Billet invité. Le podcast est ici.
Ces gens, tout de même, ces gens d’en haut, sont d’une outrecuidance et d’un culot tout bonnement stupéfiants. Après avoir décidé des mesures les plus infamantes à l’endroit des gueux, à les entendre bien trop gâtés jusqu’ici, les voici qu’ils les mettent en garde, les admonestent et leur font la leçon dès lors qu’ils font mine de répondre et vouloir riposter à ce qui est, proprement, une attaque sans précédent contre ce que des années de lutte avaient arraché à la logique de l’exploitation sous toutes ses formes.
Autrement dit, pour ceux du gouvernement qui se sont exprimés à ce sujet, la grève de demain est une hérésie, une vilaine action ou une erreur de jugement due à une mauvaise interprétation de ce qui a été décidé. A les entendre, les Van Quickmachin et les autres, en ce compris l’Homme de l’année, nous autres, les gens d’en bas, n’aurions rien saisi ni rien compris aux historiques et grandioses perspectives qui s’ouvrent désormais sous nos pas.
L’appauvrissement des déjà mal lotis va en réalité les enrichir, la misère ne peut qu’engendrer l’opulence, avoir moins c’est avoir plus. Tant qu’on y est, se serrer la ceinture va avoir pour conséquence que le marché des bretelles extensibles va exploser et que, conséquemment, cela va, comme ils disent, créer de l’emploi.
On est là, n’est-ce pas dans la pure Novlangue imaginée par Orwell dans son fameux 1984. La meilleure, dans tout cela, c’est l’entretien que Laurette Onkelinx a accordé à une feuille bien connue, il y a quelques jours. Dans lequel la camarade – esbaudissons-nous sans vergogne – exprime soudainement le doute qui l’habite quant aux mesures qui vont toucher de plein fouet celles et ceux qu’il serait tout de même plus opportun, dit-elle, de remettre au boulot plutôt que de les mettre à la rue. Et de déclarer qu’elle « comprend la colère des syndicats » en feignant de ne pas voir que cette colère est la traduction de la colère des gens qui s’apprêtent à faire de la journée de demain celle du refus de la misère. Et la pauvre – si j’ose dire – de s’en prendre aux vilains capitalistes et aux sombres machinations de la finance, responsables de tous nos malheurs. Et tout cela sans être le moins du monde désavouée – en tout cas publiquement – ni par l’Homme de l’année ni par aucun membre du gouvernement dont elle fait partie.
Donc, on y est, en 1984 ; avec un léger retard, mais on y est. Tout est en place : Le mensonge érigé en vérité, la surveillance de nos moindres faits et gestes par le truchement de la technique la plus pointue, le pouvoir absolu détenu par une poignée de larbins qui mangent dans la main des détenteurs de toute la richesse du monde, des millions de gens plongés dans la mouise la plus crasse, et des millions d’autres qui se gavent de gadgets et s’abrutissent à la lecture des journaux et continuent de croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et puis, chez nous, ces 20% de suicides en plus sur les voies de chemin de fer, les suicidés de Flandre, ces irresponsables desquels Lievens Annemas, économiste de son état, dit ceci, qui vaut son pesant d’or et que je cite : « Il y a tant de personnes en Flandre qui veulent s’ôter la vie que cela risque de devenir un problème pour l’économie ». On savait déjà que les économistes ne racontaient que des conneries, mais là, c’est le pompon ! Et, dans la foulée, la limite de l’indécence et de l’imbécilité a été largement franchie, en début de semaine, par Monica De Koninck ministre, socialiste – ricanons de concert – de l’esclavage le plus moderne. Je vous passe les détails, vous êtes au courant.
On n’est même pas du bétail. On est des choses parmi les choses, que l’on déplace et que l’on parque. Et que l’on va peut-être bientôt marquer au fer rouge. Ou bien auxquelles on va coudre un symbole au travers de la veste. Une étoile, un cercle, un triangle, un chiffre.
Les malades, les pas beaux, les déprimés, les mal avec leur monde, les poètes et les rêveurs, on va s’occuper de vous.
Puisse cette grève de demain n’être qu’un début ! Et que le printemps qui vient soit celui de la fureur, de l’émeute, d’une marche sur Bruxelles, de je ne sais quoi, enfin ; quelque chose de surprenant et de jamais vu, comme un orage, un nouveau soleil, un raz-de-marée, une tempête. Il est grand temps que nous relevions la tête !
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(*) « L’indispensable Monsieur Jean-Pierre, chroniqueur mondain » occupe les ondes, chaque dimanche soir, depuis près de 22 ans, sur les ondes de la radio belge. (En toute impunité…)
200 réponses à “CES GENS, TOUT DE MÊME, CES GENS D’EN HAUT, par Jean-Pierre L. Collignon (*)”
Très belle intervention. C’est dommage que les syndicats aient supprimé la manifestation, c’est frustrant, comment faire grève quand on a plus d’emploi ? A propos des propositions de Monica De Koninck à l’égard des chômeurs, « Monica la sinistre » chronique de Paul Hermant http://www.rtbf.be/info/chroniques/chronique_monica-la-sinistre-de-l-emploi-paul-hermant?id=7449183&chroniqueurId=5588333
pour tous ceux qui n’ont pas d’entreprise à occuper, voyez ici !! http://bxl.indymedia.org/
ma main au feu que ce n’est pas un hasard si la manif est supprimée… Depuis des années tout va dans le sens d’un éparpillement. Ils ont peur qu’on puisse se compter, ou pire : se parler ! De la fin du pointage chômage (les files devenaient trop longues) au retrait des bancs publics (ho ! les vilains SDF qui dénaturent le paysage) en passant par l’étranglement des bistrots de quartier, tout est fait pour qu’on ne puisse plus se rencontrer. L’espace public n’est plus un lieu à partager, faudrait surtout pas gêner le commerce. Circulez, y a rien à voir !
quant à la grève… oui, si ça ne s’arrête pas là. Je n’y croirai vraiment que lorsqu’elle sera déclarée au finish. Ce que les syndicats nous proposent là, c’est une balade gentillette histoire que les braves travailleurs puissent « s’exprimer » quelques heures et rentrer chez eux soulagés. Comme cela le lendemain, calmés, assagis, ils reprendront le collier, s’affaleront à nouveau devant la télé, et surtout ! continueront à consommer sans plus trop se poser de questions. Un pansement sur une jambe de bois…
Héhé, Sarko jorionnise sa taxe financière, 0,1 % ça sera pas que pour le marché action, sur les Cds aussi…
Par contre scoop ! Les anglais n’auraient plus d’industrie… (part de l’industrie anglaise dans le PIB supérieure à celle de la France…)
j’ai surtout noté le mépris pour la loi, avec sa proposition d’ accords contractuels dans les entreprises pour augmenter la sacro sainte compétitivité qui placent les salariés devant le dilemme suivant :
pile nous faisons des heurs sup’ et alors les collègues « surnuméraires dégagent », face on garde l’emploi mais on baisse nos salaires ! C’est déjà un chantage qui se pratique mais cette fois on l’encouragerait ! C’est la réponse du berger à la bergère sur le volet des réformes dites structurelles tant attendues par les thuriféraires européens du tandem infernal austérité- chômage !
Bref Sarko enfonce le clou libéral et se moque du monde.
@ Pierre-Yves D
Non seulement, il se moque du monde, mais avec ses propositions discutées avant l’élection présidentielle commet un véritable HOLD-UP sur la démocratie.
A ce stade, ce n’est plus du courage, mais du mépris et du piratage démocratique.
Bref, rien à signaler.
@ Thomas
Oh mais si, il y a à signaler !!
Au passage et subreptice, nous a fait passer la réforme qu’il veut (lui et Fillon) de supprimer le droit du travail !
A la place des contrats négociés dans chaque entreprise.
T’imagines le rapport de force ?
Le droit du travail.
Le droit du travail, à ne pas confondre avec le droit au travail, est déjà supprimé dans les faits dans nombre de pays, y compris en Europe.
La grosse arnaque c’est de transformer le travail partiel en chomage partiel…c’est pas du tout pareil …ce ne sont pas les memes qui paient : La partie partielle sera payée par l’ etat au gré du patron …
Autre arnaque les 20 ou 30 % (?) autorisée pour les inetrim de CDI ! ça c’est de l’esclavage déguisé : si tu veux garder ta place , tu t’envoie 3 boulots ds la journée sur 15 heures et a 50 bornes chacuns ….
Leoned
Oui, bon, mais est-ce une surprise ?
@ Thomas
Oh que non ce n’est pas une surprise !
J’avais écrit un texte en 2006 (au moment du CPE) pour l’annoncer.
Moi ce que j’adore c’est que sa taxe, c’est le prochain président qui la mettra en oeuvre. Il s’engage pas beaucoup le petit.
Je ne lui donne pas un yiota de ma confiance.
Atchoum, je lève mon verre à tes souhaits !
Impressionnant de connerie et de stupidité. Les suicides ne sont pas un problème pour cet économiste. Ce qui gêne est que cela pourrait perturber l’économie. L’humanisme ne fait vraiment pas partie de l’économie. J’ai entendu pester sérieusement contre la morale judéo-chrétienne et trop souvent avec raison. Nous n’avons vraiment pas gagné au change.
Vous savez moi j’entends des choses absurdes de gens tout à fait normaux qui vous sortent : « Que rapportes-tu à la société ? Quelle est ta valeur ajoutée ? » On résume l’être humain à une force de production. Et puis la fameuse compétitivité, tout ce que j’entends là-dessus. « Nous devons rester compétitif » face à des chinois, des indiens et des brésiliens. Quand je vois les conditions de travail et de vie des informaticiens indiens qui ont un salaire de misère et vivent dans des taudits. Avant on délocalisait pour des jobs peu qualifiés mais demain ça sera aussi pour tous les jobs qualifiés. Comment concurrencer ça si on prône l’ouverture des frontières, la fin des barrières douanières, qu’on s’impose des règles du FMI et de la Banque Mondiale, l’idéologie libérale alors qu’on doit concurrencer un pays comme la Chine qui ne respecte aucune de ses règles mais « il faut du temps, l’économie règlera tout » comme règle incantatoire. Hum …
Guillaume,
Nous sommes d’accord. L’humour très noir de la chose est que le marxisme que je connais ramenait les humains à des forces de production. Le matérialisme dialectique intègre aussi très bien la contradiction que vous décrivez. Il faut produire au niveau des salaires chinois pour vendre au niveau des prix européens. La synthèse doit venir spontanément selon un processus mystérieux et est forcément positive. C’est aussi du matérialisme dialectique. Ces gens hurlent au socialisme dès qu’une protection même minimale est opposée à leur action. L’humour très noir de la chose est qu’ils pratiquent un matérialisme dialectique marxiste. Ils sont les moteurs de ce que ces derniers nommaient la révolution.
Ils nourrissent des réticences. Elles sont informes, pas claires, très discutées et trop souvent discutables. Je crois que le plus grand manque de ces réticences est une vision du monde commune à tous ces adeptes. Si elle vient, ces gens pourront s’entendre, se comprendre et agir ensemble.
Alors cet économiste et ses coreligionnaires seront emportés comme des fétus. Ils disparaîtront de la vie publique comme la poussière part sous la douche. Je ne les pleurerai pas.
Qui sert la soupe aux économistes ?
http://www.marianne2.fr/BertrandRothe/Comment-la-finance-controle-le-debat-economique_a26.html
L’a oublié Jorion dans sa liste d’économistes…
Josef Ackermann, chef de la Deutsche Bank, l’un des symboles de l’économie financière sans complexe ni scrupules, disait ces jours à Davos, confronté aux critiques concernant le capitalisme déchaîné: « il faut éviter des excès…….. ».
En langage décodé, cela veut dire: business as usual, mais faisons moins de bruit, soyons plus discret.
Difficile de lutter contre un système perverti si la majorité de la population estime que le capitalisme est la meilleure approche économique, et que ceux qui ne réussissent pas n’ont pas fait ce qu’il fallait pour pouvoir participer au marathon sur le boulevard du capitalisme rapacier.
Le chômeur de longue durée est malheureusement terriblement seul. Et cette solitude peut tuer. C’est peut l’une des raisons pour laquelle le taux des suicides est tellement élevé en France.
Germanicus, faut pas trop s’avancer sur les « explications » du suicide, me semble-t’il. Les liens entre précarité ou chômage et suicide n’ont jamais pu être démontrés de façon absolument significative. Il me semble qu’un certain commissaire au Plan avait commis un certain rapport dans les années 90 superposant, un brin hâtivement selon les chercheurs s’occupant de la question, la courbe de l’augmentation des suicides et celle de la précarité. Comment qu’il s’appelait ce digne haut fonctionnaire et grand humaniste… ça me revient pas… il me revient pas le zig… ah si ! Guaino, Henri Guaino… j’sais pas c’qu’il est devenu le gazier… p’têt suicidé ?
Vigneron, vous êtes prié d’argumenter en fournissant au moins une référence à ce rapport. Merci
faudra aller raconter ça aux paysans indiens… suis sûre que ça va les intéresser
Saurat, des sources ? Pour Guaino j’imagine ? Parce que si vous avez connu des suicidants vous ne chercheriez pas de quoi confirmer ce qu’empiriquement l’on peut penser de ceux qui voudraient réduire le phénomène suicidaire moderne à la seule augmentation du chômage ou même à la précarisation dans la sphère professionnelle. Comme ce serait simple si ce n’était que cela…
Bref, le rapport [du commissaire au plan Henri Guaino demandé par Juppé en 96 et publié en octobre 97 sous… Jospin] considère le taux de chômage comme un simple «indicateur avancé» de la précarité sous toutes ses formes. Poussant la logique jusqu’au bout, il évoque la «corrélation forte qui lie le risque de chômage et le suicide». Depuis le début des années 90, les 35-44 ans se tuent davantage que les personnes âgées, «phénomène radicalement nouveau qui souligne la vulnérabilité croissante de la population en âge de travailler».
http://www.liberation.fr/evenement/0101226520-les-conclusions-d-un-rapport-iconoclaste-la-penurie-de-travail-affecte-sept-millions-de-personnes-demande-par-juppe-en-1996-et-enfin-rendu-public-un-rapport-du-commissariat-du-plan-dresse-le-tableau-a
Moins que la solitude. Pour les spécialistes, le suicide est toujours l’aboutissement fatal d’une longue chaîne de désespoirs, évidemment difficiles à analyser lorsque la tentative aboutit à la mort. Pour en savoir plus sur la personnalité de ceux qui passent à l’acte, l’équipe d’Edouard Zarifian (CHU de Caen) a passé au crible le passé de plus d’un millier de patients ayant consulté aux urgences psychiatriques dont la moitié après une tentative de suicide. Parmi ces derniers, une bonne moitié n’en était pas, il s’en faut, à leur première tentative Après enquête, il s’avère que le profil des «suicidants» diffère nettement de celui des autres patients : alcoolisme et troubles psychiques tels que dépression ou schizophrénie caractérisent ces multirécidivistes. 5% d’entre eux avaient déjà été hospitalisés en psychiatrie et plus de 68% avaient déjà eu un «problème psychiatrique». Quant à un éventuel rapport avec le chômage, 17% d’entre eux se trouvaient sans emploi au moment de l’étude contre 13,6% dans une population d’âge et de sexe équivalents. L’analyse statistique conclut donc à un écart très faiblement significatif.
A titre de comparaison, la solitude affective est un facteur autrement plus déterminant: 25% «seulement» des suicidants sont mariés contre 46% dans la population générale. Et, à l’inverse, 16, 8% des suicidants sont divorcés. Alors que, dans la population générale, le taux de divorces est de 5,9%. «Et ces gens ont souvent du travail», insiste Martine Bungener (CNRS), qui a étudié les retentissements de la précarité sur la santé.
«Activateur».
Dans le lourd passé des suicidants, fait de pertes, de dépression et souvent d’alcoolisme et de toxicomanie, le chômage est un facteur supplémentaire un «réactivateur d’une dépression actuelle ou passée», explique la chercheuse.«Vouloir isoler un facteur, et surtout le chômage, dans l’explication du suicide n’est pas sérieux», ajoute-t-elle. Pour attester la complexité de la question, Martine Bungener cite l’exemple, qui est loin d’être exceptionnel, de personnes qui se suicident alors qu’elles viennent de retrouver un travail après des mois de chômage. «La pression est si forte et ils ont si peur de perdre ce nouvel emploi qu’ils n’arrivent pas à surmonter l’obstacle.» Et si on considère l’impact du chômage sur la vie personnelle, qui peut entraîner aussi bien des dépressions qu’un divorce ou une consommation excessive d’alcool ou de médicaments, on voit bien qu’il est difficile de démêler les causes des conséquences. Difficulté qui avait été soulignée lors du colloque organisé l’an dernier au Conseil économique et social, à l’occasion de la deuxième journée nationale pour la prévention du suicide : «La plupart des associations et des professionnels présents pensent que ce rapprochement causal (entre suicide et chômage) est particulièrement réducteur, même si on ne peut nier que la crise économique est, dans bien des cas, une sorte d’accélérateur de la décision fondamentale de mettre fin à ses jours.» (…)
http://www.liberation.fr/societe/0101273426-a-lui-seul-le-chomage-pousse-rarement-au-suicide-aujourd-hui-troisieme-journee-nationale-pour-la-prevention
S’il est une chose que j’abhorre sans ambiguïté aucune, c’est que l’on recrute pour des combats politiques ses armées de réserves dans les cimetières de suicidés, anonymes ou pas.
Merci
@Bidouille
…Ou aux paysans Français…!
Vigneron
J’ai déjà mentionné sur ce blog que mon premier métier était celui du médecin-psychiatre, je fais tout à fait autre chose aujourd’hui. Mais des questions cliniques m’intéressent toujours, c’est un terrain passionant, y compris celle du suicide.
Il y a en effet des suicides de masse aux Indes, chez les paysans surendettés ou pris par la gorge par des lobbys. Vous trouverez des infos plus amples sur le web.
En Europe, on assiste heureusement pas à ce genre de phénomènes, mais un ancien confrère m’a dit récemment que les gens se suicident le plus souvent à cause des problèmes d’argent. Et il y a différents méthodes de suicides – pardonnez le cynisme -, toutes ne sont pas identifiés par les médecins généralistes comme telles. Le désarroi face à un chômage persistant peut entraîner chez des personnes sensibles/prédisposés des complications psychosomatiques, puis un accident mortel. En d’autres termes: on crêve d’abord psychiquement, puis physiquement – d’une manière ou d’une autre. Il ne faut pas oublier que l’individu existe dans la société grâce à son statut; l’activité professionnellel est le principal fournisseur d’un statut.
C’est pour cela qu’il faut élaborer une autre vision des choses, une autre concéption d’une société plus juste, plus adaptée aux évolutions de notre époque où le chômage de masse fait durablement partie du quotidien. Ceux qui vous promettent le plein-emploi sont des menteurs.
@vigneron: pour mesurer la corrélation entre taux de suicide et taux de chômage, on met l’évolution de ces deux variables de part et d’autre et on compare. C’est simple. Je vois rien de tout ça dans les articles de votre journal de référence du libéralisme. On y discute du passé des individus, dont on se contrefout pour avoir une conclusion sur la corrélation entre deux phénomènes sociaux (par contre c’est intéressant pour chercher une éventuelle causalité).
Allez, je mets le lien vers une vraie étude sociologique et non vers la propagande libérale que tu aimes propager avec tes airs de policier de la pensée.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1997_num_38_4_4665
En bref, si vous avez la flemme de lire, sachez que le taux de suicide masculin a fortement augmenté avec la fin des 30 glorieuses, au milieu des années 70. Le lien est net, même s’il n’est pas direct.
Les « fragiles » pour tout un tas de raisons personnelles (bien que prises aussi dans le socius) et quelque soit l’étiquette psychiatrique qu’ils reçoivent à l’occasion ou au long cours, sont évidemment les plus sensibles aux aléas d’insécurité sociale, chômage compris. Les riches ont aussi leurs soucis, mais ils sont moins nombreux (les riches, pas les soucis) et disposent d’autres circuits moins voyants de soutiens. Dire que le chômage mène au suicide, n’est pas forcément faux, mais c’est un raccourci dommageable. J’ai oublié le nom du psychiatre qui avait déclaré il y a une vingtaine d’année que la psychiatrie n’était pas la bonne à tout faire des conséquences sociales des choix économiques engagés, et qu’il comprenait très bien pourquoi acculés à des vies qui n’en étaient plus, certains choisissent de la quitter. Ce ne sont pas ses termes, mais les miens, pourtant la signification était voisine.
À tous les braves qui ont fait de la pub sur ce blog pour le film « le mur » dans les billets de Jorion sur Lacan récemment…
http://blogs.mediapart.fr/blog/guy-baudon/300112/le-mur-ou-comment-sabstenir-de-penser
Pour en finir avec le mythe commode des suicides-Bt coton en Inde :
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1214
Et ça aussi, plus saignant et plus récent, mais de bon aloi en guise de réponse à quelques articles aussi délirants que mainstream sur les « suicides collectifs des paysans indiens »… Quand je pense que j’ai relayé longtemps ces « infos » pourries… Putain qu’t’es con François !
http://blogs.mediapart.fr/blog/yann-kindo/101211/nouvelle-version-de-la-legende-des-paysans-indiens-qui-se-suicident-caus
Ps : Germanicus, encore un psy, ah ouais ? Putain ! Finckh, vous, Rosebud crois-je… Y’a presque autant d’ex internes que d’ex ou futurs internés sur ce blog !
toujours aussi aimable, ce « vigeron »!
Germanicus, votre commentaire n’est pas en opposition avec celui de Vigneron. Sans être psychiatre mais pour avoir connu des suicides dans mon entourage, c’est difficile de voir dans ces actes, des liens de causalité entre des facteurs. Si le chômage peut être le facteur déclencheur, il n’ y a pas de caractère si déterministe. Deux des suicidés que j’ai connus étaient psychotiques.
Maintenant, lorsque vous parlez de problème d’argent, il y a aussi ce que décrit Stiegler avec par exemple les parents surendettés qui ont tenté de se suicider avec leurs enfants. Economie pulsionnelle, perte de sens…
Mais vous avez raison, il faut une sacrée force pour supporter le regard accusateur des autres lorsqu’on est au chômage. Et comme j’avais eu l’occasion de l’écrire: ce n’est pas une question de travail et de participation à la société, car le bénévolat n’est pas particulièrement valorisé, contrairement à ce qu’on peut penser. Je l’ai vécu. Pourtant, le bénévolat est souvent plus interessant.
Concernant les suicides de fermiers indiens, toujours la même confusion entre corrélation et causalité.
Voir cet article (liens en bas) et surtout l’étude à laquelle il fait référence (en anglais). C’est un peu plus complexe que ce que donnent à croire les liens « à la Claude Allègre » que nous donne à lire vigneron. Ils reposent sur une étude de l’ONU (du IFPRI en fait) dont la conclusion est la suivante: « Il montre la possible relation entre l’adoption du coton OGM et certains cas de suicides, mais réfute une relation directe de cause à effet. Il montre un nombre de suicides chez les fermiers en légère progression depuis 1997 et souligne par ailleurs que les suicides de fermiers ne représentent que le cinquième des cas de suicides en Inde. »
Les OGM font partie d’un ensemble de mesures visant à « moderniser » l’agriculture indienne (donc oui ils interviennent dans les problèmes que subit la paysannerie indienne). En résumé, cela consiste à créer de grosses exploitations et à supprimer les petites. Ces dernières sont obligées de se surendetter (c’est ici qu’interviennent les OGM) pour suivre la course aux rendements et cela finit parfois en suicide de l’exploitant (le plus souvent c’est l’abandon de l’exploitation et l’exode vers la ville).
http://www.ddmagazine.com/1125-Suicides-de-1500-fermiers-en-Inde-a-la-recherche-de-la-verite.html
http://www.foodfirst.org/en/node/1611
Voir aussi ce que dénonce Marie-Monique Robin en Amérique du Sud et en Amérique Centrale:
http://robin.blog.arte.tv/2012/01/28/le-mouv-parle-des-deportes-du-libre-echange/
… entre autres articles du même auteur.
@vigneron 30 janvier 2012 à 15:04
Vigneron,
Alors là, dans le mainstream avec ta confusion mentale faisant des (faisandée) des psy une liste, t’y va franco. C’est pas parce ce que police, poltron et pommard commencent par la même syllabe « po » qu’il faut conclure que c’est kif kif. Même traitement avec « psy ». Cette troncature s’est installée dans la langue avec la consommation démocratique de masse des 70’80’ et depuis YA des psy annonce le mainstream. Ben non, c’est mal posé, et compte pas sur ma pomme pour faire le pédago ni jouer le gamin de Guillaume Tell. Ma pomme avait proposé un jour de remplacer psychanalyse par bévulogie. Mais ce genre d’OPA comme celle qui consiste à abandonner le terme communisme parce que le mainstream dit patati et patata, évite le souci plus qu’il ne le règle.
En 66 au Collège de Médecine, le Professeur Royer (celui qui a dit : « Le lait de femme allie trois qualités idéalement recherchées ailleurs : Le prix de revient le plus bas, la qualité la plus élevée et la présentation la plus attirante »), se plaignait que Lacan maltraite les toubibs « vous faites de nous de simples distributeurs de médicaments fournis par les firmes pharmaceutiques ».
Lacan avait dit ceci :
« Le médecin est requis dans la fonction du savant physiologiste mais il subit d’autres appels encore : le monde scientifique déverse entre ses mains le nombre infini de ce qu’il peut produire comme agents thérapeutiques nouveaux chimiques ou biologiques, qu’il met à la disposition du public et il demande au médecin, comme à un agent distributeur, de les mettre à l’épreuve. Où est la limite où le médecin doit agir et à quoi doit-il répondre ? À quelque chose qui s’appelle la demande ? ».
La demande, ça te rappelle kekchose ? et la distribution ? hein ?
Lacan avait ajouté : « Je ne vois pas que démocratiser l’enseignement de la psychanalyse pose d’autre problème que celui de la définition de notre démocratie. C’en est une, mais il y en a plusieurs espèces concevables et l’avenir nous mène vers une autre ».
Une autre démocratie ? 35 ans plus tard on cherche… !
Impossible à compter sur ce blog le nombre de fois où j’ai aperçu des écrits qui accusent les psychanalystes d’être responsables de la consommation rondouillarde de molécules dans l’hexagone.
Mais je n’ai pas la patience pédagogique d’un Paul Jorion ni la tienne. Les psy répondent à la demande qu’ils comprennent comme d’autres le font ailleurs, ça court les marchés.
Alors « coco », j’ai déjà écrit que j’acceptais (mais c’est pas moi qui le dis), mais « psy » certainement pas, ni « trader » comme la Claire voyance de PSDJ le lui avait inspirée. Le tutoiement de circonstance est signe amical, mais ça va mieux en le disant.
@ presque tous les braves qui ont fait de la pub pour « le mur »
Jck 27 décembre 2011 à 18:33
Osbert 27 décembre 2011 à 21:51
Frederic 28 décembre 2011 à 15:58
et alors 29 décembre 2011 à 06:53
emilio 29 décembre 2011 à 23:02
SKINNER 27 décembre 2011 à 23:44
Cyberpipas 27 décembre 2011 à 19:44
Bernard 27 décembre 2011 à 22:21
Lien 28 décembre 2011 à 08:59
Bruno 28 décembre 2011 à 00:01
Oddfuture 28 décembre 2011 à 11:51
Je dédie le private joke de Piotr du 27/12/2011 :
A propos de ce film que je n’ai pas vu, mais en hommage à celui des Pink Floyd, The Wall : extrait du lien donné par Rosebud1871, le 30 janvier à 14 h 40, à propos des conditions de production du Mur.
« Tout effet de montage étant producteur de sens, Sophie Robert a donné à son documentaire Le MUR un sens unique, celui qui conforte ceux qui veulent éradiquer la psychanalyse de la prise en charge des autistes. L’une de ses techniques a consisté à refaire hors champ une question concernant l’autisme en donnant comme réponse des phrases tronquées extraites d’un autre contexte. L’effet de ridicule est assuré mais plus grave, le message est inversé. En manipulant leurs propos, est accréditée l’idée que les psychanalystes ne font que culpabiliser les parents ; mieux encore : accrochés à des certitudes passéistes, ils sont les uniques responsables du retard pris par la France dans la mise en place de méthodes éducatives qui, elles seules, je dis bien seules, seraient efficaces. »
Popopo dis donc, Rosebud, la suscepsybilité des psychanalistes bévulogues qui prennent la pause, se posent là et me collent au poteau, vrai gibier de potence, au prétexte qu’on s’paierait leur pomme, qu’on posséderait tout not’ monde, en polisson mal poli, en polluant populairement sur le blog à Popaul le poridge policé des bévologues-psy non marchandisés du potage au potiron des faux potes psy à potions, des Félix Potin du psychotrope, des polyvalents du pôle financiaro-pharmaceutique quoi.
Allez j’en finis avec ce pot-pourri pas vraiment potable, vais pas y laisser la peau pour potentiellement peau d’balle. Donc avertissement à la population paulinienne : on met pas tous les psy dans le même pot ! Les marchands devant, dans la poche portefeuille, les pas-marchands derrière, dans la poche revolver.
Rosebud nous dira sans doute si Lacan mélangeait ses fétiches, la figurines des trois singes et le poing américain dans la même poche de son veston…
@vigneron 31 janvier 2012 à 14:31
Non, jamais fait les poches de Lacan, ni d’alités-rations en spirit’alités jusqu’à plus soif de pots de vins ou de peaux de devins.
A quand un billet de Jorion ou un billet invité sur la question du rapport de la psychanalyse à l’argent ?
Rosebud, Schyzosophie (psychanalyste ?) , Finckh, (Germanicus se déclarant psychiatre et non pas psychanalyste) vous ne voulez pas vous y coller ?
Les psychanalystes y ont-ils même réfléchi sérieusement à cette question hormis bien entendu le fait de l’aborder sous l’angle de l’économie libidinale et de son importance dans la cure.
Nobert Elias peut-être ? (que je n’ai pas encore lu.)
Nous parlons ici sur le blog beaucoup du capitalisme, de la rente, des dettes. Or s’il y a un domaine où il est question aussi de dette(es) c’est bien celui de la psychanalyse.
Il me semble donc que c’est une question qui mériterait d’être explorée, questionnée plus avant, d’un point de vue plus social, anthropologique, politique même, car elle est rarement abordée de front par les psychanalystes, ni même d’ailleurs par les non psychanalystes si ce n’est pour discréditer la psychanalyse.
Je précise ma question.
Quid des implications sociales et politiques du fait d’avoir à payer — souvent fort cher — un psychanalyste ?
@Pierre-Ives D.
Pas de i grec à « schiz… », mais bien deux à « ps_chanal_se » et « …ste ». Mot sans « …isme » ni « …iste », intéressant, non ? Beaucoup de commentaires déjà, demander un « billet » c’est déjà en dire. Si google le permet, vous pourriez trouver « me cayo el veinte » dans ce blog, par exemple.
ou encore, quid du rapport entre psychanalyse et capitalisme ?
Quel avenir pour la psychanalyse hors du système capitaliste ?
à Pierre-Yves D.
Le blé dans sa profonde.
Comme avait dit je ne sais plus qui à propos d’un psychanalyste : « il met le blé dans sa profonde ».
Et, comme dit Marlowe, de quel loup se cachent ceux qui, sur une place dédiée au dialogue, se dissimulent derrière des masques ?
L’avenir du psychanalyste en dehors du capitalisme, ne pourrait-ce pas être l’avenir de l’individu dans une civilisation sans malaise ?
Pierre-Yves D.
Je n’ai pas l’impression que les psychanalystes font fortune grâce aux honoraires. Tous les psychanalystes que je connais personnellement, c’est-à-dire un certain nombre, possèdent une fortune personnelle ou des revenus annexes (par ex. prof à la fac) qui leur permettent d’accomplir leur passion en toute sérénité; il peuvent refuser des clients et ne sont pas obligés de « faire du chiffre » pour survivre. J’en connais aussi qui vivent chichement, et je me demande si cela n’aurait pas un impacte sur la qualité de leur travail. Dans ce cadre je dirais que, oui, la psychanalyse a un lien avec le système capitaliste, bien que les caisses remboursent certains traitments. Mais pas partout et on ne sait pas si cela va durer, avec la crise.
C’est-y pas mignon tout plein ça, une « civilisation sans malaise », la civilisation du bien-aise coa coa…
Germanicus et schizosophie,
Merci pour ces précisions. (je vais aller voir les références que vous m’indiquez).
Je poursuis tout de même sur ma lancée. La question qui m’intéressait n’était pas tant celle de l’enrichissement ou non des psychanalystes, que de savoir s’il est pensable dans le cadre théorique de la psychanalyse actuelle qu’une cure psychanalytique puisse se passer de l’acte de payer, en tant que celui-ci constitue un élément du dispositif de la cure. Du point de vue freudien ou lacanien l’idée de remboursement par la sécu n’est-il pas d’ailleurs déjà une hérésie dans le sens où pour que le transfert puisse avoir lieu il faut que l’analysé s’investisse aussi bien par l’affect qu’en monnaie sonnante et trébuchante l’un n’allant pas sans l’autre.
En d’autres termes il faudrait payer le prix. (on y revient !) pour que le travail de la cure se fasse.
Sans prix à payer, au sens d’une chose qui nous coûte, sans doute et même sûrement qui entraîne des privations, c »est à dire de choses dont on se prive pour pouvoir se payer sa cure, et que nous nous investissons d’autant plus dans la cure que cela nous coûte.
Et c’est ici que retrouve la problématique sociale, n’y-a-il pas un fond puritain (or éthique protestante et capitalisme …) dans cette pratique, ou supposée pratique, dans l’idée que pour vivre mieux, résoudre d’une certaine façon son symptôme, il faille passer par une forme de souffrance, une souffrance qui fait l’objet d’une transaction ? J’allais dire transaction commerciale, mais ce n’est pas exact, car il n’y a pas à proprement parler échange d’un service ou d’un objet bien identifiable si ce n’est dans l’intériorité des parties prenantes du dispositif de la cure.
Est-ce finalement l’institution psychanalytique qui requière le dit dispositif du prix à payer, ou bien pouvons nous concevoir une société où la question du prix de transfert ne se poserait plus, parce que pourrait s’accomplir le travail de la cure selon un nouveau dispositif, tout aussi fructueux, sinon plus, et surtout accessible au plus grand nombre ? Ou alors la psychanalyse, d’une certaine façon se mériterait, et serait réservée à une élite capable d’en comprendre l’intérêt….ce qui justifierait son prix.
Je sais, cela fait beaucoup de questions.
à vigneron
La civilisation sans malaise évoque un ouvrage de Freud : Malaise dans la civilisation et le loup évoque une étude célèbre du même Freud.
Il semble que votre ordinateur ne vous a pas affranchi.
à Pierre-Yves D.
Quand le client a payé, il ne doit plus rien : c’est le principe de toute relation marchande.
Freud ? Non sans blague Mister Mask-Marlowe ? Le problème c’est que Freud faisait du Freud quand Mask-Marlowe n’a fait, ne fait, ne fera jamais que de la guimauve.
@Marlowe
« à vigneron
La civilisation sans malaise évoque un ouvrage de Freud » : c’est gentil de ramener votre fraise, mais je suppute trèèèèès fortement que vigneron avait eu vent de la référence.
@Germanicus
« que l’analysé s’investisse aussi bien par l’affect qu’en monnaie » : j’ai bien compris la générosité de l’intention, mais l’investissement… (vous n’avez pas employé ce mot, mais kâmême !), et le cadre n’achève-t-il pas le tableau ? et l’Ics ne se fout-elle pas du social comme de l’an 40, pour du conflit plus profond que les guère, qui tuent ?
@Pierre-Yves D.
Quelques précisions.
Psychanalyste n’est pas une profession au sens juridique quand bien même repérée par Bercy au sens fiscal. Juste une dénomination, contrairement à d’autres « psy » légaux, genre psychiatre, psychologue et le petit dernier psychothérapeute, dont le droit d’exercice est encadré par les pouvoirs publics.
Donc, si vous parlez d’une psychanalyse remboursée par la sécu, il s’agit soit de consultation libérale d’un psychiatre, soit d’une pratique en institution à tiers payant, cautionnée par la signature quelque part d’un toubib, monopole oblige. Il existe quelques autres situations extra-ordinaires mais très très marginales. Donc le canada dry remboursé existe, mais quand de telles pratiques existent, souvent estimables (au sens de la qualité, pas du coût – lui toujours comptabilisé), c’est sous le couvert de consultation psychiatrique en libéral ou d’actes thérapeutiques et ou psychologiques et ou médical en institution. Rien n’interdit d’user de la méthode freudienne et son succès en France est liée à Lacan, aux trente glorieuses, et quelques effets diffusés par le bouche à oreilles. Les deux premiers disparus, la démographie se transforme.
Le psychanalyste laïc disait Freud pour l’opposer à celui de formation médicale, vit de son travail. Mais le recrutement social a longtemps sélectionné des bourgeois qui disposaient par ailleurs de rentes. La démocratisation a modifié le tableau sociologique d’origine y compris chez les latinos. Logiquement le consultant aisé paye plus cher que le fauché, comme le salarié haut de gamme cotise plus à la sécu. Mais d’autres coordonnées plus singulières jouent aussi : le rapport au fric du consultant et du consulté !, sa situation sociale instable, et ses lapsus ou actes manqués, qui montrent qu’il veut payer plus ou moins que la raison de ses moyens. Le cœur a ses raisons que…
Freud a lancé l’entreprise dans une Vienne où n’existait pas de tiers payant, et sa clientèle était très friquée. C’est tous les jours que sa méthode inspire des consultations dans des lieux gratuits ou à tiers payant, mais selon les points de vues ces consultations là, seront ou pas qualifiées d’analytiques, et surtout après-coup de par leurs effets, car c’est jamais gagné d’avance, même quand c’est payant plein po. Quelques analystes des années 20 en URSS ont survécus et transmis dans la clandestinité, idem dans les dictatures sud américaines, mais à quel prix, la littérature existe là dessus. Ce n’était pas votre question mais dans un autre mode de production je ne vois pas de raison qui empêcherait quelqu’un d’être libre de consacrer ses ressources à une activité non nuisible à la notion d’intérêt général. Un temps Lacan préconisait même aux médecins, aux hommes politiques et aux enseignants d’aller s’analyser pour exercer leur charge, avant qu’il n’abandonne heureusement cet idéal d’aspect évangélisateur et normopathique. Le transfert court les rues, il est juste isolé dans un laboratoire souhaité sans tiers par Freud. Le sans tiers, visait l’état et ses pseudopodes, et pas du tout le reste du monde très concerné par l’expérience, y compris par ce qui s’en rapporte des interrogations érudites des praticiens, et des témoignages des pratiquants. Et si le transfert court les rues, il ne manque pas d’arriver des conséquences, où celui qui en est mené à son insu par le bout du nez, en paye en terme de souffrances variées un prix lourd. C’est à l’occasion quand ce prix payé est trop cher, qu’une décision d’interroger tout ça est prise, au coût d’un autre prix à payer. Même pas sûr que l’acquittement réglé à l’issu d’une dernière séance ne laisse pas pour autant le sentiment d’une dette comme on l’éprouve pour ceux qui nous ont assistés sans retour équitable possible. Dernière précision : sur ce blog il n’existe que des contributeurs, à je ne sais quoi, mais rien d’autre que des contributeurs, et ce n’est pas une quelconque déclaration de statut professionnel qui devrait faire foi. Ceux qui souhaitent apparaître sous leur vraie identité patronymique, et donc leur statut socio-professionnel repérable avec le détective-espion google sont libres, mais pour la dénomination de psychanalyste, ça fait un siècle que ceux qui l’exercent restent embarrassés pour définir ce dont il s’agit, même si du « on dit », faute de mieux fonctionne. La monnaie c’est pareil ? Non ?
@Germanicus, le 31 janvier 2012 à 20 h 53
Veuillez m’excusez, dans ma contribution du 1 février à 00 h 35, je vous ai attribué des propos de Pierre-Yves D. à 22 h 14, auquel, donc, la seconde partie de ce commentaire s’adressait.
comme les meetings.
Schizosophie,
Me commentant vous dites :
« que l’analysé s’investisse aussi bien par l’affect qu’en monnaie » : j’ai bien compris la générosité de l’intention, mais l’investissement… (vous n’avez pas employé ce mot, mais kâmême !)
Pourtant.
D’après le petit Robert :
cour. S’investir dans (une personne, une activité), y attacher beaucoup d’importance.
Elle s’est investie trop dans cette relation amoureuse. Voir s’impliquer.
Je veux bien que cela ne soit pas du vocabulaire tiré d’un dictionnaire sur la psychanalyse, mais il me semble que cela s’applique très bien à la relation analysé-analysant.
Bref, je n’ai pas bien saisi le sens de votre remarque.
PS. Je n’ai pas retrouvé la référence que vous m’indiquiez plus haut.
@Pierre-Yves D., le 2 février 2012 à 10 h 44
« que l’analysé s’investisse aussi bien par l’affect qu’en monnaie »
1) qui est l’analysé ?, l’analysant (Robert) étant celui qui participe au présent – comme agent actif, comme acteur que ne manifeste pas l’expression au participé passé, (lequel évoque une passivité, comme dans l’expression « dominant-dominé ») – de « sa » cure ou, disons, de ce en quoi il est concerné volontairement en offrant son discours à l’oreille de l’analyste.
2) Pour quoi « aussi bien » ? : beaucoup de relations de ce type se produisent gratuitement, dans les transferts, heureux ou malheureux, des vies quotidiennes, l’analyste ayant une position sociale et institutionnelle, de l’argent vient huiler la relation avec l’analysant et rémunérer son écoute ; mais l’aspect économique n’y est pas plus déterminant que dans d’autres domaines.
Le sens de ma remarque est celui-ci : en usant de cette notion « d’investissement » entre des personnes à la manière de l’usage managérial et devenu banal de la notion, où une personne « se donne », donne son soi, échange son talent ou ses ressources envers une autre personne, éventuellement morale, qui les fructifie, si elle n’en profite pas, vous n’utilisez pas la notion selon le sens psychanalytique qui désigne une quantité d’énergie libidinale et non un sujet constitué comme une personne socialement enrôlée.
Il y a bien une économie dans la théorie de Freud, mais les flux traversent la personne ou émanent d’elle et les personnages, les instances, s’appellent inconscient, préconscient, conscience et ne sont pas comme des institutions.
En gros, le mot besetzen est trompeur s’il invite à confondre l’énergie libidinale et un potentiel social comptable ou un capital économique. Si certains psychanalystes s’en foutent plein les fouilles et profitent de leur statut social pour exercer une domination sadique ce n’est en rien requis par les théories psychanalytiques, tout au contraire. Et si Freud lui-même utilise de nombreux termes commun à l’économie politique (« appareil », « investissement », « quantité », « système »…) ; ces mêmes termes sont fréquemment utilisés dans d’autres domaines, biologie, physique, etc., et il n’y a pas de raison a priori à privilégier leur sens en économie politique, quand on parle d’autre chose.
Je n’ai jamais rencontré d’affect sonnant et trébuchant ou alors, avec un peu de poésie, je n’ai rencontré que ça, mais jamais qui tienne dans la main ou passe de poche en poche.
@ Rosebud1871
Merci pour ces précisions.
J’ai noté dans votre réponse surtout ceci qui me semble bien résumer la situation et constituer le point crucial de votre réponse :
La conclusion provisoire que j’en tire c’est que l’on ne peut ni affirmer que l’argent ne joue pas un rôle dans le dispositif, ni l’on ne peut affirmer l’inverse.
Il y aurait les analysés pour lesquels s’acquitter d’une dette vis à vis de l’analysant est impératif pour le succès de la cure, et d’autres qui ne se sentiraient pas redevables et donc pour lesquels le rapport à l’argent ne jouerait aucun rôle.
Vous restez prudent et ouvert.
On rejoint finalement le débat plus général à propos du gratuit et du payant, et au sein même du gratuit, du don et contre-don.
Le rapport à l’argent pourrait donc plus à voir avec la conception que nous nous faisons de la société, toujours révisable par la réflexion et au gré de nos expériences, qu’à quelque chose lié à l’enfance et noué dans l’inconscient, sauf à considérer que tous les ultra libéraux, par exemple, sont des personnes qui ont rencontré un problème dans leur enfance qui se nouerait ensuite dans leur vie d’adulte dans un certain rapport à l’argent, ce qui me paraît à première vue un peu tiré par les cheveux. Il me semble plutôt que le rapport à l’argent est toujours d’abord une construction sociale et cognitive en tant que cela implique des représentations, que du ressort de l’inconscient ou encore, pour parler comme Bourdieu le rapport à l’argent serait du ressort de l’habitus, c’est à dire une construction sociale incorporée. Ce qui ne préjuge pas pour autant d’un rôle éventuel de l’argent lors de la cure pour ce qui est du travail de l’inconscient.
@ Schizosophie
Nous touchons au coeur du sujet, toutes ces précisions que vous apportez sont importantes pour clarifier le débat et dissiper certains malentendus.
Je souscris bien entendu à votre conception selon laquelle, ce qui se passe dans l’analyse ne relève pas d’un investissement au sens de « l’usage managérial et devenu banal de la notion (d’investissement), où une personne « se donne », donne son soi, échange son talent ou ses ressources envers une autre personne, éventuellement morale, qui les fructifie, si elle n’en profite pas. »
Concernant le « aussi bien », manifestement, faute de précisions de ma part, il vous a amené à interpréter ce que je dis selon un certain biais qui me fait dire ce que j’ai n’ai pas dit. D’abord notez que ma phrase était sur le mode interrogatif, même si, il est vrai, j’ai omis le point d’interrogation.
Voyez ce que je dis dans ma réponse à Rosebud1876 où je réitère le questionnement.
Strictement parlant, vous avez raison : l’analysé face ou sur le divan écouté par l’analyste c’est l’inconscient au travail, ce n’est pas le sujet volontaire, social, il n’empêche qu’il me semble difficile de soutenir que le sujet social n’a rien à voir dans l’affaire. La personne qui va consulter un psychanalyste est animé d’un désir, celui d’aller mieux, même si l’on ne guérit pas, car ce n’est pas d’une maladie au sens biologique du terme ce dont il s’agit.
Or son malaise, s’il a une origine inconsciente, s’inscrit tout de même dans une civilisation donnée, une société donnée.
Aussi c’est bien un sujet social qui entre dans le cabinet du psychanalyste, avec certaines attentes, même s’il n’attend pas un bénéfice précis, une efficacité mesurable du travail qui va s’accomplir (ou pas). Ce peut-être même pour certains surtout le désir d’une exploration de l’inconscient, pour se transformer. Bref, c’est une aventure, de l’esprit.
Le sujet accorde donc une importance à une certaine activité (de l’inconscient via une relation singulière), une activité dont il a eu vent parce que la psychanalyse et donc les psychanalystes font l’objet d’une certaine reconnaissance sociale, on leur reconnaît des capacités, sinon, comme vous le dites vous-même, ils ne feraient pas la distinction entre le transfert banal, qui coure les rues et celui qui est expérimenté dans le cadre de la cure au sein d’un cabinet.
Il y donc bien un sujet qui s’investit à un moment donné du processus, par le fait même qu’une décision est prise quant à aller consulter, et pas n’importe qui. Après la séance, l’analysé retrouve aussi son sujet social. Mais l’a-t-il jamais vraiment quitté ? N’est-il pas impliqué, objectivé dans le dispositif qui met face à face deux individus, un dispositif qui qu’on le veuille ou non comporte une dimension institutionnelle, j’entends ici par institutionnel toute une histoire de la psychanalyse et des instances de légitimation d’un discours, des discours de la psychanalyse, sur la psychanalyse.
Quant à dire que l’argent consiste seulement dans le cabinet à mettre de l’huile dans les rouages je trouve votre explication un peut courte. Comme l’indiquait Rosebud1875 dans son commentaire l’argent peut faire l’objet d’un enjeu important chez certaines personnes qui consultent et suivent une psychanalyse. Si l’argent jouait un rôle si secondaire que vous le dites, nous n’en parlerions
@Pierre-Yves D., le 2 février 2012 à 14 h 25
Au risque d’accélerer le glissement de la conversation, ce lien pour rappeler qu’un certain contexte ou qu’une certaine manière historique a pu, non sans générer une foultitudes de problèmes, percer ou chercher à percer le « coeur du sujet » et déborder le cadre de la cure. Il laissera au moins une trace.
Incidemment, ce n’est pas très sittlich de décommunardiser deux fois « Rosebud1871« .
Sous le regard bienveillant de Germanicus, Pierre-Yves D. promène les gosses…
Ce qui est gratuit ne vaut rien. Il faut payer.
Ah bon?…
Renou,
M’enfin !
je ne me reconnais pas dans le Pierre-Yves D. dont vous faites la description.
Si le rapport entre psychanalyse et argent m’interpelle à ce point c’est justement parce que je me suis toujours désintéressé des activités rémunérées, tout au moins dans le cadre du système actuel, pour tout dire fort contraignant, peu soucieux de l’humain car il y règne le rapport de force, et le profil bas du genre marche ou crève. Bref le quotidien des salariés où la réciprocité quand elle est activée sert des intérêts inhumains et asociaux.
L’autre jour je suis ressorti du Pôle après m’être entendu dire par le conseiller, très fier de lui, que j’étais désormais « profilé », tout ça parce qu’il avait refondu mon CV de fond en comble.
Lors de l’entretien, pas une seconde il ne fut question de ce que j’attendais de la vie, quel genre de travail j’aimerais faire, bref rien sur ma petite personne et mes désirs, ah l’affreux mot !
Bref, l’entretien brut de décoffrage.
J’eus tout de même un début d’explication lorsqu’un collègue du conseiller est venu jeter un coup d’oeil sur le logiciel qui faisait des siennes. Il m’apprit que le conseiller était un peu tendu parce que son travail est minuté, je suppose via l’ordi. Voilà où nous en sommes !
Je suis de ceux dont on dit qu’ils ne savent (ou ne veulent) pas se vendre, jusqu’au moment bien entendu où il s’agit de prendre une décision et aller chercher du boulot pour rester à flot, car il faut bien vivre. Je n’en tire aucune espèce de fierté (quoique.) je suis comme ça … ah oui, attention j’ai dit « ça » !! schizosophie va encore relever.
ça ira, ça ira, ça rira ! 😉
@Pierre-Yves D.2 février 2012 à 14:25
L’usage libéral est que l’analysant règle sa séance même quand il ne s’y rend pas. C’est une contrainte qui l’amène à être fidèle au poste, même s’il garde sa liberté payante de ne pas s’y rendre. Les pratiques institutionnelles à tiers payant montrent souvent un absentéisme embarrassant même si quelques uns seront toujours présents aux rendez-vous. On peut tenter des généralités, mais il n’y a que du cas par cas.
Quand j’étais jeune j’étais phobique du dentiste, ce qui n’a pas eu d’effets souhaitables jusqu’au jour où un dentiste m’a dit, je ne peux vous faire payer pour vos absence aux rendez-vous (légalement) mais si vous êtes absent encore une fois, je ne m’occupe plus de vous. Je n’ai plus raté de RV puis ma phobie s’est réglée ailleurs !
@schizosophie 2 février 2012 à 18:19
C’est toujours une gageure de résumer un bouquin, et Catherine Dufour ne doit pas s’en tirer sans quelques raccourcis décelables. Mais les croisements personnels et textuels sont légions entre le mouvement surréaliste et la saga analytique. Merci de le rappeler. Pour la petite histoire, c’est Lacan en 80 traitant Althusser de Monsieur AA et rapportant qu’il avait refilé à Tzara dans les années 50 un texte puisqu’ils habitaient le même immeuble.
Autre lecture, Pacoïsé75 ou Pabloïsé76 !
Comme sur le fil il est question de « psy*« , voici une proposition d’une psychanalyse d’un naufrage:
http://owni.fr/2012/01/30/le-costa-concordia-psychanalise/
Pierre-Yves D.
Voilà l’argument que les psychanalistes avancent: le patient, ou client, doit avoir le sentiment de contribuer à quelque chose. Et comme tout ou presque dans nos relations du quotidien – hors amitié profonde – est basé sur des échanges matériels ou matérialisés, l’argent restera au centre de cette contribution. Mais la plupart des analystes que je connais sont fléxibles, ils adaptent leurs prétentions en terme d’honoraires aux revenus et à la situation matérielle du client. Il existe des rares cas où des gens sont traités sans les faire payer.
Parmi mes connaissances il y a un seul analyste qui gagne beaucoup d’argent, mais celui-là a trouvé une niche spécifique: des artistes de renom, du cinéma, du spéctacle et des arts en général.
Germanicus,
Vous penchez donc plutôt pour la thèse selon laquelle il y a bien deux sujets sociaux dans le cabinet outre le fait qu’il y a bien entendu aussi deux inconscients. Et à ce titre, des sujets s’investissent dans un rapport de réciprocité, aux « intéressés » de savoir le prix qu’ils accordent à leur contribution respectives et selon quelles modalités. A ce propos il existe une pratique qui consiste pour les artistes à offrir certaines de leurs oeuvres à leur psychanalyste. Il s’agit alors d’une contribution en nature, d’un don de soi.
Peut-être qu’il n’y a jamais les deux en même temps, toute la relation, du point de vue du dispositif, consistant alors dans le jeu des aller et retour entre sujet à inconscient.
Lorsque le travail d’élucidation de l’inconscient se fait le sujet social part en vacances, mais il revient très vite car le sujet n’est jamais loin. 😉
Pierre-Yves
En effet, il m’est arrivé – et à d’autres – de recevoir une ou des oeuvres d’art au lieu des honoraires. Un marchand, pris à la groge par le fisc, me payait en antiquités. La forme de la contribution n’a pas forcément une importance majeure. Mais le client/patient doit avoir le sentiment de donner quelque chose de lui-même pour souligner l’effort qu’il investit en suivant la thérapie.
Un autre aspect: un service qui ne coûte rien, serait-il considéré comme une valeur? Ce n’est pas sûr.
@Germanicus 2 février 2012 à 20:31
Oui, il y a cette rumeur initiée par Freud, comme quoi il s’agirait de refourguer ses antiquités familiales…
Je rebondis sur ce qu’a dit Imagine.
N’oublions pas que les hommes politiques sont payés avec l’argent du contribuable.
Ils ont une mission à remplir : prendre des décisions et des mesures pour faire vivre les citoyens ensemble, normalement dans leur intérêt . Ce sont donc des gestionnaires de société, le président de la République Française étant le gestionnaire en chef ou le chef des gestionnaires, comme on veut.
Ce sont bien nos employés…
Maintenant, ça fait plusieurs mois que le big chief est désavoué par environ 70% des membres de la société. Que ce passe-t-il dans une entreprise classique où 70% des employeurs sont mécontents du travail du gestionnaire en chef? Il est viré !
Je propose donc que, quelle que soit l’appartenance politiques des citoyens, chacun exige des candidats à la présidentielle qu’ils s’engagent dès l’accès à la plus haute fonction à créer une loi qui permette au peuple de démettre le président de ses fonctions, dans certaines circonstances. Une de ces circonstances exceptionnelles pourrait être le non respect du programme du candidat qui a été élu.
Ainsi, on ne pourrait plus proposer des programmes-Noêl sachant qu’on ne pourra pas les tenir. De plus, les hommes politiques désireux de vraiment faire bouger les choses dans le sens du plus grand nombre seraient grandement aidés, les lobbies ne pouvant garder leur champion au pouvoir avec un peuple mécontent qui le virerait.
En somme, le peuple serait l’ultime contre-pouvoir pacifique.
Comment un candidat pourrait-il se dire pour la démocratie et refuser cette loi au plus grand nombre s’il la réclame?
Je pense que ce genre de mesures, si elles étaient adoptées, pourrait amener à une transition plus douce que cette cocotte-minute qui menace d »éclater à tout moment.
2 petites interviews avec François Roustang, philosophe et hypnothérapeute français né en 1923. (vidéos de mauvaises qualités – dommage) :
Stopper le récit de la répétition.
Un risque absolue à la liberté.
Très bien….
Merci pour votre salutaire coup de griffe.
Très beau texte de Didier Lestrade, sur une pandémie de suicides.
http://www.minorites.org/index.php/2-la-revue/1251-les-gens-sont-en-train-de-craquer.html
Longue vie à la grève générale !
Certes, mais je vous rappelle que Nicolas Sarkozy vient de déclarer qu’il en avait assez « que n’importe dise n’importe quoi, n’importe comment ». Dont actes.
C’est enfoncer une porte ouverte que de rappeler à Sarkosy ce beau poème, ou plutôt c’est lui claquer la porte au nez:
Liberté de Paul Eluard
Liberté
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J’écris ton nom
Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard
in Poésies et vérités 1942
Ed. de Minuit, 1942
Excellent billet ! En vertu des lois qui régissent l’Histoire, il se pourrait bien que votre exhortation ne soit que les prémices d’un soulèvement des coeurs et des consciences … Vive la solidarité de classe, à bas l’individualisme crétin ! Oui je sais ce programme suppose deux prises de conscience radicales des deux raisons pour lesquelles nous nous fourvoyons dangereusement .
En belge, le mot « imbécillité » s’écrit pas comme en français?
Justement l’histoire de la ministre de l’esclavage moderne on a pas suivi on habite pas en Belgique, racontez…
Non, c’est juste que, depuis mil neuf cent nonante, nous appliquons la nouvelle orthographe recommandée par l’académie française…
extrait d’une chronique de P. Walkowiak
http://www.rtbf.be/info/chroniques/chronique_au-travail-meme-s-il-n-y-en-a-pas-philippe-walkowiak?id=7453223&chroniqueurId=5030063
ou encore… « Ce matin, à la lecture de la Libre Belgique, j’ai appris qu’il y avait du travail pour tout le monde et que le principal c’était d’être beau, mais que tout le monde ne l’était pas, de sorte qu’il allait falloir inventer quelque chose aussi pour les gens laids.
J’ai vraiment lu cela. Je l’ai même lu deux fois pour m’en rendre tout à fait sûr. Et pour celles et ceux qui ne l’auraient pas lu, je vais le relire : « Dans notre société, les normes sont très élevées : pour réussir, il faut être beau, intelligent. Il y a un groupe de gens qui ne peuvent pas atteindre ces normes. C’est un problème qui touche beaucoup les migrants quand ils ont un certain âge ».
Comme quoi, n’est-ce pas, il y a pire que d’être black et d’équerre, il y a aussi migrant âgé pas beau et bête. Et c’est la nouvelle ministre de l’Emploi, Monica De Conick, qui parle. »
extrait de la chronique de P.Hermant http://www.rtbf.be/info/chroniques/chronique_monica-la-sinistre-de-l-emploi-paul-hermant?id=7449183&chroniqueurId=5588333
Tain! Là vous en tenez une bonne! La lâchez pas surtout, c’est si rare autant de sincérité. En France 90% de la classe politique pense la même chose mais ses représentants tous très très intelligents n’arrivent pas à le formuler aussi clairement sauf peut-être Balkany ou sa femme. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils s’autorisent à faire notre bonheur malgré nous en prenant soin de se mettre gentiment à l’abri du besoin au passage. Et c’est bien la moindre des choses que l’on puisse s’accorder lorsque l’on est plus beau et plus intelligent.
Oui. Manquait un L. Désolé. La précipitation, sans doute. Pour le reste… ce que j’en dit résume parfaitement le caractère parfaitement odieux de ses « propositions » pour remettre les gens au turbin. En ce compris, les laids, les a-sociaux et autres alcooliques. Si pas de boulot, des camps d’internement, pourquoi pas. Au point où on en est de l’immonde….
Entendu tout à l’heure à la radio. Très beau, presque rimbaldien vers la fin, m’a presque ému.
Mais la réalité c’est qu’en Belgique il y a 60% de Flamands, avec un centre de gravité politique toujours plus à droite. Et que le vote, côté francophone, est extrêmement stable, avant comme après la crise, comme si tout le monde trouvait « ça » normal.
Alors, au cas ou quelques désespérés se laisseraient aller à la fureur, à l’émeute, à un je ne sais quoi sur Bruxelles, les gens seront très contents de voir les forces de l’ordre intervenir et faire leur travail, n’en déplaise à l’indispensable monsieur.
Votre billet dézingue juste et pfffff que ça fait du bien !!!!!
La soupape explose d’une manière littéraire avant celle du monde réel comme
un ultime avertissement pour ces autorités aveugles et idiotes .
TOUTES nos organisations sont à revoir .
Et , oui , nous devrions chacun faire un effort personnel et changer notre vision des choses.
Je ne suis pas très optimiste à ce point de vue..
Mais bon ce blog nous y invite et tout espoir n’est pas perdu.
Merci Paul Jorion de remettre tout cela en perspective.
Et si tout cela ne provoque pas un declic salvateur il aura au moins rendu une parcelle
d’honneur à l’être humain.
Finalement , la moins mauvaise nouvelle est que :
http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/716336/sarkozy-merkel-et-les-autres-finalement-a-beauvechain.html
la grève nationale met le souk à Merkel et Sarko…
Même si ça ne va pas plus loin, un irrésistible petit village Gaulois empêche les grands de ce monde de poser leurs fesses sur son territoire….La suite des évènements nous dira si Goscinny Uderzo avaient raison …En première ligne de l’actu de demain, je vous raconte ( en léger différé ….Hélico etc ) …Les aventures de la grève générale et du sommet européen …
Amis belges, vous avez connu de longs mois sans gouvernement, ni hommes politiques qui vous dirigeaient. Soyez cool, virez les, sans indemnités car c’est vous qui payez. Pas de quartier, Dieu reconnaîtra les siens… enfin s’il existe car je crois que s’il existe, il a été un peu absent, me semble-t-il !
Heu…pardonnez-moi, elle a dit quoi Monica De Koninck, la ministre socialiste ?
http://www.express.be/business/fr/hr/monica-de-coninck-reintegrer-les-chomeurs-grace-a-des-contrats-courts-et-flexibles/160616.htm
Allez, les belges qui en ont marre….Venez nous rejoindre, plus nous serons….
https://www.facebook.com/groups/121417834544714/348815155138313/?notif_t=like
https://www.facebook.com/groups/117790198307221/
https://www.facebook.com/groups/agissons/
« Ils » nous ont déclaré la guerre, montrons leur que nous ne nous laisserons pas faire!
Un site européen en six langues qui centralise les idées pour proposer une constitution….
http://www.unitethe99.org/
Venez, qu’on vous dit….C’est gratuit…………. et ça peut rapporter gros!!!!!!!!!!!!
A propos de cette sinistresse qui prend les gens pour de la marchandise….
http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/714994/monica-de-coninck-contrats-flexibles-pour-chomeurs-de-longue-duree.html
http://www.rtbf.be/info/chroniques/chronique_monica-la-sinistre-de-l-emploi-paul-hermant?id=7449183
voilà pour les actions spontanées, hors syndicats….
le grand jeu
http://bxl.indymedia.org/articles/3663
Merci L’indispensable Monsieur Jean-Pierre.
Le podcast.
NB Ce «cher» é-con-omiste de son état, c’est Lieven Annemans
Wall Street Journal : 1,2 milliards de dollars « évaporés »
Money From MF Global Feared Gone
By SCOTT PATTERSON and AARON LUCCHETTI
Nearly three months after MF Global Holdings Ltd. collapsed, officials hunting for an estimated $1.2 billion in missing customer money increasingly believe that much of it might never be recovered, according to people familiar with the investigation.
(…)
Many officials now believe certain employees at MF Global dipped into the « customer segregated account » that the New York company was supposed to keep separate from its own assets–and then used the money to meet demands for more collateral or to unfreeze assets at banks and other counterparties as they grew more concerned about their financial exposure to MF Global.
(…)
Édifiant !
(Y’a un accès gratuit à l’article entier ?)
« Les chiens de garde » ont encore frappé !
http://www.lesoir.be/debats/editos/2012-01-30/voyage-en-absurdie-893672.php
ce lien semble dysfonctionner! En auriez-vous un autre?
Vous pouvez aussi aller sur le site du journal Le soir et chercher l’édito du jour
http://www.lesoir.be/debats/editos/2012-01-30/voyage-en-absurdie-893672.php Par ici, ça fonctionne…
http://www.franceinter.fr/emission-la-bas-si-j-y-suis-la-gauche-est-foutue-c-est-la-droite-qu-est-dans-la-rue
Histoire de rigoler un peu…
On dirait que ça se réveille ! Merci Jean-Pierre !
http://www.lalibre.be/toutelinfo/belga/163871/la-cgsp-wallonne-accuse-les-medias-de-pratiquer-le-politiquement-correct.html
Quoiqu’il nous arrive, demeurons confiants et fidèles aux valeurs humaines, celles qui fondent notre présence à soi-même (santé, estime de soi) et aux autres (lâcher-prise, ouverture de coeur, bienveillance, compassion) . La visualisation mentale d’une vie meilleure est adaptée.
Il s’agit d’une mise en route dès maintenant, à semer dans son quotidien par des petits gestes, des intentions, de marquer symboliquement mais aussi réellement sa résistance. A chacun d’improviser. Le Divin présent en notre Coeur sait toutes ces choses.
« Partage et solidarité » étaient malgré tout présents dans les camps de concentration, des vies ont pu être sauvées par des petits gestes.
Ils nous mettent en demeurent de nous révolter mais ont préparés de longue date les dispositions pour réprimer violemment toute tentative d’émancipation par le haut.
Notre Vierge Marie et son Fils en chacun, en Tous protègent ses enfants.
…. » Quoiqu’il nous arrive, demeurons confiants et fidèles aux valeurs humaines » !
Très juste Mouloud !
Je remercie l’auteur de ce billet et j’oublie de remercier Paul pour l’espace de liberté qu’il nous offre via son blog ! C’est fait !
En ces grands instants pathétiques
Quand plus personne crache sur le fric
Faudrait pas trop que tu désespères
Vu que de l’autre côté de la barrière
Parait que le Bon Dieu s’est flingué
Quand il a appris que dans la misère
L’homme était un loup pour son frère
Et que ce con là, avait pas trop l’air de le regretter.
Higelin, Le Banlieue Boogie Blues.
Mauvaise nouvelle, il va falloir faire sans Dieu!
L’édito du Soir d’hier, cétait du pipi de chat ! comparé à celui de LLB !
http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/716640/edito-au-boulot.html
Alors, ça ! Je l’ai expédié à mes contacts tous azimuts ! Incroyable la bassesse, la fatuité, l’ignorance, le cynisme de cet individu. Et journaliste. Avec la même carte que moi… c’est à se flinguer, vraiment. Bien le bonsoir Martine de BXL…
Le Costa Concordia psychanalysé, le 30 janvier 2012 Olivier Beuvelet
« Depuis la crise de 2008 qui a vu la Banque Lehman’s Brother couler sous les yeux du gouvernement américain, les naufrages économiques ont été nombreux, l’idée même que le navire de l’Etat puisse se déclarer en faillite, sombrer sous les assauts des tempêtes boursières, submergés par la dette, n’est plus seulement un cauchemar, c’est devenu un horizon pour de nombreux pays… Et la perte du AAA par la France, au matin de ce jour de naufrage en Méditerranée, aura sûrement donné matière aux représentations de l’épave du Costa Concordia, à cette fixation étrange sur cette immense maison flottante, qui agit comme Méditerranée sorte de Memento Mori et d’écran propitiatoire à destination des regards de la zone Euro… Jouissons de la terre ferme ! »
http://owni.fr/2012/01/30/le-costa-concordia-psychanalise/
Un autre foutage de gueule de grande classe de ces gens d’en haut
Descoings et la justification de son salaire de président d’université à Sciences Po
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?breve1550
Vous voulez de l’humour?
En voici