J’intervenais hier soir à Luxembourg dans le cadre d’une table-ronde organisée par le Goethe Institut de la bonne ville. À mes côtés, un éminent professeur d’économie de l’université de Tübingen, un représentant du secteur bancaire du Grand-duché, un éminent professeur de littérature, lui aussi de l’université de Tübingen, et un éminent représentant de la profession journalistique chez nos amis d’Outre-Rhin.
L’auditoire était très représentatif me semblait-il d’un Goethe Institut de par le monde, excepté peut-être le contingent d’éminents lecteurs du Blog de Paul Jorion, avec qui j’eus ensuite le bonheur de m’entretenir.
Tout se passait comme d’ordinaire dans ce genre d’assemblée jusqu’à ce qu’éclate la bataille de Luxembourg. À certains propos du représentant du lobby bancaire luxembourgeois qui nous invitait à la commisération envers la perte d’influence de sa profession, le professeur de littérature ne parvint pas à se contenir davantage. Il explosa.
Je regrettai sincèrement à ce moment-là que ma connaissance de l’allemand ne soit pas meilleure que ce qu’elle est : je dépendais de la dame en charge de la traduction simultanée qui eut alors un moment d’hésitation facile à interpréter : « Est-ce vraiment dans mes attributions de traduire aussi ce que j’entends là ? »
Quand le professeur de littérature à l’université de Tübingen s’interrompit, la salle éclata en applaudissements, et il ne s’agissait pas seulement du contingent des lecteurs du Blog de Paul Jorion. Je ne serais pas étonné si l’on m’informait que quelques notabilités de la bonne ville de Luxembourg appartenaient elles aussi à cet auditoire en colère.
Quelle leçon tirer de la bataille de Luxembourg ? Que l’exaspération contre l’outrecuidance de ceux qui nous dirigent et nous enfoncent aujourd’hui dans le désastre n’est pas cantonnée à quelques quartiers situés au pied de l’Acropole.
Des dizaines d’années d’incurie, débouchant sur des taux de mortalité en hausse et de niveau d’éducation en baisse dans les pays dont ils ont kidnappé la direction sous l’oeil bienveillant des nations occidentales, n’ont jamais conduit ni le Fonds Monétaire International ni la Banque Mondiale, à la moindre autocritique. Ils poursuivent imperturbables leur mission, aux ordres du Veau d’or.
Au sein de la Troïka qui impose ses diktats dans le cadre de la zone euro, les représentants de l’Union Européenne et ceux de la Banque Centrale Européenne, se sont rangés sous la même bannière du profit et de l’imperméabilité aux faits.
La paisible assemblée que constituait hier soir l’auditoire du Goethe Institut du Grand-duché du Luxembourg leur a dit, elle aussi, à sa manière : « Cette morgue et cette incompétence satisfaite, maintenant ça suffit ! »
101 réponses à “LA BATAILLE DE LUXEMBOURG”
Re @vercors
Me revoilà.
De toute façon tous les politiques prennent leurs ordres à Bruxelles, ou prennent leurs décisions par rapports aux marchés financiers.
Donc pas d’illusions : ce sont des pantins !
A partir de là, je me suis toujours demandé : mais qu’est-ce qui les intéresse dans la politique ?
Je crois que ce sont : le cumul des mandats, les salaires et les avantages qui vont avec !