Billet invité.
Comment sortir de la nasse dans laquelle les pays européens sont entrés ? La question agite les dirigeants, en pure perte. Nicolas Sarkozy vient d’ajouter un épisode à une histoire qui en comporte déjà beaucoup.
Pour l’aile libérale convaincue, la cause est entendue, un programme de réformes structurelles permettra à l’Europe de dégager des marges de compétitivité et d’améliorer ses résultats à l’exportation hors de la zone euro. Pour le président français et les plus pressés, l’idée est de baisser la valeur de l’euro, afin d’aboutir au même hypothétique résultat.
Maintenant la perspective sans nuance d’un apurement de la dette publique en continuant d’ignorer la crise du système bancaire privé, Nicolas Sarkozy évoque le choix entre la déflation et la croissance, pour privilégier la seconde, en évoquant un spectre jusqu’ici tabou.
Si l’on comprend bien les stratégies de relance proposées, il s’agit dans les deux cas de renouer avec la croissance grâce au développement des exportations dans un contexte peu propice car marqué par le resserrement des échanges internationaux. Eurostat vient par ailleurs d’annoncer un excédent du commerce extérieur de la zone euro de 2,8 milliards d’euros en février, après un déficit de 7,9 milliards en janvier, mais cela va changer quoi ?
L’élection éventuelle de François Hollande, suivie des changements politiques qui pourraient intervenir en Allemagne à la suite des élections législatives de 2013, fondent les espoirs de ceux qui attendent une évolution stratégique plus crédible. Les intentions du candidat n’ayant pas été clairement exprimées, un recul tactique ayant été même enregistré à propos de la renégociation du traité de discipline budgétaire – auquel il s’agit d’ajouter un volet croissance – qu’en reste-t-il ? Une phrase sibylline dans Le Monde de décembre dernier, selon laquelle il faudrait « changer la pratique de l’intervention de la BCE ».
A l’appui de la relance, différentes hypothèses ont été évoquées, reposant sur la mobilisation ou la réaffectation de capacités financières européennes existantes, de la Commission ou de la Banque européenne d’investissement (BEI). Du côté des sociaux-démocrates allemands, la définition d’une politique alternative est encore moins précise et achevée.
La triste vérité est que toutes ces propositions ont en commun de ne pas remettre en cause la stratégie défaillante qui sévit, juste de l’infléchir. Et que le débat d’orientation plus ou moins feutré qui se poursuit, et va se continuer plus ouvertement, va être confronté à la montée du nouvel épisode de la crise européenne, dont l’Espagne est le catalyseur. En particulier parce qu’elle va mettre en évidence que c’est une crise bancaire – donc de la dette privée – qui en l’espèce en est le principal moteur.
L’Espagne fait aujourd’hui ce que les dirigeants européens, au pouvoir ou en passe d’y accéder, se refusent à effectuer : elle infirme pratiquement la stratégie actuelle. En premier lieu en raison de sa crise bancaire, en second parce qu’elle effraye les marchés plus par la destruction de son économie qui est en train d’être opérée et la récession dans laquelle elle est entrée que par l’ampleur de son déficit public. Car si une chose est établie à leurs yeux, c’est que le plan de réduction de la dette publique n’a aucune crédibilité.
Dans une ultime tentative destinée à éviter la mise en œuvre d’un plan européen de soutien financier aux banques, le gouvernement espagnol cherche à mettre en place une bad bank, car le fonds de soutien (Forb) lancé en 2009 n’a pas la dimension requise pour financer le système bancaire. S’agissant de la réduction du déficit public, l’économiste Luis Garicano a estimé dans El Pais qu’atteindre l’objectif de 5,3% du PIB d’ici la fin de l’année, revenant à effectuer une correction de 3,2%, impliquait de trouver ou de ne pas dépenser entre 53 et 64 milliards d’euros. La messe est dite.
Il y a dans les réflexions actuelles des dirigeants européens, telles qu’elles nous sont livrées, l’invocation commune à un deus ex machina, l’appel à une divinité pour résoudre une situation désespérée : en l’occurrence l’intervention de la BCE. A leur décharge, on conviendra qu’ils peuvent espérer de celle-ci l’équivalent pour les Etats du soutien qu’elle a accordé aux banques. Mais ils ne remarquent pas ses limites, déjà rencontrées, car si ce soutien permet de gagner du temps, il ne résout rien : c’est tout du moins ce que l’on observe clairement en Espagne. Ce qui conduit ses dirigeants à rechercher un miracle qui procède en réalité d’une échappatoire : leur refus de prendre en compte dans toute sa dimension et ses caractéristiques propres la crise financière européenne.
Dans le domaine de l’invocation, les dirigeants européens n’en restent d’ailleurs pas là. Ils cherchent un mécanisme déclenchant le retour de la croissance sans s’interroger sur la nature de celle-ci. Pour jeter en vrac sur le tapis les éléments d’une stratégie de développement reposant sur des têtes de chapitre qui ont tout du poncif, appelées recherche, formation, énergies nouvelles, etc… Tous points d’appui à la croissance qui n’ont des effets qu’à long terme. Pour certains, soucieux des déséquilibres internes à la zone euro dont ils voient la cause principale dans la crise actuelle, un rééquilibrage entre les pays exportateurs et les autres est préconisé, afin que les premiers se recentrent sur leur marché intérieur. Une politique contradictoire avec les intentions – si ce n’est les intérêts – de l’Allemagne qui est la maitresse du jeu.
Une réflexion sur la croissance – qui fait défaut – peut-elle faire l’économie d’une autre sur la redistribution de la richesse ? Les deux sont d’ailleurs liés entre eux. Tel est le second point d’achoppement de ce que nous entendons. Il y a des solutions arrangeantes et des vérités dérangeantes.
Dans leur état actuel, les réflexions qui nous sont proposées reposent donc sur un double déni bien ancré. Il reste donc du chemin à parcourir, non compte tenu de la persévérance du clan des ayatollahs que représente Jörg Assmusen, membre du conseil des gouverneurs de la BCE. Estimant dans le Wall Street Journal que le pire de la crise semble être derrière nous, ce dernier considère que « la balle est dans le camp des États », opposant à la relance du programme d’achat obligataire de la BCE sur le second marché – à laquelle il n’est pas favorable – le fragile pare-feu du Mécanisme européen de stabilisation financière (MES).
Dernières nouvelles : Le taux des obligations espagnoles à dix ans a dépassé ce lundi le seuil des 6% pour atteindre 6,105% en fin de matinée. Des adjudications du gouvernement sont prévues jeudi prochain. A leur manière, les marchés réclament aussi l’intervention de la BCE…
195 réponses à “L’actualité de la crise : SOLUTIONS ARRANGEANTES ET VÉRITÉS DÉRANGEANTES, par François Leclerc”
Si je n’avais pas qq doutes sur les motivations de P KRUGMAN et G SOROS, je dirais ceci :
Même les américains nous disent que nous allons dans le mur avec l’application débile de notre politique en Europe. Si ce sont les américains qui nous le disent !
Merci de ce billet.
En pleine polémique chiens de garde, on ne trouvera pas grand journaliste ou économiste hétérodoxe pr dire que le problème majeur est le secteur bancaire privé.
A ce sujet, je pense que vous avez du apprécier le chapitre de Lordon sur la re-régulation financière ds changer d’économie des EA.
@ keskizpass
Parce que ce n’est pas le problème majeur. C’est un grave problème mais pas le principal.
Le problème : La macro-économie est l’opium des économistes, car à ce niveau on peut tout dire et son contraire, tandis que la micro-économie a été phagocytée par le paradigme de l’homo-économicus, en essayant d’éclairer les acteurs sur leurs comportements préalables, – en fait d’optimiser le fonctionnement de l’économie marchande déjà constituée.
Donc des deux côtés on s’interdit de comprendre l’économie, du haut par la démagogie, oubliant les limites terrestres, écologiques, etc, du bas posant un paradigme qui interdit de voir l’essentiel.
Le principal était en effet la micro-économie, et je dirais la micro-comptabilité. A partir du moment où la loi des débouchés de Say est fausse, il y a un grave problème.
Faute de quoi, l’économie reste une science ptolémaique….
http://www.commission-des-sondages.fr/competences/interdiction.html
Je m’étonne ce matin d’entendre la proclamation d’un sondage donnant toujours les mêmes gagnant, au coude à coude, moins d’une semaine avant l’élection. Ce matraquage est indécent, à quoi bon voter si le résultat est connu d’avance ? Cela fait le jeu de l’abstention.
Mais en fait depuis 2001, la période d’interdiction de publication des sondages est passée d’une semaine à la veille du scrutin ! La loi est vidée de son sens, cela va sans dire.
Mr Jorion, on n’est même pas capables d’interdire les sondages, pourquoi ? Alors comment interdire la spéculation ?
Pourquoi avoir maintenu un semblant de loi au lieu de l’abroger complètement ? Maintenant cette loi est ridicule…
J’en ai assez des sondages démoralisants… mais pourquoi allez voter… ? les chiffres ont connu à l’avance…
Rebelote aussi les machines électroniques, qui nous garantit qu’elles sont exemptes de fraudes ?
Les sondages, on est pas obligés de les regarder .
Et la spéculation, on peut vérifier si on est sûr personnellement de ne pas y participer .
UN AUTRE SON DE CLOCHE ….
Pour qui comptez-vous voter dimanche ? midi libre
http://www.midilibre.fr/2012/04/16/live-les-marches-financiers-vont-ils-attaquer-la-france-apres-l-election,487200.php
le titre : » Hollande : « C’est notre tour de gouverner et de diriger la France »
Digne d’une cour de récré….
Allez Nicolas refile moi le ballon, c’est à moi de jouer!
Comprenez qu’avec la désinformation par l’absence d’esprit critique dont nous abreuve les médias, les électeurs auront du mal dans cette mascarade de campagne (démocratie)à avoir les idées claires et ne trouveront même plus la fente de l’urne.
Ont-ils seulement une once de (bonne) conscience, un iota de lucidité pour affronter l’énorme défit qui se présente face à la crise économique, écologique et sociale?
Je les vois déjà dfans 2 ans avec leurs mines déconfites venir dire : » c’est pas ma faute, c’est la crise… »
Vous connaissez le travail de Serge Galam (CREA Polytechnique) qui explique où se mettent les points fixes dans les courbes d’opinion ?
Bien sûr, il faut quelques ingrédients dans son modèles qui produisent les effets dans le sens attendus (les « contrarians » contiennent une proportion d’inflexibles par exemple et ne changent pas d’opinion), mais ce qui est fascinant, c’est que les scénarios résultants sont en tout petit nombre, si on tient compte d’une échelle de temps pertinente (qqs semaines) : soit égalité, soit effets de repoussoir, etc. et ce avec des biais très faibles au départ.
(pas retrouvé le bon lien du CREA, sorry… Goggle + SCholar ?)
@ Timiota
Merci pour la référence Galam (CREA).
Je bois du petit lait en lisant ce qu’il dit sur le réchauffement climatique…
Qu’est-ce à dire?
à Lisztfr
« Rebelote aussi les machines électroniques, qui nous garantit qu’elles sont exemptes de fraudes ? »
Il n’y a pas que les machines électroniques qui sont en fraudes, il y a aussi les puces électroniques après le krach économique.
Après le krach économique, du fait de la difficulté pour se nourrir ou boire, cette puce va être proposer aux populations pour maintenir le cadre de vie de personne avec nourriture, eau, travail ou logement.
il vaut mieux connaître les multiples aspects de la puce, ses capacités.
Au niveau corporel, la puce a la capacité de connaître votre alimentation en temps réel, de créer une grossesse pour les femmes (uniquement les E.T), de pouvoir à volonté par un autre individu, regarder à travers vos yeux (ce que vous voyez) et de manipuler votre tension, vers le haut ou vers le bas jusqu’à ce que mort s’en suive.
La puce n’est pas influencer par les appareils médicaux extérieurs, ainsi si vous avez la grippe, aucun appareil médical ne l’a détectera. De plus la puce a la capacité de faire croire à l’appareil médical (techniquement) que vous avez une autre maladie, peu importe laquelle. Ceci pour n’importe qu’elles maladies.
La puce a une énorme influence sur le cerveau humain. Ses capacités sont encore plus développés que sur le corps humain.
Avec la puce, si on vous montre un tasse de couleur verte (elle est réellement de cette couleur), la personne qui a la puce ne le croira jamais et traitera la personne de menteur. C’est à dire que la personne ne peut plus dissimuler la vérité du mensonge.
Ses capacités sont aussi de pouvoir faire écrire n’importe quoi à la personne, même des choses qu’il ne connaît pas mais que celui qui le manipule connaît.
La personne peut tuer sa famille ou n’importe qui, même se suicider, à partir de la puce. Elle peut avoir des hallucinations, voir quelquechose qui n’est pas là, le son est compris dedans. Elle peut aussi rentrer dans une psychose toute seule sans le moindre motif apparent, juste par la volonté de celui ou celle qui le manipule à travers la puce.
De plus, la personne qui a la puce peut oublier totalement tous les exemples qui ont été écrit. Sa mémoire n’aura aucun souvenir d’événements que la personne qui manipule la puce à choisie.
La puce ne sera plus que proposer par le biais de carte de crédit ou autres, ce qui est une baisse très importante des libertés individuelles et collectives.
Il y a quelque chose qui me chagrine, c’est que Colissimo (La Poste) a retourné un colis parce que la personne avait écrit Paris ïle de France, au lieu de Paris ! Depuis j’ai l’impression d’être confronté à des robots sur ce problème … tout se dégrade (sauf le bio !).
Encore que le BIO est devenu un label marchand dont la vérité est éliminée.
Ce qui ne veut pas dire que la nourriture non falsifiée a complétement disparu.
Nicks
Vous dites :
Je ne doute pas que le FdG soit porteur d’un projet politique économique et social fort.
Mais gare à certains de ses accents.
Ce qui me gêne dans le discours du FdG c’est qu’il fait miroiter les vieilles lunes du protectionnisme ou du jeu des alliances entre blocs, au lieu d’aller directement au but en affirmant haut et fort que la priorité des priorités c’est la recherche de solutions nouvelles applicables au niveau mondial et dont dépendent en réalité beaucoup des initiatives locales, comme vous le reconnaissez vous-même.
Qu’il faille faire appel aux valeurs universelles relatives à certains aspects de l’histoire de la nation française, c’est à dire à tout ce qui se rapporte à la liberté, l’égalité et la fraternité, je trouve ça très bien. L’universel s’inscrit toujours dans un histoire, avec ses lieux. La France fut un de ces lieux. Pas de quoi avoir honte de cet héritage s’il peut nous porter au delà de nos identités purement identitaires ; on ne raye pas d’un trait de plume une histoire collective à laquelle chacun se réfère et qui porte en elles certaines ressources. Mais cette histoire n’est pas figée pour l’éternité, de même que le cadre national n’est pas le seul lieu où se déploie l’histoire collective.
Pour le reste, sur la nécessité de la réforme de la vie politique j’y souscris, sur la nécessité des luttes sociales sur le terrain également, mais encore faut-il clairement indiquer que ces nécessités ne peuvent plus être envisagées isolément du contexte mondial. Ce contexte aujourd’hui c’est celui du système financier mondial, qu’il faut refondre. Tout discours politique qui oublierait de se référer à ce cadre général nouveau me semble voué à donner des coups d’épée dans l’eau, voire à ranimer de mauvaises passions.
Mon propos n’est pas de discréditer le Front de Gauche, seulement d’attirer l’attention sur ses forces et ses faiblesses.
pierre-yves d,
autrement dit,
vous êtes prêt à sacrifier les travailleurs français et européens, déjà bien laminés, en attendant que les dirigeants chinois ou indiens décident de se munir de droits et acquis sociaux équivalents aux nôtres, ou que les états-unis renoncent à la suprématie du dollars, ect…
Je l’ai déjà dit par ailleurs, il faut négocier avec les autres pays, ce qui suppose de tenir compte des rapports de force, ce que je crains seulement c’est qu’en cours de route le moyen protectionniste ou la désignation d’ennemis à la vindicte populaire ne deviennent des fins en soi, que cela serve plus des objectifs de politique intérieure que l’objectif universaliste que l’on était supposé atteindre.
C’est une perte de temps que de ne pas afficher clairement l’ambition universaliste.
Notre destin est planétaire, les seuils au delà desquels tout pourrait se détraquer très vite se rapprochent. Il y a urgence.
à Pierre-Yves,
Je pense que tu es (beaucoup trop) optimiste.
Les seuils que tu évoques, cela fait un moment qu’ils ont été franchis.
Le désastre n’est pas devant nous.
Nous baignons dans un monde où les catastrophes se succèden et où tout s’accélère, et je ne pense pas seulement à la folie financière..
@ Pierre-Yves D
« C’est une perte de temps que de ne pas afficher clairement l’ambition universaliste.
Notre destin est planétaire, les seuils au delà desquels tout pourrait se détraquer très vite se rapprochent. Il y a urgence. »
Je crois également qu’il y a urgence. Je crois que le France a encore et toujours une vocation universaliste et que le seul moyen de se tirer (et de tirer l’Europe) de ce merdier est d’abord d’afficher l’unité nationale, condition nécessaire à ce que la voix de la France soit entendue. Il y a urgence car les forces centrifuges de la division entraînant une guerre civile peuvent se déchaîner plus vite qu’on l’imagine.
@Pierres Yves D.
Jean-Luc Mélenchon a répété plusieurs fois que la France était une nation universaliste. Si ce n’est pas afficher la couleur, je ne sais pas ce que c’est ! Mais c’est le but final. Pour y arriver il faut intervenir dans le rapport de force. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de risque. Qui peut prévoir l’avenir avec certitude. Mais n’y a t’il pas plus de danger à laisser la situation se dégrader comme actuellement, laisser les puissances de l’argent installer définitivement leur pouvoir, écraser les populations jusqu’à ce qu’un violent retour de flamme incontrôlable n’ait lieu ? Voilà ce que je crains en priorité et ce que je pense que le candidat Ps ne va faire qu’accompagner au mieux, lui aussi accélérer, au pire.
pierre-yves d,
vous regrettez de devoir casser des oeufs pour faire une omelette. ceux qui s’apprêtent à voter mélanchon et même à gauche plus généralement ont les mêmes doutes que vous. mais si rien n’est fait c’est la droite nationaliste qui finira par emporter la mise.
vigneron par exemple, quand il écrit – go ahead punk, make my day – ne dit rien d’autre. il préfère laisser de côté les indigents, les marginaux, les inadaptés et autres trouble-fêtes économiques: les punks. il signifie qu’il a fait son choix, il est du côté des forts et tant pis pour les faibles.
mais apparemment il a même fait le deuil d’un cadre, pas forcément révolutionnaire genre 6ème république, mais plutôt 5.1, qui permettrait une redistribution largement plus équitable. d’où il ne fait que critiquer et appelle implicitement à voter social-démocrate.
-nombreux ici jouent les cyniques résignés, mais ils ne le sont pas du tout. au contraire, derrière le masque, ils prennent ces enjeux terriblement au sérieux.
-de même il y a les optimistes incorrigibles….
les deux ont en commun de justifier le statu-quo.
c’est aussi le mérite de paul, il propose une réforme qui ne soit pas une révolution des institutions civiles, mais une révolution financière impactant et responsabilisant les plus riches.
@Pierres Yves D.
Mais justement, pour arriver à un règlement mondial de la crise, il va falloir d’abord modifier des rapports de force, gagner la majorité et ensuite appliquer un projet universaliste. Voilà la seule façon d’y arriver. Ce n’est pas en lançant une idée et en espérant qu’elle sera miraculeusement reprise par tout le monde en même temps que nous allons y arriver. Là c’est le risque de se faire marcher dessus par l’Histoire en pêchant tranquillement à la mouche, en aval d’un barrage qui va céder sous peu. Nous n’avons pas le temps.
méthode
Si ça peut vous remonter un peu le moral, je n’ai pas encore arrêté mon choix. 😉
Une dernière critique tout de même à propos de Mélenchon, et après j’en aurai fini.
Il y a comme une contradiction dans cette façon de s’en remettre aux référendums pour décider de problèmes vitaux comme celui de l’avenir du nucléaire quand sur d’autres sujets on est beaucoup plus affirmatif et déterminé. Si le cadre institutionnel a son importance, plus important encore est le débat d’idées, car c’est ce dernier qui donne sa substance à la démocratie. Le rôle d’un parti c’est de prendre parti, en tant que l’on est sensé exprimer et représenter des aspirations réelles et argumentées.
Bref, il aurait été plus logique de prendre parti clairement sur le nucléaire et d’annoncer le cas échéant un référendum sur la question. L’un n’empêchait pas l’autre. Et puis un référendum c’est vite déprogrammé pour une raison x ou y, vite trouvée si le contexte politique ne s’y prête pas.
Plus encore que de démocratie directe c’est d’une réforme substantielle du régime de la propriété (usus, fructus, abusus) dont nous avons besoin pour résoudre le problème de la répartition des richesses et donc d’apporter un nouveau fondement à la démocratie. Or sur ce sujet le FdG n’est pas très prolixe. Idem sur le partage du temps de travail lié à l’augmentation de la productivité.
Poutou et Arthaud sur ces questions sont beaucoup plus tranchés, et somme toute plus proches des aspirations de nombre des commentateurs du blog sur la question de la dette (Poutu a dit « faut la supprimer », c’est exactement ce qu’on dit ici non ? ) ou de la propriété que des positions des autres candidats, malheureusement leur niveau d’argumentation est faiblard, à cause de leur tropisme ouvriériste, très certainement.
Comme l’a signifié à plusieurs reprises Paul Jorion, aucun parti actuellement ne représente le courant d’idées incarné par le blog. Sur ce point nous pourrons être d’accord.
Après, à chacun de faire son choix. En tous cas il ne me semble jamais inutile de dire ce qu’on pense. C’est même d’ailleurs comme cela qu’on avance. Je ne me sens pas l’âme d’un militant mais je comprends que certains le soient, c’est même préférable au désintérêt, à l’indifférence manifestée à l’égard de la politique.
précisément pierre-yves, ça ne me rassure pas.
vous n’allez tout de même pas prendre le risque que sarko’mence, hein 😉
– valable pour tous les révolutionnaires d’isoloir –
je ne voterai ni Poutou ni Arthaud. Ils ont bien vu que la propriété et la dette sont des problèmes à traiter de façon radicale, mais ils n’ont pas les bonnes solutions.
J’ai dit beaucoup de mal de Mélenchon mais je ne m’interdis pas de voter pour lui. Rassuré ?
Il me semble que la priorité est de neutraliser la loi du » ni vu ni connu ».
Il fait que ceux qui votent les reculs de souveraineté (énergie, fiscalité, géopolitique …)
au nom de la cause à laquelle ils croient , le reconnaissent de façon transparente.
Ceci n est possible que si le vote est « contradictoire » (avec des témoins à chaque étape ).
Il faut remplir les assemblées de « témoins « .
En résumé, il faut les bloquer dans le déroulement tranquille de « leur programme commun »
que le programme soit commun c’est un fait, c’est le symbole qui fait la différence et déterminera le niveau de déception, donc de colère. même si certains n’aimeraient que rien ne change… l’affaire est entendue, reste le dénouement. les témoins et autres commissaires je n’aime pas trop, je préfère des assemblées consultatives.
pierre-yves d
poutou et arthaud ne sont pas crédibles. mélanchon n’a aucune chance de l’emporter. quant à marine lepen vous êtes bien moins prolixe et j’imagine tout aussi peu vindicatif. comme je ne vous ai pas assez lu, je m’abstiendrai, mais il est évident que le statu-quo est pour vous un objectif en soit. ce n’est pas acceptable.
méthode
Ce qui vous fait penser que je serais pour le statu-quoi c’est seulement que je ne me rallie pas inconditionnellement à votre position. De même, en ce qui concerne vigneron, je me garderais bien de déduire de ses positions qu’il est pour le statu-quo. Il ne faut pas confondre un style qui peut déplaire, à tort ou à raison, et les raisonnements associés à ces prises de position.
Les objectifs auxquels on souscrit pour changer la société ne doivent pas être confondus avec les moyens pour y parvenir. Or il me semble que c’est surtout sur les moyens que nous exprimons souvent nos divergences. On peut se montrer très radical eu égard aux moyens et beaucoup moins sur les objectifs, et inversement.
Vous souhaitez des assemblées consultatives. Je n’y suis pas hostile, seulement j’estime que de leur mise en place ne génèrera pas spontanément les solutions. Et n’oubliez pas que nous vivons à l ‘heure internet et des mass média. L’autonomie de ces assemblées ne pourra donc être que très relative, loin de l’idéal de l’agora dans la Cité grecque. Le débat qui aura lieu en dehors de leurs cercles ne manquera pas d’influer sur ce qui s’y dit et se décide.
Admettons que ces assemblées voient le jour. Pour débattre avec vos concitoyens il vous faudra alors accepter les positions qui diffèrent des vôtres, de même qu’ici nous présupposons que ce que dit autrui doit être examiné en tant que ce sont des arguments qui sont avancés et non pas seulement des intentions.
Il n’est pas exclu que je vote pour Mélenchon, mais pour moi il n’est qu’un moyen, car les positions défendues par Jorion me semblent constituer des objectifs plus radicaux et plus à même de faire face aux défis que nous aurons à relever, en tant que français mais surtout en tant que citoyens du monde.
méthode,
j’ajoute que parfois j’ai l’impression que nous nous querellons pour des queues de cerise sur ce blog. C’est inévitable, car il n’y a pas de pensée sans affects. Mais essayons aussi de prendre un peu de recul, de voir ce qui nous rassemble plutôt que ce qui nous divise. Car dans le camps d’en face, ils ne s’embarrassent pas de nos subtilités.
Pour revenir aux élections, j’ai le sentiment que si quelque chose de positif doit en sortir ce n’est pas tant l’élection de tel ou untel (même si je souhaite évidemment la victoire de la gauche) que le déplacement de certaines lignes idéologiques. Je pense au nucléaire par exemple, un thème qui avait été absent de la précédente campagne présidentielle. Un autre exemple, le regroupement au sein du Fdg de partisans du productivisme et de personnes qui n’y sont pas favorables, ou encore des personnes soucieuses de plus démocratie et des anciens communistes plutôt adeptes du centralisme. Bref dans le mélenchonisme il y a un certain mélange, des forces mêmes un peu contradictoires. Tous les sympathisants ne sont pas jacobins, d’ailleurs cette idée des assemblées consultatives si elle était appliquée dans son esprit serait plutôt un facteur de décentralisation. Bref, dans le meilleur des cas le FdG pourrait se révéler avoir été un creuset pour l’émergence d’un nouveau courant de pensée, et peu importe que ce qu’il adviendra de Mélenchon après les élections. …
Il faut peut être s inspirer des fonctions des assemblées consultatives provisoires créées par la résistance à la libération ..
Mais les créer avant la collaboration, plutôt qu après la guerre.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Assemblée_consultative_provisoire#section_2
Un sorte de bicamérisme , tel que l’ avait en vue Montesquieu (ie : le pouvoir controle le pouvoir) , mais fractal : à toutes les échelles
La Bécane France ne moulinerait pas avec des puces « Intel inside », mais « irréductibles gaulois Inside »
Donc voter très fort pour eux (les petits) au premier tour pour que les gros soient fractalement cernés de témoins après.
pierre-yves d et tigue,
pour ma part, et sans subtilité outre-mesure, l’objectif c’est d’abord de faire tomber dans l’opposition (même hypocrite) le personnel en place depuis trop longtemps. ce sera donc hollande, je vote non pas pour lui, mais contre sarkozy. avec une grande amertume certes. je ne crois pas à la révolution par les urnes et redoute un 2002 bis.
il n’y a rien à reprocher à mélanchon qu’on ne puisse reprocher aux autres, au contraire, mais les épreuves ne lui feront pas de mal s’il est si sincère.
en ce qui concerne les assemblées consultatives, c’est évidemment dans une optique de décentralisation. je crois sincèrement que la multiplication des niveaux de décisions sont un gage de sta-bi-li-té, quitte à risquer la paralysie. la suractivité de sarkozy me sort par les yeux, je rêve de cohabitation et d’un pouvoir qui ne se mêle plus de ce qui ne le regarde pas.
tellement de chose ont été faites avant nous il suffit en effet probablement de s’en inspirer. le problème ce n’est pas les idées, c’est la volonté et la légitimité… et quand on voit la période qui va se terminer dimanche, période délicate et ô combien cruciale pour le pouvoir, cette formidable conjoncture 2012, eh bien il n’y a eu aucune mobilisation générale au moment où ce gouvernement inique et à mes yeux illégitime était le plus faible. je vous avoue ne pas être si optimiste sur la capacité des français à se défendre. j’espère me tromper.
méthode
La volonté manque, dites-vous. Il me semble que c’est plutôt lié au fait qu’il manque les concepts nouveaux dans les têtes de nos contemporains qui leur feraient comprendre, toucher du doigt, que ce qu’ils prennent pour des problèmes insolubles, des obstacles infranchissables, ne le sont en réalité que dans le cadre conceptuel ancien.
Les thèmes dont nous débattons ici ne sont pas en soi des thèmes nouveaux, qu’il s’agisse de la propriété, du partage du travail et des richesses, mais ils sont abordés à nouveaux frais parce que les solutions partielles et anciennes ne sont plus adaptées aux problèmes de notre époque ou bien simplement parce qu’elles ont lamentablement échoué étant donné leur défaut de conception initial.
Si les partis que nous évoquons ne nous semblent pas satisfaisants ce n’est pas parce qu’ils manqueraient de volonté mais avant tout parce qu’ils n’ont pas les idées adéquates, c’est à dire susceptibles d’offrir une alternative réelle, apte à s’engouffrer dans la brèche ouverte par le capitalisme à l’agonie, si bien qu’en définitive ils peinent à trouver prise sur les évènements. Ils n’ont pas les moyens de leurs ambitions, leurs ambitions s’appliquant à de fausses représentations.
Ils font un diagnostic de la crise qui souvent ne prend pas en compte toutes les composantes de ce qui fait la société et l’humanité à l’heure planétaire, et si toutes les composantes y sont, l’articulation n’est pas la bonne.
Aujourd’hui, principalement, c’est l’économisme, quelque soit le parti, qui est le point de focalisation des idées, si bien que celles-ci peinent à se composer entre elles pour constituer les nouveaux concepts autour desquels s’articulera la société de demain.
Tigue,
Comme c’est bien dit.
pierre-yves d,
il y a probablement de ça aussi, une certaine inadéquation, un fracture nette entre générations. mais je vous sais trop subtile pour occulter les mesquineries d’appareil et l’avidité de pouvoir, pour le pouvoir.