COMMENT REMBOURSER UNE DETTE EXORBITANTE ? – LEÇON D’HISTOIRE EN FORME D’AVERTISSEMENT, par Cédric Mas

Billet invité

Les dettes, qu’elles soient publiques ou privées, sont aujourd’hui exorbitantes.

Plus aucun esprit sensé ne peut sérieusement considérer que  leur remboursement est possible, même au prix de « réformes structurelles » ou de mesures de « rigueur ».

Je ne reviendrai pas ici sur les chiffres qui, si l’on cumule les dettes des établissements publics (Etat, collectivités etc…) et des acteurs privés (qu’il s’agisse de ceux des ménages ou des établissements bancaires) représentent des montants impressionnants et proprement impossibles à prendre en compte dans leur intégralité.

En revanche, une fois ce constat établi, il reste la question de savoir ce que l’on peut faire pour solutionner un problème en apparence impossible à traiter normalement, c’est-à-dire par le désintéressement des créanciers.

Si l’on prend la peine de se pencher sur l’Histoire, on s’apercevra qu’il n’existe que trois façons de régler une dette impossible à assumer financièrement :

1)     Faire défaut ;

2)     Rembourser en monnaie de singe ;

3)     Rembourser à n’importe quel prix.

Malgré toutes mes recherches, je confesse humblement n’avoir pu trouver d’autres solutions dans la longue histoire humaine à un problème simple : comment assumer une charge financière trop élevée par rapport aux moyens disponibles ?

En revanche, ma réflexion que je soumets à l’analyse sagace des membres du blog, se nourrit d’un constat : les dettes privées sont aujourd’hui progressivement, et par divers moyens, transférées vers les acteurs publics, les créances étant pour leur part soit publiques, soit privées. Ce constat va être important pour apprécier les trois solutions historiques que j’ai pu étudier.

1°) Le défaut :

C’est la solution la plus simple qu’en droit français, nous appelons communément la cessation de paiement. Mais il est intéressant de relever qu’elle existe dans tous les systèmes juridiques libéraux, y compris dans les systèmes les plus capitalistes.

Il s’agit de mettre le prêteur devant ses responsabilités, en reportant sur lui la charge financière excessive.

Ce défaut peut être total ou partiel.

Sa mise en œuvre pratique peut obéir à des règles très différentes selon les pays, et peut être assortie de conséquences pour l’emprunteur défaillant plus ou moins importantes ou plus ou  moins longues dans le temps.

A ce stade, relevons qu’en France, il est fixé par des règles juridiques précises, et voit l‘intervention d’un Juge qui arbitrera un rapport de force entre l’emprunteur (ou ses représentants s’il est une personne morale – un administrateur judiciaire), et les créanciers (certaines procédures collectives voyant la désignation d’un « représentant des créanciers »).

Ce rapport de force est donc équilibré par une autorité juridique incontestable, qui devra tenir compte de l’intérêt public (représenté par le Ministère Public, dont la présence est en théorie prévue dans les procédures collectives, même si elle est rare en pratique), et de ceux des salariés lorsqu’il y aura des salariés concernés (des représentants de salariés doivent ainsi être également désignés).

La procédure française, qui date d’une Loi du 25 janvier 1985 pour les personnes morales et d’une Loi du 1er juillet 2010  pour les personnes physiques (il existe aussi des dispositions pour les associations, les collectivités locales etc…), est très imparfaite et fait l’objet de nombreuses critiques de la part des praticiens.

Elle a toutefois le mérite d’exister.

En effet, dans un contexte de Crise internationale de la dette publique, il convient de relever, et de déplorer qu’aucune règle n’ait été fixée pour un défaut d’un Etat, ou entre personne relevant de plusieurs états différents [i].

L’arbitrage du rapport de force entre emprunteurs défaillants et débiteurs lésés est donc laissé sans règles prédéfinies, dans l’incertitude la plus totale.

Il faut le déplorer car, historiquement, cette incertitude laisse la porte ouverte à toute sorte d’excès ou de débordements, pouvant aller du renoncement intégral (emprunts ottomans ou russes) jusqu’à des conflits armés, l’emprunteur usant de la force (expédition des troupes françaises contre le Dey D’Alger le 14 juin 1830) ou l’inverse (les exemples abondent, nous pourrons citons les exemples récents de l’occupation de la Rhénanie par les troupes franco-belges en gage du remboursement par l’Allemagne des réparations, ou de celle de Suez en 1956 contre la nationalisation du Canal de Suez par Nasser).

Voici la situation dans laquelle se présente aujourd’hui toute tentative de restructuration ou de défaut, total ou partiel, de la dette : l’absence complète de règles préalables permettant d’arbitrer entre des intérêts irréconciliables, et donc de solutionner pacifiquement les rapports de force entre emprunteurs et prêteurs.

Des mécanismes existent que l’on peut explorer brièvement : le plus plausible aux yeux de beaucoup serait la convocation d’une conférence internationale, permettant de mettre enfin en place un système en remplacement de celui de Bretton Wood, totalement failli, au sens figuré comme au sens propre.

Mais cette solution, qui n’est absolument pas envisagée par nos dirigeants actuels, ne règle pas a priori l’incertitude née des rapports de forces, d’autant plus impérieux, qu’ils peuvent intervenir entre puissances nucléaires sur le déclin.

Cette tendance est renforcée par le fait que l’ensemble des politiques actuelles tendent inéluctablement à transférer les dettes ou les créances privées vers les États.

Il ne nous reste qu’à déplorer que, comme en matière nucléaire, les acteurs se soient lancés dans un jeu sans règles de fin de partie sereine. Les emprunts internationaux ont été lancés ou souscrits sans qu’au préalable une procédure de règlement des défauts ait été mise en place, ce qui est une imprévoyance grave.

Il s’agit d’une condition essentielle à prévoir pour l’avenir : aucun instrument de crédit ne devrait exister sans qu’une norme de règlement d’un défaut ne soit adoptée préalablement.

Le défaut, ordonné ou désordonné, par  l’imprévisibilité de ses modalités et de ses conséquences ne peut qu’inquiéter.

2°) Le faux remboursement :

Il s’agit là encore de ne pas rembourser la totalité de la dette, qui rappelons-le est par hypothèse impossible à rembourser, mais de se contenter d’en restituer le nominal au créancier.

Le phénomène économique le plus classique pour cela est l’émission de monnaie artificielle, de la part des Etats, comme des acteurs privés.

Historiquement, ce phénomène se matérialise par une inflation galopante, et une perte de crédit dans la monnaie comme dans la valeur des engagements souscrits par l’emprunteur.

Ce remboursement en « monnaie de singe » s’est rencontré à de nombreuses reprises depuis l’Antiquité, engendrant des situations d’inflation parfois dramatiques pour les populations. Les exemples abondent et j’en épargnerai l’énumération au lecteur.

Mais ce remboursement peut aussi se faire de manière temporaire, les créanciers étant désintéressés puis ponctionnés par l’emprunteur, en l’occurrence le Roi, d’impôts et de taxes.

Hausse des impôts et inflation sont donc deux symptômes d’un remboursement que nous qualifierons de « faux », mais qui a l’avantage d’éteindre la dette dans son existence même, au prix de souffrances importantes des populations prises dans un tourbillon. Il faut ajouter que ce tourbillon, dévastateur pour la richesse et l’activité économique est incontrôlable, notamment parce qu’il va se nourrir des réactions  de précautions des agents. Il n’y a en effet pas de meilleure période pour vérifier l’inanité intégrale du dogme idéologique ultralibéral postulant l’identité parfaite entre la somme des intérêts privés et l’intérêt général, qu’une phase d’hyperinflation où les anticipations de chacun aggravent le désastre collectif.

Ce mécanisme se rencontre historiquement avant tout lorsque l’emprunteur est en position de force, c’est-à-dire lorsqu’il est détenteur de la force publique ou qu’il est l’autorité légale pouvant émettre de la monnaie.

Toutefois, il s’agit d’une solution lourde de conséquences en termes d’instabilité politique et sociale, et surtout qui lèse durablement les intérêts des créanciers, qui sont donc par définition en position de faiblesse dans le rapport de force.

Rappelons que les révolutions anglaises et françaises sont nées de la crainte des créanciers de voir naître de telles situations (que leur déclenchement a en fait accéléré mais c’est une autre histoire).

C’est à l’évidence aujourd’hui une hypothèse à ne pas écarter, au regard de la tendance lourde que l’on peut constater de transfert des dettes vers les États, même si cette situation suppose une diminution importante du poids et de l’importance politique des créanciers, ce qui n’est pas le cas.

3°) le remboursement réel :

C’est cette troisième hypothèse qui est la plus intéressante à étudier, puisqu’elle se rencontre à chaque fois que les créanciers disposent de la supériorité dans le rapport de force né de leur confrontation avec des emprunteurs incapables de les rembourser.

Il s’agira principalement de deux situations : soit le créancier est public et les emprunteurs privés, soit les créanciers sont privés mais contrôlent l’appareil gouvernemental, de manière à pouvoir imposer à la masse un remboursement de leurs créances à tout prix.

Ce prix, que les capacités financières ne permettent pas de payer, est donc remplacé par la spoliation ou la perte de liberté des emprunteurs défaillants.

Historiquement, c’est un phénomène qui s’est constaté notamment lors de la chute de l’Empire romain.

Confronté à des problèmes financiers insolubles, dont les causes sont multiples, les empereurs ont ainsi été amenés à augmenter de manière de plus en plus importante les impôts au point d’éteindre toute capacité de paiement de la plus grande part des contribuables [ii].

C’est ainsi que l’on constate au cours du Bas Empire, une dégradation importante des droits des affranchis, et surtout des petits fermiers ou artisans romains, souvent descendants de la plèbe ou d’anciens légionnaires, qui sont écrasés d’impôts. Ils vont progressivement et par divers mécanismes basculer dans le colonat, un statut de contrainte qui est l’ancêtre du servage du Moyen-Age.

Comment cela a-t-il pu arriver ?

Ne pouvant faire face aux charges liées à des impôts excessifs, les petits propriétaires terriens du Bas Empire, au départ des Hommes libres, parfois citoyens romains, vont se réfugier dans le clientélisme, c’est-à-dire la protection d’un puissant. Cette protection est d’autant plus impérieuse que les problèmes de rentrées fiscales vont aggraver la corruption de l’appareil étatique, qui va se mettre aux services des riches, seuls à même d’assurer la subsistance des fonctionnaires et des militaires.

La distinction classique à Rome entre « Honestiores » et Humiliores » va s’en trouver aggravée [iii].

Accablés de dettes, les petits propriétaires vont ainsi être contraints de céder leur terre à un riche propriétaire, qui va pouvoir fixer ses conditions, car il ne peut lui-même l’exploiter. Le fermier va ainsi être contraint de ne pas enregistrer la cession, permettant au riche « potentes » de ne pas payer l’impôt, tout en devant lui donner une partie de sa récolte.

Cet accord va être appelé « patrocinium », et offre un double avantage au riche possédant : il accroît son patrimoine par des terres et une partie des récoltes, tout en échappant au fisc.

Le fermier va de son côté poursuivre sa descente dans la spirale d’un endettement sans fin, les impôts non réglés s’accumulant alors même que ses ressources sont réduites par la ponction d’une partie de sa récolte.

Ces procédés vont faire l’objet de plusieurs interdictions impériales, d’abord sous Constantin [iv], puis à nouveau sous Arcadius [v], sans succès. La validité de ces cessions est finalement reconnue par l’Administration impériale en 415, en échange du règlement par le patron des arriérés d’impôts dus [vi]. Une fois les arriérés payés, le débiteur défaillant, le fermier, bascule dans le statut de colonat, nouveau statut juridique.

Le colon, qui n’est pas un esclave (il dispose de l’existence juridique) perd sa liberté et celle de ses descendants. Il est désormais attaché au lieu où il réside et doit un certain nombre de prestations à son patron. Il s’agit d’hommes libres qui pour payer leurs dettes exorbitantes perdirent légalement leur statut d’hommes libres. Citons Salviens : « transformés comme s’ils avaient bu le breuvage de Circé, ceux qui étaient libres tournent en esclaves » [vii].

Ce statut va être étendu aux artisans par les autorités impériales, afin de pallier les effets sur l’industrie de la baisse démographique.

Puis, le colon va perdre le droit de choisir une épouse d’une autre classe, celui de quitter son lieu de résidence, de changer de métier et se voit soumis à de légères redevances, rapidement transformées en prestations. Le tryptique du colonat est défini ainsi : Origo, Obnoxatio et Munera.

En revanche, ils disposent d’un droit inaliénable à pouvoir exploiter leur ancienne terre, droit transmis à leur descendance.

Cette évolution, qui est le contrepied de toute l’évolution juridique du Haut Empire en faveur des esclaves, est principalement expliquée par un rapport de force en faveur des créanciers, face à une dette impossible à rembourser. Les riches possédants [viii], dont la plupart refusaient de payer les mêmes impôts, ont pris le contrôle de l’appareil impérial, pour imposer le transfert des créances publiques à leur profit vis-à-vis des petits contribuables [ix].

Outre que nous retrouvons là une nouvelle variation du droit de propriété, il faut donc constater qu’historiquement, si le rapport de forces est en faveur des créanciers, les dettes, mêmes impossibles à rembourser, le seront, en sacrifiant un bien sans prix : la Liberté.

Nous n’en sommes aujourd’hui pas là, mais il m’a paru intéressant de rappeler quelques exemples historiques à la réflexion de chacun.



[i] Je mets de côté le règlement communautaire n°1346/2000 du 29 mai 2000 relatif aux procédures d’insolvabilité et une Loi type de la CNUDCI sur le commerce internationale ; l’une comme l’autre sont loin d’être complètes par rapport à la finalité traitée dans le texte ;

[ii] Les causes de cette situation sont pour synthétiser maladroitement à rechercher dans la conjonction de trois facteurs : une baisse des ressources liées à l’arrêt des conquêtes (butin, esclaves…), une hausse des charges impériales (coût d’une accession à la pourpre impériale dans une instabilité politique permanente, coût de fonctionnement d’un Etat et d’une Armée de moins en moins efficace…), et une baisse démographique ;

[iii] Voir Guillaume CARDASCIA : L’apparition dans le droit des classes d’« honestiores » et d’« humiliores », in Revue Historique de Droit Français, 1950, pp. 305-337 et 461-485 ;

[iv] Code Théodosien, III, 1, 2 ;

[v] Code Théodosien, XI, 1, 26 ;

[vi] Code Theodosien, XI, 24, 6 ;

[vii] De Gubernatione Dei, V, 8, 44 ;

[viii] Rappelons tout de même que dans cette période d’invasions barbares périodiques, la classe des riches va subir un renouvellement permanent, ces évolutions de statut profitant in fine aux roitelets barbares qui ont exterminé les derniers descendants des chevaliers et des sénateurs romains.

[ix] Notons l’assentiment des premiers chrétiens à cette évolution, l’Eglise prônant la soumission et l’obéissance « pour la plus grande gloire de Dieu » cf. Concile de Gangres (340).

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159 réponses à “COMMENT REMBOURSER UNE DETTE EXORBITANTE ? – LEÇON D’HISTOIRE EN FORME D’AVERTISSEMENT, par Cédric Mas”

  1. Avatar de zenblabla

    Pour dire et si j’avais su, j’aurais acheté un quatre fois quatre….
    Pourquoi moi, je ne me suis pas plus endetté que pour un quatre-quart, sauf l’endettement qui me tombait dessus sans que rien je ne demande.

    D’accord, je l’ai mangé, mais j’ai pas roulé, oder?
    Les rouleurs en 4×4 savent pas se garer, c’est leur truc, ainsi qu’être assuré si collision…., apparences (?)
    Mais faut les aider!

    C’est billet bien fiché.

    1. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      A lire d’urgence car l’annulation est la seule sortie politiquement et pratiquement viable:

      Plaidoyer juridique pour la suspension et la répudiation des dettes publiques
      http://www.cadtm.org/Plaidoyer-juridique-pour-la

      Lire aussi
      Les annulations de dette et suspensions de paiement dans le passé
      http://www.cadtm.org/Les-annulations-de-dette-et

      Et explorer tout le site du CADTM

    2. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      A lire d’urgence car l’annulation est la seule sortie politiquement et pratiquement viable:

      Plaidoyer juridique pour la suspension et la répudiation des dettes publiques
      http://www.cadtm.org/Plaidoyer-juridique-pour-la

      Lire aussi
      Les annulations de dette et suspensions de paiement dans le passé
      http://www.cadtm.org/Les-annulations-de-dette-et

      Et explorer tout le site du CADTM

      1. Avatar de Renaud Bouchard
        Renaud Bouchard

        Sans oublier l’excellent ouvrage de François Chesnais intitulé « Les dettes illégitimes. Quand les banques font main basse sur les politiques publiques » . Ed. raison d’agir

    3. Avatar de stef
      stef

      Concernant l’amassement insoutenable des dettes accumulées dans le passé, une espèce remise de dettes généralisée et immédiate, si pas totale, au moins partielle, sur certaines catégories de dettes inscrites au passif du bilan des débiteurs privés et publics, y compris les particuliers, me semble la solution la moins destructrice (celle qui correspond à l’orientation n°1 mentionnée ci-dessus, soit « le défaut », bien qu’en effet des règles n’ont malheureusement pas été définies au préalable).

      À noter que :
      – l’UE a bien du se résoudre à appliquer la suppression partielle des dettes en Grèce qui devint une option inévitable mais encore insuffisante quant à son ampleur ;
      – L’Islande a procédé à l’annulation d’une partie des emprunts hypothécaires de ses citoyens (13% du PIB en prêts hypothécaires) et a laissé ses banques faire défaut, avec semble-t-il des résultats économiques très encourageants (voir l’article ici. ).
      À moins de se laisser envahir par des processus économiques, sociaux et financiers encore plus destructeurs et chaotiques, c’est-à-dire les options n°2 et n°3 brillamment décrites dans l’article ci-dessus, on en arrive forcément à conclure de cette façon.

      À terme, il s’agirait de réinventer, pour l’économie mondiale, ce qui constituait une vieille coutume dans une économie locale déjà très élaborée, c’est-à-dire la remise des dettes prescrite dans l’Ancien Testament, lors du Jubilé. Par la remise radicale des dettes, on fait disparaître toutes les fortunes et capitaux nocifs de l’économie. L’année jubilaire survenait, crois-je me souvenir, tous les 70 ans ou 49 ans. Cette périodicité, ne serait sans doute plus valable actuellement.

      Une piste à envisager sérieusement pour éviter à l’avenir les phénomènes de croissance exponentielle de dette, si destructeurs d’un point de vue économique, financier, social, humain… serait d’opter pour la mise en place de processus permanents d’ajustement de la quantité des valeurs monétaires émises et circulantes et de limitations de celles-ci dans le temps : une monnaie (et l’argent lié) qui perd toute valeur après un certain temps. De l’argent caractérisé par une espèce de date de péremption serait, tout comme les biens, services, marchandises et moyens de productions, une entité qui vieillit et qui finit par ne plus avoir aucune valeur (elle « meurt ») et provoquerait de facto la remise des dettes liées.
      De l’argent « jeune » serait continuellement nouvellement émis, sur base des seuls moyens de production engagés dans la production de valeurs économiques réelles et non pas fictives (spéculatives) (pas de monnaie de singe non plus). Voilà brièvement et très grossièrement mentionnée une des pistes d’avenir pour assainir l’économie, dont j’espère à terme esquisser moins grossièrement le contour et pouvoir vous la soumettre.

  2. Avatar de Subotai
    Subotai

    Contrairement à ce qui est affirmé

    « Nous n’en sommes aujourd’hui pas là, »

    c’est ce qui est actuellement tenté de toute les forces restantes de la Finance: le remboursement réel.
    La fenêtre d’opportunité du renversement du mouvement est étroit : les prochaines élections, un peu partout dans le monde, et en particulier en France.
    Mais pas d’erreur, ce sera le bordel ou le servage.

    Moi, je vote pour le bordel parce que ça me donne au moins une chance d’échapper à ça http://fr.wikipedia.org/wiki/Georgia_Guidestones

  3. Avatar de zenblabla

    C »est parceque votre billet est majeur, que mon blabla « inconsiste »
    Merci votre billet!

    1. Avatar de zenblabla

      Votre billet:
      Des barreaux accessibles dans l’échelle des choses, cela est très heureux, tandis que tant et tellement estiment encore ne pas avoir à emprunter quelconque voie ferrata…

      Tant et tellement ont raison, mais d’une raison qui n’est pas entre tous!
      Ils voient pour l’autre, la voie ferrata….
      Et s’ils ne savent pas se garer, ils ne savent encore pas comment monter serait…..
      C’est voie d’élévation considérable!

  4. Avatar de carlos
    carlos

    Dans les temps, pas si anciens que ça, on pendait haut et court ( on brulait même) le banquier imprudent et l’usurier qui avaient l’outrecuidance de harceler les puissants pour reclamer leur du. Il y a une certaine sagesse dans ces pratiques. L’emprunteur pauvre n’avaint aucune pitié à espèrer, ne pas payer ses dettes était pour lui une façon d’entrer dans le satatut d’esclave. De ce côté rien n’est vraiment changé.

    1. Avatar de autrichon gris
      autrichon gris

      Toutefois, on va plus en prison pour dettes depuis… 1848 !

  5. Avatar de Genetais
    Genetais

    Pour une personne physique, le défaut existe depuis très longtemps en France. en Alsace-Lorraine (57-67-68) la faillite civile vient de Bismark. Elle a été introduite dans le code de la consommation par le sieur Borloo en 2004, elle est prononcée par un magistrat qui efface les dettes en l’absence d’une possibilité de remboursement.

    Code de la consommation
    L330-1 et L332-6

  6. Avatar de yOoN
    yOoN

    C’est bien ça remonte le morale enfin surtout le troisième point.

  7. Avatar de Germanicus
    Germanicus

    Ceci est bien dit, mais il y a discours et réalité.
    L’austérité est une partie intégrée du catéchisme de la foi néolibérale pour une raison simple: elle permet de démanteler les acquis sociaux.
    J’ai l’impression que la crise actuelle est un prétexte bienvenu pour augmenter la pression sur les salariés et les chômeurs/inactifs. C’est aussi pour cette raison que le milieu néolibéral continuera à prôner le remboursement de la dette et d’en faire la priorité des priorités.
    C’est en tout cas la position allemande; il sera toujours et à chaque opportunité question de la dette et des mesures d’austerité pour la réduire.
    Le raisonnement du gouvernement Merkel paraît, à la première vue, logique: être armé, en terme de coût du travail, pour pouvoir se battre sur un marché globalisé et hypercompétitif. C’était le leitmotiv de l’ancien chancelier allemand et réformiste de la législation sociale, G. Schröder. On demandera donc encore plus d’efforts de la part des gens, plus de sacrifices, l’acceptation sans conditions du principe TINA.
    C’est ce scénario que le nouveau président francais devra affronter. Autrement dit: un monde sans pitié pour ceux qui doivent vivre de leur travail.

    Et deuxièmement: les investisseurs internationaux veulent être tranquilisés et sécurisés. Le cauchemar de la classe politique: les lignes de crédit bloquées pour menace de défaillance de payement.
    Sans changement radical des données actuelles, tous les pays de l’Europe retomberont peu à peu au niveau d’un status quo ante, où la pauvreté/misère de masse cohabitera avec un nouveau système ploutocratique.

    1. Avatar de zebulon
      zebulon

      oui , il y aura toujours un peu de crédit pour finir d’achever le démentèlement du système social
      en entretenant les dédicits de manière à avoir toujours à montrer que le système est insoutenable

      stratégie bien comprise peut amener à des réactions adaptées en nationalisant les sociétés non loyales et en récupérant d’une part les dividendes abusifs et le contrôle

      suivez la nationalisation « partielle » de repsol en argentine et vous verrez ceux qui hurlent au scandale en France , ce qui devrait pouvoir donner des idées à appliquer dans un peu moins trois semaines….

      on s’épargnera aussi les gesticulations médiatiques à la sortie des tribunaux de commerce, liquidation l’état reprend pour un euro le tout jusqu’à la holding bien sûr.

  8. Avatar de Germanicus
    Germanicus

    Erratum: il faut lire « réformateur »

  9. Avatar de Xavier
    Xavier

    Ce que je trouve très intéressant sur ce blog, c’est que, très souvent, je trouve des billets qui expliquent de manière très claire des choses qui ne sont pour moi que de vagues intuitions. Je me suis souvent posé la question de savoir comment nous pouvions sortir de la crise de la dette, et j’entrevoyais ces trois possibilités, sans savoir bien les formaliser. Merci de l’avoir fait.

    Bien sûr, ce n’est pas très bon pour le moral, surtout si l’on considère que les élections à venir ont très peu de chance de changer quoi que ce soit (en particulier, nous continuerons à tenter l’option 3, qui ne semble pas très prometteuse…). La question que je me pose après avoir lu cet exposé est de savoir à quel moment nous saurons que nous aurons franchi le point de non retour. Ou bien est-ce déjà fait ?

    1. Avatar de CM
      CM

      trois points d’inflexion à suivre :

      – le transfert de la masse de dettes de la sphère privée vers les acteurs publics (ou l’inverse) : les billets de François Leclerc permettent de suivre cela avec attention

      – le rapport de force entre emprunteurs et créanciers (le choix des termes est important)

      – la maîtrise des armes et techniques militaires : pour rappel, le Bas Empire est une période où l’armée romaine se professionnalise, puis s’abandonne aux mercenaires barbares, alors que le succès de la Révolution tient aussi à la démocratisation du mousquet et du canon…

      à suivre donc, même si nous sommes encore loin de l’inflexion à mon humble avis.

      CM

  10. Avatar de Cassiopée
    Cassiopée

    Ce que vous n’acceptez pas c’est que les multinationales seront celles qui avaleront les services publics et endetteront encore les citoyens alors qu’ils seront en pleine crise économique.

    Vous l’avez bien spécifié les dettes : « des ménages ou des établissements bancaires » (c’est écrit), alors que vu l’amplification des monnaies créées par les banques (pour les banques) va de facto mener le système économique et financier vers l’hyperflation.

    Les services aux citoyens sont très importants pour les échanges et pour la cohésion de la société, et ce sont les multinationales qui sont déjà les gagnantes des dettes (non voulus par les citoyens) et que seront encore les premiers à réagir lors d’une crise économique majeur. Ce que vous n’acceptez pas.

    En musique, Beatles Free as a bird
    http://www.youtube.com/watch?v=UqHjXF1gUWU

    1. Avatar de Lisztfr

      @Cassiopée

      De facto non, pas d’hyper-inflation, sauf lorsque j’aurais mis les doigts dans les trous. Vous faites exactement ce qu’il ne faut pas faire, à savoir

      1) Vous attachez à la macro-économie en négligeant la micro-comptabilité.
      2) Répéter une conviction-leitmotiv sans en rappeler la démonstration logique qui vous a conduit à cette conviction, de temps en temps. Il n’y a pas d’évidences ! Je ne veux pas qu’on répète une chose comme évidente, c’est l’erreur ! A force, tout le monde se croit en possession d’évidences et le discours se vide de toute substance, c’est à quoi on assiste de la part de nos de politiciens ! La conviction n’est pas la démonstration.

      Votre discours sur les multinationales, ne je vois pas qui ne l’accepterait pas.

  11. Avatar de Genetais
    Genetais

    Le Nouvelobservateur.fr

    10h50 – Les propositions Hollande « pas crédibles » pour Buffet

    « J’ai bien lu son programme, ses 60 engagements, il n’y a pas de leviers économiques et démocratiques. Comment voulez-vous faire une vraie politique de gauche si, par exemple, l’on ne se donne pas les moyens de relancer le crédit ? », a déclaré l’ex-secrétaire nationale du PCF à Public Sénat/AFP/La preuve par trois.

  12. Avatar de François Leclerc

    Très jolis rappels historiques, tout particulièrement de droit romain !

    L’hypothèse d’un esclavage moderne travesti sous la forme d’un contrôle social omniprésent est certes une hypothèse, de même que celle d’une inflation qui laminerait tout, mais il reste la première, qui pourrait être approfondie.

    Non seulement sous la forme d’un nouveau Bretton Woods, à l’occasion duquel tout le système monétaire international serait remis à plat, mais aussi sous celle d’une remise de peine, qui serait tout autant cataclysmique.

    Aucun des trois cas que vous évoquez, une fois remis au goût de l’époque, ne procéderait de demi-mesures… N’est-ce pas en cela que les choses sont destinées à durer, car il n’y a pas d’urgence à vouloir les affronter quand on peut prétendre les retarder ?

    1. Avatar de CM
      CM

      Certes.

      Je pense comme vous que la première solution serait la meilleure de manière organisée, ou à tout le moins volontaire (unilatérale). Profitons au moins de notre bombe qui nous a coûté si cher pour en imposer une dernière fois…

      Le problème d’un défaut sur la dette publique, est que la dette privée reste entière.

      En tout cas, la prochaine fois, il faudra que Messieurs les financiers pensent à des règles de sortie avant d’entrer… Comme pour le nucléaire !

      CM

      1. Avatar de François Leclerc

        Une restructuration de la dette publique aurait des effets drastiques sur la dette privée et imposerait une reconfiguration d’ensemble du système financier !

      2. Avatar de CM
        CM

        oui je suis entièrement d’accord.

        Le pb est alors : est-ce que cette reconfiguration des dettes privées pourra être faite par une conférence internationale ?

        Peut-être faudrait-il envisager un mécanisme en deux temps ? 1/ règlement des dettes publiques, 2/ reconfiguration des dettes privées (dans chaque pays en fonction des impértaifs locaux)..

        Reste la solution de tout transférer aux agents publics, pour gérer plus simplement ensuite (à condition que le rapport de force et le contrôle de l’Etat ne passe pas au seul avantage des créanciers, sinon…).

      3. Avatar de ced
        ced

        « Une restructuration de la dette publique aurait des effets drastiques sur la dette privée et imposerait une reconfiguration d’ensemble du système financier ! »

        C’est bien pour ça que la dette privée est transmise au public : les creanciers ont moins de recours sur les abandons de dettes publiques!

    2. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Le choix de faire défaut est le moins mauvais mais il ne semble pas avoir été choisi à cette heure.
      Le choix qui est fait (que Bernanos aurait qualifié « de lâche » et « d’imbécile ») est de faire rouler la dette en remboursant une partie des dettes, mais principalement les intérêts, par la création de nouvelles dettes.
      Cette politique ne résout rien et peut même engendrer une augmentation du prix (des intérêts) de la dette en fonction des rapports de force.
      L’idée d’une dette perpétuelle, dans laquelle seuls les intérêts seraient acquittés, est une fausse bonne idée car elle a une durée de vie réduite dans le sens où elle accentue les déséquilibres à l’origine de la dette. C’est pourtant cette idée qui semble avoir été choisie, pour le moment et pour ainsi dire par défaut, mais cette tactique n’évite pas d’avoir à diminuer le principal.
      Le principe est celui qui conduit les particuliers et les entreprises au surendettement : le crédit revolving.

      Organiser un défaut général accepté par tous ne pourrait se faire que dans une situation jugée sans autre issue par les principaux intervenants et me paraît aléatoire tant le sens stratégique semble avoir disparu chez ceux qui décident. Il y faudrait aussi un certain équilibre reconnu par les forces en présence.

      Par ailleurs, dans cette hypothèse, il faudrait corriger, non seulement le système financier mondial, mais aussi et sutout l’organisation de la société qui a produit cette situation, ce qui remet en cause toutes les notions auxquelles nous sommes habitué, en premier lieu la propriété privée, et l’ensemble des rapports de force qui régissent le fragile équilibre du monde.

    3. Avatar de Dr Georges Clownet
      Dr Georges Clownet

      @ CM

      Bonjour,

      Profitons au moins de notre bombe qui nous a coûté si cher pour en imposer une dernière fois…

      Etant très lent à la détente, que faut-il comprendre dans cette phrase svp ? Un éclaircissement serait le bienvenu sans vous commander bien entendu.

      1. Avatar de CM
        CM

        Une puissance nucléaire étant par hypothèse impossible à battre, elle peut se permettre de faire défaut unialtéralement sans conséquences directes sur sa souveraineté, faute de défaut organisé sur les dettes publiques…

      2. Avatar de Dr Georges Clownet
        Dr Georges Clownet

        @ CM,

        Auriez-vous un exemple d’une nation récente ayant fait défaut qui a perdu sa souveraineté ?

      3. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        @ Dr Georges Clownet
        « Etant très lent à la détente »
        Vous feriez ama un très bon président de la république: il me semble en effet que c’est une qualité d’être lent à la détente avant d’appuyer sur le bouton nucléaire.

        @ CM
        Je ne voterai pas pour vous!

      4. Avatar de CM
        CM

        Les exemples abondent dans l’Histoire.

        La Grèce (qui n’a pas fait défaut unilatéralement) est-elle encore souveraine ?

        Le fait d’en discuter avec des arguments pro et contra suffit pour y répondre…

      5. Avatar de Dr Georges Clownet
        Dr Georges Clownet

        @ Roger Rabbit,

        Comme disait un ancien ami à moi il y a fort longtemps, c’est aux fruits qu’on jugera l’arbre. Après le printemps viendra la récolte, et on va bien se marrer. 😀

        Mais détrompez-vous, je suis tellement idiot que je pourrais appuyer sur le bouton du feu nucléaire en pensant allumer mon ordinateur pour envoyer des mots d’amours à JA. Ou l’inverse, je ne sais plus.

      6. Avatar de Dr Georges Clownet
        Dr Georges Clownet

        @ CM

        Les exemples abondent dans l’histoire récente ? Et…vous me citez la Grèce. Si je peux souscrire partiellement à votre exemple, il ne me satisfait pas. Elle n’a pas (encore) fait défaut, ni n’a pas perdu sa souveraineté. Ou sinon, avec ce prisme ouvert, n’importe qui est en défaut et n’a plus sa souveraineté. Dans le cadre telles que les choses sont définies et entendues, je vous redemande :

        Quel exemple svp ?

      7. Avatar de vigneron
        vigneron

        Doktor Cloué, dans ton antépénultième post je subodore un fort inélégant pléonasme :

        un ancien ami à moi

        .
        Pour ta réponse à CM, un conseil de jamais ami : essaye de desserer ta camisole, d’extirper tes arpions du béton précontraint, de te déclouer le dergeot et bouge ce dernier vers le Cadtm.

      8. Avatar de Dr Georges Clownet
        Dr Georges Clownet

        @ La Vigne,

        Tu me prends pour jésus ? Pléonasme toi même. C’est vrai que c’est moche. J’écris comme je pense, très mal. Tous l’avez noté. Bah faut de tout pour faire un monde. Je ne viens pas sur internet pour me faire des amis et tes conseils comment dire…, enfin tu m’comprends.

        Mais, je ne vois pas trop le rapport avec le cassoulet pour le reste, où ai-je fait une réponse ? Au contraire je pose une simple question. Alors le Cadtm et ma question ? Pas le temps de lire tous tes liens. Réponds à sa place si tu le peux. Sinon passe ton chemin, tu n’es pas obligé de répondre à mes questions. Le savais-tu ou est-ce plus fort que toi (je sais quelle case cocher, j’ai trop fréquenté le net pour l’ignorer) ?

      9. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        @ Dr Georges Clownet
        « @ Roger Rabbit »:
        Pitié, docteur, pas Roger Rabbit, je suis allergique, je fais de l’anti-américanisme primaire.

    4. Avatar de Polaire
      Polaire

      C’est stupéfiant de démoniser ainsi l’inflation. C’est à croire que l’histoire ne vous apprend rien !
      L’inflation contrôlée (car elle peut se piloter) a beaucoup plus de vertu que ne le comprend le vulgum pecus. Certes, elle est nuisible au créancier, mais n’est-ce pas l’objectif ?

    5. Avatar de Mina
      Mina

      L’hypothèse 3 semble être sur le point de se réaliser, en tout cas en Grèce. L’expérimentation va bon train et le contrôle fiscal généralisé de l’ensemble de la population via les relevés de paiement électronique est à l’ordre du jour :

      http://abonnes.lemonde.fr/europe/article/2012/04/19/contre-la-fraude-la-grece-veut-ficher-toutes-les-depenses-de-sa-population_1688294_3214.html

      Je ne sais pas comment la population fait pour garder son calme et comment les membres du gouvernement acceptent de se déconsidérer à ce point.

  13. Avatar de CM
    CM

    Merci du lien.

    Tout cela est lié en effet…

    CM

  14. Avatar de Lisztfr

    @Tous :

    Arrêtez svp de parler d’inflation ! Comme si ça tombait du ciel 🙁

    Je suis de plus en plus malheureux lorsque je lis ça ici !

    On dirait que vous invoquez l’inflation, ou la fatalité, déconnecté de tout processus économique, mais il N’Y A PAS D’INFLATION (presque), et elle n’arrive pas par décret de la Providence ! Elle arrive par augmentation des salaires, et je trouve rigolo qu’on l’appelle « galopante » péjorativement alors qu’elle est le signe majeur de la croissance ne serait-ce que des salaires.

    L’inflation est un soulagement pour ceux qui n’ont pas d’argent car elle signifie que l’argent est moins rare. L’inflation est celle par la demande, car celle induite par les coûts se heurte rapidement à la limite de la demande, tandis que celle produite par la demande est la seul qui puisse « grimper », voire l’indexation des salaires !

    Si cela continue dans cette vaine je vais me voir dans l’obligation d’arrêter ma participation au blog.

    Ne pas comprendre l’inflation est quelque chose d’impardonnable sur un blog d’économie !

    Et ce n’est pas parce qu’on imprime de l’argent qu’on crée de l’inflation ipso facto. cela peut-être plus complexe, et donc ce n’est pas correcte de l’écrire dans le sujet du billet, et puis vous parlez de désastre pour les populations, alors qu’au contraire la déflation est le désastre ! Car l’inflation signifie que l’on consomme, c’est le consommateur qui produit l’inflation dans un système économique à peu près normal.

    1. Avatar de hop
      hop

      « c’est le consommateur qui produit l’inflation dans un système économique à peu près normal. »
      Vous allez peut être un peu vite en besogne là. Il y a aussi les faux consommateurs temporaires appelés communément spéculateurs, le prix de la rareté lié à l’épuisement de la ressource calculé exponentiellement, de nouvelles taxes, dévaluation etc.
      Tout cela n’a aucun rapport avec les consommateurs…

      Pour le reste si les chinois/allemand n’acceptent pas notre monnaie imprimé, il y aura inflation !
      Imprimer de la monnaie c’est avant tout perdre la confiance de ses partenaires économiques, qui actuellement produisent pour moins chères ou produisent des produits de haute technologie nous obligeant à passer par eux, donc hausse des prix suite à la dévaluation qui résulte de la perte de confiance. Tout cela amène logiquement à une relocalisation progressive mais à une condition, la compétitivité. Ça mettra simplement les 9/10 de la population de notre pays dans la pauvreté, aligné donc sur le modèle le plus compétitif actuellement, le chinois.

      D’où le plan B altermondialiste crédible de Mélenchon, France/Maghreb/Amérique du Sud against the USA. Question d’intérêt, de confiance et d’emplacement géographique un peu aussi 😉

      1. Avatar de Lisztfr

        « Tout cela n’a aucun rapport avec les consommateurs… »

        Si, parce que la capacité à suivre une inflation imposée au consommateur est forcément limité par le budget de celui-ci.

        L’argent envoyé aux Chinois et aux monarchies pétrolières, d’où qu’il provienne, permet bel et bien à ces pays de racheter ce qu’ils veulent en Occident, peu importe la couleur de cet argent et la fraîcheur de son encre.

    2. Avatar de CM
      CM

      @ Lisztfr

      faites-en billet… 😉

    3. Avatar de Michel Martin

      @Lisztfr

      Trois facteurs d’inflation:

      -taux de chômage faible (cf l’ignoble NAIRU coinventé par le 1er ministre Grec)
      -monnaie trop abondante (cf Law et tant d’autres).
      -raréfaction des matières premières.

      ce qui nous fait 2 facteurs sur 3.

    4. Avatar de Ivan
      Ivan

      D’accord avec vous lorsque vous dites que l’inflation ne se décrète pas. Il s’agit d’un épouvantail agité par les libéraux afin de contenir toute hausse des liquidités. Cependant, elle n’arrive pas par les salaires, second épouvantail agité par le patronat pour justifier la compression salariale. L’inflation, pointée du doigt comme le mal absolu et justificatif de toutes les politiques de rigueur, n’est l’ennemi que du RENTIER, et c’est pourquoi nos élites font de la lutte contre l’inflation une priorité absolue. Pour cela elles mènent des politiques de RIGUEUR et de récession économique, notamment par la hausse des taux d’intérêts qui aboutit au ralentissement économique. Car la seule manière qu’ont les élites politiques de lutter contre l’inflation est le ralentissement de l’économie. Cela, car l’inflation consiste « naturellement » en l’augmentation de la masse monétaire générée par la croissance économique. L’inflation qui serait « générée » par la hausse des salaires est un mythe entretenu par le patronat.
      Il est à noter pour finir que les billions de dollars et d’euros mis à disposition du système bancaire par les banques centrales par l’intermédiaire des QE et autres « facilités » n’ont généré pour l’instant qu’une inflation très modérée, contrairement aux prévisions de certaines Cassandres, cela parce que ces liquidités ne sont pas entrées dans le circuit économique mais entrent dans la formation de nouvelles bulles spéculatives… Cet argent, tout comme celui extorqué aux peuples par l’intérêt de la dette, ne profite qu’aux rentiers et aux spéculateurs et contribue à dégrader d’avantage l’économie réelle par la formation de bulles, notamment sur les matières premières… En un sens, si inflation il y a aujourd’hui, elle est due principalement à l’activité spéculative, comme en le voit avec les matières premières.

      1. Avatar de Lisztfr

        D’accord avec vous, sauf pour ça :

        « Cela, car l’inflation consiste « naturellement » en l’augmentation de la masse monétaire générée par la croissance économique. L’inflation qui serait « générée » par la hausse des salaires est un mythe entretenu par le patronat. »

        Car là vous reprenez une thèse teinté de monétarisme, ce qui ne veut pas dire fausse, mais enfin l’augmentation des salaires génère bel et bien de l’inflation.

        En fait pour le dire carrément, il y aurait au moins 3 possibilités de créer de l’inflation théoriquement :

        – Une bulle immobilière par ex, comme en Espagne et on a vu que c’est assez modéré.
        – Une hausse des salaires, car les salariés sont forcés de consommer, c’est pourquoi l’OCDE est contre toute augmentation ! (NAWRU)
        – Une baisse du chômage crée aussi de l’inflation (NAIRU)

        La croissance tant souhaitée est synonyme d’inflation également, donc il y a contradiction au coeur même du capital.

        Je ne veux pas qu’on réitère ici des poncifs, il faut lutter contre cette tendance de la pensée à recourir aux poncifs, et sur l’inflation notamment éviter cela absolument.

        J’ai déjà écrit des billets à ce sujet, l’inflation est le chiffre dans lequel se reflète toute la structure du capitalisme, l’inégalité de la répartition des richesses notamment, en fait il indique la force du capital, et réciproquement le manque de capital pour ceux qui n’en ont pas.

        Donc partir bille en tête contre l’inflation c’est n’avoir rien compris au fonctionnement de la monnaie dans notre système, ce qui est le propre des tristes sir de la BCE. Au contraire, notre système serait moins dramatiquement injuste et condamné à l’étranglement si l’inflation était supérieure.

        L’inflation sur une longue durée, n’ est causée par rien d’autre que la consommation, car elle est causée par la demande. A contrario, la déflation est le signe d’un étranglement du consommateur et pas d’un enrichissement.

        La BCE s’attribue les mérites de la lutte contre l’inflation avec sa politique de contrôle des taux, mais elle omet de dire que c’est parce que le consommateur est limité que les prix sont limités, donc elle aide le consommateur en l’étranglant surtout. Et d’aucune autre manière.

        Il est facile de comprendre l’économie, il suffit de comprendre l’inflation. Absolument tout est là, et rien n’a d’importance par ailleurs.

        Quand à la complexité, ce n’est pas le problème. C’est la simplicité le problème. Les grandes philosophies sont basées sur le renouvellement de questions infiniment simples. La simplicité est bien plus difficile à comprendre que la complexité. Et nous ne sommes pas tenus à traiter de choses que nous ne comprenons pas, telle la complexité, en revanche chaque scientifique et chaque personne qui pense se doit de trouver l’angle d’attaque pertinent et simple permettant de dire malgré tout l’essentiel. La pensée de l’indicible même ne renonce pas devant son objet, cf la poésie.

        Non seulement heuristiquement la catégorie du « complexe », n’a aucune pertinence pratique, mais elle est nocive en tentant de masquer ce qui est simple.

      2. Avatar de Polaire
        Polaire

        D’accord avec vous lorsque vous dites que l’inflation ne se décrète pas

        Faux, si quelque chose se décrète, c’est bien l’inflation !

      3. Avatar de Polaire
        Polaire

        Suite
        et je demande aux sociaux démocrates européens de décréter l’inflation !

  15. Avatar de baptiste
    baptiste

    « elle est le signe majeur de la croissance ne serait-ce que des salaires. » vous devriez regarder la courbe de creation monetaire et la courbe de la croissance sur 2011 et 2012 et vous constateriez qu’il n’y a plus aucune correlation entre les deux. Il doit en etre de meme avec la courbe d’augmentation des salaires.

    Donc creer de l’argent qd ca ne repose pas sur une reelle creation de richesse c’est aberant et vous en sentirez prochainement les effets avec une ouverture anale qui va connaitre une certaine inflation.

    1. Avatar de Lisztfr

      @baptiste

      Oui c’est aberrant, mais l’inflation n’est pas le résultat automatique et immédiat de la création monétaire, c’est par la spéculation qui en résulte en fait, qu’elle se crée aujourd’hui… il s’agit donc d’une inflation par les coûts, qui va très rapidement achever le consommateur et ensuite il n’y aura plus d’inflation du tout.

      Cf ce qui se passe dans l’immobilier, les prix baissent, et la seule manière d’éviter la déflation est de ne pas vendre ! Sinon, il y aurait une déflation. L’inflation est un pari qui nécessite de ménager le gibier, le consommateur. Si l’on tue le gibier, comme c’est actuellement le cas, il n’y a aucun possibilité d’avoir une inflation en tout cas sur le long terme.

      En économie rien n’est inexplicable, et si vous pensez que l’inflation est le résultat de courbes qui se baladent dans la stratosphère, c’est faux.

      En tout cas ceci m’incite à étudier la période de Weimar de plus près.

      Mais arrêtez de clouer l’inflation au pilori, alors qu’elle serait le seul principe qui pourrait nous sauver.

      1. Avatar de Ivan
        Ivan

        Tout à fait d’accord avec votre analyse. Il est rare de lire des choses sensées sur l’inflation, qui est plutôt abordée généralement de manière hystérico-mythologique (Satan n’est jamais très loin).
        En effet, toutes les politiques de maitrise de l’inflation, notamment par les taux d’intérêt ou la modération salariale, ne sont que des politiques de rigueur qui ont pour effet de comprimer l’activité économique.
        Seul petit bémol, lorsque vous dites que les salariés sont « forcés de consommer » : ils peuvent également épargner… Mais je salue votre analyse lorsque vous dites avec logique que l’inflation est la conséquence naturelle de la croissance économique. Il y a en effet contradiction au coeur même du capital, cependant, ce ne sera pas la première (voir Marx et les crises structurelles de surproduction…)

      2. Avatar de Polaire
        Polaire

        mais l’inflation n’est pas le résultat automatique et immédiat de la création monétaire,

        Si, si celle-ci n’a pas de production (biens et service) en contrepartie

      3. Avatar de Lisztfr

        @Polaire

        Non…

        Et il manque à votre proposition, qui est de l’ordre de la conclusion, le chemin qui vous y a amené.

        En tout cas s’il s’agit de répéter du prêt-à-penser, ce n’est pas la bonne voie.

      4. Avatar de Polaire
        Polaire

        Comme beaucoup d’autodidactes en économie, vous n’avez pas compris « l’essence » de l’inflation que vous confondez avec la hausse des prix. Si la hausse des prix est une conséquence de l’inflation, elle n’en est pas l’unique cause (le prix des cerises peut augmenter dans un contexte non inflationiste). On appelle période inflationiste au sein d’une zone monétaire lorsque pendant un temps donné, la masse monétaire s’accroît plus que proportionnellement à la masse des biens et services, point.

  16. Avatar de Nemo3637
    Nemo3637

    Parmi les exemples pris par Paul Jorion je pense qu’il fait une erreur en qualifiant de « Haut Empire » l’époque de Théodose. On est là dans le Bas Empire, au IVe siècle.
    Concernant l’attitude des créanciers de cette époque il est difficile de vraiment la définir. Ce que l’on connait de façon certaine, c’est une désintégration des institutions romaines et particulièrement des curiales qui refusent d’assumer leurs responsabilités dans la collecte de l’impôt. Les exactores travaillent pour leur propre compte et sont donc corrompus ce qui a sans doute suscité la révolte de certains peuples. Plus généralement l’Empire se retrouve sans moyens financiers. Il est intéressant de noter qu’il va alors payer ses serviteurs et son armée par des biens fonciers. Il octroie ainsi aux barbares supplétifs des terres, comme en Aquitaine avec les Wisigoths, ordonnant un partage 2/3 – 1/3.
    Pour ce qui est du défaut d’un état et du déroulement des opérations alors, il y a une variété de cas qu’il aurait été intéressant de commenter en prenant un exemple concret. Cela manque un peu, Paul, dans votre article.
    Pour part, pour faire court, je pense que la solution à la crise où la spéculation joue un rôle pernicieux, serait de démonétariser progressivement les échanges….

  17. Avatar de redrock

    Il eut été plus intéressant de revenir encore plus en arrière chez un des fondateurs de la démocratie, le grec Solon, qui, peu avant l’an 600 BC, supprima le servage pour dettes, procéda à une réduction des dettes publiques et privées et amorça toute une série de réformes pour améliorer le sort des petits propriétaires et favoriser les droits des citoyens. Le paradoxe grec actuel est encore plus fort si on l’observe avec ce recul historique.
    La barbarie financière est de retour qui a détruit les réglements et lois pour multiplier par plus de 20 la masse monétaire depuis la fin des trente Glorieuses et qui a si bien réussi à pénétrer les esprits que le présent article jamais ne cite les prérogatives souveraines d’un état- incontestables s’il est démocratique- droit de battre monnaie et de lever l’impôt, monnaie et impôts étant les deux vecteurs principaux des flux économiques.
    On ne peut donc mettre sur le même plan une dette souveraine et une dette personnelle; par ailleurs l’idée de mettre en accusation un état endetté qui ferait ou qui a fait défaut-comme la Grèce- est assez grotesque! Car que connait-on des créanciers, qui sont-ils? des Banques? lesquelles? Vous aurez bien du mal à les trouver et l’une des rares études sur le sujet a été faite par Natixis. Par ailleurs le montant de ces dettes est largement le fait des intérêts versés dont on peut et doit discuter la légitimité, ces intérêts constituant d’ailleurs la prime du risque de défaut.
    On ne peut parler de Dette sans parler Crédit car la Crise qui s’est construite ces dernières décennies est celle d’une société qui continue toujours d’anticiper une croissance infinie alors que nous nous heurtons de plus en plus aux frontières de notre Monde clos; l’accumulation de crédits ne repousse pas les limites de la Planète mais construit une pyramide de Dettes !
    Enfin le mythe d’une inflation météorologique, sanction quasi divine d’un défaut d’orthodoxie budgétaire barriste ou pinaysienne est une notion bien mise à mal par les travaux des derniers Nobel d’économie qui ont épluché dans le détail le dernier siécle écoulé; l’inflation est un phénomène bien plus complexe qui a trait aux rapports de force sociaux, aux régulations, aux conditons de croissance et, pour un pays donné, à la balance de ses échanges; si cette orthodoxie monétariste était si exacte l’hyperinflation aurait du sévir depuis longtemps déjà au vu de la masse monétaire actuelle. Il est néanmoins exact que la masse des 1500 000 milliards de dollars de produits dérivés divers (source BIS) dont la moitié de gré à gré représente une variété d’épée de Damoclès autrement plus inquiétante que la piètre dette grecque.

  18. Avatar de zébu
    zébu

    @ Cédric Mas :
    Comme toujours, précis et précieux.
    Surtout sur le troisième point, qui me semble être en cours, en Grèce notamment, avec ‘l’assignation à résidence’ ou la fuite, pour ceux qui peuvent encore.
    Formellement, tout ceci peut très bien s’accommoder d’un démocratie à ‘basse intensité’.
    Comme la dévaluation me semble appartenir au point 2, je ne vois guère qu’une quatrième solution, que tu n’as pas évoqué ou discrètement : la guerre.
    Pas comme voie de ‘recouvrement’ (rétorsion, recouvrement, alibi, …) mais bien comme destruction-création d’un monde qui sent son univers se rétrécir sur lui-même.
    Il me semble que les guerres napoléoniennes ont permis cela en Europe : sortir des dettes, de la spéculation, forger, par le fer et le feu …

    Par contre, je serais de l’avis de François, concernant la dette privée : que la dette publique explose, et ce sont les créanciers privés qui explosent. Et de ce fait, essentiellement, les banques, qui devront à être nationalisées ou socialisées pour éviter l’effondrement bancaire. Ce qui rebattrait complètement le jeu de la dette privée, même des particuliers.

    Je reviens sur ce point :
    « Il s’agit d’une condition essentielle à prévoir pour l’avenir : aucun instrument de crédit ne devrait exister sans qu’une norme de règlement d’un défaut ne soit adoptée préalablement. »
    J’en vois peut-être deux.

    La première serait structurelle : la prime de risque.
    Cette prime est censée incarner le niveau de risque d’un créancier envers son emprunteur.
    Sauf que dans les faits, cette prime de risque :
    1/ est évidemment encaissée même si le risque ne se produit pas, créant ainsi un ‘sur-profit’
    2/ ne doit JAMAIS être considérée comme une prime de risque, soit comme une somme qui devrait couvrir les effets d’un risque, puisque le risque ne doit JAMAIS être accepté en tant que tel : le défaut n’est pas concevable.
    Tant que l’on raisonnera dans ce cadre là, il n’y a pas de raisons que l’on puisse penser en termes de défaut, à fortiori en termes de défaut organisé.
    Cette prime de risque, en l’absence de risque avéré à effet, devra toujours être versée par l’emprunteur mais plus au créancier mais à un fond de compensation systémique des risques.
    Le premier avantage serait de réduire les prix formés, à l’avantage des créanciers, qui sur-évaluent forcément toujours les risques, sachant que l’aléa moral joue en leur faveur : le risque ne peut s’avérer réellement (un défaut), et que cette prime est tout bonnement un profit.
    Que la prime ne soit plus un profit permettrait de réduire le prix formé et ainsi, les risques systémiques quantitativement. Et en second lieu, évidemment, un fond mutualisé par les parties prenantes à la hauteur des enjeux qui permettrait aux états de ne plus être otages en cas de risques avérés.
    On rejoindrait ici le concept de prime à terme développé par PSDJ mais pour ma part, sans intervention de notation/cotation sur des marchés financiers mais seulement de publication à effet (uniquement) des primes réelles versées, ce qui permettrait à tous les acteurs de connaître les rapports de force entre emprunteurs et créanciers et au sein de chaque classe, le risque relatif que chacun fait courir à sa contre-partie, sur l’ensemble de ses contrats.
    Ceci, néanmoins, ne résout pas le problème de la dette déjà formée, comme actuellement.

    Sur ce point, on pourrait sans doute imaginer une indexation de la dette sur un indicateur de réalité économique, comme le font les produits dérivés, à partir de n’importe quel indice.
    On pourrait ainsi envisager que les titres souverains seraient échangés avec des titres dérivés dont l’indexation suivrait par exemple l’évolution du PIB (je sais, cet index est malpropre mais disons que l’on prend celui-ci comme exemple : on peut y adjoindre évidemment toute une batterie d’indices sociaux et environnementaux, on peut même bâtir des indices composites : les financiers le font déjà depuis lurette …).
    En cas de croissance du PIB (ou d’un indice composite) en-deça d’un certain % (par exemple 1,5%), le coupon versé annuellement ne vaudrait plus que 50%. Et en-deça de 0%, plus rien ou même un rendement négatif.
    Ce qui permettrait aux pays en récession :
    1/ de ne plus verser les coupons dans les périodes de récessions, afin d’alléger la charge de la dette publique
    2/ et de ‘profiter’ de cet bouffée là pour ne pas appliquer des politiques déflationnistes

    Je signale qu’une partie des obligations grecques, plus gros défaut contemporain, a ainsi été transformé en titres indexé sur la croissance du PIB, à 3% (!) : « Enfin, les investisseurs participant à l’opération recevront des titres indexés au PIB grec… Ces titres verseront à partir de 2015 un coupon de 1% si le PIB grec a dépassé un certain niveau. Pour le moment, étant donné l’état de l’économie de la Grèce et les plans d’austérité à venir, ces titres ont une valeur proche de 0… »
    http://www.obliginvest.com/actualites/grece-psi-les-details-lechange-dobligations-les-questions-en-suspens-2593
    Ce sont des ‘GDP warrants’.
    Rien n’interdirait de faire de même avec la dette publique actuelle, non pas sur des warrants (options d’achats) mais bien sur des types OAT€i, avec une indexation sécurisante non pas pour le créancier mais bien pour le débiteur : un échange là aussi forcé, à grande échelle (systémique).
    Au niveau européen, par exemple.
    Avec des rendements négatifs en cas de récession, les créanciers auraient ainsi tout intérêt à proposer d’eux-mêmes des allègements de dettes, afin de ne pas perdre trop de revenus annuels, voir du nominal. Pourquoi l’accepteraient-ils ? Le risque du défaut organisé (ou chaotique) !!
    Avec ce type d’échange, au moins, il existerait une ‘norme’, un index.

    Qu’en pensez-vous, Cédric et François ?

    1. Avatar de Paul Jorion

      Les organismes prêteurs savent très bien ce qu’est la prime de risque implicite à un taux d’intérêt : elle est calculée à partir des facteurs de risque.

      L’idée selon laquelle le fait que les taux augmentent quand le risque augmente constitue simplement une « aubaine » au sens de Proudhon, est une idée de profane, pas une idée de professionnel du secteur du crédit à la consommation. Une correspondance de 2001 retrouvée ce matin par hasard me rappelle que l’équipe à laquelle j’appartenais chez IndyMac à Pasadena en Californie s’appelait « Risk-Based Pricing ».

      Voir une de mes chroniques pour Le Monde : « Les autorités de la zone euro ne savent pas ce qu’est un taux d’intérêt ! »

      1. Avatar de zébu
        zébu

        Je sais bien Paul, j’avais lu l’article et Le Prix avant.
        Mais justement, ne faudrait-il pas imposer aux institutions publiques une autre représentation du taux d’intérêt concernant la dette publique, en commençant par demander la suppression de cette prime de risque dans le cas de la garantie du MES (et du bénéfice, incompatible avec la solidarité) et/ou d’un système assurantiel de paiement de prime selon l’effet ? (paiement par le créancier d’une somme au prorata de la prime en cas d’absence de risque à terme, paiement de la prime par le débiteur par un sous-jacent en garantie en cas de risque à terme, dans les deux cas dans un système de compensation public, qui sera chargé soit de payer la prime au créancier en cas de défaut, soit de gérer les sommes payées par les créanciers pour absence de risque)
        De même, transformer la rente obligataire de loyers en métayage fluctuant selon des indices socio-économiques permettrait de faire en sorte que les rentiers ne soient pas les seuls qui s’exonèrent des variabilités, en indexant les obligations et leurs rendements ?
        Dans les deux cas, il est bien clair que cela ne peut se produire qu’à la suite d’une décision politique, comme pour un défaut organisé.

    2. Avatar de Dr Georges Clownet
      Dr Georges Clownet

      @ Zebu,

      je ne vois guère qu’une quatrième solution, que tu n’as pas évoqué ou discrètement : la guerre.
      Pas comme voie de ‘recouvrement’ (rétorsion, recouvrement, alibi, …) mais bien comme destruction-création d’un monde qui sent son univers se rétrécir sur lui-même.
      Il me semble que les guerres napoléoniennes ont permis cela en Europe : sortir des dettes, de la spéculation, forger, par le fer et le feu …

      Et c’est vous qui vous faites la tête devant la centralisation de Monsieur Nick ? Napoléon ! La Guerre ! Y a des embardées difficiles à suivre sur ce blog.

      1. Avatar de zébu
        zébu

        @ Georgy :
        Percevoir une ‘solution’ ne signifie pas, du tout, la partager, surtout si c’est la pire de toute.
        Rien à voir avec la centralisation (et la choucroute).

      2. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        @ Dr Georges Clownet
        « comme destruction-création d’un monde qui sent son univers se rétrécir sur lui-même. »
        On sait en maths retourner la sphère sans la « rétrécir sur elle-même ». En son temps cette transformation, cette métamorphose (à la E. Morin), avait beaucoup intéressé Lacan.
        La cinquième solution?

      3. Avatar de CM
        CM

        J’en profite pour répondre à Zébu :
        Cher Ami,
        Je n’ai pas abordé la question des guerres, parce qu’à mon humble avis, la guerre entre puissances nucléaires n’est plus une hypothèse de sortie dès lors que la dissuasion nucléaire vient « geler » tout rapport de force.
        Restent les guerres de basse intensité et les guerres civiles…. pas très souhaitable, et surtout aucune garantie que la sortie se fera au détriment des créanciers. L’imprévisibilité du résultat d’une guerre civile est encore plus grande et inquiétante que celle d’un défaut général dans l’urgence sur la dette… et c’est un type de conflit encore moins souhaitable que les autres.
        CM

      4. Avatar de Dr Georges Clownet
        Dr Georges Clownet

        @ Zebu,

        Désolé, une solution aussi simpliste, moi même j’y avais pensé, pour te dire. Venant de toi, cette perception, ça me semblait tellement déplacé, tellement impossible, enfin je ne suis pas l’inconscient qui pousse à écrire sur une page HTML non plus. Bref, pour une fois où tu ne m’apprends rien, je l’ai noté quoi. Pardon !

        @ Roger R,

        Ce n’est pas ma phrase mon ami, pensez donc ! Vous avez un peu lu la phrase ? Moi, il me faut deux mois pour en saisir la substance. « Se rétrécir sur lui même » ! La dernier fois que j’ai vu ces mots c’était dans : Chérie j’ai rétréci les gosses ! Larguez je suis.

      5. Avatar de zébu
        zébu

        @ Basicrabbit :
        c’est quoi donc ?

      6. Avatar de Dr Georges Clownet
        Dr Georges Clownet

        @CM

        Restent les guerres de basse intensité et les guerres civiles…. pas très souhaitable,

        Et moyennement souhaitable ? Un tout petit peu souhaitable ? Au cas où ? Voyons voir ?

        et surtout aucune garantie que la sortie se fera au détriment des créanciers.

        Ouf, on l’a échappé belle…

        Ben ça alors. Ca m’en bouche un coin vos formulations. Suis trop lent pour ces bêtises moi, faut que j’arrête.

      7. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        @ Zébu
        « c’est quoi donc? »
        Pour une fois ce ne sont pas des thomeries mais des lacaneries.
        Les matheux savent retourner une sphère sans rétrécir la sphère jusqu’à son centre pour ensuite la regonfler dans l’autre sens. La face masculine du monde se retourne en sa face féminine, sans heurts. Comme au tennis lorsqu’on change de côté.
        But de la métaphore: Mesdames, à vous, vous êtes notre ultime espoir, car les mecs sont devenus fous (je crois même qu’ils l’ont toujours été; cf. leurs monologues de Lucky)!

      8. Avatar de Jérôme
        Jérôme

        @ Zébu, Basic Rabbit,

        Bonjour,

        Loin sans doute des étranges attracteurs de nos structures réelles, peut-être, néanmoins, l’art de faire et défaire les noeuds des parts de nos faces d’unie apparence formelle (identité) en retournements sans déchirure, un détour intéressant au miroir de nos symétries et harmonies sensibles.

        Sphere Inside out Part – I
        http://www.youtube.com/watch?v=BVVfs4zKrgk
        10’31/ english

        Le fait qu’un aveugle finalise l’écriture probante de tout cela, et que le truchement de la couleur soit nécessaire pour « convaincre » le sens visuel (pour les habituels voyants) de la transformation formelle est un message en soi, plein d’humanité.

        http://archives.arte.tv/hebdo/archimed/plus/archimede000919.htm

        Belle journée

  19. Avatar de HP
    HP

    Cher Cédric, vous ne lisez pas assez. Je suggère Fiodor Dostoïevski, ou le chapitre de l’histoire de France concernant l’Ordre des Templiers.
    Et savez-vous où est l’Argentine? Intéressant pays, ils auraient bien des choses à nous apprendre.
    Voici le 4ème : assassiner le prêteur. De façon rapide et sans douleur, soyons humain, pas comme la troïka en Grèce.
    La différence est notable avec le défaut : le défaut c’est quand on ne peut plus, l’assassinat financier c’est quand on n’en peut plus (d’être tenu par les couilles).
    Une seule lettre pour Dignité et Souveraineté, ce n’est pas grand chose mais tellement important.

    1. Avatar de CM
      CM

      Nous avons aussi l’extermination par famine et misère extrême (cannibalisme) des débiteurs défaillants comme à la fin du Moyen-Âge en Europe occidentale. voir ici.

      Cela fait donc 5 solutions… dont seules trois m’intéressent (n’étant d’un naturel ni suicidaire ni violent 😉 )

      1. Avatar de Marlowe
        Marlowe

        Que vous ne soyez pas violent ne change rien au fait que la situation dans laquelle nous nous trouvons est pleine de violence.

  20. Avatar de Tigue
    Tigue

    Vous dites:
    1)     Faire défaut ;
    2)     Rembourser en monnaie de singe ;
    3)     Rembourser à n’importe quel prix.

    On peut imaginer une autre possibilité (un poil oubliée dans ce billet) que se considérer comme un gagne petit, obligé de truander , alors que tout indique que nous sommes des pays très très riches :
    Payer la dette dans sa propre monnaie qui ne serait pas une monnaie de singe.
    C’ est ce que font les pays souverains (JApon, US, Uk, Canada, AUS…)

    Pas de souveraineté (accès mer, énergie etc.) , pas de monnaie, et vice versa.
    Les pays souverains font porter le poids de leur dette à la créature européenne qui n’ a pas encore
    son être , la petite créature s éveille a un monde pour l instant impitoyable (elle n à pas encore ouvert les yeux qu’ on la brutalise). Vous parlez d’ asservissement a l echelle de l individu sans en parler à l échelle des états, tout en en parlant à l échelle des empires passés, sans en parler à l échelle des empires présents …. Un slalom et arrêt stem, Bravo l’ artiste !

  21. Avatar de louise
    louise

    Votre point n° 3 rejoint ce que je faisais observer à Kercoz entre autres, il est illusoire de penser s’en sortir avec une maison, même petite, un lopin de terre, un puits et 4 poules !
    D’ici peu, vous n’aurez plus les moyens de payer les impôts fonciers et la taxe d’habitation qui déjà dans certains endroits augmentent follement, sans compter les taxes nouvelles qui ne vont pas manquer de voir le jour (il y a bien eu une taxe sur les fenêtres, pourquoi pas sur les poules !).
    Le passage du RMI au RSA s’est dailleurs traduit par l’obligation pour les Rsaistes de payer la taxe d’habitation dont les Rmistes étaient exemptés.

    Le système se verrouille déjà : diminution de l’argent « liquide » disponible pour éviter au maximum le travail au noir et l’économie parallèle, et ce n’est pas avec du « SEL » ou autres « grains » que vous irez payer votre dû au Trésor Public !

    A propos du christianisme, pour moi, l’augmentation de la population n’est pas liée à un meilleur niveau de vie, mais à une volonté de pouvoir disposer d’un « cheptel » humain plus important.
    Donc nécessité de plus de naissances « croissez et multipliez ».

    1. Avatar de Upwind
      Upwind

      Il est question d’une taxe foncière inversée afin de libérer le foncier pour pouvoir bâtir, et continuer sur le syndrome de la croissance éternelle et infinie.
      C’est un prétexte sans doute pour trouver l’argent là où il est.

      Et pendant ce temps, les Irlandais râlent contre l’inéquité d’une taxe foncière de 100 € (imposée par le FMI).

      http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/04/03/fronde-en-irlande-contre-la-taxe-d-habitation-sur-fond-de-recession-et-d-austerite_1679499_3234.html

  22. Avatar de Gu Si Fang
    Gu Si Fang

    les dettes privées sont aujourd’hui progressivement, et par divers moyens, transférées vers les acteurs publics

    Dans un premier temps, c’est l’épargne privée qui a été transférée vers les acteurs publics :
    https://docs.google.com/file/d/0B_sxv9ZVcOtYRGpsMGRqclVBOGc

    Depuis des années, les pouvoirs publics ont obligé les gérants d’épargne à placer leurs fonds en dette grecque. Au lieu d’être propriétaires de parts d’entreprises qui font des bénéfices, ou d’immeubles qui rapportent des loyers, les épargnants détiennent maintenant des titres grecs qui leur rapportent des impôts. Comme notre très chère sécurité sociale.

    1. Avatar de Amsterdamois
      Amsterdamois

      ‘reusement qu’y a Gu Si Fang pour prendre la défense des pauvres zinvestisseurs forcés par les méchants pouvoirs publics de s’adonner à des activités socialement nuisibles…

    2. Avatar de j.gorban
      j.gorban

      Comme notre très chère sécurité sociale

      salauds de pauvres qui ne paient pas d’impots ( hein parce que la TVA c’est pas un impot ! ) et qui en plus se soignent gratis

      et je vous parle pas des assistés !

      1. Avatar de methode
        methode

        qu’est c’vous voulez c’est ça les gens trop intelligents.

    3. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      Désolé pour le lien qui ne marche pas. Nouvelle tentative :
      https://docs.google.com/open?id=0B_sxv9ZVcOtYRGpsMGRqclVBOGc

      J’espère qu’il est clair que ce ne sont pas des « investisseurs » – personnages sans noms munis de hauts de forme et de cigares – mais des « épargnant » qui sont spoliés ici.

  23. Avatar de erreipg
    erreipg

    J’avais appris que l’évolution de la Société du Bas empire romain vers la Société féodale avait été engendrée par la fin de la pax romana, par les hordes barbares qui pillaient régulièrement les campagnes et les villes. Se réfugier dans le château-fort sous la protection des hommes d’armes du seigneur local, c’était une question de vie ou de mort pour la population, situation qui a vite viré à la servitude.

    Cette explication me paraît plus puissante, en tout cas plus répandue, que la vôtre basée sur une relation déséquilibrée entre débiteurs et créanciers…

    1. Avatar de CM
      CM

      Les invasions barbares ne sont qu’une conséquence d’une déliquescence des structures (qu’elles vont accélèrer), et un phénomène assez limité dans le temps par rapport aux 3 siècles du Bas Empire (en prenant pour début le meurtre du dernier Sévère et pour fin la déposition du dernier empereur d’occident, Augustule Romulus) : les invasions interviennent lors des vacances du pouvoir impériale, à chaque succession.

      Mon billet est fondé sur des travaux d’historiens réputés, relatifs à l’évolution des institutions politiques et juridiques entre l’Empire Romain et le Moyen-Âge (et à mes cours d’histoire des institutions politiques et sociales de Léon-Robert MENAGER à la Faculté d’Aix en provence).

      C’est toute une structure sociale et politique qui mute sur 3 siècles, et cela va au-delà des seules migrations germaniques et eurasiennes. Et l’image d’Epinal des chateaux-forts, c’est bien après les débuts du servage (conciles de Pitres 861-864), pour lutter contre les raids vikings.

      1. Avatar de Nemo3637
        Nemo3637

        En fait les peuples barbares, à la fin du IVe siècle, vivent déjà dans l’Empire romain, tels les Goths.
        Ils ont fui eux-mêmes des envahisseurs comme les Huns.
        Les Barbares forment les supplétifs de l’armée romaine. Celle-ci est d’ailleurs souvent commandée par des généraux vandales ou francs. Les peuples barbares vivant à l’intérieur de l’Empire gardent leurs lois et leur organisation propre. La désintégration de l’état est provoquée par l’absence de ressources financières de l’Etat central qui ne peut plus vivre de son action conquérante et prédatrice. La structure féodale peut certes trouver une origine dans la fin de l’histoire romaine. Une comparaison avec l’évolution des structures dans l’empire romain d’Orient qui subsiste est alors pertinente.
        Cette organisation féodale apparait plus clairement avec la fin de l’empire carolingien et l’affirmation du christianisme dans l’organisation politique.
        Ce qui est intéressant, pour revenir au propos initial, c’est l’état de contraction de l’économie qui oblige à une nouvelle organisation politique.

  24. Avatar de pseudo cyclique
    pseudo cyclique

    les banques vont faire défaut en remboursant en monnaie de singe tout en s’appropriant les ressources réelles des pays grâce à des moyens de rétorsion assez simple (milices privées ,blocages informatiques ,expulsions etc ).

  25. Avatar de tchoo
    tchoo

    Très intéressant ce rappel historique et ce troisième point judicieusement éclairé par l’histoire.
    Je pense que nous en sommes là, avec la tête de pont en Grèce, mais l’italie suit avec le démantèlement du code du travail, l’Espagne qui va rendre illégale toute contestation, et nous on sait pas , mais on vite le voir après les élections.
    Nous sommes partis dans un processus de servage digne du moyen Age, sauf à réagir à temps!

  26. […] Blog de Paul Jorion » COMMENT REMBOURSER UNE DETTE EXORBITANTE ? – LEÇON D’HISTOIRE EN FORME D…. […]

  27. Avatar de zerodeconduite
    zerodeconduite

    @ Cédric Mas

    D’ailleurs, il semble que nous nous acheminions, par ces temps troublés, vers ce que vous appelez « le remboursement réel » : nombre de petits propriétaires devront vendre leur bien immobilier en raison de leur incapacité à supporter les hausses d’impôts conjuguées à l’inflation des produits de première nécessité. Et parions que les pouvoirs publics entérinerons, comme feu les empereurs romains, cet état de fait (« inéluctable » !?) en instituant la nouvelle « propriété économique ». Ou comment un continent libre va entrer lentement mais surement en esclavage…

    1. Avatar de zerodeconduite
      zerodeconduite

      Lire « les pouvoirs publics entérineronT » bien sûr et non « entérinerons » Aîe aïe aïe : les ravages de la vitesse…

    2. Avatar de CM
      CM

      citons Léon-Robert MENAGER : « Toutes ces manoeuvres qui entraient dans le cadre du patrocinium auraient été impossibles si l’administration fiscale avait été utilement secondée par les pouvoirs actifs du gouverneur de province. elles sobnt un test incontestable de la carence, de l’inefficacité et, surtout, de l’impuissance de l’appareil administratif impérial. l’Etat ne pouvait que se voiler le visage ; sans doute se refsuait-il à reconnaître la validité du contrat de patrocinium et déclara-t-il les potentes responsables du paiement de l’impôt de leurs clients. mais cela ne fit pas rentrer les taxes dans les caisses du trésor. longtemps le gouvernement affecta de prendre parti pour les petits paysans victimes du patronat des puissants contre leurs maîtres, dans l’espoir que les premiers s’acquitteraient de leurs devoirs fiscaux plus volontiers que les seconds. Mais ce calcul était d’autant plus naïf que la résistance à l’impôt des « patrons » restait couronnée de succès.
      Finalement, en décembre 415 (Code Théodosien XI. 24, 6), l’administration dut abandonner le combat et reconnaître la validité de leurs titres usurpés de propriété. Elle demandait en revanche que les patrons paient les arriérés d’impôts dus par leurs clients et qu’ils accomplissent ou fassent accomplir toutes les prestations incombant auparavant aux petits propriétaires tombés sous leur coupe. Mais, par contre-coup, ces derniers, jusque-là considérés aux yeux de la Loi comme des paysans libres, entraient désormauis dans la condition de colon. (…) La démission de l’Etat devant le triomphe des puissances ploutocratiques, l’indépendance et la liberté d’action laissées à ces féodalités naissantes, voilà les deux traits caractéristiques de la structure politique et sociale déliquescente du Bas-Empire, qui sont ici particulièrement mis en relief ». in La Chute de l’Empire Romain – Cours d’histoires des Institutions publiques et des faits sociaux de Licence 1ère année, Faculté de droit et des sciences économiques d’Aix Marseille,Chap VII. pp. 23-24 ;

      Une autre citation de Salvien (De Gubernatis Dei, V. pp. 42-43) relatives aux petits propriétaires cédant leurs terres et leur liberté pour payer des dettes exorbitantes : « proprietatibus carent et vectigalibus obruuntur » soit privés de leurs propriétés et écrasés d’impôts.

      C’est un auteur à relire, d’autant plus qu’il était marseillais 😉

      1. Avatar de zerodeconduite
        zerodeconduite

        Et bien, il n’y a rien à redire : nous y sommes. Il importe juste de constater que ce sont ceux là même qui bénéficieront de la nouvelle donne qui ont fait en sorte de pourrir l’ancienne (développement inconsidéré de la dette privée, transmise aux pouvoirs publics, anéantissement de l’indépendance du politique par le développement du lobbying, hausse des matières premières par l’autorisation politique de la spéculation etc.). CQFD (un coup certes bien préparé)

  28. Avatar de BRL
    BRL

    Bonjour Cédric Mas.

    Fascinante mise en perspective. J’étais un partisan du défaut généralisé, comme je l’expliquais il y a quelques semaines (fort maladroitement) à François Leclerc, mais maintenant je ne suis plus très sûr de la pertinence d’une telle radicalité, au vu du flou juridique.

    L’évolution du droit romain vers le droit féodal que vous décrivez dans votre troisième point donne le coup de grâce aux théories (si du moins elles relevaient la tête) de la solution de continuité entre l’Antiquité et le Moyen Âge. L’Église a-t-elle joué un rôle de frein ou d’adjuvant, étant elle-même propriétaire, dans l’établissement de ce système ?

    Cordialement.

    1. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Le défaut généralisé implique une redéfinition des rapports de forces dans la société, donc du droit.

    2. Avatar de CM
      CM

      L’Eglise n’était pas encore un propriétaire important avant la fin de l’Empire (sauf dans certaines régions comme la Provence où les domaines semblent considérables dès le Vème siècle – David HERLEY, Church Property on the European Continent, 701-1200 in Speculum n°36 (1961) pp. 81-105 et Lellia RUGGINI, Economia e Societa, pp.558-563), mais elle a accompagné et légitimé cette évolution.

      L’accroissement des richesses matérielles et domaniales de l’Eglise a aussi profité de cette évolution, certains petits proriétaires préférant aliéner leurs biens aux autorités ecclésiastiques plutôt qu’à un « patron ». mais le « patrocinium » ne fut dans les faits pas moins dur venat des autorités cléricales que des autorités séculaires. Les libéralités des fidèles sont autorisées dès 321 et un édit de Constantin.

      Saint Augustin prônait la soumission aux formes de pouvoir existantes et le conformisme social.

      Malraux disait que « le catholicisme romain a créé une civilisation soumise ».

    3. Avatar de Nemo3637
      Nemo3637

      Selon l’historien anglais Gibbon l’empire romain n’a jamais vraiment disparu. D’abord il a subsisté à l’est, sous la forme de l’empire romain d’Orient et ce jusqu’au XVe siècle. Ensuite, selon Gibbon, les législations qui ont suivi la fin de l’empire romain d’Occident, seraient dans son droit fil. C’est l’Eglise qui a pris « la suite » de la structure romaine. Ce sont les conciles qui pendant des siècles vont émettre des lois et des commandement régissant la vie civile. La religion – ici le christianisme – est alors le ciment social, remplaçant Rome l’impie.
      Ce n’est pas seulement pour l’Eglise une question d’intérêt matériel (encore qu’il ne soit pas absent) mais une conception de la société où il y a consensus parmi les élites.

  29. Avatar de edith
    edith

    Trois propositions !

    Mais qui nous les fera ? il me semble que l’époque n’est plus au libre choix des nations.

    Où les pouvoirs politiques nous ont ils amenés jusqu’à aujourd’hui ?
    pourquoi ?
    et vers quel but ?

    Alors il y a deux solutions,

    -> soit c’est involontaire (par manque de compétence)
    -> soit c’est volontaire et dans ce cas, il me semble que nous nous dirigeons vers la troisième solution, sans que nous ayons la possibilité de dire quoi que ce soit.

    Pour moi, il y a deux voies pour arriver aux conséquences de cette dernière solution :

    -> soit la guerre (ce que l’Europe a connu sans discontinuer)
    -> soit la déstabilisation et la mise au pas par l’outil financier.

    1. Avatar de Pat
      Pat

      Et en temps de guerre, les capitaux nécessaires pour le massacre sont curieusement à nouveau immédiatement disponible et ce, pour les deux parties destinées à s’entre-tuer.

    2. Avatar de KIMPORTE
      KIMPORTE

      L avenir n est pas radieux..

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