Billet invité. Le podcast est ici.
Ces gens, tout de même, ces gens d’en haut, sont d’une outrecuidance et d’un culot tout bonnement stupéfiants. Après avoir décidé des mesures les plus infamantes à l’endroit des gueux, à les entendre bien trop gâtés jusqu’ici, les voici qu’ils les mettent en garde, les admonestent et leur font la leçon dès lors qu’ils font mine de répondre et vouloir riposter à ce qui est, proprement, une attaque sans précédent contre ce que des années de lutte avaient arraché à la logique de l’exploitation sous toutes ses formes.
Autrement dit, pour ceux du gouvernement qui se sont exprimés à ce sujet, la grève de demain est une hérésie, une vilaine action ou une erreur de jugement due à une mauvaise interprétation de ce qui a été décidé. A les entendre, les Van Quickmachin et les autres, en ce compris l’Homme de l’année, nous autres, les gens d’en bas, n’aurions rien saisi ni rien compris aux historiques et grandioses perspectives qui s’ouvrent désormais sous nos pas.
L’appauvrissement des déjà mal lotis va en réalité les enrichir, la misère ne peut qu’engendrer l’opulence, avoir moins c’est avoir plus. Tant qu’on y est, se serrer la ceinture va avoir pour conséquence que le marché des bretelles extensibles va exploser et que, conséquemment, cela va, comme ils disent, créer de l’emploi.
On est là, n’est-ce pas dans la pure Novlangue imaginée par Orwell dans son fameux 1984. La meilleure, dans tout cela, c’est l’entretien que Laurette Onkelinx a accordé à une feuille bien connue, il y a quelques jours. Dans lequel la camarade – esbaudissons-nous sans vergogne – exprime soudainement le doute qui l’habite quant aux mesures qui vont toucher de plein fouet celles et ceux qu’il serait tout de même plus opportun, dit-elle, de remettre au boulot plutôt que de les mettre à la rue. Et de déclarer qu’elle « comprend la colère des syndicats » en feignant de ne pas voir que cette colère est la traduction de la colère des gens qui s’apprêtent à faire de la journée de demain celle du refus de la misère. Et la pauvre – si j’ose dire – de s’en prendre aux vilains capitalistes et aux sombres machinations de la finance, responsables de tous nos malheurs. Et tout cela sans être le moins du monde désavouée – en tout cas publiquement – ni par l’Homme de l’année ni par aucun membre du gouvernement dont elle fait partie.
Donc, on y est, en 1984 ; avec un léger retard, mais on y est. Tout est en place : Le mensonge érigé en vérité, la surveillance de nos moindres faits et gestes par le truchement de la technique la plus pointue, le pouvoir absolu détenu par une poignée de larbins qui mangent dans la main des détenteurs de toute la richesse du monde, des millions de gens plongés dans la mouise la plus crasse, et des millions d’autres qui se gavent de gadgets et s’abrutissent à la lecture des journaux et continuent de croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et puis, chez nous, ces 20% de suicides en plus sur les voies de chemin de fer, les suicidés de Flandre, ces irresponsables desquels Lievens Annemas, économiste de son état, dit ceci, qui vaut son pesant d’or et que je cite : « Il y a tant de personnes en Flandre qui veulent s’ôter la vie que cela risque de devenir un problème pour l’économie ». On savait déjà que les économistes ne racontaient que des conneries, mais là, c’est le pompon ! Et, dans la foulée, la limite de l’indécence et de l’imbécilité a été largement franchie, en début de semaine, par Monica De Koninck ministre, socialiste – ricanons de concert – de l’esclavage le plus moderne. Je vous passe les détails, vous êtes au courant.
On n’est même pas du bétail. On est des choses parmi les choses, que l’on déplace et que l’on parque. Et que l’on va peut-être bientôt marquer au fer rouge. Ou bien auxquelles on va coudre un symbole au travers de la veste. Une étoile, un cercle, un triangle, un chiffre.
Les malades, les pas beaux, les déprimés, les mal avec leur monde, les poètes et les rêveurs, on va s’occuper de vous.
Puisse cette grève de demain n’être qu’un début ! Et que le printemps qui vient soit celui de la fureur, de l’émeute, d’une marche sur Bruxelles, de je ne sais quoi, enfin ; quelque chose de surprenant et de jamais vu, comme un orage, un nouveau soleil, un raz-de-marée, une tempête. Il est grand temps que nous relevions la tête !
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(*) « L’indispensable Monsieur Jean-Pierre, chroniqueur mondain » occupe les ondes, chaque dimanche soir, depuis près de 22 ans, sur les ondes de la radio belge. (En toute impunité…)
200 réponses à “CES GENS, TOUT DE MÊME, CES GENS D’EN HAUT, par Jean-Pierre L. Collignon (*)”
A ne pas louper ,(surtout l’emission d’aujourd’hui, pas encore en ligne), les « de Beaulieu » , sur Fr inter vers midi …..L’émission commence a faire polémique (tamère) ….
http://www.franceinter.fr/emission-a-votre-ecoute-coute-que-coute-a-votre-ecoute-coute-que-coute-10
A F F L I G E A N T A F F L I G E A N T
C’est ce qu’on peut croire au premier raz-bord …. mais le fait que l’émission ne soit pas présentée comme etant un gag, comme les manifs « de droite » , amène les gens a se poser des questions en entendant ds la bouche d’autrui ce qu’ ils sont parfois tenté de penser . C’est nous mettre devant la réalité , sans meme tellement forcer le trait parce qu’on doute de l’obscénité réel du couple qd on n’est pas prévenu . A mon sens , ça peut permettre a certains béotiens de se remettre en cause puisque la « couleur » et l’idéologie n’est pas dévoilée.
Sur l’émission , lire le premier commentaire de tres haut niveau d’un gay , mieux placé que nous pour aprécier l’ humour de ce gag .
L’émission d’aujourd’hui sur le gus a qui on a sorti un rein est des plus rejouissante…..si on aime le 16e degré .
http://www.franceinter.fr/emission-a-votre-ecoute-coute-que-coute-a-votre-ecoute-coute-que-coute-11