Je reçois chaque jour encore des mails qui me disent : « Monsieur Jorion, je suis tombé sur une vidéo TRÈS intéressante où l’on explique dans des termes TRÈS simples comment les banques créent de l’argent ex nihilo ».
Suit une vidéo où l’on vous explique avec indignation que les banques créent l’argent qu’elles vous prêtent, comme dit la formule bien connue : « par un simple jeu d’écritures ».
Pour ceux qui prennent le train du Blog en marche, je signale que ce mythe a été explosé dans les discussions que nous avons eues ici en 2008 et a donné lieu à mon livre L’argent mode d’emploi (Fayard 2009) qui remet les pendules à l’heure à cet égard.
Pour ceux qui seraient encore convaincus que les banques prêtent de l’argent qu’elles n’ont pas, ou qu’elles ne prêtent pas l’argent qu’on dépose chez elles, ou qu’elles prêtent des sommes faramineuses qui sont X fois les sommes qu’on dépose chez elles (ce sont en général les mêmes qui croient tout cela à la fois), une dépêche de l’agence Bloomberg signale ce matin en marge de la perte avouée de 2 milliards de dollars sur des opérations de CDS (Credit-default Swaps) par la banque américaine JPMorgan (qui avait jusqu’ici la réputation de champion du monde de gestion du risque), à propos de Mme Drew qui se trouve désormais sur un siège éjectable :
“Drew, 55, is one of two women on the operating committee at JPMorgan, the biggest and most profitable U.S. bank. Her office oversees about $360 billion, the difference between money from deposits and what the bank lends.”
[Ina] Drew, âgée de 55 ans, est l’une des deux femmes au comité d’exploitation de JPMorgan, la banque américaine la plus grosse et la plus rentable. Son département gère environ 360 milliards de dollars, la différence entre l’argent déposé sur des comptes courants et les sommes que prête la banque.
330 réponses à “L’ARGENT QUE PRÊTENT LES BANQUES (ET JP MORGAN EN PARTICULIER)”
Je ne pense pas que l’on puisse être plus confus… Ça me fait penser à un plaidoyer d’avocat : « Mon client n’a pas volé la tondeuse du plaignant. D’ailleurs il la lui a rendue en parfait état. De toutes façons, elle était déjà en panne lorsqu’il l’a eue. »
Pour ceux qui veulent comprendre comment ça marche, une banque peut prêter les dépôts de ses clients (banque d’émission qui crée de la monnaie scripturale comme la BNP) ou bien emprunter à une autre banque les sommes qu’elle investit ou prête ensuite (banque d’investissement comme JP Morgan). Et, bien sûr, certaines banques font les deux. La monnaie créée par les banques d’émission n’a pas cours légal, contrairement aux espèces créées par la la banque centrale (monopole de la création de monnaie légale). Tout le monde est tenu d’accepter la monnaie légale de jure. Cependant, la plupart du temps les gens acceptent de facto la monnaie des banque en paiement.
P.S. Wouahahahaha, je les sens bien les commentaires sur ce coup-là !
Vous serez sans doute surpris d’apprendre que nous sommes parfaitement d’accord (parce que la chose est rare) et que vous ne faites que répéter ce que je dis dans le billet (si vous n’en êtes pas convaincu, relisez-le, et ne sautez pas le bout de phrase : « Pour ceux qui seraient encore convaincus que… »).
Oui, comme vous je pense qu’ « on ne peut pas être plus confus » : visionnez l’une de ces vidéos et vous vous convaincrez que c’est bien cela qui est dit simultanément !
« Pour ceux qui veulent comprendre comment ça marche, une banque peut prêter les dépôts de ses clients (banque d’émission qui crée de la monnaie scripturale comme la BNP) ou bien emprunter à une autre banque les sommes qu’elle investit ou prête ensuite (banque d’investissement comme JP Morgan). Et, bien sûr, certaines banques font les deux. »
Oui ! c’est la représentation défendue dans L’argent, mode d’emploi, mais croyez-moi si vous voulez, certains en sont tombés sur le cul, avant de récupérer, et d’autres continuent à nier l’évidence.
Et en ce qui me concerne, je n’ai toujours pas compris ! Et ce crépage de chignon rajoute de la confusion !
Faut-il que je lise votre livre, Paul ? Est il accessible à quelqu’un qui n’as pas son bac ?
@ Emma Indoril
Le livre est très didactique. Ceci étant dit, les choses sont très simples à comprendre, et ce billet dit deux choses que je résume à votre attention :
1/ Les banques commerciales ne « créent » pas d’argent. Ce serait trop facile ! A chaque fois qu’elles font une opération (prêt, investissement, paiement), elles doivent trouver des ressources (de l’argent) pour les financer. C’est le b.a.-ba
2/ Paul parle ici d’une banque qui a utilisé 360 milliards de dollars reçus de ses clients pour spéculer sur les marchés pour son propre compte, plutôt que de faire son métier traditionnel d’intermédiation financière, c’est-à-dire prêter cet argent en évaluant le risque. Pourquoi ? Parce que pour un prêt, vous demandez 2 à 5 % d’intérêt, alors que lorsque vous investissez vous-même, vous pouvez – quand tout va bien – obtenir des rendements bien plus élevés. Cet exemple illustre simplement le fait que JPMorgan n’a pas « créé » l’argent pour spéculer sur les marchés, elle l’a pris dans les poches de ses clients.
Les temps sont à l’extraordinaire : « Vous serez sans doute surpris d’apprendre que nous sommes parfaitement d’accord » …
« banque d’émission qui crée de la monnaie scripturale comme la BNP »
« La monnaie créée par les banques d’émission n’a pas cours légal »
« Cependant, la plupart du temps les gens acceptent de facto la monnaie des banque en paiement. »
Il me semblait qu’il y avait désaccord là-dessus.
@ Moi
Evidemment, la sémantique employée par GSF est trompeuse, en parlant de « création », mais ses explications font bien voir que ce qu’il appelle de la monnaie n’en est pas, nous nous appelons un chat un chat : une reconnaissance de dette.
Seul le dernier point, l’acceptation « de facto de la monnaie des banques en paiement » est évidemment faux, puisque seule la monnaie banque centrale est acceptée par les banques entre elles.
@Julien: merci, je croyais cet éclaircissement nécessaire, puisque c’est là que maintenant les tenants de la création monétaire par les banques privées se retranchent. Toujours pour éviter d’appeler un chat un chat: il s’agit de reconnaissances de dettes plus ou moins foireuses qu’ils cherchent désespérement à échanger contre de l’argent (parfois directement avec la banque centrale et dans le dos des peuples, exemple : 7,7 trillions d’aides de la part de la FED, dans le plus grand secret, 11 fois le TARP).
Pour cacher ce scandale, quoi de mieux que de dire faussement que ces reconnaissances de dettes étaient déjà de facto identiques à de l’argent.
Un exemple de cette manipulation sémantique par Olivier Berruyer lui-même (d’habitude il est mieux que ça) qui n’a pas peur de se contredire d’une phrase à l’autre afin d’inventer la « plus-ou-moins monnaie » : « Tous les actifs ne sont donc pas de la monnaie et certains le sont plus que d’autres : il y a des degrés dans la “liquidité” et dans le caractère “risqué”. La monnaie c’est l’ensemble des actifs permettant de se libérer d’une dette, sur un territoire donné, sans délai et sans risque de perte en capital. »
Le blog d’Olivier Berruyer est très bien, mais lorsqu’il évoque la création monétaire, il ne sait absolument pas de quoi il parle.
Pour ceux que ça intéresserait, on peut consulter en pdf les 8000 pages de discussion au sujet de la création monétaire (tapez sur google tout notre débat sur la monnaie chez paul jorion.pdf).
Je crois qu’il faudrait préciser la nature de l’argent que les banques empruntent aux banques centrales et qu’elles prêtent, aux Etats entre autres.
Je ne comprends pas : les banquiers ne s’échangent pourtant pas des valises de billets !?
@ oddfuture
La monnaie banque centrale n’est pas composée exclusivement de pièces et billets de banque, elle comprend également de la monnaie scripturale centrale, qui est celle qui permet de régler les paiements inter-bancaires.
Moi,
Toi aussi tu gobes ça ? C’est mieux que les 16 trillions qui circulaient y’a six mois, mais c’est de la même eau, saumâtre.
@ Julien Alexandre
Merci. Mais quand on dit que la BCE « fait tourner la planche à billets », est-ce métaphorique ? (= est-ce que dans ce cas la BCE ne crée que de la monnaie scripturale ?)
@ oddfuture
Oui, c’est métaphorique pour l’essentiel, mais dans le détail, si les besoins des acteurs économiques en termes de monnaie fiduciaire venaient à s’intensifier, la BCE pourrait être contrainte de revoir la répartition de création entre monnaie scripturale et fiduciaire afin de permettre aux banques commerciales de faire face à des demandes de retrait importantes.
@vigneron: c’est pas vrai cette histoire de 7,7 trillions? Je l’ai pourtant vu à des endroits « sérieux » (bloomberg, chaîne de grande écoute US, etc). Ex: http://www.bloomberg.com/news/2011-11-28/secret-fed-loans-undisclosed-to-congress-gave-banks-13-billion-in-income.html
« Add up guarantees and lending limits, and the Fed had committed $7.77 trillion as of March 2009 to rescuing the financial system, more than half the value of everything produced in the U.S. that year. »
A moins que tu ne précises le fait que c’est en gros des garanties, etc? Dans ce cas ok.
Moi, quand le CA d’Aquitaine me fait rouler chaque année disons 50 000€ en warrant et ce depuis 10 ans, tu vas sérieusement venir me dire que le CA m’a versé 500 000€ d’aide ? T’as regardé le bilan de la FED ou ceux des Big banks US ? T’as comparé les 13 milliards (haut de la fourchette) de revenus supposés des big five avec tes 7 700 milliards ? Verstanden ?
Et la technique dite du levier? Un mythe aussi?
Ben non G@et, le levier, c’est précisément faire appel à la dette pour financer les actifs. Qui mieux qu’une banque est à même de faire du leverage (emprunter) ? Aucune contradiction avec ce qui est dit ici.
A quoi servent donc, alors, les ratios de solvabilité de Bâle I II et III ?
Et s’il s’agit d’emprunter en boucle de l’argent…? In fine, le résultat n’est-il pas identique ?
Bonjour Paul,
Je suis peut être mal réveillé, mais je ne comprends pas bien ou vous avez voulu en venir ?
Votre illustration avec la JPM semble en contradiction avec ce qu’on comprend que vous avez voulu dire ?
A éclaircir, je pense.
AMicalement,
pascal
Non, il faut lire ceci (chiffres illustratifs) : JPMorgan reçoit 1000 milliards de dépôts de ces clients. Elle en prête 640, qui vont produire des intérêts à un taux vraisemblablement compris entre 2 et 5 %. Les 360 milliards restants, c’est Mme Drew et son département qui les investissent pour le compte de la banque, vraisemblablement dans des activités hautement plus risquées, mais ô combien plus rentables… quand tout va bien !
madame Drew, qui n’est pas la veuve de Carpentras, vient de perdre 2 milliards de dollars, mais combien en a-t-elle gagné auparavant ?
de toutes façons ces gens doivent aller en taule, c’est la seule façon d’arrêter ce bordel… (j’arrête, il y a trois jours j’ai été censuré tellement je cognais sur le trading spéculatif).
karluss, ça m’étonnerait que vous ayez été censuré pour avoir cogné sur le trading spéculatif, vu que c’est ce que l’on fait à longueur d’année en prônant son interdiction !
les intérêts sont-ils une création d’argent frais ???
Les intérêts sont soit une ponction sur l’économie, soit une création de richesses nouvelles (croissance).
si, Julien, mais mes propos n’étaient pas édulcorés à la sauce vign’ ; je cognais vraiment. Alors il y a des propos à ne pas tenir, Paul n’aime pas la barbarie, il ne veut pas d’un blog terreau de la violence. Pourtant, dans la « haute » finance, ils nous prennent vraiment pour des c… Je vois pas comment faire sans agir… autocensure … …. …
merci pour cette précision, mais je reste convaincu que l’intro de paul : »Pour ceux qui seraient encore convaincus que les banques prêtent de l’argent qu’elles n’ont pas » prête à confusion … ok peut être pour la JPM qui spécule avec l’argent qu’on lui confie ou qu’elle emprunte auprès d’autres établissement mais Quid de la banque de monsieur tout le monde quand vous allez emprunter 200/300 kilo euros pour un achat immobilier ? vous pensez vraiment que cet argent est en caisse, qu’il existe avant qu’il ne soit crée sur une ligne de compte ? vous croyez que la BCE a les 1000 milliards d’euros en réserve quand elle les prête aux banques européennes ? que la FED a les 1200 milliards de dollars en espèces quand elle les prête aux banques US ? évidemment non ! donc effectivement, les banques prêtent de l’argent qu’elle n’ont pas ! et elles se battront jusqu’à la mort pour conserver ce privilège exorbitant !
Pascal, vous mélangez deux choses :
1/ Les banques centrales créent la monnaie centrale. Elles ont ce privilège en effet.
2/ Les banques commerciales enregistrent des reconnaissances de dette lorsque vous leur apporter de la monnaie centrale : « nous vous devons les 1000 € que vous venez de déposer ». Elles s’empressent de prêter ces 1000 € et au besoin d’en emprunter davantage sur le marché interbancaire pour pouvoir faire davantage de prêts.
Votre référence de bouquin antisémite a pris la poubelle au passage.
@ Paul Jorion
Dans Eclairages convergents (II) on aligne Egypte, Rome et Crise 29 !!! et dans la dernière vidéo, tu dis : « les cycles n’ont jamais été mis en évidence que par des mathématiciens du dimanche ».
Y-a-t-il ou non une prédictibilité des crises? de la fin du monde ?! J’ai pas très bien compris !
D’autre part, le métier d’une banque c’est de faire de l’argent (from scratch ou non), non ?
Pour faire de l’argent from scratch, il faut s’appeler Rob Swift ! 😀
This is Rob Swift, dans Future 2 Future de Herbie Hancock.
« Ce mythe a été explosé dans les discussion… »
Et les effets de levier ? Entre autres…
Mais oublions ceci… pour constater combien il est impressionnant de constater que ce blog a statué définitivement sur ce problème… sur le papier. C’est beau.
C’est un peu à l’image des puissants qui règlent les problématiques financières par des artifices comptables. On voit ça à tous les niveaux, le doigté de la présentation est le plus important..
Il y a un moment où non seulement les puissants, mais aussi tous les spécialistes, ceux qui se targuent d’être écouté par le pouvoir, ou de ses cercles peu éloignés, vont aussi se retrouver dans le collimateur des gens, fous furieux, qui vont se lever.
Parce que les humbles et les simples qui bossent, qui produisent… vont demander simplicité, honnêteté et clarté, rien de plus. Fini les démonstrations tarabiscotées, élitaires, enfumeuses, de gens bien nourris, confortablement assis derrière des ordinateurs.
Les gens qui travaillent et leurs proches sans emploi ont la moutarde qui monte.
« Et les effets de levier ? »
Si j’ai bien compris, l’effet de levier rentre dans la catégorie « emprunter à une autre banque les sommes qu’elle investit ».
JP Morgan fait les deux, c’est même le numéro un dans le genre et pour les deux catégories d’ailleurs, exactement comme Citi, BoA, HSBC, Crédit Suisse, Deutsche Bank, Nomura, BNP, SG, CASA, etc. Dans les gros poissons, seuls GS ou MS, même si commodément placées sous le même statut protecteur de banques universelles en 2008, restent essentiellement des banques d’affaires, pas de réseau d’agences de détail, des « pure play investment banks ».
Vigneron, je viens de lire « La Banque – Comment Goldman Sachs dirige le monde« , de Marc Roche.
Page 177: « Le 21 septembre 2008, dans une ambiance de fin du monde, GS et Morgan Stanley, par l’intermédiaire de Cohen, renoncent à leur statut de banques d’affaires en devenant des holdings bancaires. L’objet de cette transformation? Elle est capitale puisqu’elle leur donne un accès illimité aux fonds fédéraux en cas de graves difficultés de trésorerie. […] Issu du Glass-Steagall Act promulgué dans les années 30, le « statut juridique spécial » des banques d’affaires est mort ce jour-là. »
etc…
Voui Bruno… tu sais lire ? : «GS ou MS, même si commodément placées sous le même statut protecteur de banques universelles en 2008…»
BRAVO Pierre Boule..
Tous des « white shoe boys »…. enfumeurs, menteurs, installés… comme Aragon dans ses limousines, Malraux planqué toute la guerre avant de ressurgir, Mélenchon, bourge bateleur qui essaye de la jouer prolo…
Le monde ne changera jamais.
Nous on préfère les practiciens aux théoriciens… qui ne servent à rien… si ce n’est à faire passer le temps
Nous ne savons rien – c’est la première chose.
Aussi devons-nous nous montrer très modestes – c’est la deuxième chose.
Il n’y a pas lieu de prétendre savoir, quand nous ne savons pas – c’est la troisième chose. Karl Popper
Impalpable et immatériel, l’expert ne laisse pas de trace ; mystérieux comme une divinité, il est inaudible. C’est ainsi qu’il met l’ennemi à sa merci.
Les banques ne créent pas de l’argent, ok.
Qu’en est-il des « pyramides Ponzi » qui fleurissent actuellement en Chine, par exemple ?
C’est un mécanisme d’arnaque vieux comme le monde, rien de plus. Et évidemment, plus il y a de « petits épargnants » voulant préserver leurs « petites économies » par tous les moyens, plus ça fait de pigeons potentiels.
Certes. Mais je ne crois pas que cela se fait « en petit ». Cela ne risque t-il pas de mettre par terre la finance du Céleste Empire ?
mais voyons….
une banque a deux clients, qui deposent chacun 500, donc dispose de 1000 d’encaisses;
elle decide de preter au client A 500;
elle fait ecrit donc 500 au credit du compte de A, qui a maintenant un credit de 1000 ;
mais ce faisant, elle laisse 500 au credit de B, donc meme si il est vrai qu’elle a prete a A avec l’argent des deposants, d’un point d vue comptable elle « cree » bien 500, qui seront « detruits » quand A aura rembourse sa dette oui ou non ?…
La comptabilité n’est pas une représentation juste du fonctionnement de l’économie. Dans ce cas précis, c’est votre meilleur ennemi.
La règle réelle est extrêmement simple et je l’ai formulée ainsi : tous les emplois d’une banque doivent être financés. Ce qui signifie qu’à chaque fois qu’une banque prête de l’argent, fait un virement, un investissement, etc., il lui faut trouver les ressources d’argent nécessaires.
oui certes mais ca ne repond pas a ma question.
ces 500 de pret ne seraient pas « crees » si la banque, tout en creditant A de 500, debitait B de 500.
mais ce n’est pas le cas, donc en ce sens les 500 sont bien « crees » le temps que dure le remboursement du pret n’est ce pas ?
je precise que je ne suis pas un defenseur des theories de ces videos douteuses, mais il y a quelque chose de pas clair dans ce que presentent les uns et les autres et je cherche simplement a comprendre le fond des choses..
@ JPotier
Vous serez d’accord avec moi que l’argent n’a pas été utilisé dans votre exemple. C’est comme si vous aviez vous-même deux comptes dans la même banque et que vous transvasiez l’argent de l’un à l’autre, en interne : rien n’est créé.
Dès que votre client A, fort de ces 500 € de dépôt et 500 € de prêt, fera le paiement de 1000 € pour lequel il a contracté le prêt à une banque X ou Y qui n’est pas la sienne, la banque devra trouver les 500 € nécessaires à cet emploi, soit sur le compte d’un nouveau déposant, soit en empruntant à une consoeur.
Je sens bien que vous allez me dire : « mais si le paiement se fait dans la même banque ? » Et bien c’est reculer pour mieux sauter, car à un moment ou à un autre, l’argent sortira de la banque (un retrait de billets ? un paiement externe ?) et il lui faudra bien trouver de la monnaie, et pas une écriture comptable, pour honorer ses engagements.
Tain Julien, me dis pas que tu vas remettre ça ?
@ vigneron
C’est Paul qui a commencé… 😉 Non, ce sera vite expédié, rassure-toi.
@ Julien,
Bonjour. J’ai lu l’ « argent, mode d’emploi », et j’avoue ne pas avoir encore les idées bien claires sur le sujet.
Considérons 2 banques, A et B, ayant chacune 1000€ de dépôt (=2000€ de dépôt au total). Avec les réserves fractionnaires, elles ont droit de prêter chacune 980€ mettons. A prête 980€ à qqn qui les dépose chez B.
B a bien 1980€ de dépôt ?
A a sorti les 1980€ on est d’accord. Mais les compte de dépôt chez elle n’ont pas bougés, à savoir qu’ ils sont toujours à 1000€ : A n’a pas imputé les relevés de comptes de ses clients ? (elle a juste tapé dans ces stocks à elle).
Dans ce cas, la somme des dépôts à vue des clients dans A et B est de 1000€ + 1980€ = 2980€.
Il y a donc bien plus d’argent en circulation (en relevé de comptes), même si au final en argent cash c’est toujours pareil (A a vidé son portif pour payer B).
Là est la nuance selon moi entre les 2 thèses : certains parlent des dépôts, en terme d’argent cash, et d’autres en tant que relevé de comptes des déposants !
Où est l’erreur ?
@ Pample
Je ne connaissais pas l’unité de calcul « relevé de comptes ». Bref, y a-t-il plus d’argent en circulation ? Non, vous additionnez des reconnaissances de dette et l’argent (monnaie banque centrale) qui a été utilisé par la banque A pour le prêt qui a atterri à la banque B, qui n’a pas été créé par la banque A mais trouvé soit sur un autre compte client, soit en empruntant auprès d’une consoeur.
On peut peut-être considérer que si vous mettez 500 sur votre compte, il ne vous appartient plus, mais la banque a une dette envers vous de 500. Pas de création monétaire donc.
@ boyan_d
Exactement.
Julien,
Cette unité, il me semble bien que Paul Jorion y fait référence, en tant que reconnaissance de dette.
Bref, je crois que tout le monde parle de choses différentes.
Le « peuple », comprend que sur les comptes de dépot chez A, il a toujours les 1000€, et que les comptes de B comportent 1980€. Dans cette théorie, la monnaie a augmenté. On est d’accord, ce n’est pas la monnaie, mais les reconnaissances de dettes matérialisées par des relevés de comptes. C’est la-dessus qu’appuient les auteurs de ces vidéos conspirationnistes.
Monétairement parlant, je suis bien d’accord avec vous qu’il n’y a pas plus de MONNAIE qu’avant. Elle s’est juste déplacée.
Je pense que la nuance est la dessus. Je tente juste de pointer la différence des discours : la sémantique.
@ Pample
Merci de cette contribution décisive, mais figurez-vous que nous avions saisi il y a bien longtemps les arguments des charlatans conspirationnistes d’en face !
Quant à réduire tout ceci à de la sémantique, je vous pose la question suivante : si vous pensez acquérir une Ferrari et que finalement on vous met à disposition une trottinette peinte en rouge, s’agit-il de « sémantique » ? Les deux permettent certes de se déplacer, mais le jour où l’économie se retourne, vous aurez plus de chance de récupérer votre mise et préserver votre pouvoir d’achat en revendant la Ferrari plutôt que la trottinette peinte en rouge…
Je ne tentais pas de vous convaincre vous biensur. Mais d’abord moi meme!! 😉
Participer a ces debats comme je le fais là permet aussi de mettre les choses en ordre chez moi, et peut etre chez qqn d autre aussi, avec d autres mots.
Merci pour cet echange.
soit mais, comment sont considérés les intérêts, car s’il est possible de dire que l’argent travaille, qu’il est plus intéressant de le placer ici où là, c’est bien parce que le placement peut dégager des profits ou des pertes,
bref le profit des intérêts est-il une création d’argent ????
la perte de ce profit provoque-t-elle à terme un effacement d’argent ???
Si vous avez compris la réponse, vous savez que la réponse à vos deux questions est non.
si les intérêts sont création de richesse et que la BC crée de la monnaie en rapport à la création de richesse, alors ce devrait-être oui et non,
directement non mais parfois indirectement oui,
et si cet indirectement oui est vrai, alors il y a tjrs ou quasi tjrs création de monnaie par les BCs
(je ne comprends pas vraiment trop, ni quand, ni comment la BC crée de la monnaie
Ben moi, y a quand même un truc qui m’échappe…
Si X reçoit de la CAF 100€ sur son compte (100 € en écriture n’est-ce pas…? La CAF n’envoie pas de billets…)
Si ces 100 € avaient été donnés à la CAF par un centre quelconque de payement de l’état (toujours d’ordi à ordi… toujours pas de billet)
et que si ces 100 € proviennent de la dette (de l’argent prêté par des banques à la France)…
Alors on peut dire que la banque a prêté l’argent de Mr X à la France, que la France l’a donné à la CAF et que la CAF l’a déposé sur le compte de Mr X… tout ça sans qu’aucun billet n’ait bougé… tout ça n’ayant été que des déplacements de zéros sur des ordinateurs…
Et si ensuite Mr X paye son loyer toujours par virement (toujours pas de billet qui bougent) et que son propriétaire qui a déjà trop d’argent le laisse à la banque qui elle-même le prête à nouveau à la France… on se retrouve avec des chiffres qui font des va et vient d’ordi à ordi, sans jamais devenir des billets…
Etant donné que la majorité des achats et payements se font par virement et carte bleue… (même dans l’économie réel, on ne se sert principalement que d’argent scritural), c’est un peu comme si un billet était une reconnaissance de dette (qui sera payée par un autre) et que les reconnaissances de dettes (données par la banque à Mr X, par la CAF à la banque, par l’état à la CAF, et par les banques à l’état) étaient de l’argent… non…?
Si on ajoute à ça le fait que la banque centrale, seule autorisée à créer de la monnaie, renfloue les banques (quand elles ont fait de mauvais placements et qu’elles sont au bord de la faillite) avec de l’argent scriptural (en échange de rien si j’ai bien compris)… On a vraiment l’impression, qu’à part pour les simples citoyens, la monnaie est devenue « virtuelle » quand même…
En fait, en disant tout cela, j’ai la quasi certitude que certains (la majorité) doivent gagner l’argent qu’ils dépenseront… alors que d’autres profitent d’argent qui ne correspond à rien de tangible, de réel… ni richesses créées, ni temps de travail, ni quoique ce soit qui correspond à quoique ce soit…. et qu’à chaque transaction, les banques prennent un peu de cet argent « virtuel » pour commission… commissions qu’elles fixent comme elles l’entendent…
En un mot comme en mille…. Est-ce que 50 ou 60 ou 80% de la création de monnaie ne serait pas que des lignes de zéros dans des ordis…? une abstraction…? un jeu de dupe…?
Supposons que le PIB mondial soit de 100 $ pour l’année T. Et que celui-ci passe à 105 $ en année T+1. La croissance du PIB est donc de 5%, ce qui dans ce cas précis exprime un surcroît de richesse de 5$.
S’il n’y a pas création d’argent ex nihilo, d’où peuvent bien provenir c’est 5$ de richesse supplémentaire ?
Si le PIB augmente, il y a eu création de richesses et la banque centrale a donc vocation à ce que la masse monétaire reflète cet état de fait en injectant la monnaie correspondante dans le circuit économique.
Bonjour,
La lecture des commentaires est très instructive et passionnante ! Merci de tout ce travail qui nous permet d’ouvrir les yeux sur le monde dans lequel on vit.
Quand vous dites de la banque centrale: « en injectant la monnaie correspondante dans le circuit économique. « , je comprends bien le principe, et que seule la banque centrale crée cette monnaie, mais ce qui reste flou pour moi c’est la manière dont cet argent arrive concrètement jusqu’à nous.
Si j’ai bien compris, face à la somme colossale de dettes dont le système actuel regorge, il existe bel et bien quelque part de l’argent pour combler ces dettes (les banques commerciales ne créant pas d’argent, cet argent prêté existe donc bien à la base).
Mais la trop grande concentration des richesses par un petit nombre à qui les autres doivent en plus de l’argent fait que ces dettes ne sont pas ou difficilement remboursables.
Mieux que ça, il existe même des actifs sur cette planète d’une valeur bien supérieure (immeubles, terres, usines, machines) !
Le problème n’est pas qu’une banque fasse un crédit immobilier de 100 en empruntant 92, ce qui est juste un système valable depuis les Fuegger et les Medicis, mais c’est qu’elle utilise une partie des 92 pour financer un jeu de chaise musicale, ou le dernier paye, et il ne faut jamais être le dernier.
@Julien Alexandre : merci pour votre éclairage mais ce qui me pose problème c’est que dans votre explication la banque centrale ajuste la masse monétaire a postériori. Cela n’explique pas comment la richesse passe de 100 en année T à 105 en année T+1.
Etes-vous d’accord avec le fait qu’on peut calculer le PIB par les dépenses, soit l’équation :
PIB = consommation + investissement + exportation nette.
Les membres droits de l’équation sont les dépenses. Ils correspondent à de l’argent. Donc pour que le PIB augmente il faut au moins qu’un membre à droite de l’équation augmente.
De deux choses l’une :
– soit l’argent est en quantité limité et alors le PIB ne peut pas croître.Or nous savons bien que tel n’est pas le cas.
– soit de l’argent est crée entre l’année T et T+1 par une entité quelconque (banque commercial, banque centrale, etc.) et à ce moment là le PIB peut croitre.
Conclusion : il y a nécessairement quelqu’un quelque part qui crée de l’argent entre l’année T et T+1.
Olivier, l’explication est très simple : la masse monétaire mesurée par les agrégats au-delà de M0 mélange allègrement reconnaissances de dette et monnaie.
Tout le problème est là. Les dettes sont prises pour de l’argent dans ces agrégats. Le phénomène est bien documenté. Les fameux CDS étaitent AAA, donc parfaitement liquides, donc de l’argent et c’est une salade de dettes. Ce n’est qu’un exemple.
C’est bien ce que vous avez vous dire? On ne sait jamais une erreur est toujours possible…
Non, en l’occurrence, il n’y en a pas.
De toutes les façons, cet argent emprunté puis prêté par JPMC est perdu.
Le plus drôle (si on peut dire) c’est que les articles qui fleurissent sur le sujet montrent tous que les intéressés eux-mêmes ne comprennent pas (encore) ce qui a pu se passer pour en arriver là ! Un instrument de couverture serait devenu une abysse, c’est tout ce qu’ils savent ou affirment savoir.
C’est exactement ce qui est dit dans Margin Call quand, à chaque explication, le boss demande à son subalterne « parlez-moi en anglais, svp ». Et d’admettre qu’ils ne comprennent pas un traître mot à ce que fabriquent les petits génies qui manipulent les chiffres.
Cet argent a été perdu pour la JP Morgan, mais surement gagné par qqn d’autre, non ?
Pas forcément :
1) ça peut être une perte sèche (rare). Dans ce cas, l’argent gagné par les autres est relatif.
2) Oui, ceux qui gagner sont ceux à qui il a fallu fourguer les produits au rabais.
Bonjour,
Je profite de cette note pour une question simple et en rapport à ce qui est abordé dans cette note mais qui me pose néanmoins problème depuis très longtemps. Aussi, si quelqu’un avait la gentillesse d’y accorder quelques temps…
Pour résumer ce qu’il me semble avoir compris en faisant simple : la société échange des biens et des services. Pour ce faire, elle dispose de monnaie. Bien que de nature très différente, l’ensemble de cette monnaie en circulation est, ce que l’on appelle, la masse monétaire. Cette masse monétaire augmente.
Si je ne me suis pas trompé jusque là, ce que j’aimerais comprendre c’est : ‘quelle est la nature de cette nouvelle monnaie qui vient gonfler continuellement la masse monétaire déjà en circulation ?’. Ce que j’entends pas ‘nature’ est : comment est-elle injectée ? Par qui ? Et sous quelle condition ?
Pour être tout à fait honnête, je suis, pour l’heure, convaincu que c’est par les banques sous forme de crédit à taux non nul, en prêtant plus que ce dont elles disposent. Soit, exactement, ce que vous dénoncez ici. Je veux bien me tromper, mais dans ce cas, je me retrouve avec ma question sur les bras : quelle est la nature de la monnaie nouvellement créée ?
Par avance merci,
C’est la banque centrale qui crée la monnaie. Pour ce faire, traditionnellement, elle constate l’augmentation des richesses produites dans sa zone de responsabilité et émet la monnaie correspondante à cet accroissement. Dans la pratique, depuis quelques mois maintenant en Europe et aux Etats-Unis par exemple, cette création de monnaie est déconnectée de celle des richesses, d’où l’expression de « planche à billets ».
Merci pour le réponse.
Il semblerait que mon incompréhension vienne de là. Car il se trouve que j’ai toujours cru que la monnaie créée par la banque centrale était un système totalement différent et séparé de la monnaie en cours dans la société civile (bien que les 2 portassent le même nom : l’euro). Et que le passage de l’un à l’autre se faisait via les banques commerciales.
Vous me confirmez donc que la nouvelle monnaie qui vient gonfler la masse monétaire en circulation dans la société provient directement de la monnaie centrale émise par la BCE ? C’est à dire que la différence de masse monétaire entre 2 instants donnés, correspond exactement à la monnaie créée par la banque centrale pendant cet intervalle ?
J’avoue que cette hypothèse changerait énormément ma vision des choses.
Merci.
Je confirme que seule la banque centrale crée la monnaie qui s’échange entre les banques. Attention toutefois avec les indicateurs de masse monétaire (M0 à M3), car ils mélangent allègrement les torchons et les serviettes, à savoir de la monnaie et des reconnaissances de dette. Leur valeur informative est très faible.
Merci encore pour votre réponse qui est très claire mais qui me rend perplexe quant au débat sur l’origine de la monnaie. J’ai la nette impression que nous ne parlons pas de la même chose (et que nous ne sommes pas les seuls, d’ailleurs).
Si j’ai bien compris (et j’aimerais vraiment bien comprendre votre point de vue), en faisant la distinction entre monnaie et reconnaissance de dettes, vous dîtes que seule la banque centrale crée de la monnaie. Vu comme ça, je pense être d’accord (faut d’abord que j’assimile cette distinction à la quelle je n’ai jamais pensée, mais a priori, ça me semble cohérent).
Cela dit, j’ai l’impression que beaucoup de gens font comme moi, c’est à dire, monétisent les reconnaissances de dettes pour en faire de la monnaie à part entière.
Ne serait-ce pas là, l’origine des divergences d’opinions quant à la création monétaire ? Que ce n’est pas de la même monnaie dont on parle ?
Précisément Alexandre, une reconnaissance de dette n’est pas de la monnaie, c’est un papier qui dit « je vous dois tant » et que personne ne vous échangera contre quoi que ce soit. Assimiler cela à de la monnaie est un subterfuge.
Zut, je croyais que nous serions d’accord, mais je tique un peu sur le « que personne ne vous échangera contre quoi que ce soit » qui me fait dire que ce n’est pas vraiment le cas. Car dans mon esprit ces reconnaissances de dettes, émises principalement par les banques commerciales, étaient largement reconnues et avaient libre cours au sein de la société.
La question m’intéresse énormément aussi je me permet un petit résumé des différents points qu’il me semble avoir compris.
1. La banque centrale crée de la monnaie correspondant à la richesse produite dans sa zone de responsabilité.
2. Les banques commerciales empruntent et échangent entre elles cette monnaie.
3. Les banques créent des reconnaissances de dettes indexées sur la monnaie dont elle dispose (intervention du ratio Cooke ?).
4. Ces reconnaissances de dettes ont libre cours.
5. Les créationnistes monétisent ces reconnaissances de dettes et les assimilent à de la monnaie.
Comme dit précédemment, j’ai l’impression que je n’ai pas la même vision du point 4 que vous(et peut-être 3, je ne sais pas). Serait-il possible de m’éclairer là-dessus.
Ah, vous n’êtes pas d’accord ? Et bien c’est très simple, allez chez votre épicier du coin (ou votre banquier, je ne sais pas ce qui est au coin de votre rue) et essayez donc de le payer avec une reconnaissance de dette.
Revenez-nous expliquer sa réaction !
(je fais la réponse avant tout de même : votre épicier acceptera uniquement des pièces ou des billets en cash, et un paiement bancaire. Ce paiement bancaire se manifestera par le transfert de monnaie centrale entre votre banque et sa banque, et en aucune façon de votre reconnaissance de dette vers sa banque, car les paiements inter-bancaires ne se font qu’en monnaie centrale).
à Julien Alexandre,
Avec une reconnaissance de dette, on peut emprunter (escompter), sous réserve de trouver un préteur et de payer un intérèt.
@ Marlowe
En effet. Si la reconnaissance de dette était bien de la monnaie, il serait alors assez drôle d’imaginer un quidam souhaitant apporter de la monnaie en garantie d’un… prêt de monnaie !
Merci pour votre exemple.
Je vais arrêter de vous embêter (pour aujourd’hui) mais, avant, j’aimerais être bien sûr d’avoir bien compris ce dont nous venons de parler.
Donc, si je ne me trompe, vous réfutez l’assimilation des reconnaissances de dettes à de la monnaie à part entière (assimilation faite par les « créationnistes ») car la compensation inter-bancaire se fait intégralement sous forme de monnaie centrale.
Ai-je bien compris ?
Alexandre, dans les grandes lignes, c’est ça. La reconnaissance de dette est assimilée à de la monnaie tant que tout va bien. Dès que les choses se gâtent, son statut de « monnaie » prend l’eau. Comme les caractéristiques qui décrivent les choses doivent idéalement répondre à une réalité intangible et immuable quelles que soient le cours des événements, or transformations physiques, il est dès lors hasardeux de faire comme Schumpeter affirmant que comme la reconnaissance de dette fonctionne à peu près comme de la monnaie, c’est de la monnaie. Qui plus est, une reconnaissance de dette ne se « crée » pas, elle s’enregistre au profit d’un détenteur.
à partir de quoi et comment la BC constate-t-elle une augmentation de richesses qui fonde le fait de sa création de monnaie ??
Julien Alexandre :
Voilà et il est facile de confronter ces deux extrêmes ( circulation de monnaie vs circulation de reconnaissance de dette ) dans la réalité économique de certains pays où les chèques circulent de main en main et sont utilisés pour rendre la monnaie à tel point qu’il n’est pas rare qu’un individu puisse se retrouver avec un de ses propres chèques, émis plusieurs semaines avant, dans les poches. Rien à voir avec de la circulation de monnaie.
« Lorsque l’on prête de l’argent à quelqu’un il est préférable de conserver une trace écrite du montant de ce prêt et de l’engagement pris par la personne de le rembourser. Cette mesure est même obligatoire pour les sommes supérieures à 760 euros. La reconnaissance de dette doit être rédigée à la main, en deux exemplaires, par l’emprunteur. »
http://www.linternaute.com/argent/pratique/vos-droits/argent/divers/418/reconnaissance-de-dettes.html
Si certains ont le moindre doute à propos de ce qu’une reconnaissance de dette n’est pas de la monnaie, je suis prêt à accepter les sommes qu’on m’enverra en échange de reconnaissances de dette rédigées selon le modèle décrit dans le lien ci-dessus. (En échangeant des reconnaissances de dettes en bonne et due forme nous pourrions d’ailleurs en créer autant que nous le voudrions…)
@Julien
Mais elle la donne à qui cette monnaie ? (aux banques j’imagine)… et en échange de quoi?
La richesse n’a pas été créé par les banques…
@Al
Si j’ai bien compris, la banque centrale ne donne pas la monnaie créée, elle la prête aux banques qui auront à payer un intérêt de dessus (suivant le fameux taux directeur me semble-t’il).
@Julien
J’aime beaucoup votre vision très objective de la monnaie. Je n’ai rien à dire là-dessus, mais, force est de constater que je la « ressens » différemment avec une approche nettement plus subjective (je crois que ‘ressentir’ est d’avantage le terme ici). Et, même si je reconnais que c’est extrêmement hasardeux, quelque chose qui ressemble à de la monnaie et qui se comporte comme de la monnaie, je ne peux m’empêcher de voir cela comme de la monnaie. Quand bien même ce statut n’est que temporaire et peut s’effondrer à la première crise venue. J’imagine qu’on ne se refait pas.
Cependant, la (vraie) monnaie créée par une banque centrale ne peut-elle pas, elle aussi, perdre son statut de référence absolue en cas de très grosse crise ? Notamment vis à vis d’institutions hors zone de contrôle de cette banque centrale ?
Cela dit, d’un point de vue plus technique, j’aurais encore une question. Lorsque vous dites que les échanges interbancaires se font en monnaie centrale, est-ce vrai pour l’intégralité des échanges ? Ce que j’entends par là, c’est, qu’étant donné que ces compensations se font de gré à gré, est-ce que 2 échanges de nature identique ne s’annulent-il pas en pratique et ne donne finalement lieu à aucun échange et donc aucune circulation de monnaie centrale ?
Alexandre,
– il n’y a pas de subjectivité dans mon explication. La subjectivité est dans l’oeil de ceux qui souhaitent par facilité assimiler deux choses qui ne sont pas identiques dans leur nature et dans leur fonctionnement. C’est une illusion d’optique si vous voulez, et elle est intuitivement plus confortable (demandez autour de vous, 90 % des gens pensent que leur argent dort à la banque, expliquez leur en détail qu’il est prêté aussitôt déposé et qu’il y a un risque réel de ne pas le récupérer, vous verrez l’effet).
– oui, une banque centrale peut faire faillite et sa monnaie avec, évidemment. Tout n’est qu’une question de confiance.
– oui, tous les échanges interbancaires se font en monnaie centrale. Jusqu’à la mise en place de Target 2, le système de paiement interbancaire en temps réel, il y avait compensation des soldes créditeurs ou débiteurs entre les banques : on prenait la totalité des opérations en bilatéral en fin de journée et seul le solde était réglé. Cela n’avait évidemment pas pour conséquence qu’une banque puisse se défausser de ses obligation d’être en capacité de régler la totalité de ses emplois en monnaie centrale, étant donné qu’elle n’avait aucune visibilité sur la totalité des mouvements inverses provenant des autres banques, et que les fluctuations sont évidemment importantes. Depuis l’avénement de Target 2, 98 % des paiements se font en temps réel.
Voici les chiffres de la Belgique, déjà cités par Fujisan :
Pour la Belgique :
« Les opérations traitées par le CEC (Centre d’échange et de compensation) […] représentent 99,61 % du volume des paiements scripturaux interbancaires et à peu près 2 % de leur valeur. Les autres ordres de paiement interbancaires sont échangés via TARGET2-BE (composante du système européen de paiement pour gros montants TARGET2). »
Et donc à peu près 98 % des paiement interbancaires (en valeur) se font en temps réel (via TARGET2).
Merci pour l’explication : je vais regarder cette histoire de Target 2 de plus près.
Par contre, j’ai du mal m’exprimer, mais la vision subjective des choses en général et de la monnaie en particulier est la mienne. Pas la votre qui est, je trouve, totalement objective.
« Pour ceux qui seraient encore convaincus que les banques prêtent de l’argent qu’elles n’ont pas, ou qu’elles ne prêtent pas l’argent qu’on dépose chez elles, ou qu’elles prêtent des sommes faramineuses qui sont X fois les sommes qu’on dépose chez elles (ce sont en général les mêmes qui croient tout cela à la fois) »
Moi aussi, je crois que les banques créent de la monnaie, donc prête l’argent qu’elles n’ont pas et qu’elle peuvent prêter un montant 9 fois supérieurs à ce qu’elles ont en dépôt.
Et je ne suis pas sûr que les explications de Gu Si Fang soient plus claires que celles de Paul Jorion. Et, comble de malheur, je n’ai pas lu « L’argent mode d’emploi », vu que ma bibliothèque, pourtant dans une ville socialiste, n’a pas jugé utile de l’acquérir, ce qui aurait permis au consommateur frustré que je suis de le lire à mon tour sans devoir gratter au fond de mon pécule.
Alors, un bel esprit pour faire une synthèse pédagogique ? Sans cependant écorner le suspense de l’ouvrage pré-cité qui a coûté du temps et du travail d’imagination comme d’écriture, ce qui mérite un particulier respect.
@ Contempteur
http://www.pauljorion.com/blog/?p=36909#comment-320088
On ne peut pas faire plus simple.
Contenteur,
2007, ça te parle ? Juste avant c’que tu sais. Significatif donc. Total des dépôts clientèle : 1330 milliards €. Total des crédits au secteur privé (particuliers et entreprises hors sociétés financières) : 1730 milliards.
Par ailleurs, les établissements de crédit sont tenus de respecter les règles de gestion destinées à garantir leur liquidité. Ils doivent à tout moment présenter un coefficient de liquidité au moins égal à 100% (Règlement n° 88-01 du 22 février 1988, dernière modification n°2000-10 du 10 décembre 2000).
Ça veut dire que toute banque doit être capable de restituer à ses déposants l’argent qu’ils ont sur leurs comptes dépôts à vue (dans la limite des montants de retraits autorisés). Ce coefficient doit être en permanence supérieur à 100%, traduisant le fait que la banque doit constamment être capable de faire face à ses engagements courts sans avoir recours à des emprunts supplémentaires dans le mois.
http://www.banque-france.fr/fileadmin/statistiques/base/html/tmf_trim_detail_fr_depotbancec.html
donc il n’y aucun risque que l’argent que j’ai en banque ne me soit pas redonner lorsqu’après la chute finale je viendrai au guichet de la dite banque ?
moi aussi j’ai du mal à comprendre que la banque ne prête que ce qu’elle a en dépôt ou qu’elle emprunte à une autre banque !
à moins que l’astuce sémantique est dans les emprunts aux autres banques …..
@J.Gorban: « donc il n’y aucun risque que l’argent que j’ai en banque ne me soit pas redonner lorsqu’après la chute finale je viendrai au guichet de la dite banque ? »
Non, ça veut juste dire que la banque doit avoir l’équivalent des comptes à vue en caisse (à vue, pas comptes épargne). De toutes façons, à la chute finale votre banque sera fermée et vous ne pourrez même pas accéder à votre compte à vue.
A Gu Si Fang et Pierre Boule
Forme de réaction : agressivité dissimulée. L’un se sert de la complexité inhérente au sujet pour feindre d’y voir une confusion d’exposition du vulgarisateur. L’autre assimile grossièrement une démarche peu courante de vulgarisation – chercher à mettre à portée de tout un chacun les subtilités économiques et financières – à une péroraison intellectualiste de plus.
Méthode employée : Rechercher dans l’écrit à détruire, la phrase qui permettra, extraite de son contexte, de tirer vers l’a priori négatif préalablement élaboré.
Gu Si Fang : « Je ne pense pas que l’on puisse être plus confus… Ça me fait penser à un plaidoyer d’avocat : », pour une phrase d’apparence explicative mais de visée ironique.
Pierre Boule : (phrase extirpée : « « Ce mythe a été explosé dans les discussion… » »), que le contradicteur met en exergue pour faire mine de s’engager dans le fond du débat ( « Et les effets de levier ? »), pour, en fait, exposer sa tirade anti-intellectualisme hors de propos ici.
Ce que révèlent de leurs deux auteurs ces procédés de disqualification par la bande :
Querelle larvée de spécialistes, ou se pensant comme tels, et qui estiment qu’on vient, à ce moment, piétiner leur plate- bande.
Delphin, en recherche de vulgarisation sérieuse
http://www.pauljorion.com/blog/?p=36909#comment-320088
Voilà
+1
@ Delphin
Oui, je trouve la phrase confuse parce qu’elle contient une double négation et que l’on peut se perdre en conjectures sur ce que pense Jorion en la lisant.
Si vous cherchez un bon livre d’introduction sur la monnaie, je recommande celui-ci, par un économiste autrichien (donc marginaliste, mais sans les maths) :
http://www.institutcoppet.org/2011/01/21/murray-rothbard-etat-quas-tu-fait-de-notre-monnaie/
Vous y apprendrez quelques bases essentielles de la théorie monétaire :
1) Une définition de la monnaie : l’auteur définit ce qu’il appelle monnaie (dingue !) et sa définition est celle d’une large classe d’économistes depuis plus d’un siècle (mais il en existe d’autres, et ce petit livre les aborde rapidement, notamment la « monnaie comme étalon de valeur »)
2) L’utilité de la monnaie : les avantages économiques qu’elle apporte, les services qu’elle rend
3) La théorie (classique) de la quantité de monnaie (pas la version MV=PQ)
4) Le rôle des banques (l’auteur est défavorable aux banques à réserves fractionnaires, et il aborde trop rapidement le sujet, mais l’intérêt du livre est de commencer par comprendre la monnaie avant de réfléchir à la banque)
5) La loi de Gresham, dans une présentation très claire : pratiquement l’alpha et l’oméga pour comprendre les effets de l’intervention de l’Etat dans la monnaie et la banque
6) L’effet Cantillon : comment la création monétaire modifie les prix dans l’économie et redistribue les richesses
7) Une théorie monétaire des cycles économiques : comment la création monétaire provoque des erreurs économiques (des bulles) et des crises
8 ) Une synthèse de l’histoire monétaire du XXème siècle expliquée à l’aide des outils présentés juste avant
Julien ou Paul : l’un de vous a-t-il lu ce petit livre ?
GSF
Gu Si Fang,
Rothbard, sérieusement ? Vous savez très bien que parmi les théoriciens de l’extrême-droite autrichienne, il est le pire. Pas le plus fin, mais le plus radical, celui qui pense que la seule existence de l’Etat « viole les libertés des citoyens », l’homme de l’anarcho-capitalisme, du laissez-faire… bref, la loi de la jungle.
Sur la monnaie, il ne dit rien d’autre que le prêchi-prêcha habituel des monétaristes et laudateurs du 100 % money et se base évidemment sur la même conception des propriétés de la monnaie dont nous avons démontré qu’elle était entachée d’erreurs de compréhension.
Grotesque… Je vous parle de théorie économique et vous me répondez opinions politiques. Enfin, si vous vouliez mettre en garde vos lecteurs contre cette lecture très dangereuse, je pense que c’est fait. Sinon, sur les points précédents et les bases de la théorie monétaire, vous ne l’avez pas lu parce que vous savez qu’il a tort ? Ou vous savez qu’il a tort parce que vous ne l’avez pas lu ? 🙂
C’est votre aveuglement devant l’école autrichienne qui est grotesque Gu Si Fang. Il n’y a pas l’ombre du début d’une théorie économique dans les écrits d’un Rothbard, simplement un habillage théorique pour des conceptions politiques et idéologiques qui ne tournent qu’autour d’un principe immuable qui leur sert depuis 70 ans de locomotive : la « liberté ». Sauf que la « liberté » de ces gens-là, qui consiste simplement à imposer la loi du plus fort ou la loi de la jungle, en dénonçant le contrat social et l’État, personne n’en veut. Quand la soupe est aigre, c’est que les ingrédients ne sont pas bons.
Quand à la théorie monétaire, il suffit de lire qu’il ânonne les mêmes raccourcis que les « économistes » depuis un siècle (c’est vous qui le dites) et qu’il prône le 100 % money, qui présente plus d’inconvénients que d’avantages, pour me dispenser de cette lecture. Rares sont les penseurs qui se sont penchés sur ce sujet pour apporter une pierre à l’édifice de sa compréhension, et de ce que je lis de cet ouvrage de Rothbard, il n’apporte aucun éclairage que d’autres n’ait apporté avant ou après lui.
La moindre des choses serait de préciser que Rothbard est avant tout un libertarien anti-état très radical et à un moment proche de Ayn Rand. Enfin bref, plus un théoricien qu’un économiste pur.
Donc c’est non ?
Gu Si Fang, vous me faites marrer… je suis fan…
… vous dites:
« Grotesque… Je vous parle de théorie économique et vous me répondez opinions politiques. »
Alors qu’on trouve dès l’introduction du bouquin de Murray N. ROTHBARD, cela…
« Si nous sommes en faveur de la liberté dans les autres secteurs, si nous voulons protéger la propriété et la personne contre l’intrusion de l’État, notre tâche la plus urgente doit être d’explorer la possibilité d’un marché libre de la monnaie. »
On ne peut guère faire plus orienté… Combattons l’Etat jusque dans la monnaie…
Bonjour Al,
Les explications économiques de Rothbard sur la monnaie sont souvent très classiques, couvrent beaucoup de terrain en peu de pages. Inutile de s’obstiner sur les opinions politiques des uns et des autres : elles diffèrent, on est bien d’accord.
Mon premier test pour juger un livre qui parle de monnaie c’est de chercher s’il parle de la loi de Gresham et ce qu’il en dit. La plupart du temps il n’en parle pas (ex. La monnaie et ses mécanismes, de Dominique Plihon coll. Repères). Ou bien il la cite en omettant les prémisses (ex. Jorion). Même quand un livre la cite correctement, encore faut-il qu’il explique comment elle fonctionne. C’est simple, la base de la base, et ce serait tellement plus simple si vous regardiez. Vous apprendriez une loi de l’économie dont les effets sont connus depuis Aristophane !
Je recommande aussi, si vous êtes vraiment obsédé par les opinions politiques de l’auteur : Loi de Gresham et Circulation des Monnaies au Moyen Age, de Richard Dutu (2003).
A titre de comparaison, voici l’extrait où Jorion en parle :
C’est une analogie qui repose sur une formulation incomplète de la loi. Bref, rien compris…
Idem pour l’effet Cantillon, la théorie quantitative classique, la double coïncidence des besoins, etc. Avant de critiquez, lisons !
Arrêtez vos salades Gu Si Fang en donnant l’impression qu’en ne parlant que furtivement de la loi de Gresham, on ne peut appréhender le fonctionnement du système monétaire !
La vérité, c’est que l’école autrichienne dont vous vous réclamez trouve là une justification – une de plus ! – au démantèlement de l’État et à la restauration de la loi de la jungle et du plus fort, au prétexte que lorsque l’État établit un cours de change légal, il faudrait en lieu et place favoriser l’émergence de monnaies privées pour permettre aux hommes d’être « libres » de choisir d’échanger les monnaies qu’ils souhaitent.
Ah, toujours cette « liberté » chère aux cœurs de l’extrême-droite autrichienne.
Comprenez bien une chose : l’habillage théorique d’une idéologie fascisante n’en fait pas une science, et la loi de Gresham, on s’en fout comme de l’an 40 à l’heure actuelle. Les gens n’ont pas besoin d’avoir 50 monnaies privées, mais d’une seule qui fonctionne correctement dans un système qui fonctionne correctement, rien de plus.
« Les gens n’ont pas besoin d’avoir 50 monnaies privées, mais d’une seule qui fonctionne correctement »
Dans le cadre du débat opposant « free banking system » et « central banking system » les partisans du premier système sont très fort pour mettre en exergue les défauts du deuxième (il y a en évidement), il faut effectivement rappeler le monde merveilleux des banques libres…
Heureux le consommateur qui suite à sa boite de télécom doit choisir sa banque ET SA MONNAIE, dans un monde où évidement chaque banque et chaque monnaie associé peut à tout moment faire faillite… C’est peut être pas pour rien que ce système n’a été appliqué que quelques décennies en Ecosse et aux US (avec un nombre de faillite bancaire intéressant au passage, preuve de l’efficience de la régulation libéral bien évidement )…
Salut Gu Si Fang,
Sauf qu’on ne comprend pas pourquoi vous ne reconnaissez pas que Rothbard est orienté politiquement… pire, idéologiquement…
Le coup du… « Tiens, lit ce bouquin objectif… »… c’est du flan… Il le dit lui même dans la préface… Tout ce qu’il pourra dire, expliquer, citer etc. sera orienté pour servir son idéologie… je ne vous reproche pas de penser comme lui… je vous dis que c’est nous prendre pour des ânes que de laisser entendre qu’il serait plus pur que les autres…
C’est juste ça qui est drôle… vous comprenez?
@guillaume: justement, concernant les US, j’ai lu quelques anecdotes savoureuses de la grande époque des monnaies libres. Ainsi des banques ouvraient dans les villes de chercheurs d’or, émettaient leur monnaie-papier en échange de dépôts en or, puis foutaient le camp et ouvraient un unique guichet dans un bled du bayou de Louisiane pour éviter de se faire retrouver par les déposants et devoir remettre l’or. Etc. Assez comique.
@ Moi
Oui, mais tu oublies une donnée fondamentale, Moi : les gens qui se sont fait entubés l’ont fait « librement », sans que l’État ne s’immisce dans leurs affaires privées, et ces bandits de grand-chemin étaient « libres » de les entuber, le principe immuable naturel suprême qui doit régir la marche entière de l’humanité vers le bonheur immaculé évanescent perpétuel. Et ils crièrent son nom en claquant les étoiles de leurs santiags sur les fessiers de leurs fiers destriers en filant au vent : « LIBERTÉ » !
@Gu Si Fang 16 mai 2012 à 08:42
Oh savez -vous, ça eût payé, mais ça paye plus, et l’étalon de valeur vous n’êtes pas près de le revoir, autant lui dire Adieu pour toujours, ça ne paiera plus. Oui c’est une perte, un deuil, mais contrairement à d’autres objets perdables mais remplaçables, celui là, vous ne le remplacerez pas. Il faudra inventer quelque chose d’autre, de neuf, de scientifique ! : par exemple le désir moyen d’un français moyen, à une altitude moyenne, à une heure moyenne disons midi, par un temps moyen, d’une saison moyenne, de boire un verre d’eau pour répondre à son besoin. Tout ça est calculable statistiquement une fois définis les paramètres moyens. En dehors de ce genre de « besoin » fondamental, je crains qu’il ne s’agisse dans la « gestion » d’autres supposés « besoins » que des effets répartiteurs des rapports de forces sociaux en vigueur. Pas besoin d’un étalon pour faire pencher la balance, ni de nommer valeur ce qui s’y dispute, sinon par facilité pour masquer le prix à payer à crédit pour ce masque. Sûr : « rapport de force » c’est de l’impensé impensable pour vous !
Allez Julien, encore un petit effort : j’ai parié un point Godwin avec une amie !
Pour vous aider voici une liste de lecture sur la monnaie :
http://guidohulsmann.com/guide.html
Excellent Gu Si Fang votre lien, le who’s who de la grande régression ! Passionnant. Je vais m’amuser à compter le nombre de fois où le mot « liberté » apparaît dans ces ouvrages pour justifier le retour au Moyen-Âge 😉
Sérieusement, vous ne répondez pas à l’objection : quelle manquement implacable introduit l’absence de la loi de Gresham dans les raisonnements sur le système monétaire dans le système actuel en dehors du biais cognitif cher aux autrichianistes pour justifier la mise à bas de l’Etat et la compétition y compris sur des monnaies privées ?
Merci de votre réponse, je m’en vais faire mes calculs sur vos bouquins. A vue d’oeil, je postule sur un chiffre avec 9 zéros !
Quel bel aveu de malhonnêteté intellectuelle et de spéculation à la baisse, en valeur de vérité, de ce qui s’écrit ici.
Vous pensez à ce « moyen âge » là ?
http://www.archive-host.com/link/fd773d0cedc512beff531227b94e1569e92b49e4.mp3
Je ne vous connaissais pas jouant l’esquive Gu Si Fang. Tant pis, j’ai en tout cas bien rigolé en écoutant ce sketch.
Voici une autre présentation de la monnaie, loi de Gresham, banques. C’est l’article « monnaie et papier-monnaie » du Dictionnaire du libéralisme récemment sorti chez Larousse. Cet article précis est de Guido Hülsmann :
https://docs.google.com/open?id=0B_sxv9ZVcOtYVEhEcTA1a3o5MWc
Au risque (léger) de me répéter, cher Gu Si Fang :
L’argent ne serait donc pas créé ex-nihilo comme on le lit souvent mais il vient soit des dépots soit de prêts entre banques.
Cela semble logique, mais alors dans ce cas, c’est quoi cette histoire de fonds propre à disons 2-4% ? Cela veut-i dire que la banque doit garder 2-4 % des dépots?
je vais enfin comprendre un peu plus tout ça et surtout, courir acheter le livre de M. Jorion… 🙂
Les prêts entre banque sont eux même assis sur des dépôts, sauf ceux des banques centrales. Ce qu’il faut retenir, c’est que les banques commerciales doivent avoir des dépôts pour les prêter. Ca peut sembler une lapalissade (à juste titre) quand on n’a pas vu les dits documentaires « créationnistes » mais toute la confusion vient effectivement de leurs raisonnement qui font un tour de bonneteau entre d’une part le montant total des dépots et d’autres part le montant total des réserves que la banque garde au coffre. Montrant ces réserves, par définition fractionnaires, (la proportion de l’argent déposé chez elles que les banques doivent garder par rapport à ce qu’elles prêtent), les raisonnement vertigineux exposés dans ces documentaires donnent l’impression qu’à partir de 1, les banques prêtent 9 et touchent des intérêts sur de l’argent qu’elles auraient sorti du néant.En fait, à partir d’un dépot de 11 et de réserves fractionnaires requises de 10%
– elles doivent 11 au déposant
– elles peuvent prêter 10 (et percevoir les intérêts dessus) et doivent garder 1 au coffre.
Ce 1 permet de gérer les cas statistiques où un déposant retire son argent. Evidemment, c’est un chiffre un peu arbitraire, jugé optimal « quand tout va bien, et même quand tout ne va pas très bien ». Quand tout va très mal, par contre, c’est un peu la digue de Fukushima : globalement loin du compte.
La différence peut sembler en fait largement interprétative, mais un effet de bord probablement pas voulu par ces documentaires est qu’ils disent implicitement qu’une banque peut créer tout l’argent qu’elle veut et qu’en conséquence, vos dépots chez elle seront toujours honorés. Raison pour laquelle ce type de phantasme bancaire dans le public est à tout prendre mieux venu, du point de vue des banques, qu’un questionnement insistant sur le risque de défaut d’une banque vis à vis de ses déposants, c’est à dire une panique bancaire (le fameux bank run de Cantonna). Evidemment, sans création ex nihilo, la crise de la dette devient un risque explicite que votre chère banque, devenue insolvable, devienne la tombe (« regrêts éternels ») de vos économies. Ce qui est tragique, c’est que les croyants de la création ex nihilo s’épuisent sur des boucs émissaires (pas forcément blanc bleu par ailleurs au cas par cas, mais en tous cas pas pour ces raisons là) et un problème monnétaire qui une fois « résolu » ne résoudrait en fait pas grand chose. Tout ceci alors qu’il y a un vrai problème, à vrai dire bien plus simple, qui s’appelle accumulation continue du capital, c’est à dire de l’argent qui manque là où il est nécessaire. Accumulation qui épuise les moyens de redistributions existant, ce d’autant que la lutte du capital contre les salaires et l’impot est jusque là largement remporté par lui. Il ne consent à se rendre là où l’humanité en a soif que par le crédit et l’investissement. Le premier nécessite une solvabilité, le second un contexte économique favorable. Deux choses qu’étouffent précisément la concentration du capital.
En allant plus loin, est-ce que les banques centrales à travers les quantitative easing font de la création monétaire, ou là aussi, elles financent ces émissions?
Evidemment qu’il s’agit de création monétaire pour une banque centrale, que cela corresponde ou pas à une création de richesse effective. C’est bien là le pouvoir des BC. Après, idéalement, il vaut mieux qu’elles créent de la monnaie lorsque qu’elle correspond à quelque chose plutôt qu’à la fuite en avant de la planche à billets.
merci julien!
Bonjour,
Merci pour vos contributions. Paul Jorion évoque lors de l’un de ses derniers posts l’hypothèse de l’hyperinflation (qu’il avait déjà évoquée auparavant). Face au dilemme insoluble insolvabilité des banques-surendettement des Etats, ne pensez vous pas qu’à terme pour faire face à cette double spirale (il faut renflouer les banques, donc surendetter les Etats etc.) les Etats, dans un souci d’ordre public, n’auront pas d’autre solution que l’option démagogique de la planche à billets?
@ Olivier
Cette option démagogique est largement engagée par l’Europe et les Etats-Unis depuis quelques temps.
est-ce que la BC détruit de l’argent quand il y a destruction de richesse ???
(comment la BC du Japon avec Fukushima ???
BIS REPETITA PLACENT
(;-)
[…] Blog de Paul Jorion » L’ARGENT QUE PRÊTENT LES BANQUES (ET JPMORGAN EN PARTICULIER). […]
De la dépêche de l’agence Bloomberg, on peut donc déduire qu’une banque spécialisée dans la gestion du risque (encore heureux ! ) peut jouer au casino avec l’argent des comptes courants, qui ne lui appartient pas et qui ne lui coûte presque rien, en vue de dégager de plantureux profits, quand tout va bien, qui viennent grossir les dividendes et plus-values et bonus des accumulateurs de capital ou tout au moins garantir leurs créances. Le comble, c’est que toute cette spoliation est autorisée et préservée ! En cas de perte sur les paris, le « too big to fail » assure la survie de tout ce beau monde en pompant dans les poches des citoyens parmi lesquels se trouvent les détenteurs des comptes-courants…. décidément bien passifs…Le meilleur des mondes possible pour la finance.
C’est exactement ça Dédale ! La subtilité qui permet ceci, c’est que l’argent des comptes courants ne vous appartient plus en réalité, il appartient à la banque qui vous donne une reconnaissance de dette en échange et s’engage à vous le restituer quand vous le souhaitez. Et bien sûr la non séparation des activités de dépôt et d’investissement.
Question: Pour eviter que les banques ne fassent n’importe quoi avec l’argent qu’elles ont en dépot ( et qui n’appartient plus au déposant contre reconnaissance de dette) , serait-il possible pour limiter les dégats de ne plus déposer son argent à la banque. Quelles en seraient les consequences?
Rien ne vous oblige à laisser votre argent dans une banque, si vous n’avez aucune utilité dans les services que cela procure (cartes de paiement, chéquier en France, « sécurité » à mettre en guillemets, par opposition au fait que vos espèces chez vous peuvent être victimes d’un cambriolage, mais sécurité relative évidemment quand tout s’écroule dans le système financier).
Ceci étant dit, si tout le monde fait cela en même temps, le système ne tient évidemment pas, car il y a bien plus de reconnaissances de dette qu’il n’y a de monnaie pour les honorer.
Et lorsque les banques ne pourront plus honorer leurs reconnaissances de dettes, 2 solutions : soit on se trouve face à un « corralito » de type argentin, soit les banques seront renflouées avec de la monnaie de singe (la BCE ou qui de droit se mettant à imprimer frénétiquement des billets), étant bien entendu que l’on ne peut plus taper sur les travailleurs qui sont déjà aux abois (et qui sont des électeurs faut-il le rappeler), et qu’il n’est pas question de taper sur le capital (on imagine mal tous les palefreniers de Goldman Sachs présents dans les divers gouvernements et autres banques centrales prendre des décision contraires au système financier). Donc, a priori pour des raisons d’ordre public option on rase gratis et hyperinflation, j’extrapole?
nous y voilà !!
je crois que nous jouons tous sur les mots aussi bien ceux qui croient que les banques crééent de l’argent que ceux qui n’y croient pas.
les spécialistes parlent de création de reconnaissance de dette quand nous, pauvres ignares des peuples nous parlons de création de monnaie ………
mais in-fine, les peuples sont en train de comprendre que tous ces messieurs intelligents supérieurement nous manipulent : attention au retour de bâton, l’abus de reconnaissance de dettes peut amener les peuples enragés à mettre les têtes de tout ce beau monde aux bouts des piques.
Si vous percevez un salaire ou si vous devez faire ou recevoir un paiement supérieur à 5000€ le paiement via une banque est obligatoire (Code monétaire et financier), même si vous n’avez aucun besoin de ses services a priori.
Mais surtout, la plupart des gens ont besoin des services de paiement d’une banque. Or dès qu’une société reçoit des dépôts du public (pour offrir des services de paiement) elle doit obtenir un agrément de l’ACP, et elle tombe sous le régime des « établissements de crédit » bénéficiant de la garantie des dépôts et soumis à la réglementation prudentielle (toujours le CMF). Il est donc difficile d’avoir un service de moyen de paiement sans passer par une banque d’émission, avec les risques que cela comporte (parlez-en à un Grec…).
Gu Si Fang,
Merci, j’ai beaucoup appris comme vous l’imaginais dans ce paragraphe… « rien ne vous oblige à laisser votre argent dans une banque », ce qui ne signifie pas que vous n’avez pas de compte, mais que vous retirez votre argent en liquide, qui jusqu’à preuve du contraire est un moyen de paiement.
Bref, c’était surtout l’occasion pour vous de faire un come-back sur ce billet tout en évitant soigneusement de répondre à la question que je vous ai posée et qui justifiait selon vous une critique de « L’argent, mode d’emploi » :
Bien entendu, à défaut de répondre, vous pouvez nous faire un copier-coller de la définition du mot « banque » ou bien de ce que signifie « hypothèque », pour rester dans le sillage de votre remarque ci-dessus.
@ Julien
Remarque préalable : c’est la dernière fois que je vous réponds si vous repartez sur le ton de l’injure. Inutile de me poser des questions si vous utilisez une fois de plus un terme comme « extrême-droite » ou toute autre insulte. A vous de voir.
Jorion cite la loi de Gresham dans L’argent mode d’emploi, et il la cite de travers. Elle n’est pas absente de son livre, elle est juste mal comprise.
Pour revenir à la question de Dédale, elle est tout à fait pertinente. De nombreuses dispositions légales et institutionnelles encouragent les banques et leurs clients respectivement à produire et utiliser une monnaie de très mauvaise qualité. Les banques contemporaines n’ont pratiquement pas de fonds propres et très peu de réserves, et ne doivent leur existence qu’à des privilèges légaux.
Julien, vous écrivez qu’un client n’est pas obligé de laisser son argent sur un compte bancaire tout le temps. Mais vous savez bien que les services que rend la banque sont très utiles : gardiennage, transport et comptage de la monnaie, entre autres. Grâce à votre chéquier et votre carte bancaire, par exemple, votre monnaie vous suit partout sans risque d’être volé, vous pouvez l’échanger à tout moment, et votre banque tient vos comptes. Ce sont des services très utiles, mais vous ne pouvez pas en bénéficier si votre argent n’est pas dans une banque à réserves fractionnaires avec tous les défauts évoquées plus haut.
Si aussitôt payé vous retirez votre salaire en liquide, vous n’aurez plus les inconvénients en question, mais vous n’aurez ni gardiennage, ni transport, ni comptage de votre monnaie. Et si une entreprise décidait de vous offrir ces services sans pratiquer les réserves fractionnaires (en vous demandant de la rémunérer pour cela), elle serait en infraction avec le CMF.
Le mot « banque » est effectivement ambigu, car il désigne les métiers suivants (et la liste n’est peut-être pas exhaustive) :
– entrepôt de monnaie offrant des services de gardiennage, transport et comptage de la monnaie (« moyens de paiement »)
– intermédiaire financier, c’est-à-dire empruntant à des épargnants en leur garantissant un taux fixe et prêtant à risque à des entrepreneurs (« financement de projets »)
– émetteur de monnaie, c’est-à-dire une variante de l’intermédiation financière qui implique, de plus, la production de monnaie scripturale (« producteur de monnaie »)
– services de conseil aux entreprises (« banque d’affaires ») ou aux particuliers fortunés (« gestion de patrimoine »)
– j’en oublie sûrement.
A chaque fois que l’on voit le mot « banque » il faut se demander, en fonction du contexte, de quel(s) métier(s) il s’agit.
Vous savez à qui vous me faites penser Gu Si Fang ? Au schtroumpf à lunettes. Vous distribuez les bons points sur un ton sentencieux et condescendant :
« Jorion cite la loi de Gresham dans L’argent mode d’emploi, et il la cite de travers. Elle n’est pas absente de son livre, elle est juste mal comprise. »
La prochaine fois, dites que je ne me trompe pas mais que je fais « des fautes d’inattention ».
Votre ton pompeux ne vous empêche pas de vous tromper lourdement, même si vos erreurs sont habilement dissimulées au sein d’une liste de banalités.
Croyez-vous vraiment que votre
« – émetteur de monnaie, c’est-à-dire une variante de l’intermédiation financière qui implique, de plus, la production de monnaie scripturale (« producteur de monnaie ») »,
passera inaperçu parce qu’il est entouré de platitudes comme :
« – entrepôt de monnaie offrant des services de gardiennage, transport et comptage de la monnaie (« moyens de paiement ») » ou
« – services de conseil aux entreprises (« banque d’affaires ») ou aux particuliers fortunés (« gestion de patrimoine ») » ?
Peut-être à un oeil inattentif que votre prêche aura assoupi ?
Gu Si Fang,
La banque ne tient pas les comptes, elle les enchaîne. C’est différent….
Ensuite, en effet c’est le gardien et le chauffeur des écritures !
Enfin, pour la diversification des actifs, elle se transforme en spécialisation d’actifs…..
Vous n’avez pas autres choses à vendre? Avez-vous une banque au moins?
Non, vous êtes peut être de ceux qui la possède, qui sait?
.
Non mais vous vous écoutez écrire ? Bien sûr que vous vous trompez ! Je me trompe ! Tout individu normalement constitué se trompe parfois ! Les problèmes surviennent justement quand on n’en n’est pas conscient : au fonds je suis sûr qu’on est d’accord là-dessus.
Sur votre question à propos du rôle d’émetteur de monnaie des banques : je crois que vous considérez que les banque ne créent pas de « monnaie » (vous dites « argent ») parce je pense que vous réservez ce terme à la monnaie légale. Je mets pense en italiques parce qu’après 8000 pages de blog et un livre sur le sujet, je ne sais pas vraiment si vous avez choisi une définition. La plupart des gens utilisent la définition économique : est monnaie tout bien qui est généralement accepté en paiement dans les échanges, et seulement cela.
Les deux définitions peuvent être utilisées, et lorsque le contexte ne suffit pas il faudrait préciser qu’elle définition on choisit. Par exemple :
– si l’on appelle « monnaie » la monnaie légale émise par la banque centrale, alors les banques émettent des reconnaissances de dette libellées en monnaie
– si l’on appelle « monnaie » tout bien qui est généralement accepté en paiement dans les échanges, alors ce que les banques produisent est de la monnaie ; les banques centrales aussi
Ce sont des définitions, elles servent à comprendre ce que dit l’autre. C’est à ce critère qu’on peut les évaluer, en fonction du contexte. Des juristes préfèreront probablement la définition « monnaie légale » ; les économistes la définition « moyen de paiement » ; les comptables la définition « unité de compte » ; etc.
Hayek disait qu’il aurait préféré que l’on utilise l’adjectif « monétaire » au lieu d’utiliser le nom commun « monnaie », pour souligner qu’un bien peut être plus ou moins accepté dans les échanges et qu’il y a un continuum de monnaies à divers degrés. C’est un peu lourd à l’usage mais cela pourrait rendre service dans certains cas.
Von Hayek est l’une des pires crapules que l’humanité ait jamais connue. Le fait n’est pas encore pleinement admis, probablement parce qu’il portait cravate, parce qu’il représentait l’ « extrême-droite en col blanc », comme je l’appelle. Aussi, quand vous défendez une position, soyez gentil de trouver autre chose pour la soutenir que l’opinion de von Hayek, votre argumentation ne s’en portera que mieux.
« Von Hayek est l’une des pires crapules que l’humanité ait jamais connue. »
C’était un fasciste, tout simplement:
« Une dictature peut être un système nécessaire pour une période transitoire. Parfois il est nécessaire pour un pays d’avoir, pour un temps, une forme ou une autre de pouvoir dictatorial. […] Personnellement je préfère un dictateur libéral plutôt qu’un gouvernement démocratique manquant de libéralisme. »
(Von Hayek. Entretien publié dans El Mercurio, journal chilien, le 12-IV-1981)
@ Paul
Hayek d’extrême-droite ?.
Les valeurs défendues par l’extrême droite sont bien connues : politiquement : nation, antiparlementarisme, réaction, voire royalisme, aristocratie héréditaire, bellicisme ; socialement : xénophobie, voire racisme, tradition, autorité, ordre, famille ; économiquement : antilibéralisme farouche, protectionnisme ; culturellement : nostalgie du passé, religion, anti-individualisme, anti-intellectuels, anti-rationalisme, anti-pluralisme.
Lisez par exemple ce qu’écrit l’économiste Steve Horwitz sur la société pluraliste vue par Hayek, ou comment vivre ensemble avec des opinions différentes : Friedrich Hayek : une vision libérale tolérante et pluraliste.
Hayek se réclame-t-il du conservatisme, une sorte de version « soft » de l’extrême droite ? Non plus. Il est l’auteur d’un article intitulé Pourquoi je ne suis pas conservateur.
Sa défense de « l’ordre spontané » cache-t-elle la vision d’une société ordonnée et autoritaire ? Au contraire, puisqu’il n’a cessé de souligner la différence entre une société ordonnée par des ordres, par une autorité, et société auto-organisée spontanément par les règles produites par les actions de tous les individus. Son ordre spontané est du même ordre que la main invisible de la Richesse des nations ; ses règles de droit correspondent à la « sympathie » de la Théorie des sentiments moraux. Comme Smith, il prône un ordre qui émerge d’en bas, pas un ordre imposé d’en haut. D’ailleurs, plus que « prôner », il « constate » : une grande partie de son travail consiste à souligner que les ordres d’en haut sèment l’anarchie dans la société.
Malgré tout, conscient de l’ambiguïté de l’expression « ordre spontané » il a expliqué dans la préface de Droit, législation et liberté qu’il lui préférait « ordre auto généré » ou « auto organise » (vol. I « Règles et ordre »). [NB : vous allez encore me trouver cuistre, mais nadj popi fait un contresens complet]
Ce qu’il n’est pas ? Il n’est pas égalitariste. Il est contre l’égalisation forcenée des conditions économiques. Il est favorable à ce que l’Etat distribue des allocations aux personnes les plus démunies et aux handicapés. Mais il considère que dans une société libérale le nombre de pauvres et de chômeurs est beaucoup plus faible que dans une société étatiste sur-réglementée, et que les organisations de la société civile sont mieux placées pour aider les plus démunis comme il se doit. Mais bon, il n’est pas égalitariste. Est-ce que cela fait de lui une « crapule d’extrême droite » ? Soyons sérieux…
Alors ne vous privez pas de critiquer ses idées, même impitoyablement : il n’y a pas de vache sacrée ! Mais visez ses idées plutôt que l’homme : « intransigeant avec les idées, tolérant avec les hommes ». Hayek se situait d’ailleurs sur ce terrain – celui des idées – contrairement à des hommes comme Saint Just et Robespierre qui se sont réellement emparés du pouvoir et ont réellement commis des meurtres de sang froid.
Pinochet ? Hayek a dit : « As long term institutions, I am totally against dictatorships. But a dictatorship may be a necessary system for a transitional period. Personally I prefer a liberal dictator to democratic government lacking liberalism. » Il n’a laissé que quelques lignes sur ce thème, dans une oeuvre de plusieurs milliers de page, mais ce sont quelques lignes de trop. Il n’est pas question de défendre sa position sur ce point. Les sociétés pacifiques doivent se réformer graduellement ; les révolutions amènent le chaos et la terreur.
Je serais inconséquent, après avoir répété ici depuis plusieurs années que von Hayek, Friedman et compagnie, représentent le « fascisme en col blanc », de laisser des éloges à leur égard s’afficher sur mon blog.
Fort bien, s’il ne s’était pas trouvé que ces personnages ne se sont pas retrouvés au Chili de Pinochet au hasard d’une escale d’avion mais ont été les piliers idéologiques et les tentatives maladroites d’alibi de ce régime.
Friedrich Hayek
Milton Friedman
Le débat à ce sujet est clos ici.
Vous avez au moins accepté le débat sur votre blog. Vous êtes libéral… à votre manière.
Cdt,
GSF
Gus, faites pas votre chochotte; en bon misésien de bonne souche vous savez par coeur et vous le répétez au coucher comme au lever le credo fondateur, le mantra décisif, celui de toute la pensée néolib, celui qui marque la rupture radicale avec le libéralisme classique, celui qui oppose démocratie et libéralisme – puisque (cf Hayek, Friedman et Pinochet) c’est le libéralisme, y compris dictatorial, qui s’opposerait au totalitarisme et en aucun cas la démocratie finalement honnie, votre credo quoi :
Même Aron, en libéral old fashion, et néanmoins ami d’Hayek, s’est opposé à ce dernier et à Friedman dans cette authentique « dérive » libérale intégriste, s’est séparé d’eux et de leur « Djihad », de leur « sainte croisade ».
Il ne s’agit certes pas formellement d’une extrême-droite restauratrice d’ancien régime, puisqu’il n’est plus question de privilèges de naissance, mais l’objectif est bien le même : rendre tous les pouvoirs à une minorité, minorité éminemment reproductible bien sûr, quoi que vous en disiez. Le plus efficace des avatars idéologiques contre-révolutionnaires, oui, cent fois oui.
Encore une fois, ne faites pas le naîf ou l’innocent. Vous avez bien lu Ortega Y Gasset ou Rougier n’est-ce pas ? Alors ? L’ennemie du bon néolib, définitivement, c’est pas la dictature, mais la démocratie, totalitaire par essence pour lui.
@ vigneron
Mantra, credo, sainte croisade, djihad : non mais vous avez bu quoi ?
Ce qui gêne les libéraux dans la démocratie, ce n’est pas le demos, mais la cratie…
C’est ancien : Tocqueville ne se défie pas de la majorité mais de sa tyrannie ; Montesquieu est critiqué par Constant pour qui diviser le pouvoir ne suffit pas, et qui veut le limiter. Le suffrage universel masculin et féminin est à la fois un immense progrès et un aboutissement, parce qu’il descend le pouvoir politique ultime au niveau de l’individu ; et une énorme menace, parce que ce nouveau pouvoir, s’il n’est pas contenu, constitue une menace potentielle pour toutes les minorités. La campagne présidentielle nous en a donné une triste illustration.
On retrouve naturellement cette critique chez Hayek, qui répète à de multiples reprises que c’est uniquement à la démocratie illimitée qu’il s’attaque. En cela, il rejoint tout à fait ses prédécesseurs : demos, oui ; cratie, le moins possible.
J’ai d’abord failli vous répondre « non » parce que le libéralisme est toujours une menace pour les élites en place dans l’histoire. Ceux qui détiennent le pouvoir politique, ou les commandes du pouvoir économique sont presque toujours hostiles au liberalisme. Réfléchissez : si vous étiez le grand manitou, seriez-vous pressé que l’on déclare que les gens n’ont plus à obéir à vos oukazes, qu’ils ont le droit de concurrencer votre business, que vous pouvez faire faillite si vous gérez mal vos affaires ? L’élite politico-économique française est colbertiste et saint-simonienne, on la comprend ! (écoutez Montebourg, par exemple, mais on trouve exactement les mêmes commentaire à l’UMP)
Mais sur un plan plus abstrait, on peut répondre « oui » car l’objectif est effectivement de rendre le pouvoir à la plus petite minorité possible : l’individu. Seulement attention : ce pouvoir est limité par le fait que les autres individus ont les mêmes pouvoirs (la règle de droit doit être universalisable).
Ortega y Gasset j’ai un peu lu. J’aime beaucoup sa défense sans concession de la souveraineté individuelle – rare ! – et le courage qu’il a eu d’être pratiquement le seul auteur libéral dans les années 30. Mais c’est un auteur trop littéraire pour moi, pas du tout analytique, et il me semble qu’il blablate pas mal sur la « vie noble » etc. Cela dit, je connais mal et il faudrait lire vraiment ce qu’il écrit à ce sujet pour éviter les contresens.
Rougier, je ne connais pas. Qui est-ce ?
@vigneron: « L’ennemie du bon néolib, définitivement, c’est pas la dictature, mais la démocratie, totalitaire par essence pour lui. »
On ne peut mieux résumer.
@Gu Si Fang: vous êtes d’une mauvaise foi crasse. Je ne pense pas que ce soit utile d’entamer une discussion quand on en est à dire « le libéralisme est toujours une menace pour les élites en place dans l’histoire ».
Ben alors ? On connaît pas Louis Rougier ? Le seul français glorieux membre du Cercle de Vienne ? Hayek lui a tout pris politiquement, en tout cas pour ce qui est de la défiance (euphémisme) vis à vis de la démocratie et de la haine (sans euphémisme là) des « masses ». Vous comprenez Gu Si Fang. n’est-ce pas ?
en effet c’est abstrait, c’est ce qu’on appelle un fantasme.
@ vigneron
Non, connaissais pas Rougier. Voici ce que j’ai trouvé à son sujet dans le Dictionnaire du libéralisme chez Larousse :
Il fait une comparaison entre la démocratie constitutionnelle, libérale, d’une part, et la démocratie illimitée d’autre part – aujourd’hui on dirait « démocratie populaire » ?
L’article « Démocratie » du Dictionnaire du libéralisme mentionne également Rougier.
Je voudrais en profiter pour redire à tous les lecteurs combien Margin Call est un très grand film à voir (et faire voir) de toute urgence!
Pour les lecteurs réguliers de ce blog il n’ y aura pas de découverte mais surement une grande jubilation triste…Ainsi il est encore une fois démontré que l’art peut contribuer à faire voir et comprendre (cf.le roman avec l’Argent de Zola, Balzac …etc)
La grande Perdition se déroule devant nos yeux incrédules (en ralenti et accéléré) et autour de nous on ne voit que des gens avec des morceaux du puzzle : comme l’a dit Paul il faut joindre les pointillés. Ils peuvent se focaliser sur tel ou tel détail mais rarement le fil conducteur apparait, rarement l’absurde perversité du système ne leur saute aux yeux. Bien sûr partout en Europe des mouvements se font jour : l’espoir est leur réunion dans un ensemble coordonné pour sortir du cadre.
F. Lordon avec sa pièce de théâtre en alexandrins a bien analysé la nécessité de compléter l’analyse par l’art (les « machines affectantes« ).
Margin Call en est un autre exemple.
C’est d’ailleurs faute de canal artistique que Cassandre n’est jamais écoutée (elle a refusé de se donner à Apollon, ce qu’elle avait promis de faire en échange de la connaissance de l’avenir).
Le dernier rapport gvt trimestriel 2011 sur les revenus de trading et les activités sur produits dérivés des Big banques US. JPMorgan en tête bien sûr.
http://www.occ.gov/topics/capital-markets/financial-markets/trading/derivatives/dq411.pdf
Les dernier ratios (1er trim 2012) de JPM et GS :
http://finapps.forbes.com/finapps/jsp/finance/compinfo/Ratios.jsp?tkr=jpm
http://finapps.forbes.com/finapps/jsp/finance/compinfo/Ratios.jsp?tkr=gs
on peut renommer les CDS en credit default swamp ..
Paul Jorion s’oppose à beaucoup d’économistes
Nier la création monétaire scripturale par les banques commerciales et la monnaie scripturale et fiduciaire par les banques centrales ce n’est pas se heurter à quelques blogueurs ici, mais à l’ensemble des économistes. Le multiplicateur du crédit existe et n’est rien d’autre qu’une création monétaire ex nihilo. J’ai le livre de Paul Jorion, « argent mode d’emploi » dans ma bibliothèque mais aussi celles des économistes les plus brillants qui enseignent le contraire.
Je ne crois pas un instant que Jorion puisse l’emporter dans ce débat. Mais je ne saurai développer l’argumentaire si chaque opposant se fait censurer à chaque fois.
Cordialement
Figurez-vous que nous avons pas entendu beaucoup de ces « brillants » économistes s’opposer à ce que nous avançons depuis près de 4 ans… Et ce n’est pas qu’ils n’aient pas eu vent de ce qui se dit ici, bien au contraire ! Il ne s’agit donc pas « d’emporter le débat », celui-ci est clos depuis bien longtemps.
L’effet multiplicateur du crédit n’est-il pas déterminé par le coefficient de réserve lui-même déterminé par la banque centrale et ne constitue-t-il pas aussi un diviseur de la masse monétaire disponible en billets ?
Quant aux brillants économistes dénonciateurs des faux monnayeurs privés qui sont-ils ? Ah oui ! L’autricheur Von Misses et ( cocorico, jusqu’à la théorie de la relativité est peinte en bleu-blanc-rouge ) Allais ( Grand Prix de la Banque de Suède ), plus quelques opportunistes. Et le reste, que sont-ils s’ils ne sont pas économistes ?
Puisqu’on en est aux questions, on parle beaucoup d’obliger la BCE à prêter directement aux Etats. Peut-on dans ce cas parler de monétisation des dettes souveraines, dans la mesure où il ne s’agit pas de monnaie créée pour éponger les dettes, et donc qui n’a pas sa contrepartie en richesse créée, mais d’un prêt qui sera remboursé avec un intérêt faible. Pourquoi, dans ce cas, y aurait-il risque d’inflation ?
Compte tenu de tous ce qui est écris plus haut, que représente les ratios,
Il me semble avoir pu comprendre que quand une banque avait 1000 de dépot, elle pouvait prêter jusqu’a 9000.
Donc un ration de 1/9.
Cela signifie si elle prête 9000, elle emprunte 8000?
Ou n’ais-je rien compris?
Vous avez compris tchoo : chaque emploi doit être financé, c’est la règle la plus basique qui soit.
Vous avez peut-être raison. Ou pas. En tout cas, ce n’est pas en écrivant : « Le débat est clos depuis 2008 et j’ai gagné » que vous nous convaincrez.
Lisez « L’argent, mode d’emploi », cela finira de vous convaincre.
Décidément il va falloir que j’achète ce livre, j’en perd mon latin ;)!
La page wiki serait-elle donc à mettre à jour? ici
Ok wiki n’est pas une référence absolue…
Cette page wiki est sabotée régulièrement par les clowns « créationnistes », c’est une des pires de l’encyclopédie en ligne.
romen, gagnez votre latin, sans le latin, sans le latin, le blog …
Pour être plus clair, il faudrait présenter le bilan d’une banque et l’obligation qu’elle a d’équilibrer son bilan (somme(actifs)=somme(passifs)).
Je ne pense pas que clôturer un bilan en équilibre, soit une « obligation » pour une entreprise commerciale (une banque) ou même une entreprise individuelle. Il s’agit basiquement de l’utilisation de la comptabilité dite « en partie double » qui ne peut qu’aboutir à cet équilibre par l’intervention du compte de résultats. Evidemment, cette comptabilité n’exclut pas les fraudes mentionnant au débit ou au crédit des comptes, des sommes suspectes. Reste alors à faire intervenir votre commissaire aux comptes…
Je crois que si. La banque de France publie chaque année un bilan de synthèse des établissements de crédit et il y a le même montant à l’actif et au passif.
Par exemple, s’il y a des bénéfices, ils peuvent être versés en dividendes ou être réinjectés dans des investissements ou encore accorder des prêts.
S’il y a des pertes, l’entreprise passe des provisions.
Je demande à une âme charitable confirmation !
Donc…. c’est bien une obligation de clotûrer un bilan en équilibre, effectivement par l’affectation au bilan du résultat.
Albatros, non, pas tout à fait. Les provisions pour pertes constituent juste une anticipation imputée de pertes potentielles « calculées » à venir sur des éléments d’actif.
En effet, je constate que toutes les excellentes réponses de Julien Alexandre font suite à l’ignorance des principes de base comptables des banques, qui font qu’un dépot d’un client est mis au ….. (vous avez appuyé sur le buzzer ?) passif de la banque, et qu’un prêt accordé à un client est mis à (tout le monde y est ?) l’actif du bilan !
Ah, oui, quand même, pas mal d’erreurs…. 😉 !
Yes !
+1 +1 +1; le dépôt du client est au passif = reconnaissance de dette.
Le prêt au client est à l’actif (= le client reconnait une dette à la banque, laquelle en escompte le retour avec intérêt)
L’emprunt de 8000 euros dans le post 27-bis de « tchoo » ci-dessus est à son passif (elle devra rembourser).
L’éventuel décaissage des 8000 emprunté pour les prêter est à l’actif (rentrées attendue).
Bon, est-ce que tout ça ne rend pas la compta de base (actif passif, partie double) factorisable suivant le groupe de Klein (groupe 2×2 non trivialement isomorphe à (Z/2Z)^2 dans le langage convenu ) ?
Ca se factorise suivant (client, le reste ida est les autre prêteurs sauf la BC) x (actif passif), ou quelque chose comme ça…
Le structuralisme bancaire est-il un pré- ou un post-jorionisme ?
Oui, Onubre, mais ajoutons que le taux de profit, et en tous cas l’EBE, était infiniment plus faible dans les seventies par exemple. Mais l’analyse 1980/2010 est imparable et la conclusion nickel :
Rajoutons bien sûr : « et pas qu’aux US »…