Billet invité
L’argumentation est rodée, mais pas convaincante : en mettant à disposition du système bancaire des liquidités à trois ans, en quantité illimitée et à un prix d’ami, la BCE inciterait celui-ci à acheter à nouveau de la dette souveraine et à détendre ce marché. Et le tour serait joué. Mais ce pari vaut ce qu’il vaut – c’est à dire pas grand chose – puisqu’on demande aux banques d’acheter des obligations d’État après qu’elles s’en soient délestées en catastrophe. Même en leur offrant une marge de rêve ainsi qu’une garantie – aujourd’hui – que de nouvelles décotes du type grec sont exclues pour demain. Spéculer sur le retour de l’appétit au risque des banques, alors qu’elles traversent une passe difficile et réduisent la voilure, ne manque pas d’audace.
La stratégie revendiquée n’est pas franchement nouvelle ; elle s’adapte uniquement aux circonstances, visant à obtenir des banques – une fois de nouvelles largesses accordées – qu’elles participent en retour au sauvetage des États, qui s’engagent pour leur part à devenir vertueux. C’est le mécanisme qui a été depuis le début choisi, avec le succès que l’on constate. Que doit-on chercher derrière ce plan : l’expression d’une grande ingénuité ou la certitude d’une forte mauvaise foi ?
Ainsi que le remarque dans sa dernière chronique financière James Saft, de Reuters Thomson, « Réformer le cadre budgétaire européen sans en faire autant du système financier qui a créé tout ce crédit, c’est comme si l’on demandait des engagements et faisait subir à des alcooliques des peines sévères, mais qu’on leur permettait de rester propriétaire de bars. »
Dénoncer le cadeau fait aux banques va de soi. Prédire que ce qu’il en est publiquement attendu est vain. Mais il y a pire. À supposer que l’opération fonctionne comme annoncé, elle renforcerait la dépendance réciproque des États et des banques, dont on sait qu’elle est le nœud qu’il faudrait au contraire trancher. Alors que comme conclut James Saft, « les États doivent briser la dépendance réciproque entre eux et les banques, ou bien les banques finiront par briser les États, peut-être même littéralement. »
C’est sur cette même constatation qu’est fondée la conviction que la combinaison des deux volets de la stratégie qui nous est imposée – sevrage pour les États et bar ouvert pour les banques – renforce les mécanismes à l’origine de la crise, au lieu de la régler. Avec quelle détermination et quel acharnement !
228 réponses à “L’actualité de la crise : UNE CRISE AUTO-RÉALISATRICE, par François Leclerc”
Tiens dans ma croyance « libérale » je croyais que les banques centrales étaient des préteurs en dernier ressort et que les prêts octroyés l’étaient à des taux « punitifs » supérieurs au marché. Ben non en fait la finance mondiale c’est « open bar »… C’est certain tout cela ne peut que bien finir.
A je vois que pour une fois nous arrivons à la même conclusion, je n’avais pas lu tout votre article. Oui c’est vraiment du n’importe quoi…
Cher Monsieur,
« Que doit-on chercher derrière ce plan : l’expression d’une grande ingénuité ou la certitude d’une forte mauvaise foi ? », demandez-vous.
La réponse est des plus simples – que vous donnez, d’ailleurs – : l’expression d’un mélange détonnant d’imbécillité sournoise et d’incompétence avérée, de cynisme et…de criminalité.
Ce qu’il y a d’extraordinaire, et que l’on oublie, est que par delà les dénominations « d’Etat », de « banques », il existe des individus, personnes physiques parfaitement identifiées et identifiables, qu’il conviendrait d’arrêter physiquement, de contraindre à rendre des comptes, fournir des explications, obliger à justifier de leurs choix et écarter de tout processus décisionnel.
Il est quand même surprenant que l’on puisse accepter l’instauration et la mise en place, au nom de la perpétuation d’une système économique en morceaux, d’une véritable junte civile à l’échelle européenne.
Comme le dit fort judicieusement votre contributeur Ardéchoix, citant Fernand léger dans sa correspondance de guerre, « …au lieu de ruiner les bonshommes, on les tue. »
Il me semble que le temps est largement venu de mettre sur pied une Cour pénale internationale économique dont la mission serait précisément de se saisir, d’entendre en leurs explications et choix, juger et éventuellement condamner les auteurs de ce qu’il ne faut pas hésiter à appeler des infractions et agissements constitutifs de crimes économiques.
Bien à vous,
Renaud Bouchard
Erreur, tout ceci est « légal ».
Tout au moins dans le cadre des lois inspirées par les lobbies financiers.
Ce qui est illégal c’est éventuellement la fuite de capitaux afin de se soustraire à l’impôt.
Et ce qui est encore plus illégal, mais porte plutôt le nom de coup d’état, c’est le fait de mettre arbitrairement au pouvoir dans des « ex-démocraties » européennes (deux seulement pour l’instant) des agents des lobbies cités plus haut.
OK pour l’évasion fiscale.
Je me demande simplement selon quelles lois seraient illégales les actuelles positions de pouvoir dont vous parlez (Italie, Grèce, BCE).
Illégal n’est pas le mot dans la mesure où la notion de coup d’état échappe à la voie constitutionnelle.
La constitution est le couloir de légalité de la » bonne » gestion d’un état du point de vue de son rédacteur.
Tout pouvoir ultérieurement mis en place, sans réforme du législateur, en cassant les murs de ce couloir recèle un fort risque de fascisme,spécialement en Italie,surtout s’il émane d’un organe mondialiste.
« James Saft, « les États doivent briser la dépendance réciproque entre eux et les banques, ou bien les banques finiront par briser les États, peut-être même littéralement. »
Excellemment dit, mais c’est qui James Saft ?
Editorialiste de Reuters.
Jefferson, 3ième Président des Etats Unis, n’en avait il pas déjà parlé dans les années 1800-1850 ?
Que pouvons nous faire, nous, humbles citoyens de base ?
Peut-être arrêter d’être humbles..;)
Dans cet ordre d’idées, une modeste suggestion…
ou faire sa révolution modestement en demandant la permission
@UnBelge
Les AMG de Là-bas si j’y vais, naturellement, les autres c’est du faux, comme les champignon, Mermet dixit.
Apprendre à moins tourner la tête dans les villes ce serait déjà un grand pas,
Il y a eu la nuit de la saint Barthélémy, la nuit de crystal, mais il y a eu pire et à plus grande envergure : la nuit lugubre du Fouquet,s où dans la joie des oligarques tout un peuple a été sacrifié.
La révolution silencieuse passera par le retrait de son argent dans les banques… C’est le consommateur qui le pouvoir…
je le pense aussi…
Formidable cela fait rêver -((((
Une citation de ce grand penseur Michel-Edouard Leclerc ?
J’espère ne jamais croiser votre chemin: la révolution (même silencieuse), le consommateur et le pouvoir: beurkkk
j’aurais du écrire: SURTOUT silencieuse
Révolution bruyante : bruit du papier monnaie que l’on brûle.
Révolution unification, fini les citoyens-nes, les producteurs-trices, les consommateurs-trices, les hommes les femmes, fini les classes, fini les genres., le travail- les loisirs, le privé-le public, finie la gestion et l’économie, fini les médiations du mode de production. Cela fera du bruit et se fera dans la fureur, aussi et pour l’amour de nous, de la vie, et le goût de la liberté.Chérie.
« Avec quelle détermination et quel acharnement ! »
Si l’ on garde bien présente à l’ esprit la théorie de la stratégie du choc, les objectifs de l’ oligarchie au pouvoir (suppression de la démocratie, appauvrissement des masses au profit de quelques uns…),
tout cela devient si simple à comprendre…..
Il suffit de ne pas nier l’ évidence.
Il parait que la perte du tripleAAA est imminente et que SARKO et consorts préparent dèjà l’opinion publique à ce nouveau désastre national. Cala veut dire que toutes les mesures de régression sociale imposées par son gouvernement n’ont servi à rien à part accroitre la souffrance et la détresse des Français.
J’espère que cette annonce aura au moins le mérite de couper l’élan a des mal comprenants qui envisageaient de revoter pour Sarko !
C’est moi ou on conditionne les français à l‘idée d’un gouvernement d’union nationale?
C’est un vieux fantasme français, déjà présent lors de la dernière élection: on prendrait les meilleurs de chacun des partis. J’ai déjà démontré à quelqu’un qui me vantait ce système que 1. un pays n’étant pas une entreprise, on ne « recrute » pas des ministres sur des quelques supposées compétences, et 2. quels sont les critères pour juger des dites compétences?…
D’après ce j’ai cru comprendre en 2007 de la part de Bayrou, il y avait Juppé ou Strauss-Kahn, donc le critère de compétences doit être un parcours judiciaire chargé…
Si l’on transpose en 2012, je vois bien Donadieu de Vabre….;-))))
« les meilleurs de chaque partis ».. la bonne blague LOL
Allemagne :
A lire les contributions et commentaires qui parlent de l’llemagne, j’ai plus que l’impression depuis quelques semaines que le Gouvernement Allemand dit Nein! aux EtatsUniens ?
De fait semble se mettre en place une rupture sinon un désengagement de la solidarité Atlantique.
Emmanuel TODD apportait des éléments d’analyse intéressants pour expliquer cette évolution.
http://www.marianne2.fr/Todd-la-France-n-est-pas-l-Allemagne-ce-n-est-pas-germanophobe-de-le-dire_a213561.html?preaction=nl&id=5909493&idnl=26555&
Toutefois, si l’Allemagne dit Nein aux USA et Ya à l’europe fédérale (Allemande) sa position démographique et le fait que l’essentiel de son commerce extérieur se fasse dans l’Union ne permet que de plaider pour une considération prise pour ici et maintenant. Chaque jour suffit sa peine dit Angela ! Le soir où le mur est tombé, elle est allée prendre une bière à l’Ouest puis se coucher, elle travaillait le lendemain…
Elle vient de programmer un nouveau sommet avec Sarkosy : fin janvier, début février…. Ils ne se quittent plus !!
Deuxième partie de « Là-bas si j’y suis » sur la dette
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2327
Chaque jour est un jour particulier,
Oh comme le vent souffle quelque peu aujourd’hui dans les plaines,
Non pour moi mais pour mon prochain, je pense en effet que vous ne devrez pas laisser passer tous mes commentaires, hmm le monde se lamente déjà suffisamment comme ça.
Sauf celui d’hier et au sujet de quelque chose que je n’ai pas trop l’habitude d’aborder, c’est peut-être bien là ou je me rend compte que je ne suis plus trop dans le mouvement.
Il était pourtant pas bien long à lire, c’était même un commentaire qui me tenait beaucoup à coeur, mais bon c’est pas grave je vous pardonne gens du socialisme. Je me dis pourtant que chaque jour est spécial, bon c’est vrai le vent souffle un peu aujourd’hui sur les côtes, mais ça passera pour les ames sensibles et puis ça peut se comprendre à force.
Témoignages poignants de la crise, pourquoi faudrait-il toujours lire les mêmes, ceux qui vous relatent les mêmes choses avec leurs propres mots à eux. Tu parles cause toujours tu m’intéresses Jérémie, tu parles d’un meilleur repos accordée pour les autres, faudrait partout suivre le rythme de plus en plus commercial du monde, aussi bien pour celui qui ne sait même plus à quel Saint ou bobonne se vouer, c’est la grande dynamique des corps du monde que voulez-vous que je fasse c’est peine perdue pour mes pieds, pour mes deux petites mimines.
« Prédire que ce qu’il en est publiquement attendu est vain. »
Cette phrase est grammaticalement boiteuse, et de ce fait dépourvue de sens.
Ou plutôt si, on devine le sens général, mais on ne peut pas en être certain.
Je suppose que l’auteur voulait dire:
Prédire ce qu’il en est publiquement attendu est vain.
Le « que » introduit une proposition, on attend donc un autre groupe verbal; par exemple:
Prédire que ce qu’il en est publiquement attendu sera utile est vain.
Bon, ça ne veut pas dire grand chose, mais c’est grammaticalement correct.
Pinailleur, moi? (:-)
Mais, malheureux, on commence comme ça, et on finit commentateur de sport à TF1!
ps: rien à redire sur le fond, c’est bien pour ça que je me rabats sur la forme!