Billet invité
Chacun le sait (ou devrait le savoir), nous sommes confrontés à une triple crise.
Celle dont il est le plus question dans ce blog, est, bien sûr la crise économico-financière, qui, dans la foulée de la crise des subprimes est loin d’avoir été résolue.
Elle se conjugue avec deux autres crises qui sont comme les deux faces d’une même médaille, la crise énergétique et la crise climatique. La crise énergétique résulte d’une exploitation toujours plus effrénée des sources d’énergie fossile depuis une centaine d’années, sources qui, en conséquence, commencent à se tarir. L’approvisionnement énergétique n’est pas encore très gravement menacé, mais tout laisse présager qu’il le sera bientôt. La crise climatique est loin d’avoir encore fait sentir tous ses probables effets, mais ils risquent d’être dévastateurs (montée du niveau des océans mettant en péril de nombreuses villes côtières, aridité croissante de nombreuses zones aujourd’hui fertiles, perte massive de la biodiversité, augmentation de l’intensité et de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes…). Il est extrêmement probable que ce réchauffement global est la conséquence de l’oxydation massive des énergies fossiles et du rejet de gaz à effet de serre dans l’atmosphère (CO2). Il risque de s’emballer par diverses boucles de rétroaction positives (aggravantes) telles que la diminution de la capacité de réfléchissement des glaces (albédo) du fait de leur fonte, libération massive de méthane du fait de la fonte du pergélisol (le méthane étant un gaz à effet de serre 23 fois plus puissant que le CO2), diminution de l’obscurcissement planétaire du fait qu’une diminution de l’émission de poussières industrielles (qui atténuent le réchauffement) sera la conséquence prévisible du ralentissement voire de l’écroulement de la production industrielle consécutive au tarissement des sources d’énergie fossile.
La crise économico-financière et la crise énergético-climatique sont elles aussi liées. C’est parce que notre système économique est fondée sur l’impératif de maximisation des profits que la « croissance économique » est requise et cette croissance du PIB implique que toujours davantage de biens et services soient produits et consommés. Mais il y a aussi contradiction entre cette maximisation des profits et l’augmentation de la production-consommation, contradiction ayant mené depuis une quarantaine d’année à un partage toujours plus inégal entre les revenus du capital et ceux du travail. En conséquence de quoi, la consommation a été stimulée par l’encouragement du recours au crédit jusqu’au point de déséquilibre où des emprunteurs se retrouvaient de plus en plus souvent en défaut de payement, d’où la dette des banques et celle des Etats ayant tenté de leur venir en aide.
A quoi il faut ajouter qu’une bonne partie des capitaux cherchant à s’investir l’ont fait stérilement dans des paris sur des fluctuations de prix responsables de diverses bulles financières qui tôt ou tard éclatent, désorganisant encore davantage la situation.
Nous en sommes là et ces faits sont bien connus.
Comment sortir de cette triple crise ? Bien malin celui qui pourrait fournir un ensemble de solutions cohérentes pour y parvenir et je n’ai nullement cette prétention.
Je souhaiterais seulement attirer l’attention sur quelques éléments qui me paraissent pertinents par rapport à cette problématique.
Tout d’abord, il me paraît évident que la croissance requise par le système pour fonctionner doit être radicalement remise en question. Cette croissance, on le sait, est en fait une croissance purement comptable du PIB dans lequel s’additionnent la valeur de tous les biens et services produits et achetés. Ce qui signifie que plus il y a de maladies, plus il y aura d’honoraires de médecins et de factures d’hôpitaux et donc plus le PIB augmente. Vive les maladies ! Et que plus il y a de délinquance et de criminalité, plus il faut construire des prisons, payer des gardiens, des policiers, des magistrats, des avocats, installer des caméras de surveillance, des portes blindées, des serrures et des verrous et plus le PIB augmente. Vive la délinquance, vive la criminalité ! On pourrait multiplier les exemples de toutes ces choses que n’importe quel être humain sensé considère comme négatives et dont l’augmentation entraine une croissance du PIB. Cette croissance a comme corollaire l’augmentation de l’épuisement des ressources fossiles et des matières premières, et donc l’augmentation du réchauffement climatique.
Comment remettre radicalement en question cette obsession de la croissance ?
En produisant moins et en consommant moins. Moins de quoi ? Moins de ce que nous produisons et consommons actuellement, ou d’au moins une partie de tout cela.
Je me souviens que, sur les bancs de l’école, le maître nous avait appris « qu’il faut manger pour vivre et non vivre pour manger ». Ce que l’on peut généraliser en disant qu’il faut certes produire et consommer pour vivre, mais qu’il ne faut pas vivre pour produire et consommer. Or c’est pourtant ce que notre société nous encourage à faire depuis des décennies. Elle nous y encourage de deux manières au moins.
La première, c’est qu’elle valorise le travail. Le travail est devenu une valeur en soi, peut-être dans la foulée de l’éthique protestante, comme s’est attaché à le montrer Max Weber. Quelles qu’en soient les raisons, le travail a été sacralisé et l’obsession de nos contemporains est de « trouver un emploi ». Cela tient au fait qu’à présent, trouver un emploi est pratiquement devenu une question de survie si l’on ne veut pas végéter dans une situation de pénurie et de difficultés due aux maigres allocation de chômage ou de minima sociaux (RMI ou RSA, Minimex). Il fut une époque où tel n’était pas le cas, du moins pas à un tel degré : la privatisation généralisée d’à peu près tout, depuis le mouvement des enclosures au Moyen-Age a pratiquement forcé les citoyens à vendre leur force de travail pour ne pas mourir, sauf s’ils étaient suffisamment nantis pour exploiter celle des autres. Cette situation s’est accompagnée d’une valorisation du travail et d’une stigmatisation croissante de l’oisiveté, mère de tous les vices. Des relents d’idéologie judéo-chrétienne y contribuent (« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »), mais, encore une fois, cette sacralisation a pris une ampleur inédite au cours de la période récente. Rappelons, pour mémoire, que, selon l’anthropologue Marshall Sahlins, le temps de travail moyen dans les sociétés de chasseurs-collecteurs du Kalahari ou du Grand Désert australien n’était que d’environ trois heures par jour (21 heures par semaine), et ce ne sont pourtant pas des Pays de Cocagne. Ce temps correspond à ce que nous, Occidentaux, considérons être du « travail », c’est-à-dire à toutes les activités qui ont une utilité pratique. Remarquons au passage que quand nous disons que nous travaillons par exemple 38 ou 40 heures par semaine, cela n’inclut pas le temps passé en navettes domicile-lieu de travail, ni le temps à faire des courses, à préparer des repas, à faire la lessive, à nettoyer l’appartement, à faire de la paperasserie administrative, toutes choses qui ont pourtant une utilité pratique. Si on les comptabilisait en sus des heures passées au bureau ou à l’usine, combien d’heures travaillerions-nous par semaine ? Par ailleurs, relevons aussi que le concept même de travail n’existe purement et simplement pas dans de nombreuses sociétés. Pierre Vernant, faisait, par exemple, remarquer qu’il n’y a pas de mot en Grec ancien correspondant à ce que nous appelons travail. Il y a cinq ou six mots différents qui se partagent le champ sémantique que ce concept a pour nous (mais qui recouvrent d’autres signifiés également). Si l’on demandait à un Bororo ou à un Grec de l’Antiquité « Est-ce qu’en ce moment tu es en train de « travailler » ou non ? », il serait bien en peine de nous répondre.
Cette sacralisation contemporaine du travail est d’autant plus absurde que nous nous sommes donnés les moyens, grâce à la science et à la technologie, de nous épargner beaucoup d’efforts et que nous pourrions nous permettre de travailler nettement moins tout en vivant bien. Le seul correctif que cette affirmation me paraît susceptible de requérir, est qu’une partie de cette technologie ne fonctionne que grâce aux hydrocarbures et que la quantité de ceux-ci décroissant, nous risquons de nous retrouver progressivement dans une situation moins favorable à cet égard. Mais quand on voit l’étendue du gaspillage, la quantité de biens et de services fort peu utiles que nous produisons et consommons, il est permis de penser que, même dans une situation de pénurie d’hydrocarbures, il serait possible, globalement, de travailler moins.
Sans doute pourrait-on penser aussi à estomper la distinction travail / loisir. Il est considéré comme normal, de nos jours, que le travail soit pénible (même si l’idéologie ambiante prétend qu’il peut, qu’il doit être « épanouissant »). C’est même de sa pénibilité qu’il reçoit sa valeur, songeons aux trémolos rhétoriques accompagnant les louanges de « ceux qui travaillent dur pour gagner leur pain ». On pourrait parfaitement imaginer que non seulement le temps de travail soit réduit, mais qu’une attention toute particulière soit consacrée à son amélioration en termes de qualité de vie. Bien des tâches pénibles pourraient le devenir beaucoup moins si elles étaient repensées. Je pense par exemple à l’interdiction pure et simple du travail répétitif et monotone transformant les gens en robots.
Les techniques de management moderne qui enferment les travailleurs dans des doubles voire des triples contraintes insupportables génératrices de stress, d’anxiété, de troubles psychologiques multiples devraient également faire l’objet d’un contrôle extrêmement rigoureux sous la surveillance des travailleurs eux-mêmes.
En terminant sur ce thème je veux rendre hommage à Paul Lafargue, le gendre de Marx, qui nous a laissé son immortel Doit à la Paresse, livre dont je connais hélas peu d’équivalents actuels, là où les Bolcheviks nous ont légué l’odieux culte de Stakhanov.
La deuxième manière dont notre société nous encourage à la croissance du PIB tient aux techniques de marketing et à la publicité. Je suis toujours étonné de constater que la critique de leurs effets délétères soit si souvent absente des discours critiques par rapport au système. Elles jouent pourtant un rôle énorme dans son maintien. Il n’est certes pas certain que si la firme X finance une intense campagne de pub pour ses produits elle en récoltera des bénéfices, mais il est infiniment plus certain que quand des milliers de firmes nous abreuvent jour après jours de milliers de publicité, sur des panneaux, des spots TV, des pubs radiophoniques, des cyber-pubs ciblées à la Google ou à la Facebook, elles nous conditionnent sans relâche à penser que notre bonheur passe par l’acquisition de biens ou de services. La propagande à laquelle étaient soumis les peuples dans les systèmes totalitaires était, somme toute, peu de choses, comparée à l’intensité de cet omniprésent message : consommez ! Il y a quelques raisons de penser, à cet égard et à quelques autres, que nous sommes entrés dans une sorte de totalitarisme « soft », ce que j’appellerais volontiers l’ère du softalitarisme.
Chercherions-nous autant à consommer (et donc à autant travailler pour produire) si nous n’étions pas soumis à cet intense conditionnement ? J’ai la faiblesse de penser que non. Je pense que nous pourrions sans doute retrouver un peu plus de sobriété dans nos désirs et investir d’autres sources de plaisir que celles liées à la consommation.
Comme il n’est pas sûr qu’une progressive interdiction radicale de toute forme de publicité suffise à cet égard, aussi impérieusement nécessaire soit-elle, un peu de sagesse y contribuerait. Cette sagesse suscite de toute évidence un intérêt croissant de nos jours. En témoignent l’importance des ventes d’ouvrages comme ceux de Krishnamurti, d’Eckhart Tolle, d’Arnaud Desjardins, de Swami Prajnapad, de Sri Aurobindo, d’Alan Watts, de Matthieu Ricard, d’Anselm Grün, de Jean Klein, d’Eric Baret ou d’Epictète et de bien d’autres ou encore le succès grandissant des techniques de méditation du type vipassana ou mindfulness. Oh, bien sûr, il y a dans ces eaux-là nombre de pseudo-gourous désireux de faire leur beurre sur le dos de la spiritualité. Comme le disait déjà, il y a longtemps, le philosophe Jean-François Revel (le père de Matthieu Ricard), « Moins les philosophes croient au monde extérieur, plus ils travaillent à s’y tailler une place » (je cite de mémoire). Et il y a dans toute cette mouvance une grande abondance de pacotille plus ou moins New Age exploitant sincèrement, naïvement ou au contraire sans vergogne le goût des gens pour le merveilleux.
Mais il me semble qu’il y a nombre de points communs entre les divers courants de la sagesse traditionnelle, de la « spiritualité », si l’on préfère, qui pourraient nous aider (que l’on soit croyant ou non, et pour ma part je serais plutôt agnostique).
La première est le fait de nous libérer de l’emprise de la pensée, de l’emprise du mental. La pensée est utile, extrêmement utile même, mais elle ne cesse de nous happer, de nous embarquer dans mille et un soucis, que ce soit l’inquiétude de ce qui pourrait arriver, l’espoir que ce que nous souhaitons puisse vite arriver, les regrets par rapport à tel ou tel événement passé, la comparaison entre ce que nous vivons et ce que nous aurions pu vivre, etc.
Il s’agit de gagner de la liberté intérieure par rapport à elle en apprenant à ne pas trop adhérer, ne pas trop souscrire à toutes ces pensées qui nous viennent. Apprendre à garder une certaine distance à leur égard. Et peut-être aussi de davantage les évaluer à l’aune des effets qu’elles ont sur nous. Favorisent-elles un rapport serein à nous-même, à autrui et au monde ? Ou au contraire nous mettent-elles dans le tourment ?
La pensée, c’est aussi, étymologiquement, la pesée, et donc, la comparaison, le jugement.
Il est utile de pouvoir poser des jugements, certes, mais nous sommes aussi les esclaves de cette propension à juger les autres et à nous juger nous-même. Et c’est aussi en adhérant à nos jugements et en combattant ceux des autres que nous renforçons notre Ego.
Ce regard évaluatif sur nous-même donne, en effet, lieu au Moi, à l’Ego et à tous les espoirs et toutes les peurs que nous nourrissons à son égard. Apprendre, petit à petit, à se déprendre de son Ego, à s’en désidentifier est sans doute un des axes principaux des courants traditionnels de sagesse (« Ne jugez point, et vous ne serez point jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés ; absolvez, et vous serez absous. », Luc 6:37). « Si l’on vient te dire qu’un tel dit du mal de toi, ne cherche point à te justifier sur ce qu’on te rapporte ; réponds seulement : « Il faut qu’il ne soit pas au courant de ce qu’on peut encore dire sur mon compte ; autrement il ne se serait pas borné là. » (Epictète, Manuel). On pourrait multiplier les citations portant sur ce thème.
Or nous savons qu’une bonne part de notre addiction consumériste vient de là. Bien souvent, ce n’est pas tant la valeur d’usage de la chose qui nous motive à l’acquérir, c’est sa valeur sociale, la façon dont son acquisition peut, dans un parfait mimétisme rivalitaire, nourrir notre valeur différentielle par rapport à autrui, notre image de nous-même, notre Ego. Les firmes publicitaires le savent fort bien et en usent tant et plus.
Et cet Ego, c’est aussi ce qui bien souvent nous mène par le bout du nez quand il nous pousse à faire un travail qui ne nous intéresse guère, dans lequel nous nous faisons quotidiennement violence, mais qui peut nous procurer un certain prestige social et ainsi conforter notre narcissisme défaillant.
Vivre moins dans l’esclavage du mental, du jugement, de l’Ego, c’est vivre davantage dans la perception, dans le sentir et c’est en sentant et en percevant que l’on peut être en contact avec la réalité présente. Nous passons le plus clair de notre vie dans l’attente du futur, attente pleine d’espoir ou pleine de crainte (les deux faces d’une même médaille, en fait) ou dans la rumination du passé. Nous ne sommes guère dans le présent. Or, on pourrait dire que dans le présent rien ne manque, une fois les besoins de base satisfaits. Le manque vient de la façon dont notre pensée compare : avant / après ; ce qui est / ce qui pourrait être ou aurait pu être ; soi /autrui…
Il est difficile de commencer à adopter cette façon de voir, particulièrement dans une époque où à tout moment des messages nous assaillent cherchant à nous faire croire que notre bonheur ne peut être atteint que par l’acquisition. Il en résulte une continuelle orientation vers le futur qui abime notre rapport au présent et une permanente frustration dont je pense qu’elle est à l’origine de bien des violences sociales et personnelles. Il s’agit au contraire d’apprendre à vivre la vie au présent, tout en restant attentif aux conséquences probables de nos pensées et de nos actes. Mais ce n’est pas simple, cela requiert un long apprentissage
C’est la raison pour laquelle la sobriété choisie (qu’on appelle aussi simplicité volontaire) n’est pas évidente à mettre en pratique et j’ai moi-même bien des difficultés à l’appliquer tous les jours. Il me semble pourtant que c’est la seule voie qui peut nous aider à nous en sortir. Il ne s’agit pas à mes yeux d’une nouvelle forme d’ascétisme doloriste. Il s’agit d’un hédonisme ! Mais d’un hédonisme intelligent qui a compris que le plaisir ne passe pas par le consumérisme (ni par conséquent par le productivisme stakhanoviste qui va de pair avec lui).
Les plaisirs ont leur importance, toute leur importance, à condition de veiller à ne pas trop s’y attacher. Question de tempérance. Et, de préférence, à condition qu’il s’agisse de plaisirs partagés. Question d’empathie et de solidarité.
Cette sagesse qui, nourrie de ce qu’il y a de commun, au-delà de leurs différences, dans les traditions du tantrisme, du vedanta, du bouddhisme, du christianisme originel, du soufisme, du taoïsme, du stoïcisme, de l’épicurisme et de bien d’autres courants, pourrait constituer une sagesse pour notre temps, on pourrait l’appeler, après le philosophe norvégien de l’écologie profonde Arne Naess, après le psychanalyste et philosophe Félix Guattari et après d’autres, une écosophie*.
Elle aurait à maintenir clairement une dimension politique et écologique, une réflexion sur le vivre ensemble de ceux qui habitent la cité, qui trop souvent, dans les courants de sagesse s’estompe largement au profit d’un cocooning intérieur dans lequel il s’agit d’essayer de s’en sortir pas trop mal, de manière purement individuelle, dans un repli sur soi. « Individu-citadelle », comme dit le philosophe Pierre Hadot, « individu-hors-du-monde », comme dit l’anthropologue Louis Dumont. Son émergence me paraît constituer une condition peut-être pas suffisante mais en tous cas nécessaire si l’on veut vraiment tenter de « sortir du cadre ».
Elle devrait nous aider entre autres à modifier notre rapport à la propriété qui, comme on sait, constitue l’un des socles de la pensée libérale. Elle pourrait le faire en nous aidant à cultiver une conscience plus claire du fait que, bien souvent, là où nous pensons posséder les choses, ce sont elles qui nous possèdent. (« Une personne, c’est l’ensemble des choses qui ont pu capturer son nom », Paul Jorion). Il y aurait lieu, à cet égard, de prêter une attention particulière à la façon dont nos objets techniques contribuent à façonner nos façons d’être, de penser et d’agir. Parfois pour le meilleur, souvent pour le pire. Une « vision écosophique des choses » pourrait nous aider à repenser également, le rapport que nous entretenons avec ce qu’il est convenu d’appeler le « capital ». Tant que nous pensons qu’il est normal que ceux à qui la fortune a permis d’en détenir, touchent des intérêts quand ils le prêtent, ce simple mécanisme obligera à la croissance du PIB. Il s’agit donc de radicalement le remettre en cause, mais cette remise en cause ne saurait rester une posture purement théorique. Elle suppose un changement d’ethos, un changement d’habitus que seul un travail sur nous-même peut favoriser. C’est à un tel changement de mentalité qu’une écosophie pourrait contribuer.
Il y aurait sûrement bien d’autres choses à en dire, mais ceci peut peut-être initier un début de discussion…
* J’ai essayé d’en articuler quelques éléments dans mon livre 100 mots pour ne pas aller de mal en psy, Empêcheurs de penser en rond / Le Seuil, 2003.
279 réponses à “SORTIR DU CADRE ? par Thierry Melchior”
la croiiiiiissance , c’est fini.
Il va falloir changer de monde,
mais ça ne va pas être facile !
http://www.bastamag.net/article2370.html
Personnellement j’ai décidé un jour il y a longtemps de travailler à mi temps toute ma vie et de ne travailler que pour moi de sortir du salariat c’était en 1994, depuis je mets cela en pratique et je laisse le CDI aux autres, ce qui me désole dans ce pays c’est que les gens veulent soit entrer dans le service de l’état soit dans le servage de la grosse société privée, ils veulent la sécurité, j’ai fait un choix totalement différent je n’ai voulu vivre que de créativité.
Je n’ai ni écran plat ni cuisine intégré ni canapé neuf que des vieilleries et rien ne m’attire à acheter, ça fait des années que ce sont les mêmes produits qui défilent dans les magasins. J’avais une grand mère qui disait que nous n’étions pas assez riches pour acheter ordinaire.
J’ai la chance d’aimer faire la cuisine et d’avoir dans ce domaine une certaine facilité naturelle même si ça prend du temps.
Je cultive mon jardin et la seule chose vraiment que j’aimerais consommer jusqu’à plus soif c’est la connaissance
J’aime les voyages mais pas les voyages organisés ou les club de vacances, les vrais voyages où l’on fait des rencontres.
Je récupère souvent dans les poubelles des tas de choses qui peuvent encore servir que les autres jettent, c’est fou d’ailleurs ce que les gens peuvent jeter. J’aime le beau mais je n’aime pas le tape à l’œil et je considère que le vrai luxe c’est d’avoir les moyens et de ne pas l’afficher, en définitive le contraire de ce qui se passe dans le monde actuel. J’adore la nature et le printemps avec sa floraison ne se lasse pas de me surprendre quand je me balade durant mon temps de travail à travers la garrigue avec mes deux collaborateurs à quatre pattes…
Votre billet a bien résumé ma pensée mais nous sommes encore bien peu nombreux dans ce sens à mon goût et je vous remercie d’avoir pris le temps et la patience de l’écrire.
@ liervol
J’aime !
@ liervol
+ 1
Mais lorsque l’on est responsable du bien être d’autres personnes, de parents âgés, par exemple, la situation est plus compliquée.
Démasacralisons le travail ! c’est ok.
Bonsoir,
Ainsi donc trois crises : économique , climatique et énergétique .
La spiritualité est perçue comme le moyen de tempérer ces trois crises.
Et si il n y avait qu’ une crise, spirituelle avant tout, dont les 3 autres seraient les premiers symptômes ?
https://www.contrepoints.org/2011/07/19/35440-critique-de-lage-du-renoncement-de-chantal-delsol
« Exclusion du vrai, recherche de l’utile
La vérité, passion dominante de l’homme grec puis de l’homme chrétien, s’efface du paysage intellectuel, gommée par la crainte de l’absolu et sa quête d’exigence. Par peur du fanatisme ou de l’intégrisme, qui sont autant de déviance de la vérité, l’homme d’aujourd’hui ne veut plus s’y confronter. Il y préfère alors l’utile, c’est-à-dire ce qui satisfait ses besoins primaires et matériels, sans se soucier de savoir si cela est moral ou si cela est juste.
« Au cours de ces derniers cinq cents ans, on voit la vérité, qui auparavant fondait la morale, instrumentalisée pour la maintenir, puis s’effaçant sous elle, et enfin devenue le fantôme évanoui de ce qu’elle a servi à perpétuer. Disparue en tant que telle la vérité demeure en l’état de sédiment. (. . .) Depuis la Renaissance s’établit peu à peu la souveraineté de l’utile. La religion se justifie de plus en plus par son profit moral. La morale est utile à la société. Le bien se définit par l’utile. L’utile désigne un « moyen » – il est l’outil. On l’emploie, on s’en sert, on en tire profit ou avantage. Tandis qu’une vérité est une réalité que l’on contemple, et dont la question n’est pas de savoir si l’on peut en tirer bénéfice. Le passage de la souveraineté du vrai à celle de l’utile répond à la transition de la royauté de Dieu à celle de l’homme. » (p. 61) »
L ‘ homme est confronté au défi de rendre compatible sa conception de ce qui est réel réel avec sa conception de la vérité.
Degouté par la violence que cette incompatibilité a généré par le passé, il fait table rase des incompatibilités, et se tourne vers le compromis à tout prix.
[…] Blog de Paul Jorion » SORTIR DU CADRE ? par Thierry Melchior. […]
Il y a un opuscule bien sympathique de Paul Morand qui fait l’éloge du repos et de la paresse, en droite ligne dans la philosophie de Paul Lafargue.
Voici le texte de la jaquette :
« Apprendre à se reposer republié sous le titre moins didactique d’Éloge du repos a été rédigé au lendemain de la loi sur les congés payés et publié chez Flammarion en 1937. Cet opuscule propose une réflexion « à chaud » sur l’usage du temps libre. Selon Paul Morand le problème est de taille : comment le peuple français parviendra-t-il à gérer ces nouveaux congés quand le week-end il remplace le travail par le bricolage? Pour ce professionnel du loisir qu’était Morand, l’art du repos passe par l’apprentissage du relâchement, la culture du voyage qui apprend à se détacher de tout, et la pratique régulière du sport. On regrettera que cette centaine de pages paraisse déjà trop datée pour servir aujourd’hui de vade-mecum. On déplorera surtout de voir réapparaître ici le nationalisme un peu caduc de Morand -hérité de Gobineau-, avec ses peuples naturellement disposés au repos ou à la paresse, d’autres au farniente ou à l’indolence… On se consolera sans doute en retrouvant intacts en ces pages l’esprit et la verve de celui qui avait écrit dans son Bouddha Vivant (en 1927) : « Le vrai luxe, et que personne ne pense plus à s’offrir, c’est de prendre son temps. » Didier Garcia.
Merci Thierry.
Voilà qui est d’une grande actualité.
Je défends depuis pas mal d’années que « sortir du cadre »,
c’est nécessairement mettre fin au capitalisme, donc détruire sa dictature,
mais qu’il s’agit seulement de la porte, de la première marche
vers une révolution de civilisation.
Après exploitation et aliénation, doit venir le temps de l’émancipation,
c’est à dire la démocratie réelle, la réconciliation avec les autres,
donc soi-même et la nature dont nous faisons partie;
Ce billet touche à tous ces apects. Merci encore!
» Une personne, c’est l’ensemble des choses qui ont pu capturer son nom ». Paul Jorion.
Paul Jorion: environ 450.000 résultats en 0.07 secondes sur Google. Ce n’est plus une personne. C’est carrément quelqu’un!
Risque réel d’obésité !
je vous rassure
Basic Rabbit: 59.700.000 résultats en 0.25 secondes.
Y a pas photo! 🙂
@BasicRabbit
Fact: Rabbits are not rodents. They are lagomorphs. Other lagamorphs include hares and pikas.
Je savais pas… les lagomorphes, c’est joli
Madonna : 350 millions de résultats en 0.14s… une véritable icône !
Moi, zéro résultat en 10 minutes !
Est-ce que j’existe vraiment ?
Ben moi, je suis double !!!
Ya plein de résultats, mais c’est pas moi ! c’est une autre !
Article intéressant, abordable pour les gros béotiens comme moi…
Qu’il est difficile de faire entendre un tel message de sagesse quand on est cerné de toute part par la lancinante voix des sirènes de ce monde…
Comment faire entendre, de façon « politique », ce besoin de tempérance? Qui, dans les partis actuels, a le courage de défendre des idées aussi « radicales » et pourtant d’une si évidente simplicité? Faut-il se contenter de donner l’exemple ou militer de façon active? Et s’il faut militer, c’est au nom de qui, de quoi?
Catholique pratiquant, j’ai déjà beaucoup de mal à militer pour mes propres convictions religieuses ou personnelles, ayant trop à cœur d’entendre et respecter celles de mon prochain… Je ne sens nul besoin de convaincre, de persuader et pourtant ma foi est profonde et vibrante.
Le problème est peut-être là: à force de tempérance, ne sommes-nous voués qu’à être une masse silencieuse face à l’agressivité de quelques requins pourtant largement minoritaires en nombre?
Autant de réflexions après cette saine lecture… Désolé pour ces lieux communs pour ceux qui sont habitués aux discussions passionnées (mais parfois hors de ma portée) de ce blog.
C’est une réflexion essentielle et qui devrait se mener dans les écoles. Je suis moi-même parvenue à cette conclusion et à adapter ma vie à ces préceptes, très imparfaitement certes, mais le mieux-être qu’on en tire est précieux.
Vivrait-on si mal aujourd’hui dans les conditions de vie du 19ème siècle, sans pétrole ni charbon, mais avec l’eau courante propre, l’électricité, internet et la médecine actuelle?
Certes, les jeunes n’ont pas envie de s’enterrer dans une vie « basse consommation », ils préfèrent profiter, ce n’est pas non plus à la quarantaine avec une famille à charge qu’on peut renoncer à un salaire et changer de conditions de vie, ni l’âge venant, faute de courage et de forces.
Pourtant le pétrole encore bon marché finira bientôt, qu’on le veuille ou non, surtout au rythme où on le consomme, et fera imploser le type d’économie actuel.
Il serait intelligent de préparer l’après dès maintenant en promouvant des « noyaux » ruraux d’exploitations agricoles non-industrielles, disons de type kibboutz, permettant aux urbains d’y trouver une vie sans les contraintes travail salarié/chômage, transport, stress, etc.
Prêt à long terme de terres à l’abandon, prime d’installation + RSA pour le chef de famille au début, écoles et autres services publics gratuits, ça ne coûterait même pas cher, en échange d’une sortie du cadre.
La colonisation des campagnes par les urbains, ou plutôt le retour des petits-enfants des ruraux devenus citadins.
@ HP
La solution ne semble pas être dans le repli sur soi , ni dans le repli communautaire , ni dans le repli national.
Elle ne semble pas être non plus dans le clonage de l homme standard sans épaisseur ni aspérités ( l ‘ homo economicus , vecteur parfait de l ultra libéralisme ), comme nous pouvons le constater de part les 3 crises mentionnées dans le billet , qui sont les symptômes de son non-être .
La solution est d’ être un être complet, qui réussisse à abattre les murs arbitraires qui le séparent de ses semblables, pour construire avec eux une maison commune, avec le ciment qui est commun, même si les pierres sont différentes.
Être c’ est justement ce travail là.
Le ciment ultra libéral semble friable et nous voyons trois fissures dans l édifice.
Il faut travailler a trouver autre chose.
Le livre « comment la vérité et la réalité furent inventés » écrit par Paul Jorion peut aider à abattre quelques murs logiques.
http://www.pauljorion.com/blog/?p=3179
« Comment sortir de cette triple crise ? »
L’homme va devoir changer et la conscience qu’il a de la vie également.
Je ne voispas d’autres solutions.
Cela sera une naissance propre à chaque individu, un éveil…..de nouvelles « institutions » vont devoir accompagner ce changement, mais elles ne seront pas ce changement…..le mot « croissance » va devoir prendre un autre sens et ne plus être assimilé à des consommateurs qui multiplient l’achat de véhicules.
Chacun va devoir assumer SA croissance vers une autre vision de monde.
Le jeu est terminé. Il va falloir devenir adulte.
bonjour Tigue
« pour construire avec eux une maison commune, avec le ciment qui est commun, même si les pierres sont différentes. »
je suis d’accord avec vous mais avec des mots qui ont été tordus et à qui il convient de redonner leur lustre.
Une maison je dis Eglise, le ciment une foi et pierre: personne Il est toujours étonnant de constater que dans une ville, une cité, l’édifice le plus haut est celui qui domine.
Autrefois la messe était dite en latin dans une langue morte qu’il convenait d’apprendre si on le voulait. Mais ce n’était pas necessaire de comprendre car l’important n’était pas là. Il était dans la salle, dans l’assemblée des personnes qui comprenaient le discours en fonction de sa vision propre de monde. Ici toutes les personnes communiaient quelque soit leur rang et l’ostie était la même.
Je crois qu’on a oublié ce que cela signifiait. Chaque personne donnait de sa présence non pas pour être fort et avoir plus mais au contraire pour se faire rabaisser un peu. Un lieu sacré, un lieu de silence coupé du monde extérieur plein de bruit et de fureur.
Faut-il choisir son curé? je ne le crois pas. Il s’agit d’un fonctionnaire de dieu, un missionnaire, un mandataire qui ne doit pas trahir sa parole. Je crois qu’il s’agit d’une vocation et que le choix de la paroisse doit être décidée par quelqu’un d’autre élu parmi les pères ceux dont c’est la vocation de prendre sur eux la faute de l’église toute entière en prenant sur eux la charge du Non.
Juste des mots remis à leur place.
@ François2,
On voit ici l’ apparente opposition des courants de pensée :
http://www.liberation.fr/politiques/2012/05/08/direct-francois-hollande-president_817189
Le groupuscule écologiste (2%) va entrer probablement au gouvernement et va influer profondément sur la limitation des moyens d’ exercice de la souveraineté du pays (la souveraineté énergétique est liée à la monétaire par la dépendance aux devises étrangères). Cette souveraineté est une sorte d’ arme dissuasive pour peser sur l’ orientation ultraliberale de la politique de la commission européenne , en rendant crédible une sortie de la France de l ‘ UE.
Regardez ce qu’ ils s apprêtent à faire ici avec le groupe qui pèse 4 fois plus dans l’ électorat et qui s’ est implosé en vue de ce qui est commun :
http://www.lesechos.fr/economie-politique/politique/actu/0202052195321-francois-bayrou-devra-affronter-la-droite-et-la-gauche-dans-sa-circonscription-320925.php
Est ce le sort qui attend tous ceux qui pensent différemment ?
En quoi font ils l effort de recherche de ce qui est commun et qui a motivé ce sacrifice ?
Que vont ils faire avec les 10 et les 18% ?
Vont ils chercher a construire ce qui est commun ?
Pour l instant , ils ne s’ en donnent pas les moyens.
Il faut les bloquer aux législatives et truffer les assemblées de témoins des petits partis, sinon le ciment commun ultra libéral va continuer à être utilisé, puisqu’ ils ne voient rien qui les concerne dans le sacrifice-effacement pour ce qui est commun.
http://www.leparisien.fr/flash-actualite-politique/legislatives-le-ps-maintient-sa-candidate-face-a-bayrou-affirme-aubry-09-05-2012-1991931.php
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/05/07/97001-20120507FILWWW00778-touraine-ps-epargner-bayrou-a-pau.php
On voit ici 2 chemins de pensée différents : dans un cas , on a une idée prédeterminée par sa croyance, de ce qu’ est le ciment commun, et on ne veut pas d’ altération pour ne pas décevoir ceux qui croient de cette façon.
Dans l’ autre, on construit le ciment commun, par sa façon d être, sa façon d’ abattre les murs, car on sait ce ciment non prédéterminé, mais vivant.
Avons nous toujours le temps compte tenu des enjeux, de continuer par alternance monotone à rater ce qui est commun dans son être même, pour lui préférer des représentations en puissance qui tardent a etre en acte.
Il serait dommage que l on se fixe dans la contemplation des triangles ou des belles figures de la complexité qui font tellement vrai, au lieu d’ être.
Re bonjour Tigue.
j’aime beaucoup vous lire. Je suis assez d’accord votre façon d’aborder les problèmes. d’ailleurs il me semble que la diagonale porte bien son nom. la diagonale du fou ou de la folie.
Pourquoi parle-t-on ainsi. Tout d’abord la mesure de la diagonale est irréalisable ( intellectualisable mais non mesurable ) et ne peut être mesurée ni rapportée à l’unitée. Imaginons que l’on cherche à atteindre le sommet sans repère, comment savoir quelque est la direction et comment être certain d’être au bon endroit. Ainsi le but est soit non atteint soit dépassé soit on est dans la mauvaise direction. En revanche grace au repère cartesien et à l’unité le but est atteint avec certitude.
C’est étonnant la mesure horizontale, la mesure verticale. mais bon tout ceci est symbolique mais pas tant que cela parce que cela peut se voir dans l’architecture des cités.
Tout à fait en dehors du sujet, il existe en logique une logique des enoncés et une logique des propositions. l’une est adaptée à l’être humain l’autre à l’être. Il existe en géométrie plane toutes sortes de géometrie possible mais entre les extrèmes il existe une géometrie adapté à l’esprit humain.
Encore en logique il existe une flèche du temps. Ainsi l’être humain a-t-il besoin de séparateur afin de lever les ambiguités: les parenthèses. Il est remarquable est de noter que ce qui est entre parenthèse doit être réaliser en premier. Ce que l’on met entre parenthèse est ce qu’il faut faire en premier. Et si les parenthèses se rejoignent alors nous avons symboliquement le Zéro. Que signifie se mettre entre parenthèses?
@ françois2
Merci d’ essayer de donner votre sens à cette complexité.
La diagonale c est fou ! C est chercher à donner une unité à une multiplicité, mais au prix d un changement de cadre ( et sans perdre de vue la multiplicité, sinon on ne peut pas revenir et on perd le nord !).
» Jusqu’au XIXe siècle, c’est la littérature qui assumera seule la charge de traduire et faire sentir la complexité du monde, des êtres et des sociétés. Car, comme le notait justement Paul Valéry, « la littérature n’est l’instrument ni d’une pensée complète, ni d’une pensée organisée[2]».
L’enracinement n’est surtout pas du repli sur soi, c’est l’homme bulle qui est déconnecté.
L’homme bulle est cette urbain nomade dont Attali en a fait une déité.
Mais bien sur le tout fonctionnant à l’énergie gratuite.
Notre modèle de développement est vouée à l’échec car pour maintenir sa complexité, il demande une débauche d’énergie toujours plus importante.
Vous pouvez vous libérer l’esprit a titre personnel mais cela ne sauvera pas notre modèle sociétale qui est condamne a l’effondrement. Je ne peux pas changer cet état de fait, Mr Jorion non plus, personne ne le peut !
Quantité de ressource nécessaire = maintient de la complexité, lorsque les ressources déclinent et elles ont déjà commence puisqu’on ne peut plus payer les fonctionnaires. Ce qui déjà condamne l’UE, si on ne peut pas maintenir des échelons inferieurs, on ne pourra pas maintenir une couche supérieure aussi pachydermique et inefficace.
Le seul moyen de survivre après l’effondrement se sera a un retour a un modèle sociétale plus simple et moins demandeuse d’énergie. Autant dire un grand nombre de job deviendra inutile (avocat, trader…)!
Je ne suis pas la pour convaincre personne. Ceux qui sous les quolibets retournent a une vie proche de leur terroir et de leur tradition survivront, ceux qui resteront dans les villes emplies de leur vernie civilisé périront !
Je vous renvoie au livre de Tainter « Collapse of the complexe society » pour comprendre les nombreux exemples dans l’histoire des disparations de civilisations anciennes et comprendre pourquoi notre civilisation industriel ne changera pas d’elle-même (car trop vieille) et disparaitront lorsque l’une des variables fondamentales changera radicalement (comme le pétrole chère, merde on y est).
@ Enoch et Tigue
il se semble évident que l’homme bulle ( un oiseau pas encore sorti de sa coquille) n’est pas encore né à la vie civile. Il doit ré appendre le sens des mots. Il est encore une fois évident que si le sens des mots ne dépend pas d’un dictionnaire et surtout d’un maitre à lire alors les mots ne seront pas compris. Compris :pris avec, absorbés et digérés.
Imaginons avec notre petite tête pas encore bien formée ce que signifie des mots de vents contraires.
Le premier sens des mots doit être de pierre , dur comme la pierre. Ils doivent être solide comme peut l’être la tradition qui traverse les siécles, quelque soient la civilisation, la géographie et les climats.
La tradition: ce qui se transmet de père en fils.
L’humanité la vraie pas celle des livres et des journaux periodiques ( quoiqu’il en existe de bon…).
Les mots pourront alors être soulevés par les bras puis ensuite par l’esprit pour ensuite être reposé. Qu’il en soit ainsi.
Certes l’idée de l’humanité ( méta méta langue ou idée de l »idée ) est bien. C’est ce qui donne une masse aux choses. la force ( niveau en dessous ) ne construit rien sans cela.
Mais qui est capable dés le plus jeune âge de concevoir cela? Ne faut-il pas attendre et apprendre lentement à son rythme.
Alors oui à la hierarchie vraie avec le sens du sacré, de la gloire.
@ Tigue
J’ai regardé la preuve de l’incommensurabilité (l’irrationalité) de la diagonale du carré par Aristote.
C’est dingue les contorsions intellectuelles qu’il faut faire quand on s’interdit de penser l’infini en acte! Chapeau l’artiste.
J’ai regardé rapidement l’article complexité vs hypertexte. Thom a écrit un article à ce sujet: « La boîte de Pandore des concepts flous » (Apologie du logos). La comparaison des deux articles est ama intéressante.
Je ne sais quel peuplade a cessé de représenter des signes géometrique qd ils découvrirent l’ irrationnalité de la diagonale .
En fait, c’est assez délirant le fait que pour doubler la surface d’ un carré , donc par ex d’une poutre (volume) , poids etc ….la seule solution est de batir le nouveau carré (double du précédent) sur l a diagonale du premier ! ….qui n’est pas une valeur précise .
C’est l’arnaque classique des charpentier sur les bobos pour décorer leur patio : section carré de 15 de coté , c’est pas mal , …mais avec du 20 , c’est plus massif au look , plus class en chène ! ….sans dire que racine de 2 ( 1, 414 x c ) double le volume donc le prix de chaque poutre .
Aussi le rapport avec le cercle ( ça meuble les nuits ou on dort mal !) …..Le carré circonscrit est le double du carré inscrit ..la diagonale de l’ un etant le coté de l’autre …et le double du rayon …ce qui fait que pour doubler la surface du cercle ….
Et l’ on délire sur un système ou l’unité serait racine de 2 ou Pi !
On a du mal , parfois a comprendre comment les profs de math arrivent a ne pas faire aimer cet art .
@ Enoch, Kercoz, basic Rabbit, françois2
On cherche donc à mesurer un tout.
Ce tout peut être vu de différentes façons, avec différentes partitions, par exemple, qui rendent ce tout : multiple.
Ce tout est alors mesuré « à la mesure d’ une de ses parties »
Le rapport du tout à cette partie là est identifié par un nombre, c est « la mesure » de ce tout arbitrairement partitionné.
Le nombre ne « rend pas » l arbitraire de la partition, il ne l explique pas.
Mais il se présente par sa forme , comme Un.
Cet apparent Un, non seulement ne montre pas le multiple , mais il le cache.
Si le rapport du multiple à l unité est impossible du fait de l impossibilité de la partition, le nombre permet de cacher cette impossibilité à cause de ce « Un apparent ».
Pourtant ce nombre nous indique que la partition ainsi vue n est pas « logique » et nous invite à sortir du carré-cadre pour essayer un autre chemin de sens : la diagonale nous indique l’ autre carré-cadre dont elle est la mesure.
Mais c est la vision de l ensemble qui fait sens (il faut toujours avoir la vue d ensemble, et donc être capable de revenir , ne pas adhérer ingenuement, être capable d essayer un autre chemin de sens)
@ Tigue
Thierry Melchior cite Paul Jorion dans ce billet:
» Une personne, c’est l’ensemble des choses qui ont pu capturer son nom. »
Un nombre également (ici racine carrée de 2). Les mathématiques sont d’abord un langage.
C’est comme ça que je vois les choses.
@ HP
Oh, l’abus de béton nuit à votre santé, vous êtes nostalgique du vert.
Mais une ville, c’est justement là où les tendances que veut Melchior vont-doivent- se passer. D’abord c’est là qu’est l’humus de notre société, les morceaux à recomposer sont activés dans les villes, par des flux forts…. même si le premier exemple qui me vient c’est les resto du coeur, voyez quand même les apéros géants facebook, les quartiers à économie judicieusement clusterisés comme la rue Montgallet (informatique) à paris, qui génèrent du savoir-faire et ne se payent que marginalement sur la peau des premiers venus au lieu de les consumo-asservir façon Carrefour-planète.
Bref, ayons le courage de brasser ce qui pourrit parce que la chimie des graines futures en a besoin.
Ensuite, d’un pur point de vue environnement, la ville reste avantageuseau moins à une certaine échelle avant la mégapole: regroupement et communalisation, minimum de metre de tuyau PAR HABITANT, capacité de se fournir en station d’épuration haut de gamme au lieu de buter sur l’investissement dans un village. Certes à côté de mille plaies visibles, et d’une déprime du béton que j’ai eu connu… Mais la ville reste un bon plan… disons le pire, c’est la fausse banlieue campagne truffée de 4x, d’hyper, de pavillons mal isolé dans des ensembles dont la chaleur au sol (ah les « raquettes de bout de lotissement) reste un scandale etc.
Je ne suis donc pas du tout contre la-belle-ferme-sous-le-coteau-plein-de-beaux-arbres-ou-le-pastis-(zero-emission-hein!?)-est-si-bon-a-siroter, m’enfin ne nous laissons pas leurrer…
« capacité de se fournir en station d’épuration haut de gamme au lieu de buter sur l’investissement dans un village » (timiotia)
Tout-à-l’égout avec exportation des métaux lourds, pharmacopées et autres vers la rivière = irresponsabilité bien commode pour le monde marchand.
Même principe avec le réacteur incinérateur dont le filtre, à changer tous les cinq ans, coûte la peau des fesses aux collectivités.
Le principal est d’exporter les nuisances, donc les faire disparaître (dioxines et furanes d’incinération + mâchefer, polluants intraitables par la rivière), pour pouvoir continuer le cycle infernal de production du nuisible qui rapporte tant.
Delphin
@ HP
Oui, tout à fait d’accord. J’ignore s’il existe des forums susceptibles de favoriser les échanges et les rencontrent sur un tel type de projets, mais si ce n’est pas le cas, il serait bon d’en créer.
D’autant plus que c’est l’exemple des « pionniers » qui commenceraient à le faire qui pourrait en entraîner d’autres sur le même genre de voies. Ce ne sera sans doute pas suffisant pour changer le système, mais ça pourrait jouer un rôle des plus utiles pour l’ébranler et préparer sa suite.
Bonjour,
Avançons. Sur ce blog, nous avons déjà beaucoup discuté de la propriété, et des injustices qu’elle entraîne au travers au travers de la rente. Comment créer les conditions psychologiques qui permettraient l’émergence communauté néorurale, avec l’ampleur suffisante que pour résoudre les problèmes matériels et existentiels de la vie urbaine ?
Aujourd’hui, 1,5% de la population active vit de l’exploitation de la presque totalité des bonnes terre agricoles, comment convaincre cette minorité de céder son droit d’exploitation sur ces terres, avec une ampleur suffisante que pour quitter les robinsonades et entamer un profond mouvement de société véritablement fondamental.
À supposer que les fermiers veulent bien vendre leur terre, ce serait déjà une injustice, car de quel droit sont-ils propriétaires de ce bien commun, pas plus , il me semble que le propriétaire immobilier ! En effet, si la propriété immobilière est un instrument de domination du locataire, l’exploitation des terres par quelques-uns, prive l’immense majorité d’un outil de travail qui pourrait lui permettre l’autonomie alimentaire comme le propriétaire immobilier prive le locataire de son autonomie d’habiter.
La location des terres aux neoruraux par les fermier créerait une rente de situation moralement insupportable.
Vu autrement, est-il justifié que l’actuelle propriété des terres agricoles par quelques-uns rendent impossible l’émergence de formes de sociales susceptibles de générer un mode de vie permettant d’avancer considérablement dans la résolution de nos problèmes de civilisation.
( Accessoirement, je pense personnellement que les communauté neo-rurales devraient reprendre position à partir du municipalisme libertaire ( Murray Bookchin), ; c’est-à-dire que je ne suis en rien Jacobin.)
Qu’en pensez-vous ? Comment prendre ces problèmes ?
A+
@ Jean-Luce Morlie
Je ne suis pas un spécialiste mais j’habite en zone rurale depuis 1975. Il y avait à l’époque environ 70 exploitations agricoles (quelques unes sans tracteur). Il en reste actuellement une dizaine.
Le beau-père de mon voisin a démarré en 1960 en achetant une ferme de 50 hectares (énorme pour l’époque dans mon coin) sans aucun apport personnel, profitant des prêts à taux zéro du CA (il fallait donner à manger à l’Europe). Mon voisin a « profité » du remembrement et du départ à la retraite de ses propres voisins agriculteurs et exploite actuellement 70 hectares environ.
Le régime des SAFER (instauré dans les années 1960 suite à l’indépendance algérienne je crois) a fait que ce sont essentiellement les agriculteurs ou descendants d’agriculteurs qui possèdent les terres cultivables car il est quasiment impossible pour un non agriculteur d’en obtenir (sauf un hectare par ci par là qui est « mis » avec la ruine que l’on vend). De ce que je vois de mon voisin, ces gens ont effectué un travail considérable et je conçois qu’ils ne soient pas prêts à céder le fruit de ce travail.
Les normes de plus en plus contraignantes imposées par les lobbies agro-alimentaires et complaisamment relayées par l’Europe font que l’installation des jeunes agriculteurs est de plus en plus difficiles et que les faillites sont de plus en plus nombreuses. Il serait à mon avis dramatique que ces terres retombent dans les mains du grand capital (comme c’était en France le cas avant guerre).
Repenser la politique agricole de l’après crise: oui mais comment? Je n’ai pour l’instant pas d’idées.
cela semble insoluble . le haut et le bas étant en opposition . les causes et les finalités ne s’éclairant réciproquement .
s’il y a amorce de solution , elles sont locales en tant qu’initiatives . et globales ou aux plus haut niveau « possible » des décisions, des autorisations surtout : laisser faire tout ce qui ne nuit pas . ça , c’est possible , évidemment , ça peut aller à l’encontre de lois . cela suppose d’accorder une confiance dans la volonté populaire . mais tout le monde a son rôle à jouer, son mot à dire , et à entendre .
il y a un point aussi qui me semble d’importance , c’est celui de la reconstitution du « corps » social en dehors des institutions . un peu pour faire pendant aux marchés qui spolient les biens .
un exemple ? les meubles bretons qui pourrissent sur place en vertu de modes .
redonner d’abord de la valeur , voire de la sacralité aux « pains » et aux arbres à pains . etc, et à tout ce qui peut l’être …
le plan Sicco Mansholt a bien tout démembré , on devrait pouvoir Tout remembrer 😉
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sicco_Leendert_Mansholt
à Jean-Luce Morlie,
Au sujet des terres agricoles, un lien vers une association : http://www.terredeliens.org
P.S. Il ne s’agit pas là de la collectivisation des terres pour en faire usage, mais d’une association qui vise à faciliter le transfert de certaines exploitations (!) agricoles.
@Thierry :
La solution de transition reste la polyactivité .
La recherche d’ une autonomie partielle , principalement alimentaire appuyée sur des activités multiples …..Les AMAP et les Jardins ouvriers ( Un jardin ça ne se parage pas , c’est un relationnel intime) ….., pourraient servir d’interface vers des « plan B » .
Malheureusement , ceux qu circulent ds la ruralité voient surtout les maisons naguère inhabitées avé les 2 ou 3 000m2 de bon jardin , réoccupés par une immigration récente …C’est la descendance de ces gens qui dynamisera ce pays si nous retombons sur l’attracteur probable que peut octroyer 50kw /hab .
La régie communale agricole de Mouans-Sartoux,
Si nous avions le temps, il faudrait étudier les rapports de production (1) dans le cadre de La régie communale agricole de Mouans-Sartoux, et dans la perspective de Murray Bookchin, 😉 essayer d’y distinguer l’avenir qui s’y dessine, c’est bien, c’est moche j’en sais rien Vive le municipalisme libertaire ! A bas, les PPP ! A Bas, les PPP !
http://www.reseaurural.fr/files/contenus/3922/zoom_sur_-_regie_communale_mouans_sartoux.pdf
Faire le bilan des divers subsides, leurs utilisatisation, le statut des stagiaires, leur rémunération, et celles des formateurs, de l’encadrement administratif, de la structure permanente d’accompagnement, le statut de la propriétés des terrres, des équipements , les liens contractuels, le bilan économique, enfin, tout le st. frusquin pour y voir clair.
Le modèle des « Parsonniers » est interessant . Le groupe de famille , sur un bien indivise est suffisamment grand pour initier une spécialisation de certaines taches sans que ça débouche vers des dérives .
http://www.larousse.fr/encyclopedie/ehm/parsonniers/180671
Le dirigisme curieux peut en effrayer certains, mais leur durabilité et le fait qu’ils etaient considérés comme riches et privilègiés plaide pour l’efficacité du modèle.
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es parsonniers
Communautés, constituées par des groupements de familles ayant une propriété indivise, et dont les membres, soumis à des règles communes, étaient très solidaires entre eux.
La plupart de ces communautés, répandues surtout en Auvergne, dans le Bourbonnais et le Nivernais, disparurent au XIXe siècle.
Les parsonniers sont cités pour la première fois par Voltaire, dans son Dictionnaire philosophique, à l’article « Économie domestique », puis dans la grande Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, à l’article « Communautés moraves ». Depuis Rétif de la Bretonne (dans les Posthumes) et Michelet, ils reviennent périodiquement sur le devant de la scène, kolkhoziens ou kibboutzim pour les uns, communauté mystique ou protestants pour les autres.
Ces communautés agricoles, dont les plus anciennes auraient été fondées à l’époque de Charlemagne, étaient soumises à l’autorité absolue d’un maître et d’une maîtresse qui étaient élus, et ne pouvaient être ni mari et femme, ni frère et sœur, ni père et fille. C’est le maître qui décidait seul de la répartition du travail et des mariages, et qui représentait la communauté à l’extérieur (ventes dans les foires, procès, relations avec le propriétaire). De son côté, la maîtresse régissait tout dans la maison (cuisine, laiterie, fabrication du pain, basse-cour) et assurait l’hospitalité légendaire des parsonniers.
Leur auto-organisation et leur autosuffisance appropriaient au mieux division du travail, techniques et main-d’œuvre aux terroirs qu’ils acquéraient peu à peu. Du coup, se comprend le bien-fondé de nombre de leurs attitudes. Ils n’étaient pas antimilitaristes, mais ne supportaient pas que la conscription désigne qui allait combattre. Ils n’étaient pas anti-catholiques, mais n’attendaient pas que la législation canonique classique vienne régler leurs alliances matrimoniales.
Bref, ils avaient appris qu’il était vital pour eux qu’un pouvoir extérieur ne vienne pas se mêler de leurs affaires. La dernière de ces communautés a été juridiquement dissoute en 1912.
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Basic, les Safer créées pour les pieds noirs ? En 1960 et par Debré en plus ?? Z’êtes allé pêché ça où ??? Pas chez « l’grand René » kamême ? Du grand n’importe quoi.
Pour ce qui est des terres libres pour des non-agriculteurs, y’en a tant qu’on en veut un peu partout. Pour cinquante mille balles par chez moi, on a quinze hectares en côteaux dont dix de forêt par exemple. Dix hectares de terres moyennes (pas en vallée de Garonne oh ! ) pour 20 à 30 000 € sans problèmes. Avec la bénédiction de l’agent de la Safer (sans baraque bien sûr).
@ Vigneron
Je viens de vérifier sur le net: http://www.agter.asso.fr/article233_fr.html
« Les SAFER ont été crées en 1960 dans un contexte de forte demande d’acquisition du foncier. »
Les grande fortunes françaises d’AFN, cherchant à recaser leurs capitaux en métropole, en particulier en Corse et dans le Sud, y ont été, ai-je entendu à l’époque (j’étais ado), pour beaucoup.
Par chez moi (Bretagne) la terre est plus âprement disputée par les agriculteurs et plus chère.
@ Jean-Luce Morlie
Il faudrait vérifier si la rentabilité est véritablement une question d’échelle en considérant tous les facteurs: emplois, qualité, pollution,énergie, épanouissement personnel etc
Les amishs en sont un exemple extrême mais possible
@Béotienne et Vivanco
/////..Il faudrait vérifier si la rentabilité est véritablement une question d’échelle en considérant tous les facteurs ////
C’est LA BONNE QUESTION.
Il faut se poser cette question en ref a 2 variables :
-1/meme en se basant sur une énergie quasi gratuite …la rentabilité des spécialisations (gain de productivité) est elle « réelle » qd on sort des besoins vitaux ?……(je suis intuitivement persuadé que non et qu’on est obligé d’ « exploiter » certains maillons a vil prix.
-2/ si l’ optimum de rentabilité ( j’ entend par là un retour a l’ unité comme bilan ) est obtenu en se limitant a la production d’essentiel , ….la structure globalisée n’est plus pertinente et l’aspect » gain de productivité » de cette structure n’est qu’ un effet d’optique .
Il faudrait démontrer que les sous traitances en cascade induite par l’ hypertrophie des groupes, outre qu’elles « divident » , ont un bilan négatif . De plus ce modèle n’ offre guere de choix a l’individu ……les « options » sur le mode de vie consumériste, sont quasi OBLIGATOIRES .
Cet exemple porte a réflexion ….mais cette sortie du cadre demande une grosse paire de Courage :
http://www.rue89.com/rue89-sport/2012/05/10/jo-larcher-francais-qui-vit-la-bougie-sans-tele-ni-ordi-231826
Le texte est long, mais il est très bon. Construit et nuancé à la fois. Merci.
Crise financière, crise environnementale, crise énergétique, crise spirituelle… Que de segmentation, de cloisonnements pour finalement ne pas aborder le fond du problème: la crise du capitalisme. Non pas que les questions évoquées dans cet article soient mineures. Mais on rejoint ici la propension à provoquer des polémiques vaines et dérivatrices de l’essentiel. La doxa dominante est ainsi respectée.
@ Nemo3637
Il y a « le capitalisme » et il y a « nous ». Mais ne pas reconnaître que le capitalisme est aussi dans nos têtes, dans nos manières d’être, dans nos mœurs c’est sans doute aussi un risque de segmentation.
Y a t-il, là aussi, une séparation entre « le capitalisme » et « nous » ? Ce « nous », vous, moi, les autres, ne fait-il pas partie du capitalisme ? Votre façon de penser, tout comme la mienne, est tributaire de la société où elle s’exprime. Si nous ne pouvons nous en dissocier complètement, nous pouvons nous servir de la logique et du rationalisme bourgeois pour passezr au crible les arguments de la société dominante afin les analyser sérieusement. Cela nous permet d’aller plus loin que ce que vous nous avez proposé à la lecture, même si chacun des thèmes évoqué est intéressant.
Evidemment que le capitalisme est aussi dans nos têtes! Mais j’ajouterai :et vice versa!
C’est facile (et exact) de faire découler du capitalisme tous les maux d’une société, mais de quoi découle le capitalisme si ce n’est de l’avidité naturelle des hommes, de presque tous les hommes?
Dire (opposer) « le capitalisme et nous » est déjà une tromperie (ou une illusion, pour être gentil).
Le travail sur soi (pas facile!)n’est pas suffisant, mais il est bien nécessaire, si l’on veut éviter les perversions potentielles de tous les systèmes quels qu’ils soient.
oui, bien sur, mais le fond du problème ne serait-il pas plutôt le capitalisme, pourquoi parler de « crise » du capitalisme . . . (capitalisme = accumulation)
à Nemo3637,
C’est le moins qu’on puisse dire.
A condition que nous ayons encore le droit à la parole après cette affirmation péremptoire (« chacun le sait (ou devrait le savoir), nous sommes confrontés à une triple crise. ») qui démarre un article qui fait tout ce qu’il peut pour ne pas évoquer la logique de la marchandise.
La pensée est peu recommandable (que doit-on comprendre en ce qui concerne la pensée critique ?) et doit être remplacée par le « travail sur soi » (seul, avec un psychologue ou une aide divine)
@ Marlowe
Non, Marlowe, la pensée critique est tout à fait indispensable. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, (mais peut-être n’ai-je pas été suffisamment clair).
C’est l’accaparement par la pensée qui pose problème, l’addiction au mental : c’est, semble-t-il, ce qu’à peu près tous les courants de sagesse disent, et je pense qu’ils ont raison. Et je ne crois pas un seul instant qu’un travail sur soi suffira à faire changer les choses. Mais je pense que si on ne le fait pas, les changements qui s’effectueront, sous forme révolutionnaire ou autre, produiront les mêmes difficultés que celles que les Etats « socialistes » ont rencontrés. Un travail sur soi n’est pas une condition suffisante, je pense que c’est une condition relativement nécessaire.
Par ailleurs qu’appelez-vous « logique de la marchandise » ? Une marchandise est quelque chose qui se vend et qui s’achète, non ? Et pour qu’elle s’achète encore faut-il inciter à acheter (sauf sans doute pour les biens de première nécessité). D’où mes réflexions sur le rôle de la pub, ce nouvel opium du peuple… (Mais je ne prétend pas que ça épuise la question).
à Thierry,
Pour le dire dans le néolangage moderne, j’hallucine.
Il me semblait que toute personne qui intervient sur le blog de Paul Jorion en publiant un article général propre « à initier un début de discussion » à propos des immenses problèmes qui se posent à notre civilisation connaît les bases historiques de la critique de la marchandise (les premières lignes du Capital de Marx sont explicites à ce sujet) comme fondement de la critique de l’économie.
Par ailleurs si Paul Jorion a publié plusieurs ouvrages sur l’aspect plus financier de l’impasse capitaliste (c’est comme cela que je l’ai connu) il a aussi publié un ouvrage qui me semble faire référence (Le prix) même si, sur quelques points, tous les critiques modernes de la marchandise et de sa logique : l’accumulation du capital, tous les intervenants dans le débat ne parlent pas exactement le même langage (comme si certains étaient plus aristotéliciens que d’autres).
Dans cet ouvrage vous pouvez lire en particulier les pages 45 à 68 qui concernent le prix et la valeur.
Par ailleurs, il me semble que vous persistez à commettre une erreur fondamentale en ce qui concerne la marchandise.
L’erreur, fort répandue même chez les marxistes, est de considérer qu’une marchandise est un objet (ou un service) qui est vendu (et donc acheté) alors qu’une marchandise est d’abord produite avec du travail humain qui est payé moins cher qu’il n’est revendu. C’est la définition de la plus-value, parfois appelée survaleur.
A l’époque de Platon et d’Aristote, il n’existe pas les intermédiaires de distribution de l’époque moderne mais même de nos jours le profit du capitaliste qui produit une marchandise et la met sur le marché doit d’abord se faire au moment de la production.
Quant à ma remarque sur votre manière ce concevoir la pensée, il ne fallait pas écrire : « la première est le fait de nous libérer de l’emprise de la pensée, de l’emprise du mental(…) » et éviter des affirmations péremptoires, comme celle qui débute votre texte (il n’ y a pas une triple crise mais une crise de l’économie toute puissante, sous forme du capitalisme industriel et financier, qui revêt de nombreux habits : sociaux, politiques, écologiques, etc.)
Par ailleurs, j’avoue ne pas savoir ce que sont « tous les courants de sagesse » ni ce qu’ils disent.
La critique de l’existant ne saurait être une sagesse.
Comme disait le jeune Marx, la critique n’a pas pour but de réfuter, mais d’anéantir son ennemi.
@NEmo :
Il reste encore a démontrer que la crise energetique n’est pas l’ origine de la crise économique ….
L’oeuf ou la poule ?
@ Marlowe
Mais oui, Marlowe, c’est évident. Et ce n’est pas bien, je suis d’accord. il faut changer ça. Mais sous quelle forme ? Vous avez une idée ?
A vous lire, très franchement, il me semble qu’en matière de style péremptoire, vous ne vous débrouillez pas mal. Quant au fond, je suis d’accord pour dire que cette triple crise revient si l’on veut aux trois aspects d’une même crise. Mais que gagne-t-on (ou que perd-t-on) à formuler les choses ainsi ? Pas grand chose, à mon avis.
Mon texte se proposait justement d’encourager à s’y intéresser. Si l’avidité et la cupidité ont un rôle dans les difficultés dans lesquelles nous sommes, ils peuvent peut-être constituer une partie de la solution. Une partie : ni plus, ni moins.
Crise de culture aussi dans le sens où les savoirs ancestraux se perdent , si on perd le contact avec la nature et ses diverses formes.
Comme l’écrivait Xavier Grall , la culture est d’abord, celle du paysan , du pêcheur . (cantique à Mélilla ) .
On ne se rend pas compte à quel point on est acculturé .
The European Union Is Destroying European Unity .
It was said that the E.U.’s existence was justified in the name of preventing the return of nationalism and fascism to European politics.
Well, as a result of the austerity terms imposed upon Greece by their European cousins in Brussels and Frankfurt, Greeks just put a fully-blown fascist party into Parliament.
http://www.zerohedge.com/news/guest-post-european-union-destroying-european-unity
Bonjour à tous
Triple crise? Mais pour mes amis chinois ( de Malaisie) il y a un ralentissement temporaire mais ils viennent de si loin, si bas ….. Eux sont en ascension! Et en plus le fait que l’Amérique soit en crise et nous aussi les réjouis ( ils ont en mémoire les traités inégaux, la guerre de l’opium etc…)
– la crise énergétique aussi avec deux facteurs:
1) plafonnement de l’extraction des énergies fossiles – hydrocarbures- toute recherche sur les piles à combustible ayant été freinée par les groupes d’intérêt….
2) augmentation forte de la demande des pays « émergents »
– la crise écologique elle est bien mondiale mais se déroule sur un temps légèrement plus long – moins urgent pourrait on dire…
Einstein avait annoncé tois bombes au XX ème siècle: la bombe atomique, la bombe démographique et la bombe informatique (qui a rendu possible la mondialisation au quotidien: notre crise économique actuelle est impensable dans une communication par caravanes ou bateaux.)
Je suis entièrement d’accord avec vous, Thierry, sur la nécessité d’une révolution intérieure de chacun d’entre nous, son accomplissement prend environ 20 ans et s’il y a beaucoup d’appelés, il y a peu d’élus….( Ceci hors de toute religion constituée bien sur, la religion rendant cet accomplissement quasi impossible)
Par contre, la suppression du crédit à la consommation et de l’obsolescence programmée seraient deux mesures assez efficaces à court terme et utiles pour les plus démunis: il y a encore dans ma famille un frigo qui fonctionne très bien de puis 60ans! (bien sur il n’est pas assez isolé mais c’est assez facile à faire possède encore) et je viens de réparer un magnifique sèche cheveux suisse qui a au moins 40 ans et qui peut fonctionner encore autant…
Re -produire des objets durables et réparables recréerait des emplois, qualifiés locaux & abaisserait la production de déchets. Evidemment, les métiers produisant du « vent » et fabriquant du désir de superficiel pour drainer l’argent du plus grans nombre vers quelques poches seraient assez dévalorisés mais globalement ce ne serait pas une perte…Aller à l’essentiel….
On peut très bien envisager aussi des sortes d’ateliers nationaux temporaires et polyvalents qui fabriqueraient ces produits d’équipement à la demande puis répondraient à d’autres appels d’offre…
Pour la valeur travail individuel c’est assez récent chez nous( – de deux cente ans!) les frères Montgolfier , qui avaient une papeterie, entretenaient naturellement 60 membres de leur famille – pauvres et sans métier- dans leur maison! Pour eux, c’était NATUREL et ils eussent été profondément choqués qu’on leur suggère de se débarrasser de leurs parents pauvres afin de consommer plus de machins! Cet état d’esprit est toujours d’actualité en Afrique mais les marchands font tout ce qu’ils peuvent pour détruire cet ordre afin d’exploiter chacun au maximum!
Evaluer un être humain selon une grille mécanique: productivité, efficacité, valeur unitaire, coût horaire etc…. conduit au crime contre l’humanité: les hordes de Gengis Khan massacraient impitoyablement leurs ennemis mais ce qui différencie fondamentalement ces massacres de ceux perpétrés dans les camps de concentration c’est:
1 une évaluation technique de l’humain: telle ou telle « défectuosité » implique la déchéance en untermensch et envoie la « pièce » au recyclage ! selon un processus bureaucratique et économique et logistique appliquant le meilleur de la société industrielle!
C’est cet aspect monstrueux possible de notre modèle industriel , produit , dont nous sommes très fiers, de notre modèle de civilisation que nous refusons même d’envisager comme potentiellement criminel EN SOI en désignant son « porte-parole » Hitler – l’ouvrier devenu fou – et non guéri – des Temps Modernes, comme seul responsable: Le MAL ABSOLU! Processus qui relève d’ailleurs de la pensée magique primitive mais qui ne choque aucun des grands esprits officiels!
Ce que Warren Buffet et ses semblables sont en train de mettre en place c’est une société qui a été assez bien décrite par Fritz Lang dans Métropolis et plus récemment par John Boorman dans Zardoz ( il y a l’aspect religieux dictatorial en plus) …
Cordialement
PS: Pour les tenants des thèses de doctorat , ceci est un billet d’humeur subjectif revendiqué comme tel et livré brut de fonderie sans vergogne!
@
Steve
J’aurais bien aimé dire un mot de l’obsolescence programmée dans mon billet, mais le texte était déjà fort long. Il me paraît évident qu’elle est une des pires absurdités de notre système et que la combattre fait partie des priorités. J’ai encore chez moi un mixer que mes parents ont acheté dans les années ’50 et il fonctionne encore fort bien ! (Marque Turmix, http://www.turmix.com/fr/ueber-turmix/geschichte/ , pour ceux que ça intéresse).
Un bon film sur la question : http://cequevousdevezsavoir.com/2011/02/13/pret-a-jeter-lobsolescence-programmee/
Pourquoi parler vous d’absurdité de notre système à propos de l’obsolescence programmée ?
Le « système » n’est ni absurde ni intelligent ou je ne sais quoi. Il est l’instrument pensé et mis en pratique de l’accumulation capitaliste. Il est « criminel » vis à vis de l’écosystème à l’échelle de l’humanité et « fort pertinent » pour les producteurs de bien jetables à l’échelle humaine.
Je crois que cette distinction n’est pas uniquement formelles.
à RV
Günther Anders nous a appris il y a déjà longtemps que l’obsolescence programmée est l’obsolescence de l’homme.
à Marlow
pas besoin d’aller chercher si loin pour savoir que les espèces naissent et disparaissent , si c’est bien ça que vous avez voulu dire.
et,
sur l’obsolescence, des produits conçus dans le système capitaliste,
je vous propose un retour au programme du FDG, page 42 :
Nous allongerons les garanties légales pour favoriser un usage à long terme des produits
@ RV
Le système n’est donc pas « absurde » ni « intelligent », il est « criminel » (et « pertinent » pour certains) : d’accord, si vous préférez…
Mais quel est l’enjeu de cette remarque ?
à RV,
Si j’avais su que vous étiez un militant politique propre à avaler un programme et à le restituer en le déclarant excellent, je ne vous aurais pas interpellé à propos d’un ouvrage critique sur la modernité écrit par un des premiers critiques du nucléaire.
P.S. Je ne vous reproche de ne pas connaître Günther Anders, mais de ne même pas essayer de savoir qui il pourrait bien être. Il me semble que vous disposez d’une connection Internet qui vous permet d’avoir accès à une « encyclopédie en ligne ».
à Thierry
L’enjeu me semble être politique.
« Absurde » ne dit rien de la responsabilité, alors que le système n’est pas tombé du ciel mais a bien été construit de toute pièces, et qu’il est toujours « en construction ».
Par exemple, l’accord de libre échange EUA/UE en discussion depuis quelques années et qui devrait aboutir prochainement est tout sauf absurde, il amplifie le cadre néolibéral, il poursuit un but bien précis, non ?
à Marlow
Critique du nucléaire, ou, de la bombe atomique ?
Que l’homme disparaisse par la bombe atomique, ou par toute autre cause, ne change pas le fait que les espèces sont mortelles.
à Marlow – suite
La dénonciation de la technique, de la technologie, est vieille comme la technique, c’est à dire qu’elle n’a pas d’age . . . Les canuts déjà à leur époque . . .
Mais est-elle pertinente pour autant ?
Je préfère aller chercher encore un peu plus loin jusqu’à la langue d’Esope . . .
Et je retombe sur mon commentaire à propos du terme absurde qui, à mon sens, évacue toute notion politique, toute notion de responsabilité, qui gomme toute représentation des intérêts divergents en action.
Pour revenir à la bombe atomique, elle ne menace pas seulement l’homme en tant qu’espèce historique, mortelle, mais tout son écosystème, celui de la planète, alors, en cela, elle a un caractère globalisant d’une toute autre nature que la naissance et la mort des espèces, l’homme a atteint un degré de nuisance jamais rencontré auparavant.
Et pour revenir à l’obsolescence programmée des biens de consommation, je persiste à penser qu’une simple mesure du programme du FDG, l’allongement des garanties légales, est une réponse pertinente.
à Marlow suite de suite
Günther Anders revendique l’outrance et la caricature en ce qu’il trouve notre, nos, sociétés outrancières et caricaturales. Adhérez vous à sa thèse première de la honte de l’homme devant la perfection de la machine, de l’outil ? Très peu pour moi ! A ce compte là, le premier outil de l’homme est sa main, alors l’homme devrait-il avoir honte de son poing attaché à son bras dès lors qu’il a appris à utiliser une pierre pour tuer du gibier à distance, pierre qui serait supérieure à son poing dans la faculté qu’il lui invente d’être projetée plus loin que la longueur de son bras, de même l’homme devrait-il avoir honte de la faculté de calculer de son cerveau dès lors qu’il a conçu et fabriqué le premier boulier au moyen duquel il s’est donné la faculté de calculer sur des grands nombres plus rapidement que son cerveau, ou de même, devrait-il avoir honte de ses pieds dès lors qu’il a conçu et fabriqué le sabot puis la chaussure dans la mesure où le sabot ou la chaussure peuvent être remplacés quand ils sont usés
(pourvu rappelle-t-il quand même que l’individu en question a suffisamment de monnaie d’échange pour en acquérir un nouvel exemplaire . . . ! )
Vous pouvez remplacez, la pierre par la bombe atomique, le boulier par l’ordinateur et la chaussure par la voiture, le train, l’avion ou la fusée.
Caricature ? outrance ? Puis-je les revendiquer au même titre que l’auteur . . .
« C’est le progrès, on n’y peut rien ! »
Confondre le progrès des connaissances scientifiques avec les évolutions techniques qui mettent à profit ces nouvelles connaissances mais dont il n’y a aucune raison de penser qu’elles se traduisent automatiquement par des progrès est une méthode systématiquement employée depuis le siècle des lumières pour nous vendre des changements industriels, économiques, financiers, de nouvelles formes d’énergie, etc, par ceux qui étaient en mesure d’en retirer des profits.
J’ose affirmer qu’il y a un vrai progrès des connaissances scientifiques parce qu’elles s’ajoutent les unes au autres et que dans la mesures ou les expériences auxquelles il faut se livrer pour y parvenir ne sont pas des bêtises (ce qui arrive) le seul risque encouru dans le fait d’accumuler des connaissances est de perdre son temps à courir après des chimères (c’est souvent arrivé et on s’en amuse ensuite si on s’intéresse à l’histoire des sciences.)
Compliquer l’économie et la finance au delà du raisonnable ou en accélérer les évolutions au delà de ce qu’on est capable de maîtriser n’est très clairement pas un progrès. Comprendre de quoi sont fait les atomes est un progrès mais quand on s’en sert pour mettre en place des centrales nucléaires, à Fukushima comme ailleurs, c’est un désastre.
Nous seront contraints de faire d’importants progrès dans la compréhension du climat si nous voulons en prévoir les conséquences et limiter les dégâts dus à nos bêtises mais les évolutions techniques qui en découleront devront être pesées avec le plus grand soin.
On veut nous fait croire que les sciences suivent un chemin sur lequel nous n’avons aucune influence, ce qui est très loin d’être exact. On veut nous faire croire que de leur progrès résultent d’inexorables « progrès techniques » contre lesquels « on ne peut rien » ce qui est non seulement faux mais trop souvent criminel (toutes les applications possibles des connaissances nouvelles ne sont pas mises en oeuvre, il y a des choix qui sont faits et ils sont souvent détestables.)
A chaque fois que vous entendez l’expression « progrès technique » remplacez la par « évolution technique » : le progrès ça se discute…
« La première, c’est qu’elle valorise le travail. »
Ce qui va de pair, on le constate, avec la sur-valorisation de la sécurité.
Ces deux-là (travail/sécurité) ne donnent jamais un bon résultat.
Bonjour Monsieur Paul Jorion. Une question très simple : est-ce que vous pensez qu’il existe vraiment » une crise climatique » ? Merci
L’existence de la crise climatique est un sujet qui provoque de continuelles polémiques sur la toile. Cela dit, le blog d’Olivier Berruyer présente régulièrement des analyses illustrées et nourries qu’il convient d’étudier avec attention pour se faire une idée.
http://www.les-crises.fr/category/crise-climatique/
@Sage
Olivier Berrurier présente les faits sur le climat, mais ce n’est pas suffisant.
Malgré toute l’évidence scientifique la controverse continue depuis des décennies. Elle continuera encore longtemps car l’effort de désinformation et d’entretien du doute est impressionnant.
Pour se faire vraiment une idée, il faut aussi comprendre l’histoire et les moteurs de la controverse elle même. Pour cela cette publication récente aux Presses de Science Po pourrait ouvrir bien des yeux.
@stephan
Faisons simple: « Que se passe-t-il quand vous chauffez de l’eau dans une casserole et que vous la chauffez de plus en plus ??? »
Elle se met a bouillonner de plus en plus fort.
Pour l’atmosphère, c’est un peu pareil. Que faisons nous en brûlant des quantités phénoménales de ressources fossiles ? Nous produisons des gaz à effet de serre en quantités non moins phénoménales.
Ce faisant notre atmosphère se comporte de plus en plus comme une serre, ou une véranda.
Or nous avons tous pu constater, qu’en été dans une véranda fermée (ou une voiture) on suffoque, car de plus en plus d’ énergie sous forme de rayonnement infra-rouge reste piégée dans la véranda et l’air s’y réchauffe (c’est le verre et non le CO2 ou le CH4, qui dans ce cas empêche l’énergie de s’échapper)
Pour l’atmosphère c’est pareil, mais à plus grande échelle, les basses couches de l’atmosphère, le sol se réchauffe et comme dans la casserole les bouillonnements sont de plus en plus intenses. Il en découle que la probabilité d’événements météorologiques extrêmes augmente.
Bien sûr c’est un peu plus compliqué si l’on va le détail, car la Terre tourne sur elle même et autour du soleil, ce qui influence la dynamique générale des mouvements atmosphériques.
Mais ici ce qui nous intéresse c’est que par notre activité productiviste frénétique, nous transformons notre atmosphère en une serre, et le fluide atmosphérique comme l’eau dans la casserole va bouillonner de plus en plus intensément.
Alors, personnellement je ne fais pas de la crise climatique une croyance: c’est un fait qui va s’imposer a nous avec de plus en plus d’évidence et de force.
Allez voir sur le blog de sylvestre huet (libé) et coté énergie, il faut Abzolument mentionner l’ouvrage de david McKay qui va très bientôt sortir en français « PAS QUE DU VENT » (« without the hot air » en anglais.= (
@stephan
Regardez l’entretien tout récent de Paul Jorion avec Asami Sato. Il y exprime très brièvement ses pensées sur le changement climatique. Attention, l’entrevue est longue.
merci beaucoup !
…
Je suis assez consterné par la lecture de ce billet.
Dans les long commentaires du « travail », la confusion me paraît réelle. Si les Bororos consacrent trois heures par jour à ce que nous appelons travail, avec toutes les difficultés qu’il y a de trouver des activités équivalentes, certes nous devons ajouter le temps de déplacement de nos « travailleurs » à celui de leur travail, mais pas celui de se reposer ou de se livrer à des activités hygiéniques, qui par hypothèse sont nécessaires partout. Évidemment que le travail est encensé! Mais ce n’est pas un mystère. Le marxisme a fait du travailleur collectif, la classe ouvrière, le rédempteur de la société, et la bourgeoisie a fait de l’acceptation du travail un axe de sa propagande, avec l’aide des clergés de toute sorte, parmi lesquels celui d’une part des intellectuels, une propagande où le goût du travail bien fait se superpose à la docilité du travailleur envers son maître.
Si l’on prend le travail avec un peu plus de hauteur de vue, comme lieu de l’échange social dans une société d’accumulation productive, et ici les Bororos n’y sont plus, le terme désigne aussi bien l’activité de celui qui a la chance d’exercer une passion personnelle reconnue et récompensée par le corps social, Paul Jorion aujourd’hui par exemple 🙂 , et celui du damné de la terre qui ne peut se soustraire à un travail épuisant ne permettant de faire subsister sa famille qu’aux limites de la survie. Travail est le mot unique pour ces deux extrêmes et pour toues sortes de situations intermédiaires.
Aussi le mot « travail » est-il un de ceux dont l’usage confusionnel et dévastateur est vertement signalé par J. K. Galbraight, lequel a personnellement connu toutes les récompenses, dans son testament d’honnête homme, qu’il n’a pu titrer autrement que Les mensonges de l’économie, dont je ne peux que recommander la briève lecture.
Pour en revenir aux Bororos, ils connaissent en réalité zéro heure de travail dans leur existence! …Dès que l’on reconnaît à ce mot la condition du salarié: n’est engagé que celui dont le travail produit un surplus pour son employeur – ce qui est un fait de structure avant d’être un fait moral. Enrichir son semblable est une notion en effet inexistante dans le monde des Bororos.
Je fais tout ce détour pour exprimer une nécessité qui me paraît relever de toute tentative de discours pertinent sur le travail. Il faut contextualiser la notion, distinguer et hiérarchiser les rapports qu’elle recouvre. Et dans notre monde, la chair massive, le muscle ou le gras, ou l’os, comme vous le voulez, du terme « travail » est le rapport salarial, la structure où, je le répète, ne sera engagé et n’aura donc les moyens de vivre, que celui ou celle dont le labeur enrichira son employeur, peu importe que ce dernier soit un salaud ou un chic type. Ce fait de structure est massif, il est central, et concerne la multitude de ceux qui ne sont ni princes ni voleurs.
Parler de travail en long et en large sans mettre cette réalité à sa place de référent dominant expose à toutes sortes de pertes de temps et d’insignifiances. Et s’en souvenir a le grand avantage de pouvoir écarter comme oiseuses toutes sortes de digressions parfois savantes, a
(Fin du commentaire précédent, perdue dans les dédales du grand réseau: – le début aussi avait été modifié…)
Ce fait de structure est massif, il est central, il concerne la multitude de ceux qui ne sont ni princes ni voleurs. Les allocations de substitution au manque d’emploi, et l’emploi public, sont périphériques, et du reste se trouvent administrés, de plus en plus, en conformité avec les pratiques et avec l’idéologie du rapport salarial privé.
Parler de travail en long et en large sans mettre cette réalité à sa place de référent dominant expose à toutes sortes de pertes de temps et d’insignifiances. Et s’en souvenir a le grand avantage de pouvoir écarter comme oiseuses toutes sortes de digressions parfois savantes, a fortiori si on veut parler d’un sujet aussi grave que celui des crises qui se superposent aujourd’hui et qui rendent nécessaires un « changement de cadre ».
Dit autrement, toutes les considérations qui n’impliquent pas une critique sévère, et le rejet, de l’enrichissement par la spéculation, certes, mais aussi de l’enrichissement par le travail d’autrui, me paraissent accepter la dynamique d’inégalité reconnue sur ce blog comme source de la crise actuelle.
@ Leboutte
Je suis navré que vous ayez été « consterné » par la lecture de mon billet et j’espère sincèrement que vous vous en remettrez !
Quelques réflexions :
Je pense que c’est (en plus bref) à peu près ce que j’ai dit.
Je crois que l’on aurait tort de limiter la critique du « travail » à celle du « travail du salarié ». Nombre de chefs de PME s’éreintent à « gagner leur vie », avec parfois des revenus confortables (pas toujours), mais dans une violence intense vis-à-vis d’eux-même et, dès lors, de leurs proches (qui les mène souvent à craquer un jour ou l’autre). Ils sont souvent les pires adversaires d’une critique du travail parce que celui-ci est, en somme, devenu leur religion. On dira que c’est leur droit, certes, mais je ne suis pas du tout sûr que ce modèle de vie (du style « travailler plus pour gagner plus ») nous sorte de l’auberge productiviste et consumériste.
Si le « travail » permet d’avoir une activité qui plaît, qui intéresse, tant mieux ! (Mais il faut dire que dans cette société,bien rares sont les boulots qui satisfont à ces critères).
Cela dit, vous parlez de « récompense ». Mais après tout pourquoi celui « qui a la chance d’exercer une passion personnelle » devrait-il être en être récompensé par le corps social ???
« Ne t’attache pas au fruit de tes actes, ne te vis pas comme l’auteur de tes actes » nous dit la Baghavad Gita….
L’auto-exploitation est une forme limite de l’exploitation. Je pense à ce fameux statut d’auto-entrepreneur en particulier.
Thierry,
Ah, la Baghavad Gita…. 🙂
« Consterné » est mon premier jet, que j’ai corrigé en ligne comme je le fais d’habitude, mais cette fois les médiateurs ont été plus rapides que je ne le croyais, et donc ma dernière mouture n’a pas été publiée, la précédente ayant déjà été validée. Je vais donc changer de façon de répondre sur ce blog, d’abord travailler et réfléchir ma réponse avant de la proposer…
Je ne trouve pas utile de me dire « consterné », et je vous prie de m’excuser pour cette première formulation, qui ne regardait que moi, et que j’avais retirée.
Je maintiens, en revanche, que règne une confusion basée sur la polysémie du terme « travail », répondant certes à une pauvreté du vocabulaire de notre langue (eh oui, elle est si belle …mais pas parfaite ni, surtout, anhistorique), mais aussi à des arrangements socialement intéressés.
Il me semble que l’expression « critique du travail » devrait se dire en des mots différents selon que l’on traite du travail salarié ou du travail du chef de PME, pour lequel nous n’avons sans doute pas la même empathie, une remarque de détail que nous pourrions oublier pour des raisons de civilité, mais qui n’est pas quelconque et doit être tenue en considération pour dé-biaiser nos rationalités respectives.
Il y a, parmi les patrons de PME, indépendants et professions libérales, toutes sortes d’harassements exogènes et d’addictions endogènes au « travail ». Certains sont au bord de la ruine. D’autres sont à leurs limites personnelles et n’arrivent à se tenir en-deça. Qui ne connaît un médecin plus que prospère qui s’ennuie après quelques jours de vacances, ou ne sait limiter sa clientèle, sa patientèle dit-il, à d’autre mesure que la tolérance de son épouse ou des siens, ou de ses besoins de sommeil? Bizarrement, il y a toujours une limite à la demande prétendument illimitée.
Je ne crois pas pour ma part que le complot de l’idéologie du travail qui affecterait les membres de l’ « upper middle class » , soit le même que celui qui étreint le salarié plus ou moins lambda.
Englober ces deux groupes sociaux sous les mêmes généralités sur « le » travail, constitue à mes yeux, pour dire le moins, une erreur de jugement. Cette confusion est souvent au service d’une position sociale plus ou moins inanalysée, et elle est favorisée par le maëlstrom idéologique auquel nous sommes soumis, répondant à des intérêts dominants pour qui cette confusion est nécessaire. Elle ne peut s’accorder à cette phrase de Sartre, que je cite de mémoire, et qui me paraît une évidence, selon laquelle « la vérité de la société se voit par les yeux du plus déshérité » !
Bien à vous !
P.S. : Ai-je dit que celui « qui a la chance d’exercer une passion personnelle [devait en être] récompensé par le corps social » ? J’ai simplement voulu signaler qu’il est bizarre, douteux, et pour le moins insatisfaisant, de définir l’activité de celui-là par le même terme, « travail », qui désigne le gagne-pain du salarié qui n’a pas eu « la chance », je mets des guillemets, d’échapper à l’ordre de la nécessité. Un ordre qui mourrait si tous y échappaient.
Si c’est le mot « récompense » qui vous interroge, répondre par une citation de la Baghavad Gita ouvre une perspective que je laisserai ici de côté! 🙂
Leboutte,
Certes le travail aujourd’hui c’est l’un des facteurs du mode de production capitaliste, mais des représentations sont organiquement associées à la structure. Pour le sens commun travailler demeure largement un devoir moral, ne pas travailler c’est vivre au dépend de la société. Si ce n’était pas le cas il y a longtemps que le système actuel aurait été aboli. C’est le ciment idéologique qui nourrit tous les conservatismes. C’est l’un des ressorts de l’individualisme méthodologique souvent dénoncé sur le blog.
Il faut donc renverser la proposition qui fait du travail rémunéré et salarié le fondement de la société. Ce sont les liens solidaires qui tissent toutes les activités humaines, que ces dernières soient rémunérées ou pas, qui font société. Le dissident, le paresseux à ce titre n’est ni plus ni moins un membre à part entière de la société humaine.
L’enrichissement de l’employeur et – ou de l’investisseur, est un fait de structure incontestable, mais l’exploitation va plus loin que l’extorsion d’une plus value. Ce qui est en jeu c’est l’aliénation du corps et de l’esprit du travailleur qui est dépossédé de son temps, du choix de ses activités, et de la façon de les mener. Marx lui-même fit cette analyse en faisant la critique de l’idéologie.
C’est donc autant l’être de humain qui travaille qui est en jeu que son avoir lorsqu’il reçoit une rémunération plus ou moins importante. IL n’y a pas d’avoir sans être et inversement. La société actuelle a pour être le système capitaliste, nous le connaissons, il s’agit donc maintenant de lui substituer d’autres modes d’être. Pour d’autres manières d’être vivants. L’avoir devra être redéfini, donné en partage, beaucoup plus qu’il ne n’est aujourd’hui.
Vous avez raison il faut toujours avoir en vue la structure, mais faire la critique de l’aliénation de l’être conduit nécessairement à la critique de la structure puisque l’une ne va pas sans l’autre.
à PYD,
Autrement dit, comment faire la critique de l’aliénation sans faire la critique du fétichisme de la marchandise ?
Pierre-Yves D.
Votre « retournement » ne me semble pas complet ; Leboutte parle du travail comme modalité de la domination. Une juste répartition des fruits du travail n’enlèverait rien , au fait le travailleur soit commandé.
Ce n’est donc pas sur le terrain des formes extérieures de la domination comme la répartition du surplus et la propriété, et autres mesurettes pour un changement de cadre « révolutionnaire », qu’il s’agit d’agir, mais bien, sur le contexte sur lequel s’inscrit le désir de domination, c’est à dire directement sur notre conditionnement à la dominance, et dont l’organisation du travail comme les productions ( oui, Marlowe marchandises) qui en résultent ne sont que le masque.
Au terme de votre « retournement », il me semble que vous conservez néanmoins l’éthos de l’être et de l’avoir sous la forme du « partage », ne croyez-vous pas ?
Je tentais, il y a quelques jours , d’expliciter ces questions difficiles, ne pensez-vous pas qu’il y ait quelque chose de profond à tirer de cette réflexion de Henry Laborit
Qu’en pensez-vous Leboutte ?
Bien entendu, ce changement de contexte devrait , comme pour l’alcoolique anonyme , s’accompagner d’un changement de cadre » révolutionnaire » : il est bien qu’il cesse de boire !
A+ ?
@ Timiota
« reconquête du numérique comme « remède » et non comme « poison », tache difficile entre toutes »
Je découvre et approuve. Le numérique permet de resymétriser la communication au niveau de la société. Si l’on utilise correctement internet, finies(?) la propagande et la diffusion.
Je n’ai rien compris au point 3 alors que j’aurais dû kiffer au moins autant que Kercoz. 🙂
Tout à fait d’accord avec le point 4, mon dada: le travail/servitude doit faire place au loisir constructif (pas trop constructif quand même).
A ce propos il y peut-être des jeux constructifs (je pense aux jeux de rôles). La jeunesse est pour l’instant confinée dans le virtuel parce que la gérontocratie mortifère (TINA) empêche (ama plus pour très longtemps) la prise de pouvoir par les jeunes. Par ces jeux de rôles elle élabore en effet de nouveaux modèles de société. Je dis ça parce que j’ai une fille en plein dedans…
Jean-Luce
Il ne s’agit pas seulement de la juste répartition des fruits du travail.
Je dis bien que
J’aurais pu compléter en disant qu’en amont de l’activité il y a encore la pensée, l’affect.
Ce qui fait l’objet d’une répartition ce peut être l’éducation, à la santé, autrement dit toute une série de droits individuels et collectifs.
J’approuve donc cette idée de Laborit que les sécrétions de notre cerveau n’ont pas pour seule finalité de produire des marchandises. La pensée n’est pas thématisable à priori puisqu’il s’agit de penser un monde, existant, possible ou encore à inventer ; penser c’est s’abstraire du monde des choses, de l’ordre des choses qui nous dominent, pour transformer le monde.
La distinction valeur d’usage valeur d’échange elle ne me paraît pas pertinente.
L’échange des marchandises ne fait pas en soi l’injustice d’un système. De même l’usage partagé peut être associé par exemple à un système féodal.
Plutôt que d’opposer l’usage à l’échange, j’opposerais donc l’usage et l’échange selon la loi juste à l’usage et l’échange selon la loi injuste. Le partage ne concerne pas que le partage de revenus, ce peut être la loi qui ouvre un nouveau domaine, par exemple à un nouveau service publique, à la gratuité. Une économie de la contribution, des usages partagés, feront apparaître progressivement aux esprits les plus rétifs certains avantages, tout comme avait fini par s’imposer le système prédateur sans que personne n’y voit malice. Même les socio-démocrates s’en firent les propagandistes.
Bref il faut constituer puis instituer des droits collectifs. Ce sont tous les droits qui une fois instaurés feront passer d’anciennes pratiques privatives comme absurdes sans qu’il ait fallu passer par le stade du sevrage ou de la coercition. Et si sevrage il doit y avoir, la crise se chargera d’elle-même de l’apporter sur un plateau. Dans la phase de transition il faudra veiller aussi aux droits individuels car ceux-ci permettent d’éviter l’écueil que vous mettez en avant, à savoir celui de la persistance des schèmes de la dominance.
Ce nous ramène au politique. J’y ajoute la connaissance sans laquelle éthique et politique seraient sans objet, ce qui va dans le sens de votre proposition quand vous dites qu’elle doit être présente à tous les niveaux. Le langage doit jouer un rôle clé, et en particulier le discours politique qui n’assume toujours pas le nécessaire changement de cadre, l’évoquant seulement en pointillés ou comme horizon alors que le fond et la forme du langage devraient déjà porter ce nouveau cadre, pour nous porter à sa réalisation. Susciter son désir.
En effet sur ce plan aucun parti politique actuel n’est à la hauteur du défi.
La prise de conscience doit modifier la perception du cadre implicite de la dominance, de la compétitivité intraspécifique pour reprendre vos propres termes. Elle est provoquée à la fois par l’évolution de la crise qui met à nu la structure et par le changement de paradigme qui se met en place dans nos esprits via le langage.
De bonnes institutions, une constitution pour l’économie, ne feront pas disparaître toute forme de pathologie agressive, mais le fait même qu’elles se mettraient en place indiquerait qu’un nouvel éthos s’est constitué puisque la mutation d’une structure est conditionnée par le sentiment que les acteurs sociaux se font de leur rôle dans ladite structure.
Pierre-yves , je crois vous comprendre assez bien et je n’ai pas d’opposition fondamentale sur votre façon de le dire. J’ai pourtant l’envie d’être plus sec !
§
Il me semble que vous ne jugez pas utile de distinguer le cadre du contexte ; vous pensez, je crois , qu’être tenace dans la formulation d’un cadre de droits collectifs précis dans tous les domaines aboutira, in fine, à un changement de contexte, votre position n’est pas radicalement fausse. Je la crois pourtant insuffisante et pense qu’il est préférable d’énoncer que le but est le changement de contexte et non le simple renouvellement du cadre.
Pourquoi s’alourdir ainsi d’une phraséologie à laquelle personne ne comprend rien (circuit de l’inhibition de l’action, pff. ) ? Mais précisément, ce sont des instruments pour lutter en permanence contre « ce qui grouille dans le ventre de la bête en décomposition »
Lorsque vous écrivez
j’ai l’impression de me retrouver vingt ans en arrière, lorsque les associations européennes pour les handicapés allaient chercher du pognon auprès du Fond Social Europén , avec dans leur valise, la phraséologie des activités valorisantes pour les handicapés. Vous n’imaginez pas ce que ce type de langage peut déguiser de sinécures, de voyages et de privilèges tranquilles pour ceux qui en assurent la gestion, au petit niveau d’une association, comme au plus haut grade de fonctionnaire d’état ; sanglant ! Ce sont précisément ces usages hypocrites du langage que Laborit entend combattre en rendant explicite la source de nos comportements.
§
Comment lutter contre la dénonciation de la domination de l’autre, lorsqu’elle a pour but inconscient de rendre possible le changement de cadre qui masquera l’usage du contexte de la dominance par les tenants du cadre renouvelé ?
Concrètement si, lors de la phase constituante, les constituants ne s’attellent pas à un décorticage réglé des notions de « propriété » examinée dans le contexte de la dominance, et bien mesdames , messieurs, on sera repartis pour des siècles de servitude volontaire, dont la définition est : structure hiérarchique stable, ayant largement fait ses preuves, et par laquelle chaque individu trouve à compenser les désagréments ressentis par son circuit de la récompense par la libération de son système d’inhibition de l’action, lorsque celui qui est au-dessus lui tape sur la tête, et qu’il est autorisé à taper sur la tête de celui qui est en dessous. 😉 sérieux c’est ça et rien d’autre !
L’appareil du Front de Gauche ne parle pas le langage de Laborit, je le crains. Laborit il est vrai, ne chauffe pas les foules … par contre il semble que nous nous partagions l’idée qu’aucune force politique n’est à la hauteur de la situation
Exproprions les expropriateur, prenez le pouvoir etc . etc. , annonce déjà les « tu t’opposes à la « ligne citoyenne, mais pour qui tu te prends toi pour t’opposer à la volonté du peuple, etc . etc. »
§
Avec l’effondrement de l’organisation politique de la Grèce, les réseaux économiques déviants subsistent au clientélisme politique dont ils étaient les courroies de transmission (cf ce matin, chez Voinchet, France culture) ; je fais le pari qu’ils seront les forces qui feront émerger les nouvelles formes de restructuration au même rythme que l’effondrement des structures économiques anciennes . Les sociétés modernes n’ont pas le temps d’attendre la lutte des classes ; lorsque les commissaires du peuple viendront mettre de l’ordre, avec un temps de retard, il leur suffira de faire alliance, puisque les frigos seront un peu remplis, après avoir été bien vides, et que « ça suffira comme ça ».
En ce sens, les grands étripages en vue de la prise du pouvoir politique, sont « l’allié objectif » du renouvellement du pouvoir économique des organisations déviantes .
(J’ai demandé l’avis de Panagiotis Grigoriou, sur son blog,
nous verrons ce Panagiotis en pense )
A+
@ Jean-Luce Morlie
« Concrètement si, lors de la phase constituante, les constituants ne s’attellent pas à un décorticage réglé des notions de « propriété » examinée dans le contexte de la dominance, et bien mesdames , messieurs, on sera repartis pour des siècles de servitude volontaire, dont la définition est : structure hiérarchique stable, ayant largement fait ses preuves, et par laquelle chaque individu trouve à compenser les désagréments ressentis par son circuit de la récompense par la libération de son système d’inhibition de l’action, lorsque celui qui est au-dessus lui tape sur la tête, et qu’il est autorisé à taper sur la tête de celui qui est en dessous. 😉 sérieux c’est ça et rien d’autre ! »
Je préfère ce genre de propos (car plus intelligibles) à ceux que vous avez tenu hier. Je suis d’accord avec vous qu’il faut essayer de ne pas retomber dans le même type de structure hiérarchique (celle que nous propose Jacques Attali, Pascal Lamy et sans doute FH). J’ai la même méfiance que vous vis à vis du FdG (cf. les réactions de Nicks sur ce blog) quoique je garde un petit espoir en JLM qui a réussi à faire bouger les lignes en faisant prendre le virage écologique.
Je suis assez tenté par une société sans chef donc sans singularité mais néanmoins structurellement stable. C’est, d’après Thom, théoriquement possible à condition que le corps social soit une variété de dimension trois (ce qui ne m’avance pas beaucoup quant à la structuration pratique d’une telle société!). Comment y arriver sans faire faire le saut dans l’inconnu à la société actuelle (ou ce qui en restera après son implosion/explosion)? La seule solution raisonnable est ama de convaincre les citoyens. Et la meilleure façon de préparer le terrain est pour moi de substituer à l’élite actuelle, incroyablement rigide car arcboutée sur ses dogmes et ses privilèges, une élite beaucoup plus souple, ouverte vers l’avenir, formée de savants (philosophes, scientifiques, anthropologues, etc.) et artistes.
Il se passe dans la société actuelle exactement ce que Paul Jorion a remarqué lors de son passage à Countrywide: la compétence y était dans l’ordre inverse de la hiérarchie (et bien entendu des rémunérations). il faut en tirer les conséquences.
@ Leboutte
Dans le boulot que je fais, il s’agit d’aider celui qui vient chercher une aide, qu’il soit ouvrier, cadre ou chef de PME, qu’il soit communiste, libéral ou même fasciste, ce qui suppose de (tenter de) laisser les neurones-miroirs et l’empathie fonctionner autant avec les uns qu’avec les autres. On pourrait dire que c’est un « biais professionnel » qui m’affecte, si l’on veut, mais en même temps, il me semble que c’est pourtant ce que nous avons de mieux à apprendre à faire.
Je peux être d’accord avec l’idée que certains sont plus victimes que d’autres de la violence du système ou que certains sont plus responsables que d’autres de sa perpétuation, mais je préfère mettre l’accent sur le fait que nous sommes tous à la fois victimes et perpétuateurs de ce système et que nous avons tous intérêt à nous en déconditionner et à essayer de le changer.
Je vous paraîtrai sans doute naïf en disant cela, ou carrément « social-traître », mais c’est ainsi : je ne crois pas (ou plutôt, je ne crois plus) que mettre principalement l’accent sur la perspective « lutte des classes » soit la meilleure chose à faire, même s’il est évident que certains « profitent » apparemment du système tandis que d’autres en pâtissent.
On peut dire ça, mais on peut aussi souligner que tous nous en profitons et en pâtissons à un degré ou à un autre.
J’ajouterai qu’à mes yeux, il s’agit à cet égard comme à d’autres, d’éviter de trop voir les choses en termes de « soit…, soit…, » : par exemple, « soit une position claire de lutte des classes, soit une collusion avec l’idéologie dominante ».
Une des choses que les courants de sagesse, particulièrement le taoïsme, enseignent et qui me semble utile, c’est de se méfier de la disjonction, c’est de se méfier de l’adhésion (de l’adhérence) à un seul point de vue. (Cf. par exemple à ce sujet, Un sage est sans idée de François Jullien). C’est un point de vue dont le danger pourrait être de mener à la totale indifférence ou à l’apolitisme, certes, donc il s’agit de rester attentif à ce danger. Mais de toutes façons, il y aura des inconvénients potentiels à toute manière d’aborder les choses. Tâchons donc de voir quels pourraient être les moindres, ce qui n’est pas si aisé.
Bonjour, je m’immisce dans votre discussion pour rebondir sur l’idée que l’homme serait « une structure qui traite l’information » ( Laborit ). Cette idée, en apparence évidente, me semble trompeuse. Je préfère celle-ci : « les ordinateurs traitent des informations, les cerveaux créent de la signification ». Cela change quoi ? tout.
A la différence d’une information, la signification n’a pas besoin d’être interprétée par un observateur extérieur ( problème de l’homoncule, ou régression à l’infini. Qui donne du sens à l’information ? ). Une signification n’est jamais neutre émotionnellement, elle se définit par rapport à une valeur, au sens biologique : ce qui est bon ou mauvais pour l’organisme, et peu importe qu’elle soit consciente ou inconsciente.
Le grand physiologiste Antonio Damasio va encore plus loin: Il n’y a même pas besoin de cerveau pour créer de la signification ! Celle-ci est déjà présente dans le fonctionnement des cellules qui sont capables de réguler leur milieu interne ( homéostasie ), et donc de réagir par rapport une valeur liée à sa survie. Le cerveau, en cartographiant les organes corporels hériterait tout simplement de ce fonctionnement par mimétisme …
@ Cadavre exquis
Thom va dans le même sens que Damasio et vous.
« Une signification n’est jamais neutre émotionnellement, elle se définit par rapport à une valeur, au sens biologique : ce qui est bon ou mauvais pour l’organisme, et peu importe qu’elle soit consciente ou inconsciente. »
Thom précise: « Et où, me direz-vous, pourrait-on entendre la réponse de la nature? La voix de la réalité est dans le sens du symbole. »
Jean-Luce
Une précision d’abord. Quand je dis :
C’est une position philosophique et anthropologique, où il s’agit de mettre en avant l’importance de la philia pour la constitution et la pérennisation de toute société, chose qui a été totalement occultée par les théories économiques, comme vous le savez.
Cela ne veut donc pas dire que tout phénomène social se confond avec la philia. Seulement qu’on remet celle-ci à sa juste place, surtout à un moment de l’histoire de l’humanité où sa convocation devient une question de survie.
J’en profite pour dire que j’adhère complètement à la remarque de Cadavre exquis quand il dit que l’homme n’est pas une structure qui traite de l’information mais essentiellement un être qui crée de la signification, ce au titre de quoi il est un être éthique et politique.
Mes précédents commentaires sur le cervomécanisme allaient dans le même sens. La portée philosophique de cette perspective est importante en effet, car dans un cas, la perspective purement informationnelle, on suppose résolu le problème de la signification, le tout étant de seulement bien programmer le modèle, et dans l’autre cas, la signification est ce par quoi nous sommes au monde, ce par quoi nous le transformons, parce que l’homme n’est pas un programme mais un être qui a la capacité d’inventer de nouvelles réalités qui sont autant de sauts dans l’inconnu.
Ainsi l’ordre régressif des causes est appréhendé pour créer les nouvelles significations en tant que celles-ci permettent de se projeter dans l’ordre progressif d’un monde en devenir.
La signification il faut le préciser ne concerne pas simplement ce que prosaïquement nous nommons le sens de la vie, dans son aspect purement subjectif, elle concerne en réalité tout ce qui se rapporte aux sciences fondamentales, aux formes artistiques, à la philosophie, aux systèmes éthiques laïcs et religieux, à la pensée individuelle la plus commune comme fruit d’une histoire personnelle. Bref tout ce que l’on ne peut pas déduire d’un ordre existant. Tout ce qui permet de le dépasser, pour le transformer.
Vous dites :
J’essaie d’interpréter votre raisonnement. Le contexte si je comprends bien c’est tout ce qui passe entre les mailles du filet, pardon, du nouveau cadre. Autrement dit le nouveau cadre a été mal cadré, il a été mal conçu. La résolution du problème revient alors à définir suffisamment bien le cadre pour qu’il s’adapte au contexte, pour vous ici éviter la résilience de la dominance.
Vous êtes sceptique quant à la possibilité que l’énonciation de nouveaux droits individuels et collectifs puissent prévenir cette résilience.
Je précise alors que dans ma conception ces droits individuels et collectifs devront se décliner selon un nouveau paradigme : le droit individuel se comprend désormais dans le prolongement du droit collectif, englobant, contrairement à la situation actuelle où le droit individuel sert de pierre de touche aux droits collectifs. Je pense bien entendu au caractère inaliénable de la propriété individuelle, à son illimitation garantie par nos vieilles constitutions. Il faut ôter toute trace d’individualisme méthodologique du corpus juridique.
La question de la dominance résiliente que vous posez est importante, mais il me semble que tenir compte du contexte consiste justement à repenser l’articulation des différents droits, domaines du droit. Si le contexte demain dément les bonnes intentions des rédacteurs d’une constitution c’est parce que l’on aura pas suffisamment bien énoncé certains principes, si bien que les « victimes » futures des « contextes » se trouveront démunis pour opposer une résistance et même pour simplement se rendre compte de leur situation. Ceci bien entendu ne nous empêche pas de réfléchir à toutes les objections possibles concernant l’incapacité qu’aurait une nouvelle constitution à se saisir du contexte. C’est bien le moins que l’on puisse faire en tout cas que de fixer la barre très haut.
Concernant les droits individuels et collectifs je voudrais encore préciser une chose. Il me semble que nous débattons beaucoup sur le blog des questions relatives à l’égalité (redistribution, partage), à la fraternité (philia) mais il ne faudrait pas oublier le troisième terme de la devise républicaine : la liberté.
A juste titre il a été beaucoup question de restreindre certaine liberté, voire de l’abolir, comme celle de l’enrichissement sans bornes des privés ou des personnes morales. Mais ce n’est pas parce que l’usage de certaine liberté est dommageable pour nos sociétés qu’il n’y aurait plus de libertés à conquérir.
L’idée de liberté me semble importante et intéressante parce qu’elle concerne l’agir. C’est tout ce qu’il sera possible de faire et que nous ne pouvons faire aujourd’hui parce que le droit d’une liberté particulière s’est effectué au détriment d’autres libertés, existantes ou encore à inventer.
Je pense à la liberté de décider de son emploi du temps, de goûter aux joies de l’échange des savoirs et des connaissances, d’observer et contempler la nature, de nous restaurer ensemble avec des mets de qualité … bref toutes ces choses que nous ne pouvons nous accorder qu’après avoir été payé du salaire de la peur, celui que l’on gagne en occupant un emploi de salarié ou tout au moins en attente de celui-ci, si bien qu’une grande partie du plaisir en est gâché ou interdit.
Ce qui rejoint l’ordre progressif des choses dont je parlais au début de commentaire. Ainsi les droits collectifs et individuels devraient être appréhendés comme la conquête de nouvelles libertés et non pas un carcan dans lequel nous et les sociétés devraient entrer pour assurer la survie. Bien entendu, cela suppose de refondre le cadre, de poser les nouvelles normes qui permettront l’exercice des nouvelles libertés.
@PYD
les normes se fondent sur quoi ?
juste une réflexion ; une hypothèse .
mettons que l’autorité d’un JC fut incontestable . ceux qui s’appuyant dessus , s’en servirent pour assoir la leur , fondèrent des normes , non ?
et c’est valide pour toute civilisation, il me semble .
mais désormais , il n’y a plus personne . ce qui ouvre à tous les possibles, mais aussi tous les dangers . donc, les normes ne sont pas apriori , elles viennent ensuite , ce serait plus constructif, en fonction du dialogue , qu’en pensez vous ?
Eric L.
Je suis d’accord.
Personne ne peut dire quelles seront effectivement les normes de demain mais cela ne doit pas nous empêcher d’y réfléchir dès maintenant et de faire valoir l’idée que nous nous en faisons dores et déjà par tous les moyens qui sont à notre disposition. Ainsi l’on cultive un terrain favorable pour la réception de nos idées lorsque viendront les moments décisifs.
Je ne préjuge pas ici qui prendra ces décisions. Bien entendu de mon point de vue et de celui de la plupart de ceux qui fréquentent le blog, ces décisions devront intervenir de façon démocratique.
Bref, on ne peut pas s’en remettre exclusivement à un processus constituant ou autre moyen démocratique pour ce qui est de réfléchir aux normes. De toutes façon je considère que nos réflexions sur ce blog participent déjà de la vie démocratique. La vie démocratique ce n’est pas seulement la délibération, elle commence par une réflexion, par la confrontation des arguments. Alors pourquoi attendre !
En réponse également à Jean-Luce Morlie, j’ajoute que sur ce point je le rejoins, car je trouve ambigüe l’attitude actuelle du FdGauche, lequel se défausse d’une réflexion intellectuelle approfondie et vraiment radicale avec des formules du genre « prenez le pouvoir », ou consistant à attendre que les solutions émergeraient d’un processus constituant. C’est une vision par trop spontanéiste de la démocratie.
Je suis favorable à une autre constitution, mais ce n’est pas une constituante en elle-même qui peut prendre à sa charge une réflexion intellectuelle qui la déborde, dont l’origine se situe bien en amont de sa convocation. Aussi le Front de Gauche gagnerait en crédibilité en revendiquant son rôle avant-gardiste en matière intellectuelle et en affirmant clairement ses positions sur le nucléaire, le productivisme, et autres sujets sur lesquels il reste flou. Ce qui ne l’empêcherait pas par ailleurs de promouvoir une constituante. Les deux aspects ne sont pas exclusifs l’un de l’autre.
Pierre-Yves, vous me répondiez :
J’espère ne pas décourager votre patience en cherchant à harmoniser nos approches respectives afin de tenter d’aborder, mais par des chemins différents, votre thème de la création de nouvelles libertés , ce que vous énoncez fort bien .
L’origine de cette discussion tient de ce que« « cadavre exquis » et vous-même, montriez des réactions sémantiques diamétralement opposées à la mienne vis-à-vis du terme de « programmation ». Nous n’aurons, je crois, guère de difficulté à accorder nos positions « philosophiques » relatives aux termes de « programmation », « création », « information », pour autant que nous discutions de l’agencement de leurs relations réciproques dans la perspective d’une constitution pour l’économie. Si cela peut vous assurer de pertinence de cette démarche, l’œuvre de Laborit est un plaidoyer , d’une rare ferveur, sur le primat de la créativité dans l’espèce humaine. Toute son œuvre démontre que nous sommes « programmés pour créer ».
Je retiens également votre idée de « progressivité », je l’associe au fait qu’une constitution sur l’économie est aussi, ou peut-être même, d’abord, un long travail d’éducation permanente. Je pense également nécessaire que nous parvenions à préciser le sens de « nouveauté » dans liberté nouvelles , en travaillant ce qui n’est encore qu’une notion, pour l’établir au niveau du concept , en quoi seraient-elles « nouvelles », par rapport à quoi sont-elles « nouvelles » ?
Un dernier point me semble fondamental, en bout de course l’armature d’une constitution pour l’économie, devra être, à la fois philosophiquement très puissante et d’une très grande simplicité ; ma vieille expérience de Laborit, dont j’ai abandonné la lecture, il y a plus de trente ans, sans y revenir, me fait croire que cet objectif est à notre portée. Par contre, nous devrons réciproquement nous aider à décrasser nos neurones de leurs conditionnements antérieurs.
Derniers points, non le moindre, la notion de constitution pour l’économie reste floue, quelque peu polysémique, voici en quelque mot, comment a ce stade je « la » conçoit, selon trois niveaux bien différentiés.
Premièrement, il s’agit d’une réflexion sur la dimension économique globale des droits fondamentaux de l’humanité, pour reprendre votre expression » il s’agit de fixer la barre très haut » soit ,dans le très long terme, de relire la DDUH pour la modifier dans le sens ou nos réflexions nous convaincrons de cette nécessité. Dans cette perspective, déjà, vous préciser avec clarté qu’elle devrait être l’une des dimensions de cette relecture, lorsque vous écrivez :
« ma conception ces droits individuels et collectifs devront se décliner selon un nouveau paradigme : le droit individuel se comprend désormais dans le prolongement du droit collectif, englobant, contrairement à la situation actuelle où le droit individuel sert de pierre de touche aux droits collectifs. »
Notre but, ici, est modeste , il s’agit pour nous, d’essuyer les quelques-uns des « premiers plâtre des premiers pas » de cette démarche et, plus directement encore , d’être en position d’avoir quelque chose à transmettre dans le débat général que les phases ultérieures de cette crise ,qui n’en finira pas, ne manquera pas d’entraîner.
A un second niveau, qui peut être entrepris sans que le premier soit réalisé, chaque fois que dans un pays, des groupes divers se prépareront à modifier leur constitution en raison de l’écœurement issu du constat de faillite de « leur économie » nous puissions informer leur discussion de l’état des propositions et analyses issues du blog de Jorion. Nous pourrions ainsi produire quelque « blue print », requérir l’aide pour leur traduction auprès de groupes actifs dans la mouvance « we are the 99% ». Par ailleurs, une anthologie ‘structurée autour d’un fil conducteur -de morceaux choisis- puisé dans les billets de Paul et dans notre réflexion collective serait, je crois, bienvenue auprès des « primo débarquant » sur le blog, ou ailleurs.
Au troisième niveau, je pense que la liste des mesures chirurgicales coordonnées telles que Paul les a étudiées, et conceptualisées dans leur ensemble ne fait pas « une constitution », elles ont bien sûr essentielles (et l’on se demande bien pourquoi le FME, l’OMC ne les appliquent pas sur le champ) elles sont pertinentes, mais découlent de principes constitutionnels sous-jacents qu’il serait nécessaire de dégager pour en reconstruire, a posteriori, l’architecture : une constitution n’est en effet pas un catalogue, mais un ensemble raisonné et articulé de principes dont l’application est déterminée par le droit. La liste proposée par Paul concerne des mesures de régulation ; au sens cyberbernétique, elles sont le bras armé de ce que seraitune constitution pour l’économie,laquelle dans cette perspective cybernétique, devrait inclure l’établissement d’un observatoire mondial permanent des boucles ‘régulées en tendance »…; cette disposition irait dans le sens de votre souci d’élargir l’espace de la liberté.
Une réflexion sur l’économie devra également faire le point sur l’état du droit, notre droit et, ses modalité d’applications sont-ils cohérent au changement de cadre et de contexte , sont –ils ,par exemple adapté, au nouveau paradigme de la « primauté du droit collectif sur le droit individuel.
Dernier point , il serait utile de caler nos réflexions sur des textes assez récents de l’histoire des processus constituants, nous avons la DDH et l’étude d’Alain Supiot relative à la Déclaration de Philadelphie ; la démarche constituante ponctue des tournants de l’Histoire, et s’inscrit dans un processus de régulation des erreurs du passé, elle ne fait pas « table rase ».
Je toilette une assez longue réflexion dans le sens annoncé et je la poste… demain.
A+
Merci @Leboutte et @PYD, on y est.
Thierry, en effet, votre texte est clair d’apparence, et cela a fait plaisir à certain.
Mais même si j’entends « dé-consommation » et « désexcellence » d’une oreille favorable, il faut être conscient des énormes déplacements d’analyse que cela implique, d’où des difficultés si l’armoire à concepts reste un peu basique.
J’aime assez pour ma part la grille de lecture de B Stiegler(je le dis souvent ici). Même si cette grille, il l’habille hélas trop souvent dans des phrases deleuziennes (différance et tutti quanti) et ne commence que dans son dernier ouvrage à prendre grande distance avec les post-modernes (Lyotard), …à qui il est vrai il doit sa résurrection d’après prison (1978-1983) comme philosophe avec le Collège de Philosophie.
Son bestiaire vu par moi comme ça au débotté:
1- rétentions/protentions (p’tit aspect Laborit/cyber-animal, + des « niveaux de rétentions », la « nation » étant au troisième étage, pas au premier quand même)
2- supports de mémoires (complexifiés et technicisés depuis les « pensées sauvages » ) :
au premier chef une langue (catégorie asymétrique en occident ! ) mais qui permet aussi les sophismes (c’est là un bon pont entre le Jorion de « Comment la vérité et la réalité furent inventés » et le discours sur le « pharmakon », le côté remède/poison de tout système suffisamment complexe pour être support de mémoire et système associé faisant le lien d’une société, offrant une réciprocité des messages entre destinataires et destinateurs(=émetteurs) ). Ensuite dans l’histoire, les autres supports de mémoires qui sont venus (et qui seront des « pharmaka ») : une écriture, l’imprimerie, les médias analogiques (radio TV qui ne seront pas réciproques…) et les médias numériques (qui restaurent la réciprocité et nous permettent d’échapper un peu au consumérisme,…
enfin, parenthèse dans la parenthèse ,ils permettraient d’échapper si les assoc de consommateurs avaient des sites web de niveau « Jorion », avec label « Radicalité simple », pour obliger à « génériquer » une part de la consommation, en la rendant néanmoins intéressante par le côté collectif/forum/savoir contributif)
3-des jeux de « théorie des catastrophes » (kercoz va kiffer) autour des évolutions entre ces pharmaka/moyens techniques , avec une sorte de dépassement/infinitisation qui survient lorsque après être passé par une phase subie d’adaptation au nouveau support/moyen, on passe à une phase d’adoption où l’on fait jouer réciprocité/cerveau/individuation (« psychique et collective » dixit Simondon/Stiegler). Et où l’on peut retrouver néanmoins une vue « naïve » de choses comme l’âme, la nation, etc. Tout ce qui nous dépasse est une forme d’infinitisation que permet l’usage des supports de mémoire.
4- Le travail n’est alors par la catégorie pertinente; c’est « l’otium » (« loisir constructif ») qui devient l’activité « »valorisante »,( interdite dans le consumerisme qui désublime , cf. la phrase de Le Lay .. le cerveau disponible…), au sein d’un ensemble avec la « philia », etc. Stiegler parle aussi beaucoup de l’attention (et de la « deep attention ») l’attention forgée par le « bon » côté d’un système d’apprentissage complexe comme celui de la langue (y compris, grammaire, orthographe, démonstration).
Donc, oui, il y a trois crises, oui il faut penser à « déconsommer », mais la phase dont nous avons besoin est celle de la reconquête du numérique comme « remède » et non comme « poison », tache difficile entre toutes quand les « écrans envahissant » nous ont ip(n)odisé, ipadisé (ah, Hypatie), que l’enfant qui ne dérange pas est celui qui a sa Nintendeau Déhèssen etc.
LA seule querelle qui vaille, celle de l’homme, en est donc au moment critique où la technologie parle fort à ses cinq sens (pas trop l’odorat, soit, et pour le toucher, peut mieux faire, …), où cette technologie n’a comme prochain territoire que le cerveau de l’homme (et là aussi, le savoir avance très vite, y compris pour le bien : Damasio, Dehaene, …, ), et où le « changement de phase » (« (second) redoublement épokhal » dans le vocabulaire Stieglerien) doit néanmoins se faire, et éteindre les crises qui nous accablent.
Il est donc essentiel que la formation, l’Ecole et l’Université, soient des moteurs dans ce changement. A ce titre, Stiegler en appelle à des concepts déjà apparu mais un peu oublié, comme « l’internation » ou « l’interscience »… .Tiens, c’est – y – pas un peu l’esprit d’un billettiste nommé Jorion et qui, dit-on, aime l’internation-alisme quand on traduit ses billets et qui aime passer dans les entre-deux-sciences, en vérité et en réalité,… j’ose à peine vous le dire.
Crise spirituelle sans aucun doute, non pas dans le sens « religion » dans son concept acutel, mais néanmoins relié à la source de vie.
Et je dirais abstinence spirituelle savamment organisée depuis des lustres pour que tout nous en éloigne. Et cela a terriblement bien fonctionné, sinon, nous n’en serions certes pas là aujourd’hui.
Patrick Timsit a développé tous ces thèmes dans ses conférences depuis longtemps, le comment du pourquoi de nos addictions et de notre emprisonnement dans un système, y compris de la culpabilisation de ne pas y être inséré.
La question est donc : comment en sortir… Renouer avec les véritables besoins essentiels, dont bien sûr le plaisir fait partie, dans un état de stress permanent et avec des pressions insupportables.
Votre texte me fait penser au petit livre : Le Papalagui. Vous l’avez lu ? Très court, très amusant, très réaliste. L’aberration de l’humain obligé de faire toute sa vie le même travail y est très bien décrite.
Mais pour en revenir à vos sociétés de chasseurs-collecteurs, vous avez oublié de dire que si les hommes travaillaient 3 heures par jour, c’est parce que les femmes, elles en travaillaient 15 :-)))
Ce qui est toujours le cas dans toutes les sociétés tribales et même en grande partie dans nos sociétés occidentales.
Votre texte me semble avoir une connotation terriblement masculine de la société.
@ Jmemeledetout
Sauf erreur de ma part, je pense que Marshall Sahlins se référait au temps de travail moyen des humains chasseurs collecteurs et pas spécifiquement de ceux de sexe masculin.
Cela dit je suis bien d’accord avec l’idée que dans nos sociétés contemporaines les stéréotypes sexuels ont la peau dure et qu’une conséquence malheureuse en est que, le plus souvent, les femmes qui sont salariées font la majeure partie des tâches ménagères en sus. Mais quand même ça change petit à petit, non ?
Là j’ai carrément un doute 🙂 Parce que les chasseurs-collecteurs étaient plutôt des pêcheuses-collecteuses et c’est au féminin qu’il aurait dû l’écrire, dans ce cas. Ce sont les femmes qui s’occupaient de l’agriculture, de la pêche et de tout le tralala qui s’ensuit.
J’ajouterais le fait que le travail ménager et éducation des enfants, tranports divers de celles qui ne travaillent pas à l’extérieur n’est pas considéré comme un travail, aussi bien autrefois qu’aujourd’hui, puisque non rémunéré, excepté sous forme de nourriture et de logement.
Je ne suis pas une féministe pure et dure et ne suis pas dans cette situation et ne l’étais pas non plus lorsque je vivais en couple, mais dans ce que j’observe autour de moi, les choses n’ont guère changé. Mais c’est aussi la faute des femmes qui pour la plupart sont persuadées que leur époux est un handicapé qui ne sait pas passer un aspirateur LOL et la manière dont elles ont été éduquées.
« les chasseurs-collecteurs étaient plutôt des pêcheuses-collecteuses »,
Non, pour ce que j’ai pu en voir, c’est très équilibré : les efforts de force très ponctuels – à part cas individuels – sont réservés aux hommes.
J’attendais un écho de Paul, le voici, merci 🙂
@ Jmemeledetout
« Et nombre de scientifiques par exemple cherchent à relier ces fils justement dans leurs recherches. Gloire à eux, c’est grâce à une vision holistique que l’humanité pourra avancer. »
Merci pour cet hommage indirect à René Thom et sa vision moniste du monde.
Votre pseudo résume ama bien la situation: se mêler de tout sans tout emmêler. 🙂
PS: pour certains reptiles le sexe dépend de la température d’incubation (cf. Wikipédia article Chromosome Y).
@ Jmemeledetout (suite)
J’ai fouillé sur le net. L’influence de l’environnement sur la détermination du sexe est un sujet à la mode.
Voilà ama de quoi alimenter mon/votre questionnement holiste.
@BasicRabbit
Vous m’émouvez. J’ai la sensation d’entendre dans vos mots ce que je ressens depuis toujours sans avoir votre culture pour l’exprimer.
Afin de parfaire mon éducation en matière de chromosomes, j’ai donc posé à la question à un ami scientifique qui doit fortement regretter que je fréquente ce blog au vu de celles posées dans sa boîte mail :-)))
Nous voici donc très loin du hasard, n’en déplaise à Marx.
Moi je pense qu’il y a encore de nombreux autres facteurs décidant de la nature sexuelle d’un individu ou même de son orientation sexuelle, neurotransmetteurs, glandes endocrines, etc…
Si je me réfère à ce que je connais de mieux, c’est à dire ce qui se passe en moi, je constate que :
L’inspiration est féminine, la création est masculine et que j’utilise parfois à tour de rôle ou parfois en même temps, ces deux éléments. Ce qui n’exclut pas, bien souvent d’extrêmes tensions entre les deux directions, l’une par voie endocrinienne étant légèrement majoritaire ou tendant à exclure l’autre. Seul un parfait équilibre entre ces deux tendances permettrait une harmonie et de les faire travailler en collaboration plutôt qu’en opposition ou qu’elles se considèrent comme des concurrents.
Ce qui m’échappe dans cette observation, c’est l’aspect intellectuel du masculin cultivé à outrance qui semble altérer la notion de création propre au masculin, car il passe plus de temps à édifier des concepts qu’à les mettre en application.
Il est donc possible que l’éloignement spirituel « être relié à la source de vie » de notre société et organisé par une structure non adéquate que nous n’avons pas vu venir et dans laquelle nous nous sommes vautrés comme des imbéciles, soit perturbatrice de toute énergie d’inspiration et de création, que ce soit sur le plan féminin et masculin.
L’inspiration qui ne peut être mise en réalisation est un blocage d’énergie incommensurable et facteur des troubles que l’on connaît dans la société d’aujourd’hui dans tous les domaines et d’une impasse dont on devra bien un jour arriver à sortir pour des raisons de survie.
Ceci dit la survie, là pour moi en ce moment, ce serait de recevoir des alertes aux réponses à nos commentaires sans avoir à les chercher pendant des heures LOL
On peut discuter pour les chasseurs-cueilleurs, mais dès qu’il y a de l’élevage et/ou de l’agriculture le travail tel que nous le connaissons est bien là, et tout ce qui va avec l’accroissement des biens à produire, puis à protéger : travaux pénibles pour les femmes, surveillance et guerre pour les hommes, désir d’avoir plus (de bétail, de femmes etc…)
Voir l’éclairant séjour chez les Nyangatom de la vallée de l’Omo diffusé par FR2 mardi dernier (Rdv en terre inconnue).
@ Jmemeledetout
J’ai trouvé ça sur le net à propos les différences homme/femme: http://www.psycho-ressources.com/bibli/femmes-et-hommes.html
Je pense que la mixité scolaire et universitaire depuis quelques décennies fait que ce genre d’études commence à avoir quelque signification.
J’ai regardé avec attention (c’était mon job) l’aptitude aux mathématiques: supériorité féminine en arithmétique, nette supériorité masculine en géométrie.
Je me demande si la plus grande disposition des hommes pour la géométrie ne vient pas d’une possibilité de couplage chromosomique (XY) (accès au double « cusp » pour les spécialistes de la théorie ds catastrophes) lui permettant de spatialiser sa pensée, couplage impossible chez la femme (XX).
Plus généralement cette différence chromosomique a-t-elle un rapport avec le fait que les femmes seraient plus monistes (plus elles-mêmes) et les hommes plus dualistes (en lutte perpétuelle avec eux-mêmes)?
Je suis passionné par l’oeuvre du mathématicien-philosophe René Thom. Il développe une théorie moniste de la morphogénèse dans laquelle le hasard a une part beaucoup plus sévèrement contrôlée que dans la théorie néo-darwinienne du fait de plus grandes possibilités d’action du soma sur le germen (lamarckisme). Mais sa théorie, qui heurte de front le néo-darwinisme, ne semble pour l’instant n’avoir pas reçu de justifications expérimentales…
@BasicRabbit
Chez Thierry Melchior, c’est le salon où l’on cause :-))) Quoi de plus naturel pour un psy.
C’est la seule chose que j’ai comprise de votre commentaire. Le reste relève pour moi du chinois.
Mais cela s’explique facilement, les femmes ont le sens de l’organisation, le sens pratique, etc… donc plus portées sur l’arithmétique et les hommes sont plus intellectuels et visuels, donc la géométrie leur sied mieux.
C’est un peu comme la différence entre le visuel et l’auditif. La femme écoute, entend, comprend à travers son intuition. L’homme lit, analyse, etc…. Ce qui ne veut pas dire que l’un et l’autre ne lit pas ou n’entend pas, mais c’est une tendance naturelle.
Et il y a encore d’autres exceptions, j’en connais au moins une LOL n’ai jamais rien compris ni à l’arithmétique, ni à la géométrie. Ce qui a pour effet d’avoir un porte-monnaie à géométrie très variable. La seule matière, selon mes souvenirs très très anciens, dans laquelle je n’avais aucun problème, c’était l’algèbre, même si j’en ai oublié totalement les bases entretemps. L’abstrait m’a toujours été facile. Encore une histoire de chromosomes probablement. Résonner au lieu de raisonner.
On en revient à l’idée de départ du post.
A cet instant 249 commentaires sur ce post… Thierry Melchior a fait fort.
@ Jmemeledetout
« Ce qui m’échappe dans cette observation, c’est l’aspect intellectuel du masculin cultivé à outrance qui semble altérer la notion de création propre au masculin, car il passe plus de temps à édifier des concepts qu’à les mettre en application. »
C’est vrai qu’il y a parfois sur ce blog une tendance au monologue de Lucky de « En attendant Godot ». Ama typiquement masculin (je ne m’exempte pas de ce genre de reproche).
Ama seule la présence féminine peut remédier à cet état de fait…
@ Jmemeledetout
Non, je ne le connaissais pas, mais je serai ravi de le découvrir.
Dans le même ordre d’idées, j’ai un bon souvenir du Supplément au voyage de Cook de Giraudoux :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Suppl%C3%A9ment_au_voyage_de_Cook
Merci pour le lien.
Le Papalagui est réédité au petit bonheur de temps en temps, mais on en trouve sur le net :
http://www.amazon.fr/Le-Papalagui-Erich-Sheurmann/dp/2266130323
La vision d’un chef de tribu des Iles Samoa sur notre société occidentale : hilarant et… tellement réaliste.
@ Jmemeledetout
« Votre texte me semble avoir une connotation terriblement masculine de la société. »
J’ai pris conscience de ce fait sur ce blog (combien de billets féminins) depuis quelques mois. Depuis je milite pour une prise de pouvoir (je ne suis pas sûr qu’elles choisiraient ce vocable) par les femmes. Au vu de l’histoire passée elles ne pourront pas faire pire que les hommes.
Je pense que les hommes et les femmes sont différents (un scoop!) et que seuls nos illuminés de Bruxelles légifèrent contre cette évidence. Et qu’une société harmonieuse doit tirer parti de ces différences.
Par exemple, au pif, les femmes font les lois et les hommes exécutent. Ce que femme veut…
Nicolas, peux-tu descendre les poubelles? Oui Carla.
« Albert, entretenir le linge de maison est une corvée fatigante ». Et Einstein inventa le lave-linge en lieu et place de la relativité (dont tout le monde se fout).
NB: extrait du Papalagui ici: http://www.cafe-eveil.org/archives/erich-scheuermann.html
C’est vrai qu’il y a peu de femmes sur ce blog. Faut dire que la plupart du temps, je ne comprends strictement rien de ce qui s’y écrit 🙂
La différence, oui, vrai, est à cultiver et non à annihiler. Que chacun donne le meilleur de ce qu’il a et ne laisse pas l’autre décider de ce que l’un a de meilleur, ce qui est le cas dans la société d’aujourd’hui et d’hier.
Sauf erreur de ma part, Paul contredira si jamais, dans le peu de sociétés matriarcales existant sur Terre ou ayant existé, les choses semblent fonctionner plutôt bien.
Pour ce qui est de l’économie, me semble les femmes ont par voie d’expérience un sens de l’économie différent, mais néanmoins efficace, probablement dû au fait qu’elles respectent beaucoup mieux la globalité des besoins du groupe et le partage qui lui est une notion naturelle. De plus elles gèrent l’argent du ménage depuis des millénaires, ce qui relève bien souvent de l’exploit pour qu’il y ait encore un oeuf dans l’assiette le 30 du mois 😉
Je pense comme vous que l’un a des qualités que l’autre n’a pas et que toutes les lois du monde n’y changeront rien si… tout le monde s’en souvient.
A défaut d’androgynie possible pour l’instant dans l’évolution de l’humanité, la complémentarité assumée reste un miracle.
Ceci dit Nicolas va devoir acheter une multitude de décharges pour parvenir à vider toutes ses poubelles.
Le fait d’être mâle ou femelle est accidentel chez les mammifères (« accidentel » au sens d’Aristote, par opposition à « essentiel »), donc on est l’un ou l’autre au hasard.
@ Paul Jorion
Il n’en reste pas moins que XX est différent de XY et que je pense que la société aurait intérêt à tirer parti de cette harmonieuse différence.
Quid des sociétés dirigées par des femmes dans l’histoire de l’humanité (Wiki n’a pas l’air de dire grand chose)?
Diriger est une mauvaise idée, de toute manière.
Les hommes et les femmes sont des gens comme nous.
@ Paul Jorion
« Diriger est une mauvaise idée, de toute manière. »
Ok. Je pense comme vous. Mais de là à faire fonctionner une société comme la France ou l’Europe sans dirigeants…
Dans l’évangile selon St René il est écrit:
« On pourrait très bien concevoir une société sans chef unique, voire sans chef du tout, mais le corps social serait alors au moins une variété de dimension trois (afin d’avoir un champ ergodique sans singularité et structurellement stable). » Résultat mathématique relativement récent (Smale, Peïxoto, Arnold).
Je ne vois pas comment structurer pratiquement une telle société…
@ BasicRabitt
Sociétés matriarcales et systèmes familiaux matrilocaux, quelques pistes dans:
E. Todd: L’origine des systèmes familiaux, Gallimard, 2011.
Paul ?
N’y a-t-il pas une biochimie quelconque qui crée l’accident en amont ?
Je n’arrive pas à partager cette idée. Pour moi, il y a toujours quelque chose en amont, et encore et encore, jusqu’au retour à la source, à la cause première, à la non matière.
Tous les concepts sont donc voués à être limités dans leur propre cadre, sans tenir compte multidimensionnellement de tous les autres.
Pour certains matheux, même le chaos est organisé.
« Une vérité qui n’inclut pas toutes les autres n’est qu’un fragment de vérité » disait un grand Maître LOL
Mais c’est encore un concept. Je serais plutôt tentée de dire qu’il n’y a pas de vérité du tout, parce que si vérité était, cela impliquerait qu’il y ait aussi un mensonge et l’on serait à nouveau dans une dualité générée par une cause qui ne serait pas la cause première, l’absence de matière.
Que de blabla nous faisons 😉 Agissons, ressentons. Même si ce monde n’était qu’une illusion, ce que j’imagine volontiers.
@bASIC /
////// . Mais de là à faire fonctionner une société comme la France ou l’Europe sans dirigeants… /////
ou comme la Belgique …ou la Suisse ?
Une société de subsidiarité inversée n’ a pas besoin de centre …Une société de groupe de groupes …la seule dictature doit se situer au plus pres du groupe , parce qu’étant pondérée par l’ affect lié a la proximité , elle devient « virtuelle » .
L’important , de meme me semble t il , c’est d’inverser l ‘ offre et la demande …..il vaut mieux attendre 2 mois un vélo qd on en a réellement besoin que de produire a bas cout (voire a Bacou) , des millions de vélos qui ne ferons pas 20 bornes avant d’atterrir a la ferraille …….meme si on doit le payer 3 fois plus cher …parce que terminé et monté localement .
@BasicRabbit
Les maths sont une chose, la sociologie c’en est une autre !
La seule chose que vous pouvez faire c’est essayer de trouver des analogies, de formes, de structures, etc. En n’oubliant pas que ce ne sont que spéculations ! Ne soyez pas surpris qu’en réfléchissant sur les maths il n’en résulte pas une théorie sociologique ou politique.
@ Jmemeldetout
Chez les insectes sociaux, oui. C’est la reine-mère qui opère la détermination sexuelle de sa descendance.
@ Kercoz
Lorsque je lis vos commentaires j’ai l’impression que les sociétés auxquelles vous faites référence ont quelques centaines ou au plus quelques milliers d’individus disposant de suffisamment d’espace pour permettre l’essaimage. Est-ce cela?
@ Lisztfr
« La seule chose que vous pouvez faire c’est essayer de trouver des analogies, de formes, de structures, etc. En n’oubliant pas que ce ne sont que spéculations ! »
Les théories de Thom contiennent une théorie de l’analogie. Elles permettent des spéculations analogiques auparavant quasi-interdites en sciences. Elles sont ama de formidables forces libératrices de pensée face au dogme mortifère du TINA.
@Basic :
//// les sociétés auxquelles vous faites référence ont quelques centaines ou au plus quelques milliers d’individus disposant de suffisamment d’espace pour permettre l’essaimage. ////
Ma démarche est des plus simpliste .
Je m’ appuie sur l’ hypothèse d’ une forte rigidité comportementale issue du formatage du couple individu -groupe qui ne peut qu’avoirs durer des millénaires depuis la sortie de l’animal solitaire, en abordant le groupe social …jusqu’au néolithique .
Ce modèle qu’il soit paléo ou grand singe initial mais social , est identique en terme de territoire (qqs jours de marche , et de la population que ce territoire peut nourrir : une centaine d’ individus .
Ce nombre réduit permet le relationnel fort en terme d’affect interactif.
La surabondance conjoncturelle d’individus provoque effectivement l’essaimage ou scissiparité (conflictuelle ou apaisée)…… Ce qui suppose un système ouvert sur un milieu théoriquement infini .
…Toujours ds cette hypothèse idéalisée , le groupe voisin est trop eloigné pour qu’un relationnel effectif puisse etre considéré comme effectif et frequent…Ce qui induit un caractere d’ »endogamie » culturel exclusif ( rien n’existe hors du groupe ..point de salut ..etc .. ) ce qui explique que le nom de chaque tribu signifie « homme » , les autre n’etant pas humains …
Les groupes se densifiant ( 40 000 ans) , le modèle peut rester « naturel » s’il évolue , du fait des rapprochements et des échanges , vers un modèle fractal conflictuel , mais par forcément violent .
L’essaimage va aussi se heurter a la limite territoriale , et celà se règle par l’occupation de terrains moins favorables (altitude , ou steppe ) qui induisent des modif de comportement (moins d’enfants , rigidité , violence , nomadisme , rusticité…) j’ai expliqué ailleurs que ces « marginaux » de par leur rusticité peuvent régénérer le signal humain si les groupes dominants sont décimés ou se trouvent inadaptés (changement climatique par ex ) ….
Ce modèle reste naturel parce que parcellisé et enchassé ds les boucles trophiques ….meme si des dégats commencent a se produire du fait d’un parasitage d’un système linéaire centralisé squattant et se nourrissant du modèle archaique : les civilisations -empires .
Mais nous sommes deja ds des dérives , ds une dé-naturation de la structure originelle .
Cette tentative de modélisation ne doit pas porter au romantique mais permettre peut etre de trouver des outils pour corriger nos problèmes .L’ optimisation de l’individu ne peut etre autre que celui du moule qui l’a engendré …..Un groupe restreint est certe aliénant (relire le cheval d’orgeuil ou montaillou) , mais ce me semble etre le modèle qui valorise , responsabilise le mieux l’individu et celui qui maitrise le mieux l’ Hubris et la tentation consumériste .
Il n’est certe plus possible d’acceder a ces groupes restreints isolés , mais du moins pourrait on étudier l’ outil pour s’en resservir .
Ah oui ? Merci, je l’ignorais. Sont visiblement mieux organisés que nous 🙂
Alors en amont de cette reine-mère, il y a bien une pulsion biochimique qui lui permet de faire cela aussi.
Mais si l’on en croit ce qui est dit ici, elle n’ont pas que cette faculté là, également celle de tuer toutes celles qui pourraient lui prendre sa place o) Pas très féminin effectivement comme réaction.
http://les.abeilles.de.corbeil-essonnes.over-blog.com/article-la-reine-mere-selon-l-abbe-emile-warre-70386162.html
Et je viens de tomber sur ceci qui est fascinant : L’histoire de l’apiculture :
http://www.catoire-fantasque.be/animaux/abeille/histoire-apiculture.html
Et c’est ainsi qu’en partant d’un post de Thierry Melchior, notre addiction aux produits de la société nous amène aux abeilles.
Qu’on ne vienne plus jamais me dire que tout n’est pas relié
Je n’arrive pas non plus à adhérer à cela. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas trouvé encore les fils qui relient toute chose qu’ils n’existent pas…
Et nombre de scientifiques par exemple cherchent à relier ces fils justement dans leurs recherches. Gloire à eux, c’est grâce à une vision holistique que l’humanité pourra avancer.
@ Paul Jorion
« Le fait d’être mâle ou femelle est accidentel chez les mammifères (« accidentel » au sens d’Aristote, par opposition à « essentiel »), donc on est l’un ou l’autre au hasard. »
Donc à peu près 50/50. ça me fait penser à ce que (de mémoire) vous dites des théories de la formation des prix en bourse: elles ne fonctionnent correctement que lorsqu’il y a équilibre offre/demande…
@ JORION
Peut-on dire cependant, que, c’est un hasard qui fait bien les choses ?
Car en fin de compte, il est bien qu’il y ait un nombre à peu près égal d’hommes et de femmes.
Et c’est bien le cas. Par quel hasard ?
Enfin, qu’il est vital de conserver cette figure « accidentelle » comme telle et ne pas chercher à vouloir interférer, sinon on risquerait de perdre l’essentiel… (CF. fentes de Young ?)
@ PHILGIL (et aussi Jmemeledetout et Paul Jorion)
« Car en fin de compte, il est bien qu’il y ait un nombre à peu près égal d’hommes et de femmes.
Et c’est bien le cas. Par quel hasard ? »
Ce n’est pas le cas. Il y a statistiquement en France 105 garçons à naître pour 100 filles.
René Thom, j’en suis quasi-sûr, donnait une explication théorique à cette différence dans la 1ère édition de SSM. Explication qui a disparu de la deuxième édition.
@ Jmemeledetout
la sociologie a son irrationnel, que les maths ignorent raisonner !
@ BasicRabbit
Cette petite inégalité que vous soulevez, mais que l’on peut constater un peu partout dans d’autres sociétés humaines, animales… ne me semble pas être une fausse note. Bien au contraire.
À condition bien-sûr que cette différence reste de cet ordre (très faible).
Car je crains que s’il y avait une EGALITÉ PARFAITE, à toutes les étapes des processus évolutifs, alors il ne pourrait y avoir de vie, tout simplement. Il faut des rapports allant vers un équilibre, non vers une égalité sectaire. Il y a le pair et il y a l’impair, les deux se côtoient tout le long de la vie…
– Il était une fois deux lapins (La). Une paire à laquelle s’ajoutèrent d’autres lapereaux (Lb).
Cet ajout était au nombre de trois. Nous étions alors passés à deux paires.
A y voir et compter mieux, la paire accueillant l’ajout impair allait mettre fin au pair, nous offrant ainsi deux paires, dont une au nombre pair (P1) et une autre au nombre impair (P2).
Ainsi, et pour le cas des paires : 1(La)+1(Lb)=2
Puis, pour le nombre de membres/paire : 2(P1)+3(P2)=5
La paire devint paires alors que le pair devint impair.
C’est la fin… d’un compte conté !
« Environ 1 salarié sur 5 travaille par équipe en alternance ou de nuit. » (INRS)
Et pourquoi ce salarié travaille-il de nuit ?
Le plus souvent (hors infirmières etc.), c’est pour suivre la machine qui, elle ne s’arrête jamais. Quel progrès ! Pire, dans cette civilisation présentée de loisir, le travail posté progresse et touche les femmes.
Nos sociétés sont à deux faces :
– Celle montrée, proclamée, loisirs, travail de bureau (« quand vous allez le matin au bureau… »), travail choisi, convivialité, esclaves matériels efficients et gratifiants.
– Son revers, basses oeuvres ouvrières, couloirs de chimie, déchets (visitez une usine d’incinération), agressivité sociale, désorientation sociale (non compréhension des mécanismes internet, économiques, de dominance…).
Quant à « l’addiction consumériste », elle est la conséquence d’une aliénation, mise en oeuvre par nos dominants marchands pour accroître leur richesse.
Il est curieux de constater comme le stade actuel du capitalisme conduit à une économie à la soviétique.
Dans la grande surface (Carrefour), la multiplicité des marques a été progressivement remplacée par les produits « maisons ». Sur nombre de rayons : Carrefour, Carrefour, Carrefour…
Les pommes et autres : quelques variétés industrielles.
L’habitat : HLM ou HLM à l’horizontal type « maison Phénix » amélioré.
Les chaînes du robinet à image : toutes les mêmes, avec les mêmes présentateurs « high tech ».
Les entrées et sorties de villes sont semblablement laides.
etc.
Ce qu’il y a à revendiquer : la beauté, « Rendez-nous la beauté ! » Dominique A ici
ou ici, si ça n’a pas marché http://www.dailymotion.com/video/xpg6ze_dominique-a-rendez-nous-la-lumiere_music?start=10
Delphin
Bonsoir,
Votre texte résume,simplement et avec pertinence, de nombreuses approches critiques qui furent développées tout au long du dernier demi-siècle. Vous terminez votre texte par l’appel, justifié, à un changement d’Éthos, rien n’est plus difficile. Ainsi, l’alcoolique qui croit à l’éthos de la séparation de l’esprit et du corps, comme l’ a montré Bateson dans sa théorie du doublebind, vit dans l’illusion que sa volonté peut lui permettre d’arrêter de boire. La seule conversion et guérison sera de reconnaître que sa volonté n’y peut rien, et dans le cas de la manip des AAA , est de s’en remettre à Dieu .
Je pense qu’il est des thérapies complémentaires, l’écosophie gentille peut ainsi rejoindre l’arrachage des masques, conseillé par Montaigne . Par exemple, un groupe social qui voudrait, à la façon d’un alcoolique, en finir avec la domination, il n’en finira jamais s’il reste dans l’éthos de la lutte (des classes), et ne prends pas conscience d’être mené par le bout du nez de ses engrammes thalamiques socio-culturellement construits afin de satisfaire le mode d’organisation sociale appuyé sur la dominance et, dont tous les principaux effets sont décrit dans votre présentation.
Il y a quelques minutes, j’avais abordé ce thème de la croissance sous cet angle restreint, j’y renvoie, en amorce de la discussion à laquelle vous nous invitez, et que je crois également utile d’approfondir.
Oui, je connais bien cette analyse de Bateson à propos des AA (pas des AAA, Moodys les a sans doute dégradés ! 🙂 )
Elle me fait penser à la notion d’hubris, cette démesure orgueilleuse de l’homme qui n’accepte pas qu’il ne peut pas tout contrôler. Et plus il veut tout contrôler, plus ça se retourne contre lui.
J’avais vu votre post précédent et je me disais aussi qu’il y avait des convergences avec ce que j’ai pu dire (et qui, comme vous l’avez relevé a déjà été exprimé par bien d’autres que nous depuis quelques décennies).
@ Thierry,
j’écris souvent en bourrant les sous-entendus; ainsi, AAA est destiné évoquer les andouillettes AAAAA, (Association amicale des amateurs d’andouillette authentiques). Je vois que votre formation d’analyste vous a bien dit qu’il y avait quelque chose à relever là dessous. Mon intention était de d’évoquer chez le lecteur l’idée que le trip mystique de Bateson pour son dernier changement de contexte (entre le III au IV niveau) l) lorsqu’il nous sert le poncif de « l’éternité dans un grain de sable … « where angels’s dare » ne me convient pas (sous cette forme, autrement ça va) .
Pour le reste, je place Bateson au premier plan, juste un pas derrière le Jorion sur l’invention de la vérité et de la réalité, c’est le même sujet , sauf que Jorion, dans ce domaine, effectue ,pour de bon, un changement de contexte ( pas un simple changement de cadre) vraiment radical,là, il a fait le pas …, alors que Bateson ne faisait qu’en évoquer la possibilité!
Vous écrivez : à propos de l’analyse batesonienne du double-bind alcoolique, « Elle me fait penser à la notion d’hubris, cette démesure orgueilleuse de l’homme qui n’accepte pas qu’il ne peut pas tout contrôler. Et plus il veut tout contrôler, plus ça se retourne contre lui. »
Pensez-vous que « le moi doit déloger le ça. C’est la une tâche qui incombe à la civilisation tout comme l’assèchement du Zuydersee » soit l’expression d’une hubris ?
A+
@ Jean-Luce Morlie
Le « Wo Es war, soll Ich werden » me paraît maintenir le fantasme d’une parfaite auto-transparence à soi-même et à ce titre, je pense qu’il y a hubris, oui. (J’imagine que P. J. ne sera pas d’accord avec ça, nous n’avons pas vraiment la même appréciation de Freud).
Ce qui me semble y avoir de juste, et qui est peut-être assez proche de cette idée freudienne, c’est la nécessité d’apprendre à se laisser suffisamment sentir ce qui se passe en soi, à commencer par l’accepter. C’est une idée peut-être assez proche de celle de Freud, mais elle ne me paraît pas identique, notamment parce qu’elle ne suppose pas qu’une herméneutique de soi soit possible.
Mais cela dit, je ne suis pas sûr de comprendre le rapport entre cette question et le reste de votre propos.
Thierry,
Pourquoi j’attire l’attention sur « Wo Es war, soll Ich werden », ?
Je considère qu’il y a plusieurs approches de l’inconscient et que ces approches sont complémentaires. Dans la perspective d’une constitution pour l’économie, je privilégie l’approche de Laborit (je donne mon avis hein, pas plus ).
En matérialiste, l’information n’est que de l’information, mais si l’information suit des circuits « hard », la façon, première, dont cette information utilise ces circuits donne une structure à l’information qui cherchera à perpétuer cette première structure comme telle , et même au travers de nouveau câblage nerveux et physiologiques, mais aussi, et surtout, au travers de la structure inconsciente du langage, appuyée sur les circuits d’affects, d’où votre constatation « … Et plus il veut tout contrôler, plus ça se retourne contre lui » .
Je pense donc que la tâche, commencée par Laborit, lorqu’il cherchait à débusquer les mécanismes inconscients sous-jacents à ce que nous appelons « territoire » « propriété », « travail, etc . peut être continuée. Même si cela peut paraître une hubris semblable « à l’assèchement du Zuiderzée » .
Je pense au contraire que la tâche est plus aisée qu’il n’y paraît, mais alors il faut réunir un groupe et diffuser ces idées, les améliorer, les mettre à jour,..
Par ailleurs je pense que nous n’avons pas à pactiser, ni à lâcher prise, il s’agit, dans la perspective de Boris Rybak, ( je ferai un résumé à main levée, dès que j’aurai un peu de temps ) de faire accéder la nature de l’humanité au stade éthique. L’architecture de notre système nerveux le permet, les chemins qui mènent à la réponse sont , sur le plan physiologique, entièrement ouverts.
A +
Ps. amener des copains, qu’on s’amuse !
« Il y aurait lieu, à cet égard, de prêter une attention particulière à la façon dont nos objets techniques contribuent à façonner nos façons d’être, de penser et d’agir. »
En effet, question passionnante et largement sous-estimée sauf par la médiologie.
@ Cadavre exquis
Merci pour ce lien !
Bonjour tous. Je suis une lectrice fidèle de ce blog mais n’intervenant pas parce que je ne vois pas ce que mes interventions apporteraient de plus à vos billets et commentaires, globalement très intéressants et sources d’informations précieuses que je ne trouve pas ailleurs.
Toutefois, je m’étonne qu’il ne soit pas fait – ou trop rarement fait et sans recueillir beaucoup d’écho ; ou alors cela m’a échappé et je m’en excuse bien sûr – je m’étonne donc, disais-je, et je regrette qu’il ne soit fait guère allusion aux essais de Bernard Stiegler, président d’Ars Industrialis qui a donné cet hiver une conférence à Paris avec Paul Jorion, et qui est, entre autre, l’auteur de
.
Je suis malheureusement bien incompétente en la matière pour présenter, articuler aux problématiques discutées ici et défendre utilement cet ouvrage qui traite de la mondialisation de fait qu’il est trop tard pour combattre mais dont on peut encore dépasser les effets négatifs en envisageant chaque nation – nation : au sens traditionnel – comme s’imbriquant dans une « société contributive », l’ »internation » des différents domaines d’activité n’ayant plus, du fait des nouvelles technologies, notamment numériques, à se soucier des frontières nationales actuelles, déjà obsolètes dans les faits. Chaque citoyen du monde, notamment chercheurs, scientifiques, universitaires et bien sûr politiques, peut alors s’envisager comme contributeur de cette « internation », laquelle ne lisse en rien la spécificité de ses racines locales comme le fait la mondialisation actuelle, mais peut alors être à considérer plutôt comme un élément de la richesse « patrimoniale » non plus de « sa » nation mais de l’ensemble des nations envisagé comme « internation ».
Bernard Stiegler traite également dans ce livre de la problématique de la vitesse des nouvelles technologies qui vont tellement plus vite que tous les systèmes institutionnels qu’ils créent de vrais catastrophes individuelles et collectives (mondiales) dans tous les domaines en échappant à leur « créateurs » et ne laissant plus de temps pour une adaptation synchronisée des innovations et des réflexions permettant d’y adapter un cadre juridique, politique, social adéquat. Mais il appelle aussi, me semble-t-il, tous ceux qui le peuvent – et je n’en suis certainement pas ! – à procéder d’urgence à l’analyse de l’état des lieux des développements du numérique et des problématiques ainsi soulevées – dont ni les états, ni les politiques, ni les juristes, ni les universités ne sont prêts à envisager tous les effets et dangers potentiels.
Pour finir, un autre aspect de sa pensée me semble encore mériter d’être souligné : toute solution technique étant une réponse (« pharmakon ») à un problème technique auquel les hommes se sont un jour ou l’autre affrontés pour dépasser un obstacle, une limitation, se trouve avoir un effet « thérapeutique » tout à fait temporaire à cette limitation : au bout d’un certain temps, la réponse technique elle même posant de nouvelles problématiques, le remède devenant même parfois poison et source de danger potentiel pour la communauté humaine, créant de nouveaux obstacles comme autant d’invitations à innover pour dépasser ceux-ci … on n’en finit jamais. et la présente période de crise est sans doute celle d’un appel à un énième dépassement totalement inédit puisque jamais la configuration actuelle de l’ère numérique n’a encore été rencontrée telle que nous la connaissons aujourd’hui.
J’espère ne pas trop trahir l’auteur en résumant sa pensée de la sorte (?), j’en serais vraiment navrée. Quoiqu’il en soit, J’espère avoir donné à quelques uns ici l’envie de lire cet ouvrage que je viens d’offrir à mon fils qui habite depuis 20 ans sous les tropiques, dans un pays dit émergent. Pas sûr que la chaleur humide là-bas lui en facilite la digestion ! mais ici, sous des cieux plus tempérés, ce serait peut être moins difficile.
J’ai répondu plus bas (avec bcp de fautes dans le billet, désolé)
Bonne référence, à compléter par la théorie des mèmes (mémétique)
http://www.amazon.fr/La-th%C3%A9orie-m%C3%A8mes-Pourquoi-imitons/dp/2914388772
vulgarisée ici
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A8me
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9m%C3%A9tique
et par la « société mémetique »
http://www.memetique.org/page/3/
@ Sage: « Lorsque le sage montre la lune, le médiologue regarde le doigt » ( Régis Debray ) 😉
@ Camomille
Il y a ici un stieglérien affiché: Timiota. Voir en commentaire 17 de ce billet.
Tapez également « Stiegler » dans le moteur de recherche du blog (en haut et à droite de la page d’accueil).
Merci beaucoup Basic Rabbit !
Autant pour moi, l’intervention de Timiota m’avait échappé en effet. Merci encore.
Coucou Camomille
Oui, Stieglerien sans être bien fidèle à Ars industrialis, mais c’est le seul philosophe qui m’a « accroché » quand j’ai eu mon overdose de Monde Diplo vers 2000-2003.
Aussi parce qu’il flirte avec le technophile, et que j’ai de loin croisé les pas de Leroi-Gourhan dont il s’inspire (j’ai lu Le Geste le la Parole dans les années 1980, puis l’oubliai un peu), vers l’Yonne et la Cure.
IL faut bien être conscient toutefois que le côté « French Theory » est un repoussoir, et que peu de gens sont prêts à suivre un Stiegler quand ses phrases emboitent 7 subordonnées relatives et parenthèses, et qu’on fait dire un peu ce qu’on veut aux mots. C’est parce que pour moi « ça colle » quand je leur fait dire ce que je veux, à ses mots, que je pense que « nous sommes d’accord au fond » avec Stiegler. Mais quelle chance que cela convainque plus de gens ? Pas des masses. En revanche, comme « ferment », mille fois oui, auprès d’un Jorion ici, ou auprès d’autres publics (il y a des Simondoniens avertis dans Paristech Telecom, ou des gens sensible à la problématique Stieglerienne dans le sillage de l’internet des choses, ou autour de Serge Galam, le « sociophysicien ».
Mais je n’ai pas vu de grosses étincelles le jour où Jorion a causé au Théâtre de la Colline. Alors que pour moi, il y avait matière à faire coller les concepts de-ci de-là, des déclinaisons autour de la philia ou de l’énergie libidinale, ou parler du Conatus spinozien dans l’optique de Lordon…
Causer quoi…
@Timiota,
Je prends seulement maintenant connaissance de votre réponse. Merci à vous d’avoir pris la peine … Je suis bien d’accord avec vous sur la difficulté de lecture de Bernard Stiegler mais peut-être qu’il a été prévenu des réactions de son lectorat : autant « ce qui fait que la vie vaut d’être vécue » m’avait assommée pour son style que je trouvais imbuvable, autant son dernier ouvrage « Etats de chocs » a vaincu mes réticences – sauf rares exceptions- et m’a vraiment paru mériter d’être lu – ceci dit, je ne prétends pas avoir tout compris 🙂 – mais je sais que cela vient pour une bonne part de mes propres limites et je pressens que c’est bien dommage. Cet hiver, j’étais allée les écouter (lui et Paul Jorion) au théâtre de la Colline mais la salle était comble et je n’avais pas pu entrer.
ps : je ne sais pas trop où va atterrir mon commentaire, ni même si vous le lirez : c’est un peu la bouteille à la mer !
Et revoilà Attali. Pas de grande élection sans Attali, il est à l’élection ce que le beaujolais est à l’automne, un élément superflu, hautement superfétatoire. Attali et ses rapports, ses conseils, se bonnes paroles, aujourd’hui ici, demain là bas, conseillé à droite comme à gauche, il aurait fait carrière à la cour comme ….
« ces affables donneurs d’ embrassades frivoles,
ces obligeants diseurs d’ inutiles paroles, »
Je n’ai rien contre Attali personnellement, un homme fort sympathique. Je constate que ses conseils ne sont fort heureusement jamais appliqués. Frustrant ?
Il ne se rend jamais compte de la quantité d’obstacles qui s’accumulent devant ses chemins tout tracés… qu’il fait peser sur l’Allemagne la garantie des bonds, que le fédéralisme va signifier outre la réduction des souverainetés; que l’Allemagne soit le garant des dettes contractés au nom de tous…
Le problème du prêt à porter.
Jetables donc jetées.
Quand on a une petite entreprise à faire tourner…
petite entreprise, réputation à soutenir: même chose.
« La réduction des souverainetés » n’est pas pour lui
un obstacle. Il défend un gouvernement mondial.
« l’Allemagne soit le garant des dettes contractés » :
Là est l’argent, le reste est de la même logique.
On pourrait presque parler de « fédéralisme attalien », tant qu’il nous bassine en abondance, plus qu’il ne faut, avec son idée de Polichinelle, que cela devient « fadaraliste ». Mais Chut !
Attali se prend pour Dieu le père, rien que ça
Il y a un autre aspect au mot travail et que tous les salariés resentent, . C’est non seulement le temps que l’on passe à une activité « productive », mais aussi le temps que l’on passe sous l’autorité d’una autre personne ou de ses préposés. Autorité ? parfois esclavage.
Quand les oligarques nous parlent, avec un air entendu et stupide, de leur temps de travail illimité, jamais ils n’invoquent cette dependence et pour cause, ils ne la subisent pas. Le travailleur quand il quitte son lieu de travail, quand il se libère, continue une activité, soigner ses enfants, partager avec le voisinage, soigner l’environnement, s’impliquer, etc… sans compter son temps. Mais cette activité n’est pas considerée comme du travail, n’est pas comptabilisée dans le PIB, tout se passe comme si le travail avait cette double caractérisrique, temps remunéré, dependance hiérarchique. et j’e n’evoque pas le « tripallium », instrument de torture romain à l’origine du vocable tra vail.
@ carlos
Je pensais que moi aussi telle était l’étymologie de travail, mais apparemment cela ne fait pas l’unanimité :
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-luce-morlie/280911/tripalium-une-etymologie-ecran-archive
Je crois que ça ne change pas grand chose et de toutes façons je n’ai pas les compétences pour avoir un avis sur la question…
@ Thierry,
Dans les sociétés techniques avancées, les capitalistes doivent maintenir le « travail » non pas pour satisfaire aux besoins de la société, mais comme prétexte à faire tourner la machine à accumuler tout l’argent dans leurs poches 😉 . Dans toute organisation sociale qui ne serait pas autogestionnaire et libertaire, ceux qui veulent être les chefs ont besoin du travail pour avoir un prétexte pour commander aux autres, mais ça ne s’avoue pas facilement, aussi il vaut mieux entretenir la conception doloriste du travail, c’est une manière de faire croire que le travail est quelque chose de très sérieux, Monsieur ! ( Aujourdhui, les chefs nous réunissent pour améliorer participativement et démocratiquement les conditions de notre esclavage moderne : l’obsolescence calculée : « faire et défaire, c’est toujours travailler » etc. )
A+
« Aujourdhui, les chefs nous réunissent pour améliorer participativement et démocratiquement les conditions de notre esclavage moderne : l’obsolescence calculée : « faire et défaire, c’est toujours travailler » »
Et demain la guerre pour les mêmes raisons dans l’ordre inverse: détruire et reconstruire c’est toujours travailler.
Excellent billet. Merci
Vous avez parfaitement raison, depuis 5 siècles, c’est la rente financière qui est le moteur du progrès, on va dire exclusivement matériel. http://www.pauljorion.com/blog/?p=5898
Avec l’épuisement des ressources planétaires et notamment le pétrole qui voit sa croissance s’annuler, ce moteur est grippé par manque d’huile et il faut le remplacer par autre chose.
Il me semble qu’il serait bon de comprendre enfin que nous pouvons améliorer notre bien-être en consommant de moins en moins de ressources si nous investissons là où c’est nécessaire.
Exemple pratique: Je viens de remplacer les chassis de ma maison ainsi que la chaudière, étant chauffagiste, ma consommation est passée de 7 m3/jour à 3,5 m3/jour environ.
C’est une économie tout à fait apréciable que je n’utiliserai pas pour m’acheter une nouvelle voiture et que j’aimerais bien investir dans d’autres procédés économiseurs.
Hélas, l’économie d’énergie réalisée va, dans le cadre du capitalisme, être utilisée par effet rebond http://decroissance.free.fr/Schneider_l_Ecologiste.pdf dans des productions et consommmation sans intérêt.
Comment éviter cela?
Ayant fait l’effort de ces investissements grevés il faut le dire de charges d’intérêt substancielles, je pense qu’il faudrait donner une valeur à ces économies qui resteraient en ma possession pour que je puisse les réinvestir dans d’autres système économiseur.
http://ploutopia.over-blog.com/article-30316837.html
C’est ce que j’appelle la rente énergétique, mais comment la mettre en oeuvre, comment organiser la société autour de ce concept qui me semble aller de soi?
C’est beau de changer d’ethos et d’habitus, mais si on se retrouve seul à défendre ces idées on n’avance pas.
@ michel lambotte
Je pense aussi que l’effet rebond (trop méconnu) est quelque chose à prendre très sérieusement en considération : il montre, à mon avis, que des solutions purement technologiques à nos problèmes n’est pas possible et qu’un changement de mentalité est absolument indispensable. D’où la nécessité d’essayer de construire une « écosophie ».
http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_rebond_%28%C3%A9conomie%29
http://www.monde-diplomatique.fr/2010/07/GOSSART/19374
Bonjour Thierry
Merci pour votre réponse;
Ce n’est rien d’autre que la rente énergétique que je propose.
Bravo, géant, c’est tout simplement GEANT mais mon esprit a besoin de relire tout cela à tête reposée avant de faire des commentaires constructifs et il y a de quoi faire.
Je partage l’avis de Papimam et felicite Paul,Francois et tous les autres ,si ca continue comme cela on va finir ou tout commence!
Oui 🙂
Le blog est de plus en plus riche et profond .
Merci à tous ceux qui partagent ici ce qu’ils sont et ce qu’il savent jour après jour. MERCI!
Il est possible vous trouverez ceci sans intérêt à moi me plait donc je vous fait suivre 🙂
Nouvelle loi du travail au Venezuela : un pas de plus vers la vraie vie.
« La nouvelle Loi du Travail célébrée en grande pompe par les travailleurs vénézuéliens ce 1er mai 2012 est un vieux rêve devenu réalité au bout d’un débat citoyen qui a duré près de trois ans. Plus de 19000 propositions ont été remises par toutes sortes d’organisations de travailleurs, syndicats, coordinations, etc.. à la commission présidentielle chargée d’élaborer le projet. Avec la Constitution Bolivarienne, c’est le texte de loi qui a le plus bénéficié de la participation populaire.
Nous avions rendu compte de ce débat national il y a quelques semaines : “Le Venezuela ouvre le débat pour construire une nouvelle loi du travail“
Résultat : la loi signée le 30 avril 2012 par le président Chavez brise enfin le carcan néo-libéral où les gouvernements antérieurs avaient étouffé les droits sociaux. Depuis le 2 mai la loi (dont on peut lire ici le texte intégral en espagnol) circule gratuitement sur internet et de main en main, massivement, dans plusieurs journaux. Sauf dans ceux de l’opposition qui relaient les critiques patronales contre la loi, contre l’égalité homme/femme, contre l’augmentation des indemnités dues aux travailleurs, etc… Des réunions seront organisées partout dans les mois qui viennent, notamment par les syndicats, pour continuer à faire connaître la loi et pour qu’elle soit un levier de nouvelles transformations.
Points forts : l’égalité entre hommes et femmes ; l’interdiction de la sous-traitance du travail ; les conseils de travailleurs. Ceux-ci ne substituent pas les syndicats (qui voient leurs prérogatives renforcées par la loi). Leur fonction, bientôt développée par une loi spéciale, est de promouvoir la participation des travailleurs et de la communauté vivant autour des centres de travail, dans la gestion des entreprises. Ainsi que de lutter contre la spéculation, l’accaparement des produits de première nécessité.
Détail amusant (qui rappelle l’extrême misère de l’information sur le Venezuela en France) : pour occulter le débat citoyen à la base de cette loi, le Monde et l’AFP n’ont rien trouvé de mieux que de la présenter comme une épreuve de force entre un autocrate et son opposition. Saluons cette nouvelle victoire du droit des lecteurs qu’on “informe” sur une Loi du travail sans donner la parole à un seul des millions de travailleurs concernés mais en la donnant… au patronat.
Cette loi s’accompagne par ailleurs d’une nouvelle augmentation du salaire minimum, qui en fait le plus élevé d’Amérique Latine. Une augmentation du pouvoir d’achat protégéee par la baisse continue de l’inflation depuis cinq mois consécutifs (0,8% en avril), par une loi de contrôle des prix pour les produits de première nécessité et l’offre concomitante de biens bon marché produits par les entreprises nationalisées.
Voici un résumé (non exhaustif) de quelques uns des droits dont jouissent à présent les travailleurs vénézuéliens.
Les indemnités auxquelles aura droit le travailleur lors de la fin ou lors de la rupture d’un contrat seront calculées en fonction du dernier salaire. Le travailleur y a droit de manière immédiate, tout retard dans le paiement entraînant des intérêts supplémentaires à lui verser. Ce calcul d’indemnités a un effet rétroactif à partir de de juin 1997, date à laquelle le gouvernement néo-libéral de Rafael Caldera et de Teodoro Petkoff avait modifié la loi au détriment des travailleurs. A présent le patron devra verser pour chaque trimestre et à chaque travailleur une somme équivalant à 15 jours de salaire. (Art. 141 y 142).
DAVANTAGE DE BÉNÉFICES NON SALARIAUX. La loi crée des avantages nouveaux (non décomptables des cotisations et des épargnes déjà établies en faveur des travailleurs) : notamment le remboursement de soins médicaux, l’octroi de bourses ou le financement de formations, de spécialisations. (Art. 105)
SANTÉ ET ÉDUCATION GRATUITES PROTÈGENT LE REVENU DU TRAVAILLEUR. (Art. 97)
DURÉE DU TRAVAIL. La durée du travail qui était jusqu’ici de 44 heures (ce qui obligeait à travailler les samedis) se réduit à 40 heures hebdomadaires (Art. 173). L’idée est d’avancer progressivement vers plus de temps libre (Art. 174)
SIX MOIS DE CONGÉ PRÉ- ET POST-NATAL (six semaines avant l’accouchement et vingt semaines ensuite) (Art. 336 y 338). Les pères auront droit de leur côté à quatorze jours de congé à partir de la naissance de leur enfant (Art. 339). Les parents sont désormais protégés contre toute forme de licenciement durant deux années à partir de l’accouchement. La loi prévoit des avantages semblables en cas d’adoption. L’idée est de permettre à l’enfant d’être mieux accueilli, mieux entouré affectivement par ses parents . Des repos quotidiens sont prévus pour l’allaitement des nourrissons (Art. 335-330-345)
LA SOUS-TRAITANCE DU TRAVAIL EST INTERDITE. Cette pratique s’était étendue à toute l’Amérique latine depuis les années 90 avec la néo-libéralisation du continent. On estime qu’au Venezuela 1 million 200 mille travailleurs en sont victimes.
RETOUR DE LA DOUBLE INDEMNISATION, comme l’avait annoncé le président Hugo Chávez peu avant la promulgation de la loi. Ce mécanisme vise à sanctionner le patron qui effectue un licenciement injustifié, et à compenser la perte de l’emploi pour le travailleur en doublant ses indemnités de licenciement (Art. 92)
LE PATRON PAIERA PLUS S’IL LICENCIE. Tandis qu’en Europe les politiques d’ajustement visent à rendre les licenciement moins chers pour le patronat, au Venezuela la nouvelle loi en élève le coût pour le patron (Art. 92)
QUINZE JOURS D’INDEMNITÉS DE VACANCES, c’est ce que devra payer à présent le patron au travailleur en plus du salaire normal (Art 192).
PLUS DE JOURS FÉRIÉS. La nouvelle loi prévoit quatre jours fériés de plus en faveur des travailleurs (Art. 184).
VACANCES OBLIGATOIRES. Le travailleur devra jouir de ses vacances de manière effective et obligatoire (Art 197).
LE CALCUL DES DIVIDENDES ET AUTRES BÉNÉFICES DE FIN D’ANNÉE DÛS AU TRAVAILLEUR se fera a présent sur la base de trente jours au lieu de quinze. La fourchette va donc à présent de trente jours minimum à quatre mois maximum de salaires (Art. 131-132). Les organisations syndicales pourront aussi inspecter les comptes de l’entreprise pour déterminer si ce qui est versé aux travailleurs reflète bien la réalité des bénéfices de l’entreprise (Art. 133-138)
Sanctions légales contre les patrons délinquants, avec DE POSSIBLES PEINES D’EMPRISONNEMENT. Nouveauté introduite par la loi, la détention comme mécanisme de sanction en cas d’infraction à la loi par un patron. Exemples d’infractions : le refus de réembaucher un travailleur, la violation du droit de grève, le refus d’appliquer ou l’obstruction aux actes des autorités du Travail. Ces infractions seront sanctionnées par une mesure de détention de six à quinze mois. (Art. 512, 538)
LA FERMETURE D’UN CENTRE DE TRAVAIL sera également cause d’une mesure de détention qui peut aller de six à quinze mois selon le verdict des organes juridiques compétents de la République. Toute récidive est punie d’une peine augmentée (Art. 539-540)
TRAVAILLEURS FIXES DÈS LE PREMIER MOIS. Les travailleurs de durée indéterminée (comme de durée déterminée, ou à la tâche) seront considérés comme fixes par la loi dès le premier mois et non à partir de trois mois (en fin de période d’essai) comme auparavant. Dans la loi antérieure le patron pouvait rompre le contrat en payant simplement la valeur de celui-ci au travailleur ou en s’appuyant sur les causes de licenciement (Art. 87).
ENTREPRISES SOUS CONTRÔLE OUVRIER : c’est le mécanisme établi par la loi pour faire face à la fermeture illégale ou frauduleuse d’entreprises et de centres de travail. Si le patron ne se soumet pas à l’ordonnance de reprise des activités productives, le Ministère du travail réunira les travailleurs pour former une instance d’administration et réactiver la production. Dans ce Conseil d’Administration Spécial est prévue la participation du patron. Si celui-ci s’y refuse, le contrôle revient totalement aux travailleurs. La loi prévoit la possibilité que l’État offre son assistance technique et participe à la gestion à travers les ministères compétents (Art. 149)
CE N’EST QU’APRÈS LE PAIEMENT DES TRAVAILLEURS et quand ceux-ci s’estiment pleinement satisfaits que les tribunaux peuvent désormais procéder à la déclaration de faillites. Le paiement des salaires est prioritaire par rapport à tout autre engagement de l’entreprise. (Art. 150-151)
CONTRE LE HARCÈLEMENT MORAL AU TRAVAIL ET SEXUEL. La loi interdit tout autant ce harcèlement au travail que sexuel et établit les sanctions. Elle définit le harcèlement au travail comme la pression constante et la conduite abusive exercée par le patron ou ses représentants ou un travailleur portant atteinte à la dignité ou à l’intégrité bio-psycho-sociale d’un travailleur. Le harcèlement sexuel est défini comme l’imposition d’une conduite sexuelle non désirée et non demandée, exercée de manière isolée ou de manière répétée par le patron ou ses représentants contre le travailleur. La norme légale établit à présent que l’État, les travailleurs, leurs organisations sociales, les patrons sont dans l’obligation de promouvoir des actions qui garantissent la prévention, l’enquête, la sanction, ainsi que la diffusion, le traitement, le suivi et l’appui aux dénonciations de harcèlement. (Art. 164-166) »
Merci à Thierry DERONNE
Très intéressant. Ici, on nous parle plutôt de « flexibilité » du travail pour un retour à la « compétitivité » des entreprises, de la « nécessaire réforme » de l’Etat providence (devenu subitement la cause du problème et non plus une partie de sa solution), de la diminution de toutes une série d’avantages sociaux gagnés au long de décennies de lutte,… Et il paraît que c’est Chavez le méchant.
Je ne suis pas particulièrement chaviste mais il faut quand même reconnaître que le régime vénézuélien ouvre là les portes vers un autre avenir. Au peuple de se saisir de tous ces outils. C’est quand même mieux que les régimes militaires précédents…
Il ne manquait plus que la santé et la médecine comme éléments très importants dans la société .
La crise climatique et environnementale provient de l’économie, qui provient des énergies fossiles, et aussi nucléaire de nos jours. Ceci dans les modèles économiques, peu importe leurs noms qu’on appelle libéral ou ultra-libéral, ne sont pas remis en cause. La destruction de l’habitat naturel est encore vue comme une forme de croissance.
Là où il y a clairement une diversification, c’est le rapport aux développement. C’est un rapport chiffré où l’immoralité est un chiffre de croissance, des facteurs brutaux pour les individus comme la délinquance ou les maladies sont vus positivement (pour certains économistes), alors que ce ne sont pas des facteurs de croissances mais de régressions de la société, le calcul de l’ IDH est l’un des rares à prendre en compte la facteur humain.
Citation :
« En conséquence de quoi, la consommation a été stimulée par l’encouragement du recours au crédit jusqu’au point de déséquilibre où des emprunteurs se retrouvaient de plus en plus souvent en défaut de payement, d’où la dette des banques et celle des Etats ayant tenté de leur venir en aide. »
La consommation et la croissance sont donc de nos jours de nature déficitaire. Ce qui est logique puisque la 1ère puissance économique mondiale est les Etats-Unis qui est parfois surnommé l’Empire des dettes.
Il y a la question de la dette des ménages du capitalisme, qui explose à partir de la cherté de la vie.
Ceci est en relation avec d’autres dettes qui ne sont pas des investissements naturels, et dont la vision économique(investissements/dettes non remboursables dès le départ) mérite d’être poser.
Encore une remarquable contribution, merci T. Melchior!
Sans aller dans plus de considérations théoriques, à mon niveau j’aimerais parler de faits dont j’ai pu voir l’évolution à l’échelle d’une simple génération (30/40 ans)et en me polarisant sur la pub.
– En Italie un cinéma national extraordinaire détruit par une télé berlusconienne – illusion d’une multiplicité de chaines « gratuites » mais au prix forts des pubs… et au fond dans quel état est arrivé la société italienne soumise à ce matraquage?
– un gamin de 15/20 ans il y a quarante ans se foutait des marques. Pas de désir pour acheter à prix fort des logos (jeans blanchis naturellement en les portant longtemps)
-pas de magazines de mode avec des gamines anorexiques. Une société qui à juste titre combat la pédophilie dans le même temps permet des concours de mini-Miss et laisse la pub agresser les filles pré-pubères en leur faisant acheter des strings ou autre vêtement sexy à 10 ans.
– le Grenelle de l’environnement avait décidé de réduire l’affichage en ville : dérogation prolongée…
La liste pourrait être très longue de ces changements imposés par nos maitres mais encore une fois il est fascinant de voir l’accélération de l’obsolescence programmée (ah les frigos!) que tout le monde commence à réaliser quand son imprimante plante après 3 ans.
Et puis cette question de la complexification inutile et non demandée (cf. derniers smart phones). La publicité est devenu un instrument totalitaire et il est clair qu’aller sur Facebook est assez effrayant sans parler de ce que devient Google (reconnaissance faciale vendue comme un progrès). Réalité « augmentée » avec des lunettes, terrifiant, se promener dans une ville et recevoir un flot d’infos! Mais ils sont devenus fous ce qui nous vendent ça !
Que faire? Mais au fond Paul a bien dit que parfois il faut aider la vertu. Interdire de tuer dans le Décalogue, ça n’a pas marché tout de suite mais on a commencé à moins tuer…
Je crois vraiment qu’il faut maintenant prendre le problème à bras le corps et lutter pour limiter fortement l’emprise de la publicité dans notre monde, par des interdictions drastiques aussi ! Mais bien sûr ça doit s’articuler avec d’autres sorties du cadre (interdire la spéculation etc)
Sur les lunettes Google, voyez mon long post ci-dessus en reponse à Leboutte (et PYD).
Nous avons besoin de remettre le numérique comme remède et non comme poison. Rien que ça. faire mentir Le Lay (qu’il mange tous les chapeau que Lisztfr lui apportera…)
à Joël
Pour poursuivre. A son élection, Hugo Chavez a été l’un des rares à avoir tenu promesse au début de son mandat a restitué des terres aux paysans.
Aucun autres communistes ne peuvent se vanter de ce qui reste pour moi une promesse et une prouesse à notre époque.
Distante Cassiopée , les prouesses en divers coins de la terre se multiplient , pensez à l’ Islande :
http://blogs.mediapart.fr/blog/la-garnie/240112/apres-son-refus-de-payer-sa-dette-l-islande-fera-le-triple-de-la-croissan
Bolivie : la traditionnelle nationalisation du 1er mai se perpétue
3 mai
Il devient une habitude pour Evo Morales d’annoncer une nationalisation le 1er mai, date symbolique pour les travailleurs du monde. Après le brésilien Petrobras, dès son arrivée au pouvoir en 2006, puis l’expropriation de quatre compagnies d’électricité en 2010, parmi lesquels GDF, le président bolivien a annoncé mardi dernier la nationalisation de la REE, une entreprise espagnole qui gérait les réseaux électriques du pays. Celle-ci s’ajoute à d’autres, suscitant les inquiétudes quant aux relations entre certains pays d’Amérique latine et l’Union européenne, et plus particulièrement avec l’Espagne.
Un regain de « blackout » ces derniers temps, des investissements insuffisants dans les infrastructures du réseau électrique du pays, c’est ainsi qu’Evo Morales a justifié la nationalisation de la compagnie REE. A l’heure où des tensions sociales ont frappé le pays ces dernières semaines, il a également prétendu par ce biais « rendre hommage » aux « travailleurs boliviens qui luttent pour reprendre le contrôle de leur ressources naturelles ». Une déclaration qui intervient à moins de deux ans des prochaines élections présidentielles, au moment où Evo Morales connaît sa plus faible côte de popularité dans l’opinion publique depuis 2006.
Près de deux semaines après la nationalisation d’une filiale de la compagnie pétrolière espagnole Respol en Argentine, le président bolivien est critiqué comme ayant « profité de l’affaiblissement actuelle du gouvernement espagnol » à des fins électoralistes en prônant un « nationalisme prolétaire ». La marge d’action de l’Espagne dans cette situation est très réduite, du fait du traité bilatéral entre les deux pays, les organismes internationaux comme l’OMC ou le FMI n’ont pas compétence à s’ingérer dans le litige. Concernant la récente nationalisation d’une filiale de Respol en Argentine, l’Espagne a décidé de suspendre indéfiniment ses importations pétrolières en provenance du pays tout en demandant l’éviction de l’Argentine du Mercosur. Dans le cas actuel, Evo Morales a cependant promis une « indemnisation rapide », réclamée par la compagnie espagnole, tout en évoquant parallèlement Respol, qu’il a qualifié « partenaire adéquate ».
L’inquiétude pourrait conjointement gagner les investisseurs étrangers en Amérique du Sud. A des degrés divers, la Bolivie, l’Argentine, l’Equateur suscitent des réactions quant à leurs politiques de nationalisation. En treize ans à la tête du Venezuela, Hugo Chavez a de son côté exproprié 990 entreprises. Pour beaucoup d’experts, les nationalisations ne résoudront en rien les crises énergétiques ou alimentaires de ces pays. Evo Morales tente néanmoins de rassurer, « la Bolivie a toujours besoin de partenaires, pas de propriétaires ».
La couleur politique m’ importe peu , par contre les anciennes valeurs : patriotisme, intérêt commun , solidarité , le simple amour du prochain , j’ aime bien le terme de bonté chrétienne.
Oui , Chavez est un communiste chrétien 🙂
Je vous propose la lecture de Samir Amin, « Sur la Crise », édition le temps des cerises.
J’y ai appris que « l’accès à la terre » était une réalité dans la Chine traditionnelle et que la révolution chinoise à partir des années trente
…/… a supprimé l’idée même de propriété privée du sol agraire, et lui a substitué la garantie pour tous les paysans d’un accès égal à celui-ci. Jusqu’à ce jour, cet avantage décisif, qui n’est partagé par aucun autre pays en dehors du Vietnam, constitue l’obstacle majeur à une expansion dévastatrice du capitalisme agraire. Les débats en cours en Chine portent en grande partie sur cette question…/…
(page 107)
Bien, très bien.
On va faire comme si l’extérieur – la superstructure- agissait sur l’être.
Montrer la force son engagement par un abandon des signes de notre aliénation.
Le futur commence maintenant.
De quoi êtes-vous prêt à vous passer, très rapidement?
IL ne s’agit pas de dolorisme de la privation, mais d’entendement kantien et d’un peu de sublimation pour que le collectif résulte de l’individuel.
L’abandon des signes antérieurs se fait par des adoptions de nouveaux signes (Stiegler).
Imaginez que facebrouk permette de tracer les oranges que vous achetez mais soit aussi à même de vous indiquer l’avis du CLTMAO, le Collectif local des travailleurs marocain de l’Andalousie occipitale qui vous dit dans quelle conditions il produit ça, et puis que la compagnie qui afferme la terre de ces champs d’oranges ou celle qui regroupe et expédie, aient aussi des collectifs actifs de la sorte.
Votre achat serait solidaire par l’association réelle, pas par la vertu du grand mamamouchi Maax Haavelaaar (bon, je force le trait… vous suivez un peu l’idée non ? ).
Et le benef de Big brother serait peut être audité au jour le jour de la sorte et fondrait en conséquence… Si on te dit que le management de la boite c’est 100 personnes, qu’il traitent 56000 tonnes d’orange, tu peux faire la règle de trois pour voir à quel moment les revenus des chefs sont décents ou pas par rapports aux 28 000 000 euros générés par ces oranges , avec un petit effort et un site d’aide ? après t’achète ou t’achète pas…