Billet invité
Les discussions à propos de la restructuration de la dette grecque font l’objet d’un marathon et sont depuis plusieurs jours annoncées comme allant incessamment aboutir ! Il serait plus que temps, car c’est une condition nécessaire, mais pas suffisante, pour que la Grèce ne fasse pas défaut le 20 mars prochain. L’enjeu est d’embrayer ensuite sur un second round de discussion avec la troïka, qui a débuté hier vendredi et porte sur les mesures que va devoir prendre le gouvernement afin de bénéficier d’un prêt dont le montant a été fixé en octobre dernier à 130 milliards d’euros.
Afin de ne pas avoir à y revenir, les dirigeants européens et le FMI voudraient que ce second plan de sauvetage soit cette fois-ci calibré comme il faut, ayant du admettre que ce n’était pas le cas du premier. Or ils rencontrent deux obstacles :
1/ La profonde récession dans laquelle la Grèce est plongée diminue les rentrées fiscales de l’État, un phénomène qui ne peut que s’accentuer en raison du contexte européen général et des nouvelles mesures que le gouvernement va devoir adopter pour satisfaire aux exigences de la troïka.
2/ La réduction de la dette grecque, afin qu’elle ne représente plus que 120 % du PIB en 2020 contre 160, dépend de nombreux facteurs, dont l’ampleur du ralliement à l’accord d’échange de titres. Celui-ci s’avérant moins important que prévu, plusieurs options restent à la disposition des négociateurs pour arriver au même montant.
Trois leviers peuvent en effet être actionnés pour rester dans l’épure qui a présidé au calibrage initial du nouveau plan. À réduction constante de la dette, les banques peuvent accentuer leur effort, si les créanciers sont moins nombreux à se présenter. Si cela se révèle encore insuffisant, les banques ne voulant pas assumer tout l’effort, il faut alors élargir le cercle de ceux qui s’impliquent dans la réduction de dette et trouver un accord avec la BCE, qui n’est pas un créancier privé mais se trouve être le principal détenteur de titres souverains.
Enfin, une dernière option est d’augmenter le prêt de 130 milliards d’euros. La partie se joue donc sur toutes les bandes, tous les paramètres étant sur la table afin de les combiner au mieux des intérêts des uns et des autres, qui sont bien entendu contradictoires.
Faisant suite à une téléconférence des dirigeants européens hier vendredi, le voyage impromptu de Charles Dallara à Paris, le négociateur en chef des créanciers privés en sa qualité de directeur de l’Institute of International Finance, éclaire l’état de la négociation. Il fait suite à une déclaration de Jean Leonetti, le ministre des affaires européennes français, qui a martelé vendredi matin que « l’Europe ne paiera pas davantage”, ce qui signifie que certains le demandent… Or c’est bien cela que vient probablement négocier Charles Dallara, qui est flanqué d’un second détaché par BNP Paribas, Jean Lemierre.
Une source non identifiée, présentée par Reuters comme un officiel de l’Union européenne, le reconnait indirectement en évoquant « les rapports complexes entre les financements privé et public ». Plus énigmatique encore, la même source a déclaré « Le résultat en termes de réalisation de l’objectif de pourcentage de la dette par rapport au PIB dépendra de la façon dont est analysée la viabilité de la dette, ce qui n’est pas une science exacte, mais tout au plus une forme d’art »…
Mais pour quelle raison l’Institute of International Finance, qui exerce le mandat de représentant des créanciers privés sans les représenter tous, n’est-il pas en mesure de garantir un ralliement suffisant à l’accord qu’il négocie ? Il est possible que certaines banques ont déjà fait savoir qu’elles n’en seraient pas ; il est établi que des fonds-vautours, dénommés hedge funds dans les cercles financiers, financés par des banques, préfèrent être remboursés au pair et à l’échéance par le gouvernement grec de titres qu’ils ont achetés à certaines banques avec une importante décote. À ces deux titres, les banques ne peuvent donc pas éluder la responsabilité qui est la leur dans cette situation.
Afin de faire rentrer tout le monde dans le rang, l’adoption de clauses d’action collectives par le Parlement grec a été agitée comme une menace, mais cette arme serait à double tranchant, car elle pourrait rendre nécessaire l’activation des CDS par l’ISDA (International Swaps and Derivatives Association), ce qui reviendrait à constater un défaut et à pénétrer en territoire inconnu.
Michael Noonan, le ministre irlandais des finances, vient de trouver le mot de la fin : “C’était mortel de commencer un débat sur la restructuration de la dette en faisant porter le fardeau aux créanciers privés. Cela a rendu les marchés fous”. Assenant que “quand on prête de l’argent, la première question qui se pose, c’est vais-je le récupérer ?”. Pour conclure, péremptoire : “nous devons résoudre nos problèmes de dette, les marchés se calmeront ensuite”.
84 réponses à “L’actualité de la crise : UN TRÈS GROS BOUT DE GRAS, par François Leclerc”
Et ça continue :
Jacques Ségala donne son avis sans nuances sur le programme de Hollande, pendant 1/4 sur Fr Inter, histoire de ne pas croire au père Noel. Hollande est archaique…
J. Lebrun traite la paresse, et son invité dit que pour le Christianisme, l’individu doit racheter le pêché par son travail ce qui est une pure contre-vérité. Ce n’est pas du tout la problématique du catholicisme en tout cas, c’est même le contraire.
« Ensuite, n’oublions pas que sur les billets d’1 dollar, il y a Dieu »
Mais bien sûr.
Le topic étant que si l’on ne travaille pas, l’on paresse ! Faute de travailler vous tombez dans le pêcher capital de la paresse.
C’est cette façon hypocrite de choisir les sujets de débat qui enferment l’ensemble de la société française dans un carcan mental dont la seule issue est la compétition perdue, avec les Chinois.
La paresse comme utopie irréaliste et non souhaitable. Il ne reste donc que le stakhanovisme.
On y est… la paresse conduit au suicide.
Merci, l’émission la plus démagogique depuis longtemps. Ils en profitent pendant que les gens sont à table pour les assassiner de leur problématiques faisandées pleines d’insinuations et de sous-entendus pessimistes ou romantiquement désillusionnés.
C’est un assassinat de l’intelligence.
Chronique d’un repas familial
Bien le bonjour chers membres de ce blog que je lis depuis quelques années déjà. Etant néophite, je me suis toujours gardé d’écrire quelques commentaires par ici, préférant m’instruire plutôt que de raconter des âneries.
Je souhaitais faire partager ce repas de vendredi soir dernier afin d’illustrer la situation dans laquelle grands nombres de concitoyens sont plongés (ou se noient)
Voilà quelques années que je n’ai vu un membre de ma famille avec son compagnon. Couple issu du milieu bancaire s’étant lancé dans la gestion de patrimoine (ou gestion de fortune, c’est au choix!).
Cette visite n’était pas anodine pour ma génitrice. Ils voulaient lui présenter leurs meilleures offres de placement pour que celle ci leur confie sa « fortune ».
Dans un discours global sur la crise, j’ai eu droit aux éléments suivants:
– Faute des 35 heures et de la retraite à 60 ans
– Trop de dépenses liées au « social » (La plaie française..;Dixit)
– Mitterrand nous a mené à cette crise
– Notre président actuel a pris les bonnes décisions qui nous ont permis d’avoir la tête encore hors de l’eau
– Etc…etc…etc…Je vous en passe et des meilleures
M’appuyant sur des faits et arguments que je tente de comprendre sur ce site, je rétorque en me disant, je vais voir quelles sont leurs réponses…
Aucune réponse argumentée bien sûr … Encore et toujours des clichés basés sur rien.
Mon but n’étant pas d’essayer de les « convertir » ou autre…Juste savoir s’ils connaissaient un minimum sur le fonctionnement des mécanismes financiers, une vision globale (logique et non orientée politiquement).
Ce fût un échec total..même si je m’en doutais fortement.
Au delà de leur démarche VRP en nous disant que les assurances vie (Suisse …:) )étaient garanties à 3,75% pendant 2 ans, et que les placements n’allaient pas sur les marchés, je leur ai posé la question de savoir où étaient investis cet argent ? Pas de réponse bien sûr …
Dans tout ça, je les ai trouvé bien peu au fait de la situation actuelle ce qui me conforte dans le fait que j’ai donc dit à ma mère (oui c’est elle ma génitrice), qu’il était hors de question de leur donner les quelques économies qu’elle a pu faire …
j’avoue être à court d’arguments pour lui faire comprendre …
Leurs arguments sont par contre extraordinaires: Nous ne faisons pas cela pour l’argent et nous aidons les gens…. Mon bout de gratin dauphinois est resté coincé dans mon œsophage !
Bref, tout cela pour illustrer dans une scène de la vie quotidienne les désastres de la non information ou de mauvaises convictions …
Merci à ce site de nous informer
Bien à vous
Bien joué mais trop aimable l’épicier. Famille ou pas, avec moi les gugusses auraient sûrement pas doublé le cap du Gratin Dauphinois. Faut pas argumenter avec cette engence, faut humilier et sévir. Et on fait pas d’affaires en famillle, ça c’est pour maman. 🙂
La chose drôle avec tout ça, c’est qu’ils ont dit au cours de leurs discours qu’ils ne bossaient jamais avec les amis et la famille …
Je n’étais plus à une contradiction près :):)
Je passe (presque) aussi sous silence le fait que ce Monsieur file des cours d’Eco dans les Ecoles de Commerce … Et après on s’étonne …
Ouais, les marchands de pognon ont souvent ce discours en commun avec les psychiatres. Sauf que ces derniers le tiennent dans l’espoir que l’on s’efforce d’accepter ce principe quand les premiers le font afin que l’on s’efforce de leur faire faire une entorse gracieuse à leur « principe ».
Soyez ferme sur les prix!
Et n’ayez pas peur d’intervenir, si vous glissez, pas grave. C’est ainsi qu’on apprend à marcher.
Merci pour ce billet.
J’ai une question hors sujet.
Le premier ministre Hongrois Victor Orban s’est fait tappé sur les doigts car il a modifié la constitution et remet (entre autre) en question l’indépendance de la banque centrale hongroise, il ressort des informations que j’ai entendu que Mr Orban s’est fait tappé sur les doigts sur ce point par le FMI entre autre.
Mr Orban n’est pas vraiement un démocrate, en tout cas, les médias ne le décrivent pas comme tel et ses modifications constitutionnelles non plus.
Là où le point de la remise en cause de l’indépendance de la banque centrale hongroise devient obscure pour moi, c’est quand j’entend le premier ministre belge qui demande que la BCE se retrouve sous le controle des politiques, donc qu’elle perde son indépendance.
Donc pour la banque centrale hongroise, qu’est ce qui est reproché à Mr Orban, d’avoir réalisé ce que la Belgique et la France demande à corp et à cri à l’Allemagne ?
Et dans ce cas, que dira le FMI car c’est entre autre lui qui a émis des reproches à la Hongrie ?
Tout cela est fort obscur pour moi, un éclairage sur ce point Mr Leclerc ?
1) Orban est mis en cause avant de se voir probablement condamné par l’UE pour ne pas respecter les traités qui le contraignent à préserver l’indépendance de sa banque nationale.
2) La BCE, autant que je sache et jusqu’à preuve du contraire n’est pas une banque nationale.
Le parallèle entre les articles constitutionnels effectifs d’Orban et d’informelles et virtuelles « demandes belges ou françaises » sur une révision des statuts de la BCE me semble pour le moins extrêmement biaisé, pour ne pas dire très très très « inadéquat »…
1) La Hongris n’étant pas dans l’Euro, est ce que la banque nationale de Hongrie dépend de la BCE ?
2) Aux yeux du FMI qui n’est ni garant de l’Euro, ni de l’Europe mais est censé être au dessus de la mélée, je ne vois pas pourquoi ses dirigeants ne feraient pas le parallèle.
Pour être clair, je ne vois pas en Mr Orban un exemple et je n’envie pas la Hongrie d’avoir ce dirigeant, les relents fascistes qui émanent de par la bas ne me plaisent pas.
l
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Il se passe quoi concrètement le 20 mars ?
Le revenu des 1% français en infographie
http://www.slate.fr/story/48741/un-pour-cent-richesse-revenus-france-infographie