Billet invité
Il y a des calmes qui précédent les tempêtes, et c’est probablement ce que nous sommes en train de connaître. Les lumières du sommet européen éteintes, le monde s’est interrogé sur la réaction des marchés, mais elle se fait attendre. Aucune embellie ne l’a suivi – comme c’était l’habitude avant qu’à chaque fois elle ne retombe – aucune détérioration notable ne l’a marquée.
Du côté des agences de notation, dont la mission est d’anticiper, les nouvelles n’ont cependant pas été gracieuses. Standard & Poor’s n’a pas encore rendu son verdict, très attendu, mais Nicolas Sarkozy a préparé l’opinion publique à la possibilité d’une dégradation de la note de la France. Moody’s n’a pour sa part pas été en reste, maintenant la perspective d’une réappréciation de la notation des pays européens, estimant que les annonces du sommet n’ont offert que « peu de mesures nouvelles », et qu’elles « ne changent pas le point de vue précédemment annoncé de Moody’s selon lequel la crise est à une étape critique et volatile ».
Du côté des marchés, rien de significatif n’est venu éclaircir leur réponse : ni l’évolution des taux obligataires, qui restent à des niveaux très élevés, ni la réussite toute relative des émissions qui sont intervenues, qui ne présagent pas de l’avenir et ne changent en rien la donne.
Comme prévisible, la création du pare-feu financier destiné à une intervention dans l’urgence rencontre une fois de plus des obstacles imprévus. Le Bundestag et la Bundesbank se renvoient la balle afin de ne pas assumer la responsabilité de la décision de financer le FMI, les représentants CDU au premier ayant beau jeu de se réfugier derrière l’indépendance de la seconde. Les républicains américains tempêtent de leur côté et menacent de tout bloquer au Congrès, en raison de la minorité de blocage des États-Unis au sein du FMI, sur le thème que l’Europe doit se sauver par ses propres moyens. Les juristes tentent pour leur part de trouver un montage faisant porter le risque de l’opération sur les seuls pays européens, dans le but d’en prémunir le FMI lui-même. Dix jours avaient été annoncés comme nécessaires pour clarifier la question, ils sont bien entamés.
Sur ces entrefaites, le FESF (fonds européen de stabilité financière) a réussi à lever sur le marché… 1,9 milliard d’obligations à trois mois. Tandis qu’Angela Merkel vient de réaffirmer son opposition à toute augmentation des fonds dont le futur Mécanisme européen de stabilité (MES) devrait être doté (500 milliards d’euros), les modalités de sa capitalisation devant encore être établies, impliquant l’apport des pays déjà sous le couperet des marchés.
La vision de l’année à venir de l’OCDE n’est pas des plus optimiste. L’organisation fait état de besoins de refinancement de ses États membres de l’ordre de 10.500 milliards de dollars en 2012, contre 10.400 milliards en 2011, soulignant en particulier le risque que l’Italie et l’Espagne soient coupés du marché. Un montant qui est à rapprocher des besoins de refinancement des établissements bancaires et qui, additionnés, donne toute l’ampleur des difficultés à venir. La dette est énorme, et son simple refinancement ne passe pas sans l’aide en faveur des banques de la BCE, comme on vient de l’apprendre. La question des États restant non résolue.
Une épée de Damoclès supplémentaire est placée sur la tête des banques européennes. L’Autorité bancaire européenne (EBA) a en effet rendu public qu’elles avaient vendu pour 178 milliards d’euros de CDS sur l’Espagne, l’Italie, la Grèce, l’Irlande et le Portugal – qu’il leur faudrait rembourser si les choses tournaient mal – tout en s’étant elles-mêmes prémunies du risque en achetant à d’autres banques, non identifiées, pour 169 milliards d’euros de CDS.
Le marché des CDS est dévoilé dans toute sa complexité et ses ramifications, instrument majeur du risque systémique et de la fragilité du système financier européen. Comment prédire, en effet, la propagation d’un choc s’il devait intervenir ? Car il est aventureux de penser, en comparant les montants globaux des achats et des ventes de CDS, que les gains et les pertes s’annuleraient en cas de malheur, ce qui implique que tous les établissements en cause auraient équilibré ceux-ci dans leurs comptes. Mais les données fournies par l’EBA ne permettent pas d’aller plus loin dans l’analyse…
Tandis que la Fed et la Bank of England lancent les signaux prémonitoires de relances prochaines de leurs programmes d’achats d’obligations d’État, Mark Carney, le gouverneur de la banque centrale du Canada, a dressé un tableau peu alléchant de ce qui attend les Nord-Américains et les Européens. « Les économies avancées ont régulièrement accru leur levier d’endettement durant des dizaines d’années. Mais cette époque est désormais bien révolue. Si la direction du processus est claire, son envergure et sa rapidité ne le sont pas. Celui-ci pourrait être long et ordonné ou abrupt et chaotique. »
Cette période de désendettement pourrait selon lui mener à une déflation et à des défauts de paiement désordonnés, pouvant provoquer « d’importants transferts de richesse et des troubles sociaux ». Le gouverneur a aussi prédit pour l’Europe que « la dure combinaison de l’austérité budgétaire et de l’ajustement structurel nécessaires aura pour conséquences une baisse des salaires, un chômage élevé et un resserrement des conditions du crédit aux entreprises », annonçant des « baisses non négligeables du niveau de vie » dans certains pays. Concluant qu’il faudra au moins cinq ans avant que l’Europe ne retrouve son niveau de richesse d’avant la crise (sans préciser l’évolution de sa répartition).
Alors que les nouvelles qui viennent d’Athènes accréditent l’idée que son sauvetage est en train d’exploser en plein vol, l’ensemble des informations qui sont disponibles convergent vers une simple constatation : lentement mais surement les pays européens continuent de s’enfoncer dans la crise. Sous les assauts néfastes conjugués de l’implosion du système financier et de la stratégie développée pour tenter de la contrôler.
Dans cette catastrophe au ralenti, tout se passe comme si les forces conservatrices voyaient dans la situation actuelle l’opportunité d’imposer leurs vues, voulant ignorer qu’elles ont enclenché une spirale descendante qu’elles ne maitrisent pas, comme si elle avaient lancé au ciel un pari d’ivrogne.
100 réponses à “L’actualité de la crise : UN PARI D’IVROGNE, par François Leclerc”
Excellent site! En français!
Conseil d’administration :
Président : Philippe Frémeaux, journaliste, directeur d’Alternatives Economiques
Vice-président : James Galbraith, économiste, professeur à la Lyndon B Johnson School of Public Affairs à l’Université de Texas, président d’Economists for Peace and Security.
http://www.veblen-institute.org/
Oui, du contenu.
« Comment confier son destin à un système qui dérape et dont le fonctionnement vous échappe ? » et aujourd’hui « pari d’ivrogne » !
Passager d’un chauffeur d’autobus ivre (d’arrogance), n’étant plus assuré (par les marchés), ne sachant où il va (quid d’un projet politique européen), ne vous écoutant plus (sic le référendum 2005 et celui court-circuité de la Grèce), accélérant à toute allure (réformes au pas de charge, impositions, taxations), que feriez-vous ?
1. sauter en pleine course ?
2. prendre le volant ?
3. le menacer ?
4. attendre la panne de carburant ?
5. laisser venir l’accident ?
6. à vous de voir d’autres options ?
Mettez votre confiance dans ce que vous aurez préparé avant la descente du bus ou l’atterrissage.
En clair, le Titanic coule. Il y a des embarcations pour chacun, des bouées, des vieilles planches ! Qui les auras remarquées ? Auriez-vous pensé personnellement à apprendre à nager quand même, c’est préférable ! Car en pleine nuit, par forte houle, en plein froid et brouillard, l’Essentiel est la paix dans la tempête. Rejoindre le club des insoumis faut les codes !
Joli titre. Tout est dit.
Métaphore pour métaphore, la lecture de votre billet me donne l’impression d’assister à une immense partie d’échecs.
Mais difficile de savoir qui joue les blancs et qui les noirs.
« Les ouvertures sont posées, une reine c’est déjà fait prendre (Démocratie?), l’autre est chancelante mais rien n’est encore joué…. »
Sauf que,cette fois-ci, le pire serait peut-être un pat.
Merci encore pour votre travail et vos éclaircissements.
« Suave mari magno turbantibus aequora ventis
E terra magnum alterius spectare laborem…»
Il est doux, quand, sur la mer immense, les vents en soulèvent les houles,
de suivre, de la terre ferme, le spectacle de la dure épreuve qu’elles infligent aux autres.
C’est ce que doivent se dire certains nantis, peut-être très gentils et très fins, dans leur villa offshore, en chaussant leurs mules fourrées… exactement comme je le fais moi-même (fourrure en moins) en pensant à l’Ethiopie, au Nigéria, et au pauvre type qui a déversé sa violence pourrie ce midi sur mes compatriotes liégeois.
Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait (Mt 25, 40)
Liege , des evenements pareils prennent un tout autre tour lorsque ‘lon connait de près ou de loin des personnes d’un eul coup ce n’est plus un quelconque fait divers cela touche directement !
par contre la spéculation boursiere c’est comme les artilleurs ou les bombardiers jamais ils ne verront les degats produits , tourjours hors de leur horizon !
Concernant le flash krach de 2010…
http://www.newswire.ca/fr/story/894863/l-ocrcvm-sollicite-des-commentaires-sur-les-seuils-de-declenchement-a-l-echelle-du-marche-pour-le-marche-canadien
La roche Tarpéienne est proche du Capital…
joli !
Merci françois.
Très bon billet: lucide et clairvoyant.
Nous sommes dans l’oeil du cyclone et je pense que tout est fait pour différer la tempête jusqu’à ce que les festivités de Noel soient passées.
Les magasins sont pleins de marchandises qu’il faut bien vendre car elles sont en stock.
Si cela craque maintenant, le niveau des invendus va être pharaonique avec des conséquences financières majeures.
Pour beaucoup de commerces la période de Noel représente la majeure partie du chiffre d’affaires.
Par ailleurs et c’est peut-être naif de ma part mais je considère que ceux qui détiennent l’arme nucléaire financière doivent être bien génés de l’employer à quelques jours de ces festivités religieuses.
Enfin, il y a ici ou là quelques analyses disant que si l’euro venait à disparaître et était remplacé par les monnaies nationales, une opportunité se présenterait entre Noel et Nouvel an pour faire la manip.
Les voeux présidentiels pourraient être le moyen d’expliquer aux peuples en simultanée dans toute l’Europe – et ailleurs – les raisons du retour aux monnaies nationales.
Cela vaut ce que cela vaut, peut-être de stupides supputations mais au point ou nous en sommes …
En tout cas je vous rejoins : les bourses quasiment léthargiques, c’est bien étrange.
Monsieur Leclerc,
vous vous surpassez. Que les événements vous y aident ne diminue en rien votre mérite.
Est-ce à dire que l’argent produirait des effets similaires à l’alcool ?
http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_03/i_03_m/i_03_m_par/i_03_m_par_alcool.html#drogues
Calme ???????? Vous dites?????
Ils se précipitent tous pour envoyer leur argent hors zone euro.
Quand ils auront fini alors ….le BOUM peut avoir lieu et il aura lieu.
Vous n’avez rien changé????? alors vous aurez la destruction ……….
Les Elites ne voient rien,
Les Elites ne connaissent pas mieux la vie,
Adieu la croissance, Au Diable le prix du gaz pour le refroidi,
« C’est une sorte d’ivresse, la violence. » Claire de Lamirande
« L’ivresse, c’est le dérèglement de tous les choses. » Arthur Rimbaud
En réalité les élites du monde n’aiment pas du tout le monde, les pauvres gens,
« D’autant plus forte est l’ivresse que plus amer est le vin. » Gabriele D’Annunzio
« Le sang procure toujours la même ivresse, le même sentiment de victoire et de plénitude à celui qui le verse. » Enguerrand de La Tour Sigy
Pour mieux avertir de la nouvelle tyrannie qui vient, il faut bien envoyer de temps en temps d’autres précurseurs,
Ce qu’elles n’ont pas reçues à faire de leur vivant d’autres prendront la relève,
Dans ce monde les Marchands de la terre se sentent bien plus libres et puissants dans les enfers que l’esclavage du pauvre Jérémie dans les Cieux.
Pour ceux que cela intéresse puisqu’on entend toujours parler des banques suisses, aller lire le commentaire d’investissement de décembre en haut à droit de la page d’accueil
http://www.wegelin.ch/.
La banque Wegelin est la plus ancienne des banques suisses. une de ces fameuses banques haut de gamme, je vous recommande de lire son commentaire d’investissement, ils sont moins tendre encore que sur ce blog.
extrait : » telle une bande de poulets effrayés, chefs de gouvernements, ministres des finances toujours plus confus et agités, courent de conférences en conférences ………….. »
on y évoque le fait que les bons français sont dans tout bon portefeuille et que c’est un plus grand risque pour les clients que l’italie.
on y évoque un nouveau risque à prendre en compte pour les investisseurs : le risque de redénomination : c’est à dire le risque de transformation d’une obligation publique ou privée de l’euro vers une ancienne monnaie comme le drachme ou la lire ou….
Merci pour le lien, un vrai morceau d’anthologie !
Extrait :
« Dans le contexte de la crise des débiteurs souverains, l’«acquisition forcée» d’emprunts d’Etat par les banques engendre une exposition parallèle de l’ensemble du secteur financier. C’est à une nouvelle crise bancaire à la Lehman Brothers que nous avons affaire. L’intervention concertée des banques centrales mise sur pied tout récemment a permis d’éviter le pire. Il y avait en effet un réel danger que les banques cessent à nouveau d’être des contreparties valables pour les accréditifs – avec les conséquences que l’on sait pour l’économie et le commerce mondiaux. Ce danger est conjuré pour l’heure. Les banques, voire les assurances, constituent-elles alors des substrats d’investissement potentiels pour les obligations ou les actions? Il y a assurément toujours de quoi en douter. Les emprunts du secteur financier font désormais tout autant figure d’instruments financiers hybrides émis par une communauté solidaire d’entités menacées d’infection que la dette des Etats, dont le sort est définitivement lié au système financier. Le dangereux virus, dans le cas présent, se transmet du sein maternel aux nourrissons. »
Wegelin & Co. est la plus ancienne banque suisse. Elle a été fondée en 1741 à St-Gall par Caspar Zyli. Société en commandite, elle fait partie des rares banques privées à être détenues et dirigées par des associés-gérants indéfiniment responsables. La propriété et la responsabilié de l’entreprise étant entre les mêmes mains, ses collaborateurs peuvent donc se concentrer sur la viabilité à long terme. Par conséquent, les pressions à court terme que peut exercer le marché ou les actionnaires leur sont inconnues. De même, les rachats ou fusions hostiles projetés par d’autres établissements importent peu. Ainsi, Wegelin & Co. bénéficie d’une indépendance de pensées et d’actes depuis sa fondation et ne connaît alors aucun conflit d’intérêt.
Toutes ses représentations se trouvent exclusivement sur le sol suisse. En effet, avec un siège à Saint-Gall et des succursales à Zurich, Berne, Lugano, Lausanne, Locarno, Schaffhouse, Bâle, Genève, Coire, Lucerne et Chiasso, cette banque compte près de 700 collaborateurs.
Plan des succursales
Cet établissement spécialisé dans la gestion de patrimoine pour des clients privés et institutionnels fait partie des précurseurs en matière de développement de produits structurés et stratégies quantitatives. A ce sujet la banque a publié différents livres en allemand, français, italien et anglais.
De plus, elle diffuse régulièrement un commentaire d’investissement. Rédigé pour la première fois en 1909, il permet à la banque grâce à son indépendance et à son autonomie de commenter en toute liberté le développement des marchés financiers internationaux.
[Commentaire d’investissment :http://www.wegelin.ch/medien/anlagekommentar.asp%5D
Wegelin & Co. Banquiers Privés gèrent plus de 26 milliards de francs suisses dont 1/3 d’avoirs institutionnels (hiver 2010).
T’es toi et moi dans un bateau
Les banques et les états tombent à l’eau
Qu’est-ce qui reste ? C’est là que ça devient comique !
« Le tour d’horizon de la situation économique des entreprises est encourageant. (…). Si espoir il y a, il se situe plutôt dans la partie de la société qui, de par sa productivité, son intelligence et sa flexibilité, peut survivre à pratiquement toutes les situations. »
Moralité : le système s’effondre, mais c’est pas grave, on trouvera toujours des entreprises dans lesquelles il sera avantageux d’investir…
Ne trouvez-vous pas qu’il y a quelque chose de profondément pathétique dans cette littérature de banquier ? Le constat qu’elle fait de la situation est somme toute assez proche des analyses que l’on peut lire ici sur le blog. Les conséquences qu’elle en tire en revanche semblent à y bien regarder tout simplement grotesques ! On mise tout sur « les entreprises », avec l’énergie du désespoir… Croyance ultime de la théologie capitaliste ?
Reno future
En attendant l’époque est propice à faire ses courses et à la fin la richesse sera encore plus concentrée, car quoi qu’on dise ici rien qu’avec le nombre de gens qui vivent en ville, ce n’est pas demain qu’on peut se passer du commerce, donc oui il reste les entreprises, entreprises qui malheureusement tendent au monopole.
Menaces sur la propriété
(Citations tirées du même commentaire )
Nous vivons une époque dans laquelle le «scénario Lehman Brothers» pourrait aisément se répéter, ce qui signifie que la question de la validité juridique de la propriété n’a rien de théorique.
[…]
Plus nous nous penchons sur la crise de la dette souveraine et – vu son élargissement au système bancaire – sur la Crise financière 2.0, et plus la notion de propriété nous paraît importante. Car il nous a été très clairement signifié comment, d’un simple trait de plume, on peut parvenir à un renoncement «volontaire» à 50% de créances et, partant, à un renoncement aux droits conférés aux créanciers dans la procédure de faillite, ainsi qu’à une totale dépréciation des assurances contre le risque de crédit. Le débat sur la «redénomination» [en drachme, en lire, en peseta ou en franc] des emprunts en euros en cas de démantèlement de la monnaie unique va dans le même sens: en période de crise, les valeurs nominales sont faciles à éliminer. Et cela vaut aussi pour les billets de banque et les avoirs en compte.
[…]
Une partie de la population est ainsi invitée à s’approprier un cinquième de la propriété d’une autre partie de la population. Et pour s’assurer que cette dernière n’en profite pas pour mettre les voiles, on inflige en sus une entrave à la propriété. Pas un mot par contre sur la suppression de l’imposition sur la fortune déjà en vigueur. On souhaiterait donc soumettre le même substrat à une double imposition. La propriété est nocive, et ceux qui en possèdent le sont plus encore.
[…]
Le «global custody», avec une concentration effective des risques de propriété auprès d’un petit nombre de dépositaires centraux qui, d’un simple coup de crayon, peuvent se changer en «confiscateurs»: voilà qui est un vrai cauchemar!
Un pari d’ivrogne:
« Je lève mon verre à moi-même. (une gorgée)
En résumé, je n’ai que très peu de morale, contrairement à vous honnêtes citoyens. En résumé, vous m’avez ré-élu alors que je vous ai encore menti. Mais j’ai réussi avec la propagande et un peu de temps à fabriquer assez de fans aveuglés. Ils me suivront encore quoi que je fasse. Et si je peux en favoriser certains un peu plus grâce à mon petit pouvoir acquis malhonnêtement afin qu’ils continuent de louer plus largement mon jeu d’acteur, tous mes moyens seront bons.
Le « pas vu pas pris » me va comme un gant. Il faut avouer que ce cadre s’y prête aisément.
Ma retraite sera bientôt assurée. Je n’ai pas besoin de trimer pour en avoir une bonne. Tant que les feux de la rampes me servent assez longtemps…
Légitimement, vous êtes en colère. Mais les lois me protègent et vous interdisent de vous faire violence afin de changer les choses. Dans ce cadre, l’honnêteté ne paie pas. (une gorgée)
Ah ! Si ! Vous ne pouvez vous faire violence… qu’en vous suicidant. Cela ne me dérange nullement, au contraire. Vos proches reprendront votre place. Ce ne sont pas les moutons qui nous manquent !
Alors, gentils citoyens, comme d’habitude, vous attendrez la prochaine fois, la prochaine élection, pour ne pas me réélire, pourquoi-pas, en votant ou en ne votant pas, et finalement mettre à ma place un plus beau parleur que moi. Quelqu’un de ma famille. Qu’importe le bord politique. Sans scrupules, il va de soi.
De plus, d’ici là, je vous remercierais de ne surtout pas désirer voir baisser nos hauts salaires, car ils se pourrait que nous devenions corrompus. Et par la même encore plus méchant.
Je remercie donc les forces de notre ordre qui protègent notre classe de stars. Quels moutons exemplaires bien armés et si beaux de tant de nouveaux jouets derniers cris ! Je remercie aussi les syndicats aux abois, nos favoris, qui évacuent bien le surplus de mécontentement quand il le faut. Un petit clin d’œil aux médias vaut bien un petit os à ronger. Quelle belle cocotte à vapeur contrôlée, n’est-ce pas ? Quel beau menu devant vous narré ! Bon appétit les pauvres ! Vous pouvez crever ! Santé ! » (une gorgée)
Exercice de style, décembre 2011.
Papillon
Et pendant ce temps, l’économie réelle continue de fonctionner.
Des industriels allemands trouvent plus judicieux d’investir en Alsace que dans les pays à bas coûts salariaux :
http://www.dna.fr/edition-de-strasbourg-campagne/2011/12/13/cadeaux-de-noel-industriels-en-alsace-du-nord
Peugeot peut-il comprendre cela, lui qui supprime tant d’emplois en Alsace ?
Il est vrai que le gouvernement allemand a créé dès le début de la crise une banque d’investissement industriel très bien dotée dont les entreprises bénéficient sans restriction. Avec le subventionnement des temps partiels, cela fait partie des mesures efficaces de lutte contre la crise. Notre gouvernement s’est contenté de demi-mesures, à ce que je sache.
(AMHA) il y a bien un plan B! pas pour sauver l’euro mais pour en sortir. Il consiste à faire racheter dans un premier temps la dette souveraine par les banques privées de chaque pays de la zone via la BCE qui offre du 1% pendant 3 ans en quantité illimitée et ensuite dans un deuxieme temps quand les Etats seront en faillites, les banques le seront aussi, ce qui permettra à moindre coût de les nationaliser. Il n’y aura plus (ou très peu) de créanciers étrangers, le retour aux monnaies nationales sera alors possible
Quelle aisance dans la description de ces soubresauts financiers et ses conséquences pour les peuples Mr Leclerc..Je suis en compléte addiction à ce blog depuis des mois et je mesure la constance de votre réflexion et hélas la dérive mortifère de ce systéme financier..Continuez à nous éclairer.
http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/olympus-rectifie-ses-comptes-sur-20-ans_274857.html#xtor=AL-241
Quand on lit des choses comme ça, avec tout le reste, les madoff, la fed ect… Goldman sach ect…
on ne peut plus croire en RIEN.
Si on ne commence pas à s’attaquer aux fraudes escroqueries en tout genre, on ne règle rien.
C’est par là qu’on devrait commencer et c’est par là que la crise aurait du être réglée en commençant par faire payer aux banques et aux agences de notation le AAA de la tritisation
d’hypothèques frauduleuses.
Une qestion s-v-p- à M- Leclerc et Mr- Jorion,
Que pensez-vous du programme économique et politique du Front De Gauche ?
Merci pour vos réponses et continués, ce blog est passionnant.
Radical dans ses intentions et son propos, mais pourrait mieux faire en terme de mesures proposées !
Pourriez-vous en dire un peu plus ? Voire consacrer un billet à une critique (constructive ?) du programme du front de gauche ? Contrairement à ce que sous-entend l’exercice de style de Papillon-14, il y a peut-être là un moyen de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière avec notre seul bulletin de vote, tout en restant constructif…
A l’heure actuelle et compte tenu du système politique en cours, il s’agit du meilleur programme et d’assez loin de l’offre en cours. Il reste bien entendu imparfait mais c’est une excellente base de travail qui reprend un bon nombre des préconisations d’ensemble qui sont débattues ici ou chez Lordon. Il ne plait pas vraiment à nos amis anarchistes et communisants puisqu’il ne rompt pas avec l’esprit jacobin de notre pays bien au contraire. Il faudra bien pourtant se rendre à la raison et considérer l’Etat comme un outil à réinvestir à moins de laisser le champ libre à l’oligarchie…
Ce qui ne plait pas ce n’est pas le programe mais le personnage Melenchon….
@dvd
Votez pour des idées, vous verrez, ç’est plus constructif…
Allez également lire ses billets sur son blog, vous verrez qu’on est tout de même assez loin de la caricature du grognon agressif. Mais encore une fois, l’important, ce sont les idées, pas le personnage. Il faut qu’elles progressent avec ou sans Mélenchon…
Merci pour ce billet.
J’ai une question à 1000 francs.
Y a t il une corrélation entre les notations des agences “ad hoc” et disons d’un côté le dollar et de l’autre l’euro, autrement dit quelle influence directe à la FED américaine sur les notes données par les agences ?
J’ai lu dans un papier précédent proposé sur le blog que les banques américaines étaient fortement endettées sur des obligations émises par les etats de la zone euro.
Les agences de notations jouent elles plus le jeu des marchés et des bourses ou le jeu des banques américaines et des paradis fiscaux ?
J’aurais pu remplacer le mot jeu par le mot piège.
Il faut juste savoir que les armés d’espions de l’époque de la guerre froide se sont reconvertis dans la finance une fois le mur de Berlin tombé.
Boire donne soif.
« La voix du dévot fanatique et le cri de l’ivrogne sont une seule et même chose. »
Emerson String Quartet
http://www.youtube.com/watch?v=RHu9H1wZI-E
@Fr. Leclerc .
Une hypothèse qui pourrait vous interesser qd au déterminisme de l’ Economie (au sens propre s’il en est un !):
Je m’appuie souvent sur les th.dynamique des système pour conjecturer notre avenir et décider que l’inertie globale de cette dynamique est trop forte pour la modifier de façon endogène.J’utilise l’ image d’une toupie en pleine vitesse que rien ne peut perturber , ni gravier , ni escalier ….
J’utilise aussi les th.du Chaos et de la complexité pour insister sur l’existence de positions stabilisées .Positions que les systèmes recherchent d’eux meme qd on ne les perturbe pas trop .
Il me semble , pour reprendre la « toupie » ,que nous sommes a une periode « cata » du système. Fort ralentissement ou inversion de la dynamique …en tout cas point d’inflexion (la tangente qui coupe la courbe) et ce passa ge par zero de l’inertie fragilise enormément la stabilité de la toupie en perte de vitesse …Le premier gravier la fera dévier .
Tout ça pour dire que l’on est a un moment ou des forces inefficaces auparavant deviennent prépondérantes et qu’une force meme minime peut décider d’un attracteur plutot qu’un autre …pour imager , voir Paul Jorion qui doit etre devenu ceinture noire de boules Bretonnes …Boules plombées ce qui permet des trajectoires non linéaires .
J’espère au moins qu’ils boivent de bonnes bouteilles…
Du Mouton-Rothschild cela va de soi!
Merci François pour cet article
Dans un présent avec le slogan derrière lequel tout nos politiques sont au garde à vous « acheter Français » .Pour ma part c’est du grand n’importe quoi ,le protectionniste ,c’est refuser la concurrence et avouer que l’on est moins bon et pas assez innovant , on commence par refuser l’étranger , puis les produits qu’il fabrique , pourquoi pas allez creuser des tranchés à nos frontières, et les attendre baïonnette au bout du fusil .Il suffit de lire les livres d’histoire sur la crise de 29 ,et de voir que l’on est en train de faire un copier/coller , je ne vous dit pas la fin ,car il faut toujours laisser du suspense
François Leclerc a choisi cette fois, Mark Carney, comme figure d’autorité et exemplification de l’étape du désastre qu’il nous narre aujourd’hui.
Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que le visionnaire Carney a obtenu un un doctorat en économie à l’Université d’Oxford, pour travailler ensuite treize ans chez Goldman Sachs.
Dis donc ca vaut toujours le cout de partir en vacances au mois d’avril 2012? Faut que la crise n eclate pas avant.
In vino veritas ?
Bonjour,
systéme financier totalement pourris de l’interieur.
il faut utiliser le karcher maintenant plutôt que à l’instar des Grecques, creuser notre tombe lentement mais surement.. de bons traducteurs sauront certainement expliquer mes dires populeux en langage technique chatié ou universitaire.
Répudions, rediscutons les dettes, que le systéme des CDS explose une bonne fois pour toute,aprés la faillite comptable de la finance en général, les états reprendront, « à la niche » et sans bourse délier, exclusivement les institutions bancaires, assurances (et leurs dettes) qui sont utiles et legitimes socialement pour l’avenir et que le reste coule d’avoir trop joué dans le bling-bling. C’est aux riches de payer le plus lors de ces pertes car ils se sont trop gavés sur la bête par le passé. Place à la valeure « travail » et pas à la valeure « rente de propriété ».
Les traités Européens doivent être remis sur la table avec cette donne, seul Mélenchon est capable de cela, assez des discours politiques lénifiants qui ne ménent à rien.
Cordialement
Emmanuel Todd : « Annulons la dette du Vieux Monde !
http://www.lepoint.fr/economie/emmanuel-todd-annulons-la-dette-du-vieux-monde-13-12-2011-1406951_28.php
« Bruxelles, les marchés, les banques, les agences de notation américaines : ces faux nez camouflent la prise du pouvoir politique, à l’échelle mondiale, par les plus riches.
l’accumulation excessive d’argent dans les strates supérieures de la société est l’une des caractéristiques de la période.
L’État social d’après-guerre, l’État gaulliste, et quoi qu’en ait dit le Parti communiste, agissait surtout au nom de l’intérêt général, il gérait une croissance pour tous. Aujourd’hui, l’État est prioritairement un État de classe. Le capitalisme financier contrôle à nouveau les États.
Aussi opaque que puisse paraître le système, on peut approcher sa réalité en analysant la façon dont un groupe social contrôle une partie importante des ressources. Dans ces conditions, la question essentielle n’est pas celle des marchés en tant que tels, mais celle de l’oligarchie et de son rapport à l’État. »
etc.