L’actualité de la crise : SORTIE DE ROUTE, par François Leclerc

Billet invité

Une nouvelle réunion de l’Eurogroupe s’est terminée lundi soir et son chef de file sur le départ, Jean-Claude Juncker, a une fois encore tenté de masquer son échec : « Nous avons l’intention de finaliser les détails opérationnels des deux options d’ici à fin novembre, sous la forme de lignes directrices qui seront approuvées par l’Eurogroupe afin que l’entrée en vigueur [du FESF doté de moyens supplémentaires] puisse se faire en décembre ».

Quant à l’implication du FMI et des pays émergents, toujours aussi floue, Jean-Claude Juncker a annoncé qu’il faudrait attendre février de l’année prochaine. Maria Fekter, la ministre autrichienne des finances, a mangé le morceau en reconnaissant ce matin que l’Italie était trop grosse pour être aidée.

Dans ces conditions, cela surprend moins que les ministres des finances ne se soient toujours pas accordés sur les mesures à prendre, sauf en répétant leurs très grandes lignes déjà annoncées sans parvenir à les concrétiser. Dans le même temps, le taux des obligations italiennes à 10 ans dépassait mardi matin 6,73 %, un niveau qui a déjà successivement incité l’Irlande, la Grèce et le Portugal à demander à bénéficier d’un plan de sauvetage.

Les projecteurs sont braqués sur les tentatives de Silvio Berlusconi de rester au pouvoir, mais même sa chute ne changera plus rien à l’affaire : l’Italie est inexorablement entraînée dans la zone des tempêtes, en dépit de l’arrivée promise pour cette semaine de la mission de mise sous tutelle du gouvernement par le FMI, la BCE et l’Union européenne, qui a été décidée au G20. Il en est de même avec le suivi heure par heure des péripéties de la formation du gouvernement d’unité nationale grec : celui-ci mis en place, cela ne rendra pas l’État davantage solvable.

Il y a quelque chose de pathétique dans la situation actuelle, car rien ne réussi aux dirigeants européens, et pour cause…

On apprenait dans la même journée que le FESF avait du consentir pour son émission obligataire destinée au sauvetage financier de l’Irlande un taux très à la hausse par rapport à la précédente, la demande n’étant que très légèrement supérieure à l’offre. Et que la BCE avait doublé la semaine dernière le montant de ses achats obligataires sur le marché secondaire, afin de contenir la hausse des taux italiens en priorité.

Pendant ce temps là, Christine Lagarde se rendait à Moscou, dans le cadre d’une mission de bons offices, afin que les Russes confirment leur participation au sauvetage de l’Europe via le FMI. Arrivée à Lisbonne, laTroïka entamait sa deuxième mission d’évaluation des efforts accomplis par le gouvernement pour s’entendre dire par celui-ci qu’il souhaitait négocier des « ajustements » du plan de sauvetage du pays. Une perspective qui n’a pas manquée d’être également évoquée en Irlande.

La Hongrie, enfin, se révélait être sous le coup d’une prochaine baisse de sa notation, son secteur bancaire rencontrant de grandes difficultés et risquant de devoir faire face à une dévaluation du forint qui les accentueraient. Ce qui ne sera pas sans répercussions en Allemagne et en Autriche, les banques hongroises étant essentiellement des filiales des banques de ces deux pays.

Un véritable cri d’alarme était par ailleurs lancé par Josef Ackermann, PDG de la Deutsche Bank. « Assez, c’est assez ! », s’est-il écrié à propos de l’empilement des taxes et mesures de régulation auxquelles les banques européennes sont soumises. Elles ne pourront pas en supporter davantage, a-t-il affirmé, car « ces mesures nous mettent dans une situation difficile face à la concurrence internationale. Les banques américaines et asiatiques travaillent avec des ratios de fonds propres beaucoup plus bas».

Réponse du berger à la bergère ? Un article du Wall Street Journal se fondant sur une étude de l’Union des Banques Suisses, venait ce même jour rappeler la quantité faramineuse d’actifs douteux datant du début de la crise que les banques européennes – dont la Deutsche Bank – avaient encore à leur bilan. En émettant des doutes sur leur valorisation effective au prix du marché, pour estimer que la menace que ces actifs faisaient planer sur elles était probablement au moins aussi importante que celle que représentaient les obligations souveraines européennes.

Jusqu’ici tout va bien !

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326 réponses à “L’actualité de la crise : SORTIE DE ROUTE, par François Leclerc”

  1. Avatar de l'albatros
    l’albatros

    Démission de Berlusconi ou pas, le taux des bons italiens du trésor augmente ce matin à 6.85%…ça a l’air foutu pour l’Italie.

  2. Avatar de Maxfriend
    Maxfriend

    Lu sur je ne sais plus quel site :
    Anagramme (phonétique !) de PAPANDREOU : NAPPADEURO !

  3. Avatar de Joan
    Joan

    Le film

    I comme Icare

    avec Yves Montand est repassé ces derniers jours sur Direct 8.
    Vous souvenez-vous de cette expérience:
    http://www.youtube.com/watch?v=5Sqqhr4_J28

    Un cobaye humain doit faire apprendre à un autre cobaye humain une liste d’association de mots.
    Le protocole est le suivant:
    Le premier cobaye lit une fois la liste de mots au deuxième.
    Ensuite il repasse la liste en ne disant que le premier mot de l’association, le deuxième cobaye qui est sur une chaise électrique doit dire le second mot.
    Chaque fois que le second cobaye a un trou de mémoire, le premier lui envoie une décharge électrique en augmentant le voltage de 15 en 15Volts (maximum 465Volts)
    Contexte:
    Le premier cobaye est assis devant un tableau avec des manettes permettant d’envoyer des décharges électrique au second cobaye qui est sur une chaise électrique, de 15, en 15volts jusqu’à 465Volts.
    L’expérience se fait sous l’autorité d’un professeur d’université qui a expliqué au premier cobaye qu’il s’agissait de tester l’amélioration de la mémorisation du second cobaye lorsqu’on lui inflige des punitions électriques de plus en plus fortes.

    Résultat:
    Plus de 60% des cobayes instructeurs vont jusqu’à appliquer 465Volts, même au risque de tuer le second cobaye

    Je n’ai pu m’empêcher de faire le parallèle avec ce qui se passe en Europe actuellement.

    Les dirigeants ont les manettes de la rigueur, l’autorité qui leur intime d’augmenter le voltage sont les marchés, les peuples sont sur la chaise électrique.
    On les châtie pour leur bien, pour le bien des générations futures à qui on veut épargner le fardeau de la dette (c’est du moins ce qu’ils prétendent).
    Cependant certains « cobayes » qui tiennent les manettes semblent ne pas éprouver de conflit de conscience intérieur lorsqu’ils augmentent le voltage (la rigueur).
    Je pense à la « joie » à peine dissimulée de notre cher Premier Sinistre…
    Il est vrai que faire souffrir pour faire apprendre c’est jubilatoire.

  4. Avatar de izarn
    izarn

    Quand Joseph Achermann, PDG de la Deutsche Bank dit:
     » Les banques américaines et asiatiques travaillent avec des ratios de fonds propres beaucoup plus bas».
    C’est un menteur. Et ceci n’est pas relevé sur ce blog. Danger?
    http://www.ftd.de/politik/:systemrelevante-institute-diese-banken-brauchen-mehr-eigenkapital/60125292.html
    Information relevée dans le Financial Times Allemand ci-dessus.
    Qu’au moins les journalistes et chroniqueurs LE LISENT!
    DB: 2,27% de fond propre!
    Mensonges de la DB:
    Goldman Sachs: 7,39%
    Quand aux banques Suisses ouaf ouaf!
    UBS: 3,58%

    Quand aux banques américaines elles se portent mieux par la cause du colossal qualitative easing qui a meme innondé par contrecoup les banques européennes en milliers de milliards de dollars.

    Il ne s’agit de la dette des états, mais des banques qui ne survivent que grace à des fonds propres minables, se rapprochant de ceux Bernie Madoff….C’est à dire du néant.
    Pyramide de Ponzy ou les banques pretent aux états sur des fonds propres nullissimes.
    Il vaudrait largement mieux que ce soit la BCE qui s’en occupe.
    Les banques survivent grace aux forts taux d’interets des PIGs et maintenant de l’Italie!
    Il faut nationaliser ces banques « systémiques  » et prendre le controle de la BCE pour effacer les dettes d’Etat par le quantitatvie easing.
    Passer par ces Madoff menteurs est un scandale.
    Ce n’est pas la meilleure solution, mais rever d’un bancor pour sauver la mise, n’est que pure illusion avec les institutions actuelles.

  5. Avatar de yvan
    yvan

    Sinon, la solution vient d’être trouvée. C’est le BANCOR :
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/11/09/pas-de-sortie-de-crise-sans-resorption-des-desequilibres-des-balances-des-paiements_1600941_3232.html
    « Premier constat : les additions ne tombent pas juste. Logiquement, la somme des balances des paiements (balance des biens et services, des revenus financiers plus solde des mouvements de capitaux) doit s’équilibrer. On en est loin. Chaque année, la divergence est plus grande. C’est le trou noir de la finance mondiale. Une fois éliminées les marges d’erreur, les différences de méthodes comptables, il reste encore un écart gigantesque que personne ne sait, ou plutôt ne veut, expliquer. »

    1. Avatar de liervol
      liervol

      Trop drôle, mais si mes souvenirs sont bons la comptabilité des états comme la France n’est en partie double que depuis peu.

      Je crois que le trou dont vous parlez est de 20 000 MILLIARDS

  6. Avatar de VV!!
    VV!!

    Bon, ils ont eu Berlusconi, c’est fait. Le peuple italien n’y était pas parvenu avec des dizaines de scandales, de manifs…les marchés ont eu besoin de 48H.

    Les marché, combien de divisions ? aucune mais les spread.

    C’est bon je laisse tomber. Qu’ils mettent qui ils veulent au pouvoir, qu’ils privatisent, qu’ils libéralisent, qu’il déréglementent, que les riches s’enrichissent, que les pauvres s’appauvrissent. Je ne voterais pas, je ne manifesterais pas. Maintenant, je taffe (dans la mesure du possible), je consomme ce que je peux (et en polluant le plus possible), je regarde la télé (la le plus débilitante possible) et je ferme ma G.

    Et après ?…le déluge, peu m’importe…qu’ils récoltent ce qu’ils ont semé.

    Personne ne peut lutter, personne.

    1. Avatar de ERIX le Belge
      ERIX le Belge

      Réfléchissez à d’autres formes de lutte : l’imagination et la créativité au pouvoir ! (p.ex.un détail, le human microphone de OWS m’a vraiment fait plaisir). Ou alors profitez-en pour réaliser les choses qui vous tiennent à coeur : le regard sur le monde extérieur changera, les personnes rencontrées deviendront intéressantes et elles vous feront changer d’avis. Peut-être.
      Bonne route ! 🙂

    2. Avatar de Joan
      Joan

      @VV!!

      Je parle au conditionnel, mais celui qui devrait remplacer Berlusconi aurait des liens avec la maffia sicilienne.
      A voir si cela va combler les voeux des marchés. Pour l’instant ils n’ont pas l’air satisfait car les taux à 10 ans viennent de passer les 7%.
      La maffia de Wall Street, aurait-t-elle un contentieux avec la maffia sicilienne ???

      qu’ils récoltent ce qu’ils ont semé.

      Pour l’instant c’est plutôt nous qui « récoltons » les coups de pied au cul, c’est vrai on peut les encaisser en silence.
      Mais même si ça ne change rien au cours des choses, ça soulage de pousser un coup de gueule de temps à autre.

      1. Avatar de Aster
        Aster

        celui qui devrait remplacer Berlusconi aurait des liens avec la maffia sicilienne

        C’est « Borgia », bon sang. :°D

  7. Avatar de le bubar
    le bubar

    La banque britannique HSBC a fait état mercredi d’un bond de 66% de son bénéfice net au troisième trimestre 2011, qui a atteint 5,22 milliards de dollars (environ 3,8 milliards d’euros)

    Les revenus de HSBC, une des premières banques européennes, se sont élevés à 21,5 milliards de dollars, en hausse de 15% par rapport à la même période de 2010, tandis que son ratio de fonds propres « Tier 1 » atteignait 10,6% au 30 septembre dernier.

    euh comment une banque peut-elle faire des bénéfices ? et quel est l’intérêt ? général bien entendu de ces bénéfices ??

    1. Avatar de liervol
      liervol

      L’intérêt c’est pour les actionnaires et comment une banque peut faire des bénéfices, c’est simple elle prend directement sur les comptes des clients pour commencer, ensuite elle empoche les intérêts et toutes sortes de commissions diverses et ensuite elle spécule comme un diable.

  8. Avatar de taratata
    taratata

    Aux organisateurs de ce blog :
    Au moment de l’accident nucléaire au Japon , F. Leclerc a tenu ici une chronique quasi-quotidienne ; puis plus rien ; quelques interventions éparses .
    L’idée de P. Jorion ( Fukushima , métaphore du capitalisme ) m’incite à proposer une rubrique consacrée à l’énergie , en bonne place dans ce blog . Il y aurait beaucoup à dire au fil des semaines .

      1. Avatar de taratata
        taratata

        @ Béotienne
        Merci pour le lien . Cette publication (  » Luxorion  » ) est fort intéressante .
        Voilà exactement le genre de travail qui pourrait apparaître dans une rubrique  » Energie  » .

    1. Avatar de roma
      roma

      Arnie Gundersen, Nelles photos TEPCO & dommages significatifs de l’unité 3 de Fukushima
      (st french) http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=9Adu1PhU3CE#!

      1. Avatar de D-croissance
        D-croissance

        @roma
        Merci! Vidéo tragiquement passionnante, comme toujours!

      2. Avatar de roma
        roma

        Arnie Gundersen, particules chaudes de Fukushima au Japon & Etats-Unis 31.10.2011(s-t french)
        http://www.youtube.com/watch?v=4IYg2tNtKmg&feature=channel_video_title
        la chaîne de kna60 semble s’atteler à la trad. des vidéos de Gundersen
        (http://www.youtube.com/user/kna60#p/a/u/1/4IYg2tNtKmg)

  9. Avatar de RED
    RED

    @ VV!!

    J’ ai un jour entendu que longtemps les partisans de Friedrich Hayek étaient isolés, personne ne voulait de leurs théories ; on connaît la suite.
    Ce pour dire qu’ il n’ y a aucune raison que ceux qui se croient minoritaires aujourd’ hui n’ aient pas raison demain.

    Se décourager est tendre le bâton à l’ adversaire pour se faire battre.

  10. Avatar de Béotienne
    Béotienne

    @ RED
    La suite Monsieur, tient en ceci, dans le cadre actuel c’est le pouvoir qui se déguise en contre-pouvoir. L’actionnaire de référence de « Libération » c’est Édouard de Rothschild.
    Ca dégrise un peu.
    Et maintenant les « Indignés  » bénéficient de la compréhention des dirigeants, et Warren Buffet veut payer plus d’impôts.
    A ce compte là, demain la BNP aura le statut d’ONG.

  11. Avatar de Kercoz
    Kercoz

    @ Jducac :
    Le fil de la discussion s’étant par trop étiré , je préfère répondre ici ..Le Sujet , de pus est MAJEUR.
    vous écrivez :
    //// Pour moi, les gains de productivité sont d’abord le fait de l’intelligence, de l’imagination, du génie, de l’inventivité des hommes. L’exploitation des effets d’échelle ne fait que renforcer et décupler la rapidité d’amortissement des investissements, ce qui donne un avantage aux grosses organisations, ////

    Je pense que cette affirmation d’apparence logique est fausse .Pour plusieurs raisons.
    1/ raison sociologique :
    -Pour un gain de productivité , il faut spécialiser les taches , ce qui induit une augmentation de taille du groupe . Cette augmentation de taille va rendre impossible les interactions structurantes originelles basées sur l’affect et fausser l’optimisation de l’individu en terme de valorisation (affect) et de maturation (specialisation réduisant les possibilités cognitives)
    2/ Raison mathématique :
    -La spécialisation doit etre comprise comme la sous traitance ou externalisation aussi bien des productions liées a la physiologie ( nourritures , cuisine , habitat , vetements , education , culture, chasse peche et traditions ….) que des production régaliennes (droit , justice , police…)
    Il devrait etre possible de démontrer que la somme de ces sous -traitances est déficitaire ….surtout au delà d’une certaine taille et SURTOUT qd les gains de production gagnés sur la production d’essentiels est utilisé pour la production du « peu utile » ou de l’inutile …
    -De plus , on peut , me semble t il soutenir la thèse qu’en spécialisant , en DIVIDANT l’ INDIVIDU, on soit obliger d’ élaguer certaines fonctions , certains besoin ..de faire du modèle complexe (au sens math/chaos du terme), un modèle simplifié linéaire , qui non seulement ne va pas couvrir l’ensemble de ts les vrais besoins , mais en profiter pour en créer des plus faciles a fournir et a prévoir .
    Le gain de productivité est , je le pense , un leurre . Du point de vue mathématique , il est faux au delà d’une certaine taille et du point de vue humain , c’est indubitablement une perte d’humanité.

    Le premier gain de productivité de l’espece , n’est pas encore compensé correctement du point de vue sociologique …Pourtant il date d’avant l’homminidé , de l’époque du passage a la socialisation …….le » contrat social » conviendrait mieux pour désigner ce passage que celui dt parle JJR.
    « Contrat social », puisque les animaux qui se socialisent , échangent leur agressivité intra-spécifique contre la protection du groupe .
    cet abandon n’a qu’un but le gain de productivité : meilleur sécurité alimentaire et physique , par la possibilité du nombre (proies plus grosses et procédures plus nombreuses) .
    Cet abandon de l’agressivité par son inhibition et la structuration -Hiérarchisation necessaire a cette inhibition provoque encore des dégats psycho et socio ….
    Le deuxieme gain de productivité par la spécialisation des taches et l’agriculture a provoqué encore p)lus de dégats en autorisant la présence d’un squatteur structurel linéaire parasitant la structure parcellisée ou fractale originelle ….
    POur revenir au premier gain de productivité , il est remarquable de constater qu’outre les sécurisations pré-citées , il a octroyé un gain de temps « libéré » et réemployé en productions ….culturelles que l’on pourrait nommer le « bien commun » . ces productions culturelles servant, en d’appuyant sur les plaisirs des individus , a renforcer la structure du groupe …et des groupes entre eux .
    Je ne pense pas que le capitalisme puisse montrer autant de stabilité et d’efficience .

    1. Avatar de jducac
      jducac

      @ Kercoz 14 novembre 2011 à 16:21
      Merci de vous êtes donné la peine de bien expliciter votre pensée afin d’être mieux compris.

      Vous dites que ma logique est fausse et vous vous appuyez sur une théorie que je condamne parce que, comme souvent, alors qu’elle est pétrie de bonnes intentions à l’égard du travailleur, elle contribue à dévaloriser le travail manuel spécialisé et de ce fait à empêcher les travailleurs concernés de trouver un intérêt à imaginer des améliorations dans leurs pratiques. En final votre théorie contribue à fabriquer des travailleurs malheureux à leur travail, sans rien changer à leur condition, ce qui est la pire des choses.

      Je me permets de faire part d’un avis contraire au vôtre fondé sur une double expérience professionnelle.

      L’une, en tant qu’ouvrier spécialisé dans une manufacture d’armes où, bien qu’ayant un statut de professionnel validé par plusieurs diplômes, j’ai dû, faute de mieux, occuper divers postes d’OS. C’est très bénéfique pour l’individu isolé de s’intéresser à l’amélioration de son poste de travail, et de sa pratique afin d’obtenir à dépense d’efforts égale, un résultat apportant une plus grande satisfaction dans la qualité et l’efficacité du service rendu. On n’a pas besoin de se faire valoir auprès des autres pour retirer des satisfactions du fait des améliorations qu’on introduit dans son propre poste de travail, même quand on occupe un poste d’OS. La simple prise de conscience d’avoir apporté un mieux, peu procurer de grandes satisfactions.

      Croyez-vous que tel artisan qui travaille seul n’est pas satisfait des astuces qu’il trouve et qui lui permettent d’être plus performant dans son art ?

      L’autre expérience, je l’ai acquise en tant que cadre dans l’industrie où je suis intervenu pour initier et superviser des cercles de qualité et des groupes autonomes de progrès visant à améliorer tout à la fois la qualité des produits fabriqués mais aussi la réductions des coûts, l’ergonomie des postes de travail et l’intéressement des opérateurs aux résultats des unités de production auxquelles ils collaboraient.

      J’admets votre argumentation sur les défauts du gigantisme. On y remédie en limitant la taille des unités et en stimulant l’émulation entre elles.

      C’est selon moi, le grand mérite de l’être humain que d’avoir utilisé son aspiration au moindre effort, pour rechercher une amélioration de sa productivité en ayant recours à des moyens extérieurs à sa personne. Cela n’empêche pas que cette aptitude, plus ou moins développée chez chacun d’entre nous, soit démultipliée par le processus d’imitation et d’association d’idées au sein d’une même discipline où par suite de croisements et d’échanges transverses interdisciplinaires.

      Quant au processus d’accumulation et de capitalisation qui a ouvert la voie au capitalisme, nul ne peut nier l’amélioration du niveau de vie et des progrès réalisés dans pays qui l’ont pratiqué comparativement à ceux qui se sont tenus à l’écart. http://www.pauljorion.com/blog/?p=19059#comment-129478

      PS Pour m’éclairer, hormis votre travail de chercheur, pouvez-vous indiquer dans l’exercice de quels travaux industriels avez-vous validé ou invalidé vos théories ?

      1. Avatar de D-croissance
        D-croissance

        @jducac

        Aux USA, ils en sont venus à vendre leurs morts à venir, on appelle ça le Live settlement, vous investissez sur un décès à venir, plus vite il meurt plus vous gagnez car vous avez racheté via un trust son assurance vie à 20% de sa valeur, tant qu’il est en vie vous payez sa mensualité mais quand il meurt c’est jackpot,et en plus avec un peu de chance vous recevez tout cela dans un gentil paradis fiscal bien britannique. Bien sûr pour répartir le risque vous achetez plusieurs morts à venir découpé en tranches on dit titrisé en sorte dans un portefeuille, donc vous avez 10% de la mort de A 20% de la mort de B ect….
        Rien n’arrête la finance si on ne l’arrête pas.

        Le capitalisme c’est ça, jducac! Le reste n’est que blablabla…
        J’ai piqué cet extrait dans le dernier post de liervol (merci liervol!)

        Le capitalisme c’est l’argent qui est la mesure de toutes choses. Si l’argent est la mesure de toutes choses il n’y a plus de morale. S’il n’y a plus de morale toutes les dérives sont autorisées. Si toutes les dérives sont autorisées toutes les dérives seront réalisées. Si toutes les dérives sont réalisées l’homme et la nature seront broyés.

        Autre chaîne logique: si l’argent est la mesure de toutes choses sans respect de la morale et des hommes, la production de biens et services va tendre vers un maximum. On recherche une consommation toujours plus élevée. On est donc contraint de fabriquer et vendre des biens et des services toujours plus éphémères, car les gains de productivité sont supérieurs aux besoins réels des acheteurs potentiels.

        On va donc encourager les ventes par le lavage de cerveau (publicité, marketing et lobotomisation des acheteurs à l’aide de jeux, divertissements, TJ etc…) et on va dégrader volontairement et progressivement la qualité des produits pour accélérer leur renouvellement (obsolescence programmée).

        Outre le fait qu’on participe ainsi à l’abrutissement du citoyen (moi ça me gêne, pas vous?) et qu’on le rend malheureux (car réduit à un rôle de consommateur… mais l’homme à aussi des aspirations plus élevées!), on épuise et on gaspille les ressources naturelles et l’énergie disponible.

        Le capitalisme est donc le gaspillage de l’énergie et des ressources naturelles! Vous pouvez le défendre bien-sûr mais pas en prônant une diminution de l’énergie utilisée par l’espèce humaine. Cet argument est complètement illogique.

        Le seul moyen de défendre le capitalisme sans vous empêtrer dans vos contradictions serait de dire : c’est la loi de l’argent et la loi du plus fort, ça me plaît car je suis assez fort pour toujours être du bon côté du manche. Et tant pis pour les pauvres, je n’en ai rien à cirer et de toute manière il en faut!

      2. Avatar de jducac
        jducac

        @ D-croissance 15 novembre 2011 à 15:26

        Le capitalisme c’est l’argent qui est la mesure de toutes choses. Si l’argent est la mesure de toutes choses il n’y a plus de morale. S’il n’y a plus de morale toutes les dérives sont autorisées. Si toutes les dérives sont autorisées toutes les dérives seront réalisées. Si toutes les dérives sont réalisées l’homme et la nature seront broyés.

        Bonjour D-croissance

        Merci de faire un rappel à la morale. Mais pourquoi aller chercher ces histoires d’argent avec les morts ?

        Il y a bien mieux à faire avec de l’argent et avec des vivants (vivantes) surtout quand on est un spécialiste de renommée mondiale en matière d’économie. On sera peut-être heureux d’aller le chercher demain, comme premier ministre « technicien » pour remettre les finances françaises en ordre, à l’exemple de ce qui s’est fait en Grèce et en Italie.
        http://fr.news.yahoo.com/leffarante-double-vie-dsk-102039639.html

        Bien cordiale distraction. Prévoyez du temps car il y a beaucoup à lire et rien à dire.

    2. Avatar de kercoz
      kercoz

      @Jducac :
      //// On n’a pas besoin de se faire valoir auprès des autres pour retirer des satisfactions du fait des améliorations qu’on introduit dans son propre poste de travail, même quand on occupe un poste d’OS. La simple prise de conscience d’avoir apporté un mieux, peu procurer de grandes satisfactions.
      ////////
      Permettez moi d’etre horrifié de ce passage . Comme je suis horrifié qd je vois un chien rapporter un baton qu’on lui a lançé et le poser au pied de son « maitre » ….Alors qu’un chien moins aliéné tirera dessus pour juger du plus fort d’entre vous pour décider celui qui accèdera le premier a la mamelle , la gamelle ou la femelle ….
      « ouvrier Spécialisé » , je l’ai été aussi durant mes études …taches répétitives ..débilitante , en simple aide a la machine …et vous voudrier aider ce système a mieux « fonctionner » ..comme celui qui glorifie la « vendangeuse » a vigneron a coef 10 et par celà suprime et le travail des non qualifiés et les traditions collatérales …et surtout la dépendance du propriétaire d’avec la piétaille environnante … de façon a vendre en chine puisque cette pietaille n’a plus les moyens ni l’envie de « consommer » …..grace a ce putain de « gain de productivité »

      ////Croyez-vous que tel artisan qui travaille seul n’est pas satisfait des astuces qu’il trouve et qui lui permettent d’être plus performant dans son art ? ////
      Je me permet de vous faire remarquer que vous passez de l’ OS …(l’in-dividu bien dividé) ..à L’artisan ..l’individu pas trop chatré . rien a voir ..l’artisan plombier , elec , charpentier ..utilise bien plus sa capacité cognitive que le premier spécialisé venu , fut il ingénieur ou meme chercheur ..mais surtou adminis _stratif . Je vous fais rappeler que ds un atelier traditionnel de menuiserie disons de 8 personnes , il n’est point besoin de voter pour connaitre les differentes hierarchies admises et « voulues » par chacun : technique , pratique , administratif , economique , artistique , politique …chasse , peche , belote et traditions …meme baise …C’est ds ce sens que je comprends la necessité de parcellisation pour structurer les groupes .

      //// Quant au processus d’accumulation et de capitalisation qui a ouvert la voie au capitalisme, nul ne peut nier l’amélioration du niveau de vie et des progrès réalisés dans pays qui l’ont pratiqué comparativement à ceux qui se sont tenus à l’écart. ////
      Cet argument est rémanent qd je débats ; les miens :
      – obligation de rupture des structures parcellisée donc débilité des individus non optimisés .
      – vous oubliez la « durée de vie » …pour une faible partie (modèle non extensiblepuisque necessitant des esclaves viryels ou vivants )…..mais un truc m’inquiete pour la durée de vie :
      « les especes ont une dureé de vie superieure en captivité » .

      //// PS Pour m’éclairer, hormis votre travail de chercheur, pouvez-vous indiquer dans l’exercice de quels travaux industriels avez-vous validé ou invalidé vos théories ? ///
      Z’allez me faire rougir ! Je n’ai aucune carte de chercheur …
      Pas mal de choses m’ont amenées a penser ce que je pense et a vouloir le divulguer :
      Lecture de Goffman (rites interactif , de la th.du chaos ,(gleick) …pour la pratique , je vais vous contrarier …bossé 28 ans ds des boites de controle type apave /veritas principalement en controle élec …ou j’au pu déplorer les dégats causés par les « controles qualités »….caricature du passage du complexe (réaction -autonomie humaine et complexité du cerveau) …a la linearisation controle qualité ….suivi du délitement qualitatif des interactions professionnelles …
      Autrement la pratique du potager bordelique et la suppression des alignements de pouireauxautorisant celle , de la binette et conséquemment des pratiques phyto mortifères …

  12. […] d’après P. Jorion inévitablement la chute de la zone Euro. Chute qui semble inéluctable d’après François Leclerc en dépit d’un départ de Berlusconi et du soutien du […]

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  1. Dans ce cas, effectivement, c’est plus délicat.

  2. nb : j’ai écrit imaginer et non croire.

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