse et de spiritualité et ce qu’elles pourraient nous apporter pour affronter la crise économico-financière et énergético-climatique que nous traversons. J’aimerais en préciser certains aspects.

Il existe donc un type d’expérience très particulier que l’on appelle « éveil », « libération », « illumination », « transe mystique », « extase », « anéantissement », « nirvana », « moksha », « satori », « samadhi ». On en trouve des descriptions dans de très nombreuses cultures de par le monde et depuis très longtemps. Elles surviennent dans des contextes de pratiques religieuses (ou apparentées), mais elles peuvent également survenir spontanément chez des personnes qui ne sont pas croyantes ou le sont fort peu comme le montre le philosophe et spécialiste de la pensée indienne Michel Hulin qui y a consacré un livre remarquable, « La mystique sauvage » (PUF, 2008). Elles peuvent également survenir suite à l’absorption de certains psychotropes comme la mescaline ; parmi d’autres, Aldous Huxley en décrit les caractéristiques dans « Les portes de la perception », Éd. 10:18, 2001), et il n’hésite pas à rapprocher ces caractéristiques des propos qu’un mystique comme Maître Eckhart peut tenir.

Le mot « mystique » a souvent pris un sens assez péjoratif. On l’assimile volontiers à une sorte de délire religieux, à une crise d’irrationalisme aigu, à une manifestation d’obscurantisme attardé digne de moines ignorantistes d’autrefois. De nos jours, cependant, de plus en plus nombreux sont ceux qui dans nos pays s’intéressent au bouddhisme ou à d’autres courants relativement proches dont l’objet est en lien direct avec l’éveil. Les recherches sur le fonctionnement du cerveau semblent également les trouver dignes d’intérêt.

Il serait en tous cas utile de prêter attention à ce type d’expériences, ne serait-ce que parce qu’elles semblent avoir joué un rôle majeur dans l’évolution de nos sociétés et parce qu’elles peuvent éventuellement jouer encore un rôle dans la suite de cette évolution.

En quoi consistent-elles ? Elles se caractérisent en général par les quatre aspects suivants qu’a relevés le philosophe et psychologue William James (« Les formes multiples de l’expérience religieuse », Éd. Exergue, 2001).

Ces états sont, tout d’abord, relativement ineffables : « le sujet qui éprouve un tel état de conscience dit qu’il ne peut trouver des mots pour l’exprimer. » (id.) C’est sans doute pourquoi en sont solidaires toutes les formes de théologie négative apophatique

Ensuite, ces états « apparaissent au sujet comme une forme de connaissance. Ils lui révèlent des profondeurs de vérité insondables à la raison discursive » (id.) (intuition). Ce caractère de vraie connaissance de l’expérience mystique est sans doute le plus discutable ; il serait sans doute plus juste de dire que, même si elle apparaît comme telle à celui qui la vit, elle est simplement une expérience différente (aussi sublime soit-elle) de l’expérience ordinaire.

Troisièmement ces états sont instables : « les états mystiques ne peuvent pas durer longtemps. Sauf de rares exceptions, au bout d’une demi-heure, tout au plus d’une heure ou deux, ils s’évanouissent à la lumière de la conscience normale. Une fois évanouis, leur qualité propre est difficile à reproduire par la mémoire ; mais quand ils reviennent, elle est reconnue ; chaque expérience laisse l’âme plus riche, plus épanouie. » (id.). J’ajouterais que les voies spirituelles ont principalement pour vocation de renforcer la stabilité et la permanence de ces états.

Enfin, ces états impliquent une forme de passivité du sujet qui les vit. James observe en effet que si l’on peut favoriser l’apparition des états mystiques par la mise en œuvre délibérée de certaines techniques, il n’en reste pas moins que, quand cet état de conscience s’installe, « le sujet sent sa volonté paralysée ; parfois il demeure même comme dompté par une puissance supérieure. » (id.). Cette impression est évidemment de nature à favoriser la croyance en une Force supérieure.

À ces quatre traits (ineffabilité, intuition, instabilité et passivité) relevés par James, on peut ajouter quelques autres. Un cinquième aspect est, par exemple, le fait assez constant que cette expérience s’accompagne d’un intense sentiment de joie, de félicité, de plaisir, qui n’est pas liée à une cause particulière. C’est une « joie sans objet », pour reprendre la formule du titre d’un livre de Jean Klein sur son expérience du vedanta. La pure et simple joie de vivre, d’être vivant, la joie d’exister, marque à tel point cette expérience que les joies ordinaires semblent, en comparaison, de bien peu de prix.

Parfois ce n’est pas tant la joie qui domine qu’un sentiment un peu différent, même s’il en est proche, celui du beau. Le sujet vit ce qu’il perçoit comme d’une beauté indicible, même s’il s’agit en fait d’une réalité relativement banale, voire « moche », aux yeux de la conscience ordinaire.

Sixième trait, la fusion : le sujet semble faire l’expérience d’une sorte d’immersion réciproque entre lui-même et la réalité. Comme si la différence sujet-objet s’abolissait dans un sentiment d’identité, d’inhérence réciproque entre soi et le monde.

Septièmement, l’atemporalité : la dimension temporelle semble profondément affectée. La personne vit une sorte d’abolition du temps qui prend souvent la forme d’un sentiment d’éternité, voire d’immortalité, tant de ce qui est perçu que de soi-même (les deux se fondant l’un dans l’autre). C’est sans doute là l’une des racines de la foi dans la survie de l’âme après la mort.

En huitième lieu, il arrive fréquemment, même si ce n’est pas toujours le cas, qu’un sentiment d’angoisse puisse accompagner la survenue de cet état, parfois même l’accompagner pendant toute sa durée. Mais dans de tels cas, il est permis de penser (avec Hulin) que la personne ne se laisse pas totalement aller dans l’expérience, qu’elle tente, en somme, de lui résister. Ce n’est en tous cas pas un caractère constant.

Autre trait qui est, lui, extrêmement fréquent, la soudaineté de l’expérience ; la plupart des témoignages utilisent ces mots «soudain», «tout à coup», «brutalement», «en un instant»… Par ce caractère soudain, ce genre d’expérience fait penser à ce qui se passe quand on contemple un dessin (ou, mieux encore, un stéréogramme) susceptible d’être vu de deux manières, selon deux formes (Gestalten) différentes. Ou bien c’est l’une qui s’impose, ou alors, mais brutalement, c’est l’autre.

D’autres caractéristiques pourraient sûrement être relevées et celles que j’ai, à la suite de W. James, retenues, ne sont certainement pas exhaustives.

Ces expériences, se retrouvent, encore une fois, dans à peu près toutes les cultures, probablement même dans toutes, mais bien sûr, chacune de celles-ci les modulera d’une façon particulière. Un mystique chrétien vivra l’expérience comme une rencontre avec le Christ, un hindou, peut-être comme une rencontre avec Vishnou ou Shiva…

Un certain nombre de principes et de pratiques ont été élaborés pour en favoriser l’émergence et / ou pour permettre de la stabiliser dans la mesure du possible. Ces principes et ces pratiques peuvent différer d’une culture à une autre, d’une École à une autre. Elles peuvent inclure notamment la solitude prolongée, le jeûne, la privation de sommeil, le silence, la mortification, l’exposition à la douleur, l’humiliation de soi, l’exposition volontaire au répugnant, la chasteté absolue ou au contraire la licence sexuelle la plus débridée, le contrôle de la respiration, la récitation de mantras ou de prières, la consommation ritualisée de drogues, la danse ou diverses formes de méditation.

En dépit de cette grande diversité de techniques, les voies susceptibles de mener à l’éveil comportent souvent des aspects communs. Je me bornerai à en évoquer rapidement quelques-uns.

Elles visent généralement à favoriser un détachement, une prise de distance par rapport au « mental », par rapport à la pensée conceptuelle, analytique, discursive. L’utilité pratique de celle-ci n’est généralement pas niée, c’est son emprise sur notre vie qui est considérée comme posant problème. Certaines voies « intellectualistes » visent à l’utiliser pour permettre de s’en libérer (un peu comme par une sorte de judo). Les koans du bouddhisme zen Rinzai, sortes d’apories ou de double binds, en seraient un exemple, mais peut-être aussi une bonne part de la philosophie antique, si l’on en croit Pierre Hadot (« Qu’est-ce que la philosophie antique ? », Gallimard, Folio, 1995, « Exercices spirituels et philosophie antique », Albin Michel, 2002). Selon lui, la philosophie avait pour vocation principale (en tous cas jusqu’au XIIème siècle) non pas tant l’atteinte de la vérité que la transformation intérieure du disciple, son cheminement vers la sagesse. Elle comportait à cet effet des exercices spirituels et nombre de ces exercices étaient les mêmes dans des Écoles différentes (voire opposées). Mais elle mettait sans doute en œuvre moins de techniques du corps (favorisant la « déprivation sensorielle » ou la perte des repères habituels) que les approches orientales des « gymnosophistes ».

La prise de distance par rapport au mental peut s’effectuer notamment par l’adoption d’une position de spectateur, de témoin, par rapport à ses propres pensées, ses émotions, ses perceptions. Il s’agit de se désidentifier à elles, en les accueillant et en les observant, en méditation ou dans les actes de la vie quotidienne.

La pensée étant avant tout « ensembliste-identitaire » (Castoriadis), comparaison, relevé de ce qui semble identique et de ce qui semble différent, les couples antithétiques (avant / après, soi / non-soi, soi / autrui, agréable / désagréable, bon / mauvais, bien / mal, vrai / faux, sacré / profane…) perdent de leur importance. Par la même occasion, cette position de témoin favorise ainsi une perte d’identification à son Ego, un passage à l’impersonnalité.

Elle favorise aussi l’orientation vers la réalité présente, le moment présent, et diminue donc l’orientation vers le passé ou vers le futur. L’acceptation de ce qui est, de ce qui vient, quoi que cela puisse être, le non-agir, le non-effort (wu wei du taoïsme), le non-attachement au résultat de son action (Baghavad Gita), l’amor fati devient une manière d’être. Non pas une règle ou un principe à respecter, ce qui serait encore un attachement à la pensée, mais une manière d’être, une manière de vivre.

L’un des paradoxes de l’expérience de l’éveil sera donc que si l’on cherche à l’atteindre, on risque fort de manquer son but. Vouloir atteindre un but étant une attitude orientée vers un avenir imaginé, ce n’est certainement pas ce qui nous permettra de vivre dans le présent. On peut certes adopter, si on le souhaite, des pratiques susceptibles de favoriser l’éveil, on peut ainsi se proposer de l’atteindre, mais le viser comme un but est sans doute la meilleure façon de passer à côté. (Il y a des étoiles qui ne peuvent être vues que si on regarde à côté).

Il faut bien reconnaître, du reste, que ceux qui l’atteignent durablement ne semblent pas très nombreux. Beaucoup d’appelés peut-être, mais bien peu d’élus dans les faits…

Toutefois, on peut aussi considérer que les principes et pratiques susceptibles d’éventuellement mener à l’éveil sont dignes d’intérêt parce que, même quand ils n’y mènent pas, ils sont au moins susceptible de favoriser, à un degré ou à un autre, l’ataraxie et l’apathéia (que l’on ne peut plus transcrire par « apathie » sans risquer le contresens). Ils peuvent nous aider à être plus résilients, moins vulnérables pour aborder les temps troublés dont nous nous approchons à vive allure. Ils peuvent notamment nous aider à moins dépendre de l’acquisition de biens pour apaiser nos peurs et ils peuvent nous aider à passer ainsi dans un monde post-productivo-consumériste.

Pour faire très bref, les trois problèmes principaux que ces principes et pratiques me paraissent poser sont surtout ceux de l’individualisme, de l’apolitisme et de l’amoralisme.

La société d’individus qui s’est constituée en Occident (« Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres », disait Tocqueville) trouve probablement une partie de ses racines dans cet héritage « mystique ». La figure du « renonçant » – « individu-hors-du-monde » – est, selon Louis Dumont, l’ancêtre de l’individu moderne (même s’il fallut encore plusieurs étapes à celui-ci pour se constituer dans sa forme actuelle). Le repli sur soi est sans doute le danger qui va de pair avec le retour de ces pratiques. Par ailleurs, par suite d’une série de contresens, les églises chrétiennes ont diffusé une idéologie doloriste (héritée des pratiques ascétiques) qui a sans doute contribué, par la répression du plaisir et du corps et par la culpabilité et les frustrations qui en résultent, aux problèmes qui sont les nôtres aujourd’hui.

L’apolitisme est un corollaire de l’individualisme. Mettre en œuvre dans son coin les moyens permettant d’atteindre une forme de sagesse, devenir un bisounours « peace and love » en s’abstenant d’intervenir dans les débats de la polis, reviendrait à consentir à abandonner une part essentielle de l’humanité de l’homme, le fait qu’il est un animal social.

L’amoralisme, enfin, pose également problème. On peut certes considérer que celui qui atteint la sagesse, à plus forte raison l’éveil, atteint en même temps un niveau d’empathie tel qu’il traitera spontanément autrui comme lui-même, mais tout le monde n’atteindra pas un tel stade et il restera donc toujours un minimum de règles morales à conserver (ou plutôt à restaurer), celles qui, peut-être, pourraient être subsumées sous une « common decency » qu’il s’agirait d’ailleurs de préciser au moins dans une certaine mesure. En particulier, quels « tabous » hérités du dolorisme gréco-judéo-chrétien (surtout chrétien, en fait) s’agira-t-il de maintenir ? Quels « tabous » s’agira-t-il de continuer à combattre parce qu’ils favorisent une répression nocive de soi-même ? Est-il possible de réconcilier spiritualité et politique, spiritualité et morale ? Ce sont, en tous cas, quelques questions qu’il me semble utile de travailler.

 

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445 réponses à “L’EXPÉRIENCE DE L’ÉVEIL, par Thierry Melchior”

  1. Avatar de Abiram
    Abiram

    Ces questions sont intéressantes.

    Depuis toujours les humains ont cherché à modifier leur état de conscience. De manière empirique, chaque époque et chaque lieu a développé une méthode pour y parvenir qui comprend toujours un subtil mélange de contrainte physique (postures, mouvements, respiration, etc.) ou chimique (substances) associée à une activité cérébrale de volonté de dépassement de soi.

    La plus connue de ces méthodes est appelée prière, mais le yoga, certains arts-martiaux, les danses soufies ou les rituels franc-maçonniques remplissent également ces critères et procurent des effets similaires.

    Effets qui aujourd’hui commencent à être bien cernés par les neurosciences et qui s’apparentent à une forme légère d’épilépsie dite temporale. Dans sa forme plus prononcée, l’épilépsie devient crise mystique. Le récit de la conversion de Paul ou les dessins de Hildegarde de Bingen sont typiques de l’épilépsie. Le fait d’entendre une ou des voix relève du même dérangement. Attention, ceci n’enlève rien aux effets ressentis comme positifs que les formes légères peuvent avoir sur la personne.

    Les prochaines révolutions copernicienne ou einsteinienne de la pensée nous viendront de l’amélioration de notre compréhension du cerveau humain pour l’une et des phénomènes magnétiques pour l’autre. Les neurosciences auront in fine raison des pseudo-sciences type psychanalyse, astrologie, développement personnel et autres mysticisme, et bien sûr en définitive aussi des religions. Alors nous vivrons vraiment mieux, débarrassés des interprétations imbéciles d’un phénomène banalement naturel.

    Les connaissances acquises permettront d’améliorer des pans entiers de l’existence: aménagement des méthodes pédagogiques, des rythmes de travail, des espaces de vie, des soins médicaux et bien d’autres encore. Autant de domaines qui, pour l’instant, sont l’objet de luttes entre modernisme et tradition. On verra alors tous les bienfaits des méthodes aujourd’hui dites traditionnelles, mais comme on en connaîtra le pourquoi et le comment, elles seront d’autant plus faciles à accepter et à mettre en œuvre.

    Voilà, plein de préjugés et plein d’espoir, c’est déjà ça.

    1. Avatar de Cassandre
      Cassandre

      Sans oublier les techniques de manipulation, pour le bénéfice des marchands de tout et n’importe quoi, politiciens compris. La coquille démocratique est bien partie pour finir de se vider.

      1. Avatar de Abiram
        Abiram

        Exact, voilà déjà pas mal d’années qu’on enseigne les techniques de manipulation fondées sur les souvenirs d’enfance dans les écoles de commerce.

        Toutefois, incorrigible optimiste, je persiste à penser que le décryptage des mécanismes neurophysiologiques sous-jacents fournira également les techniques de protection. Mais le danger est réel, c’est très juste.

  2. Avatar de Tao_Jones
    Tao_Jones

    Nous approchons du noyau dur de l’anthropologie au sens « qu’est-ce qu’être humain et comment vivre ensemble? »
    Retour aux sources pour notre hôte?
    Pour ceux qui pourraient s’étonner de trouver un billet sur ce thème dans un blog à réputation économique, je recommande « Confession d’un taoïste à Wall street » roman de David Payne (paru en 1978.sous le titre « Le dragon et le tigre »)
    Je l’avais déjà mentionné ici il y a quelques années.
    La Voie (Tao -se prononce « Dao ») au sein du Dow Jones.
    En regard de l’approche solitaire ou « sauvage » dans notre société laïcisée (dont Stephen Jourdain est un exemple emblématique) je tiens à signaler l’existence d’une approche relationnelle et intégrative (Richard Moss,Yvan Amar,etc…)
    La relation à l’autre devient le révélateur de ce que nous sommes.
    Eveil-processus(Voie du monde) en regard d’Eveil-évènement (Voie mystique)
    Ces catégorisations sont bien entendu futiles pour certains, mais prennent tout leur sens pour d’autres.
    Pour ceux qui seraient intéressés au rapport des neurosciences et des processus spirituels , les travaux de F.Varela sont remarquables. En France ‘le Cerveau attentif » de Jean-Philippe Lachaux fait le point sur les connaissances liées aux processus de l’attention ; les mêmes qui sont au cœur de certaines pratiques méditatives.

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Nous approchons du noyau dur de l’anthropologie
      Qui serait l’homme dans ce qu’il a d’irrationnel.
      Ne veux pas me faire le chantre d’une rationalité que je serai bien en peine de définir. Résiste simplement à l’idée qu’il faille passer par une expérience mystique pour changer son rapport à l’autre,les aléas de la vie quotidienne sont tout aussi formateurs.

      1. Avatar de baleine
        baleine

        Peut-être n’est-ce pas le bon billet, il me semble que oui

        Tao_Jones Nous approchons du noyau dur de l’anthropologie au sens « qu’est-ce qu’être humain et comment vivre ensemble? »

        Piotr Qui serait l’homme dans ce qu’il a d’irrationnel……..les aléas de la vie quotidienne sont tout aussi formateurs.

        18/05/2012 Le Monde. Des cas de cannibalisme avérés en Corée du Nord
        Les faits de cannibalisme en Corée du Nord ont longtemps relevé de la rumeur fantasmatique dans ce pays en proie à des famines à répétition et dirigé par l’une des pires dictatures au monde. Pour la première fois, un organisme public sud-coréen aux travaux reconnus, l’Institut pour l’unification nationale (KINU), confirme et étaye, dans son Livre blanc annuel sur les droits de l’homme en Corée du Nord, qui paraîtra lundi 21 mai, l’existence de telles pratiques.
        L’institut tire ses conclusions d’une enquête approfondie menée, en 2011, auprès de 230 transfuges nord-coréens. Au moins trois cas d’exécution publique sont avérés, entre 2006 et 2011, en Corée du Nord pour des actes de cannibalisme. Certains témoignages de réfugiés nord-coréens citent des cas où les personnes ont mangé et vendu de la chair humaine sur les marchés en la faisant passer pour de la viande de mouton.

        http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/05/18/des-cas-de-cannibalisme-averes-en-coree-du-nord_1703653_3216.html

  3. Avatar de Béa
    Béa

    Nous nous sommes coupés de notre spiritualité pour plonger dans la densité,dans la matière.
    Nés d’un absolu,nous avons opéré un voyage (sans distance) de l’esprit dans le relatif.

    Les crises,individuelles et collectives,marquent la transition salutaire nécessaire à l’évolution.

    La quête éffrénée de « vouloir »,de pouvoir,la loi du plus fort,la compétition et la rentabilité,nous ont égarés du sens et de la direction,nous limitant dans un fonctionnement réactif basé sur la peur (de la solitude,de l’abandon,du rejet,de l’insécurité,de la maladie,du manque,de l’absence…).

    L’heure est venue de faire ce qui fonctionne en tirant les riches enseignements des leçons que nous avons manqué d’apprendre !

    Par ignorance,lâcheté,déni ou fuite nous avons traversé l’enfer du doute et de la peur ,prisonniers d’un système qui, pour sa seule survie,ne peut accepter que l’on s’affranchisse.Perdus entre hier et demain,nous laissons filer le seul instant qui compte,Le Cadeau que la vie dépose sur nos routes à chaque instant : le Présent !

    L’heure est venue de reprendre notre souvereineté individuelle en cessant de remettre à d’autres notre liberté de choix ,en renonçant à chercher à l’extérieur ce qui couve en nos centres.

    Retrouver l’équilibre entre humain et Divin,entre dualité et unité,entre masculin et féminin,entre illusion et vérité, entre amour et peur .Comprendre que la vie ici bas est faite de deux fonctions d’une même force et réaliser que là se trouve l’absurdité de la dualité et la folie de croire en la séparation.

    Ces bases,ces vérités,cette sagesse nous invitent à l’humilité,à la souplesse d’esprit,au respect,à la fraternité…nous retrouvons alors nos origines,notre axe et notre place au sein de la grande oeuvre de la vie en perpétuelle expansion.

    La transition que nous traversons deviendra mortelle pour qui se définit uniquement dans la matière,pour qui refuse le changement, car toutes nos fausses et prétentieuses certitudes sont mises à mal et ne seront bientôt plus un support solide, durable et fiable face à l’inconnu qui frappe nos esprits rigidifiés dans l’habitude et les automatismes….

    Un GRAND merci Monsieur Jorion pour oser introduire cette perspective et permettre ainsi à beaucoup de se poser les vraies questions…

    Merci de tout coeur pour ces petites graines que vous semez dans les consciences,ouvrant ainsi le champ à d’autres possibles,à une vision plus grande,plus digne,plus responsable que la petite perception assassine et insane que nos peurs ont projettée jusque là…

    Nous sommes des êtres créateurs,les manifestations d’un Tout qui,par définition ne souffre d’aucun opposé…Il y aurait tant à dire,tant à vivre…

    1. Avatar de justebienlibre
      justebienlibre

      merci a toi j’en reste béa…

    2. Avatar de Abiram
      Abiram

      Et si l’esprit n’était qu’une propriété de la matière ?

      1. Avatar de Béa
        Béa

        Et si…et si ?????

        C’est avec tant d’incertitudes que nous devons avancer.Partir du doute et tendre vers la certitude sans jamais l’atteindre…un voyage sans distance à apprécier à sa juste et humble mesure…

        Les réponses sont en nous.Nul ne peut imposer SA vision.Toutes les visions sont essentielles pour que perdure la richesse de la diversité.L’essentiel est peut-être de tendre ensemble vers le même objectif de paix et d’harmonie avec le Tout,de faire ce qui fonctionne avec sagesse et application.

        Nous sommes conscients de ce sur quoi nous portons attention.Tel est notre liberté et notre pouvoir créatif !

        Nous sommes laissés libres quant aux moyens mais,ce qui est certain c’est que le temps du choix se réduit et qu’il nous faudra,trés vite,opter,dans l’éternel Présent,entre peurr et amour….

        Merci,justebienibre et Abiram, pour vos commentaires…

        On transmet ce que l’on apprend et l’Autre est toujours miroir de Soi…Nous sommes UN !

      2. Avatar de Eric L
        Eric L

        qu’il nous faudra,trés vite,opter,dans l’éternel Présent,entre peurr et amour….

        il nous fallait . et il nous faut encore . et il nous faudra toujours . comme en Amour, on ne cesse . sinon, où serait Il ?

      3. Avatar de FRADIAVOLO
        FRADIAVOLO

        Et si la matière n’était qu’une propriété de l’esprit?

    3. Avatar de KIMPORTE
      KIMPORTE

      merci béa

    4. Avatar de TOUILEB Mouloud
      TOUILEB Mouloud

      Hier n’est qu’un rêve,
      Demain n’est qu’une vision
      Mais un aujourd’hui bien vécu
      Fait de chaque hier, un rêve de bonheur
      Et de chaque demain, une vision d’espoir.

      Fais donc grand cas d’aujourd’hui !
      (salutation à l’aube – Hymne védique)

      Le lâcher-prise sollicité par le changement radical de paradigme, nous apprend dès à présent à nous libérer du connu.

      L’Inconnu est PRÉSENT. Il suffit de l’accueillir !

  4. Avatar de Hervey

    Suivre une route toute tracée est à la portée de tous ceux qui veulent bien se laisser guider. Ce billet qui vient nous rappeler différentes voies de traverses qui se referment sans laisser de traces ne peut que laisser le lecteur face à son propre dénuement.
    A la guerre comme à la guerre dit-on lorsqu’il n’y a plus de repère. Le temps serait-il venu de la nécessité d’un autre apprentissage après l’ère consumériste ?

    1. Avatar de TOUILEB Mouloud
      TOUILEB Mouloud

      Un Guide est en toi. Nul autre que toi ne pourra le découvrir, si tu n’engages pas un Dialogue conscient avec le Divin en toi !

      La route du consumérisme mène à une impasse dans laquelle nous sommes. Au pied du mur piégé et surtout aux pieds de soi-disant maîtres non-élus !

      Qu’à cela ne tienne ! Ceux qui se laissent guider aveuglément chaque jour verront qui sont leurs bourreaux ! à commencer, par le bourrage de cervelles ! …

  5. Avatar de idle
    idle

    Si nous pouvons prouver ou accepter, qu’avant cette vie dans laquelle nous évoluons, il y avait un lien avec une vie précédente, le mysticisme a un sens, sinon nous ne sommes que des animaux améliorés où seule la loi de la jungle règne. Enfin, c’est ma position pour le moment.

  6. Avatar de Olivier Peyrouset
    Olivier Peyrouset

    Vous abordez là un sujet majeur qui prend de plus en plus d’ampleur dans la communauté médicale et scientifique.
    Sans chercher à atteindre l’éveil, qui comme vous le dites est un état que peu de personnes peuvent atteindre, la méditation de pleine conscience ou « mindfullness » est une technique qui est maintenant parfaitement validée en médecine. Les études par IRM fonctionelle ont montré que cette pratique dérivée du boudhisme permet d »allumer » des régions du cerveau impliquées dans les sentiments de bien être. La mindfullness permet aussi de diminuer significativement les rechutes des épisodes dépressifs, quand elle est comparée aux antidépresseurs et aux psychothérapies. Enfin, elle améliore significativement la qualité de vie chez des patients atteints de maladies chroniques ( cancer et autres…). Attention, je ne dis pas que la méditation guérit le cancer !!!!
    Pour finir, la méditation est aussi bénéfique chez les personnes en bonne santé: amélioration de l’humeur, diminution du stress, développement de sentiments altruistes, empathie, etc…
    En résumé, les spécialistes de la question expliquent que c’est tout simplement une méthode pour se retrouver dans l’instant présent, permettant de s’évader en quelque sorte des sollicitations toujours plus nombreuses de notre société hyperactive, hyperconnectée et pleine de stimuli permanents.
    En tout cas, M Jorion et M Leclerc, vous me paraissez sur la bonne voie méditative: une plante verte et un tapis persan, voilà deux états tout à fait compatibles avec le ralentissement et la contemplation.

  7. Avatar de Ando
    Ando

    L’Eveil ainsi décrit est l’objet d’un discours. Ainsi exposé c’est le contraire de l’éveil qui, simplement, est ou n’est pas. Cela se vit et ne se pense pas, et cela ne se recherche pas. Beaucoup sans doute connaissent de manière fugace cet état sans le savoir. La source qui alimente cet état est la même que celle qui alimente ce que l’homme ressent dans sa vie quotidienne comme étant un sentiment de liberté. Cet état est ce qu’il y a de plus authentique, de plus « réel » dans la forme humaine. Il est amusant de lire ces ouvrages européens de neuroscience qui vous disent aujourd’hui, 2500 après la naissance du bouddha, que le soi n’existe pas et que l’identité est une illusion. Par exemple, bien qu’un peu daté, « L’inscription corporelle de l’esprit » de Francisco J Varela, Evan Thompson et Eleanor Rosch.

    1. Avatar de Thierry
      Thierry

      @ Ando

      L’Eveil ainsi décrit est l’objet d’un discours.

      Euh… oui, mais connaissez vous une autre manière de décrire que par le discours ?

      Et il ne pourra jamais jamais le faire que très imparfaitement puisque l’expérience est relativement ineffable.

      Cela dit je suis bien d’accord avec vous : la description d’une pomme n’est pas une pomme. Mais je n’irais cependant pas jusqu’à dire que la description d’une pomme est le « contraire » d’une pomme.

      1. Avatar de Ando
        Ando

        Je ne dis pas qu’il faille le décrire ou l’interpréter (c’est la même chose). Et la description d’une pomme est bien une pomme, celle du discours. :-).

  8. Avatar de mike
    mike

    Intéressant papier, merci.

    Il est un livre, recueil de textes d’auditeurs compilé par Paul Auster qui s’appelle « Je pensais que mon père était Dieu » si j’ai bonne mémoire, qui évoque de manière humaine, avec bcp de scènes diverses du front de la vie, ce concept….

    Vous auriez aussi pu parler des expériences avec le DMT, à la mode de nos jours, néanmoins fort intéressantes.

    Il y a aussi le livre de Michaux – dont je ne me rappelle plus le titre, snif -, magnifique, qui relate ses expériences avec le LSD et l’analyse qu’il en fait depuis son cockpit d’human biocomputer.

    Mais il y a une légère faiblesse, il me semble, dans votre texte, c’est qu’on ne « sent pas » l’auteur je veux dire par là que ces expériences sont toujours le miroir de l’expérimentateur. De même que pour une critique argumentée de tel ou tel fait culturel ou scientifique, il faudrait toujours que l’on puisse, lecture faite, pouvoir se faire une sorte de scan de son auteur.

    Avez-vous vous-même pris du LSD ou autre, par exemple… Ou avez vous vécu une expérience de Totalité ?

    Pour finir ce petit hommage à ce géant que fut Fuentes, dont la disparition ne fut pas évoquée sur ce blog il me semble.

    « Dieu est la commode sténographie qui réunit, en une seule étreinte, l’origine et le destin. Concilier ces deux instances est l’effort immémorial de l’espèce. » Carlos Fuentes, Diane ou La chasseresse solitaire

    Bien à vous

  9. Avatar de Renard
    Renard

    Je pense qu’il serait utile de créer un marché des points de karma. Ainsi, ceux qui n’auraient pas la chance ou le savoir pour s’approcher du satori pourraient acquérir contre valeur sonnante et trébuchante leur prochaine réincarnation dans un corps digne de ce nom.
    De plus vendre ses points de karma légèrement en dessous de la cote vaudrait à ceux qui les vendraient des points bonus. Le karma créeraient ainsi du karma supplémentaire dont chacun pourrait profiter.
    On pourrait ainsi indexer les monnaies sur le stock global de karma : ce stock était (voir ci-dessus) en augmentation constante, les monnaies perdraient régulièrement de leur valeur et deviendraient « fondantes » ce qui engendrerait un cycle vertueux économico-psychique que dont auquel ce serait tout bénef.

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Dans le genre tu peux désormais acheter des actions Facebook.

    2. Avatar de Dup
      Dup

      Pas plus aberrant que d’exprimer la dette en % du PIB 😉

    3. Avatar de NK
      NK

      …des indulgences bouddhiques en somme…
      Pour l’hindouisme, le marché existe déjà : c’est le système des castes. Les Intouchables payent cash, de leur sueur, de leur sang, de leur vie sacrifiée, les errements du passé ou alors s’accumulent des mérites qui les propulseront plus haut, plus tard…
      …c’est ce que disent ou disaient les brahmanes, à la peau curieusement nettement plus blanche… venus du nord pour expliquer leur condition aux misérables Dravidiens, premiers occupants…

      1. Avatar de Gizz
        Gizz

        @ NK,
        Même discours des riches catholiques aux pauvres catholiques.

    4. Avatar de schizosophie
      schizosophie

      Avec le Karma-gnôle, l’effet de levier est multiplié par 108 !

      « Shiva offre une nouvelle coupe d’alcool à sa partenaire et lui dessine une demi-lune sur le front entre les sourcils. Le couple médite alors sur les forces lunaires présentent en Shakti. Shiva pose ensuite ses mains sur les seins de Shakti en prenant conscience de son aspect maternel. Il prononce 108 fois le son racine de la vulve HRÎM. » (source)

      1. Avatar de Rosebud1871
        Rosebud1871

        @schizosophie 20 mai 2012 à 13:15 Ce qui m’impressionne le plus c’est l’étiquette et la discipline liée, dans le chakra puja. Une gaffe est si vite arrivée dans ces circonstances, c’est beau la maîtrise. Pourtant je n’ai jamais pris de cours de ski, ça coutait une blinde, pis c’était pas drôle la perspective d’élève à vie une petite semaine par an ; bon le style n’était pas maitrisé mais aventurier.

      2. Avatar de schizosophie
        schizosophie

        @Rosebud1871, 20 mai 2012 à 23 h 10

        Je doute que quiconque ait jamais réussi à réitérer 108 fois (c’est vraiment très beaucoup) la racine, mais la descente prometteuse, dont seule l’étape mammaire est exprimée dans cet extrait, suggère une incitation vocable et vocale à la lenteur, et en plus elle rime. Les préliminaires n’excluent pas, a priori du moins, le liminaire. En ski, les premiers sont les derniers. Comme on le sait par le, fréroce malgré lui, docteur Edwards dont les images peuvent heurter certaines sensibilités.

      3. Avatar de Rosebud1871
        Rosebud1871

        @schizosophie 21 mai 2012 à 10:51
        Base 12 ça fait 9 fois : fastoche ! peanuts à coté de toutes les disciplines que la discipline exige ! Ce comptage m’en rappelle un autre entendu dans les 80’. C’était le mot d’un exorciste dans un coin de bocage hexagonal auquel un possédé du diable venait rapporter ses compulsions masturbatoires : l’exorciste lui aurait dit « vous n’avez rien d’autre à me konter » (à défaut d’user de l’alphabet phonétique international, je désorthographie !) jouant donc de l’ambiguïté entre conter et compter. J’avais trouvé l’intervention très analytique et je pense qu’un maître spi pourrait en faire autant. C’est dire que des praticiens référencés à des doctrines très lointaines, peuvent à l’occasion, intervenir de façon voisine ponctuellement. Je lis que 108 x HRÎM te glissent tout schuss aux chatoiements des raies hitchcockiennes.

      4. Avatar de schizosophie
        schizosophie

        @tutti quanti

        « Base 12 ça fait 9 fois : fastoche ! »

        « Shiva, Shakti et la réitération des 108 HRÎM de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec un Nottable changement de la base logarithmique du monde annoncé pour les environs de 2080 quant aux situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »

  10. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Essayer « d’atteindre dans son coin une forme de sagesse » c’est déjà présupposer que dans son coin on puisse devenir sage. Or je pose qu’il n’y a pas de sagesse qui vaille si elle n’est pas d’emblée celle de l’homme qui vit dans la Cité.
    Aussi cette idée que l’on pourrait réconcilier spirituel et politique ne résout rien puisque l’on suppose toujours qu’ils sont d’abord séparés. Accéder à la dimension politique des choses passe nécessairement par soi, autrement dit sans éthique il n’y a pas de politique.

    L’écosophie (évoquée dans le premier billet) quant à elle me semble une régression intellectuelle car elle enferme la pensée dans un système qui fait fi de la dialectique. La sagesse des éco-systèmes ce n’est plus la recherche de la sagesse qui caractérise l’attitude philosophique, non thétique par définition. C’est une sagesse prête à l’emploi que l’on calque sur la logique des éco-systèmes. Or ces écosystèmes ne sont pas le tout de notre milieu et même de notre humanité. Si c’était le cas nous n’inventerions jamais rien de nouveau, nous ne serions pas capables même d’en créer de nouveaux, comme les systèmes techniques, éthiques, politiques. L’écosophie fait de l’homme une partie du tout, au motif que l’homme ne devrait pas être la mesure de toute chose. Cette idée me semble dangereuse car elle fait dépendre le destin de l’humain de choses qui lui sont extérieures, alors que ces choses c’est lui-même qui les a observées, abstraites du réel.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Voui Pierre-Yves. Beau plaidoyer humaniste.
      L’humaniste étant à minima celui qui n’est pas anti-humaniste. Descartes au minimum quoi. Et comme dit l’autre, vaut mieux avoir Descartes dans son jeu.

      1. Avatar de kercoz
        kercoz

        @Pierre Yves D.
        //// L’écosophie (évoquée dans le premier billet) quant à elle me semble une régression intellectuelle car elle enferme la pensée dans un système qui fait fi de la dialectique. /////
        Vous me semblez retomber ds l’ opposition Nature /culture .
        Qu’on peut aussi pousser à Naturalisme /constructivisme .
        Au vu des dégats causés par les constructivismes , …il me semble que c’est lui qui semble dangereux et donc l’expression « régression intellectuelle  » doit etre remise en cause .
        Merleau Ponty me semble avoir raison qd il dit qu’on doit se référer a la nature , non par idéalisme ni par romantisme, …mais parce que celà nous permet d’échapper a la subjectivité ( sauf bien sur a celle de l’observateur)….

        ////// C’est une sagesse prête à l’emploi que l’on calque sur la logique des éco-systèmes. Or ces écosystèmes ne sont pas le tout de notre milieu et même de notre humanité. ///

        Il n’ y a pas de « sagesse » dans les eco système ….Qu’une logique ou plutot une structure devienne « sagesse » , c’est possible , du moins plus « sage » qure d’inventer d’autres outils qui n’ ont fait la preuve que de leur impertinence .

    2. Avatar de Thierry
      Thierry

      C’est une sagesse prête à l’emploi que l’on calque sur la logique des éco-systèmes.

      Si une « écosophie » était quelque chose comme ça, je ne pourrais qu’être d’accord avec vous.
      Mais je ne vois pas en quoi le fait de reconnaître que « l’homme fait partie du tout » est une idée tellement « dangereuse ». Elle ne pourrait peut-être le devenir que si l’on affirmait que « l’homme n’est rien d’autre qu’une partie du tout ».

      1. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        Pour René Thom la vision anthropomorphe du monde est justifiée;
        « les situations dynamiques régissant les phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l’évolution de l’homme et des sociétés » Stabilité structurelle et morphogénèse, conclusion p.327.
        Pour lui le Tout est clairement métabolique, en constante évolution.
        « Premier selon la nature, dernier selon la génération » disait Aristote…

  11. Avatar de olivier69
    olivier69

    L’argent, le gourou des banquiers !
    L’endettement, celui de leurs clients…

  12. Avatar de Pablo75
    Pablo75

    Dès qu’on parle de l’Essentiel, les professionnels de la bêtise rappliquent. C’est à ça qu’on le reconnaît. Ça attire les frivoles, les non-comprenants (comme dirait Coluche) incurables, les blagueurs de comptoir qui se prennent pour Groucho Marx, les dogmatiques de l’incrédulité la plus puérile.

    C’est toujours le même festival de sottises. Et au milieu de tout ça il y a toujours le farfadet de service qui essaie de nous prouver avec quelques mots que « l’esprit n’existe pas ».

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Avec un E l’Esprit, Patate blasphématrice !

      1. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        Tu ne vois pas les guillemets? Moi je suis précis quand je cite, contrairement à d’autres par ici – et je regarde personne… 😉

      2. Avatar de schizosophie
        schizosophie

        Avec un E comme à… Essentiel sans guillemets.

    2. Avatar de methode
      methode

      pablo75,

      pas mieux.

  13. Avatar de No1
    No1

    « De nos jours, cependant, de plus en plus nombreux sont ceux qui dans nos pays s’intéressent au bouddhisme ou à d’autres courants relativement proches dont l’objet est en lien direct avec l’éveil. »

    Le retour du refoulé…

    à l’heure de la mondialisation 😉

    Un peu d’histoire, peut-être ?

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Marguerite_Porete

    Quant au soi-disant apolitisme de l’éveil,

    La pauvre… elle l’a payé très cher !

    1. Avatar de Thierry
      Thierry

      @ No1

      Quant au soi-disant apolitisme de l’éveil,

      Je ne pense pas que Marguerite Porete ait été brûlée pour des raisons proprement politiques, plutôt pour des raisons théologiques.

      Quant au danger de l’apolitisme, il me semble qu’une attitude de type « rendez à César ce qui appartient à César », présente dans de nombreux ouvrages « spirituels » peut y mener.

      Prôner l’acceptation de ce qui est, de ce qui arrive, peut trop facilement mener à prôner la soumission à l’ordre établi quel qu’il soit.

  14. Avatar de Rascar Capac
    Rascar Capac

    Je regrette que Thierry Melchior, hypnothérapeute ericksonien, ne mette pas à profit son expérience pour nous faire comprendre à quel point nous sommes tous suggestionnés par les discours ambiants et par les mots d’ordre et autres injonctions implicites – les marchés financiers constituant un terrain privilégié de la suggestion, de l’auto-suggestion et du comportement mimétique – au lieu de nous vendre les vertus de la méditation et détachement, une camelote « vintage » qui fleure bon les sixties.

    1. Avatar de Abiram
      Abiram

      Noam Chomsky peut aussi être une aide précieuse dans ce sens 🙂

  15. Avatar de Paul Jorion

    J’ai connu une expérience « mystique » de ce type, il y a à peu près 45 ans. Je la raconte parce qu’il me semble que la nature de ce qui l’a déclenchée est révélatrice du mécanisme à l’œuvre.

    Je marche en forêt et ma promenade me fait déboucher sur une clairière. Soudain, une clameur immense s’élève et aussitôt le sentiment m’envahit que l’univers a perdu tout mystère, essentiellement parce que je suis désormais confondu avec lui, la clairière devant moi est la plus belle chose que l’on puisse imaginer au monde et chacun des brins d’herbe qui la composent et que je perçois maintenant avec une précision, avec une clarté inouïes, est également la plus belle chose que l’on puisse imaginer.

    Je ne sais plus combien de temps ces sensations perdurent. Quand je reprends mes esprits, je m’interroge sur la clameur que j’ai entendue. Il y a un talus sur ma droite, que j’escalade alors, et je m’aperçois que je marchais en fait en bordure d’un hippodrome : la clameur que j’ai entendue provenait des spectateurs enthousiastes.

    L’explication que je m’étais donnée à l’époque de cette expérience « mystique », était l’incapacité qui avait été la mienne d’interpréter la clameur que j’entendais (qui supposait une foule) dans le cadre de l’expérience que je m’imaginais vivre (être seul au fond d’un bois).

    1. Avatar de Eric L
      Eric L

      Quand je reprends mes esprits

      c’est bien ce qui est sidérant .

      1. Avatar de Piotr
        Piotr

        J’aime le son du Cor, le soir, au fond des bois…
        C’était le bonjour ,d’Alfred!

      2. Avatar de NK
        NK

        Alfred…Grand Maître ès contrepèteries :

        J’aime le sort du ….
        Le boire au fond des soies !!

    2. Avatar de Moi
      Moi

      @Paul: je penche pour le choc esthétique. Courant parmi les touristes du XIXè siècle. Il faut être fatigué et arriver devant un spectacle très beau qui nous prend par surprise. Cela m’est arrivé une fois.

    3. Avatar de methode
      methode

      si je puis me permettre une interprétation,

      vous semblez avoir atteint le point de la connaissance silencieuse.

      j’entends par point une position perceptive, localisation précise où s’assemble la perception. dans cet état le monde nous serait connu directement sans mot, et il est assez difficile par la suite de décrire la richesse de nos perceptions une fois retourné à la normale. ce genre d’expérience suggère deux types de conscience humaine, un type disons routinier, un type accrue (où la sensibilité serait élevée).

      quand vous reprenez vos esprits, en vérité vous retrouvez vôtre position perceptive habituelle!

    4. Avatar de Paul Jorion

      Les deux premiers commentaires relatifs à mon expérience, ravivent le sentiment du sublime qui m’avait envahi alors. 😉

      1. Avatar de vigneron
        vigneron

        Oui, m’enfin le sublime kantien c’est pas « exactement » la clameur des graminées. 🙂

      2. Avatar de vigneron
        vigneron

        Quoique là, à la repensure, la clairière, herbes, « trou de verdure où la lumière pleut »…

        C’est un trou de verdure où chante une rivière
        Accrochant follement aux herbes des haillons
        D’argent; où le soleil, de la montagne fière,
        Luit: c’est un petit val qui mousse de rayons.

        Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
        Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
        Dort; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
        Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

        Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
        Sourirait un enfant malade, il fait un somme:
        Nature, berce-le chaudement: il a froid.

        Les parfums ne font pas frissonner sa narine
        Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
        Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

      3. Avatar de Marlowe
        Marlowe

        Le Dormeur du Val,

        Ce poème, je l’avais eu à étudier (commentaire de texte) en terminale, il y a 45 ans.
        Je garde le souvenir que plus d’un tiers de la classe n’avait pas compris que le soldat était mort.
        Depuis l’enseignement de l’ignorance a prospéré.

      4. Avatar de vigneron
        vigneron

        Marlowe, de mon temps c’était au programme de première Rimbaud. En terminale on voyait éventuellement sa prose (Une Saison en Enfer). Et ils sont bien plus nombreux aujourd’hui à le découvrir ou le redécouvrir en première qu’à ton époque bénie d’enseignement de la connaissance lagardémichesque à des débiles dégénérés triés sur le volet, à proportion d’un bon tiers selon tes propres dires…

      5. Avatar de Rosebud1871
        Rosebud1871

        La sublime expérience « mystique » de P.J. a été rendu possible par la non interdiction des paris sur les hippodromes, et cet éveil prédestiné à fait de Lui un Élu faiseur de livres* où résonnent la clameur céleste de son gracieux blog.

        *(bookmaker : je le précise à l’attention de ceux qui ne parlent pas aussi bien l’anglais que moi)

        1. Avatar de Paul Jorion

          Voilà que je raconte une expérience sublime (bon, je suggère évidemment qu’il n’y a probablement pas davantage dans l’expérience mystique qu’un court-circuit cognitif, m’enfin, au moins je ne me moque pas) qui touche à mon être intime et qu’est-ce que je récolte ? Essentiellement, des lazzi, des calembours dans le meilleur des cas, et de la gaudriole dans le pire.

          Quand on est blogueur, il faut être complètement blindé contre le ricanement !

      6. Avatar de Rosebud1871
        Rosebud1871

        Si vous résorbez l’expérience mystique à un court-circuit, vous risquez l’incorporation dans le registre du pétage de plombs, ce qui affolait et affole encore les bien-nommés mystiques qui revendiquent la direction de conscience, le maître spirituel, et pas l’invalidation mentale. Et, sérieusement, ils n’ont pas tort d’être méfiants de la coupe proposée.

        1. Avatar de Paul Jorion

          Les mystiques devraient se satisfaire d’avoir pris leur pied, par un effort spontané dans la plupart des cas, accidentellement, comme dans l’histoire que j’ai rapportée, sans en faire des gorges chaudes, ou d’en prendre prétexte pour devenir chefs de secte.

          Quand à l’ « éveil », cela ne me semble pas avoir grand rapport avec le mysticisme, une psychanalyse réussie vous offre cela aussi. Mais encore une fois, cela ne vous donne pas le droit de devenir le schtroumpf à lunettes – dont je parlais hier soir.

      7. Avatar de Rosebud1871
        Rosebud1871

        Même pas sûr que le pied soit de rigueur, mais pour l’enrégimentement sous la bannière mystique, il faut bien un évaluateur, une secte constituée qui tire pour elle la façon d’accueillir et de nommer l’énigme de ce qui s’est produit et dont il y a d’abord témoignage embarrassé. Vous aussi ,vous témoignez, c’est d’abord ce qui importe : sans témoignage on ne sait rien de ce qui se produit chez un schtroumpf, un n’importe qui : (« Qu’on dise reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend » écrit Lacan. Vous classez votre affaire dans le registre du court-circuit, en postulant un stimulus énigmatique perçu mais non sourcé venant perturber l’arrangement ordinaire, « normal » des signes reçus. J’imagine que votre super-vision n’a pas manqué de vous interpeller sur le statut subjectif du phénomène, et la forme de soulagement après enquête de postuler que la clameur venait du champ de courses ! C’est rapportable depuis avec interprétation comprise. Il doit bien exister des affaires où le perceptum est problématique à rapporter. Il suffit de témoigner de quelque chose d’énigmatique à un psychiatre pour prendre le risque de se faire prendre pour un fou, ce qui ne fait pas avancer d’un pouce le schmilblick, et est décourageant d’avance. Voyez les pages 134 à 142 sur ce débat. Du coté de la psychanalyse, au mieux pas d’enrégimentement classificatoire mais le suspend sur l’énigme dans l’attente qu’elle soit déployée dans toutes ses résonnances raisonnantes des associations qui lui donneront le gîte et le couvert dans le meilleur des cas en produisant « l’auteur » aubergiste qui fait défaut au ramassé énigmatique, brut, offrant les caractères des empilements métonymiques et métaphoriques que les associations au mieux déplieront, étaleront et ça peut prendre des années d’y revenir au gré du « il est passé par ici, il repassera par là ». Je n’ai pas le souvenir d’avoir croisé la moindre allusion à la notion d’Éveil pour ce que produirait la psychanalyse chez son candidat. Ça n’empêche pas Freud et d’autres depuis d’avoir fait appel à des termes comme le nirvana, pour border son champ d’intervention. La psychanalyse tente une autonomie écartelée entre différents domaines plus ou moins bien établis mais déjà là, et pour imager à ce sujet, ce serait plutôt un trou noir dans un espace en deux dimensions entourés des savoirs constitués qui lui résistent et l’attirent aussi : le spi, la religion, la médecine, la filo, la psycho etc.

      8. Avatar de Christophe Perrin
        Christophe Perrin

        ce qu’à oublié de mentionner l’auteur de ce billet à propos de la réference qu’il donne en introduction « La mystique sauvage » de Michel Hulin, et qui ne devrait pas laisser indiffèrent Paul Jorion, c’est qu’une bonne partie de cet ouvrage traite de la correspondance entre Romain Rolland et Sigmund Freud.

    5. Avatar de schizosophie
      schizosophie

      Le soldat était affecté à la surveillance de l’armurerie pour quatre nuits consécutives. Comme il devait tourner de 2 heures à 6 heures du matin, il était exonéré du rassemblement matinal. Il avait pris un paquet de gauloises pour tenir, tant il lui semblait difficile de ne pas s’endormir en marchant quatre heures en pleine nuit.

      La première nuit, il décida de s’asseoir en fumer une après quelques dizaines de tours. Mais juste comme il s’approchait du parapet sur lequel il voulait se poser, clope et briquet en main, il entendit un bruit léger et inouï. Cela le détourna de son intention. Peut-être un gradé le surveillait-il, lui, le surveillant du dépôt. Il sursit donc à sa pause. Quelques heures plus tard, le même phénomène se produisit, mais pas au même endroit. Il imagina que des gradés se relayaient à le surveiller.

      La seconde nuit, il n’osa pas même prendre une clope, il la faisait tourner sous ses doigts dans sa poche. Il eut même l’impression que le bruit se manifestait lorsqu’il passait à un endroit précis. Il se dit que c’était peut-être du vent dans un buisson, tendit un doigt mouillé, il y avait peu de vent cette nuit-là.

      Les troisième et quatrième nuits, il ne prit pas ses clopes avec lui. Il avait imaginé que le bruit se manifestait lorsqu’il touchait son paquet de clopes dans sa poche la deuxième nuit, il l’avait même chiffoné pour s’assurer que ce bruit n’était pas tout simplement celui de ses doigts au contact du paquet.

      La quatrième nuit il forgeait une dizaine d’hypothèses, car il avait cru observer que ce bruit avait un certain rythme. Il s’arrêtait pour l’écouter, peu de temps à chaque fois. Mais à chaque fois qu’il tendait l’oreille au mieux que sa concentration ensommeillée le lui permettait, le bruit cessait. Il n’avait pas osé en parler à ses copains de régiment pendant les journées. Mais il avait demandé à l’un d’eux s’il y avait un ventilateur dans l’armurerie. Son interlocuteur s’était foutu de lui.

      Le sixième jour il se rendit au rassemblement du matin. Il fut transi en entendant exactement le même bruit. C’était celui de l’intérieur d’un de ses pantalons contre l’autre, le frottement de sa marche dans le silence lui était apparu.

      1. Avatar de Thierry
        Thierry

        @ Paul J.

        Quand à l’ « éveil », cela ne me semble pas avoir grand rapport avec le mysticisme,

        Il s’agirait alors de préciser ce qui vous fait dire ça : quelles différences marquantes voyez-vous entre les deux ? Quels traits distinctifs ?

        Pour ma part, il me semble que la différence principale, c’est que quand on dit « mysticisme », le mot évoque l’idée d’une rencontre ou d’une fusion avec Dieu, dans un contexte proprement religieux, tandis que l’éveil est un terme qui évoque plutôt le bouddhisme et donc une « libération » dans laquelle il n’est pas question de Dieu. (Mais il évoque aussi l’hindouisme où il est question de dieux et du divin).

        Cela importe-t-il beaucoup ? Je n’en suis pas sûr, d’autant que le Dieu dont il est question dans le mysticisme est un dieu dont on ne peut parler que négativement (théologie négative) parce qu’en dire quelque chose serait déjà le limiter.

        C’est peut-être l’occasion de dire que les systèmes de croyance reliés aux pratiques susceptibles de mener à l’éveil ou à l’expérience mystique, quel que soit le nom qu’on lui donne, ne sont peut-être pas à juger principalement en termes de vérité mais en termes des effets qu’ils peuvent produire sur le disciple, en termes de dispositifs, (comme y invitait Pierre Hadot pour la philosophie antique).

        Par exemple, que l’on dise que la réalité n’est qu’une illusion (maya) ou que l’on dise que chacun de nous est identique à atman-brahman ou que l’on dise que chacun de nous est « vacuité », cela peut produire des effets qui probablement reviennent à peu près au même. Une modification de notre rapport habituel à nous-même et au monde, un décrochage par rapport à nos repères ordinaires, susceptibles de favoriser une expérience différente de l’expérience habituelle.

        Sinon, une autre différence possible, serait celle entre, d’une part, « expérience mystique » occasionnelle, ponctuelle, un peu comme celle que vous rapportez avoir vécu, et que beaucoup de gens ont eu l’occasion de vivre à un moment ou à un autre dans leur vie, et, d’autre part, installation plus ou moins durable dans ce type d’état, à laquelle on réserverait alors le nom d’ « éveil ».
        Mais dans ce cas, je ne dirais pas que les deux n’ont « pas grand rapport ». J’en ai déjà touché un mot (post 70).

        une psychanalyse réussie vous offre cela aussi

        Je pense qu’un travail psy sur soi (pas seulement de type psychanalytique, d’ailleurs) peut aider à mieux accueillir et mieux accepter ce qui se passe en soi, ça oui. Cela peut aussi nous donner l’occasion de construire des significations qui nous aident à vivre. Mais de là à dire que cela permettrait de s’installer dans l’éveil, je ne pense pas. J’aurais plutôt tendance à penser qu’un travail psy sur soi (s’il est « réussi », comme vous dites) peut certes constituer une bonne préparation pour commencer un cheminement vers l’éveil, probablement pas une voie permettant de l’atteindre.

        Pour ce qui est de Freud, en tous cas, il me semble qu’il considérait le « sentiment océanique » plutôt comme une régression, une régression au « narcissisme primaire », et pas comme ce à quoi devait aboutir la cure. (Je signale au passage, pour ceux que ça peut intéresser, qu’il y a, dans le livre de Michel Hulin que j’ai cité, une bonne discussion des thèses de Freud sur l’expérience mystique).

        En tous cas, quoi qu’il en soit de ces différences de points de vue, merci à vous, Paul, d’avoir accueilli ce billet ici. Et, par la même occasion, merci à tous ceux qui ont contribué à cette discussion sur ce thème.

    6. Avatar de Pablo75
      Pablo75

      Pour moi c’est une petite « sortie du corps » produite par des circonstances exceptionnelles. « Chacun des brins d’herbe qui la composent et que je perçois maintenant avec une précision, avec une clarté inouïes… » : cela est typique des expériences de voyage hors du corps.

    7. Avatar de Cassandre
      Cassandre

      Je suis surpris que vous n’ayez connu cette expérience qu’un fois.

      Une méthode pour revivre quelque chose comme ça, si ça vous tente (article du Monde) :

      Champignons hallucinogènes : les nouveaux explorateurs du sentiment mystique
      Reportage | | 28.10.11 | 16h27 • Mis à jour le 28.10.11 | 17h07

      REUTERS/© STR New / Reuters
      Baltimore, envoyée spéciale – Le professeur Griffiths reçoit dans le salon qui sert aux expériences. C’est une petite pièce capitonnée, au coeur de l’unité des sciences comportementales de la faculté de médecine Johns Hopkins, à Baltimore. Un divan et un tableau psychédélique invitent à l’introspection. Sur une table, l’urne mazatèque dans laquelle les gélules de psilocybine (substance hallucinogène) sont présentées au sujet. L’expérience est « de l’ordre du sacré », prévient Roland Griffiths. Elle s’inscrit dans un rituel millénaire que l’on retrouve dans plusieurs civilisations d’Amérique latine.

      Le professeur a lui-même une allure d’ascète. Long, osseux, parfois étrangement joyeux, il a fait sa carrière à Johns Hopkins, où il étudie depuis quarante ans la pharmacologie des drogues et la manière dont elles modifient le comportement. « Il y a quinze ans, j’ai commencé la méditation, explique-t-il. Cela m’a ouvert une fenêtre de spiritualité. C’est une façon très intéressante d’explorer la nature de l’esprit. » Cette pratique l’a conduit à se replonger dans la littérature des années 1950 et 1960 sur les hallucinogènes classiques (mescaline, psilocybine, LSD). Puis à essayer de découvrir par quels mécanismes l’état de conscience est altéré dans le cerveau.

      En 2006, Roland Griffiths a été le premier à relancer les expériences à la psilocybine, l’ingrédient actif présent dans les champignons hallucinogènes et isolé en 1958 par le chimiste suisse Albert Hofmann. Les études avaient été interdites de facto depuis les années 1960 et les expériences de Timothy Leary, neuropsychologue et gourou de la contre-culture qui a été expulsé de Harvard en 1963. « Tout le monde était nerveux. C’était la première fois en trente ans qu’on donnait de la psilocybine. L’idée s’était développée que c’était trop dangereux pour les humains », se souvient-il. Il a fallu convaincre les agences nationales chargées des médicaments et de la lutte antidrogue (FDA, DEA) du sérieux de l’expérience. Et surtout combattre les réticences du comité d’éthique de l’université.

      Après avoir créé un protocole de sécurité rigoureux (publié en 2008 dans le Journal of Psychopharmacology et adopté depuis par d’autres laboratoires), l’équipe a passé une annonce dans la presse locale : « Recherchons des personnes intéressées par le développement spirituel pour une étude sur l’état de conscience. » Pour la première expérience, le professeur recherchait plutôt des non-malades, des gens attirés par le mysticisme ou la spiritualité, des religieux, des adeptes de la méditation. Les sujets de ce type lui paraissaient mieux armés pour interpréter l’expérience mystique dans laquelle ils allaient embarquer.
      L’étude s’est ensuite orientée vers les patients atteints de cancer ou de dépression.

      L’expérience actuelle, un projet pilote, porte sur quatre fumeurs qui n’arrivent pas à briser leur dépendance au tabac. Là aussi, le professeur Griffiths essaie de développer scientifiquement les observations inachevées des années 1960 sur la manière dont l’expansion de la conscience, sous l’effet de l’agent actif des « champignons magiques », aide à traiter les addictions à l’alcool ou à l’héroïne.

      En cinq ans, de 2006 à 2011, 120 volontaires ont participé à l’expérience au cours de 250 séances. Le professeur, qui s’intéresse à ce qui est devenu la « neurothéologie », a eu très vite la confirmation qu’il cherchait : l’agent actif des champignons magiques peut induire des expériences mystiques identiques à celles que les religieux ou les adeptes de la méditation ont décrites : « Une sensation d’unité, de connexion avec toutes choses, d’amour infini », décrit-il. C’était « la première démonstration scientifique en quarante ans que des états de mysticisme profond peuvent être produits en toute sécurité en laboratoire ».

      Les « cobayes » ont admis la présence d’effets positifs de longue durée. A 80 %, ils ont rapporté que l’expérience avait été l’une des « cinq plus importantes de leur vie ». Quatorze mois plus tard, quand l’équipe a publié ses conclusions dans le Journal of Psychopharmacology, 60 % des participants continuaient à faire état d’une amélioration significative de leur existence et de leurs relations avec autrui, élément corroboré par des entretiens avec leurs proches. « Cela fait quarante ans que je suis ici. Je travaille le week-end. Aucune de mes grandes expériences ne s’est déroulée ici. Le fait que les gens parlent de celle-ci en termes positifs nous a fait penser que c’était une piste à poursuivre », raconte le médecin, assis sur le divan surplombé d’une sculpture de champignon magique.

      L’expérience dure plus de cinq heures. Le sujet est invité à apporter des éléments de son univers familier, photos de proches, objets préférés, dont il va discuter en attendant que la drogue fasse effet. L’équipe partage quelques moments solennels avec lui avant qu’il n’absorbe la dose avec un verre d’eau (30 milligrammes de psilocybine de synthèse produite par le laboratoire du professeur David Nichols, à l’université Purdue, située dans l’Indiana). Seuls deux « guides » restent dans la pièce, assis par terre sur le tapis oriental. Ils sont là pour accompagner le voyage, rassurer le sujet si nécessaire et l’encourager à aller aussi loin que possible. Il ne s’agit pas d’une partie de plaisir. Le cobaye a un cache sur les yeux. Il n’est pas censé bouger. Il doit intérioriser. « Nous encourageons les gens à se tourner vers l’intérieur, à entrer en eux-mêmes et à se concentrer sur leur propre expérience », explique le professeur.

      Tout est fait, jusqu’à l’aspect non médicalisé du salon, pour limiter les réactions négatives (dans une expérience où le décor était celui d’un laboratoire, les sujets ont eu la désagréable impression que des extraterrestres leur faisaient passer des examens médicaux). Les guides sont de sexes opposés, pour éviter ce qui pourrait biaiser la réaction. Dans leur casque, les volontaires ont droit à des morceaux de musique surtout classiques (et ils peuvent garder le CD pour méditer chez eux).

      Richard Boothby a participé aux séances de 2007, quand l’équipe de Johns Hopkins essayait de mesurer les perceptions en fonction des doses. Doyen du département de philosophie à l’université Loyola de Baltimore, il s’était toujours intéressé aux drogues psychédéliques, ayant étudié Les Portes de la perception, d’Aldous Huxley, écrit en 1954 sous l’effet de la mescaline. Malgré tout, il ne repense pas à ses cinq séances de psilocybine (quatre, en fait, et un placebo) sans une sorte de crainte mystique. « J’ai beaucoup aimé », avoue-il. Avant d’ajouter : « C’était quand même terrifiant par moments. » La première dose était la plus forte, pense-t-il. « C’était comme les étapes du doute de Descartes. J’ai eu l’impression que j’avais perdu la tête. Pendant un moment, j’ai cru que j’étais mort. » Il se souvient d’une musique somptueuse qui l’a rendu « accro » à ce nocturne dans lequel il était maintenu. Et, depuis, il collectionne les masques qui obscurcissent la vue. « J’ai eu des pensées sur la nature de Dieu. Une sorte de révélation, dit-il. Je suis désormais plus enclin qu’avant à dire que je crois en Dieu. »

      Selon le professeur, entre 30 % et 40 % des sujets ont des crises d’anxiété. « Cela peut être visuel, comme des monstres, ou se traduire par l’impression qu’ils vont mourir. Ou se situer à des niveaux prosaïques, comme le fait de ne pas supporter la musique. » Les accompagnateurs les encouragent à « approcher le monstre ». Il s’agit de leur faire comprendre qu’il n’existe que parce qu’ils lui donnent ce pouvoir. « La psilocybine permet aux gens d’affronter les monstres, mais aussi ces pensées dans leur vie qui ont pris le pas sur eux, comme « je ne peux pas arrêter de fumer » ».

      L’équipe de Johns Hopkins n’est pas la seule à utiliser la psilocybine aux Etats-Unis. « Il y a eu un changement profond dans l’approche des expériences sur les hallucinogènes « , se félicite Roland Griffiths. D’autres expériences ont été approuvées, à Harvard, à l’université d’Arizona et à l’université de Californie de Los Angeles (UCLA). Mais les maigres financements publics témoignent des réticences qui continuent. Il y a quelques mois, le professeur Griffiths a perdu la bourse accordée par les National Institutes of Health (NIH), institutions s’occupant de la recherche médicale. Les recherches sont désormais financées par des associations privées.

      De telles expériences ne risquent-elles pas d’encourager la consommation de stupéfiants ? Les scientifiques de Johns Hopkins citent le Dr Herbert Kleber, professeur de psychiatrie à l’université Columbia à New York, l’une des sommités de la lutte contre la dépendance. « Avec Internet, les jeunes sont inondés de comptes rendus glorieux sur les effets de ces drogues, souligne-t-il. Cela ne risque pas de changer grand-chose. » Mais il serait « irréfléchi scientifiquement » de ne pas poursuivre les recherches sur des substances qui peuvent aider les malades en phase terminale.

      Le professeur Griffiths insiste, lui, sur la dimension ontologique. « Nos recherches montrent que, dans des conditions adéquates, tout le monde peut avoir ce genre d’expérience mystique. Cela veut dire que nous sommes formatés pour la générosité ou la compassion envers les autres, qui sont fondamentales dans les religions. Cette vérité première semble être inscrite dans nos gènes. C’est réjouissant. En tant qu’espèce, il faut que nous réussissions à comprendre la nature de ces sensibilités si nous voulons survivre. Si nous ne dépassons pas nos instincts agressifs et d’autodéfense, nous allons nous détruire, et la planète avec. »

      Corine Lesnes

      Repères

      Chimie La psilocybine est un ester d’acide phosphorique, le 4-hydroxydiméthyltryptamine (C12H17N2 O4 P). C’est un alcaloïde de type indole avec un radical d’acide phosphorique. Après ingestion, elle est métabolisée en psilocine. Sa synthèse est plus difficile et onéreuse que son extraction à partir de champignons. Elle est présente dans quelque 200 espèces.

      Neurobiologie La psilocybine et son descendant, la psilocine, présentent une structure proche de celle de la sérotonine, un neurotransmetteur qui régule notamment l’humeur, l’appétit et le sommeil. La psilocybine peut mimer la sérotonine en se liant à ses récepteurs.

      Enthéogène Ce terme désigne des substances hallucinogènes qui engendre le sens de « Dieu en soi ». Il a été proposé en 1979 par Robert Gordon Wasson, redécouvreur des « champignons sacrés » au Mexique.

      Dates

      1957 Le banquier américain Gordon Wasson et sa femme publient dans Life un récit décrivant leur expérience d’un rituel Mazatec (Mexique) faisant usage de champignons hallucinogènes. La même année, le mycologue français Roger Heim les accompagne sur place et identifie ces champignons comme étant des psilocybes.

      1958-1959 Le chimiste Albert Hofmann, du groupe suisse Sandoz, isole deux composés, la psilocine et la psilocybine, à partir d’extraits de champignons mexicains cultivés à Paris au Muséum national d’histoire naturelle par Roger Heim. M. Hofmann avait déjà créé le LSD en 1938.

      1963 Le psychologue américain Timothy Leary est renvoyé de Harvard, où il a testé la psilocybine et d’autres psychotropes sur des volontaires. L’utilisation récréative des « champignons magiques » se multiplie.

      1970 Aux Etats-Unis, la psilocybine est classée sur une liste de drogues, ce qui réduit son usage à des fins scientifiques.

      2006 A l’université Johns-Hopkins de Baltimore, Roland Griffiths relance l’étude des effets de la psilocybine.

      Article paru dans l’édition du 29.10.11

  16. Avatar de Martine-Bxl
    Martine-Bxl

    …..Avant tu coupais ton bois, après tu coupes ton bois .

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      En bas le bois, Martine Bxl, et en haut le gâteau que fait maman. «Fais dodo, Colas mon p’tit frère, fais dodo…»

      1. Avatar de Martine-Bxl
        Martine-Bxl

        Ce soir, dans mon jardin ( avec mon PC portable forcément) j’ai demandé aux arbres et aux oiseaux si je devais répondre à Vigneron…Et ils m’ont répondu….Vigneron, ( comme tous les autres) et certainement…autant que toi souffre de ce monde à l’envers…

        Ceci n’engage que les oiseaux et les arbres 😉

  17. Avatar de François78
    François78

    Il existe des formes de crises épileptiques « douces’ » qui ne se traduisent que par des modifications des sensations, des perceptions et de la conscience (conscience de soi et de l’environnement).

    Ces modifications sont généralement perçues par la personne qui y est sujette, et leur interprétation dépend de l’étendue de la crise, mais aussi du degré de lucidité et du « recul » qui peut être pris par le sujet par rapport ces manifestations.

    D’aucuns diront que ces modifications sont des altérations, ça se discute. Le caractère épileptique est lui même très incertain (ce qui est secondaire).

    PS : c’est malgré tout une forme de « tempête sous un crâne », comme dans « l’expérience mystique » de Paul Jorion. Ainsi en est t’il du vertige, et d’autres formes de désorientation.

  18. Avatar de No1
    No1

    @ Paul

    45 ans !?

    Mon dieu…

    Peut-être que l’effondrement du capitalisme… ?

    BOUM !

  19. Avatar de wildleech
    wildleech

    Si « l’éveil » est une expérience ineffable et qu’on ne le trouve que rarement quand on le cherche, pourquoi tant de gens pour tenter de raconter leur expérience ?
    Plusieurs explications me viennent à l’esprit, et les plus charitables ne le sont pas vraiment.
    Je les résumerai simplement par « l’Ego reprend ses droits » (s’il les avait perdu).

    1. Avatar de NK
      NK

      Wildleech, comme on dit dans la langue de Nos Bons Maîtres : « on spot » !!

      1. Avatar de John
        John

        « spot on », ou bien était-ce en aiglan?

  20. Avatar de Christian
    Christian

    Pour ceux qui aiment lire je propose :
    Jean Bouchart d’Orval « Au coeur de l’instant – soudain la joie » Editions du Roseau 2002
    Etude de physique et génie nucléaire à l’Université de Montréal, il a travaillé chez Hydroquébec. A partir de son expérience d’Eveil (dont il ne parle pas) il a relié cela avec la science physique et mathématique, ainsi qu’avec les anciennes traditions (Ayurvéda et Ancienne égypte notamment). Pour l’avoir rencontré à plusieurs reprises, je peux témoigner de « l’énergie » qui se dégage de sa personne et de son implication dans les questions de société (économie, politique… etc. – voir son dernier livre « Dans l’ombre du Sphinx – l’Egypte, la Grèce et le destin de l’Occident »).

  21. Avatar de MEMNON
    MEMNON

    BON TRAVAIL DE SYNTHÈSE !
    REÇU 5 SUR 5.

    …réconcilier spiritualité et politique, spiritualité et morale…

    – « Toute vie véritable est rencontre. »
    – « homme qui prie se place «devant la Face», se place dans l’accomplissement du mot principe sacré «Je-Tu» qui signifie mutualité active. » de Martin Buber

    Un individu (donc seul, comme seule entité) sera toujours une personne incomplète.
    Peut-être encore, moins que ça.
    C’est donc dans la rencontre, dans le travail avec l’autre, comme le JE avec le TU, que l’on peut raisonnablement enfin parler. Parler de réconciliation, parler de spiritualité, parler de politique et de morale. Dans un sens actif. Dans une action mutuelle. Merci à ce sacré BUBER.
    http://en.wikipedia.org/wiki/File:Martin_Buber.jpg
    http://www.astrotheme.fr/astrologie/Martin_Buber
    (Quant à moi, cancer, je suis, cancer, je resterai… jusqu’à la fin.)

  22. Avatar de Jacques

    Une pensée pour vos amis de l’ile d’Houat aujourd’hui en deuil
    Bien amicalement

    1. Avatar de PHILGILL
      PHILGILL

      @ Jacques
      Cela ne marche pas avec safari.
      Mais une pensée aussi pour eux et leurs familles.
      Bien amicalement

  23. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Et si la plus grande expérience mystique n’était que l’expérience la plus banale, à laquelle l’on prête aucune attention spéciale tant elle s’impose à nous, je veux dire celle relative à notre simple présence au monde, qui est le point aveugle de nos existences ?

    Dans le « ex » de extase il y a toujours l’idée d’une sortie, que l’on quitte un certain état (supposé normal) pour atteindre un état supposé plus complet en regard du tout de l’univers.
    Mais une autre question surgit alors : qu’est-ce qu’un monde, qu’est-ce que le monde ?
    Dans l’extase ne faisons-nous pas que déplacer l’angle du regard que nous portons sur le monde, ou découvrir des qualités peu goûtées d’une finitude qui reste inchangée ?

    L’ »expérience mystique » que rapporte Paul me fait penser à Kant et sa finalité sans fin lorsqu’il traite du jugement esthétique. Le sentiment du beau vient du fait que nous ne pouvons produire le concept d’un spectacle naturel qui s’offre à nous dans ses formes sensibles. Kant évoque par exemple le feu qui crépite.
    Autrement dit c’est dans le désaccord entre les formes naturelles que nous contemplons et pour lesquelles nous ne pouvons attribuer aucune fin précise et la finalité que nous présupposons dans la causalité des phénomènes naturels que vient le sentiment du beau. Kant amplifie encore son idée en évoquant l’homme devant le spectacle infini de la nature qui le dépasse et pour lequel il ne peut fournir d’explication totale étant donné sa finitude d’homme connaissant, et connaît alors le sentiment du sublime.

    1. Avatar de Jean-Luce Morlie
      Jean-Luce Morlie

      Mais oui, c’est tout à fait ça.

      C’est clair que lorsque nos synapses et circuits cérébraux sont ,par un procédé quelconque, mis hors de leurs rails habituels, ce sont toutes nos représentations usuelles qui lâchent prise. Comme l’ensemble automatismes qui nous ont été enfoncés dans le crâne par la socioculture l’on été avec peine, du fait de la trop grande sollicitation du système inhibiteur de l’action, tout d’un coup « on se sent plus léger ». C’est exactement l’histoire du gars à qui on demande « pourquoi tu te tapes sur la tête avec ce marteau », et qui répond « cela fait tant de bien quand ça s’arrête ».

      Il est triste de voir la psychologie réduite à cet état de mendicité intellectuelle; et ça marche, voyez Psychoactive Sacramental Essays on entheogens and religion, le but c’est de certifier une nouvelle prêtrise, dûment diplômée, qui vous fera partir, selon la porte dernière porte ouverte par Huxley et avec une dernière cuiller à soupe de LSD. Ceci dit, le recyclage des anthropologues – rayon spiritualité – dans le revival neochamanique permet de redresser les comptes de nos bonnes vieilles libraires économiquement chancelantes .

      Ce qui est amusant dans cette affaire, c’est que l’usage des « psychodysleptiques », des antidouleurs aux hallucinogènes, est intimement lié à la naissance de la philosophie grecque, les textes classiques sont truffés de références ( The chemical muse, drugs and the roots of western civilasation, D.C.A. Hillman 2008) bien entendu, nos philosophes universitaires ne vont pas lâcher prise facilement, pour l’instant ils en sont digérer le fait que la languede nos anciens dramaturges n’était rien moins que prude (The Maculate Muse: Obscene Language in Attic Comedy J.Henderson,1991) ; encore un demi-siècle sans doute, … et nous nous apercevrons que l’étymologie du Pharmakon 😉 , sur laquelle s’est appuyé Derrida, était « ad usum delphini » (à sa décharge, Derrida ne disposait pas de l’Internet; les bons dictionnaires étaient, à son époque, difficiles d’accès ).

      1. Avatar de EOLE
        EOLE

        Désolé, ce n’est pas de cela dont il s’agit. Mais vous avez tout à fait le droit de rester sous l’emprise d’un hallucinogène aussi commun qu’efficace qui s’appelle raison pure.

      2. Avatar de Jean-Luce Morlie
        Jean-Luce Morlie

        Eole,

        voudriez-vous préciser votre pensée ? Ma position est de dire que « la raison académique » a des intérêts « marchands », aussi est-elle, aujourd’hui, « victorienne » par nécessité, contre la concurrence de « la pacotille marchande néopayenne new-age ».

        Quelle est la vôtre?

      3. Avatar de EOLE
        EOLE

        Je n’ai pas de « position » sur la « pensée académique », n’étant pas universitaire; je ne peux me reposer que sur mes expérience vécues, plus ou moins bien interprétées…

      4. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        @ Eole

        « vous avez tout à fait le droit de rester sous l’emprise d’un hallucinogène aussi commun qu’efficace qui s’appelle raison pure ».

        Excellent…

      5. Avatar de Jean-Luce Morlie
        Jean-Luce Morlie

        Eole
        est-ce interprété « au fil du vent » ? 😉

      6. Avatar de Pierre-Yves D.
        Pierre-Yves D.

        Eole

        L’expérience vécue c’est une chose et je ne conteste pas l’existence d’états psychiques qui sortent de la normalité, mais la raison pure comme vous dites, même si cela peut paraître paradoxal, permet aussi décoller d’une réalité « normale » trop prégnante, aussi bien, et peut-être même mieux que ne peuvent le faire les psychotropes. D’ailleurs l’usage des psychotropes n’a pas du tout la même portée selon qu’il s’insère dans une culture ou bien qu’il est un pur produit de consommation, ce qui indique que les effets physicochimiques sur l’organisme ne sont pas le tout de l’expérience. Dans un cas l’usage est régulé en vue d’une fin qui le déborde, dans l’autre il devient pure dépendance.

        Je pense aussi à ces phénomènes de sorties du corps provoquées par des accidents. Selon les individus une telle expérience, décrite de façon similaire d’un individu à l’autre, va renforcer une conviction religieuse, pour d’autres c’est avant tout un regard sur une existence passée et la vie qui change sans que cela n’induise de conclusions définitives sur ce qu’il en est du monde. Aussi n’est-ce pas tant l’expérience en elle-même qui importe que l’interprétation que nous sommes capables d’en faire, la façon dont nous la digérons.

        Quant à la raison pure, il est vrai qu’elle peut mettre en joie, provoquer l’euphorie, induire un état de conscience différent de la normale, mais c’est il me semble le lot commun de toute pensée vraiment stimulante, parce que profonde, en tant qu’elle est capable de nous mener hors des sentiers battus de notre compréhension habituelle du réel. Les philosophes ne séparent pas vraiment d’ailleurs la raison de l’expérience. Beaucoup font état de leur réflexion philosophique comme de méditations.

        BasicRabitt
        C’est juste, l’existence procède de l’excentration qui est un des modes de notre condition humaine.
        Mais je ne dirais pas que c’est le moi, au contraire, c’est le moi qui s’ouvre au monde, à l’altérité.
        Avec l’existence, le moi et le monde ne sont pas indifférenciés comme dans le cas de l’extase.

        Extase ou instase l’idée de sortie traduirait dans ce cas surtout le mouvement par lequel nous éprouvons un sentiment de plénitude. Mais est-ce une expansion de la conscience, jusqu’à ce qui serait sa limite « naturelle » ou bien est-ce authentiquement la saisie de notre conscience par une dimension propre à l’univers à laquelle nous n’aurions pas accès en tant normal ? Dans ce dernier cas il y aurait alors transcendance d’une dimension supérieure. Encore faudrait-il encore se poser la question de savoir si cette dimension est l’ultime dimension de l’univers pour autant que cette question ait un sens dans la mesure où comme l’a vu Kant c’est notre finitude qui impose cette idée de limite, ou de création de l’univers.

        Pour ma part, j’ai une préférence pour la position kantienne, je préfère ainsi rester sur la position de celui qui sait que les formes a priori de notre sensibilité que sont l’espace et le temps nous empêchent de connaître le monde en soi (les fameuses antinomies), n’en pouvant connaître alors que les phénomènes, par la raison et les sentiments. Ce qui ne signifie pas non plus que toutes les expériences se valent d’un point de vue scientifique ou humain. Dans l’ordre des expériences, certaines s’avèrent décisives, pour l’humanité ou dans notre parcours d’existence, tandis que d’autres relèvent de l’épiphénomène. C’est la raison pour laquelle il n’est pas faux de dire que nos vies ont un sens.

        Bref, les expériences inhabituelles demeurent pour moi, jusqu’à preuve du contraire ou expérience du contraire, du domaine de la phénoménalité.

      7. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        @ Pierre-Yves D.

        L’extase et le sentiment de plénitude qui l’accompagne donnent l’idée d’un but à atteindre. Il me semble alors naturel de chercher les moyens pour arriver à cette fin.
        On est ainsi ramené au problème de l’invention.
        S’il est vrai, comme l’a écrit Kant, que le schématisme est un secret caché aux profondeurs de l’âme humaine, il est clair qu’il est inutile de persévérer dans l’exploration de l’invention.
        Ce n’est pas ma position.

      8. Avatar de EOLE
        EOLE

        @ Pierre-Yves D.

        Vous aurez beau tourner ausi vite et aussi longtemps que vous voudrez autour du pot; votre raison comme la mienne est un outil nécessaire et efficace dans certaines limites et pas au delà. Vouloir ex-pliquer certaines choses, certains états, certains phénomènes est juste une entreprise impossible comme prendre un électron avec une fourchette… juste gare à l’infatuation du « moi »!

      9. Avatar de methode
        methode

        pour ma part je fais une différence entre psychotropes pharmaceutiques et hallucinogènes, dit aussi enthéogènes. l’avantage sur la raison pure, qui demande une grande connaissance, c’est que c’est ingérable.

        dommage au vue des sentiments bénéfiques qu’ils semblent générer de ne pas mener des expériences, par exemple au niveau carcéral en matière de réinsertion et récidive.

      10. Avatar de Pierre-Yves D.
        Pierre-Yves D.

        méthode

        Vous êtes sérieux ?
        J’ai un doute là.
        SI vous l’êtes, ne pensez-vous pas que ceux qui devront se réinsérer le seraient beaucoup facilement — si on peut dire — si la vie en prison était seulement plus humaine ?
        La raison pure ne demande pas a priori de grandes connaissances. La seule condition c »est de s’y abandonner et de suivre son fil et chemin faisant ouvrir les portes de la pensée, voire d’une certaine liberté intérieure avant de recouvrer une liberté physique et citoyenne.

        Il existe un certain nombre de cas de prisonniers qui ont mis à profit leur temps pour se plonger dans les livres, et quelques uns s’en sont trouvés transformés, ils n’étaient pas nécessairement très cultivés avant d’entrer en prison. Ce n’est pas une démarche commune dans l’univers carcéral, mais c’est justement le problème, que la prison soit conçue comme une punition, ou tout au moins une mise à l’écart de la société, alors qu’il faudrait à l’inverse que le prisonnier retrouve ce lien brisé avec la société, ce qui le plus souvent le lui est interdit.

        Et thérapie pour thérapie la meilleure thérapie n’est-elle pas celle par la parole plutôt que celle qui consiste à administrer des drogues . Les drogues peuvent soulager, voire bouster des esprits déprimés, mais de là à transformer un individu c’est un pas que je ne peux franchir.
        Mais peut-être ai-je mal interprété votre propos.

      11. Avatar de EOLE
        EOLE

        @ Jean-Luce Morlie:

        Eole
        est-ce interprété « au fil du vent » ?

        … L’esprit souffle où il veut… (;))

      12. Avatar de Jean-Luce Morlie
        Jean-Luce Morlie

        Eole,
        Vous écrivez, « l’esprit souffle ou il veut », c’est bien ça le problème ;).

        99% de l’abondante littérature à propos de « l’ enthéogènese » repose en effet « sur du vent », c’est-à-dire sur un empilement d’interprétations, hasardeuses, à propos de quelques très rares pièces archéologiques difficilement interprétables. De réécriture en réécriture approximative, nous avons assisté, ces cinquante dernières années, à la naissance d’un mythe occidental sur l’origine des religions ; lequel est le plus souvent centré sur l’idée d’un champignon sacré originel, tel que nous le présentent, des universitaires en demi-solde, comme secret caché des ésotérismes, de la Bible à l’alchimie ( The apples of Appolo, Pagan and christian Mystéries ot the Eurcharist) ; c’est amusant.

        Certes, comme l’avait souligné Claude Levi-Strauss ,l’étude du rôle des champignons dans la culture n’est pas négligeable en raison de la charge d’affects très généralement associée aux champignons par les peuples de tous les continents. Ainsi, il ne serait pas indifférent d’examiner en détail, pourquoi, par-dessus la grande muraille, les chinois traitaient les Mongols de « champignons ».

        Voici un exemple de réécriture, vous trouvée dans la littérature « enthéogène »:

        « Peut-être qu’avec toute notre science nous n’avons plus besoin des champignons. Peut-être aussi en avons-nous plus besoin que jamais ! Il est des gens pour s’indigner que la clé d’une expérience religieuse puisse être trouvée dans un vulgaire champignon, dans une substance psychédélique. Il est pourtant vrai que l’expérience de l’élargissement du champ de la conscience reste un prodigieux mystère.
        « Ce petit champignon vient de lui même, nul ne sait d’où, comme nul ne sait d’où vient le vent, ni pourquoi il souffle. »
        Une simple plante ouvre les portes, déclenche l’ineffable, amène l’extase. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire de l’humanité que les formes les plus humbles de la vie accouchent du divin. Du silex jaillit l’étincelle. Pour déroutante qu’elle soit, la merveille que j’annonce vaut d’être entendue par les hommes.

        http://www.liberterre.fr/entheogenes/psychonautes/wasson/wassonchampignon1.html

        L’argumentation « scientifique » – non référencée- de cette interprétation repose sur une donnée ethnographique, prononcée en espagnol par Victor Hernandez , (un muletier Mazatèque qui servit d’interprète. A RG Wasson lors son expédition de 1958 à Hualta) – que viene por si mismo, no se sabe de donde, como el viento que viene sin saber de donde ni porque « Ce petit champignon vient de lui même, nul ne sait d’où, comme nul ne sait d’où vient le vent, ni pourquoi il souffle.

        Les résonnances poétiques nous sont familières : « au début, l’esprit soufflait sur les eaux », elles nous confortent dans l’idée d’une spiritualité universelle.

        En fait, il n’en est rien : vous ne vous étonneriez pas qu’un anglais visitant Waterloo tonne contre Napoléon en l’affublant du sobriquet de « filthy mushroom », en effet de nombreuses caricatures anglaises de l’époque représentent l’Empereur de cette façon ; en outre du chapeau, sans doute, la raison en est qu’en anglais un « mushroom man » est un « parvenu », car « nul ne sait d’où il vient quand il surgit ».

        C’est exactement la réponse que fit Victor Hernandez à Wasson, lorsque denier l’interrogeait sur le sens de ‘nti si to , expression que Mlle Eunice Pique, dans une lettre datée de 1953, avait signalée à Wasson pour désigner la catégorie des champignons psychotropes (si to ) et qui signifie « ce qui surgit » ; « ‘nti » étant une marque de déférence.

        Wasson ajoutait : “ si to” means literally ‘that which springs forth’, and while it is impossible for us to prove that this sense explains the name, in the context of the sacred mushrooms it is a felicitous mystical metaphor”

        MUSHROOMS RUSSIA AND HISTORY, VII p.251

        Les fidèles lecteurs de ce blog seront sans doute amusés par le fait que R.G Wasson fut Vice-Président de la banque Pierpont Morgan, de 1943 à 1963 . Wasson s’entourait d’amis de qualité ; parmi ses intimes, citons le linguiste Roman Jakobson, le mycologue Roger Heim, le botaniste Evans Shultes, le chimiste Albert Hoffman. Il a l’habitude de s’adresser « aux meilleurs », Robert Graves, Georg Morgenstierne, Marija Gimbutas, etc. Au siège de la banque Pierpont Morgan, Wasson dispose d’un maître d’hôtel privé et reçoit à déjeuner. Le dining-room de la banque devient un point de ralliement pour le gratin de la contre-culture psychédélique : Huxley, Osmond, le « Captain Al Hubbard » . Wasson a assurément joué un rôle dans « l’upperground » du prépsychédélisme new-yorkais, aussi ses recherches allaient-elles alimenter la relance des enjeux déjà ouverts par la mescaline dans les années vingt , mais en le plaçant cette fois sur le terrain du tout neuf du LSD (dont les propriétés sont découvertes par Hoffman le 16 avril 1943).

        Et après ça, étonnons-nous encore que ça foire aujourd’hui, jute à côté de son dining-room

        …The fall (bababadalgharaghtakamminarronnkonnbronntonner-
        ronntuonnthunntrovarrhounawnskawntoohoohoordenenthur-
        nuk!) of a once wallstrait oldparr is retaled early in bed and later
        on life down through all christian minstrelsy…

      13. Avatar de EOLE
        EOLE

        J’apprécie beaucoup certains champignons mais je n’ai pas l’expérience d’un quelconque effet hallucinogène à leur ingestion.
        Disperser les spores, peut-être…

        Le sens religieux ou la spiritualité ne sont pas une affaire de mycologie même s’il dérive souvent en mythologisme ou en mythomanie. Il s’agit d’une activité génétiquement programmée activée par une énergie psychique et qui se confronte à la raison et à la volonté de notre ego lui aussi génétiquement programmé.

    2. Avatar de BasicRabbit
      BasicRabbit

      @ Pierre-Yves D.
      « Dans le « ex » de extase il y a toujours l’idée d’une sortie ».
      Dans le « ex » de exister aussi!
      Comme disent les psychanalystes, le Moi est toujours conscience d’un manque, l’Ego est toujours décentré. « Nous ex-sistons » dirait (je crois) Lacan. Toujours?

      L’exstase se produirait pour moi dans ces moments rarissimes où notre ego ne serait pas décentré, où nous serions nous-mêmes, cad en harmonie, formant Un avec le Tout: au lieu de exstase je verrais plutôt instase…

      1. Avatar de Thierry
        Thierry

        @ methode, Pierre-Yves D.

        Je trouve cet échange sur la prison (et sur l’opportunité d’y favoriser un changement personnel par le recours à des psychotropes « enthéogènes ») très intéressant.

        Le fait est, en tous cas, que la prison telle que nous la connaissons n’est manifestement pas un très bon système pour favoriser un changement d’attitude positif chez les prisonniers, beaucoup la considèrent plutôt comme criminogène.

        Il me semble que cela pose, plus généralement, toute la question du rôle de la « récompense » (récompenser le « mérite ») et de la « punition » (punir la « faute ») dans notre culture.

        La récompense du « mérite » me paraît avoir des effets en partie similaires à l’institution de l’héritage. En moyenne, celui qui a eu la chance d’avoir un environnement favorable dans son enfance se retrouvera à même de faire plus d’études, d’acquérir plus de qualifications, ce qui lui conférera, selon les critères en vigueur, plus de « mérite » pour lequel on le récompensera (meilleurs revenus, meilleur « niveau de vie »). (Cf. par exemple, Bourdieu et ses études sur la reproduction sociale). Les dés sont bien sûr pipés…

        Celui qui, le plus souvent parce qu’il a vécu son enfance dans des circonstances défavorables, commettra un délit ou un crime, commettra une « faute » et sera puni d’une manière qui crée des circonstances encore plus défavorables…. (De même qu’un État comme la Grèce, puni parce qu’il a des dettes se retrouve en avoir de plus grosses encore !)

        Plus généralement encore, se pose posée la question du rôle que joue, dans notre culture d’individus, la triade « volonté – libre-arbitre – conscience claire des options possibles » et leur parèdre, la « responsabilité ».

        Le libre-arbitre est probablement en partie une construction sociale, particulièrement propre à la culture occidentale, une notion qui relève bien moins de la psychologie que de la morale. Selon François Jullien, on ne trouve pas ce genre de notion dans la pensée chinoise classique.

        Pourrions-nous imaginer nous passer de ce genre de notions pour penser le rapport à soi, à autrui et au monde ? Trouver autre chose ? Je ne sais pas, mais il me semble que la question mérite d’être étudiée.

      2. Avatar de baleine
        baleine

        PYD
        Il existe un certain nombre de cas de prisonniers qui ont mis à profit leur temps pour se plonger dans les livres, et quelques uns s’en sont trouvés transformés, ils n’étaient pas nécessairement très cultivés avant d’entrer en prison. Ce n’est pas une démarche commune dans l’univers carcéral, mais c’est justement le problème, que la prison soit conçue comme une punition, ou tout au moins une mise à l’écart de la société, alors qu’il faudrait à l’inverse que le prisonnier retrouve ce lien brisé avec la société, ce qui le plus souvent le lui est interdit.

        Un corps meurtri, a-mobile, isolé, aveugle, condamné à perpétuité parfois pour grand âge est une prison péri-normale, une mise à l’écart de notre société dans l’entonnoir de la vie et de la mort.
        Comment retrouvé ce lien brisé ? Les livres audio,
        http://www.avh.asso.fr/

    3. Avatar de methode
      methode

      pierre-yves d,

      SI vous l’êtes, ne pensez-vous pas que ceux qui devront se réinsérer le seraient beaucoup facilement – si on peut dire – si la vie en prison était seulement plus humaine ?

      si l’on peut dire en effet. bien sûr l’épineuse question de l’humanisation de la vie carcérale, par exemple en aménageant des espaces dédiés à la vie de famille et à une sexualité sereine, ne peut être occultée. je suis tout à fait opposé au mélange des prisonniers de moins de trente ans avec ceux de plus de trente ans.

      c’est tout à fait sérieux, j’ai pu observer et rencontrer des personnes incarcérées, il y a toutes sortes de raison à ces incarcérations, du délit routier en passant par les vols avec ou sans violences, les escroqueries et bien sûr les crimes. peut-être vais-je encore vous choquer mais il m’a d’ailleurs semblé que certains cas sont si engagés sur une mauvaise pente qu’il est difficile de les en détourner.

      j’ai bien conscience qu’il ne s’agit pas de reproduire le schéma des hôpitaux psychiatriques où les patients sont assommés par des anxiolytiques et autres neuroleptiques. ça n’a rien à voir.
      le billet parle d’éveil, et d’hallucinogène, que je préfère appelé enthéogène: qui génère le sentiment divin. la plupart des intervenants sont d’accord pour dire que les expériences mystiques sont bénéfiques et nous portent vers le mieux-être, vers une meilleure compréhension et un égo moins hypertrophié, nous font toucher du doigt le merveilleux et la beauté, nous offrent quelques clefs des grands mystères de ce monde, même si pour un bref moment. les enthéogènes ont justement la particularité d’induire des expériences mystiques si ils sont pris dans un certain type de cadre… qui par ailleurs ne peut être une prison bien évidemment. j’ai d’ailleurs pu voir à ce sujet des expériences d’auto-gestion de prisonniers en pleine nature, isolé sur des petites iles au danemark: il serait indispensable dans le cadre de telles expériences de procéder à une sélection sévère.
      voyez le reportage de l’agence reuters dans le commentaire de cassandre sur le même fil, c’est intéressant :

      http://www.pauljorion.com/blog/?p=37137#comment-322370

      ces drogues comme vous dites très génériquement, ce qui ne vous ressemble pas, modifie certes l’état psychique, mais il semble avéré qu’elles ne provoquent pas de dépendance et jusqu’à présent aucun effet secondaire n’auraient été répertoriés, mise à part une certaine émulation à la connaissance…, c’est justement là que je vous rejoins quand vous affirmez,

      Il existe un certain nombre de cas de prisonniers qui ont mis à profit leur temps pour se plonger dans les livres, et quelques uns s’en sont trouvés transformés, ils n’étaient pas nécessairement très cultivés avant d’entrer en prison. Ce n’est pas une démarche commune dans l’univers carcéral, mais c’est justement le problème, que la prison soit conçue comme une punition, ou tout au moins une mise à l’écart de la société, alors qu’il faudrait à l’inverse que le prisonnier retrouve ce lien brisé avec la société, ce qui le plus souvent le lui est interdit.

      et si les enthéogènes parvenaient à mettre plus de gens sur la voie de l’apprentissage en les sensibilisant à ces choses?

      ceux qui vont en prisons sont bien souvent des gens qui n’ont connu que la misère et la violence sociale et physique, et qui bien souvent les retrouvent à leur sortie, toutes choses qui éloignent du cheminement de la connaissance et de la modération qui en résulte : une certaine sagesse/modération.
      je pense que vous êtes d’accord sur le fait que la télévision est aujourd’hui un média néfaste rempli de violence (on y voit des centaines de meurtres par jour !). mais seriez-vous aussi véhément envers cet hallucinogène et hypnotique puissant qu’est un téléviseur (et encore plus enfermé en prison) qu’envers ces substances, connues depuis le fond des âges et consacrées au sentiment religieux et à la médecine dans nombres de cultures anciennes, sensées nous faire développer un rapport plus mystique à la nature et au monde?

      je trouve la télévision très dangereuse, nombre de jeunes, et notamment en cellule, ne rêvent que d’argent facile, de grosses voitures, de poules de luxe, d’arme à feu et de drogue. cherchez l’erreur. peut-être singent-ils bêtement ce qu’ils voient, allez savoir?

      ne parlons pas de cigarette et d’alcool dont les effets sont biens connus et pourtant sont en vente libre… y compris le vin.

      la question est donc de les sensibiliser à autre chose, par tous les moyens, et d’autant plus par des moyens qui je le répète, devraient être procéduriers, méthodiques si vous préférez, et avec toutes les précautions nécessaires, mais des moyens qui ne présentent que peu de danger s’il fallait stopper les expérimentations ce qui n’est pas un luxe. je ne vous rappellerais pas les différents scandales pharmaceutiques, les derniers sont le médiator ou les prothèses mammaires. nous parlons pour nôtre part de substance naturellement produite à la nocivité probablement quasi-nulle.

      alors bien sûr ça ne luttera pas contre la pauvreté et les inégalités, mais déjà contre la misère intellectuelle ce n’est pas si mal non? et croyez-le je comprends que cela puisse faire peur à certains psy, mais après tout c’est ça la science.

      j’espère vous avoir rassuré et éclairé sur mes propos.

      http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/01/24/naturel-les-champignons-hallucinogenes-remedes-contre-la-depression/#xtor=RSS-32280322

      1. Avatar de Pierre-Yves D.
        Pierre-Yves D.

        méthode,

        merci pour ces précisions.
        la question est donc de les sensibiliser à autre chose
        Sur cette base c’est en effet plus rassurant.

        Je me pose tout de même la question de savoir si dans le cadre actuel de la prison ce genre d’expérience avec ce qu’elle suppose d’accompagnement , de moult précautions, n’est pas un peu une vue de l’esprit. L’univers carcéral actuel est-il suffisamment ouvert pour donner lieu à ce genre d’expérience qui exige un accompagnement rigoureux du demandeur comme vous le précisez vous-même, j’ajouterais une grand disponibilité de l’accompagnateur. Je vois mal par exemple le prisonnier demandeur prendre sa « dose » avec son accompagnateur médecin, et autre accompagnateur, et le soir regagner sa cellule où il sera livré à lui-même.

        Mais peut-être avez-vous eu connaissance vous-même de ce genre d’expérience en milieu fermé ?
        En tant que médecin, si vous l’êtes, ou à un autre titre.
        Autrement dit le fait même que ce type d’expérience puisse être tenté n’est-il pas par elle-même une remise en cause de la finalité de la prison ? En ce cas ne sont-ce pas d’abord les conditions de vie des prisonniers qui devraient être dénoncées.

        L’image que j’ai de ce genre d’expérience me vient surtout du film magnifique de John Boorman, La forêt d’émeraude où l’on voit en amazonie des hommes absorber en fumant ce genre de substance, l’expérience y apparaissait fortement imbriquée dans un contexte social et culturel qui donnait un sens quasi prédéterminé aux effets induits par les hallucinogènes.
        Or, dans une prison, quel sens va-t-on donner à ces expériences ? Dans enthéogène il y a Dieu, n’est-ce pas un peu présomptueux de présenter ces substances comme ce qui serait un accès à la divinité ? Je préfère quant à moi l’idée qu’il s’agit d’ouvrir les portes de la perception, pour « se sensibiliser à autre chose » selon votre propre expression.

      2. Avatar de methode
        methode

        pierre-yves d,

        évidemment que c’est une vue de l’esprit, la france actuelle n’étant plus vraiment le pays des lumières il semble que ces expérimentations aient plus de chance de se voir réalisées en suisse, en suède, en angleterre (dur pour moi de dire ça) et même dans quelques états progressistes américains. peut-être même en amérique latine étant donné l’énorme population carcérale du nouveau monde.

        mais je crois sincèrement qu’il est bon d’en évoquer la possibilité, et rallier à cette cause. je ne sais pas si vous avez lu les renvois que j’ai mis plus haut, ou l’hommage à roger heim, les chercheurs qui s’intéressent aux propriétés psy des enthéogènes sont tout ce qu’il y a de plus sérieux. néanmoins ils sont confrontés bien évidemment au conservatisme le plus crasse… et au lobbying le plus vil.

        c’est qu’il n’est pas forcément pour faire plaisir à tout le monde que d’envisager des études qui pourraient mettre à mal les dogmes de la consommation… en produisant des petits libre-penseurs éthiques en série avec des besoins raisonnables. vous devez sûrement avoir une idée des sommes dépensées pour persuader les gens que pour être complet il leur faut les produits dernier cri.

        n’étant ni médecin, ni ex-détenu, mais n’étant pas non plus tenu par quelque intérêt sinon celui d’une société (un peu) meilleure, je me suis donc appliqué comme vous le voyez à chercher des références tout à fait honorables (j’espère que vous me l’accorderez) que j’ai en effet pu mettre en rapport avec mon expérience sensorielle de ces choses.

        par contre vous, vous n’en avez qu’une image, somme toute bonne, par exemple quand vous dites que l’ambiance culturelle et sociale (et surtout le lieu) prédétermine, quasiment, l’expérience et les fruits qu’elle portera. il est évidemment hors de débat d’imposer de tels traitements dans le cadre d’une prison classique c’est pour cela que je vous parlais de l’expérience danoise sur les petites iles isolées. de même il n’est pas envisageable de mon point de vue de ne pas coupler ces expérience avec l’enseignement nécessaire (à choisir il faudrait probablement ne garder que l’enseignement). par contre je ne pense pas que cela coûte si cher, comme je ne crois pas non plus que tous les détenus soient ‘récupérables’ à moindre frais, une sélection des détenus les plus susceptible d’avancer devrait simplifier les choses.

        bien sûr vous avez raison ça ne peut absoudre d’une remise à plat de la condition carcérale, notamment pour la vie de famille et en matière de sexualité, simplement il est difficile de se passer de prison.

        il n’en reste pas moins que ces possibilités concernant les enthéogènes et particulièrement les psilocybes devraient être portées à la connaissance du public. quelque-chose me dit que c’est en bonne voie (songez qu’une part toujours plus importante de la population a connu au moins une fois dans sa vie ce genre d’expérience depuis la vulgarisation dans les années 60) et que d’autres pays ne s’encombreront pas de cette hypocrisie organisée que sont les conservatismes de la société française, ne serait-ce qu’au brésil ou le foisonnement de cultes autorise toutes les hypothèses.

        tant pis pour nous.

      3. Avatar de methode
        methode

        Roger Heim (1900-1979) fut Directeur du Muséum d’Histoire Naturelle à Paris (de 1945 à 1960), il fut Président de l’Académie Nationale des Sciences et il fut même Président de l’Union Internationale de la Conservation de la Nature (de 1954 à 1958). Il fut aussi président de la Fondation Singer-Pollignac. Il présida au VIIIe Congrès International de Botanique à Paris en 1954. Il fut Grand Officier de la Légion d’Honneur, titulaire de la Croix de Guerre, titulaire de la médaille pour la Résistance, Commandeur de l’Ordre des Arts et Lettres, Commandeur de l’Ordre du Mérite Agricole, Commandeur de plusieurs ordres du Japon, du Mexique et d’autres pays, etc, etc.

      4. Avatar de vigneron
        vigneron

        C’est quoi ce délire methode ? Je suis scandalisé. Pourquoi réserver un traitement hallucinogène ou «enthéogène» (!!) à l’élite de l’humanité gauloise, i.e ses incarcérés en centrales, maisons d’arrêt ou HP ? Non non ! pas de privilèges ! il faut offrir cet éveil aux exclus, aux marginaux, aux victimes du système ! Je propose, à raison d’une séance hebdomadaire (obligatoire ! ) :
        – Mescaline pour les élèves de Normale Sup
        – Psilocybine pour ceux de l’ENA
        – LSD pour Polytechniquei
        – Salvinorine pour HEC
        – Et enfin un délirogène genre atropine (une bonne vieille décoction de datura* tous les lundis à 8H pétantes) pour les futurs quants de l’école de maths financières de Nicole El Karoui, parce que ça pourra pas être pire…
        * Et attention hein ! pas de l’industriel. du pharmaceutique, genre tisane aux cigarettes Legras comme dans l’temps ! non, du bio, fabriqué par nos futurs génies des maths financières, à partir de leur datura « homegrown ». Ça leur f’ra une bonne leçon d’choses un peu d’jardinage. 🙂

      5. Avatar de vigneron
        vigneron

        Rêvons un peu… un billet de Sartron sous LSD, un graphique de Berruyer sous atropine… La face du monde s’en trouverait changée, sûr… quoique…

      6. Avatar de Moi
        Moi

        @vigneron: ben merde, moi qui croyais que Sarton prenait déjà du LSD.

      7. Avatar de methode
        methode

        vignerond,

        pas de raison de s’émouvoir il n’y a aucun délire, vous dépassez largement le cadre de ce que je dis. suffit de lire.
        on peut très bien être un super matheux par ailleurs et terminer complètement givré.
        en résumé, il serait probablement intéressant de tirer une connaissance pratique de ces plantes. dommage de ne pas mener de telles études en france .

        anthropology inside

      8. Avatar de methode
        methode

        si ça change la face du monde j’en sais rien, ce qui est sûr c’est qu’un pionnier en la matière était banquier.

        voilà qui devrait en rassurer 😀

  24. Avatar de Pablo75
    Pablo75

    À propos d’Abou Bakr Schibli, mystique « irakien » mort en l’an 945:

    « Un jour, il tenait à la main un bâton qui flambait par les deux bouts. On lui demanda: -Qu’as-tu l’intention de faire? – Je cours mettre le feu avec un bout au paradis et avec l’autre à l’enfer, afin que les hommes s’occupent uniquement de Dieu. […] Il rencontre un jour un homme qui pleure. Il lui en demande la raison: – Parce que mon ami est mort. – Oh, étourdi ! Pourquoi as-tu choisi un ami qui meurt?
    (E. Junger. Soixante-dix s’efface III. Journal 1981-1985. Gallimard, 1996; p. 479)

  25. Avatar de babypouf
    babypouf

    Comment interfére la notion ou bien l’effet du « temps qui passe » dans nos processus cognitif, suspendont cet effet et je me demande bien si ce ne serait pas alors un « etat d’éveil » qui surviendrait.
    Juste là ! un peu d’éternité et je deviendrais vraiment copain avec la pierre prés de moi, ou bien la fleur muette et douce et tout le présent quoi !

    … mais pour cela il faut accepter de ne pas courir en cas d’urgence, ce que nous faisons malgrés nous en permanence.

    cordialement

    1. Avatar de Dup
      Dup

      L’éternité est un concept temporel…. 😉

      1. Avatar de schizosophie
        schizosophie

        Je dirais même plus : une croyance temporaire, qui aura duré longtemps.

      2. Avatar de babypouf
        babypouf

        joli ! je dois certainement m’être mal exprimé ou bien alors que c’est … euh

        cordialement

      3. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        « L’éternité c’est long, surtout vers la fin ». (Woody Allen)

        1. Avatar de Julien Alexandre

          « L’éternité c’est long, surtout vers la fin »

          Surtout que ça prend un certain temps avant de commencer !

      4. Avatar de Marlowe
        Marlowe

        On peut mourir d’être immortel.

    2. Avatar de Eric L
      Eric L

      N’est pas pierre qui veut . Certaines roches sont tendres, d’autres durent . On ne tient pas impunément une pierre entre ses mains surtout si elle est taillée et belle . On peut dire à peu près la même chose face à une image peinte . Une toile , et hop, on n’est plus là …

  26. Avatar de TBM
    TBM

    Il existe donc un type d’expérience très particulier que l’on appelle « éveil », « libération », « illumination », « transe mystique », « extase », « anéantissement », « nirvana », « moksha », « satori », « samadhi »

    Bonjour,

    Il me semble qu’il y’a confusion entre des moyens et un but.
    Le samadhi est un état de concentration plus ou moins intense sur un objet qui « colore » ce samadhi. l’éveil, l’illumination (enlightenment est une des traduction anglaise de satori entre autre) sont des « prises de conscience ». On peut avoir une expérience d’ »éveil » sans samadhi (le mardi est tout aussi favorable à l’expérience spirituelle).

    Les expérience « Mystiques » et autres sont le côté « Passif/ Yin/ Femelle » de l’activité spirituelle, qui ont souvent été qualifiées d’hystérique par la faculté de médecine et peu goutées du spiritualiste sérieux car trop empreinte de sentimentalisme qui est un piège tendu par notre petit ego.

    Peut être à force ,ou non , de toutes ces choses arrivera-t-on au Nirvana, à l’Anéantissement, à Moksha. Notons que de doctes messieurs en robe bariolées ou non se crêpent encore le chignon pour définir ce que sont toutes ces choses, et si oui ou non ce sont les mêmes. Le Nirvana n’a pas le même sens selon la tradition Bouddhique à laquelle on se rattache (Hinayana/Mahayana/Tantrayana). Le terme Moksha, lui est d’origine « Hindoue ».

    Puissent les puristes me pardonner mes simplifications.

    Sincères salutations et merci aux tauliers pour leur prose.

    1. Avatar de Thierry
      Thierry

      @ TBM

      Le samadhi est un état de concentration plus ou moins intense sur un objet

      Le mot a plusieurs sens (probablement par dérivation métonymique). Celui que vous évoquez en est un.

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Samadhi

      Selon le Dictionnaire de la sagesse orientale (Laffont, 1989), p. 471 : « État de conscience (…) que caractérise la cessation de toute pensée. Il se produit une fusion totale du méditant avec l’objet de sa méditation (…) Il existe différents stades de Samadhi (…) »

      1. Avatar de Piotr
        Piotr

        Bonjour ,on est samadhi !

        Vidéo exceptionnelle de monsieur Jorion.

      2. Avatar de Ando
        Ando

        « la cessation de toute pensée ». Cet état n’existe pas. Il signifierait la mort organique. Samadhi signifie simplement que l’être n’est plus vraiment déterminé par les pensées. Les pensées, elles, continuent de vivre leur vie habituelle.

      3. Avatar de FRADIAVOLO
        FRADIAVOLO

        A quand le dictionnaire de l’indicible?

      4. Avatar de soi
        soi

        A Ando,

        Si, j’ai vécu un état vide de toute pensée après un Nième choc, mais cela n’était pas agréable du tout (c’était trois an après mon ‘éveil’). J’ai du pendant plus de 12 heures, justement me forcer à penser pour ne pas perdre pied.

      5. Avatar de NK
        NK

        SI, Andô, cet état existe (ce n’est qu’un état d’ailleurs, donc impermanent) ; il me semble que cela a pu s’installer dans « mon » zazen (quelques rares fois); présence totale, intense, sans aucune pensée… hum.. soyons honnête : même dans une expérience de deux-trois heures (la plus forte), il restait un rattachement : la vague conscience de cette expérience, l’idée ténue en somme qu’il y avait cette expérience sans pensée ! …mais c’était au plus ténu et « je » ne m’en suis vraiment « rendu compte » que le soir, quand « je » suis revenu à « moi », stupéfait … ces deux-trois heures furent totalement mutiques et intenses, « dans le mouvement », en parfaite adéquation (passer les plats, débarrasser, marcher, déféquer), en totale conscience non-troublée, sans aucun effort ni diversion… une « expérience » parmi toutes celles qu’on relate ici. Un avant-goût, peut-être, si seulement…
        Si le terme « cessation » vous trouble, parlons alors de « suspension »…
        La radio, branchée en permanence dans nos têtes, peut s’éteindre… c’est d’ailleurs ce qui se passe chez vous, chaque nuit… pensez-y (!).

  27. Avatar de Marlowe
    Marlowe

    Prise de conscience et illumination.

    Quand j’étais jeune, alors que j’allais vers les 20 ans, l’année du beau mois de mai 68 en France, j’entendis parler de prise de conscience.

    Beaucoup plus tard, plus d’un quart de siècle s’était écoulé, en découvrant l’abbaye de la Chaise-Dieu (Haute-loire), j’ai eu une illumination devant la Danse macabre.
    Comme les autres humains, et comme, je l’avais découvert dans ma jeunesse, les civilisations, j’étais mortel.

    La danse macabre.

    O créature raisonnable
    qui désire vie éternelle
    tu as ici doctrine notable
    pour bien finir vie mortelle.
    La danse macabre rappelle
    que chacun à danser apprend
    à homme et femme est naturelle,
    la mort n’épargne ni petit ni grand.

    Cette danse réveilla ma mémoire et le souvenir me revint de ce film de Bergman, le Septième Sceau, que j’avais découvert à la fin de l’hiver 67/68.

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